s GUIDES BLET! s
LE MAROC
CE GUIDE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR
M. PROSPER RICARD
Inspecteur des Arts indigènes à Fcs
\
1
LES GUIDES BLEUS
LE MAROC
PUBLIH SOUS LA DIRECTION DE
MARCEL MONMARCHÉ
Avec un autographe du Général Lyautey
LIBRAIRJE HACHETTE
79, SAINT-GERMAIN, PARIS
1919
TOUS DROITS RÉSERVÉS
COMMENT SE SERVIR DU GUIDE
Ce Guide est divisé en un certain nombre de chapitres
consacrés aux villes importantes y aux centres de tou-
risme ^ aux routes principales. Ces chapitres pointent un
numéro d'ordre, répété en chiffres gras [15] sur chaque
feuillet du guide, en titre courant, à côté de la pagi-
nation.
Ces numéros d'ordre sont également portés sur la
carte-index imprimée sur la garde, en tête du livre.
Pour trouver rapidement un itinéi'aire, donné, le lecteur
n'aura qu'à en chercher le numéro sur la carte-index
puis à feuilleter les pages du volume pour y retrouver
le même numéro.
Du reste, s'il veut se rendre compte du plan général
du guide, il consultera utilement la table méthodique
placée au début et qui donne la liste détaillée des
matières, dans l'ordre même où elles sont traitées.
S'il s'agit de chercher, non plus un itinéraire, mais
une localité, un site, un point géographique, etc. , il suffit
de consulter comme un dictionnaire, à la fin du guide,
les pages de /'Index alphabétique.
Les itinéraires sont décrits, autant que possible, dans le
sens correspondant au plus grand courant de voyageurs.
Le touriste qui parcourra une route dans le sens contraire
à celui où elle est décrite, fera de lui-même les changements
nécessaires, notamment pour les indications relatives à
la droite ou à la gauche, aux montées ou aux descentes.
Tous les plans, en noir ou en couleurs, sont divisés
en carrés, repérés en marge par une lettre dans le sens
vertical* et par un chiffre dans le sens horizontal. Cette
lettre et ce chiffre, reproduits dans le texte à la suite
du nom d'un hôtel, permettent de le retrouver immé-
diatement sur le plan en suivant verticalement la
colonne indiquée par la lettre et horiT^ontalement celle
indiquée par le chiffre, on trouvera, à V intersection, le
carré dans lequel il est situé.
Toutes les mentions et recommandations con-
tenues dans les Guides Bleus sont gratuites.
PRÉFACE
Le Maroc, qui a si longtemps vécu à l'écart de la civilisation
occidentale, marche à grands pas dans la voie du progrès depuis
1912, date de l'établissement du Protectorat des puissances
protectrices.
Dans la zone française surtout, sous l'éminente direction du
général Lyautey, une œuvre admirable s'est accomplie, que n'a
même pas arrêtée ni ralentie reiîroyable guerre qui s'achève,
et on peut dire que le maintien de la paix et de l'ordre dans
ce pays à peine sorti d'un état de troubles séculaire, son orga-
nisation rapide et la part glorieuse que, tout nouveau dans la
grande famille française, il a déjà pu prendre à la Victoire,
ont été un des plus beaux, un des plus réconfortants spectacles
de ces années tragiques.
Aussi, l'attention de tous les Français se porte-t-elle avec un
intérêt, et je puis dire avec une fierté justifiés vers le Maroc,
qui ouvre dès maintenant un nouveau champ d'expansion et
d'activité à nos colons, et aussi un nouveau et merveilleux
champ d'études et d'explorations à nos artistes, à nos savants
et aux simples touristes en quête d'impressions neuves et
fortes.
Convaincus du rapide essor touristique du Maroc, dès la fin
des hostilités, désireux d'y contribuer dans la mesure de nos
moyens, nous n'avons pas hésité à entreprendre ce nouveau
guide au milieu des difficultés du temps de guerre, et nous
sommes heureux aujourd'hui de pouvoir l'offrir au public à
l'heure même où le mouvement des voyageurs, trop longtemps
contenu, va enfin pouvoir se développer librement.
Au point dé vue du Tourisme, ce qui est particulièrement
remarquable dans l'évolution actuelle du Maroc, c'est qu'elle
ne s'exerce pas seulement dans le sens de la mise en valeur du
pays par une administration prévoyante et sage, soucieuse des
intérêts bien compris de ses ressortissants, par l'adoption d'un
outillage des plus modernes et des plus complets : ports, routes,
chemins de fer, postes et télégraphes, etc.; mais c'est qu'elle
se développe, en outre, avec le souci de laisser intactes les
•MAROC»
a
VI.
PRÉFACE.
traditions antiques et séculaires, en considérant comme intan-
gible tout le legs du passé.
Il s'ensuit que tout ce qui constitue la couleur locale de ce
pays est conservé» Et cette couleur locale est d'une intensité
et d'un charme qu'on chercherait vainement ailleurs. C'est
tout le moyen âge africain qui se révèle avec sa douce et lente
vie pastorale et citadine aux manifestations si variées, sa sco-
lastique si semblable à la scolastique occidentale d'autrefois,
ses mœurs curieuses, originales et anciennes, ses remarquables
monuments, expression logique d'une esthétique en voie de
transformation pendant un millénaire, ses sites tour à tour
souriants, âpres et sauviiges; c'est tout cela mis en contraste
frappant par l'événement le plus moderne qui soit : l'éclosion
de grandes villes européennes nouvelles, toutes pleines de bruit,
de lumière, d'activité fébrile et des plus vastes espérances. Tel
est le spectacle inoubliable et grandiose qu'offre le Maroc à,
ses visiteurs étonnés.
On a dit avec juste raison qu' « une excursion en Algérie
devrait être pour un Français le complément nécessaire d'une
éducation libérale et patriotique », nous ajouterons qu'une
tournée au Maroc devrait constituer le premier voyage d'un
Français qui a l'ambition de bien connaître et de servir sa
patrie. Quel enseignement salutaire ne recueille-t-on pas en
effet de la vision d'un tel pays, dont le seul contact suffit à
mettre en lumière aux yeux des moins prévenus les qualités
supérieures de notre race, de révéler à tous des ressources
surprenantes et insoupçonnées d'énergie créatrice !
Jusqu'au début dt; ce siècle, le Maroc était resté un dédale
où l'on ne se déplaçait qu'avec lenteur et diplomatie, en encou-
rant les plus grands risques. Rappelons-nous les émouvantes
relations de voyage des Ch. de Foucauld, des de Segonzac, des
de La Martinière, des Doutté, de tant d'autres et môme de l'ins-
pirateur indigène du « Maroc inconnu », de Mouliéras! Aujour-
d'hui, les grands chemins sont clairs et directs, les voies sont
larges et magnifiquement tracées et le réseau s'en complète
chaque jour, les relations sont sûres et rapides, le pays enlin
peut être parcouru dans la plus grande partie de son étendue
avec le maximum possible de rapidité et de confort. Chertés,
il reste encore des progrès à réaliser : ce sera l'œuvre de
demain.
Décrire les routes et les villes, signaleT le moyen de les
visiter avec proiit, arrêter le voyageur devant les monuments
etlesfaitslesplusdignes d'être notés, en lui fournissant quelques
PRÉFACE,
VII
explications utiles, tel est le but que nous nous sommes pro-
posé. Le lecteur appréciera si nous avons réussi à réaliser ce
programme. Qu'il soit indulgent toutefois en face des erreurs
qui auront pu se glisser dans ce travail : la première édition
d'un livre sur un sujet si neuf ne peut être parfaite. D'ailleurs
la perfection existe-t-elle?
Ceci, dit par précaution indispensable et modestie toute
naturelle, ne diminue en rien le mérite du savant arabisant
qui a bien voulu se charger de rassembler sur place les maté-
riaux de ce livre et de le rédiger entièrement : il m'est très
agréable ici d'exprimer ma plus sincère gratitude à M. Prosper
Ricard, qui, après avoir fait ses preuves en Algérie, où il a bien
voulu aussi collaborer à notre guide, a été appelé au Maroc
comme inspecteur des Arts indigènes à Fès. Nul n'était plus
désigné que lui pour conduire à bien ce travail considérable.
Grâce au bon vouloir de l'Administration de la Résidence et à
la bienveillance particulière du général Lyautey, il a pu par-
courir tout le Maroc dans des conditions exceptionnelles et
recueillir au cours de ce long voyage d'études une documen-
tation abondante, originale et personnelle qu'il a su mettre
ensuite en oeuvre avec la plus sûre érudition et le plus scru-
puleux souci d'exactitude, de méthode et de clarté, qualités
essentielles d'un bon guide.
Mais M. Ricard m'en voudrait de ne pas faire aussi acte de
reconnaissance envers tous les auteurs, vivants ou disparus
dont les publications lui ont été d'un si utile secours et que
beaucoup voudront consulter après lui. La liste en est longue;
on la trouvera dans les notices bibliographiques insérées dans
le corps de l'ouvrage.
Nos remerciements s'adressent encore à différents Chefs de
Services du Protectorat qui nous ont puissamment aidé dans
notre documentation : à M. le commandant Perret, chef du
Bureau topographique du Maroc; à M. Tranchant de Lanel,
chef du Service des beaux-arts, antiquités et monuments histo-
riques et à son collaborateur, M. J. Guérard de Montarnal, archi-
tecte, détaché à la section des Beaux-Arts; à M. Prost, chef du
Service spécial d'architecture et des plans des villes; à MM. le
lieatenant-colonel Barseaux et commandant Thionnet, directeurs
des chemins de fer du Maroc occidental et du Maroc oriental;
à M. Châtelain, le savant directeur des fouilles de Volubilis;
au lieutenant J. Dalbanne, du 4^ Bureau de l'État-Major du Tadla;
à de nombreux chefs de services municipaux et officiers du
VIII
PRÉFACE.
Service ôes Renseignements auprès de9quels nous avons tou-
jours trouvé le plus bienveillant accueil; à M. Jean Fourgous,
inspecteur des services commerciaux de la G'" des chemins de
fer d'Orléans; enfin et surtout à M. le général Lyautey, haut
commissaire résident général de France au Maroc, qui, avec
sa claire vision des destinées du pays et sa connaissance pro-
fonde de ses habitants, pacifie, organise de main de maître et
crée par là même le tourisme au Maroc.
Marcel Monmarché.
Directeur des Guides Bleus.
Paris, le mai 1919.
TABLE MÉTHODIQUE
Préface
Table méthodique . . .
Cartes et plans ....
Index marocain-français
Abréviations
XXIV
XVI
XV
IX
V
Aperçu géographique, économique et administratif. . . 1
Situation, 1. — Orographie, 1. — Climat, '2. — Hydrographie, 4.
— Côtes, 5. — Sol, 5. — Flore et Faune, 6. — Productions
forestières et agricoles, 6. — Mines et industries, 8. — Pro-
priété immobilière, 9. — Commerce, 9. — Populations, 10. —
Administration, 10.
Aperçu historique 13
Aperçu artistique et littéraire 22
Architecture, 22. — Industries d'art indigène, 27. — Musique, 27.
— Lettres et sciences, 28.
Bibliographie 29
Renseignements géjiéraux 31
I. Du voyage au Maroc : Choix d'un itinéraire, 32. — Epoque
du voyage et hygiène à suivre, 33. — Budget et pour-
boires, 34. — Agences de voyage, 35. — Passeport et
douane, 35. — Banques, mandats-poste et monnaie, 36. —
Visite des villes et des monuments, 37. — Fêtes indi-
gènes, 38. — Chasse, 39. — Grand tourisme et excursions
en pays indigène, 40.
II. Hôtels et restaurants, 40.
III. Moyens de transport : Bateaux à vapeur, 42. — Chemins
de fer, 43. — Billets directs, 44. — Tramways, 46. — Routes,
pistes et autocyclisme, 46. — Voitures publiques et parti-
culières, 46. — Chevaux, mulets et ânes, 47.
IV. Postes et télégraphes, 47.
V, Langue, 48.
VI. Cartographie, 54.
Voies d'accès 55
1. De Paris à Casablanca, 55 : A, parr Bordeaux; B, par Mar-
seille; C, par Nantes.
2. De Paris à Tanger, 56: A, par Marseille direct; B, par Mar-
seille-Oran; C, par l'Espagne; D, par le Portugal.
3. De Paris à Knitra, par Marseille, 58.
4. De Paris à Oudjda, 58 : A, par Marseille-Oran ; B, par Mar-
seille-Nemours; C, par Port-Vendres-Oran.
5. Relations du Maroc avec l'Algérie-Tunisie, 59 : A, par terre;
B, par mer.
6. Relations du Maroc avec l'étranger, 60.
7. Relations maritimes inter-marocaines (côte atlantique), 60.
X TABLE MÉTHODIQUE.
PJ{EMÏÈJ{'E SECTÏOJ^
MAROC OCCIDENTAL MÉRIDIONAL
1. Casablanca
Place de France, 66. — Ville indigène, 66. — Tour des rem-
parts et port, 68. — Boulevard Front de mer et Roches Noires,
70. — Tour de ville, 71.
Environs : l*» El Hank et Anfa supérieur, 71. — Sidi Abd Er
Rahmane. 72.
2. La Ghaouïa
1. De Casablanca à Fédala, 71.
2. De Casablanca à Boulhaut, 75. — De Boulhaut à Mar-
chand, 76.
3. Do Casablanca à Boucheron, 76. — De Boucheron à
Boulhaut, 76; à Christian. 77.
4. De Casablanca à Ber Rechid, Settat et Mechra Bon
Abbou, 77. — De Ber Rechid à Boucheron, à iSidi Moliammed
El Kebir, à Sidi Ali, 79. — De Settat à Ouled Saïd et Bou
Laouane, 80; à Guisser et El Boroudj, 80: à Ben Ahmed, 80:
à Melgou, à El Kelaa, à Sidi Ali, 82.
5. De Casablanca à Bou Laouane, 83. — De Bou Laouane à
El Guentra, 83.
3. De Casablanca à Marrakech
A. Par la route, 81. — De Ben Guérir à El Kelaa, 84.
B. Par le chemin de fer et la route, 85. — De Caïd Tounsi
à Sidi Ben Nour, au djebel Lakhdar, 85.
4. Marrakech
Place Djemaa El Fna, 88. — Kouboubia, 89. — Palais de la
Bahia, 89. — Kasba, 90. — Aguedal, 91. — Mollah. 92. — Souks,
93. — • Tour des mosquées, des sanctuaires et des fontaines, 93.
— Tour de ville, 95. — Ville nouvelle et Gueliz, 96. — Jardins
de la Menara, 97. — Palmeraie, 97.
5. Environs de Marrakech
1« Tameslouht, 98. — 2" Amizmiz, 98. — 3« El Kelaa, 98;
d'El Kelaa à Dar Ould Zidouh. à Demnat, 99. — 4° Domnat,
99; de Tazert à Telouot, 100. — 5° Aghmat, Tinmal, 101.
De Marrakech à Mogador, par la route, 102; par Dar Kaïd
Mtouggui, 104. — De Marrakech à Agadir, 104.
C. De Casablanca à Mazagan
A. Par la route, 105. — Azemmour, 106.
B. Par la piste côtière, 107.
C. Par la mer, 108.
7. Mazagan
L'ancienne ville portugaise, 110. — Le port, 111. — La plage,
112. — La ville moderne, 112.
Environs : Marabout de Sidi Moussa, Phare de Sidi Msba,
112. — Moulay Abdallah et ruines de Tit, Cap Blanc, 113.
8. Les Doukkala
1° Bou Laouane, 113. — 2° Sidi Ben Nour, 114; de Sidi Ben
Nour au Djebel Lakhdar, 114; à Bou Laouane, 114; à Ben
Guérir, 115. — 3« Oualidia, 115; d'Oualidia aux ruines de
Mcdinet El Gharbia, 115.
De Mazagan à Marrakech, 115.
TABLE MÉTHODIQUE.
XI
9. De Mazagan à Safi 116
A. Par la route, 116.
B. Par la piste côtière, 117,
C. Par la mer, 117.
10. Safi 117
La port, 1^>0. — La Medina, 1-20. — Le Rabat, 122.
Environs : Sidi Bou Zid, Cap Safi, Sidi Ouassel, Rocher du
Juif, 123.
11. Les Abda 123
1° Cap Cantin, 124. — 2" Lac Zima, 124. — 3° L'oued Ten-
sift, 124. — 4" Souïra Guedima et le Tensift inférieur, 125.
De Safi à Marrakech, 126.
12. De Safi à Mogador 126
A. Par la route, 126. /
B. Par la piste de Dar Kaïd Hadji, 127.
C. Par la piste côtière, 127.
13. Mogador 128
Environs : Iles de Mogador, 132. — Diabat, 132. — Hôtel
Palmera, 133. — Forêt d'arganiers, 133.
14. De Mogador à Agadir 134
A. Par l'intérieur, 134.
B. Par la piste côtière, 135.
C. Agadir, 135.
15. Le Sous. 13G
D'Agadir à Taroudant, 137.
2° D'Agadir à Tiznit, 138. — Environs de Tiznit, 139; de
Tiznit à Ifni, à Taroudant, 139.
16. Boujad et le Tadla 140
De Casablanca à Kasl)a Tadla : A. par la route, 140. — De
Sidi El Aïdi à Settat, à Boucheron, 141. — De I3en Ahmed
à Sidi Madani, à Boucheron, à Christian, à El Boroudj, à
Guisser, 141. — D'Oued Zem à El Boroudj, à Dar Ould
Zidouh, à Christian, à Moulay Bou Azza, 142. — De Boujad à
Moulay Bou Azza, à Sidi Lamine, 144; à Dar Ould Zidouh,
145. — De Kasba Tadla à Beni Mellal, à Dar Ould Zidouh, 146.
B. Par le chemin de fer et la route, 147.
DEUXIÈME SECTîOJS
MAROC OCCIDENTAL SEPTENTRIONAL
17. De Casablanca à Rabat
A. Par le chemin de fer, 149.
B. Par la route, 150.
C. Par l'ancienne piste, 151.
18. Rabat
Medina, 154. — Port, 156. — Circuit S., tour Hassane, Chella,
Touarga, Résidence générale, 157. — Circuit O., remparts
almohadcs, grand aguedal, jardins d'essais, camps, 160.
Environs : Temara, Ouldja, Forêts des Shoul et des Zaër,
161. — De Rabat à Christian, 161 ; de Christian à Moulay Bou
Azza, 162; Khenifra, 162.
149
151
XII TABLE MÉTHODIQUE.
19. De Rabat à Salé 163
Forôt de Mamora, 168.
20. De Salé-Plage à Knitra 108
Environs de Knitra : Medhia, Forôt de Mamora, 171 ; ruines
de Tliamusida, 171; le Sebou, 172; Moulay Bou Selham et la
Merdja, 1T2; de Moulay Bou Selham à Larache, 173.
De Knitra à Fès, par le col de Seggota, 173.
21. De Knitra à Arbaoua; le Gharb 17:]
De Souk El Arba à Lalla Mimouna et à Larache, 174. —
Environs d'Arbaoua, 175. — D'Arbaoua à Fès par le col de
Seggota, 175.
De Mecha Bel Ksiri à Souk El Had Kourt, 176.
22. De Salé à Meknès 177
A. Parleche«minde fer,177. — DeDarBel Amri à Petitjean,177.
B. Par la route, 178.
C. Par la piste deTiflet, 179. - De Tiflet à Knitra, à Dar Bel
Amri, à Nkheila, 179. — De Camp Bataille à Dar Bel Amri, à
Moulay Bou Azza, 180.
23. Meknès 180
Medina, 183. — Tour extérieur de la Medina, 185. —
Anciennes écuries, Aguedal, autrucherie, 187. — Camp et ville
nouvelle, 188. — Toulal, 189.
24. Environs de Meknès 189
P Volubilis, Moulay Idris, 189. — 2« Agouraï, 193. — 3° Ito,
Azrou, Timhadit, 194 ; dlto à Mrirt, 195; de Timhadit à Bekrit,
à Almis, à Kich, 197.
25. De Meknès à Fès 198
A. Par le chemin de fer, 198.
B. Par la route, 199.
26. Fès 199
Quartiq^ du Douh, 205. — Les Souks, Moulay Idris, grande
mosquée Karouiine, '209. — Quartier Kettaninè, 214. — Quar-
tier de l'Adoua, mosquée des Andalous, Médersa Sahrij, 216.
— Kasba Filala, kasba Cherarda, cimetière Bab Mahrouk,
218. — Fès Djedid et le Mellah, 219. — Ville nouvelle, gare,
Dar Debibagh, Dar Mahrès, 221. — Tour de Fès, 222.
27. Environs de Fès 226
1° Ksar des Beni Merine, 226. — 2« Le Zalagh, 227. —
3« Sidi Ahmed El Bernoussi, 227. — 4° Le ïagiiat, 228. —
5° Ras El Ma, 228. — 6« Moulay Yakoub, 228. — 7« Sidi
Harazem, 229. — 8° Sefrou, 230; de Sefrou à Almis, 231. —
9" Moulay Bou Chta, 931. — lO» El Kelaa des Slès, 232.
28. De Fès à Taza 232
A. Par El Arba de Tissa, 232. — D'El Arba de Tissa à Kasba
Koré^t, à El Kelaa des Slès, à El Arba des Senhadja, 223; à
Matmata, 234. — De Camp Desroches à Bab Moroudj, 234; à
El Ar])a des Senhadja, 235.
B. Par rinnaouene, 235.
29. Taza 236
Medina, 239. — Tour intérieur des remparts, 240. — Grottes
de Kifane El Ghomari et la nécropole, 241. — Cimetière, 242.
TABLE MÉTHODIQUE. Xlli
30. Environs de Taza 242
Col de Touahar, 24-2. — Do Taza à Bab Moroudj, 243; à
Iladjrat En Nokour, 243.
TJ{OJSJÈME SECTÏOJ^
MAROC ORIENTAL
31. D'Oran à Oudjda 246
Tlemcen, 247.
32. Oudjda 252
33. Environs d'Oudjda 256
1" Berkane, 256; do Martimprey à Saïdia, 257; d'Aïn Sfa à
Martimprey, -^58; de Taforalt à Mechra El Melah, à Ain El
Hammam, 258; à Mechra Bou Dcllal, 259; de Borkane à Tafo-
ralt, à Saïdia, à Mechra Kherbacha, 260 ; à Selouane et
Melilla, 261. — 2'* Bergucnt, 261; de Berguent à Debdou, à
Matarka, à Tendrara, 261; à Fortassa, à El Aricha, 262. —
3" Sidi Aïssa, 262.
34. D'Oudjda à Taza 262
A. Par le chemin de fer, 262. — D'El Aïoun à Bou Houria,
à Taforalt, à Ouled Saïd, à Moul El Bâcha, à Tinntabourt,
à Aïn Mkhamer, à Ain Ayat, 263. — Taourirt et ses envi-
rons, 264. — Debdou, 265. \
B. Par la route, 268.
35. D'Oran à Beni Ounif de Figuig 269
36. Le Figuig 272
1» Oasis de Figuig, 274. — 2" Melias, 276. — 3^ Djebel
Grouz, 276; de Tanezzara à Ben Zireg, 277. — i° Djebel Maïz,
277. — 5« Djebel Melah, 277; de Figuig à Tendrara, à For-
tassa, 278.
37. Le Haut Guir 278
De Figuig à Bou Denib : A. Par Colomb Bécliar, 278; d'Aïn
Chaïr à Matarka, 279; de Bou Anane à Beni Tadjit, 279. —
B. Par la piste directe, 280. — Bou Denib et ses environs,
280; Talghemt, Aoufous, 280; Gourrama, Beni Tadjit, Mis-
sour, 281.
38. Le Ziz 282
I. De Bou Denib à Ksar Es Souk, 282: de Ksar Es Souk à
Rich, 285.
II. De Bou Denib à Rich, 285; de Rich à Meknès, 285.
III. De Bou Denib au Tafilalet, 285.
IV. Bassin de l'oued Dra, 288.
QUJ[T7{JÈME SECTJOJ\
TANGER ET LA ZONE ESPAGNOLE
39. Tanger 289
Le Grand-Socco, 292. — Le Petit-Socco et le port, 293. —
Kasba et ville haute, 294. — Plateau du Marchan, 295. — La
montagne, 29e. — El Moudjahedine, '296. — Es Souani, 297. —
La plage, 297.
XIV TABLE MÉTHODIQUE.
Environs : Cap Spartel, sources do Chorf El Akab, El Ksar
Es Se^hir, 298. — De Tanger à Casablanca, 298: à Rabat; à
Fcs, 299.
40. De Tanger à El Ksar El Kebir 299
D'El Ksar à Laracho, à Ouezzane, 302.
41. De Tanger à Larache 303
A. Par terre, 303. — D'Arzila à El Ksar El Kebir, 303.
B. Par mer, 301.
42. De Tanger à Geuta 306
43. De Geuta à Tétouan 310
Environs de . Tétouan : Martine, 315; Chechaouene, 316. —
De Tétouan à Tanger, 316.
44. De Geuta à Melilla 316
Environs de Melilla : San Juan de las Minas, Kasba de
Selouane, 319.
De Melilla à Oran, 320.
Index alphabétique 321
CARTES ET PLANS
CARTES
1. Carte des routes du Guide, en tête du volume.
2. Carte générale du Maroc.
3. Croquis orographique et hydrographique 3
4. Principales curiosités 38
5. Voies d'accès 57
0. La Chaouia lace à la page 74
7. De Rabat à Meknès et à Fès; le Gharb. l'ace à la page 17(j
8. Le Figuig 275
9. Le Ziz 283
10. Le Tafllalet 287
PLJim
1.
Boujad .
143
9.
Mazagan . . .
. . . 110
Casablanca, ville indi-
10.
Meknès ....
. . . 184
gène
07
11.
Mogador. . . .
. . . 129
3.
Casablanca, plan d'en-
12.
Oudjda ....
. . . 253
70
13.
Rabat
. . . 154
4.
Fès, ville indigène. .
206
14.
Sah
. . . 119
5.
Fès, plan d'ensemble .
222
45.
Salé. : . . . .
. . . 166
G.
169
16.
Settat
. . . 81
7.
Marrakech, ville indi-
17.
Tanger ....
. . . 292
90
18.
Taza
. . . 237
8.
Marrakcch, plan d'en-
19.
ïlemcen . . .
. . . 249
96
INDEX MAROCAIN-FRANÇAIS
Dans le but de faciliter la recherche de la signification d'un certain
nombre de termes marocains contenus dans le guide, nous donnoas
ci-dessous une liste des mots le plus fréquemment employés. Tout terme
suivi de la lettre (B) est d'origine berbère.
A
Abd, pl. abid et ibad, serviteur,
esclave. Entre souvent en compo-
sition avec d'autres mots pour
donner des noms propres : Abd
Allah, serviteur de Dieu; Abd
En Nebi, serviteur du pro-
phète, etc.
Âbiod, fém. beïda, bida, pl. bouïed,
blanc.
Abou et bou, père, possesseur
de...; en composition : Abou
Abd Allah, nom propre. .
Achour, impôt musulman, dîme.
Achoura, fête musulmane.
Achra, dix.
Achrine, vingt.
Adar, pl. idarene (B), pied.
Adjaj, tourbillon, ouragan.
Adjouza, agouza^ vieille femme.
Adrar, pl. idrarene (B), montagne.
Afia, paix, feu.
Afounas, fém. tafoimast {B), bœuf.
Afous, pl. if assené, main.
Afrit, génie, démon.
Agadir, pl. igoudar (B), escarpe-
ment, forteresse.
Aghbalou, pl. ighboula (B), source.
Aghioul, pl. ighial (B), âne.
Aghroum (B), pain.
Agmar(B), cheval.
Agouni (B), plateau.
Agouza, vieille femme.
Aguelmlm, pl. iguelmam (B), lac.
Aguelmous (B), capuchon.
Agreb,pl. agareb, scorpion.
Ahel, gens; ahel ed dar, femmes
de la maison.
Ahmar, fém. hamra, rouge.
Aïd, pl. aïad, fête ; aïd el Kebir, la
grande fête, la fête du mouton;
aïd es Seghii\ la petite fête qui
clôture le jeûg^ du ramadan.
Aïdi, pl. iidane (B), chien.
Aïn, pl. aïoun, source; entre en
composition pour désigner des
noms de lieux : Aïn El Beghel,
la source des mulets.
Aïssa, Jésus-Christ, nom pr.
Aoud, pl. kheil, cheval.
Aouda, jument.
Ait, sing. ou (B), enfants de ... ; en
composition avec d'autres mots •
pour donner des noms de tribus :
Ait Izdeg.
Akerrouï (B), tête.
Akhdar, fém. khadi^a, verte.
Akhnif (B), burnous.
Akkal (B), terre, sol.
Alam, étendard.
Alem, pl. uléma, lettré, savant,
jurisconsulte.
Alghoum, pl. iloughmane (B), cha-
meau .
Ali, haut,
AUaf, sorte d'intendant.
Allah, Dieu.
Alou, hauteur.
Amadagh (B), broussailles.
Amane (B), eau.
Amara, lieu habité; musette do
cheval.
Amazigh, pl. imazighene (B), ber-
bère de l'Atlas.
Amenai (B), blanc.
Amokrane (B), grand, chef.
Amouchche (B), chat.
Ank, col, défile.
Anseur, pl. ànaseur, source.
Anza, partie décorée dans une
mosquée.
INDEX MAROCAIN-FRANÇAIS.
XVII
Anzi, de chèvre.
Aouïna, pl. aouïnat, petite source.
Aourir (B), piton.
Arba, quatre, mercredi.
Ard, terre, pays.
Areg, dune.
Argane (B), essense arbustive par-
ticulière aux régions de Mogador
et du Sous.
Argaz, pl. irgazen (B), homme.
Argoub, jarret, colline.
Ariche, pl. araïche, treille; /i7
Araïche, Larache.
Aricha, petite treille; El Aricha,
nom pr.
Aroubi, pl. aroubia, campagnard,
bédouin.
Arneb, lièvre.
Arraou (B), enfants.
Arsa, pl. ârasi, verger.
Asel, miel.
Aserdoun, pl. iserdiane (B), mulet.
Asfar, fém. ««/"m, jaune ; laiton.
Asif, pl. isaffene (B), rivière.
Askri, pl. âsker, soldat.
Aslem, pl. iselmane (B), poisson.
Assa, garde, poste de police.
Assas, pl. âssassi7ie, gardien.
Ateuch, soif.
Atrech, sourd.
Attar, pl. attarine, épicier.
Azguer, pl. izgarene (B), bœuf.
Azib, ferme.
Aziz, fém. âsiza, pl. âzaz, chéri,
bien-aimé.
Azouggar (B), brun roux.
Azrek, fém. zerka, bleu, gris.
Azrou, rocher; nom pr.
B
Bab, pl. bibane. entrée, porte.
Bagra, coll. bguer, vache.
Bahloul, pl. behalil, fou, idiot,
Behalil, nom propre.
Bakour, nom d'unité : bakoura,
figures mâles.
Ballout, gland de chêne.
Batha, terrain plat et bas, espla-
nade.
Bedoui, pl. bedouia, campagnard,
bédouin.
Beghel, fém. haghla, pl. begJial,
mulet.
Begri, de bœuf.
Behar, mer.
Behim, pl. beliaïm^ fém. heJiima^ âne.
Behira, jardin dans la campagne.
Beïda, fém. de abiod, blanche, œuf.
Bekhour, encens, fumigation.
Bel, abréviation de ben el, fils de...
Bel Badj, fils du pèlerin, nom
propre.
Beldi, du pays, de la ville.
Belgha, pl. blaghi, pantoufle.
Ben, pl. beni, fils de... BeniUasscne,
Beni Hammar^ noms propres de
tribus.
Bendir, pl. bendaïr^ tambourin.
Bendira, drapeau, bannière.
Beniane, construction, édifice.
Berd, froid.
Berdâ, pl. bradâ, bât, havre-sac,
cèdre.
Bernons, pl. branes, burnous.
Berrani, pl. berrania, étranger. .
Bestioun, pl. bsatine, bastion.
Betoum, pistachier térébinthe.
Bidaoui, originaire de Dar Beïda,
Casablancais.
Bir, pl. biar, puits.
Blad, dim. blida, pl. bouldane, ville.
Bled, campagne.
Bokhari, pl. bouakher, soldat nè-
gre.
Bordj, pl. boroudj, bastion; JîJl
Boroudj, nom propre.
Bou, abréviation de abou {V. plus
haut); Bou Chaïb, l'homme à la
barbe grisonnante, quelquefois
employée pour désigner un ma-
rocain.
Bra, pl. braouat, lettre.
Bradâï, pl. bradâïne^ fabricant de
bâts.
Bria, pl. binat, lettre.
Bsel, nom d'unité besla^ oignons.
C
Gadi, pl. coudât, cadi, juge musul-
man.
Caïd, pl. kiad, caïd, chef de tribu.
Chàba, ravin.
Chahed, pl. chouahed, témoin.
Chaïb, grisonnant.
Chaïr, orge.
Changeur, pic, piton.
Chaouch, garçon de bureau.
Chàrâ, rue.
Chareb, pl. chouareb, lèvre, crête.
Chebab, fém. c/iaôôa, joli.
Chebbak, grille.
Chebka, fiiet.
MAROC»
b
XVIII
INDEX MAROCAIN-FRANÇAIS.
Chegga, pl.cheggag, fente, crevasse;
Aïn Cheggag, nom propre.
Cheikh, pl. chioukh, vieillard, chet
de confrérie ou de fraction de
tribu.
Chelhaoui, pl. chleuh, berbère de
l'Atlas.
Ghelia, pl. cheli, chaise.
Chemâa, cierge, bougie, cire.
Ghemmâïne, marchand de cierges
et de bougies.
Ghems, chemch et semch, soleil.
Gherchara, pl. cheracher, cascade.
Gherg, orient.
Ghergui, pl. cheraga^ oriental, de
l'Est.
Ghibani, vieux, vieillard.
Ghih, armoire.
Ghitane, pl. chiatene, satan, démon.
Ghekara, pl. chekaïr, sacoche maro-
caine.
Ghleuh, pl. de chelhaoui, V. plus
haut.
Chouari, panier double en sparterie.
Ghott, bord, rive, lac salé.
Ghérif, pl. cheurfa, descendant du
prophète Mohammed, noble.
Gheta, chetoua, pluie.
D
Dahir, pl. douaJier, rescrit impé-
rial, loi marocaine.
Dahra, nord.
Dahraoui, du nord.
Daïa, bas-fond humide.
Dalia, vigne.
Dar, pl. diour et diar, maison; Dar
Beïda, maison blanche, Casa-
blanca.
Dechra, pl. dechour, village.
Dehar, pl. douahar , dos, crête;
Touahar, crêtes, nom propre.
Deheb, or.
Dehbi, doré.
Déliai, pl. dellalme, crieur public.
Demm, sang.
Derb, rue.
Derdar, frêne.
Derdj, pl. droudj, gradin, degré,
marche.
Dib, pl. diah, chacal.
Dif, pl. diaf^ hôte ; dar diaf, maison
des hôtes.
Dine, religion.
Djad], nom d'unité djadja, poules.
Djamà, pl. djouamâ, mosquée.
Djebbana, pl. djebahene, soupière.
Djebbas, guebbas, sculpteur sur
plâtre, plâtrier.
Djebel, pl. djebal, montagne.
Djebila, pl. djebilat, petites mon-
tagnes.
Djebs, guebs, plâtre.
Djedid, fém. djedida, nouveau,
neuf ; El Djedida, la nouvelle,
Mazagan.
Djellaba, pl. djelaleb, manteau maro-
cain à capuchon.
Djeld, pl. djeloud, peau de chèvre
tannée.
Djemâa, pl. djemouâ, vendredi,
réunion, assemblée.
Djemel, pl. djemal, chameau,
Djemil, fém. djemila, beau.
Djenane, pl. djenanat, jardin.
Djeud, pl. Djenoud, troupes; Bou
ûjenoud et par corruption Bou
Jeloud, lieu où stationnaient des
troupes.
Djezira, pl. djezirat, île; El ûjezi-
rat, les îles, Andalousie, Algé-
siras.
Djezzar, boucher.
Djich, guich, pl. djiouch, guioucJi,
troupe fournie par une tribu
makhzen.
Djinn, pl. djenoun, génie.
Djorf, berge escarpée.
Djouab, lettre, réponse.
Djouf, nord.
Douar, pl. douaîr, groupe de tentes.
Douïra, pl. douîrat, petites maisons.
Drâ, nom propre d'oued du Sahara
et de la région qu'il parcourt.
Drâoui, pl. draoua, originaire du
Drâ.
Drou, lenstique.
E
El, le (article arabe) qui en se con-
tractant avec la première lettre
du mot qui suit donne es, et, etc.
Embarek, béni.
Enfida, ravin.
Erg, région de dunes.
F
Fahs, banlieue ; région sud de
Tanger.
Fahsi, campagnard ; de la province
de Tanger.
INDEX MAROCAIN-FRANÇAIS.
XIX
Fas, pioche ; Fès.
Faïdja, col.
Far, pl. firane, rat, souris.
Fasi, pl. aJœl Fas, gens de Pès.
Fedj, défilé.
Fekroun, pl. fekarene, tortue.
Felfel, piment.
Fels, pl. flous, petite monnaie d'ar-
gent.
Ferdi, pistolet, une unité.
Fidjidj, Figuig. petit défilé.
Fkih, pl. foukaha, lettré, juriscon-
sulte, instituteur coranique.
Flous, argent monnayé, V. fels.
Fondouk, fondak, pl. fenadek, hô-
tellerie marocaine, entrepôt de
marchandises.
Fouk, dessus.
Fouki, foukani, au-dessus.
Foui, fèves.
Foum, bouche, ouverture, orifice.
Frach, lit, matériel de cobchage.
G
Gada, plateau.
Gafla, pl. gouafel, caravane.
Gara, pl. gour, petit plateau émer-
geant dans la plaine.
Ghaba, forêt.
Ghaïta, pl. ghouaït, clarinette.
Ghar, pl. ghirane, caverne, trou.
Gharb, Ouest; région occidentale
du Maroc.
Gharbi, pl. gheraba, occidental;
vent d'ouest.
Ghedir, rhedir, étang, cuvette d'eau.
Ghelem, moutons.
Ghelmi, de mouton.
Ghenem, moutons.
Ghers, plantation.
Ghezel, pl. ghozlane, gazelle.
Ghoul, fém. ghoula, ogre.
Guebbas, V. Djebbas.^
Guebli, méridional.
Guelâa, kelàa, place fortifiée.
Guenaoui, pl. guensoua, nègre de
Guinée.
Guetifa, pl. guetaïf, tapis à laine
très haute.
Gounibri, mandoline africaine à
deux cordes.
Gourbi, pl. giieraba, chaumière.
Guelta, mare.
Guemah, blé.
Guenfoud, hérisson.
Guentra, pont.
Guerbouz, arçon.
Guern, kern, corne, pic.
Guetrane, goudron.
Guich, V. Djich.
H
Had, un, dimanche.
Haddad, pl. haddadine, forgeron.
Hadid, fer; Djebel Hadid, montagne
du fer.
Hadj, pèlerin de la Mekke.
Hadjeb, pl. houadjeb, sourcil, flanc
de montagne ; El Hadjeb, nom
propre de lieu.
Hadjib, chambellan.
Hadjel, nom d'unité hadjla, perdrix.
Hadjer, nom d'unité hadjra, pierres .
Hadra, capitale.
Hadri, pl. hadar, citadin.
Haïti, étoffe murale.
Halib, helib, lait doux.
Halfa, alfa.
Halou, sucré.
Haloua, pl. haloui et hlaoïii, su-
crerie.
Hammar, conducteur d'ânes, faî-
tage.
Hamri, terre rouge très fertile.
Hemam, nom d'unité hemama, pi-
geons.
Hemar, pl. hemir, âne.
Hamdouchi, pl. hamadcha, membre
de la secte de Sidi Hamdouch.
Hammam, pl. hammamat, bain
maure.
Hanna, henné.
Haouch, ferme.
Haouli, agneau.
Haouz, plaine; région de Marra-
kech.
Harf, bord, lisière.
Hassane, Hassene, bon.
Hasi, pl. houasi et hasiane, puits.
Henchir, ferme.
Hend, Inde.
Hendi, indien.
Hofra, trou.
Hout, nom d'unité houta, poisson.
I
Iblis, diable, satan.
Id, pl. iddine, main.
Ifri, pl. ifrane (B), précipice,
goufire.
XX
INDEX MAROCAIN-FRANÇAIS.
Ighil, pl. ifjhaUene (B), bras, colline.
Ighzer, pl. ighezrane (B), ravin,
ruisseau.
Ihoudi, pl. ihoud, juif.
Ikhf, pl. ikhfaouene (B), tête,
sommet.
Imam, prêtre musulman.
Imi, pl. imiouene (B), porte, ouver-
ture; entre souvent en composi-
tion avec d'autres noms.
Imine, droite.
Ineb, raisin vert.
Inzer, pl. imzarene (B), nez.
Issar, gauche.
J
Pour les mots commençant par la
lettre J, se reporter à DJ.
K
Kâa, fond, sol, marché.
Kadi, V. Cadi.
Kahla, V. Akhal.
Kaïd, y. Caïd.
Ealâa, forteresse. On dit encore
kelàa, guelàa.
Eantra, pl. knater, linteau, pont;
dim. knitra, ponceau.
Karia, village; koria, petit village,
pl. koriat. Koréat, nom propre.
Kasba, ksabi, citadelle, place
forte.
Kbaïli, pl. kbaïl, homme de tribu.
Kbenr, pl. kbour, tombe.
Kbila, pl. kbaïl, tribu, famille.
Kebir, pl. kebar^ grand.
Kechla, caserne.
Kedem, talon.
Kedim, pl. kedam, vieux, ancien.
Kef, pl. kifane, rocher, falaise.
Kelb, fém. kclba, pl. klab, chien.
.Kendil, pl. knadel, chandelier; Bon
Knadel, nom propre.
Eerd, pl. kroud, singe.
Kerkour, pl. kraker, tas de pierres.
EermoUs, figue.
Kern, pl. kroun, corne, pic.
Kerrouch, chêne vert.
Khabia, pl. khouabi, jarre, cuve.
Khad, pl. klœdoud, joue.
Khadem, pl. khedem, négresse, es-
clave.
Khadra, V. Akhdar.
Khaïma, pl. khiam, tente arabe.
Khalifa, pl. khlaïf^ lieutenant,
adjoint.
Khalbua, retraite, ermitage.
Khamsa, dim. khmisa, cinq, main;
Khemisset, nom propre.
Rhanga, pl. kheneg et kheng, défilé.
Khalem, pl. khonalem, bague, sceau.
Khelkhal, pl. khlakheb, anneau do
pied.
Kheir, khir, vertueux, bien.
Khemis, jeudi.
Kheudek, pl. khnadek, fossé, tran-
chée.
Khenzir, pl. khnazir, porc.
Khezana, armoire.
Khiiat, pl. khiiatine, tailleur d'ha-
bits.
Khil, chevaux.
Khobz, nom d'unité khobza, pain.
Khoukha, pêcher, pêche, guichet
de porte.
Knitra, petit pont.
Koheul, sulfure d'antimoine.
Koubba, pl. kebeb, sanctuaire.
chambre, toit pyramidal.
Koudia, pl. koudiat, mamelon.
Koumia, poignard marocain.
Krim, généreux.
Ksar, pl. ksow\ village du Sud
entouré do murs.
Ksiba, V. Kasba.
Ksob, roseau.
Ktef, pl. ktaf, épaule.
L
Lakhdar, vert; n. pr.
Lalla, sainte; madame.
Lebene, petit-lait.
Ledjam, brilie.
Leham, viande.
Louha, planche.
Lsane, langue.
Ltam, voile de visage.
M
Ma, eau.
Madani, originaire de Médine ;
n. pr.
Mâdene, minerai ; mine.
Maghreb, terre de l'Ouest.
Mahrès, mortier, pilon.
Makam, lieu do séjour.
Makhzen, entourage du sultan,
gouverncmont.
Mal, biens, richesses.
INDEX MA
Malah, salé.
Mansour, victorieux.
Marsa, pl. mrdsi, port.
Matmoura, pl. mtâmer, silo.
Mâza, pl. mdiiT, chèvre.
Mbarek, béni ; n. pr.
Mbekhra, pl. mbâkher, brûle-par-
fums.
Mebrouk, béni.
Mechmach, nom d'unité mec/imacha,
abricot, abricotier.
Mechra, gué.
Mechta, ferme d'hivernage.
Medersa, pl. mdareSj collège isla-
mique.
Meddad, cèdre.
Medina, pl. medoun, ville arabe.
Medjez et Meguez, gué.
Medjless, assemblée, conseil.
Medjmar, pl. mdjâmer, brasero,
réchaud.
Mehalla, armée, colonue expédi-
tionnaire.
Mekebra, pl. mkdber, cimetière.
Meknassi, originaire de Meknès.
Mellah, quartier juif.
Melh, sel.
Mengoub, percé, troué.
Menzeh, observatoire, pavillon
surélevé; chambre des étages
supérieurs.
Menzel, pL.mnâsel, halte, bivouac.
Merdja, pl. mroudj, marais.
Mers, groupe de silos.
Mesjed, chapelle, mosquée.
Minbar, chaire à prêcher.
Moghreb, heure du coucher du
■ soleil.
Mokaddem, pl. mokaddemine , chef
de quartier, de confrérie.
Mongar, pic.
Mosbah, lampe.
Moul, moula, maître, possesseur;
Moulana, notre maître, Dieu.
Moulay, titre de noblesse qui se
place devant le nom d'un sultan,
d'un chérif.
Moumene, pl. moumenine , croyant.
Moussa, Moïse.
Mra, pl. nsrt, fcmm'e.
Msalla, lieu de prières publiques
marqué par un seul mur.
N
Nâama, pl. ndâm, autruche.
Nader. pl. nouâder, meule de paille.
::ain-français. xxi
Nâdja, brebis.
Nador, observatoire.
Naga, cliamcllc.
Naïb, adjoint, suppléant.
Kakhla, ' coll. nkhel, dim. nkhila,
palmier.
Namous, moustique.
Nânâ, menthe.
Nâoura, noria, roue.
Nar, feu.
Nemel, n. d'un, nemla, fourmi.
Nesrani, pl. nsara, chrétien.
Nichane, cible, décoration.
Nokra, argent (métal).
Nouala, pl. nouaïl^ hutte.
Nsa, femmes.
Nsara, chrétiens.
Nzala, gîte.
O
Ogla, oglat, groupe de puits.
Ou, -pl. ait (B), tils.
Ouali, saint.
Oudi (B), beurre.
Oued, pl. ouïdane, fleuve, rivière.
Oufella (B), d'en haut.
Ouerd, dim. ourida, rose.
Ouest, milieu.
Ouestani, qui occupe le milieu.
Ouesti, de l'ouest, algérien.
Oukid, n, d'un, oukida, allumette.
Oukil, mandataire.
Ouled, enfant de...; est souvent
suivi d'un nom propre pour dési-
gner une tribu.
Ould, fils, enfant.
Ouldja, portion de terrain entourée
par la boucle d'une rivière.
Oum, mère.
Outa, plaine.
R
Rahba, rahhat, place, marclié.
Ras, pl. vous, risane, tête, sommet,
cap.
Rbab, rebec, violon à deux cordes.
Rbiâ, printemps, verdure.
Regba, cou, mamelon.
Regragui, originaire du Bou Rogreg.
Reba, pl. r]ii, moulin.
Rekham, marbre.
Rekkas, courrier à pied.
Riad, jardin dépendant d'nnemaison.
Ribat, couv(3nt.
Ribat El Fath, couvent de la vic-
toire, Rabat.
XXII
INDEX MAROCAIN-FRANÇAIS.
àlch, n. d'un, tricha, plume.
Rih, p. riah, vent.
Rmel, sable, terre sablonneuse.
Rokba, genou.
Roua, étable, écurie.
Rouda, cimetière.
Roumi,fém. roumia^ pl. nsara, euro-
péen.
Rsif, affleurement de roches.
S
Safsaf, dim. Sfisifa, peuplier.
Saheb, pl. ashah, camarade, domes-
tique de confiance.
Sahel, littoral.
Sahra, désert.
Sahraoui, habitant du désert.
Sahrij, citerne, bassin.
Sania, jardin, noria.
Sarouts, pl. souarets, clef.
Sebbat, soulier.
Sebkha, lac salé.
Sebt, samedi.
Sebta, Ceuta;
Sebti, originaire de Ceuta.
Sedra, Sedret, jujubier sauvage.
Seffar, pl. seffarine, chaudronnier^
dinandier, relieur.
Seflani, qui est en dessous.
Seguia, pl. souagui, canal.
Sekka, soc, monnaie.
Sekkaïa, fontaine monumentale.
Sekkine, couteau, sabre.
Selham, pl. slahem, burnous.
Selk, fil de fer.
Selsla, chaîne.
Seffa, six.
Sfa, pur.
Sghir, f. sfihh'a. pl. sr/har, petit.
Si, équivalent do : monsieur; s'em-
ploie devant le nom d'un lettré.
Sidi, équivalent do : maître; s'em-
ploie devant le nom d'un noble,
d'un saint.
Sif. sabre, dune.
Sinia, pl. souani, plateau de cuivre.
Skhira, pl. skhirat, petite mape
rocheuse.
Skhour, mapes rocheuses.
Slasui, originaire de Salé.
Smar. n. d'un, smara, joncs.
Smid, semoule.
Sokhra, mape rocheuse.
Soltane, pl. slntine, sultan.
Souf, laine.
Souïra, petit rempart, Mogador.
Souk, pl. asouak, marché.
Soumâa, minaret.
Sour, rempart.
T
Taddert (B), village, maison.
Tadjlne, pl. touadjene, plat, ragoût.
Tadla (B), gerbe.
Taga, genévrier.
Taghat (B), chèvre.
Taghzout (B), course de chevaux.
Taht, bas, infériaur.
Tahti, tahtani, d'en bas.
Takaout (B), tamarix.
Taksebt, citadelle.
Tala (B), source.
Taleb, pl. tolba, étudiant.
Talâ, montée.
Tameslouht, la parfaite.
Tamda (B), lac, étang.
Tamgout (B), sommet, pic.
Tanout (B), puits.
Tanzert (B), nez.
Taourirt (B), petit piton.
Tarboueh, pl. trabech, calotte,
chéchia.
Tarfa, tamarix.
Târidja, tambourin.
Tazart, pl. tazarine (B), figues sè-
ches.
Tebene, paille.
Teffah, n. d'un. seffaJia, pommier.
Tellis, pl. tlales, sac double.
Temer, n. d'un, temra, dattes.
Ténia, teniet, défilé.
Terfas, pl. trafes^ trulfe.
Tertib, arrangement, impôt.
Timezguida (B), mosquée.
Tir, pl. tiour, oiseau.
Tirs, terre noire, profonde, très
fertile.
Tisra, sumac.
Tit, pl. titaouine, tetaouene (B),
source; Tétouan.
Tizgui (B), forêt.
Tizi (B), col.
TIeta, trois.
Tnine, deux.
Tolba, pl. de <a7e6, étudiant.
Touba, coll. toub, motte de terre
séchée.
Touil, pl. touab, long.
Tour, pl. tirane, taureau.
Trahies, Tripoli.
Trabelsi, tripolitain.
Trik. chemin.
Tsouira, dessin, photographie.
INDEX MAROCAIN-FRANÇAIS. XXIII
z
Zâfrane, safran.
Zaouïa, pl. zouaoui, siège d une
confrérie religieuse.
Zebboudj, nom d'un, zebboudja, oli-
vier sauvage.
Zenka, pl. znak, dim. znika, rue.
Zerb, pl. zroiib, dim. zriba, zribet,
haie.
Zerbia, pl. zrabi, tapis à laine peu
haute.
Zerka, fem. do azreg.
Zif, pl. zioufa, mouchoir.
Zine, joli.
Zitoun, nom d'un, zitouna^ olives,
oliviers.
Zrâ, dim. zriâ, grains, orge.
Nota. — On trouvera des renseignements plus complets que ceux qui
précèdent en consultant les Règles de transcription des noms indigènes
suivies de vocabulaires arabe et berbère, établies par M. le commandant
Perret, chef du Service topographique du Maroc (Casablanca, 1917,
3 fr.).
ABRÉVIATIONS
, altitude.
. ascenseur.
aujourd'hui.
. avenue.
bd
. boulevard.
. bifurcation.
centimes.
ch
. chambre.
chautfage central.
ch.-l
chef-lieu.
ch. de fer...
chemin de fer.
cheval.
cl
classe.
correspondance.
département.
depuis.
. dimanche.
dîner.
dr
droite.
Est.
ethniq ue.
environ.
espagnol.
franc.
ë
. gauche.
garage d'autos.
. heure.
hab
. habitants.
hauteur.
. hectares.
. hôtel.
j
jour.
k kilomètres.
kilog kilogrammes.
m mètres.
min minutes.
N Nord.
O Ouest.
omn omnibus.
P page.
pens pension.
pers personne.
pes peseta espagnole.
pl place.
PI plan.
pron prononcez.
r rue.
rep repas.
ret retour.
s siècle.
S t Sud.
sem semaine.
serv service.
St saint.
Ste sainte.
suppl supplément.
t. 1. j tous les jours.
V. c vin compris.
V. n. c vin non compris.
V. voir.
vap vapeur.
voit voiture.
vol volumes.
f mort.
APERÇU GÉOGRAPHIQUE
ÉCONOMIQUE ET ADMINISTRATIF
Situation. — Le Maroc termine à l'O. le pays si diversement appelé
par les auteurs : Berbérie, Maghreb, Afrique mineure, Nord-Africain. Il
constitue le Maghreb El Aqça des Arabes, la « terre du couchant la
plus occidentale ».
Il est compris entre le 36*^ et le 29" parallèle de lat. N. d'une part,
le i3" et le -S" parallèle de long. O. de Greenwich d'autre part. Nette-
ment borné au N. et à 1"0. par les Irontières naturelles de la Médi-
terranée et de l'océan Atlantique, qui communiquent entre eux par
le détroit de Gibraltar, puis au N.-E. par une frontière politique
tracée par les traités et s'étendant de l'embouchure de l'oued Kiss
au Téniet Es Sassi, ses limites deviennent moins précises du côté
de l'Algérie, dont il est séparé par une zone frontière ou confins
algéro-marocains ; il en est de même vers le S., où les régions déser-
tiques du Dra et du Tafilalet aboutissent au Sahara.
Le Maroc a une superficie approximative de 5oo à 55o,ooo k. carrés,
sensiblement égale à celle de la France; 420,000 k. carrés sont
soumis à l'influence française.
Orographie. — Les massifs montagneux du Maroc sont plus
élevés que ceux de l'Algérie-Tunisie, dont ils sont pourtant le pro-
longement. Bien que des précisions manquent encore pour certains
d'entre eux, les grandes lignes du relief apparaissent assez nettement
pour qu'on puisse v distinguer deux chaînes principales : l'Atlas et
le Rif.
L'Atlas marocain ou chaîne intérieure fait partie de cette suite de
reliefs qui s'échelonnent de l'E. à l'O. de la Berbérie. Il comprend :
le Haut Atlas, qui court sur une distance d'environ 1,000 k., du Haut
Guir jusqu'au cap Ghir, dans une direction E.-N.-E.— O.-S.-O. et
forme la partie la plus saillante du système orographique marocain
dont les sommets les plus élevés, tels le Tamjout, le Likoumt et
l'Ari Ayâchi atteignent des hauteurs variant entre 4^000 et 4i5oo m.;
VAnti-Atlas, rameau qui se détache de la chaîne principale au Djebel
Siroua (3,3oo m. environ) aux deux tiers de sa longueur en partant
de l'E. et va, s'abaissant, en direction N.-E.--^.-0., jusque vers
l'Atlantiquedansle Tazeroualt; le Moyen Allas, second rameau faisant
en quelque sorte suite au précédent en direction S. -O.— N.-E., et
qui se développe jusque dans la région de Taza après s'être élevé,
au Djebel Bou Iblal, à 4,000 m. ,
Le Bif, chaîne indépendante et littorale, décrit ur> ard de cërcle
MAROC» ' i
APERÇU GÉOGRAPHIQUE.
dont la concavité, regardant la mer, s'étend de la presqu'île de
Giielaïa (Melilla) au Djebel Moussa, deuxième colonne d'Hercule, qui
domine Ceuta. Ses points les plus élevés paraissent se trouver dans
rO. chez les Djebala, au Djebel Tiziren (2,5oo m.).
La dépression comprise entre le Rif et les contreforts septentrio-
naux du Moyen Atlas forme un couloir qui a son minimum de
largeur dans les environs de Taza. Sur ce point, où elle porle le
nom de trouée de Taza, elle va s'élargissant : vers l'E. dans la vallée
de la Moulouya et la plaine des Angad; vers l'O. pour former les
plaines du Gharb. Elle livre ainsi passage aux voies de Tlemcen à
Fès et à l'Atlantique par Oudjda et Taza, par où sont passés autre-
fois les invasions et le commeice. Les marocains l'appellent trik
es soltane, la route impériale.
La contrée située entre le Haut Atlas et l'Océan, assez basse,
appelée par les géographes la meseta marocaine, à cause de son
analogie avec le plateau central espagnol, la meseta ibérique, com-
prend le pays des Chaouïa, des Zàer, des Doukkala, des Abda et du
Haouz de Marrakecli, c'est-à-dire le grand triangle compris entre
l'Océan, de Rabat au cap Ghir et l'Atlas. — D'autre part, le pays
compris plus au N. dans le triangle Tanger-Rabat-Kès est le Gharb
dont le principal fleuve est le Sebou. ^
Le Sous est enserré entre le Haut Atlas occidental et l'Anti-Atlas.
C'est une vallée aux eaux abondantes, de 200 k. env. de long sur
40 k. de large.
Vers le S., la chaîne de l'Atlas domine une région de plateaux et
de plaines, où seuls, dans le Dra et le Tafilalet, émergent quelques
lambeaux de chaînes anciennes (gour).
A l'E. enfin, les confins algériens comprennent, encadrée dans les
ramifications du Haut et du Moyen Atlas, une région de plateaux
igada) oude plaines alluvionnaires couvertes de lacs (c/iofO siu nombre
desquels se trouvent le Chott Gharbi.
Climat. — Méditerranéen dans le N., atlantique dans l'O., saharien
au S., continental à l'intérieur des terres, le climat du Maroc est
varié à l'extrême. Aux abords du détroit de Gibraltar, il se ressent
des échanges atmosphériques qui s'effectuent entre la Méditerranée
et l'Océan. Dans les régions méridionales, il n est pas à l'abri (h >
influences sahariennes car le Haut Atlas n'oppose pas une barrièir
infranchissable à l'atmosphère du grand désert.
En hiver, les vents dominants sont ceux d'O. et S.-O. En été, le
vent dominant vient du.N.-E. Dans le couloir de Gibraltar, les vents
sont violents et variables par suite des grandes différences de
pression et de température entre les deux mers. Le siroco est plus
rare qu'en Algérie: par contre un vent d'E. ,1e c/zer^/wi, d'origine conti-
nentale, en a parfois tous les caractères. La brise de mer, qui se fait
sentir en été sur les côtes, abaisse la température des heures chaudes
du jour sur tout le littoral et se fait sentirassez avantdans l'intérieur.
Comme la côte méditerranéenne, la côte atlantique est caractérisée
par une humidité assez grande qui se traduit par des brouillards et
des rosées abondantes. Elle reçoit des pluies périodiques amenées
4
APERÇU GÉOGRAPHIQUE.
par des vents d'O. et du S.-O., tombant par intermittences d'octobre
à avril et donnant leur minimum au S. et leur maximum au N. :
227 mm. au cap Juby, 35o mm. à Mogador, 764 mm. au cap Spartel,
887 mm. à Tanger. — A l'intérieur, la saison des pluies s'étend sur
une durée plus ou moins longue; la hauteur moyenne varie entre
3oo et 900 mm. : les précipitations se font, au-dessus de 1,000 m., sous
la forme de neiges; celles-ci persistent parfois très longtemps sur
les hauts sommets; il n'est pas certain cependant qu'il en existe
de permanentes. La zone des steppes située au S. et à l'O. d'Oudjda
ne reçoit que 3 ou 4oo mm. d'eau; plus au S. c'est le climat déser-
tique. En résumé, l'année se divise en deux saisons : l'une fraîche,
des pluies, de novembre à avril; l'autre, sèche, des chaleurs, de
mai à octobre.
La température est douce et égale sur le littoral méditerranéen ou
atlantique, et plus égale à mesure qu'on s'avance vers le S. Les
moyennes des mois les plus chauds et les plus froids sont 18^,4 et i4*',3
à Mogador, 22^,2 et 12°, 7 à Rabat, 24 et ii*',7 à Tanger. A l'intérieur du
pays, les variations thermiques journalières sont très accusées et
les différences plus grandes entre les températures d'hiver et celles
d'été. En s'éloignant des côtes, la chaleur augmente rapidement en
été et diminue considérablement en hiver, surtout la nuit. Les nuits
sont généralement fraîches. Les températures au-dessous de zéro,
constatées dans les plaines et sur les plateaux de l'intérieur en
janvier ou février, sont assez rares et ne sont que momentanées.
HYdrographie. — Le réseau hydrographique du Maroc contraste
avec celui de la Berbérie centrale et orientale. Le relief plus accentué
du sol, le régime des eaux plus abondant, l'existence des neiges dans
les régions élevées de l'Atlas donnent naissance à des fleuves d'un
débit plus constant qui portent leurs eaux à l'Atlantique, à la Médi-
terranée et vers les dépressions sahariennes.
Des fleuves qui se jettent dans l'Océan, les moindres sont le Loukkos
et le Boa Regreg, qui ont leurs embouchures respectives à Larachc
et à Rabat-Salé.
Le Sebou, très important, peut être comparé à la Loire. 11 prend sa
source à 120 k. au S.-E. de Fès et passe près de cette ville. Grossi
de nombreux aflluents, il a 3oo m. de largeur dans son cours inférieur.
Il serait navigable sur une grande partie de son parcours; le récent
port de Knitra, à 11 k. en amont de son embouchure, est établi sur
l'une de ses rives. — L'Oum Er Bebia coule dans des méandres
encaissés avec une pente très forte; il débouche dans l'Océan à
Azemmour. — L'oued Tensift passe non loin de Marrakech et a son
embouchure entre Safi et Mogador. — L'oued Sous, qui arrose
Taroudant, se jette dans l'Océan près d'Agadir. Ces deux derniers
fleuves irriguent les vallées et les plaines qu'ils traversent. — Formé
de deux principaux affluents, les oueds Iriri et Dadès, l'oued D/vi
conduit ses eaux, de plus en plus rares à mesure qu'il s'en rapproche,
dans l'Océan au voisinage du cap Noun. — D'autres cours d'eau
d'importance moindre coulent entre ceux-là. Ils sont surtout nombreux
à la hauteur du Gharb et de la Meseta marocaine.
APERÇU GEOGRAPHIQUE.
Dans les grands bassins fermés des régions sahariennes abou-
tissent les oueds Ghris, Ziz, Guiv et Zousfana. Ces deux derniers ne
coulent qu'au moment des grandes crues.
Sur le versant méditerranéen, la Moulouya parvient, non sans
s'être épuisée avant d'arriver à la mer par l'évaporation dans les
steppes, à porter une partie des eaux de l'Atlas vers la Méditerranée .
Du Rif et des Djebala enfin, descendent rapidement à la mer de
nombreuses rivières.
Côtes. — La côte méditerranéenne se développe de l'E. à l'O. sur
une longueur de près de 5oo k. en faisant face aux rivages de
l'Espagne. Très abrupte, elle est entaillée de belles baies en arc de
cercle comme toutes les baies méditerranéennes, mais presque
toujours insuffisamment abritées et communiquant difficilement avec
l'intérieur. Le détroit de Gibraltar en est le point vital : là s'ouvrent
les relations entre TAtlantique et la Méditerranée et la valeur s'en
est encore accrue depuis le percement du canal de vSuez. Sur le
détroit sont Tanger et Ceuta. Plus à l'E. se creusent successivement
les baies Oe Badès, Alhucemas et Melilla à l'abri du cap des Trois-
Fourches. Non loin de la frontière oranaise s'avance le cap de l'Eau
que prolongent les îles Zaffarines.
La côte atlantique s'étend, à partir du cap Spartel, en direction
N.-N.-E.— S.-S.-O. sur plus de 1,000 k. de longueur. Monotone, elle
manque d'abris naturels; elle forme en général, au bord de la mer,
une berge assez basse constamment battue par les vagues. Par
endroits même, elle est constituée par des sables en arrière desquels
se trouvent des marécages. Très espacés les uns des autres, saillent
quelques caps : le cap Blanc au S. de Mazagan, le cap Cantin au N.
de Safi, le cap Ghir au N. d'Agadir.
L'embouchure des fleuves y est caractéristique : la rive droite est
basse et sableuse, la live gauche élevée et taillée dans la falaise;
de plus, la rencontre du courant fluvial et des eaux marines donne
naissance au phénomène de la 5a/ re qui rend souvent difficile l'accès
des fleuves. La science des ingénieurs a entrepris de suppléer aux
défectuosités physiques des côtes par la construction et l'aménage-
ment de ports dont celui de Casablanca, le plus important, a permis
d'accéder au pays.
Sol. — Les massifs montagneux, ravinés par le ruissellement des
eaux, ont peu ou pas de terre végétale, tandis que les plaines et les
vallées sont au contraire recouvertes de terre végétale ou d'alluvions
de natures diverses, quelquefois très profondes. Les terres noires,
fortes, qui se fendillent en se desséchant, appelées tirs, s'étendent par
taches elliptiques plus ou moins grandes entre les oueds Bou Regreg
et Tensift sur une longueur de plus de ooo k. et une largeur de
60 à 100 k.; elles forment les régions Zaër, Chaouïa, Abda et Douk-
kala. Leur fertilité exceptionnelle, qui en fait de magnifiques terres
à céréales, est due à leur composition, à leur profondeur et à la
propriété qu elles ont de retenir l'eau. Aux tirs s'opposent les hamri,
terres rouges, légères, sablonneuses, souvent liches en chaux et en
6
APERÇU ÉCONOMIQUE.
acide phosphoriqiie, mais se desséchant rapidement, et les rme/, tout
à fait sablonneux. Sans être d'une aussi grande fertilité que les
premières, celles-ci sont très aptes à la culture pourvu que les pluies
soient assez abondantes.
Flore et faune. — . La flore du Maroc contient surtout des espèces
méditerranéennes: elle varie avec l'altitude, le relief et la nature du
sol, et principalement le degré d'humidité; quelques centimètres de
pluie de plus ou de moins, et c'est la forêt, ou la steppe herbeuse,
ou le désert.
Sur le littoral et dans l'Atlas, qui reçoivent plus de 600 mm. de
pluie, croissent les loréts de chêne-liège et de chêne-vert. Dans
l'intérieur et sur les points qui reçoivent moins de 600 mm., ce sont
les conifères qui l'emportent : pin d'Alep, génévrier et thuya d'où
l'on extrait la gomme sandaraque. Le cèdre se maintient dans les
régions d'altitude du Rif et du Moyen Atlas. Au bord des cours
d eaux croissent les lauriers-roses, les tamaris, les saules, les cléma-
tite;»;: sur les pentes du Haut Atlas, quekjues saxifrages et un beau
chrysanthème; sur les sommets, des plantes odorantes : lavande,
menthe, thym, sauge.
Par (legiés insensi])les, la forêt passe à la friche par l'intermé-
diaire du maquis où dominent l'olivier et le lentisque parmi le chêne-
kermès, l arbousier, la bruyère, les myrthes, le genêt, le cytise, le
romarin et l'armoise. Sur les terrains peu propres à la végétation
arboi'escente ou recevant peu de pluie, le sol se couvre de plantes
bulbeuses (asphodèle, colchique, scille) et de graminées auxquelles se
mêlent soit le palmier nain, soit le jujubier sauvage. — Les steppes
de l'intérieur où les pluies ne parviennent qu'en faible quantité sont
de l'iches pâturages où nomadisent pasteurs et troupeaux : ce sont
les régions de l'alfa, de l'armoise et du sparte; sur les points où se
forment des dunes croissent le drinn ou le rtem ; les dépression»
fraîches et profondes sont marquées par des pistachiers-térébinthes,
betoum. — Au S.-O. du Maroc croit l'arganier, ordinairement confiné
dans les régions tropicales, et qui constitue une remarquable excep-
tion bolanique. — Les régions sahariennes sont pres([ue entièrement
dépourvues de végétation. Les oasis de palmier dattier sont de
minces rubans de verdure occupant des étendues réduites.
La faune a aussi un caractère nettement méditerranéen. Il en sera
parlé à propos de l'élevage et de la chasse.
Productions forestières et agricoles. — Le chêne-liège couvre
25o,(XX> hectares de superficie dans les territoires Zemmour, Zaër,
Zaïane et Mamora. La forêt de Mamora, la plus importante, occupe
i3o,ooo hect. et équivaut à elle seule au double des boisements tuni-
siens, à la moitié des boisements domaniaux algériens de même
essence; 120,000 arbres y ont été démasclés en igiS. Il existe de très
belles forêts de cèdres au S. de Meknès et de Fès, notamment sur
les hauteurs du Tigrigra ut du Guigo. On en a commencé l'exploita-
tion sur les points où la situation politique de l'Atlas l'a permis.
La superficie cultivable du Maroc atteindrait i5o,ooo k. carrés,
APERÇU ÉCONOMIQUE.
7
cest-à-dire près de 3o o/o du territoire de la France continentale.
Les régions les plus favorables à ragriculture sont le Gharb et la
vallée du Sebou aux portes de Knitra et Rabat-Salé ; la Chaouïa en
face de Casablanca et Fedala ; les Doukkala à côté de Mazagan et
d'Azemmour ; les Abda, près de Sali. Les environs de Meknès, Fès,
Oudjda ont également beaucoup d'avenir.
Actuellement, les céréales, avec 900,000 hect. pour l'orge, 600,000 hect.
pour le blé, 1^0,000 hect. pour le maïs, forment la base de l'exploita-
tion agricole.
Les graines d'exportation, telles que le cumin (1,600 hect.), les pois
chiclies (21,000 hect.), les fèves (87,000 hect.), les lentilles (700 hect.),
le fenugrec (1,100 hect.), le lin (3, 200 hect.), le coriandre (1,000 hect.),
l'alpiste, font l'objet de cultures régionales qui se développent chaque
année. — Des plantations de vigne et de pomme de terre ont donné
de très bons résultats. — Les cultures maraîchères sont entreprises
avec succès dans la banlieue des villes, mais il reste beaucoup à
faire pour approvisionner de légumes en quantités suffisantes lesi
populations citadines. — Au Maroc oriental, l'exploitation du géranium
s'est faite avec succès. — Les cultures tropicales, telles que celle de
la canne à sucre, qui demande un climat à humidité constante et
égale, ne paraissent pas promettre de très gros rendements : le coton
toutefois fait naître quelques espérances dans la vallée du Sebou. —
Presque tous les arbres à fruits du midi et du centre de l'Europe se
rencontrent au Maroc. Ceux qui peuvent prendre une réelle impor-
tance économique dès que des soins ou plus d'extension leur auront
été donnés sont l'olivier qui peuple les grandes oliveraies de Meknès,
du Zerhoun et de Marrakech (1,875,000 pieds), l'oranger et le citron-
nier (ii5,ooo), le figuier (1,625,000), l'amandier (5,5oo), le noyer, l'abri-
cotier, le poirier, le pommier, le grenadier. Les dattes produites dans
les oasis de Marrakech et des environs sont en général de qualité
médiocre. Les plus renommées, celles du Tafilalet, sont plus grosses,
mais moins fines, que celles du Sud algérien et tunisien.
La sériciculture a été autrefois pratiquée à Fès et à Marrakech.
Délaissée il y a environ cinquante ans, elle vient d'être l'objet, à
Fès, d'expériences dont les résultats sont des plus encourageants.
Le mûrier réussit fort bien dans le pays et il en existe d'importantes
plantations.
Au point de vue de l'élevage, le Maroc est un pays privilégié. Le
Gharb et le territoire Zaïane sont particulièrement riches en bovins
dont la race se caractérise par un faible volume de squelette, une
tête et des extrémités fines, une grande ampleur de poitrine; une
sélection judicieuse paraît suffire à sa transformation en une race
parfaite, précoce et de grande finesse. Les pâturages des plateaux
conviennent mieux aux ovins, caprins et camélins. Les chevaux, ânes
et mulets se rencontrent partout. Le porc se multiplie facilement
dans la plaine. — L'évaluation du cheptel n'a encore pu être faite
complètement; on a relevé toutefois les chiffres suivants, en 1916,
au Maroc occidental seulement : 96,000 chevaux, 42,000 mulets,
25o,ooo ânes, 877,000 bovins, 4*700,000 ovins, i,5oo,ooo caprins, 84,000
camélins, 3o,ooo porcins.
8
APERÇU ÉCONOMIQUE.
La mer olTi'e aussi son contingent de ressources. Les côtes soni
très poissonneuses et les qualités bonnes et variées. Dorade, pageot,
merlan, maquereau, raie, sole, congre, bonite, thon, alose, sardine,
attirent déjà des pécheurs ayant leurs ports d'attache en France et
en Espagne, mais le rendement actuel est encore très faible. Les
mollusques sont rares. Les crustacés, langouste et homard, existent
en grandes quantités au large de Mogador et d'Agadir.
Les pêches maritimes se sont jusqu'ici effectuées librement. Quant
à la pêche lluviale. (jui donne de beaux revenus, elle est donnée en
fermage par le Mnkhzcn.
Mines et industries. — Les recherches des prospecteurs n'ayant
pas été jusqu'à ce jour très étendues et très complètes, on com-
prendra que les richesses minérales du Maroc soient encore impar-
faitement connues. L'Anti-Atlas (Sous) renferme du cuivre exploité
par les indigènes; le minerai est assez riche, mais n'existe pas,
semble-t-il, en grandes quantités. On signale des gisements de plomb
argentifère dans le Uif, de plomb et de zinc sous forme de calamine
dans les Beni Snassene. Le Maroc oriental (Djebel Narguechoum et
Djebel Masseur) possède du minerai de manganèse. El Boroudj va
devenir le centre d'une importante exploitation de phosphates. Des
schistes à empreintes charbonneuses ont été trouvés dans l'Andjera
et aux environs de Tétonan ; des schistes bitumineux ont été trouvés
dans le Gharl), dans les argiles de Fès et de Meknès, dans le couloir
de Taza, mais ne renfei inent guère que 3o o/o d'hydrocarbures. Des
indices révèlent la présence du pétrole dans le Gharb, vers Arbaoua,
sur les rives du Sebou et de l'Ouergha, au Zerhoun et dans la vallée
de rinnaouene vers Taza. Il est possible qu'on découvre du charl)on
dans le S. du Maroc oi-iental. Le gypse est fréquent, et parfois
remarquablement pur. La chaux abonde en certaines régions. L'ar-
doise est signalée en plusieui's points du Moyen Atlas au S. de
Meknès; l'exploitation va en être commencée. Le sel abonde sous
la forme de sources salées, de lacs salés, de rochers de sel (Tissa
et Ouda'ia, respectivement à TE. et à l'O. de Fès). Des marais salants
existent en outre à Salé. Les indigènes utilisent les eaux minérales,
notamment les sources chaudes de Moulay Yakoub (sulfureuse) et
de Sidi Harazem (gaz carl)oniquej des environs de Fès.
Les exploitations europénnes sont localisées dans la région des
Beni Ifrour, près de Melilla ; Tune exploite les mines de plomb d<'
Tlaschaouene, l'autre les mines de fer de Youskene. On extrait un peu
de minerai de fer et de calamine du massif des Beni Snassene. un
peu de plomb près de Figuig. — (^est maintenant seulcmcut que vont
commencer la recherche et le classement méthodiques des gîtes
miniers. Un dahir du 19 janvier lyi/j léglemente la recherche et
l'exploitation des mines du Maioc.
L'industrie européenne s'est installées tout d'abord sur les côtes,
mais elle est encore de fondation trop récente pour être en mesure
d'exporter ses produits. Elle s'applique surtout à la production
d'électricité, de glace et d'eaux gazeuses, à la minoterie, aux pâtes
alimentaires, à l'imprimerie, la menuiserie mécanique, la construction
APERÇU ÉCONOMIQUE.
9
métailique, la préparation des chaux et ciments, la fabrication de
briques, tuiles et carreaux, la fonderie, l'extraction de l'huile,, la
fabrication du crin végétal. Elle paraît devoir se développer rapide-
ment.
En dehors des industries ayant un caractère artistique, et dont il
sera parlé d'autre part, l'industrie indigène n'est pas dénuée d'intérêt.
Le filage, la teinture et le tissage de la laine et de la soie, le tannage
du cuir ifilali et maroquin), la ferronnerie, la minoterie, la vannerie,
la briqueterie et la poterie occupent dans toutes les villes, à degrés
divers, de noml)reux ouvriers. Néanmoins, l'outillage et les procédés
de travail, restés primitifs et rudimentaires, donnent peu de rende-
ment. La collaboration de l'initiative européenne et de la main-
d'œuvre marocaine est susceptible, à ce point de vue, de donner
d'intéressants résultats.
Propriété immobilière. — Au regard de leur statut juridique, les
biens immobiliers du Maroc se divisent en biens d'Etat (makhzen), en
biens de mainmorte (liabous) et en biens de particuliers (melk).
La régularisation des titres de propriété et des droits qui en décou-
lent n'est pas toujours facile. Pour les biens makhzen et les biens
habous, on a déjà appliqué des méthodes qui facilitent cette régu-
larisation. En ce qui concerne les biens melk, on a songé à donner
aux possesseurs des titres authentiques et facilement applicables sur
le terrain pour la sécurité et la rapidité des transactions. On a eu
recours, à cet effet, au système de l'immatriculation, dit « Torrens
Act », déjà expérimenté ailleurs. L'immatriculation des terres est
commencée et, grâce à elle, on arrivera à donner satisfaction aux
acheteurs sans formalités compliquées et sans dépenses considéra-
bles. La mise en valeur du pays par la colonisation se fera ainsi plus
promptement.
Commerce. — Le commerce marocain, considérablement accru au
cours de ces dernières années, a déjà dépassé ooo millions. Il
emprunte cinq voies : la zone saharienne, les conflns algéro-maro-
cains, la zone espagnole, Tanger et surtout les ports français de
l'Atlantique. Par cette dernière voie, il s'est élevé, en igiS, à 170 mil-
lions dont 143 à l'importation, 27 à l'exportation et, en 1916, à
245 millions dont 177 à l'importation et 68 à l'exportation. En 1917, il
a atteint, par la seule voie maritime, 820 millions.
Les importations intéressent la consommation européenne (bois-
sons, conserves), la consommation indigène et européenne (sucre,
thé, café, cotonnades, soieries, bougies), et la mise en valeur du pays
par l'outillage moderne (carrosserie, automobiles, machines, bois et
matériaux de construction, produits métallurgiques). Le Maroc
exporte des céréales (orge, blé, maïs), des IkjcuIs, laines, peaux,
œufs, l)abouches, tissus, tapis, etc. La France est le premier fournis-
seur du Maroc, l'Angleterre vient au deuxième rang. Dans la naviga-
tion, la prépondérance de la France s'est affirmée en 1914 par plus
de 1,000 navires et i,25o,ooo tonnes contre 700 navires et 5oo,ooo tonnes
à l'Angleterre.
10
APERÇU ADMINISTRATIF.
Populations. -- Certaines régions n'ayant jamais été visitées par-
les Européens, d'autres n'ayant pas encore été recensées, il est
(lilTicile d'évaluer avec précision la population marocaine. Le chilTre
de 5 à 6 millions d'individus paraît le plus probable, dont près de
5 millions et demi pour la zone française. Il laut y ajouter i5o,ooo Israé-
lites et 5o,ooo européens.
La population est inégalement répartie. Dans le Gharb et le llaouz
de Marrakech, zones les plus peuplées, elle varie de quelques habi-
tants à au k. carré, pour montera 25o aux environs de Marrakech,
redevenir très faible immédiatement au S. de la ville et ne remonter
sérieusement que dans les villages du pied de l'Atlas. Excepté dans
le Rif occidental qui, bien arrosé, compte quelques tribus populeuses
(Andjei'a, Tétouan, Ouezzane), la densité des régions montagneuses
du littoral est faible, contrairement à ce qui se produit en Kabylic
d'Algérie. Basse aussi sans doute est la densité de la population
dans les territoires du Moyen et du Haut Atlas. Quant à celle des
réglons sahariennes, elle est évidemment minime.
Les indigènes sont berbères, arabes ou juifs. Si ces derniers se dis-
tinguent facilement, grâce à leur costume spécial et à leurs faciès,
les autres ne forment pas entre eux un contraste absolu; le sang
berbère y prédomine cependant. On observe par contre des diffé-
rences fort grandes dues au genre de vie, qui a créé les ruraux et
les citadins. Quand ils sont sédentaires, les ruraux vivent dans des
maisons, des gourbis ou « nouAlas », groupés en villages plus ou
moins populeux. Quand ils sont nomades, ils vivent sous là tente et
suivent leurs troupeaux; leurs déplacements, de peu d'amplitude au
Maroc occidental, se développent sur de plus grands espaces dans
les steppes du Maroc oriental et du Sahara. Les citadins vivent
dans des villes d'importance variable; leur nombre atteint, en igiG,
près de 5oo,ooo Ames dont plus de ^o.ooo européens habitant généi-a-
lement les quartiers neufs, et 71,000 juifs groupés dans les mollahs.
Arabes et Berbères sont musulmans 01 Ihodoxes du rite malékite.
Leur culte reste pourtant mêlé de survivances étrangement persis-
tantes de paganisme, de magie, de judaïsme, voire même de christia-
nisme; le culte des saints est très développé; les marabouts et les
chérifs (nobles, descendants du Prophète), détenteurs de baraka ou
bénédiction divine, sont très vénérés. — Le clei'gé officiel a un rôle
très effacé. La principahj inlluence est celle des confi'éries reli-
gieuses musulmanes dont les plus répandues sont celles des Ta'ibiya
ou Touhama (Ouezzane), des ïidjaniya (Aïn Madhi), des Kadrîya,
des Ziâniya (Kenadsa), des DerkAoua, des vVissàoua (jongleurs), des
Hamadclia, etc. L'autorité de certains « cheikhs » ou chefs de con-
frérie se répand parfois très loin.
Administration. — Aux termes de la convention de Fès, du
3o mars 1912, le Protectorat français est organisé dans l'Empire
chérifien et fait du commissaire résident général de la République
française le seul intermédiaire du sultan auprès des puissances
étrangères. Le sultan reste considéré non seulement comme le chel
temporel, mais comme le « Commandeur des Croyants », c'est-à-dire
APERÇU ADMINISTRATIF.
11
le chef de la communaulé musulmane. L'ancienne oriji'an libation admi-
nistrative et l'ancien gouvernement, autrement dit le rnakhzen, sub-
sistent, quittes à être Tobjel, avec le temps, de réformes progressives.
Trois vizirs on minislies mtisulmans se partagent les affaires; ce
sont : le grand vizir, premier ministre et ministre de l'Intérieur, qui
présente les dahir ou lois marocaines à la signature du sultan, le
ministre de la Justice et le ministre des Hahous (biens de main-
morte), qui prennent contact avec la Résidence générale par
l'intermédiaire de la Dii-ection des aflaires indigènes. Des con-
seils, présidés par le sultan, se tiennent toutes les semaines au
Dar el Maklizen. — Quant au Résident généial fixé à Rabat, il est
assisté d'un secrétaire général du Protectoiat, d'un délégué à la
Résidence générale et d'un conseil (\v gouvernement composé des
chefs des différents services administralils du Pi-otectorat.
La zone française du Maroc occidental comprend six régions ou
subdivisions : Fcs, Mcknès, Rabat, Casablanca, Marrakech, Taza,
ayant à leur tête un officier général ou un colonel réunissant les
pouvoirs civils et militaires. Chaque.' subdivision est ellc-inême par-
tagée en un certain nombre de districts administrés par «les officiers
du Service des Renseignements ou par des contrôleurs civils,
comme en Chaouïa,dans la banlieue de Puibat, dès que la situation
politique le permet.
Dans les villes, le chef des services municipaux, d'abord militaire,
puis civil quand la substitution devient oppoi tune. est chargé de la
surveillance des autorités indigènes; il a, en outre, la direction de
tous les services techniques nécessaires à la vie municipale. Le
pacha, ou chef indigène de la ville représentant du Makhzen, est
assisté d'un ou de plusieurs « khalifa » adjoints, d'un « mohtaseb »,
sorte de prévôt des marchands et des artisans, de 1' « amin el mos-
tafad » chargé de gérer les biens du Makhzen, d'un « nadir » des
Habous ou directeur des biens de mainmorte. Le pacha et le chef
des services municipaux sont eux-mêmes assistés par une commis-
sion municipale comprenant des Français et des Marocains ayant
des pouvoirs égaux. — Les communautés juives, représentées par
le « cheikh el Ihoud », sont contrôlées, comme les groupements
musulmans, par le chef des services municipaux.
Le Maroc oriental est administré par un haut commissaire civil
français sous les ordres du Résident général et du ministre des
Affaires étrangères, et du haut commissaire chériflen, représentant
le sultan. Tous deux résident à Oudjda.
En matière de statut personnel, l'européen habitant dans la zone
française du Maroc est astreint aux dahirs promulgués par les ser-
vices de la Résidence générale à Rabat et appliqués par les tribu-
naux français. Pour l'acquisition et la possession de la propriété, il
est régi par les lois coraniques appliquées par les cadis suivant une
réglementation imposée par les autorités françaises.
Par suite d'accords internationaux, la majeure partie du Maroc
qui se trouve en bordure de la Méditerranée ainsi que l'enclave
d'ifni au S., sont soumis à l'influence espagnole à peu près dans
les mômes conditions que l'autre zone à l'influence française.
12
APERÇU ADMINISTRATIF.
Quant à la ville de Tanger, qui reste une cité marocaine au point
de vue économique, diplomatique, administratif et financier, elle
doit être soumise à un régime spécial qui n'est pas encore déterminé.
Le caractère principal de l'administration française au Maroc,
c est la protection. « C'est ce qui fait qu'en dépit des progrès rapides
de l'occupation et de la colonisation, une vie musulmane subsiste à
peu près intacte avec toute sa poésie, toute son originalité, tout ce
qu elle comporte de séduction. »
APERÇU HISTORIQUE
La préhistoire. — L'iiabilaiii de l'Afrique du Nord a certainement
vécu à répoque des grands mammifères quaternaires aujourd hui
disparus. Il se servait alors d'armes en pierre et d'instruments en
silex qu'on trouve un peu partout et dont les collections s'enrichiront
encore au cours de recherches ultérieures. Le Maroc possède de
nombreuses grottes, creusées dans le rocher et difficilement accessi-
bles, qui ont servi d'abris à l'homme préhistorique; il connaît aussi
des gravures rupestres représentant des chasseurs coiffés de plumes
d'autruches, armés d'arcs et de casse-tète, figurant encore des
chiens, des éléphants, des bœufs, des lions, des panthèi-es, des
autruches. Il est difficile de se prononcer sur la date de ces images
et de ces grottes, comme il est impossible de déterminer l'âge des
monuments mégalithiques : dolmens, tumulus, cromlechs qui existent
également au Maroc. De vagues indices tendraient à établir un lien
entre les blonds et les dolmens, les nègres et les gravures rupestres,
les Ethiopiens et les silex et poteries, mais rien de précis ne saurait
être formulé sur ces époques obscures.
Les Berbères primitifs. — On est encore peu renseigné sur
l'origine et l'histoire des Berbères, anciens habitants de l'Afrique
du Nord, qui constituent presque partout le fond de la population, et
dont la race s'est maintenue très pure dans les groupes compacts de
régions difficilement accessibles, telles l'Aurès et la Kabylie du
Djurjura en Algérie, le Rif et les pentes de l'Atlas au Maroc. Ces
Berbères parlaient, et parlent encore, une langue apparentée à
celles de l'Egypte et de l'Abyssinie; ils avaient sinon créé, au
moins adopté, un alphabet particulier resté en usage chez les
Touareg sahariens; ils entretenaient des relations avec les autres
peuples méditerranéens et faillirent aux xiv*^ et xiii® s. av. J.-C.
conquérir l'Egypte qui les désignait sous le nom de Lybiens. Ils
connurent un certain degré de civilisation, attesté par des monuments
funéraires, des dessins gravés sur les roches, des objets mobiliers.
D'autre part, leur type ethnique n'est pas bien déterminé ; beaucoup
d'entre eux, aux épaules larges et aux hanches étroites, rappellent
les indigènes de la vallée du Nil; mais un grand nombre des indi-
vidus qui forment les tribus où l'élément arabe n'a pas pénétré
ressemblent aux habitants de l'Espagne, de l'Italie, de la France
méridionale et appartiennent à la même race brune, d'ordinaire
petite, énergique et nerveuse; enfin, on trouve aussi beaucoup de
blonds, d'un type plus ou moins pur. En somme « les Berbères sont
une famille linguistique, non une famille ethnique C'est de Ber-
14
APERÇU HISTORIQUE,
bères qu'il s'agit dans les textes latins lorsqu'il est question de
Numides, de Gétules, de Maures.
Epoque punique. — Dès le xii'' s. av. .l.-C, les Phéniciens ion-
dèient des établissements sur les côtes africaines. Celui qui eut la
plus brillante fortune fut Carthage, qui devint un puissant Etat dont
l'éciasement coûta aux Romains les longues et pénibles luttes dites
guerres puniques. Vers le milieu du v<^ s., Carthage envoya, sous la
conduite de Hannon, des colonies sur la côte marocaine. Comme le
reste de la Berbérie, le Maroc fut alors entouré d'une ceinture de
comptoirs commerciaux carthaginois : Rusaddir (Melilla), Tanger,
Lixus (près de Larache), Sla (Salé), Anfa (Casablanca) sont les plus
connus. Des fouilles méthodiques nous en révéleront l'importance.
Epoque romaine. — Rome, qui succéda à Carthage abattue à
partir du ii*^ s. av. J.-C, suivit longtemps la même politique indigène
qui laissait aux autochtones leurs chefs naturels et n'intervenait
point dans leurs affaires pourvu que fussent sauvegardés les intérêts
de la métropole, de ses citoyens et de ses protégés. L'annexion ne
fut complète que sous Claude (42 ap. ,I.-C.). Aux deux premières
pi'ovinces romaines d'Afrique (Tunisie) et de Namidie (parties orien-
tale et centrale du département de Constantine) se joignirent la
Maurétanie Césarienne (reste de l'Algérie) et la Maurétanie Tinyilane
(Maroc).
Les comptoirs pris aux Phéniciens' continuèrent à être florissants.
Tingis et Lixus s'élevèrent même au rang de colonies impériales. 11
ne semble pas pourtant que la domination romaine s'avançât fort
loin vers le S. et dans l'intérieur. Sala (Salé) et Volubilis (près de
Meknès) ne furent probablement guère dépassés. Il est indubitable
que les Romains ne s'établirent pas sur les grands massifs monta-
gneux de l'Atlas et sur les régions voisines du Sahara. D'ailleurs, la
Maurétanie Tingitane fut plutôt considérée comme une zone de
défense établie entre l'Espagne et les populations insoumises du
Maroc septentrional. En Gy, elle fut placée sous la juridiction des
gouverneurs de la Béti(iue et le personnel y fut toujours réduit.
Pour tenir en respect les ennemis du dehors, les nomades Gétules,
et ceux du dedans, les Maures, Rome n'utilisa pas précisément ses
légions, mais organisa une armée de troupes auxiliaires de 9,000 guer-
riers analogues à nos goumiers actuels, et constitua une ligne de
défense qui s'étendait de Sala à Volubilis. La tête du réseau rouliei-
marocain fut Tanger d'où partaient deux voies : la première sur
Sala, longue de 174 milles et longeant le littoral atlantique; la
seconde aboutissant par Volubilis à Tocolosida, à i5 k. au N. de
Meknès. Il n'est pas encore établi que le couloir de Taza servit
alors de passage par terre entre la Maurétanie Tingitane et la Maii
rétanie Césarienne, mais on vient d'y trouver des vestiges qui
tendraient à soutenir cette thèse.
Rome exigeait de ses sujets marocains des soldats et de l'argent
sous forme d'impôts. Les cavaliers africains occupèrent une place
exceptionnelle dans l'armée impéi'iale sur le iUiin, le Danube et
l'Euplirate. Rôme demandait en outre à la Tingitane toutes sortes
APERÇU HISTORIQUE.
15
de produits marocains ou saiiariens : blé, liuile, ivoire, esclaves dont
le commerce se faisait presque tout entier par l'entremise des ports
espagnols. En résumé, Rome se borna à l'organisation administra-
tive et à l'exploitation économique du Maroc. Moins encore qu'en
Algérie-Tunisie, sa civilisation et sa langue y laissèrent de traces.
Invasion vandale. — Dans le second quart du v« s., le Maroc,
comme le reste de la Berbérie, fut occupé sans résistance par les
Vandales. Ces conquérants, Germains comme les Goths et les Francs,
étaient peu nombreux; leurs rois se suljstiluèrent simplement aux
empereurs, sans rien modifier à l'organisation intérieure du pays;
après une assez courte période de gi'andeur, que signala le sac de
Rome par Genséric, le royaume vandale tomba en décadence. Bientôt
les successeurs de Genséric furent incapables de réprimer les insur-
rections indigènes.
Epoque byzantine. — Les Byzantins noccupèrent qu'une faible
partie du Maroc : Tanger et Ceuta. Et cet établissement fut encore
bien précaire, car à l'époque de l'invasion musulmane, il ne restait
plus, de la province tingitane, que Ceuta, où le comte Julien s'était
rendu indépendant. Le reste du pays avait été repris par les
indigènes.
Le christianisme fit de rapides progrès en Tingitane, mais l'ortho-
doxie y fut bientôt abandonnée pour d'autres hérésies et de nouveaux
schismes. Au vii*= s., la civilisation antique, déjà frappée par sa
propre décadence, par les révoltes indigènes, par les agitations
îionatistes, périt sous les coups de la conquête arabe.
Conquête arabe. — Lorsque dans les premières années du viii** s.
le conquérant arabe, Okba ben Nafi, se présenta devant Ceuta,
seule ville du Maroc demeurée au pouvoir des Byzantins, aucune
résistance ne lui fut opposée par le comte Julien qui fit simplement
confirmer son autorité par le vainqueur. Okba alla ensuite jusqu'au
Sous. Ayant atteint les rives de l'Océan, il poussa son cheval dans
les flots et dit : « Seigneur, si cette mer ne m'en empêchait, j'irais
dans des contrées plus lointaines encore en combattant pour ta
religion et en tuant tous ceux qui ne croient pas en ton existence et
qui adorent d'autres dieux que Toi ». Après lui. Moussa ben Noceir
parut fyoS) avec de nouvelles troupes. Mais ces premières expéditions
ne laissèrent pas après elles de domination effective : les Arabes,
peu nombreux, se contentant de créer quelques garnisons occupées
par des missionnaires. S'ils parvinrent à gagner les Berbères et à
venir à bout de leur résistance, c'est, semble-t-il, parce qu'ils eurent
la chance, ou l'adresse, de détourner leur ardeur guerrière en les
entraînant à la conquête de l'Espagne. Les Arabes convertirent les
Berbères, mais ce fut sans anéantir leur nationalité. Tout au con-
traire, 1 accession des Berbères à la foi musulmane eut comme
résultat de surexciter leur esprit d'indépendance et de donner, dans
une certaine mesure, à leurs collectivités la cohésion qui leur man-
quait. Sous le couvert et le prétexte de doctrines religieuses hété-
d6
APERÇU HISTORIQUE.
rodoxes, de j^i-aiuls étals purement berbères se constituèrent et
tinrent en écbec l'islamisme arabe et orthodoxe des califes.
Premiers royaumes berbères. — C'est ainsi que, dès le viii» s.,
le schisme puritain du ouahbisme, dont la rude doctrine a plus d'un
rapport avec celle des donatistes, rallia sous le nom de kharedjisme
kharedjite signiiie séparé) l'Afrique presque entière. Un royaume
(kharedjite dont le chef prétendait à l'imamat, c'est-à-dire à la juri-
diction universelle sur les croyants, fut constitué avec Tiaret (prov.
d'Oran) pour capitale; un autre s'établit au Tafilalet, à Sidjilmassa.
Dès cette époque l'Occident échappe au califat. A la vérité, les
kharedjites ne paraissent pas avoir dominé à l'O. du Maroc, mais
les hérésies issues de l'islamisme s'y font jour.
Les Idrissides. — Un descendant d'Ali, gendre du prophète,
nommé Idris, traqué en Orient par les califes, se réfugie au Maroc,
gagne Oulili (Volubilis) et, bien accueilli par les Berl)ères, y établit
son autorité qui s'étend bientôt sur tout le Maghreb septentrional,
de Tlemcen à l'Océan. Empoisonné par un émissaire de Ilaroun, il
est enterré au Djebel Zerhoun (Moulay Idris du Zerhoun actuel) et
est devenu depuis le saint national du Maroc. Son fils posthume,
Idris II, qui lui succéda (en 8o4) grâce aux soins d'un affranchi fidèle,
Rached, fonde Fès, dont il est le grand patron. Bientôt après, ses
successeurs s'épuisent les uns contre les autres, puis voient leur
royaume disputé par les Fatimides et les Omniades. Le pays entre
alors dans une période extrêmement confuse.
Nouvelles dynasties Berbères. — L'empire idrisside, que se dis-
putent les Meknassa, se désagrège. Au x® s., c'est le chiisme, autre
doctrine schismatique, qui séduit les Berbères et les conduit à la
conquête de l'Egypte, dont les Fatimides font le siège d'un califat
dissident (978) qui s'étend jusqu'à la Moulouya et menace Fès. A
cette époque, le califat omniade de Cordoue est à l'apogée de sa
puissance et cherche aussi à annexer le Maroc. Il parvient à détruire
les Idrissides qu'il poursuit jusque dans le Rif. Cependant, c'est une
autre tribu, les Maghraoua, conduite par Ziri Ben Atia, qui s'emparô
de Fès et forme une dynastie bientôt en butte aux dissensions et
aux luttes de celles qui l'avaient précédées.
Seconde invasion arabe. — La grande invasion hilalienne du
xi*^ s., qui amena au Maghreb uti fort contingent d'Arabes nomade-
et pillards, eut une répercussion plus faible au Maroc qu'en Algérics
Tunisie. Le Rif, le Haut et le Moyen Atlas furent à peu prè
indemnes de leur infiltration ; par contre, les plaines subirent l'invas
sion et furent quelque peu bouleversées. A la limite des territoires
occupés par les tribus berbères et arabes, il se constitua des tribus
nouvelles qui subirent une forte influence arabe en ce sens qu'elle y
apporta des éléments d'islamisation et modifia le genre de vie ber-
bère en empêchant le commerce et en ruinant l'agriculture. Les
nouveaux immigrants furent toutefois dans l'incapacité de s'emparer
du pouvoir. Ils devinrent au contraire pour les dynasties berbères
un instrument souvent employé contre leurs rivales*
APERÇU HISTORIQUE.
17
Les Almopavides. — Au moment môme où les Arabes venus de
rOient se répandent dans le Nord de l'Afrique, un puissant empire
prend naissance dans une trilju berbère du Sénégal, touchée par
IMslam depuis le ix« s., c'est l'empire almoravide. Cette dynastie de
guerriers religieux, sorte de Templiers et de chevaliers de St Jean
musulmans, atteint bientôt le pays du Drâ, Sidjilmassa,'le Sous et
enfin le Tadla. Le saharien et dévôt Youssef ben Tachfine établit sa
capitale à Marrakech (1062), puis assiège et prend Fès l'année sui-
vante. De là, il gagne la Moulouya et le pays des Ilaouara ; il s'em-
pare aussi de Tanger, du Rif, de la côte méditerranéenne, pénètre
enfin en Espagne où il bat Alphonse YI, roi de Castille et Léon.
Après Youssef Ben Tachfine, l'empire se désagrège vite, la poussée
des hordes barbares venant de l'Arabie devient irrésistible sans être
à môme cependant d'édifier quelque chose de durable. D'ailleurs aux
berbères du Sahara vont succéder d'autres berbères : les Almohades,
surgis de Tinmal, ville de l'Atlas.
Les Almohades. — Après avoir fait des études en Espagne, en
Egypte et en Syrie, Ibn Toumert, de la tribu des Masmouda, se pose
en réformateur des mœurs, et fonde la nouvelle dynastie. Abd El
Moumene, son lieutenant et successeur (1 i3o), conquiert l'Atlas maro-
cain, vainc les troupes almoravides employées contre lui, parcourt
le Maroc en tous sens (ii4o-ii47)^ conquiert les principales villes
d'Andalousie, celles d'Algérie et de Tunisie, et fonde le plus grand
empire musulman d'occident qui ait existé. Abd El Moumene apparaît
ainsi comme un homme de génie, comme le politique le plus remar-
quable qu'ait fourni la race berbère. « On ne saurait le comparer qu'à
Charlemagne, dit E. Masqueray. Comme lui justicier, il ne s'empare
de l'Afrique septentrionale entière que pour y faire régner l'ordre. Tl
renouvelle les opérations cadastrales de l'Empire romain. Il crée
une flotte, organise l'administration la plus libérale qu'on ait encore
vue. Ami des lettres, il fonde des universités. »
Les fils et petit-fils d'Abd El Moumene sont aussi de grands souve-
rains, tels Abou Yakoub Youssef (ii63-ii84) et Abou Youssef Yakoub
El Mansour (1184-1199). Abou Yakoub Youssef appelle les philosophes
à sa cour, inaugure une ère d'entreprises artistiques en faisant con-
struire la Giralda de Séville. Abou Youssef Yakoub El Mansour
réprime des dissidences à l'E. de son empire, puis en Espagne où
il défait les Castillans à Alarcos (1195); il poursuit les travaux com-
mencés par son père et c'est sous son règne que s'édifient la Kou-
toubia de Marrakech, la Tour Ilassane de Rabat et Ribât El Fath, le
camp de la victoire.
Mais Mohammed En Nacir, fils d'Abou Youssef, voit s'élever de
nouvelles difficultés autour de lui : il est battu par Alphonse VIII
de Castille à Las Navas (1212), et, dès le xiii® s., l'empire almohade
s'écroule. La Tunisie s'affranchit la première avec les Hafsides, le
royaume de Tlemcen devient la proie de Abd El Ouad et les Beni
Merine s'installent à Fès en 1248. Ces trois royaumes vont s'épuiser
en luttes incessantes.
Les Nérinides. — Le* Mérinides sont des nomades zénètes venus
MAROC.
2
-18
APERÇU HISTORIQUE.
du Sahara et auxquels ont l'ait appel les Almoliades épuisés par les
guerres. Profitant de la faiblesse de leurs souverains, ils se retour-
nent contre eux. Conduits par Abou Yahia, ils conquièrent le Maroc
(1248-1258K Avec Abou Yakoub (1259-1286) ils commandent en maîtres
depuis le Sous jusqu'à Oudjda, y compris Sidjilmassa, le Dra et
Tanger; Ceuta l(Hir paie un tribut annuel et, après une guerre contre
les princes chrétiens, ils entrent en possession de plusieurs villes
d'Espagne; pendant ce temps ils bâtissent Fès Djedid (1276 , luttent
contre Yaghmorasen, fondateur du royaume de Tlemcen. Sous Abou
Youssef (1286-1307), ils mettent le siège devant Tlemcen (1299), con-
struisent Mansoura, soumettent l'Algérie centrale. Au début du
xiV s., leur autorité est prépondérante en Berbéric, ils oi'<>anisent
une flotte puissante, se font corsaires et terrorisent les habitants des
côtes des royaumes chrétiens. Chez eux, ils embellissent leurs villes.
Sous Abou Massene (]33i-i349) et 7Vl)ou Inane (i348-i358), souverains
puissants et aclits, rAfriciuc septentrionale entière est encore sou-
mise à rauloi'ilé des jMérinidcs. ni>rcs eux, l'empire, miné par
l'anarchie nra])e, qui a fait de grands pi'ogrès depuis les débuts de
l'invasion hilalienne, se désagrège aussitôt. A la lin du x'iv'^ s., la
dynastie est en pleine décadence: celle des Beni Ouallas, qui lui
succède, en se liant aux chrétiens par des traités humiliants, perd
la conflance de ses sujets et finit par disparaître à son tour (i548).
— Le nom dos Mérinidcs a été popularisé en Europe par la race de
moutons à laine fine dite « mérinos ».
Les dynasties chérifiennes. — Aux xv*^ et xvi* s., la doctrine isla-
mique a travaillé plus profondément les masses, le mysticisme fer-
mente et s'exaspère au contact des chrétiens jusqu'au jour oiî il
réagit par la révolution chérifienne qui amène l'avènement des
chérifs saadienti. Venus du Dra, ceux-ci soumettent . le Sous (i5io)I
s'établissent à Marrakech (i523\ puis à Fès (i548), et entreprennent
la guerre sainte contre les Portugais chassés définitivement du Maroc
en 1578. Au cours de son l'ègne, le sultan saadicn Ahmed El Man-
sour h')-^ ><-]{]{):>) l'ivalise conti'e les Turcs et s'empare des oasis du
Tonal et du Gourara (i.j8i) puis organise une expédition sur Toni-
bouclou (juiest couronnée d'un plein succès (1591); il en rapporte (!<'
grandes richesses, orne sa capitale, Marrakech, de magnifiques cou
structions, fonde le makhzen marocain à l'exemple dos Turcs qui
organisent alors leur récent établissement en Algérie en s'appuya ni
sui- des colonies militaires indigènes, tribus makhzen exemptée-
d'impôts en échange du service militaire.
Au milieu du xvii^ s., les chérifs hassaniens (on dit encore filaliens^
alaouiles), remplacent les Saadiens comme les Almohades ont rt;ni
placé les Almoravides. Originaires de Sidjilmassa (Tafilalet), ils
mènent une vie pauvre, méditative, vertueuse, pendant que les sou-
verains régnants s'épuisent dans le luxe et la mollesse. L'un des
premiers et des plus puissants chefs de cette dynastie, Moulay Ismaïl,
très actif et doué d'un réel esprit organisateur, parvient, à la suite
d'un long règne de 55 ans (1672-1727), à pacifier et à soumettre le
Maroc comme il ne l'a jamais été rlepuis. Grâce à la constitution
APERÇU HISTORIQUE.
19
d'une forte armée de i5,ooo nègres ou bouâkher (serviteurs du livre
d'El Bokhari), à des expéditions incessantes sur tous les points de
son empire, et à la construction de kasbas à proximité des tribus les
plus turbulentes, il étend très loin son autorité sur les Berbères, et
peut lutter avec succès contre les Turcs en Algérie, les Chrétiens au
Maroc. Moulay Ismaïl aime Meknès et travaille avec passion à son
embellissement. Il édifie des monuments considérables qui ont valu
à sa capitale le surnom de « Versailles marocain ». Après lui, le
pays retourne à Tanarchie. — Sidi Mohammed (37^7-1789), son petit-
fils, parvient cependant à grouper 4,000 cavaliers, à rétaljlir un peu
l'ordre, à chasser définitivement les Portugais de Mazagan (1769), à
fonder Mogador (Souïra, 1764), à enfermer les Espagnols dans leurs
présides de la Méditerranée.
Au XIX® s., le pays n'évolue plus et ne s'oi'ganise pas. Les influences
européennes se faisant de plus en plus envahissantes, le pouvoir
lutte contre elles en ajournant les réponses à leurs demandes et en
les opposant habilement les unes aux autres. La prise d'Alger a un
grand retentissement au Maroc. Moulay AIkI Er Rahmanc (1822-1859)
essaie de s'emparer de Tlemcen, noue des iulrigues contre l'autorité
française en Algérie, puis se laisse entraîner par x\bd El Kader dans
une guerre contre la France. Les principaux événements en sont la
bataille d'isiy livrée par le maréchal Bugeaud aux troupes cliéri-
fiennes le i4 août i844 et le bombardement de Tanger et de Mogador
par le prince de Joinville. Par le traité de Tanger et la convention
de Lalla Marnia, du 18 mars i845, le sultan du Maroc s'engage à
chasser notre adversaire de son territoire. Une fois sa promesse
mise à exécution, l'émir Abd El Kader est réduit à faire sa soumis-
sion à Lamoricière (1847).
Aux difficultés avec la France succèdent des difficultés avec
l'Espagne contre laquelle Sidi Mohammed (1859-1873) soutient une
guerre qui se termine par la paix de Tétouan (1802).
.Jusqu'à la fin du second Empire, la France et le Maroc vivent en
assez bons termes. A plusieurs reprises, nos troupes ont à inter-
venir dans les confins algéro-marocains, mais les expéditions de
1859 et de 1870, qui semblaient être le prélude d'opérations plus
étendues, sont arrêtées, la première par le ciioléra, la seconde par
la guerre franco-allemande.
A la fin du xix® s., le Maroc connaît encore un sultan énergique,
Moulay El Hassane (1878-1894). Celui-ci confie la réorganisation de son
artillerie à une mission française, consolide son autorité dans les
régions les plus facilement accessibles du royaume en instituant
quatre tribus makhzen : les Bokhari, ou soldais nègres, les Oudaïa
d'origine arabe, les Cheraga venus d'Algérie lors de la conquête
turque, et les Cherarda. Il peut ainsi assurer son influence sur les
Berbères et essaie de l'étendre jusqu'au Sahara. Mais autour de son
fils Moiday Abd El Aziz (1894-1909) se nouent une foule d'intrigues qui
rendent l'administration difficile. Les appétits européens et la résis-
tance musulmane se font de plus en plus sentir. Pour assurer la sécu-
rité de la frontière orano-marocaine, nos troupes, commandées par
le général Lyautey, OGcupentC(5lomb-Béchar(i9o3) et Berguent (1904).
20
APERÇU HISTORIQUE.
La conférence internationale d'Algésiras, tenue du 16 janvier au
7 avril 1906, élabore tout un plan de réformes dont les plus impor-
tantes sont l'établissement du principe de l'égalité économique et
de la porte ouverte, puis l'organisation, dans les ports fréquentés par
les services réguliers de navigation, de corps de police mis sous les
ordres d'officiers et de sous-officiers français ou espagnols.
L'anarchie ne cesse pourtant de s'accentuer. L'autorité d'Abd El
Aziz devient de plus en plus précaire. A Marrakech, son frère Hafid
guette l'instant propice à ses ambitions. La rébellion se manifeste
de toutes parts : autour de Tanger avec le chérif Raisouli, devant
Mogador avec le caïd An lions, dans le Sous avec le mahdi Ma El
A'inine. L'assassinat du D"" Mauchamp à Marrakech détermine la
France à occuper Oudjda et à soumettre les Beni Snassene (1907). Le
massacre d'Européens à Casablanca (3o juillet 1907) provoque ensuite
le débarquement de troupes françaises dans cette ville et le commen-
cement, en Gha'ioua, d'opérations qui se terminent parla pacification
et l'organisation militaire et administrative de cette province. Les
troupes françaises progressent en même temps dans le Sud oranais,
sur le Haut Guir et vers Bou Denib (1908) et Ain Chair (1909); en 1910,
elles occupent Taourirt. Abd El Aziz, accusé d'avoir vendu son pays
aux chrétiens, est remplacé par son frère, Moulay Hafîd, d'abord
proclamé sultan par les tribus du sud, puis reconnu pour tout le Maroc
à Fès. Le prestige du Makhzen ne parvient pourtant pas à se relever.
Les tribus berbères se révoltent et assiègent Fès. La capitale est
investie. C'est alors que Moulay Hafld réclame et obtient l'appui des
troupes françaises (1911). Celles-ci, conduites parle général Moinier,
entrent dans la ville sainte le 2 mars et vont, toujours sur la demande
du sultan, occuper Meknès.
Le protectorat français. — Jalouse des succès de la France,
l'Allemagne envoie un navire de guerre à Agadir. Des conversations
difficiles s'engagent alors entre la France et sa rivale, à la suite
desquelles M. Regnault, ministre de France à Tanger, signe avec
Moulay Hafid la convention de Fès, du 3o mars 1912, qui reconnaît
le Protectorat de la France sur le Maroc et fait du Résident général
de la République française le seul intermédiaire du sultan auprès
des puissances étrangères. — Après une intervention à El Ksar,
parallèle à l'intervention de la France à Fès, l'Espagne réalise de
son côté dans la zone qui lui est reconnue par les traités.
Mais il s'en faut que les puissances protectrices soient maîtres du
Maroc, qu'il reste à pacifier. Au lendemain de la signature de la
convention de Fès, à la suite d'une rébellion des soldats du tabor
(17 avril 1912), éclate dans la grande capitale marocaine une san-
glante émeute qui dure trois jours, entraîne le massacre de 68 euro-
péens et dont la répression coûte plus de 3oo morts et blessés.
Le 28 avril, le général Lyautey est nommé Résident général de
France au Maroc ; il arrive le 24 mai à Fès, A ce moment précis, les
Berbères attaquent la ville; ils sont rejetés hors des murs le 28 mai
et battus le i®»^ juin à Hadjra El Kahla par le colonel Gouraud. En
même temps, le général Alix, partent du Maroc oriental, franchit
APERÇU HISTORIQUE.
21
la Moulouya et prépare la marclie vers Taza. Le 12 août 1912, Moulay
Hafîd signe son abdication et dès le lendemain, son frère Moulay
Youssef est proclamé. En septembre suivant, les troupes françaises,
après avoir écrasé les bandes d El Hiba, entrent à Marrakech. Elles
ne cessent d'ailleurs, sous la direction du Résident général Lyautey,
d'étendre leur action dans tous les sens et sur tous les points du
Maroc. Le 17 mai 1914 s'effectue à Taza la jonction des troupes du
Maroc oriental et du Maroc occidental.
La guerre européenne qui se déclaie en 1914 n'arrête pas les pro-
grès de la pacification. Les grands ciiefs rebelles viennent peu à
peu à nous. Un immense essor économique est donné au pays. Les
ports, les routes, les chemins de fer se construisent. La colonisation
s'étend. L'Exposition franco-marocaine de Casablanca en igiS, et
les Foires de Fès (1916) et de Rabat (1917) remportent un réel succès.
Les troupes marocaines prennent elles-mêmes part à la guerre. —
Avec le général Gouraud, appelé à la Résidence générale de
décembre 1916 à mai 1917, l'œuvre française se poursuit. Le général
de Lamothe peut traverser l'Atlas en février, se rendre à Agadir et
à Tiznit, livrer bataille à Oujjane aux partisans d'El Hiba, assurer
enfin l'autorité du sultan sur toute la province du Sous. Après un
séjour de quelques mois au ministère, le général Lyautey revient
au Maroc en juin 1917. Son retour est marqué par de nouvelles
jonctions des troupes françaises de Meknès, de Debdou et de Bou
Denib dans la haute vallée de la Moulouya et l'application de
mesures propres à assurer, sur la plus grande échelle possible, la
mise en valeur des ressources du pays pacifié.
Enfin, par le traité de Versailles de 1919, l'Allemagne renonce à
tous les droits, titres ou privilèges que lui reconnaissait l'Acte
d'Algésiras; tous les traités passés par elle avec l'empire Chérifien
sont abrogés; elle reconnaît le protectorat de la France au Maroc,
et y renonce au régime des capitulations.
APERÇU
ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE
Architecture. — Quels que soient leur nombre et leur diversité, les
monuments arabes de Tunisie, d'Algérie et d'Espagne ne donnent
l)as une idée tout à lait complète de l école maghrébine d'art musul-
man. Il appartenait à ceux du Maroc de combler cette lacune et de
révéler quelques phases insufnsamment connues d'une esthétique
humaine intéressante entre toutes.
Certes le Maroc ne peut se vanter d'avoir vu sortir de son sol des
édifices du premier âge musulman ayant l'envergure et le style des
immenses et grandioses mosquées de Kairouan et de Cordoue. Au
point de vue islamique, il est en effet plus jeune que l'IlVikia et
ribérie. A l'époque où la religion nouvelle s'implante sur ces deux
vastes territoires, avec Sidi Okba et les Omniades, il n'est peuplé
que de tribus sans cohésion, à peu près panthéistes, et de quelques
groupements monothéistes, chrétiens ou juifs; en réalité il est encore
dans l'enfance et ne reçoit que de vagues lumières de l'Orient.
I(h is, qui arrive au Maroc en 788, ne provoque pas tout d abord de
grands changements dans le pays. Lui et ses successeurs ont fort à
laiie pour gagner des adeptes à la foi nouvelle. Un siècle s'écoule à
peine que les Meknassa autochtones disputent le pouvoir aux Idris-
sides et pai vionnent à s'en emparer (988) pour le partager aussitôt
avec une autre dynastie berbère, les Maghraoua, jusqu'au commen-
cement du XI" s." Jusque-là, l'architecture musulmane ne paraît pas
avoir laissé de monuments particulièrement remarquables. Les mos-
quées El Karouiine et El Andalous, construites à Fès au ix° s., ne
sont à proprement parler que des oratoires de très petites dimensions.
Leurs minarets, conçus suivant une formule mathématique et rigide
qui voulait que la hauteui' fût égale à quatre fois le côté de base,
manquent d'élégance et de majesté; ils sont en outre dépourvus de
décor.
Ce n'est qu avec Youssef Ben Tachfine (45o de l'Hégire, 2" moitié
du xi^ s.) que la salle de prière de la mosquée El Karouiine revêt
ses dimensions actuelles. Les proportions en sont lourdes et les embel
iissements et agrandissements ultérieurs, qui respectent les pre-
mières données de l'édifice, ne parviennent pas à en faire un des
plus importants temples de l'Islam.
Avec les Almohades (2* moitié du xii« s.), l'architecture marocaine
prend tout son essor, et quel essor! En moins de vingt-cinq ans, les
nouveaux maîtres du pays renversent leurs prédéce'sseurs, s'imposent
eiicore à Tlemcen, en Algérie, en Tunisie, en Tripolitaine, puis en
APERÇU ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE.
23
Andalousie et au Portugal. Héritier d une telle puissanc(?, Yakoub
El Mansour s'élève à la hauteur des plus grands souverains en
l illustrant de joyaux d'art d'une vigoureuse venue. Il dote Rabat El
Fath, qu'il fonde, de la Kasba des Oudaïa, de la mosquée et de la
Tour Hassane et d'une enceinte munie de portes magnifiques. II édifie
à Marrakech le plus grand chef-d'œuvre de l'époque : la mosquée et
le minaret de la Koutoubia, ainsi que des remparts dont la porte
Aguenaou atteste la grandeia*. Il élève encore à Séville une innnense
mosquée et une tour, devenue depuis la célèbre Giralda. Son prédé-
cesseur, Youssef Ben Abd El Moumeue, avait déjà constiuit sur
l'oued Tensift, à quelques kilomètres au nord de Marrakech, un pont,
encore existant aujourd'hui, qui repose sur 27 arches en maçonnerie.
Militaires, religieux ou d'utilité publique, ces ouvrages sont d une
majesté incomparable. Leurs proportions immenses (Giialda : 70 m.
de hauteur, i3 m. 60 de côté à la base, sans l'étage et le dôme con-
struits depuis; Tour Ilassane inachevée : G4 ni. de hauteur, 16 m. 20
de côté à la base; Koutoubia : 67 m. 5o de hauteur, 12 m. 5o de côté
à la base: pont sur l'oued Tensift : 35o m. de long et 5 m. de large)
les rendent imposants sans leur donner un caractère de lourdeur. Le
grès rouge qui les constitue caresse agréablement le regard et seml>le
faire partie du sol même sur lequel ils reposent. Leur décor sculpté
d'amples arabesques et d'austèi-es écritures coufiques est à la fois
sobre et riche. Des rehauts de faïence vert turcpioise sertis dans les
parties les plus hautes des tours prépareut un passage logique de
couleur dans le ciel bleu. Monuments pleins de juajesté et do splen-
deur, ils laissent sur le sol . maghrébin la marque d une épcxpie
robuste de foi et de vastes espérances, équivalente à celle qui peupla
rp]urope occidentale. d'églises et de cathédrales romanes.
Mais les successeurs de Yakoub El Mansour s'affail)lissent et les
Beni Merine venus du Sud algérien en bandes organisées niel tent
cinquante ans seulement à ruiner la dynastie almohade d'Afrique,
cependant que les chrétiens reprennent l'Audalousie et qu'à la faveur
de ces luttes se fonde le royaume indépendant de Grenade. En 1266,
les Almohades disparaissent déOnitivement et sont remplacés par
les Mérinides vainqueurs. Dix ans après, l'un d eux, Abuu Youssef
fonde, à côté de Fès l'ancienne, une nouvelle ville, Fès Djedid, où il
installe son palais, ses troupes, ses fonctionnaires et où il construit
deux nouvelles mosquées. Après des incursions en Andalousie et au
moment où ils occupent l'Algérie et la Tunisie, les émirs qui se suc-
cèdent dans la première partie du xiv*^ s. édifient des monuments de
toutes sortes. Aucune ville importante de l'empire n'est négligée,
même Tlemcen. A la fin du xiii« s., Taza avait déjà été pourvue d'une
mosquée et d'une médersa du nouveau style. Fès, Meknès. Salé,
Marrakech, Ceuta sont dotées de mosquées et surtout de ravissantes
médersas ou collèges qui réunissent, dans des locaux groupés autour
d'une salle de prière, des étudiants venus de tous les points du
Maghreb pour suivre les cours de professeurs réputés.
Pour la réalisation de tels travaux, les artisans de tous ordres sont
comblés de richesses et de faveurs. La légende rapporte que les
souverains leur réservent de coquets logis, leur distribuent de
24
APERÇU ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE,
somptueux vêtements, les l'ont distraire au travail par des équipes de
musiciens et de chanteurs, leur donnent comme salaire un poids d'or
ét^al au poids des particules de plâtre, de bois et de bronze qui
tombent de leurs ciselets! On ne recule alors devant aucun sacrifice
pécuniaire. Lorsque l'émii- Abou Inane inaugure la médersa de Fès
qui porte son nom, il déclare placidement, au moment où on lui fait
connaître le montant des sommes importantes qu'il a fallu débourser:
Ce qui est beau n'est cher, tant grande en soit la somme,
Ni trop se'peut payer chose qui plaît à l'homme.
Fontaines, fondouks, bains, aqueducs, ponts, fortifications, monu-
ments funéiaires, etc., sont l'objet des mêmes préoccupations. Les
ouvrages les plus divers sont entrepris avec le souci constant de
faire œuvre belle en même temps qu'utile.
Tout de souplesse, l'art mérinide s'applique aux besoins les plus
variés. Son domaine est donc plus étendu que celui de l'art almohade
exclusivement consacré à la guerre et à la religion. Certes, la foi est
toujours aussi vive, mais plus contenue, et la jouissance des biens de
ce monde n'est pas dédaignée. Du même coup, l'architecture cesse de
tendre à la hautaine majesté et à la sévère élégance; elle s'applique
à des ensembles plus modestes, plus humains, plus voluptueux, plus
raffinés. Elle devient la manifestation d une vie trop prospère et trop
douce pour ne pas déchoir à bref délai. Grisés de bien-être, de
musique grenadine, de parfums subtils, les artisans conçoivent dans
leur rêve presque extatique des ensembles d'une grande harmonie,
d'une finesse de lignes surprenante sur lesquels brode, avec une vervt;
et une virtuosité sans pareilles, leur imagination sensuelle, leur fan
taisie encore équilibrée.
Rebelles aux efforts que ne dicte pas une volonté très affermie, la
pierre et le marbre font place à des matériaux plus dociles. Pisé,
briques, moellons bruts et galets, encore que de bonne qualité, sont
employés dans la construction. Pour le décor, on utilise les fa'iences
qui peuvent aisément se découper à la martelette, le bois qui se grave
sans fatigue quand il n"a pas à être présenté avec de fortes saillies,
le plâtre que l'on entame comme de l'argile quand il n'est pas encore
durci.
Sur de tels matériaux, associés d ailleurs avec un bonheur rare,
l'arabesque se développe sans contrainte. Ses variations, constamment
renouvelées et toujours séduisantes, se modulent sur quelques thèmes
à peu près fixes, prenant leur origine dans une polygonie apparem-
ment compliquée, mais simple parce que géométrique, une flore
irréelle et une épigraphie cursive et coufique.
Si, tenant compte des milieux et des différences de conception
esthétique, on peut comparer l'art almohade à l'art roman, il est pos-
sible également de mettre en parallèle l'art mérinide avec le gothique
flamboyant (}ui tous deux fleurirent à peu près en même temps. Pour
les époques qui suivent, la concordance disparait. Tandis que les arts
de l'Europe occidentale, après une période de foi ardente et austère,
semblent abandonner sans regret des formules qui furent chères
APERÇU ARTISTIQUE, ET LITTÉRAIRE.
2b
pour se tourner délibérément vers les arts de la Grèce, créer par là
même le beau mouvement de la Renaissance et le renouveler en de
riches et longues périodes, les arts marocains, comme la religion, se
fixent et se figent dans les traditions anciennes, régressant du même
fait, puisqu'ils ne sont plus soumis à aucun contact extérieur. C'est
d'ailleurs par contrainte que le Maroc rentre en lui-même. Les der-
niers Mérinides, les Beni Ouattas, ainsi que leurs successeurs les
Chérifs saadiens (fin du xvi« et xvii'' s.), ne gouvernent plus que sur
uii empire diminué. Les points principaux des côtes méditerranéenne
et atlantique leur échappent, disputés qu ils leur sont par les Portu-
gais, puis par les Espagnols. D'autre part, on nourrit une haine
réelle contre les chrétiens qui ont chassé le musulman de l'ibérie et
exercent encore quelque autorité sur la côte.
Moulay Ahmed El Mansour cherche une diversion d'un autre côté.
11 se tourne vers le Soudan et s'empare de Tombouctou (fin xvi*^ s.).
II en rapporte de grandes richesses qu'il emploie en partie à l'embel-
lissement de sa capitale, Marrakech. 11 édifie le palais d'El Bedia,pour
lequel il fait venir des ouvriers de tous les pays, même d'Europe ; le "
marbre, amené d'Italie, est payé poids pour jioids en sucre provenant
des fabriques de la région. Aucune trace ne reste malheureusement de
ce palais, démoli et rasé en 1707-1708 par Moulay Ismaïl. C'est peut-
être à El Mansour que l'on doit aussi les impiessionnants tombeaux
des Chérifs saadiens qui, après la Koiit(>nl)ia, sont la merveille de
Marrakech. Il construit également à Fès trois forts : Bordj Nord,
Bordj Sud, Bordj Sidi Bou Nafa, ouvrages (ratta(ine plutôt ({ue de
défense, exécutés avec une main-d'œuvre de renégats et sans carac-
tère vraiment arabe.
Quand ils parviennent à faire respecter leur autorité, les sultans
alaouites, qui prennent le pouvoir depuis le milieu du xvii*^ s. jus(iu à
ce jour, font également élever de grands travaux d'art, soit pour
l'exercice du culte, soit pour la défense <les villes, soit pour faciliter
les relations, soit pour leur usage propie.
Moulay Rechid, le premier d'entre eux, construit en amont de Fès,
sur le Sebou, un pont de 8 arches et de ])rès de i5o m. de long. Il
dote aussi Fès de la Kasba des Cherarda, mais son œuvre la plus
saillante est incontestablement la médersa Cherratineoù se retrouvent
sans mélange les traditions mérinides appliquées sur un plan original
et nouveau.
vSon successeur Moulay Ismaïl (fin du xvii« et début du xviii« s.) est
le plus grand bâtisseur de son temps, le plus grand constructeur
militaire du Maroc. Il jalonne tout le périmètre terrestre de son
empire d'une série d'ouvrages fortifiés ou kasbas où s'abritent ses
garnisons nègres et où se préparent des expéditions sur l'avant. La
plus formidable des citadelles est celle du Tadfa, située sur la rive
droite de l'Oum Er Rebia aux eaux rouges et mugissantes, et sur
lequel le célèbre sultan lance un pont de dix arches inégales et de
100 m. de long. Sa capitale préférée, Meknès, est défendue par
^o kilomètres de murailles; elle est en outre pourvue de palais, de
casernes, d'écuries dont il ne reste malheureusement que des témoins
rares et déchus. L'imposante Bab El Mansour El Aleuj, achevée sous
2G APERÇU ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE,
Moiilay Abd Allah, est le spécimen le plus saisissant de cette
époque fameuse. Ces travaux nuisent toutefois aux ruines romaines
voisines. Tocolosida est vidée de ses matériaux antiques et Volubilis
pillée.
Un peu plus tard, Sidi Mohammed Ben Al)d Allah (fin du xviii« s.
assez fort pour chasser définitivement les Portugais de Mazagan,
leur dernière station au Maroc, et enfermer les Espagnols dans leurs
présides de la Méditerranée, consti uit une ville entière, Mogador,
mais ce n est là qu'une « fantaisie européenne sur un thème maro-
cain ». L'architecte de la ville est en elTet un français d'Avignon,
nommé Cornut, qui donne la formule des skalas ou batteries dont on
arme ensuite plusieurs ports de la cote atlantique. Avec Sidi Moham-
med et ses successeurs s'élèvent dans plusieurs villes de l'empire des
mosquées, des médersas, des fontaines, des fondouks,. des sanctuaires
qui marcjuent une intéressante étape de l'architecture marocaine.
Les minarets diffèrent de ceux de l'époque mérinide. Les propor-
tions veulent en être plus grandes, mais sont moins harmonieuses. A
Fès et à Mekiiès, leurs faces se couvrent ^de grands panneaux de
faïence verte et crue. Sur la côte atlantique, ils sont en pierre grise
et froide. Plus monumentaux encore à Marrakech, ils conservent
le vieux décoi- d eutrelacs curviligne de Iniques, mais abâtardi.
La façade des médersas et des sanctuaires se garnit de revête-
ments de faïence multicolore aux tons vifs et à la polygonie frag-
mentée à l exccs, de boiseries et d'auvents peints de couleurs vio-
lentes. Le décor floral subit une forte influence persane. Les maisons
sont conçues dans le même esprit. Les fondouks ont cependant plus
de tenue.
Avec Moulay El Ilassane et Moulay Abd El x\ziz(fin du xix" et début
du xx" s.), le goût des couleurs vives s'accentue encore. Les motifs
décoratifs s'entassent sur la façade intérieure des monuments et des
maisons particulières qui sont prétentieuses. La construction pèche
dans sou essence même. Le pisé n'est plus guère que de^ la simple
terre battue. Le plâtre, de mauvaise qualité, se laisse rapidement
ronger par les intempéries. Les belles sculptures florales sur bois,
(jui donnèrent tant de charme aux monuments mérinides, sont sub-
mergées par le décor géométi'ique rigide, monotone et froid, ou font
place à la peiiitine aux tons ci'iards. La décadence est profonde et
les œuvr(!s en général peu durable.-:. Le temps aura vite fait de les
auéantii'.
Au moment de notre arrivée au Maroc, nous trouvons donc l'archi-
tecture marocaine au bout d'une course de douze siècles en complet
état d'avilissement. Chose pire, nous découvrons les anciens trésors
d'art branlants et vétustés, recouverts d'immondices, rongés par les
intempéries, se dégradant de plus en plus, sous l'œil indift'érent des
autochtones, faute de i-e staurations sérieuses et intelligentes. Néan-
moins, les travaux d'un certain nombre d'artisans actuels, conserva-
teurs inconscients des traditions ancestrales, sont encore très dignes
d'intérêt. Les riches maisons et les palais des villes de l'intérieur
sont ornés de pavements et de revêtements de mosa'iques de faïence
zcllij, disposés suivant des figures géométriques d'une complication
APERÇU ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE.
21
extrême. Les plâtres des sm faces murales sont creusés de décors
floraux rehaussés de peintures. Les frises, les corniches et les char-
pentes de bois de cèdre sont recouvertes de sculptures et de couleurs.
Dans quelques villes de la côte, à Rabat par exemple, des ijidii>ènes,
tailleurs et sculpteurs sur pierre, sont capables d'exécuter de remar-
quables ouvrages : arcs lobés, dentelés et à stalactites, colonnes,
chapiteaux, etc., comme on en voit dans les monuments anciens.
Industries d'art indigène. — Assez vai-iés, les ails industriels
citadins consislent dans la confection, suivant les techniques con-
nues en Europe avant rapparilioii (\c la vapeur et de l'électi-icité,
d'armes, de tissus, de vètenienls, de i)i ()(!eries sur étoffes et sur* cuir,
de poteries, de bijoux appropriés aux usages du pays. Cliaque ville a
une ou plusieurs spécialités où elle excelle plus particuliciement.
Fès connaît les tissus de soie et de laine les plus i-enommés, et dont
la plupart s'exécutent sur le métici* à la « .grande tiie » que perfec-
tionna Jacquart, les caractéristiques i)roderies monochromes de soie
et d'or sur étoffes, les bois sculptés, toui-nés et peints, la leliure
d'art, la poterie émaillée, curieuse de forine, de décoi- et de coloris,
quoique usuelle. Meknès se distingue par ses broderies polychromes,
ses bijoux et ses bois peints; Rabat par d'autres broderies robustes
et des tapis à fleurs et à points noués; Salé par ses broderies plus
mièvres, ses natles de jonc brut et teint, ses couvei-tures de laine
aux dessins géométriques; Marrakech par ses ai-mes ciselées et
incrustées d'or, d'argent et d ivoire, ses cuirs écorchés et ses selles
somptueusement décorées; Sali par ses poteries à émail l)leu ; Moga-
dor enfin par ses cuivies et ses bijoux délicatement ciselés, ses petits
meubles en bois de thuya maïqueté et sculpté.
Les arts rui-aux, à décoration exclusivement géométrique, ont un
aspect tout différent, plus prijuitif et sauvage. Ils s'appliquent à des
poteries faites sans tour ni four, noji émaillées, mais peintes en
rouge et noir, à des nattes d'alfa brut ou teint (environs de Sefrou),
ou de palmier çordelé et de laines de couleurs (Maroc septentrional),
à des tapis à points noués à très haute laine (Tadia, Zaïane, Beni
Mtir, Beni Mguild, Guigo) ou à poil ras (Glaoua), à des tissus plus
sobrement ornés, parfois très intéressants, toujours cui ieux, utilisés
comme manteaux par les femmes bédouines.
Par des encouragements divers, par une organisation spéciale et
la création de musées à Fès et à Rabat, les pouvoirs publics s'ef-
forcent d'assurer la conservation des arts indigènes et le i clèvement
de certains d'entre eux. On trouve des spécimens de 1 industrie indi-
gène courante dans les souks des villes. Les travaux rénovés sont
centralisés par l'Office des Industries d'art indigène (Rabat Rési-
dence) et par les Inspecteurs des arts indigènes de Fès et de Rabat.
Musique. — Les chants andalous, gharnàla (de Grenade), sont con-
servés dans les principales villes de l'enq^ire chérifien par des
équipes de musiciens et de chanteurs. L'orcliestre se compose de
l'ancien rebec à deux cordes, du luth à 4 cordes, du violon et du
Inmbourin. Les exécutants chantent à l'unisson, en même temps
28 APERÇU ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE.
qu ils jouent. Quelquefois, un chanteur de choix se joint au groupe
et, par ses chants tendres et passionnés, ses évocations lihres ou
rythmées, ajoute à la qualité de rensemi)le. Les orchestres de ce
genre sont de toutes les fêtes privées que se donnent les citadins. Y
participent également, mais en groupes distincts, les cliikhdtes ou
chanteuses s'accompagrmnt du tambourin, et quelquefois, mais plus
rarement, des danseuses.
Chez les ruraux, on connaît une musique toute différente, d'origine
plus primitive et plus ancienne. Tambours, tambourins, clarinettes
Ighaïla) et flûtes y jouent un rôle variable selon les régions. Il existe
des chants berbères, dits (iliidous, plus ou moins improvisés, oij sont
passés en revue les événements principaux de la tribu et des tribus
voisines. Ce sont des sortes de dialogues chantés. La danse est plus
en honneur que dans les villes : certains groupements ont acquis
dans cet art une renommée spéciale : on vante fort les danseuses du
Moyen Atlas; les éphèbes des Djebala et de Marrakech jouissent
d'une réputation marquée dans les milieux indigènes. Les touristes
auront l occasion de juger de la musique rurale en assistant aux
moussenis saisonniers et aux fêtes de certaines coi^fréries religieuses.
Le sultan possède enfin un orchestre plus moderne et fort original
dont les instrimients sont de provenance européenne, et les exécu-
tants des indigènes.
Lettres et Sciences. — Le Coran, livre sacré, reste au Maroc,
comme partout dans le nord de l'Afrique, le livre par excellence, le
premier monument littéi aire de la prose arabe. C'est lui que les jeunes
musulmans éliidieni tout d'abord, par cœur et sans commentaires,
dans les écoles coiani(jues (msid) sous la direction de fqihs, sortes
d institiileui s primaires. Il est le point de départ de toutes les sciences
(|ui sont enseignées dans les grandes mosquées par les professeurs,
uléma, aux étudiants ou lolba. Dans les grandes villes, ces étudiants
sont logés dans des mèdersas ou collèges.
L'enseignement supérieur* des mosquées comporte les matières sui-
vantes : grammaire, liadils ou conversations du Prophète dont l'ensem-
ble constitue la sonna, théologie, droit, j urisprudence. Histoii'e, géo-
graphie, matliémati(iues, médecine, astronomie, astrologie, reléguées
au second plan, ne s'apprennent que dans les livres. L'enseignement
des langues étrangères et des sciences modei-nes n'existe pas. Les
études littéraires sont donc principalement religieuses et juridiques.
Le 3Iai-oc a connu des auteurs dignes d'intérêt. Quoique généra-
lement dépourvus de sens critique, quelques-uns de ses historiens
ont laissé des œuvres remarquables. La poésie, très emphatique,
mais curieusement imagée, est encore cultivée de nos jours; elle
pi'oduit surtout des qaçidas, ou morceaux de vers consacrés à la
louange de personnages marquants.
Depuis l'organisation du Protectorat, l'administration française a
créé pour les indigènes musulmans des écoles primaires franco-arabes
un peu partout, et, dans les plus imporlantes villes indigènes, des
collè(/es musulmans où s'enseignent, avec le français, des matières
d'utilité plus moderne.
APERÇU ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE. 29
BIBLIOGRAPHIE
On a déjà beaucoup écrit sur le Maroc. Il ne saurait donc être
question de donner ici une bibliograpliie môme sommaire des
ouvrages que les touristes curieux auraient intérêt à consulter. On
signalera simplement ceux dont la lecture préalable ou conséquente
est capable d'éclairer le voyageur, de lui fournir des compléments
d'informations que le meilleur des guides est impuissant à donnei*.
Africain (Jean-Léon 1) ; Descrip-
tion de i Afrique au xvi« s. (Paris,
1896, 3 vol.).
Aubin (E.) : Le Maroc d'aujour-
dliai (Paris, 1904, A. Colin, 1 vol.
5 fr.).
Bekri (El) : Description de l Afri-
que septentrionale, traduction de
Slane (Alger, Jourdan, 1911).
Bel a. : Coup d'œil sur l'Islam
en Berbérie (Paris, Leroux, 1917);
— Les Industries de la céramique
à Fès (Paris-Alger, 1918, Carbo-
nel-Leroux, 1 vol. 20 fr.).
Bernard ( Aug.): Le Maroc, excel-
lente monographie marocaine
(Paris, 1918, Alcan, 1 vol. 5 fr. 5o).
Les Confins marocains (Paris,
Larose, 1911).
Besnard d'Aynard : VOEuvre
française au Maroc (Paris, Ha-
chette, 1912).
BoissiÈRE : Annuaire économique
et financier (Casablanca, Mercié
et C'% 1917).
BouROTE (M.) : Pour coloniser au
A/aroc (Paris, Hachette, 1 vol. 2 fr.).
Botte (L.). : Au cœur du Maroc
(Paris, Hachette, 1918, 4 fr.).
Bureau topographique du Ma-
roc : Carnets des itinéraires princi-
paux du Maroc (Casablanca, 1917,
4 vol. à 3 fr. chacun).
Cagnat (R.) : L'armée romaine
d'Afrique (Paris, 1918, Leroux,
2 vol.).
Castonnet : Les Portugais au
Maroc.
Castries (de) : Sources inédites
de i/iistoire du Maroc (ai:ch. des
bibl. de France et des Pays-Bas)
4 vol. à 25 fr. l'un.
Chevrillon : Crépuscule d'Islam
(Paris, 1913, Hachette, 1 vol. 3 fr.5o).
DouTTÉ (E.). Très importants ou-
vrages de sociologie musulmane.
En tribu ; — Marrakech ; — Magie
et Religion dans l'Afrique du Nord
(Alger, 1908, .lourdan, 11 fr.).
Drouin (A.) : Du Sang sur la
Mosquée, poésies (Paris, 1914, Char-
pentier, 1 vol. 3 fr. 5o).
FoucAULD (Ch. de) : Reconnais-
sance au Maroc (Paris, 1888, 1 vol.
in 4^ 60 fr.).
GsELL (St.) : Histoire de l'Afrique
du Nord dans l'Antiquité (Paris,
Hachette, 1914, 3 vol. parus).
Gaudefroy Demombynes et Mer-
cier : Manuel d'Arabe marocain
(Paris, Guilmoto, 1 vol. 6 fr. 5o).
Gentil (L.) : Le Maroc physique
(Paris, 1912, Alcan, 1 vol. 3 Ir. 5o).
Gaillard (H.) : Une ville de /'i.s--
lam : Fès. Esquisse historique et
sociale (Paris, 1905, André, 1 vol.
3 fr. 5o).
GuiFFREY (J.) : Le voyage de Eug.
Delacroix au Maroc, 106 p. d'aqua-
relles, dessins, croquis- -et notes
du maître (Paris, 1909, 1 vol.
100 fr.).
Huart : Histoire des Ai-abes,
2 vol. (Paris, Geuthner, 1918).
Larguer (E.) : Les codes maro-
cains (Paris, Rivière, 10 fr.).
Leclerc (R.) : Le Maroc septen-
trional, souvenirs et impressions
(Paris, 1905).
Loti (P.) : Au Maroc (Paris, Cal-
mann-Lévy, 1 vol. 3 fr. 5o).
Marçais (W.) : Textes arabes de
Tanger, avec traduction française
(12 fl-.).
Massignon : Le Maroc dans les
premières années du XVl^ siècle. Ta-
bleau géographique d'après Léon
l'Africain f Paris, 1906, 1 V0I.7 fr.5o).
30
APERÇU ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE.
Mercikr : Histoire de V Afrique
septentrionale depuis les temps les
plus reculés jusqu'à i83o, avec
cartes, 25 fr.
Michelin : Guide Michelin, Maroc
(Paris, 1918, 2 fr.).
MouLiÉRAS : Le Maroc inconnu,
exploration du Rif et du Djebala
(Oran, 2 vol. 82 fr.).
PiouET (V.) : Les civilisations de
i Afrique du Nord (Paris, 1909,
Colin, 1 vol. 5 fi-.) ; — Le Maroc
(Paris, 1917, Colin, 1 vol. 6 fr.).
QuEDENFELT : Division et réparti-
tion de la ponalalion berbère au
Maroc, trad. (le l'allemand par le
colonel Simon (2 fr. 5o).
Ricard (P.) : Les Arts et indus-
tries indigènes du Nord de l'Afrique,
L Arts ruraux (Fès, 1918): — Bro-
deries marocaines (Alger, 1919,
.lourdan, 1 vol. in-4^); — dynas-
ties marocaines, en tableaux (Casa-
blanca, 1919).
Segonzac (M'" de) : Voyage au
Maroc en 1899-1901-1903. (Paris,
Colin; 1 vol. et l'Atlas, 20 fr.).
Slouschz : Etude sur Vliisloire
des Juifs au Maroc (Paris, 1905,
1 vol. 7 fr. 50).
TissoT (Ch.) : Géographie com-
parée de la province romaine (Paris,
Inip. nationale, 1884-1888, 2 vol.).
Weisgerbek (D""; : Trois mois de
campagne au Maroc {Vnrïs, Leroux,
1904, 1 vol.)
Zeys (M.) : Une française au
Maroc (Paris, Hachette, 1912, 1 vol.
4 tv.).
11 se publie en outre une série
de périodiques à portée historique,
géographique, sociologique, admi-
nistrative, économique, artistique
et littéraire dont les plus impor-
tants sont :
Les Archives marocaines, impor-
tante publication de la Mission
scientifique au Maroc, qui com-
prend 23 vol. valant 12 fr. l'un.
Les Archives berbères, publica-
tion périodique de l'Ecole supé-
rieure de Langue arabe et de
Dialectes berbères de Rabat.
UAfrique française, organe du
Comité du Maroc, mensuel, Paris,
20 fr. par an.
Le Bulletin officiel du Protectorat^
édition française et arabe hebdo-
madaire, Rabat, 18 fr. par an.
Le Bulletin économique du Pro-
tectorat, bi-mensuel, Rabat, 6 fr.
par an.
France-Maroc, revue mensuelle
illustrée, Paris, r. Chauveau-
Lagarde, 4; 22 fr. par an ; 2 fr. le
numéro.
La Bévue Marocaine, revue éco-
nomique hel)domadaire, Paris, r.
Auguste-Naquet, 6; 21 fr. par an.
Le Maroc littéraire.
Nous signalons enfin, dans le
cours du Guide, à la suite des
notices historiques relatives aux
villes marocaines, les ouvrages
qui traitent plus spécialement des
cités ou des régions décrites.
N.-B. — Les prix indiqués ci-dessus sont donnés sans tenir
compte de la majoration temporaire adoptée par le Syndicat
des Éditeurs.
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX
I. — DU VOYAGE AU MAROC
Un voyage au Maroc nécessitait, il y a peu d'années encore,
de longs préparatifs, un entourage de domestiques, de guides,
des montures, tout un matériel de campement, il demandait
beaucoup de temps et occasionnait par là même de fortes
dépenses. C'était alors un luxe que seules pouvaient s'offrir les
personnes très riches ou chargées de missions officielles. Malgré
les soins les plus attentifs, le confort, en voyage ou en station,
faisait défaut et les voyageurs les plus expérimentés s'expo-
saient en outre à des aventures parfois fort désagréables. Cette
situation a changé. Aujourd'hui, on peut circuler non seule-
ment dans les villes de la côte atlantique et méditerranéenne,
mais encore très loin à l'intérieur de la vaste zone française
du Maroc, dans une absolue sécurité.
On peut même traverser le pays d'E. en 0. et pénétrer assez
avant dans le S. avec les moyens de transport les plus
modernes : chemins de fer ou automobiles.
Par son aspect africain nettement caractérisé, par ses paysages
parfois rudes et sauvages, par la variété de ses climats, le
Maroc est, au point de vue simplement touristique, une source
d'impressions neuves très différentes de celles qu'on rapporte
dû reste de l'Afrique du Nord. La vie indigène y est toute spé-
ciale. Le grand nomadisme du sud, la transhumance moins
étendue du N. de l'Atlas, la vie sédentaire rurale et surtout
citadine, les mœurs curieuses et très vieilles de peuples qui ont
vécu jusqu'à ce jour à l'écart de la civilisation européenne sont
autant de sujets d'observations dont quelques-uns peuvent être
abordés déjà dans toute leur ampleur. Le champ est dès lors
largement ouvert à tous ceux que ces questions intéressent.
L'art lui-même est magnifiquement représenté. Moins qu'en
Algérie-Tunisie, on rencontre des témoins de l'activité antique,
bien que d'importants vestiges soient déjà mis au jour. Par
contre, l'art musulman de toutes les époques a fleuri. Ses
monuments font partie de la fameuse école maghrébine dont
les manifestations subsistent en Espagne; n'ayant jamais été
l'objet de restauration sérieuse, n'ayant jamais été touchés par
des mains étrangères ou profanes, ils ont conservé un attrait
tout spécial. Archéologues, architectes, amateurs d'art et
d'orientalisme y sentiront mieux qu'en Espagne et Algérie-Tunisie
32
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX.
la pensée artistique des Maures. Les arts primitifs des ruraux,
beaucoup plus anciens encore que ceux-là, sont une autre
branche du plus haut intérêt. A l'heure actuelle, une admi-
nistration nouvelle, prévoyante et sage, consolide les restes du
passé et fait l'inventaire de tout ce qui mérite de passer à la
postérité.
Les colons, agriculteurs, industriels, commerçants sont enfin
assurés de trouver au Maroc un terrain nouveau et propice à
l'utilisation de l'activité la plus débordante et des initiatives
les plus hardies : des entreprises variées ont déjà obtenu les
plus encourageants résultats.
Du choix d'un itinéraire. — Un voyage au Maroc peut
faire partie du grand circuit nord-africain qui permet de par-
courir d'Est en Ouest, ou réciproquement, toutes les possessions
françaises de la Berbérie. Ainsi peuvent être visitées les grandes
villes de Tunis, Gonstantine, Alger, Oran, Fès, Rabat, Casa-
blanca, servant elles-mêmes de points de départ à de nouvelles
grandes excursions. Les voyageurs craignant la mer et ne
regardant pas à la dépense pourront réduire le temps des tra-
versées à un minimum de quelques heures seulement, en pas-
sant, d'un côté, par l'Italie et la Sicile, de l'autre en franchis-
sant le détroit de Gibraltar. Ge grand circuit, pour être effectué
d'une façon à peu près complète et sans fatigues excessives,
demande toute une saison, c'est-à-dire de deux à trois mois. Il
ne saurait être recommandé aux touristes disposant d'un laps
de temps trop limité; d'ailleurs, le Maroc suffit à lui seul à
un très beau voyage de plus courte durée et, eu égard à l'état
actuel des routes et des pistes, on peut déjà conseiller aux pro-
priétaires d'automobiles de voyager sur leurs voitures.
La tournée du Maroc occidental, la plus intéressante, comporte :
Casablanca et les excursions qui s'y rattachent : au S., Marrçi-
kech; au S.-O., la côte atlantique avec Azemmour, Mazagan,
Safi, Mogador et le Sous; au N. et N.-E., Rabat-Salé d'où l'on se
rendra, par les Beni Hasscne ou par les Zemmour, à Meknès,
Volubilis, Moulay Idrisdu Zerhoun et Fès. Par beau temps, cette
tournée peut s'effectuer en quinze jours.
La tournée du Maroc oriental comporte la visite d'Oudjda et
des confins algéro-marocains, puis Taourirt et Taza. Elle ne
demande que six à sept jours et peut compléter avantageu-
sement la tournée occidentale de l'Algérie, surtout si l'on
ajoute à l'itinéraire les oasis sahariennes du Figuig, de Golomb
Béchar qui demandent huit nouveaux jours. On peut aussi
combiner la tournée du Maroc occidental avec celle du Maroc
oriental, qui permet au touriste de traverser tout le pays sans
que la durée du voyage en soit sensiblement augmentée.
La tournée du Nord est, après Tanger qu'on peut voir au cours
d'une escale en effectuant la tournée du Maroc occidental,
celle de la zone espagnole. Avec Geuta, Tétouan, Meliila,
Larache, et leur arrière-pays, elle montre le Maroc sous un
DU VOYAGE AU MAROC,
33
nouvel aspect. La pacification n'est pas telle qu'on puisse
songer à faire des excursions en toute sécurité dans les mas-
sifs très montagneux et très peuplés des Djebala et du Pxif. De
ce coté, il faut se borner à voir quelques points du rivage et
par le moyen de bateaux assez espacés et peu confortables.
La tournée du Sud saharien peut actuellement comprendre les
régions du Figuig, du Haut Guir. du Ziz et du Tafilalet. Les
voyages dans le Dra ne pourront être entrepris que plus tard.
Aux itinéraires que nous recommandons ici, les touristes
adjoindront les compléments que leur inspireront leurs préfé-
rences. Pour fixer celles-ci, rien ne vaudra la lecture attentive
du Guide complétée, le cas échéant, par celle de quelques
ouvrages bien choisis sur la région. Aux amateurs d'orienta-
lisme et de vie indigène intense, nous recommandons les grandes
capitales : Rabat-Salé, Fès, Meknès, Marrakech.
Ceux qui préfèrent le spectacle de la vie plus moderne le
trouveront dans les villes de la cùte, dans les ports ouverts au
commerce, tels Casablanca, Rabat, Tanger, qui, bien qu'envahis
déjà par l'élément européen, ont chacun leur caractère et leur
fonction propres dans l'organisme marocain.
Les sites forestiers réservent aux voyageurs des impressions
variées, mais beaucoup sont encore en zone militaire. Si l'on
peut parcourir aisément la foret d'arganiers des environs de
Mogador, les forets de chêne-liège des Zaër et de Mamora, il
est plus difficile d'atteindre les magnifiques boisements de
cèdres du Moyen et du Grand Atlas; la voie s'ouvre pourtant à
de belles excursions, au S. de Meknès et de Fès, dans de superbes
forêts de cèdres et de chênes situées dans des sites alpestres
grandioses et sauvages.
L'archéologie antique n'est guère représentée qu'à Tanger
et surtout Volubilis où les fouilles sont activement poussées;
quelques vestiges de la civilisation romaine sont signalés sur
d'autres points encore, mais n'ont pas fait l'objet de recherches
suffisantes. Pour l'archéologie musulmane du moyen âge, Rabat,
Fès et Marrakech feront connaître l'essentiel. Le premier
fonds des musées de Fès et de Rabat commence à donner des
précisions sur les arts industriels anciens et contemporains.
La Société de Géographie du Maroc (siégea Casablanca) a commencé
à organiser et à faciliter des excursions à l'intérieur du pays. L" Automo-
bile-Club du Maroc (Casablanca) est aussi à même de fournir d'utiles
indications pour la préparation d'excursions individuelles et collectives.
L'Office de Tourisme (Résidence générale. Rabat) et l'Office chéri fien
du Protectorat (rue des Pyramides, 21. Paris) fournissent tous rensei-
gnements se rapportant au tourisme marocain. Il est à noter enfin que
les Offices et Bureaux économiques des grandes villes marocaines, ainsi
que les Services municipaux des centres moins importants sont chargés
d'étudier, dans leurs régions propres, les questions touristiques.
De l'époque du voyage et de l'hygiène à suivre. — Zones
cotières méditerranéenne et -atlantique mises à part, l'été est
très chaud dans l'intérieur du pays actuellement soumis,
MAROC.
34
RENSEIGh^EMENTS GÉNÉRAUX.
surtout lorsque souffle le chergui, vent chaud d'E. analogue au
siroco. Il est probable que dans les massifs montagneux du
Rif et de l'Atlas se trouvent d'intéressants points d'estivage,
mais on ne peut songer à en jouir maintenant. D'une manière
générale, il sera donc préférable de s'abstenir de voyager au
Maroc de juillet à septembre. D'autre part, la saison d'hiver
se fait surtout sentir pendant les mois de février et de mars,
très pluvieux. En conséquence, c'est l'automne et le printemps
qui s'indiquent comme devant être les saisons préférées pour
les voyages. Des contretemps sont possibles à ces deux époques
de l'année, mais rarement très fâcheux. La température étant
très variable on se munira, quelle que soit la saison, de vête-
ments chauds et de couvertures pour la nuit. L'usage de la
ceinture de ilanelle est très recommandé. Le large chapeau de
liège à bords plats est également à préconiser, il est préférable
au casque colonial qui protège imparfaitement le visage. On
se munira aussi d'un chèche ou écharpe légère de cotonnade
qu'on pourra se procurer sur place, et d'un parasol préservant
de la pluie comme du soleil. Les lunettes à verres fumés ou
mieux jaunis évitent aux yeux la fatigue causée par une
lumière trop intense, la réverbération et le vent chargé de
poussière. Une moustiquaire est utile.
L'hygiène de l'alimjButation n'appelle pas d'observation par-
ticulière. L'eau de boisson occasionne parfois des coliques qui
disparaissent le plus souvent après absorption d'une cuillerée
d'élixir parégorique dans un peu d'eau. En cas de persistance,
de dérangements intestinaux, les boissons chaudes, même aux
repas, sont conseillées.
Pour des tournées en pays écarté des villes, il sera bon
d'avoir une trousse garnie de dragées de quinine à prendre à
titre préventif et curatif contre la lièvre, de la teinture d'iode ou
de l'alcali pour les pi({ùres des insectes; on y pourra joindre
des insecticides qui permettront d'accepter avec moins d'appré-
hension l'hospitalité indigène, le cas échéant. Pour des séjours
très prolongés, les médecins préconisent la vaccination contre
la fièvre typhoïde.
Budget de voyage et pourboires. — Les dépenses occa-
sionnées par un voyage au Maroc ne sauraient être fixées que
très approximativement. Abstraction faite du prix de transport
jusqu'au port d'arrivée, on peut estimer la dépense journalière
d'un touriste moyen de 40 à 60 fr. tout compris. Cette dépense
s'élèvera dans des proportions assez importantes si l'on fait
seul de grandes courses en automobiles particulières.
Le pourboire, qui est connu au Maroc depuis longtemps,
porte le nom de fahor. Il est souvent demandé par les indi-
gènes en sus des prix convenus. Cette pratique, toutefois, tend
à disparaître et il n'y a pas lieu d'en faire revivre l'usage. Les
Marocains se considèrent comme* largement rémunérés quand
les gratifications qu'on leur octroie sont égales à celles de France.
DU VOYAGE AU MAROC.
35
Les mendiants, assez nombreux, se contentent d'aumônes légères
de quelques centimes dont on fera bien de se munir. A l'inté-
rieur et aux abords du « horm » de Moulay Idris, à Fès, des
mendiants offrent quelquefois aux voyageurs, avec la bénédic-
tion du saint, quelques dattes, une gorgée de lait ou d'eau dans
un bol; on les écartera facilement en leur glissant dans la
main une pièce de 10 ou de 25 c. Aux gardiens des édifices
religieux, il est préférable de n'offrir que des pièces blanches,
si minimes soient-elles.
Agences de voyage. — VOffice de tourisme des Guides Bleus
bd Saint-Germain, 79, Paris, donne gratuitement aux touristes
tous les renseignements de voyage et délivre tous les billets de
chemin de fer et des G*^' de Navigation. Plusieurs agences orga-
nisent en outre des voyages et des excursions en groupes, accom-
pagnés par des guides. Les principales agences de Paris sont :
Agence Lubin, bd Hau ssm ann , 36 ; Agence ]\ationale de Voyages, bd des
Gapucines, 12 ; Voyages modernes, av. de l'Opéra, 4; Voyages univer-
selSy bd Poissonnière, 25 et r. Auber, 10; Voyages Ducliemin, r. de
Grammont, 20; Voyages pratiques, r. do Rome, 5; Grands voyages
(Lebourgeois et G*^), bd des Italiens, 38; Cook, pl. de l'Opéra,' 1.
Ges agences établissent des billets circulaires à itinéraires
fixes ou facultatifs, individuels, collectifs ou de famille, aux
mêmes conditions que les G'*' de chemins de fer {V, ci-dessous,
Moyens de transport, p. 41); moyennant des prix à forfait cal-
culés sur demande, elles assurent enfin le transport des groupes
en V ou 2" classe, la nourriture, le logement, les omnibus,
automobiles, voitures, le service des guides, les entrées, les
pourboires, etc.
Passeport et douane. — Le passeport est obligatoire au
Maroc.
A leur entrée dans les huit ports de l'Atlantique ouverts au
commerce, Knitra, Rabat-Salé, Fédala, Gasablanca, Mazagan,
Safl, Mogador, la douane marocaine frappe la presque totalité
des articles d'un droit d'importation de 12,50 0/0 ad valorem.
Par la frontière algéro-marocaine, les droits, variables avec
les produits, correspondent en général à 5 0/0 de leur valeur.
Melilla est port franc à l'importation.
11 existe en outre des droits d'exportation perçus dans les
ports marocains et à la frontière algéro-marocaine ; ils sont de
5 0/0 ad valorem pour la plupart des produits et en particu-
lier pour les tapis et les objets en cuivre embouti et ciselé.
A leur entrée en Algérie, les produits marocains ne paient
que des droits statistiques insignifiants; à leur arrivée en
France, ils sont atteints par le tarif minimum.
Au retour, en France, les voyageurs sont tenus de présenter
leurs bagages à la douane française. Ils doivent, sous peine
de confiscation, faire la déclaration de tous les objets — autres
que vêtements et linge de corps usagés — qui y sont con-
tenus, notamment des tabacs, cigares et cigarettes, denrées
36
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX.
de consominaLion, linge neuf, essences de parfumerie. Par
mesure de tolérance/ les menues quantités de produits consti-
tuant des restants de provisions de route que les voyageurs
portent dans leurs bagages à main sont admises en franchise à
condition d'avoir été exactement déclarées. En ce qui concerne
les tabacs, cigares et cigarettes, la tolérance ne peut s'étendre
qu'à 10 cigares, ou 20 cigarettes, ou 40 gr. de tabac sans cumul;
les femmes et les enfants ne peuvent bénéficier de cette tolé-
rance.
Crédit : banques, mandats-poste et monnaie. — De
nombreuses banques permettent l'usage des lettres de crédit.
Voici la liste de celles qui sont les mieux représentées au
Maroc : Banque d'Etat du Maroc, créée par l'acte d'Algésiras
(Casablanca, El Ksar El Kebir, Larache, Marrakech, Mazagan,
Mogador, Oudjda, Rabat, Safi, Tanger, Tétouan); Banque algéro-
tunisienne (Casablanca, Fès, Meknès, Oudjda, Safi, Tanger);
Banque commerciale du Maroc (Casablanca, Tanger); Banque lyon-
naise (Casablanca, Rabat) ; Compagnie algérienne (Casablanca,
Oudjda, Rabat, Safi, Tanger); Crédit agricole, commercial et
industriel algérien (Oudjda); Crédit foncier d'Algérie et de Tunisie
(Casablanca, Fès, Marrakech, Mazagan, Mogador, Oudjda,
Rabat, Safi, Tanger); Crédit marocain (Casablanca, Marrakech,
Rabat, Tanger) ; Société générale (Casablanca, Tanger). A cette
liste, il convient d'ajouter la banque anglaise Bank of british
West Africa et la Banque d'Espagne, représentées à Tanger et
dans quelques autres villes du Maroc.
Le service des envois d'argent à l'intérieur par la poste est
fait moyennant un droit de 10 c. jusqu'à 5 fr. ; de 15 c. pour
10 fr. ; 20 c. pour 15 fr. ; 25 c. pour 20 fr. ; de 35 c. pour 20 à
50 fr.; de 60 c. pour 50 à 100 fr. ; de 85 c. pour 100 à 300 fr. ;
de 1 fr. 10 pour 300 à 500 fr. ; de 1 fr. 45 pour 500 à 1,000 fr.
Le montant des mandats est illimité. Il peut être échangé,
entre les bureaux du Maroc, des mandats payables en argent
français et en pesetas hassani. Tous les bureaux télégraphiques
du Maroc sont à présent ouverts aux mandats télégraphiques.
Monnaies. — En principe, toutes les monnaies de billon sont
admises au iVlaroc.
Au Maroc oriental, la monnaie française est presque uni-
quement en cours. Au Maroc occidental, les monnaies françaises
et marocaines sont les plus courantes. En zone espagnole, ce
sont les monnaies espagnoles et marocaines. A Tanger, en plus
des précédentes, on échange la monnaie anglaise. A Tanger
et dans toute la zone française, circulent les billets de la Ranque
de France et ceux de la Ranque de l'Algérie en coupures de 5,
10, 20, 50, 100, 500 et 1,000 fr. Ces derniers circulent au pair au
Maroc. Avant le retour en France, la Ranque d'Etat les négocie
sans frais, sur simple présentation du billet de passage.
Le Maroc a une monnaie spéciale, dite hassani (du nom de
Moulay El Hassane). L'unité fictive en est la peseta. Il n'y a pâîâ
DU VOYAGE AU MAROC.
37
de monnaies d'or en circulation. Les pièces d'argent sont le
rial ou douro de 5 pesetas hassani, le noss rial ou noss douro de
2 p. h. 50, le roubo de 1 p. h. 25, le hassani de 0 p. h. 50, le
beliouii ou giierch de 0 p. h. 25. Les Marocains comptent prin-
cipalement par riais ou douros et par beliouns. Ils disent par
exemple : 5 riais et 14 beliouns pour désigner une somme de
28 pesetas hassani 50 (le rial vaut 20 beliouns).
Il existe des pièces de bronze de 0 p. h. 10 et de 0 p. h. 05 cor-
respondant à nos pièces de 10 et de 5 c, puis d'autres de 1 c.
environ dites fels flous), dont le multiple, ouqia (pl. aouâq)
ou dirhem (pl. drâhem), valant 3 flous, est compris 7 fois dans
un guerch ou 25 c. h. Cette monnaie est lourde et encombrante :
il n'est pas utile d'en échanger, si ce n'est pour faire de
menues aumônes. — La Banque d'Etat du Maroc émet enfin
des billets de 20 riais ôu 100 p. h. et de 4 riais ou 20 p. h. qui
ne sont guère échangés que dans les villes marocaines.
Depuis 1917, la monnaie hassani est au pair : le rial ou
douro de 5 p. h. vaut 5 fr. ; le noss rial, 2 fr. 50; le roubo,
i fr. 25; le hassani, 0 fr. 50 ; le belioun ou guerch, 0 fr. 25. Les
indigènes citadins sont habitués aujourd'hui aux paiements en
monnaie française. A l'intérieur, on aura cependant avantage à
se procurer quelque peu de monnaie hassani pour les pourboires.
Visite des villes et des monuments. Villes. — L'expé-
rience acquise en Algérie-Tunisie a fait adopter par le général
Lyautey, premier Résident général de France au Maroc, un
principe excellent en vue de la conservation des anciennes
villes marocaines de la zone française. Les villes nouvelles se
construisent, autant que faire se peut, à quelque distance des
anciennes. Cette méthode s'est appliquée aussi à la conserva-
tion des édifices anciens de tous ordres dont les plus remar-
quables ont été classés comme monuments historiques et sont
l'objet de soins tout particuliers. Partout, le service des Beaux-
Arts du Protectorat restaure, ou plutôt consolide, avec la volonté
ferme de perpétuer les souvenirs du passé.
Dans la visite des cités marocaines, on aura donc à voir,
d'une façon générale : la medina ou cité musulmane avec son
mellah ou quartier juif (ghetto) et les monuments enfermés dans
une ou plusieurs enceintes de hauts murs crénelés, puis les villes
nouvelles européennes, tracées sur des plans modernes large-
ment conçus.
« Il y a au Maroc trois villes dites hadria, c'est-à-dire à popu-
lation civilisée, urbaine; ce sont Fès, Habat et Tétouan, les
seules qu'un savant, un lettré (àlem) qui se respecte puisse
consentir à habiter. Il y a quatre villes dites mokhaznia, c'est-
à-dire impériales, où le sultan réside habituellement; ce sont :
Fès, Rabat, Meknès et Marrakech. » (Aug. Bernard.) Celles-ci
renferment un dar el makhzen ou palais du sultan et des agdal ou
jardins parfois très étendus. La visite des palais impériaux est
malheureusement peu possible : il faut une autorisation spéciale.
38
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRA UX.
Monuments. — L'accès des mosquées, djama, et de la plupart
des marabouts, siid, est interdit. On ne peut donc se faire une
idée de ces édifices que par ce qu'on en voit de l'extérieur. 11
existe cependant un peu partout des médersas, sortes de col-
lèges-mosquées abritant les étudiants, tolba (sing. taleb), étran-
gers aux villes qu'ils habitent et dans lesquelles on peut
pénétrer avec l'assentiment des autorités locales. Les médersas,
en majeure partie construites par les Mérinides dans la pre-
mière moitié du xiv* s., sont d'une architecture et d'une
décoration remarquables. Il est interdit d'en photographier les
détails.
La visite des maisons et palais privés ne peut se faire que
par la voie de relations ou de connaissances locales. Les ser-
vices municipaux des villes pourront toutefois fournir aux
touristes des indications et des facilités précieuses. Pour éviter
des pertes de temps, on fera bien de se faire conduire par de
jeunes guides indigènes moyennant de très légères rétributions.
Fêtes indigènes. — Les fêtes indigènes sont d'un intérê
très vif. Le calendrier musulman ne correspondant pas avec
le calendrier chrétien (l'année de l'hégire ne compte qu
355 j.) il n'est pas possible de donner ici les dates précises d
ces fêtes. Les principales sont : VAïd Es Seghir (la petite fête
qui clôture le jeûne du mois de ramadhan; VAïd El Kebir (la
grande fête) ou fête du mouton, qui correspond aux grande
DU VOYAGE AU MAROC.
39
cérémonies du pèlerinage de la Mekke; VAchoura; le Mouloud,
anniversaire de la naissance du prophète Mohammed. Chacune
de ces fêtes donne lieu à une hedia, manifestation au cours
de laquelle les envoyés des villes et des tribus du pays makh-
zen offrent au souverain les présents traditionnels; la céré-
monie dure trois jours; des salves d'artillerie marquent la fin
de la solennité et pendant que les cavaliers se livrent à la
fantasia, le sultan rentre dans son palais. A l'occasion de l'Aïd
El Kebir, celui-ci va prier au milieu de son peuple, à la msalla,
p,'énéralement située en plein champ. Après la prière et le prône,
il égorge lui-même deux moutons qui sont immédiatement,
portés devant le cadi, ou ils arrivent avant d'avoir expiré, car
la tradition veut qu'à celte condition seulement l'année qui va
s'écouler sera bonne pour tous. Le sultan, entouré d'une escorte
de la garde noire, reçoit ensuite la prestation d'hommage des
villes et des tribus, dont les délégués s'inclinent par trois fois
sur le col de leurs chevaux en prononçant la formule : « Que
Dieu bénisse le règne de notre souverain! ». ^
Il existe en outre, sur de nombreux 'points du Maroc, dans
les villes et les campagnes, des réjouissances publiques à carac-
tère religieux, dites moussem, qui perpétuent le souvenir de
saints plus ou moins renommés.
Les déplacements du sultan, lorsqu'il se rend à la prière du
vendredi ou se transporte d'une capitale à l'autre, se font en
grande pompe et avec un concours de population considérable.
Pour toutes ces manifestations , on s'informera sur place.
En avril de chaque année a lieu, à Fès, la fête du Sultan des
Tolha; à cette occasion, les étudiants et les gens aisés de la
ville vont camper, pendant deux semaines, sous des tentes, à
l'ouest de la capitale et certains jours sont marqués par de
très curieux spectacles.
Les fêtes juives ne sont pas moins dignes de remarque. La
plus importante peut-être est celle de rVom Kippour, appelée
aussi « fête des roseaux, fête des cabanes » parce qu'à cette
occasion les israélites construisent des cabanes en roseaux sur
le haut de leurs terrasses.
Chasse. — On peut faire de très belles chasses au Maroc. La
perdrix rouge y abonde. Le lièvre, l'outarde, la cannepetière
et le sanglier sont fréquents. Le gibier d'eau (bécasse, bécas-
sine, courlis, sarcelle, canard sauvage) est très répandu. Indé-
pendamment des chasses au lièvre et à la perdrix, on peut
poursuivre, dans la région du Figuig, le mouflon et la gazelle
de montagne.
La panthère est connue dans les massifs montagneux. Il y
aurait du lion dans certaines régions de l'Atlas. La poursuite
de ces grands animaux ne peut toutefois être entreprise avant
la soumission complète du pays.
Les règlements administratifs en matière de chasse sont à
peu près semblables à ceux de France. La chasse est normale-
40
RE\SEIG\EMEXTS GÉNÉRA UX,
ment ouverte d'août à février et de mars à avril pour les oiseaux
de passage. On ne peut chasser qu'avec un permis.
Grand tourisme et excursions en pays indigène. —
L'heure des grandes randonnées dans les pays montagneux
et le Sahara n'est pas encore venue. Lorsque de grands voyages
pourront être organisés dans ces régions, les amateurs de
camping connaîtront de beaux jours; le Maroc réserve à ce
sujet d'heureuses surprises.
II. — HOTELS ET RESTAURANTS
Hôtels. — D'une manière générale, les hôtels de grand luxe
sont encore à édifier au Maroc. Tanger, Casablanca et Rabat
sont les seuls centres actuellement dotés d'établissements
bien tenus, où les voyageurs pourront faire des séjours pro-
longés à des prix minimum de 20 à 30 fr. Les hôtels de second
ordre, existant dans ces villes et sur les autres points du Maroc,
sont presque aussi chers et offrent peu de confort. L'industrie
hôtelière a donc beaucoup de progrès à réaliser pour être en
mesure de retenir, aussi longtemps qu'il conviendrait, les tou-
ristes et les voyageurs. Mais la question est à l'ordre du jour et
il est probable qu'avant peu les importantes villes de l'intérieur
seront ellos-nièmes pourvues d'établissements irréprochables.
En. raison des circonstances actuelles, les lecteurs sont prévenu.^
que les prix cV hôtellerie, mentionnés dans le cours du guide, sont
sujets à variations.
La responsabilité dks hôteliers. — Les avis que les hôteliers affi-
chent dans les chambres et par lesquels ils déclinent toute responsa-
bilité relative aux objets qui ne leur sont pas directement confiés n'ont
pas do valeur légale et ils ne suffisent aucunement à atténuer la res-
ponsabilité que les hôteliers assument vis-à-vis de ceux qu'ils logent.
La responsabilité des hôteliers est définie par les art. 1952 et 1953 du
code civil : « Los hôteliers sont responsables, comme dépositaires des
objets apportés par le voyageur qui loge chez eux; ils sont responsables
du vol ou da dommage des elfets du voyageur, soit que le vol ait été
fait, ou que le dommage ait été causé par les domesti([ues et préposés
de rhôtellerie, ou par des étrangers allant et venant dans l'hôtel-
lerie ». Les lois du 18 avril 1889 et du 8 avril 1911 limitent toutefois
cette responsabilité à 1,000 fr.
Restaurants. — Il existe des restaurants distincts de ceux
des hôtels à Tanger, Casablanca et Rabat. Ces restaurants sont
à la carte ou à prix fixe. Il est utile de se rappeler que certains
hôtels majorent le prix des chambres aux voyageurs qui n'y
prennent pas leurs repas.
La cuisine européenne des hôtels et restaurants de la zone
française du Maroc n'offre rien de particulier. Elle est la môme
qu en France avec cette différence que les viandes sont géné-
ralement moins variées et moins succulentes. Dans les hôtels
HÔTELS. —
MOYEXS DE TRANSPORT.
41
de la zone espagnole, elle rappelle évidemment celle du pays
d'origine des propriétaires de ces établissements.
L'eau est généralement bonne. Le Maroc produira certaine-
ment d'excellents crus, mais jusqu'à présent, c'est la France,
l'Algérie, l'Espagne et l'Italie qui l'approvisionnent en vins
fins et ordinaires.
La cuisine marocaine est excellente. Le menu des grands
repas citadins ne manque pas d'originalité. Pendant que les
invités prennent le thé parfumé à la menthe, les serviteurs
apportent et alignent devant eux de nombreux plats surmontés
de couvercles coniques en sparterie. Puis on se lave les mains
au-dessus d'une bassine en cuivre ciselé, tas, et l'on se groupe
assis sur des matelas, autour d'une table ronde et basse, teifor,
sur laquelle passent successivement : la bestilla, gâteau de
pâte feuilletée de hachis de pigeon fourré et saupoudré de
sucre et de cannelle: un plat de mouton rùti au four, choua:
des plats ou tadjine nombreux et variés de poulets et pigeons
préparés au beurre ou à l'huile, entiers ou en ragoût, relevés
déclives, d'amandes, de citrons, de fèves, de pommes, d'arti-
chauts, de carottes selon les saisons; des gâteaux au miel,
haloua: le couscous, seksoa, à la viande ou au lait; un dessert,
habituellement une mcJuinnecha, gâteau boudiné roulé en ser-
pentin et composé d'un feuilleté rempli de pâte d'amandes.
Des salades au vinaigre de laitues ou de radis coupés en menus
morceaux sont souvent servies en même temps que les plats.
On mange avec les doigts de la main droite. La boisson est
l'eau parfumée d'eau de fleurs d'oranger, de l'orangeade ou du
lait d'amandes. Le repas terminé, on se lave les mains et les
dents avec du savon. On prend ensuite une tasse de café, puis
plusieurs tasses de thé avec de petits gâteaux de pâte d'amandes.
kâb et gliezal, ou de semoule, ghribia. Ce menu est celui des
grandes dilï'as des villes. Dans les tribus, il consiste en bro-
cîiettes de mouton et de crépine, seffoud, en mouton rùti,
méchoui et en couscous, seksou.
III. - MOYENS DE TRANSPORT
Les indicateurs généraux des chemins de fer, des services maritimes,
des voitures publiques et autres renseignements prati(iues sont : Livret
Chaix, paraissant tous les mois. Paris, Chaix, r. Bergère. 20, 50 c. ;
Indicateur des chemins de fer du Maroc et Casablanca en poche, édités
par la Société d'édition et de publicité marocaine, Casablanca, av. du
Général-d'Amade, 23; Indicateur officiel des chemins de fer du Maroc,
gros ouvrage in-4°, renfermant de nombreux renseignements écono-
miques (Rabat. 1918;.
On aura souvept à consulter avec profit (à l'hôtel ou au café;
V Annuaire (général du Maroc par Guigues (Casablanca, Société dédition
et de publicité marocaine, av. du Général-d'Amade, 23, 7 fr. 50), pour
la zone française du Maroc, et VAnuario espanol de Marruecos (Madrid,
42
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRA UX.
calle de Claudis Cuello, 33, 10 p. esp.), en langue espagnole, pour le
Maroc entier.
Enregistrement direct des bagages de et pour Casablanca : —
l'' Khange-Maroc. a) par Marseille. — Les bagages des voyageurs présen-
tant en même temps un titre de transport à destination soit de Marseille,
soit de Tanger, soit de Casablanca et un avis quelconque de la C'^ de
Navigation Paquet, lettre ou dépêche, constatant que le voyageur a
bien sa place retenue sur le paquebot, peuvent être enregistrés directo-
ment pour Casablanca par les gares de : Aix-les-Bains, Annecy. Bel-
fort, Bellcgarde, Besançon-Viotte, Cette, Charabéry. Chamonix. Châtel-
Guyon. Clermont-Ferrand, Dijon-Ville, Evian-les-Bains, Gencve-Cor-
navin, Grenoble. Le Creuset, Lyon-Brolteaux, Lyon-Perrache, Modane,
Nîmes, Paris. Pontarlier, Saint-Etienne, Tbonon-les-Bains, Toulon, Vals-
les-Bains-la-B6gude, Vichy, Vintiniille. — Les voyageurs qui font
enregistrer leurs bagages directement de ces gares à Casablanca sont :
délivrés do tout souci en cours de route et n'ont qu'à se présenter au
-Magasin de Douane de Casablanca pour retirer leurs colis, après
dédouanement.
6) par Bordeaux. — Les bagages de cale sont enregistrés directement
de Paris-Quai-d'Orsay, Orléans, Tours, Limoges et Gannat pour Casa-
blanca-Magasin ; moyennant une taxe spéciale par colis fr. 60 au-
dessous de"60 kilog., 1 fr. 25 de 50 à 100 kilog., 2 fr. au-dessus de 100 kilog. i
à ajouter au prix d'enregistrement, ils sont transportés à leur débar-
quement par les soins de la C* générale transatlantique dans un local
spécial de celle-ci où a lieu le dédouanement.
2» Maroc-France, a) par Marseille. — L'agence de Casablanca de la
C'« de Navigation Paquet enregistre directement, à destination des
gares P.-L.-M. ci-après les bagages deç voyageurs porteurs de billets
de place utiles : Annecy. Belfort, BcUegarde, Cette, Lyon-Perrache.
Modane, Pontarlier, Paris. Vintimille. — Les voyageurs n'ont qu'à se
présenter aux magasins de douane, dans ces gares, pour retirer les
colis après dédouanement. — La C»® P.-L.-M. possède une agence à
Casablanca, bd de l'Horloge, où sont délivrés les billets de chemins de
fer qui peuvent être nécessaires pour l'embarquement direct des bagages.
6) par Bordeaux. — En raison de la nécessité d'un dédouanement à
Bordeaux, les bagages sont enregistrés seulement pour ce dernier port,
le transport entre le port de Casablanca et le paque.bot stationné en
rade étant d'autre part assuré par la générale transatlantique
moyennant les taxes mentionnées pour le sens inverse. — A Bordeaux,
la C'« générale transatlantique assure, après le dédouanement, l'enre-
gistrement des bagages pour Paris-Quai-d'Orsay, Orléans, Tours,
Limoges et Gannat. Elle se charge aussi du transport des colis des
quais à la gare moyennant une taxe spéciale.
Bateaux à vapeur. — On trouvera plus loin les renseigne-
ments sur les prix et les départs des lignes de navigation qui
relient le Maroc à la France, à l'Espagne, à l'Algérie-Tunisie
(V. le chapitre. Voies d'accès, p. 55). — Prix et départs étant
sujets à des remaniements, on fera bien de consulter les plus
récents livrets ou indicateurs des compagnies que celles-ci distri-
buent fort libéralement, en les demandant aux adresses sui-
vantes : G'® de Navigation Paquet, faubourg Montmartre, 54, à
Paris, et place Sadi-Garnot^ 4, à Marseille ; générale transat- \
lantique, r. Auber, 0, à Paris, quai Louis-XVIIl à Bordeaux, et '
quai de la Joliette, 0, à Marseille ; C"' de Navigation mixte
(Touache), r. Edouard-VII, 5, à Paris, et r. Cannchière, 54, à
Marseille ; Société générale des Transports maritimes à vapeur^ r.
MOYENS DE T H AN SPORT,
43
Ménars, 8, à Paris, et r. de la République, 70, à Marseille;
Orano-marocaine (Mazella), à Oran.
Les prix fixés comprennent généralement la nourriture, sauf
pour la 4^ classe. Il est cependant des exceptions qui seront
signalées plus loin.
Au prix des billets s'ajoutent les droits de port à Bordeaux
(5 fr., 3 fr., 2 fr. selon les classes) et les droits d'embarquement
et de débarquement perçus dans les ports marocains : 2 fr. 50
à Casablanca, 0 fr. 50 à Tanger, 2 fr. 50 à Mazagan, 2 fr. à
Safi, 2 fr. à Mogador. Le débarquement et l'embarquement
est en outre de 0 fr. 25 pour les colis à la main, de 0 fr. 50
pour les colis de moins de 50 kilog., de 1 fr. pour les colis de
50 à 100 kilog., de 2 fr. pour les colis de plus de 100 kilog.
Les franchises de bagages sont de 100 kilog. en 1'* classe,
GO kilog. en 2® cl., 45 kilog. en 3® cl., 30 kilog. sur le pont.
Les cycles sont soumis à une taxe de 12 fr. 50 et les chiens à
une taxe de 30 fr.
Chemins de fer. — La première ligne à voie large qui sera
construite au Maroc réunira Tanger à Fès (310 k.; dont 204 en
zone française); deux lots sont adjugés; les études se poursui-
vent sur les lots restants. Le réseau à voie normale qui doit
exister ultérieurement, et dont la construction est d'ailleurs
prochaine, réunira Casablanca à Marrakech et Casablanca à la
frontière algérienne par Rabat, Meknès et Fès. Le réseau ferré
présentement en service est encore celui de la conquête. Dans
la zone française, il compte environ 800 k. à voie étroite de
GO cm.; seul le tronçon qui relie Oudjda à la frontière algé-
rienne est à voie large.
Deux tronçons d'importance inégale allant l'un vers l'autre,
mais non encore réunis, sont construits : le 1^', au Maroc
oriental, va de la frontière algéro-marocaine à 15 k. à l'O. de
Taza; le 2% au Maroc occidental, va de Salé à Fès par Knitra
et Meknès, puis de Rabat à Ber Rechid par Casablanca avec
embranchements sur Ben Guérir (direction de Marrakech) et sur
Oued Zem (direction de Kasba Tadla).
Le trafic, exclusivement réservé au débuta l'autorité militaire,
s'ouvre de plus en plus à l'élément civil dans des conditions
déjà satisfaisantes. Les voyageurs de 3® cl. n'étant admis que
sur d'inconfortables plateformes, la 1'** cl., et à la rigueur la
2° cl., sont seules recommandées. Les trajets s'effectuent pen-
dant le jour; il n'y a pas de trains de nuit. Les billets de ch.
de fer sont délivrés dans les gares sans formalités préalables.
En dehors des trains quotidiens dans toutes les directions,
il existe un service d'automotrices, également journalier et beau-
coup plus rapide, pour les parcours de Oudjda-Taza, Salé-Fès,
Salé-Meknès, Knitra-Salé-Rabat, Casablanca-Ben Guérir, Rabat-
Casablanca-Oued Zem et inversement. Les billets sont délivrés
sans formalité préalable; on fera bien toutefois de se faire
inscrire 24 heures à l'avance, soit verbalement, soit par lettre,
44
RENSEIGNEMEXTS GÉNÉRA U\.
soit par télégramme ou message téléphoné, afin de permettre
au service de prendre toutes dispositions pour la mise en
marche d'une automotrice supplémentaire, le cas échéant. La
demande d'une automotrice spéciale est admise. Le prix des
billets est celui des billets de première classe du chemin de
fer, c'est-à-dire calculé sur le taux de 30 c. le kilomètre.
• Bagages. — La franchise de bagages sur les ch. de fer est de 30 kilog.
Les suppléments de ])oids sont acceptés au titre de bagages accom-
pagnés, moyennant rétribution.
La franchise de bagages est la môme pour les voyageurs munis de
billets d'automotrices, mais les colis sont adressés par les trains ordi-
naires, les automotrices n'effectuant aucun transport de bagages.
Néanmoins, chaque voyageur est autorisé à prendre avec lui un sac à
main ou un colis de volume égal, d'un poids maximum de 10 kilog.
Dans la zone espagnole, la C*® espaûola de Minas de Riff et la
C'^ del Norte-Africano assurent respectivement trois services
quotidiens, par Nador, entre Melilla et San Juan de las Minas
d'une part, entre Melilla et Afra Minas d'autre part. Enfin,
Geuta est réuni à Tétouan par un ch. de fer à voie large et llio-
Martine à Tétouan par un ch. de fer à voie étroite.
Heure. — L'heure marocaine officielle est exactement en
retard de 1 h. sur l'heure de Paris.
Billets directs. — Les types des billets circulaires permet-
tant de visiter l'Algérie-Tunisie en tout ou en partie n'ont pas
encore leurs correspondants pour le Maroc. Toutefois, des billets
directs individuels sont délivrés au départ de Paris et de quel-
ques villes de France pour les ports de Tanger et Casablanca.
\° Pour Casablanca, via Bordeaux (C® d'Orléans) et C'^ Géné-
rale Transatlantique, conformément au tableau ci-après :
DES GARES CI-APRKS
A CASABLANCA
r.II.M'.TS SIMI
l'DurtH' (If va
jours
m; s
lidité
lill.LETS ALLER ET RETOUR
(Duice (le validité
3 mois).
OU VICE VERSA
^2" cl.
Ire ol.
-2« cl.
3c cl.
Paris-Quai d'Orsay ....
Limoges-Bénédictins . . .
IV.
361 90
342 80
325 15
306 10
310 95
tv.
•262
249 15
237 25
224 35
247 90
fl-.
170 45
162 05
154 25
145 90
161 20
IV.
623 80
595 20
568 75
540 15
592 40
îv.
459 25
438 65
419 55
399
436 60
Ir.
298 70
285 25
272 85
259 40
283 95
Les billets d'aller et retour donnent une faculté de prolon-
gation d'un mois, à deux reprises, moyennant supplément.
N. B. — Aux prix ci-dessus il faut ajouter les frais de confection des
billets (0 fr. 50), le coût des timbres de dimension (1 fr.) et de quittance,
la taxe sanitaire au Maroc (1" cl. 1 fr., 2'' et 3'- cl. 0 fr. 75 par billet
simple et double par billet d'aller et retour) et les frais d'embarque-
ment ou de débarquement à Casablanca (2 fr. 50 par pcrs. et pour chaque
MOYENS DE TRANSPORT.
45
opération). En outre, les voyageurs ont à pourvoir à leurs frais au trans-
port de leur personne et des bagages qu'ils conservent avec eux de la
gare de Bordeaux-Saint-Jean au quai d'embarquement et vice versa.
Les billets peuvent être demandés à Paris : à la gare du
quai d'Orsay, à l'Agence de la C**" d'Orléans, bd des Capucines, 12,
à la G"" Transatlantique, r. Auber, 6, — au Maroc, à l'Agence
de Casablanca de la C*" Transatlantique.
La C'^ d'Orléans délivre également à Paris des billets directs
pour Algésiras {via Madrid), émis en sens inverse au départ
d'Algésiras pour Paris par les chemins de fer Espagnols.
(1) BILLKTS SIMPLES
(1) BILLETS
ALLER ET UETOUU
iro cl.
2c cl.
3c cl.
Irc cl.
2c cl.
3e cl.
fr.
fr.
fr.
fr.
fr.
fr.
128 60
86 80
56 60
192 ^;o
130 20
84 90
pcs.
198 40
pcs.
150 75
]>CS.
91 40
pcs.
261 75
pcs.
198 80
pcs.
120 40
De Paris-Quai d'Orsay à Irun
et d'Hendaye à Paris-Quai
d'Orsay
D'Irun à Algésiras et inver-
sement jusqu'à Hendaye .
(1) Prix total in(livisil)le et exigible en monnaie du i)ays où se fait le payement,
en tenant compte du cours du cliange.
Les billets comportent l'enregistrement direct des bagages de
Paris à Algésiras ou vice versa et la faculté d'arrêt, tant en
France qu'en Espagne, sur tous les points du parcours. Les billets
d'^aller et ret. valables 43 jours ne donnent pas lieu à prolon-
gation. La traversée entre Algésiras et Tanger se fait en
3 heures cl. 15 pes.; 2^ cl. 10 pes.)
2'' Paris- Tanger et Lyon-Tanger, via Marseille (C*^ P,-L.-M.)
et C*" de Navigation Paquet.
Prix des billets simples :
Paris-Tanger : ï'" cl., 309 fr. 30; 2« cl., 219 fr. 05; 3" cl. ch. de
fer et 2^ cl. entrepont, 144 fr. 05.
Lyon-Tanger : l"' cl., 248 fr. 70; 2« cl., 178 fr. 05.
Il n'existe pas de billets aller et retour.
Pour les relations avec Casablanca, la C'*" Paquet délivre aux
porteurs de billets directs de Paris et de Lyon à Tanger ou
vice versa, des coupons supplémentaires valables. entre Tanger
et Casablanca, qui font ressortir pour l'ensemble du parcours
Paris-Casablanca les prix suivants :
cl., 363 fr. 50; 2° cl., 263 fr. 60; 3« cl., 172 fr. 05.
Les billets peuvent être demandés à Paris à la gare de
Lyon, à l'Agence de la C'" P.-L.-M., r. Saint-Lazare, 88, et à la
C'^ Paquet, faub. Montmartre, 54; au Maroc, aux agences de la
C"^ Paquet et à l'Agence de la C"^ P.-L.-M. h Casablanca.
46
RENSEIGXEMENTS GÉNÉRAUX.
Tramways. — A rexception de Rabat, les villes du Maroc ne
sont pas encore dotées de réseaux de tramways. Des services
hippomobiles et automobiles ont été créés à Casablanca, Rabat,
Salé, Fès, et à Marrakech. On pourra y recourir utilement, étant
donné les distances qui séparent les villes marocaines des
villes nouvelles construites dans leur voisinage.
Routes, pistes et autocYclisme. — Dès les premiers temps
de l'occupation française, les services militaires ont aménagé,
dans toutes les directions, des pistea, autrement dit des routes
non empierrées qui ont permis aux troupes d'occupation de
s'enfoncer toujours plus avant, de se ravitailler et d'ouvrir le
pays aux premiers travaux de colonisation. Par temps sec, c'est-
à-dire pendant plus de six mois de l'année, l'automobile les
parcourt avec facilité et l'on peut dire qu'elle a puissamment
aidé à la conquête.
A l'heure actuelle, le Protectorat français poursuit l'exécu-
tion d'un important réseau de routes empierrées qui se complète
de jour en jour. Concurremment avec les pistes, ces routes
permettent de se rendre rapidement en automobile sur tous les
points du Maroc soumis.
Les automobiles destinées à voyager au Maroc doivent être
solidement construites et moyennement hautes sur roues. 11
est avantageux que leur radiateur soit à grande surface, que
leur ventilateur soit puissant, et qu'il existe une légère démul-
tiplication sur la transmission des roues arrière. On en trouve
en location dans toutes les grandes villes au prix moyen de
1 fr. 25 à 1 fr. 50 le kilomètre, la distance étant comptée sur
l'aller et le retour. Pour les grands trajets, il sera préférable
de traiter à forfait. Si certains services d'autobus fonctionnant
sur les routes du littoral atlantique ne peuvent être recom-
mandés aux touristes, il existe par contre des services automo-
biles, très confortables, auxquels on recourra avantageusement :
les prix en sont modérés.
En dehors des villes et de leurs environs immédiats, le
cyclisme, à bicyclette ou à motocyclette, ne saurait être préco-
nisé, non que la sécurité des routes ne soit assurée, mais parce
que le climat et l'espacement très grand des agglomérations
imposeraient de dures fatigues.
Voitures publiques et particulières. — L'extension de
l'automobile a réduit l'emploi des voitures aux villes et à leurs
alentours. A ce point de vue, il ne faudra pas s'étonner de
trouver au Maroc des véhicules quelque peu démodés. 11 semble
qu'au début de l'occupation la nouvelle colonie soit devenue
le refuge des modèles mis hors d'usage dans les ports français
de la Méditerranée. A Casablanca et à Rabat, ils ont laissé la
place à des spécimens tout à fait confortables qui n'ont plus
rien à envier à ceux de la Métropole. Le prix de location
oscille autour de 2 fr. 50 la course, 4 fr. l'heure, 12 à 15 fr. la
POSTES ET TÉLÉGRAPHES,
47
demi-journée, 20 à 30 fr. la journée. Casablanca et Rabat sont
dotés d'auto-taxis des plus récents modèles.
Montures : chevaux, mulets, ânes. — 11 est préférable
d'excursionner à pied dans l'intérieur des villes musulmanes,
cela en raison de l'étroitesse des rues et de la circulation
intense de certains quartiers. Une monture peut rendre d'utiles
services pour la visite des quartiers moins courus et des
environs immédiats. Mieux que la voiture ou une automobile,
elle perrnet de se porter facilement sur les points d'où la vue
est particulièrement belle. Elle peut ainsi éviter de trop longues
marches aux travers de chemins accidentés et médiocrement
entretenus.- Le cheval et surtout le mulet conviennent à ce
genre d'excursion. Le mulet et la mule se recommandent par
leur docilité. Pour les conduire, il n'est pas nécessaire d'avoir
suivi de cours spéciaux d'équitation. Ils sont généralement
sellés de serijas marocaines à couvertures rouges qui ne man-
quent pas de cachet.
A Tanger, on trouvera des ânes avec selles fermières dont
l'usage n'est pas encore très répandu dans les autres villes du
Maroc et qu'on peut conseiller aux dames peu habituées aux
sports équestres. Le prix de location d'un cheval ou d'une
mule est approximativement de 5 fr. pour une demi-journée,
de 8 à 10 fr. pour une journée entière. Pour s'en procurer,
s'informer dans les hôtels.
IV. — POSTES ET TÉLÉGRAPHES
C'est l'Office chérifien qui assure le service des postes et
des télégraphes dans le Protectorat français; la zone espa-
gnole est desservie par les postes espagnoles; Tanger possède
des bureaux chérifiens, français, anglais, espagnols, considérés
chacun comme bureaux ressortissants de leurs métropoles res-
pectives avec tarifs de l'Union postale universelle.
Le tarif intérieur est à peu près le môme qu'en France :
15 c. pour les lettres, 10 c. pour les cartes postales illustrées
■» ou non avec 5 mots quelconques. Les timbres de l'Office ché-
rifien, qui furent d'abord ceux de France avec surcharge en
arabe, sont ornés de vignettes représentant les plus célèbres
monuments du pays : la Tour Hassane de Rabat (1 c, 2 c. et
3 c), Bab Dekakene de Fès (5 c, 10 c. et 15 c). Porte de Ghella
à Rabat (20 c, 25 c. et 30 c), la Koutoubia de Marrakech
(35 c, 40 c. et 45 c), Bab Mansour de Meknès (50 c. et 1 fr.),
les Ruines de Volubilis (2 fr., 5 fr. et 10 fr.).
Le service des colis postaux est assuré entre le Maroc, l'Al-
gérie-Tunisie et la France; poids maximum : 10 kilog. ; les
droits de douane, proportionnels à la valeur des envois, sont
perçus à l'arrivée.
48
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRA VX.
A l'intérieur, le tarif télégraphique est de 10 c. par mot
avec un minimum de 5 mots, de 20 c. pour la France, la Corse
et Monaco par le câble français via Oran, plus 25 c. de taxe
chérifienne par dépêche. Le tarif via Espagne est de 35 c. ; pour
l'Angleterre, il est de 43 c. ; pour les Etats-Unis, 1 fr. 79.
Les radiotélégrammes expédiés d'un navire effectuant un
service entre la France et le Maroc ou adressés à son bord sont
taxes de 25 c. par mot en supplément des taxes terrestres.
Il est recommandé de se munir du livret postal d'identité
international, délivré (pour 50 c.) par tous les bureaux de poste,
sur le vu duquel est retiré tout envoi postal et télégraphique.
Des réseaux téléphoniques urbains existent à Casablanca, à
Rabat, Knitra, Mazagan. Des circuits interurbains fonctionnent
entre Rabat-Casablanca, Rabat-Salé-Knitra.
V. — LANGUE
L'usage de la langue française se répand avec une rapidité
telle que dans presque toutes les villes de la côte atlantique
on peut se faire comprendre et obtenir tous renseignements 1
utiles sans qu'il soit nécessaire de recourir à un interprète^
spécial. Dans les villes de l'intérieur, on trouvera sans peine
des indigènes, surtout parmi les jeunes gens, qui sans être
très experts, sont en mesure de fournir aux touristes toutes
indications indispensables. On les trouvera d'ailleurs aux portes "
des hôtels où ils offrent leurs services moyennant de légères ^
rétributions (env. 1 fr. la demi-journée).
Nous donnons, ci-dessous, une liste de termes usuels dont la ,
connaissance peut faciliter les relations avec les indigènes.
Pour la plupart, ces termes appartiennent à la langue arabe, que
comprennent du reste les Berbères habitant ou fréquentant les
villes. Les personnes désireuses d'entreprendre de petites con- '
versations avec les indigènes pourront acheter des manuels
élémentaires, parmi lesquels se recommande le Manuel de con^
versation français-marocain, par Tedjini (Paris, Garnier, 1918). -,
La transcription des mots qui suivent, où l'on s'est efforcé de
représenter les sons arabes en gardant aux lettres et aux syl- •
labes la valeur qu'elles ont en français, diffère en plus d'un
cas de l'orthographe usuelle, spécialement par le redoublement
de certaines lettres et l'adjonction d'e muets à la lin des mots.
On aura ainsi une idée plus exacte de leur prononciation.
La lettre h est toujours aspirée; le groupe gh représente un r
grasseyé à la parisienne; le groupe Icli une consonne analogue
au c/i allemand ou à la jota espagnole; l'accent (^) isolé
indique une consonne produite par une forte contraction du
gosi(*r qui s'appuie sur la voyelle suivante; l'accent circonflexe
(^) désigne une voyelle longue.
Pour interpeller un gamin, on dira : a loueld, a lichir (holà,
LANGUE,
49
enfant); un homme : a s-siyîd (holà, monsieur). Pour appeler,
on dira : aji, pluriel, ajiou (viens, venez) et congédier : sir, pl.
sirou (va-t-en, allez-vous-en). — On demandera une chose, en
disant : jib, p\. jibou (apporte, apportez); pour la renvoyer :
eddiy pl. eddiou (emporte, emportez). — Quand on s'adresse à
un lettré, on fait précéder son nom de la particule Si ; à un
chérif ou noble, du mot Sidi ou Moulay. — Pour se faire faire
place : hâlek, pl. bâlkoum (attention !). — La négation la plus
rapide est makache qu'on fait suivre du terme qu'on veut dénier
ou refuser : makache Jloasse (il n'y a pas d'argent).
Pour s'informer des prix, on adresse l'interrogation ach-hâl
(combien). On compte en rial ou douro hassani ou fransîs (écus),
en bsîta, pl. bsâsete (pesetes), en guerche, pl. grouche (pièces de
25 c.) ou bellioane.
Un, ouahade.
Deux, zoLije ou tnine.
Trois, tlâta.
Quatre, arb'a.
Cinq, khariisa.
Six, setta.
Sept, selya.
Huit, tmania.
Neuf, ts'-eàde.
Dix, '■achra.
Les nombres de 11 à 19 sont obtenus par l'addition, aux pré-
cédents, du suffixe âche ou tâche :
Onze, hadâche.
Douze, etnâche.
Treize, teltâche.
Quatorze, rb'atâche.
Quinze, khamstdche.
Seize, settâche.
Dix-sept, sb'atâche.
Dix-huit, tmentâche.
Dix-neuf .ts'atâche.
Vingt se dit ^achrîne et les dizaines suivantes se forment sur
les unités correspondantes par addition du suffixe îne :
Trente, tlatîne.
Quarante, rbaHne.
Cinquante, khamsîne.
Soixante, settîne.
Soixante-dix. sba'ine.
Quatre-vingt, tmanine.
Quatre-vingt-dix, tsa'-ine.
Les nombres intermédiaires s'expriment en énonçant d'abord
l'unité, puis la copulative ou (et), enfin la dizaine. Ainsi,
trente-sept s'énonce : seb^a ou tlatîne; quatre-vingt deux : etnîne
ou tmanine.
Cent se dit miya; deux cents : mitine; trois cents : telt miya;
quatre cents : arb^a miya; etc. Mille : alef; deux mille : elfaïne;
trois mille : telt alef; quatre mille : rb^a alef; etc. Cent mille :
miya t alef. Un million : mellioûn, pl. mlâyen.
La moitié se dit noûsse et le quart rouboû ou robb. Rial ou
rouboû' = un réal et un quart, soit 6 pes. 25 ; Rial la robb = un
réal moins un quart, soit 3 p. 75. Les autres termes fraction-
naires sont aussi dérivés des dix premiers nombres; par ex. telt
= un tiers; khmousse = un cinquième; 'achoûr = un dixième.
A l'exception du vendredi, el~jmà (la réunion), les jours de la
MAROC.
4
50
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRA UX.
semaine se désignent par les sept premiers nombres que Ton
fait précéder du mot nhâr, qui signifie jour :
Dimanche, nhâr-el-had. 1 Mercredi, nhâr el-arb^a.
Lundi, nhâr el-tnîne. Jeudi, nhâr el-khemis.
Mardi, nhâr et-tlata. \ Samedi, nhar es-sebt.
Les Marocains sont en général d'une politesse exquise. 11
n'est pas inutile de retenir les locutions suivantes :
Merci se dit : barak allalioufîk; bonjour : sebah el-kheir; bon-
soir : msa el-kJieir; bonne nuit; iîla mebroûka; au revoir : bes-
slâma; soyez le bienvenu : ahlène ou merhabène.
Les personnes désireuses d'étudier la langue arabe avec
quelque détail, trouveront au Maroc de petits manuels bien
conçus qui les mettront vite au courant de la conjugaison du
verbe, de la déclinaison des noms et des prépositions, de la
construction des phrases. Nous nous bornons ici à donner une
série de mots très usuels.
Administration, gouvernement,
makhzeii.
Ag-neau, haouli.
Algérie, blède el-ouesta.
Algérien, ouesii.
Allumette, ouqide.
Ami, mouhib.
Ane, be/iime, pl. behâïme.
Antimoine, koheul.
Arabe (langue), l-^arblya.
Arabes (habitants de la campagne),
'■aroûbia.
Arbre, sejra, pl. .yoiir.
Architecte, ingénieur, mouhendesse.
Argent (monnaie), flousse.
Argent (métal), noqra.
Assez, barka. ikfi.
Assiette, tobsi, pl., tbàsa.
Aujourd'hui, el-yoûme.
Automobile, tomobile.
Bagages, houdïje^ qechch.
Bain, hammâme.
Barque, flouka.
Bas (en), tnen taht.
Bas-fond, daya.
Bât, hlas, berd'a.
Bateau à vapeur, babor.
Beaucoup, ktir, bezzèfe.
Bénédiction, baraka.
Berbère, chleuh, pl. chlouh.
Beurre do conserve, smen.
Beurre frais, zebda.
Bien, beau, joli, meziâne.
Biens (richesses), mal.
Blanc, ebiode, fém. bida.
Bleu, ezreq, fém. zp.rqa.
Bœuf, begri, pl. bguer.
Bon, meziâne.
Bouche (embouchure), foume.
Boue, ghîs.
Bougie, chem'a.
Bouilloire, moqrej.
Bracelets, debàlèj."
Bracelets de pieds, khelâkhel.
Bras, coudée, dr'-a.
Brebis, n'aja, pl. n'âj.
Bride, Ijâme.
Café, qorhoua, pl. qhâoui.
Calotte, tarbouche^ pl. trâbech.
Canal d'irrigation, saguia, pl. souâ-
gui.
Cap, promontoire, râsse.
Carrière, mine, m'aden.
Cavalier d'escorte, employé du
makhzen, mokhazni, pl. mokliaz-
nia.
Ceci, celui-ci, hâda.
Cèdre, erze, berd'a.
Cela, celui-là, hadâk, dâk.
Chacal, dibe, pl. dièbe.
Chaire, minbar.
Chaise, clielia, pl. cheli.
Chaleur, sehde, skhâna.
Chambre, bite, pl. bioâte, mesriya.
Chameau, jmel, pl. jmâl.
Chapeau, iaraza, pl. touârez.
Chaudronnier, seffàr, pl. seffàrine.
Chef adjoint, khalifa.
Chef indigène (de tribu), qâid, pl.
qiàd.
Chef indigène (d'une ville), bâcha.
Chef de quartier, de zaouïa, moqad*
dem.
Chemin, trîq^ pl. torqâne.
LANGUE.
M
Chemin de fer, sekka.
Chêne, belloùte.
Cheval, 'aoude, fém. 'aouda, pl.
kheil.
Chèvre, m'usa, pl. ma'-âz.
Chevreau, ./(h, pl. jdiâne.
Chien, kelb, fém. kelba, pl. kldbe.
Chrétien, nesrâni, et roûmi, pl.
nsd?''a.
Cimetière, mqebra, pl. mgâber.
Citadin, mdini, pl. ahel el-mdmn.
Citerne, bassin, sahrij.
Col, ànq, ténia et teniet, faîdja, tizi.
Clef, saroutse, pl. soudrets.
Collège, mdersa, pl. mddrisse.
Colonne expéditionnaire, 77iehalla.
Court, qsù\
Couscouss, seksoiL.
Coussin, mkhedda; dim. khedidia,
pl. khedàdi.
Couteau, meusse^ pl. moudsse.
Coutume, habitude, qa'ïda, pl.qaoua-
ide.
Couvent (siège d'une confrérie reli-
gieuse), zaouïa, pl. zouàoui.
Couverture de lit, f'evsdda.
Couverture de selle, gottàya.
Crieur public, delldl, pl. delldla.
Croissant, hlal.
Cuiller, m'allqa.
Cultivateur, felldh, pl. fellàha.
Dame, lalla^ madanie.
Datte, tmar.
Défilé, ch'aba.
Déjeuner (de midi), ghda.
Déjeuner (du matin), ftoar.
Demain, g/iedoua, ghedda.
Après-demain, bàd ghedoua, bàd
ghedda
Dessin, tsouïra, pl. tsâon.er.
Dessous (en bas), mentahte.
Dessus (en haut), men foûque.
Dieu, allah.
Dîner, 'eùcha.
Dom.aine rural, '•azibe.
Domestique, sâheb, pl. shâb.
Doux, hlou, fém. hloua.
Droite (à), limine.
Eau, ma.
Ecole coranique, msid.
Ecole européenne, skouéla.
Ecole supérieure (collège), îndersa,
pl. mdâris.
Ecurie, roua, fondaq.
Elève : tebnid, pl. tlàmîd.
Enclos, zeriba.
Encre, mdade.
Encrier, mejm'-a, douâya.
Enfant, derri, pl. drâri.
Ensemble, m'a b'ade.
Entrepôt, fondaq, pl. fnâdeq.
Jilpicier, attdr, pl. 'aLtarine.
Eperon, chabir, pl. cheboùr.
Est, chergue.
Est (de 1'), chergui.
Etranger, berràni, pl. berrània.
Etrier, rkàbe.
Europcîen, robaoui, pl. robaouiîne.
Fer (métal), hadide.
Eer (à cheval), sfiha.
F'erme, 'azIbe.
Fête, 'aide, pl. ^aïdde.
Fou, ndr ou inieux uifia.
Fièvre, skhdna.
Figue mâle, bakonr.
Figue femelle, karmousse.
Figue de Barbarie, karmousse en-
nsdra.
Fillo, beat, pl. bnàte, dimin. bnita.
Fils, ben, pl. béni; en berbère, ait.
Fontaine, seqqdya.
Fort, forteresse, citadelle, qasba,
pl. qsdbi.
Forôt, ghdba.
Frère, khoa.
F'riandise, Italoua, pl. halouâte.
Froid (nom), berde.
Froid (adj.), bdrede.
Fumigations, bkhoûr.
i^'usil, mkalila, pl. mkâhel.
Garde, 'assa.
Gardien, 'assàs, pl. 'aasa.
Gauche (à), leclimàl.
Gazelle, ghezdla, pl. ghezàl.
Gens, aliel.
Ghetto, melldh.
Grotte, ghàr, pl. ghirâne.
Gris, achheb.
Grêle, iebrouri.
Gué, mechra, mdezz.
Habitude, qa'ïda.
Haut (en), mel-foùque.
Herbe, hachîche.
Heure, sa' a.
Heure (demi-), nousse sa'a.
Heure (quart d'), rbou' sa'a.
Heure (tiers d'h.), 20 min. toulout,
fraction de 5 min., qesm, pl.
qsdme; duel, qesmàïne.
Hier (dans la journée), el-barah.
Hier (dans la soirée), ydmesse.
Horloge, montre, magàna.
Hôpital (de fous), moristâne.
Huile, zîte.
Hyène, deba', pl. deboua'.
Ici, hena.
52
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX.
Ile, jzira, pl. jzirâte.
Instituteur, fqih.
Interprète, torjmâne.
Jardin (grand), agdal.
Jardin (verger), 'arsa.
Jardin (attenant à une maison,
riydde.
Jaune, asfâr.
Jour (opposé à la nuit), nhâr.
Jour (de la semaine). yoûm<;.
Juif, ihoûdi, pl. ihoûde.
Jujubier sauvage, sedra.
Ju^^-e, qàdi.
Jument, aoûda.
Là, el-liik, temma.
Lac, chott.
Lait frais, helibe.
Lait aigre, Ibene.
Lait caillé, raïb.
Lapin, gonia.
Lettre, 6m, briya, pl. braouàte.
Lièvre, arnebe.
Lit, frdche.
Livre, ktàbe, pl. ktoube.
Locomotive, borma.
Loi, rescrit impérial, dahb\ pl.
douàher.
Loin, ba'ide.
Long, touïl.
Lune, gmâre.
Maître de Coran, instituteur, fqîh.
Maison, dâr, pl. dioûr et did7\
Maisonnette, douïra.
Malle, caisse, sendouq, pl. snâdeq.
Manteau, burnous, selhdme, pl.
slâhem; jelldba, pl. jld/eb.
Marabout (tombeau), qoubba^ siyid.
Marais, merja, pl. mràje.
Mare, guelta.
Marché, souq, pl. soudq, dim. souïqa.
Maroc, gharb, Maghrib el-Aqsa.
Marocain, magharbi, pl. mgharba.
Matin, sbah.
Mauvais, douni.
Menthe, n'an'a.
Mer, bhdr.
Mets (non rôti), tadjine^ pl. toua-
djine.
Midi (l'heure), L-etnâche.
Miel, '■asel.
Milice, goum.
Minaret, soum'-a.
Ministre, ouzir, pl. ouzàra.
Mois, c/iechdre, pl. chechoùre.
Monsieur, si (à un lettré), sidi (à un
noble ou chërif).
Montagne, djbel, pl. djbâl.
Montagnard, djebli, pl. djbâla.
Mosquée, djama'.
Montée, 'aqba.
Montre, viagâna.
Monture, zdïla, pl. zoudïl.
Moulin, rha, pl.
Moustique, nartiousse.
Moustiquaire, hayyàti.
Mouton, kebche, pl. kebache ; coll.
ghlem.
Mulet, bghel, fém. baghla, pl. bghâl.
Musulman, meslem, pl. mselnune,
fém, vïselma, pl. mselmàt.
Natte, hasiva.
Neige, telje.
Nomade, ràhel, pl. rhil.
Ne pas, il n'y a pas, ma kdnche.
Neuf {V. Nouveau).
Non, la.
Noir, akhdl^ fém. kahla.
Nombreux, ktir.
Nouveau, jdide, pl. jdâde.
Nuit, une nuit, /t/a.
Œuf, bida, pl. 6«c?à/f, coll. bid.
Olivier grctfé, zitouna, coll. zitoun.
Olivier sauvage, zebbouja; coll.
zebbouje.
Or, deheb.
Orange, tchîna, coll. tchine.
Orge, che'ir.
Oriental, chergui, pl. cheraga.
Ouest, gharb; do l'ouest, gharbi.
Pain, kliobze; un pain : khobza.
Paix, feu, 'd/ïa.
Palmier dattier, nakhla, coll. nkhel.
Palmier nain, douma., coll. doume.
Pantalon, seroudl, pl. srdouel.
Panthère, nmere, pl. nmoûra.
Pantoufle, bolgha, pl. blàghi.
Papier, kaghete.
Parc, verger, aguedal.
Parchemin, reqq.
Pauvre, meskine, pl. msdkenc.
Pays, campagne, blède; — du pays,
beldL
Paysan, indigène, 'aroubi, pl. 'urou-
biya.
Pèlerin de la Mekke, hdje.
Père, baba; en composition, bou.
Perdrix, hajla; coll. hajcL
Petit, seghlr.
Peu, clioaïa.
Peu à peu, cJiouïa bech-chouïa.
Pic, rasse.
Pierre, hajra. coll. hajev.
Piment, felfel.
Pigeon, hmdma; coll. hmdme.
Pistolet, ferdi.
Plaine, outa.
LANGUE.
53
Plomb, khefife.
Pluie, chetsa, matar.
Plume à écrire, qleme, pl. qloûma.
Plume d'oiseau, richa, coll. riche.
Poignard, koiimia.
Poisson, hoiita, coll. /toute.
Poivre (en grains), ibzâre.
Vont, qantra, p\. qnâter, àim. qnUi^a
(knitra).
Porc, halloûfe.
Port, marsa, pl. mrâsi.
Porte, bàbe, pl. bihâne.
Portefaix, zerz.àï, pl. zerzaïa.
Porteur d'eau, guerrâbe, pl. guer-
, râba.
Portier, concierge, bououdbe.
Pou, guemiil.
Poudre (à canon), baroûde.
Poule, djàja, coll. djàj.
Près, proche, qrib.
Prêtre, imâme.
Professeur, iDoudarresse.
Puits, blr, pl. biâr.
Quartier, hoiuiia, pl. hoûme.
Raisins frais, 'ineb.
Raisins socs, zblb.
Ravin, ch'aba.
Religion, dîne.
. Relieur, sp/fdr, pl. seffarlne.
Remise, fondaq. pl. fnàdeq.
Rivage, sa/iel, chette.
Roi, soltane, pl. sldtine.
Rocher, kèfe, pl. kifdne.
Rouge, aJimar, fém. hamra, pl. hou-
mere.
Route, triq. pl. iorqàne.
Ruine, kherba, pl. kherb.
Rue, derbe. zenqa.
iSable, miel.
Sac, sacoche, chekàra.
Salut, Es-sàlam ; que le salut soit
sur vous : es-sàlam ^alikoâme.
Sang, demme.
Sanglier, hallovfe el-ghâba.
Sanctuaire, siylde.
Sauterelle, jràde.
Scorpion, 'aqrebe.
Sel, melha.
Selle de cheval, seurje.
— • de mulet, srlja.
Semblable, hàl behâl, kifeklfe.
Sentier, msireb.
Serrure, qfel.
Serviteur (à gages), salieb.
Serviteur (nègre), ^abde, pl. 'abîde
Soir, 'achîya.
Soldat, 'askri.
Soleil, chemche et chemse.
Source, '■aine, pl. 'ayoûne.
Sucre, sokkâr.
Sucré, hlou.
Sud, du sud, guebli.
Tabac à fumer, cha''ra.
— à priser, ienfîha.
Tapis à haute laine (grand), guetifa^
pl. guetâïf.
Tapis à laine rase, hanbel.
Tapis (petit), zerbiya, pl. zerhiyâte
et z?'âbi.
Tente de nomade, khaïma, pl. khi-
ydme.
Tente marocaine makhzen, khzàna,
pl. khzàîne. ■
Tente européenne, guitoûne ^ pl.
guidtene.
Tenture murale, hâïti.
Terre, arde.
Tête, cap, râsse.
Thé (feuilles), iqâma.
Thé (infusion), latâï.
Tombe, gobor.
Tombeau d'un saint, qoubba.
Tremble (peuplier), sefsàfa.
Tribu, le nom de chacune des col-
lectivités indigènes est précédé
du mot arabe beni, ou berbère ait
(fils de).
Trop, bezzdïde.
Tunisie, blède Tounesse.
Tunisien, tounsi.
Vache, bagra.
Veilleur de nuit, gardien, 'assâs.
Vent, ri h.
Vert, akhdar, fém. khadra, pl.
khouder.
Viande, lehàme.
Vieux, chibani.
Village de tentes, doiiâr, pl. douâ-
ouir.
Village non fortifié, qaria.
Village fortifié, qasba.
Ville arabe, mdina, pl. mdoûne.
Ville juive, mellah.
Vin. cherdbe.
Vipère, lef'a.
Voiture, kaliche.
Wagon, fago^ pl. fagoyàie.
Au sujet de l'orthographe usuelle, les différentes administra-
tions du Protectorat ne se sont pas encore mises d'accord. Dans
ce Guide, nous avons adopté le système de transcription établi
54
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX,
par le Bureau topographique du Maroc, et dont les règles ont
été approuvées par lettres résidentielles du 3 décembre 1916
et du 5 mars 1917.
VI. — CARTOGRAPHIE
Le Service iopographique des Troupes d'occupation .du Maroc,
installé à Casablanca, a entrepris l'établissement et la publi-
cation de cartes à échelles diverses qui forment déjà une impor-
tante et remarquable collection. Les suivantes peuvent plus
particulièrement intéresser les touristes :
Carte administrative et militaire avec les circonscriptions civiles,
les postes militaires, au 1,500,000" en couleurs, en 1 feuille,
1 fr. 50; — Carte générale au 1,500,000' en 7 couleurs, en
1 feuille, 2 fr. 50: — Carte générale des étapes, au 1,500,000®,
1 fr. 25 ; — Les étapes de V occupation française, au 31 décembre 1917,
au 1,500,000°, 1 fr. 50 ; — Carte des routes et des chemins de fer
au 1" janvier 1918, au 1,500,000% 1 fr. 25; — Carte générale
au l,000-,000'', en 4 feuilles ne pouvant être vendues séparé-
ment, 10 fr. ; — Carte des tribus, au 500,000'' en couleurs, en
9 feuilles à 0 fr. 80 l'une: — Carte des étapes, en 0 feuilles,
au 500,000°, en plusieurs couleurs à 1 fr. l'une; — Carte de
reconnaissance, au 200,000°, représentant le Maroc septentrional
et occidental, non compris Tanger et une partie de la zone
espagnole, en 65 demi-feuilles, à 0 fr. 50 l'une; — Carte au
100,000°, édition provisoire en noir, publiée par quarts de
feuilles, 20 quarts à 0 fr. 50 l'un; — Carte au 100,000°, édition
provisoire en couleurs, 25 quarts de feuilles à 0 fr. 85 l'un.
Plans des villes de Fès au 5,000° en bleu et noir, en 2 feuilles,
3 fr., et au 10,000° en deux couleurs, 1 feuille, 2 fr.; de
Marrakech au 10,000° en 4 couleurs, en 4 feuilles, 6 fr. ; de Casa-
blanca au 5,000° en noir, en 4 feuilles, 6 fr., et au 10,000°, en
1 feuille, 2 fr.; de Rabat au 10,000° en 5 couleurs, en 1 feuille,
1 fr. 50; de Salé au 10,000°, en 5 couleurs, en 1 feuille, 1 fr. 50;
de Boujad au 5,000° en 2 couleurs, en 1 feuille, 1 fr. 50: de
Safi, au 5,000° en 6 couleurs, en 2 feuilles ne pouvant ètrc^
vendues séparément, 3 fr. 50; de Mogador, en 5 couleurs, en
1 feuille, 2 fr. ; de Mazagan et environs eu 3 couleurs, au 10,000°,
en 1 feuille, 0 fr. 85: de Boa Denib et environs, en 4 couleurs,
au 20,000°, 1 fr. 50; d'Agadir Jrir, au 40,000°, 1 fr. 50.
Petits plans des villes de Casablanca, Fès, Knitra, Marrakech,
Mazagan, Mechra Bel Ksiri, Meknès, Peiitjean, en noir, 0 fr. 20 l'un.
Gomme cartes d'ensemble, on signalera celle qu'a publiée
M. de Flotte de Roquevaire, au 100,000° (Paris, Barrère, 1904,
4 feuilles et notice, 15 fr.) et celle de V Atlas universel au
2,500,000*^ (Paris, Hachette, 1910, 2 fr.); puis, comme cartes de
détail, celles du commandant Larras, au 250,000°, embrassant
les régions pratiquement accessibles au début de la conquête,
7 feuilles à 2 fr. 50 l'une.
VOIES D'ACCÈS
Avis très important. — Les horaires et les prix des services
maritimes étant fort sujets à variations, nous ne donnons ci-apres les
renseignements qui les concernent qu'a titre d'indication et sans
garantie de notre part. Le voyageur devra toujours les contrôler sur
les publications officielles les plus récentes des diverses compagnies.
Cet avis, justifié en tout temps, l'est encore bien davantage à la
date ou parait cette édition. Bien qu'établis avec la documentation la
plus récente, les renseignements fournis ici sont exposés à être Fobjet
de sérieuses modifications, notamment quant aux prix.
1. — DE PARIS A CASABLANCA
A. — Par Bordeaux.
Chemin de fer : P.-O., 588 k. de Paris à Bordeaux en 6 h. 54
par le Sud-Express, en 7 h. 20 par rapide, en 8 h. 30 à 9 h. par
express; 92 fr., 62 fr. 10, 40 fr. 55. — Par la ligne de l'Etat
615 k. en 10 à 12 h. par express; 87 fr. 55, 64 fr. 95, 42 fr. 40.
Bateau : de Bordeaux à Casablanca. — Générale Transa-
tlantique, 4 serv. rapides mensuels en 3 j., sans escale, par
paquebots pourvus de la T. S. F.; dép. de Bordeaux tous les
samedis; dans l'après-midi ou dans la soirée (suivant la marée);
270 fr., 200 fr., 130 fr., nourriture comprise; billets aller et ret.
avec réduction de 10 0/0 valables 3 mois; franchise de bagag'es :
100, 60 et 30kilog.
B, — Par Marseille.
Chemin de fer : P.-L.-M., 863 k. de Paris à Marseille en 12
à 18 h. ; 134 fr. 85, 91 fr. 10, 59 fr. 45.
Bateau : 1,630 k. ou 880 milles marins de Marseille à Casa-
blanca. — de Navigation Paquet, pl. Sadi-Carnot 4, Marseille:
3 serv. rapides mensuels, avec escale à Tanger, par paquebots
pourvus de la T. S. F.; dép. de Marseille les 5, 15 et 25 de
chaque mois vers 14 h.; traversée en 70 h. environ; 270 fr.,
200 fr., 130 fr., 55 fr. ; billets aller et ret. avec réduction de
10 p. 100, valalDles trois mois; franchise de bagages : 100, 60,
30 kilog. — La même G'^ assure en outre 2 serv. mensuels de
cargos mixtes faisant escale à Tanger, et dont le parcours se
prolonge sur Mazagan, Sali et Mogador (s'informer deà dates
de départ et des prix).
56
VOIES D'ACCÈS.
G. -
Par Nantes.
Chemin de fer : de Paris à Nantes, 396 k. par Ghartres-Le-
Mans-Angcrs (réseau Etat); 431 k. par Orléans-Tours-Angers
ou par Vendôme-Tours-Angers (P.-O); services directs par les
deux voies en 5 h. 30 à 8 h. par rapides ou express; mêmes
prix, 61 fr. 85, 41 fr. 80, 27 fr. 20.
Bateau : de Nantes à Casablanca. — G'* Générale Transatlan-
tique : serv. mixte mensuel ; avec prolongation de trajet sur
Mazagan, Sali et Mogador (s'informer des dates de départ et des
prix). Ce service est surtout commercial. Voie peu pratique. Il
n'existe que des 2^ et 3® cl. et seulement sur certains bateaux.
Chemin de fer : P.-L.-M., 863 k. de Paris à Marseille, comme
ci-dessus, 1,5.
Bateau : 1,250 k. ou 700 milles marins de Marseille à Tanger. —
de Navigation Paquet, 3 serv. rapides mensuels par paquebots
pourvus de la T. S. F. continuant leur trajet sur Casablanca :
dép. de Marseille les 5, 15 et 25 de chaque mois vers 14 h.;
traversée en 60 h. environ; 220 fr., 160 fr., 100 fr., nourriture
comprise; 40 fr., 4^ cl., place de pont sans nourriture.
Chemin de fer : P.-L.-M., 863 k. jusqu'à Marseille comme
ci-dessus, 1, B.
Bateau : 1,100 k. ou 595 milles marins de Marseille à Oran. — -
G'*' Générale Transatlantique : 2 serv. rapides par semaine; dép."
de Marseille les jeudis et sam. ; dép. d'Oran les lundis et mercr. ;
traversée en 40 à 42 h.; grands rapides, 100 fr., 115 fr., 60 fr.
avec nourriture, pont 30 fr. sans nourriture; rapides, 144 fr.,
104 fr., 55 fr. avec nourriture, pont 30 fr. sans nourriture. — i
Société de Transports maritimes : 1 serv. rapide hebdomadaire;,
dép. de Marseille les mardis; dép. d'Oran les sam.: traversée"
en 32 à 34 h.; 95 fr., 70 fr., 36 fr. et 15 fr. — C"- de Navigation
mixte {Touache); 1 serv, hebdomadaire; dép. de Marseille les
mercr., d'Oran les sam.; traversée en 54 h.; rapides, 144 fr.,
104 fr., 55 fr. avec nourriture, pont 28 fr. sans nourriture; non
rapides, 125 fr., 85 fr., 45 fr. avec nourriture, ponl 25 fr. sans
nourriture. — Les services des deux dernières compagnies
ne sont pas encore rétablis; s'informer.
480 k. ou 260 milles marins d'Oran à Tanger. — G'® de Navi-
gation Paquet, serv. 2 fois par mois; 100 fr., 70 fr., 50 fr., nour-
riture et vin compris; 25 fr. pont, sans nourriture.
2.
DE PARIS A TANGER
A. — Par Marseille direct.
B. — Par Marseille-Oran.
VOIES D'ACCÈS.
57
C. — Par l'Espagne.
Chemin de fer : 2,199 k. par ch. de fer français et espagnols,
Yia Bordeaux et Madrid, de Paris quai d'Orsay à Algésiras (port);
12,S fr. 60 et 198 p. 40; 86 fr. 80 et 15U p. 75; 56 fr. 60 et
i)l p. 40.
Bateau : 53 k. ou 33 milles marins d'Algésiras à Tanger, —
V , C Transmediterranea; serv. quotidien en 3 h.; 15 p., 12 p., 5 p.
58
VOIES D'ACCÈS.
D. — Par le Portugal.
Chemin de fer : 1,894 k. par chemins de fer français, espa-
gnols et portugais de Paris à Lisbonne: trains rapides et trains
de luxe quotidiens; 32 h. par le Sud-Express, 49 h. par les
trains ordinaires les plus rapides. Prix approximatifs : 212 fr.
en cl., 154 fr. en 2*^ cl.
Bateau : de Lisbonne à Tanger. — Rotterdam Lloyd, Neder-
land Lloya (lignes des Indes); traversée en 22 h.; se renseigner
auprès des G""' intéressées pour les prix, les jours et heures de
passage aux escales.
3 — DE PARIS A KNITRA
Par Marseille.
Chemin de fer : P.-L.-M., 863 k. de Paris à Marseille comme
ci-dessus, 1, B.
Bateau : de Marseille à Knitra. — C'* de Navigation Paquet;
serv. commercial à dates variables en 5 à 6 j.; se renseigner.
4. — DE PARIS A OUDJDA
A. — Par Marseille-Oran.
Chemin de fer : P.-L.-M., 863 k. de Paris à Marseille, comme
ci-dessus, 1, B.
Bateau : 1,100 k. ou 595 milles marins de Marseille à Oran. —
C'" Générale Transatlantique; Transports maritimes; C'*' de Naviga-
tion mixte (Touache); C'" de Navigation Paquet^ comme ci-dessus,
2, B.
Chemin de fer : O.-A., 253 k. d'Oran à Oudjda en 7 h. ; 25 fr.,
17 fr. 95, 13 fr. 10.
B. — Par Marseille-Nemours.
La C de Navigation mixte (Touache) met en relations Marseille
et Nemours par un service hebdomadaire, actuellement non
encore rétabli.
De Nemours à Oudjda, serv. quotidien d'autobus, en 3 h.; 8 fr.
C. — Par Port-Vendres-Oran.
Chemin de fer : P.-O. ou P.-L. M. et Midi : de Paris à Pori-
Vendres, 964 k. par Orléans, Toulouse et Narbonne (quai d'Orsav
ou Austerlitz); 112 fr. 05, 95 fr. 20, 20 fr. 85; — 1,063 k. par
Lvon, Tarascon, Cette, Narbonne (dép. de Paris, gare de Lyon):
109 fr. 65, 114 fr. 00, 74 fr. 80.
VOIES D'ACCÈS.
59
Bateau : 960 k. ou 530 milles marins de Port-Vendres à Oran.
— C'^ de Navigation mixte {Toiiache); 1 serv. hebdomadaire, dép.
de Port-Vendres les vendr. à 13 h. 30 et d'Oran les lundis à
12 h.; traversée en 28 à 30 h.; 120 ir., 92 fr., 46 fr. et 34 fr.
Le paquebot qui assure ce service part de Cette les jeudis à
12 h. et y retournejes mercredis (mêmes prix).
Chemin de fer : O.-A., 253 k. d'Oran à Oudjda, comme ci-
de3sus, 4» A.
5. — RELATIONS DU MAROC
AVEC L'ALGÉRÏE-TUNISIE
A. — Par terre.
Le trajet de Casahianca à Oran demande un minimum de 4 j.
et demi : 229 fr., 132 fr. 50, 91 fr. 95. Il se décompose comme
suit : — Casablanca-Rabat- Fis en ch. de fer (2 j. et demi) ou en
automotrice (1 j. et demi); — Fès-Taza, sur bonne route par
auto ou camion automobile, parcours en 4 h. par beau temps;
un chemin de fer à voie étroite, dont les travaux sont déjà
très avancés, permettra d'elfectuer le trajet sous peu dans des
conditions plus économiques sinon plus rapides. — Taza-Oudjda,
ch. de fer à voie étroite, en 2 j. par les trains ordinaires, en
1 j. par l'automotrice; — Oudjda-Oran, par ch. de fer à voie
normale en 7 h.
Le trajet d'Oran à Tunis par Alger et Constantine, qui compte
au total 1,350 k., demande un minimum de 35 à 36 h. compres
nant deux journées pleines et la nuit intercalée. Wag-ons-lit-
aux trains de nuit d'Oran à Alger (supplément 12 fr.); et
d'Alger à Constantine (supplément 15 fr.); wagon-restaurant
aux trains de jour.
Pour joindre les deux capitales extrêmes du nord de l'Afri-
que, Rabat et Tunis, il faut donc un temps minimum d'environ
6 j. dans les meilleures conditions de transport et de corres-
pondance.
B. — Par mer.
Ces relations sont assurées par les services suivants :
l"G"^de Navigation Paquet {r. de l'Horloge, Casablanca), 2 serv.
mensuels de Casablanca à Oran par paquebots mixtes faisant
escale à Tanger et se rendant ensuite d'Oran à Marseille. De
Casablanca à Oran : 140 fr., 100 fr., 50 fr. ; de Tanger à Oran :
100 fr., 70 fr., 50 fr., nourriture comprise.
2" C"' Orano-Marocaine de Navigation {Mazella et C), serv.
régulier entre Knitra et Oran seulement; s'informer pour les
I)rix et les dates de départ au siège de la C soit à Knitra,
soit à Oran.
60
VOIES D ACCÈS.
3'' Niederland Line, serv. entre Tanger et Alger seulement;
tous les 15 jours environ ; 87 fr., G2 fr., 45 fr. et 21 fr. ; s'adresser
à M. Bergeret, bd Garnot, 5, Alger.
Avant la guerre, la G'" Transatlantique avait également un
service hebdomadaire Tunis- Alger-Oran-Tanger-Gasablanca,
qui sera rétabli dès que les circonstances le permettront.
6. — RELATIONS DU MAROC AVEC L'ÉTRANGER
Avec l'Espagne : — La C'"* Transmediterranea assure : un serv.
de Tanger à Algésiras^ en 3 h., 15 p. esp. 50, 12 p. 25, 5 p. 10;
2 serv. par mois, le 13 et le 26, de Casablanca à Malaga avec
escales à Larache et Tanger, 80 p. esp., 64 p., 40 p., nour-
riture non comprise; — Vapores de la C'* Transmediterranea^
3 serv. par semaine de Tanger à Cadix, les lundis, mercredis et
vendredis, 28 p. 50, 21 p. 75, 10 p. 40; 4 serv. par semaine de
Melilla à Malaga; 1 serv. par semaine de Melilla à Almeria;
2 serv. mensuels de Melilla à Barcelone, dép. de Melilla les
1*"^ et 16 de chaque mois. — Bland Line, 3 serv. par semaine,
les mercr., vendr. et lundis, de Tanger à Gibraltar.
Avec le Portugal : — La Rotterdam Lloyd, la Niederland Lloyd
assurent, 2 fois par mois, les relations entre Tanger et Lisbonne.
Se renseigner auprès des agents des compagnies intéressées
pour les prix et les jours de départ.
Avec l'Angleterre : — Les bateaux de la Royal Mail steam
Packet Cv, après leur passage dans le port de Mazagan, Safi et
Mogador, font voile directement sur Londres. — S'informer
auprès des agents des compagnies, à Gasablanca.
7. — RELATIONS MARITIMES
INTER-MAROCAINES (COTE ATLANTIQUE)
Ges relations sont assurées par les compagnies suivantes :
1" C'"' Générale Transatlantique : plusieurs services par mois<
au départ de Casablanca pour Mazagan, 30 fr., 22 fr., 15 fr. avec
nourriture; pour Safi, 70 fr., 50 fr., 30 fr. ; pour Mogador, 100 fr.,
75 fr., 50 fr.
2° C'° Paquet. Effectue des services dans des conditions ana-
logues à celles de la G'^ Transatlantique.
3" Vapores correos de Africa : 2 serv. mensuels, départs de
Casablanca vers le 13 et le 26 de chaque mois, pour Mazagan,
20 p., 16 p., 10 p. sans nourriture ; pour Safi, 30 p., 25 p., 15 p.;
pour Mogador, 40 p., 33 p., 20 p. ; pour Rabat, 20 p., 16 p., 10 p. ;
pour Larache, 30 p., 25 p., 15 p.; pour Tanger, 30 p., 25 p., 15 p.
i° Royal Mail Steam Packet Cv : 1 serv. mensuel de Casablanca
à Magazan, Safi et Mogador pour l'aller seulement.
!
PJ{EMJÈ7iE SECTWJS
MAROC OCCIDENTAL MÉRIDIONAL
CASABLANCA, MARRAKECH,
MXZAGAN, SAFl. MOGADOR.
Le Maroc occidental actuellement soumis à Tinfluence fran-
çaise a pour limites : à l'O. l'océan Atlantique, au N. les contre-
forts méridionaux des Djebala, à TE. la Moulouya et le Haut-
Atlas, au S. l'Anti-Atlas. Ses dimensions extrêmes du N. au S.
et de l'E. à l'O. sont de 500 à 600 k. 11 se divise en plusieurs
régions : Casablanca, Marrakech, Rabat-Salé, Meknès et Fès.
Les grandes routes qui le desservent partent de Casablanca
en deux sens opposés, les unes au S. et les autres au N. Nous
distinguerons par conséquent le Maroc méridional du Maroc
septentrional.
Le circuit Sud du Maroc méridional peut être parcouru à peu
près entièrement en 6 à 7 jours d'automobile (1,000 à 1,200 fr.).
Casablanca étant le point de départ et d'arrivée, il comporte la
visite de Marrakech, Mogador, Sali et Mazagan ou vice-versa.
1. — CASABLANCA
Pour les relations avec la France, V. Voies d'accès, p. 55.
Embarquement et débarquement. — Les paquebots ancrent au large
de Casablanca, à environ 1,000 m. des quais. L'embarquement et le
débarquement se font le jour seulement : — 1** par les vedettes automo-
biles de la Celtique maritime et de l'Agence Arnaud et C'« qui font la
navette entre l'extrémité de la jetée El Kairouani et les paquebots au
Erix de fr. 50 par personne par beau temps, et à tarif double lorsque
1 Direction du port hisse, par mauvais temps, le pavillon bleu à croix
blanche. Demi-tarif pour les enfants au-dessus de 3 ans. Gratuité pour
les plus jeunes ; — 2** par des embarcations à rames non remorquées,
1 fr. 75 la place. — Les bagages enregistrais sont transportés du bateau
au port et vice-versa par le soin des C^®^ intéressées. Les bagages non
enregistrés sont soumis au tarif suivant pour leur transport sur les
embarcations : colis à la main, 0 fr. 30; colis de moins de 50 kilog.,
0 fr. 60; de 50 à 100 kilog., 1 fr. Q5. Le transport des colis de l'extrémité
du quai d'embarquement à la salle des visites de la douane par portefaix
est enfin soumis au tarif ci-après : colis à la main, 0 fr. 05 ; de 5 kilog.,
0 fr. 50; de 50 à 100 kilog., 0 fr. 25; au-dessus de 100 kilog., prix à
débattre. — A leur débarquement, les voyageurs doivent se présenter au
62 - [1 ■
CASABLANCA.
Service de V Innnig ration, établi sur le quai pour y décliner leurs noms et
qualités.
Principales curiosités. — Seuls les quartiers indigènes présentent
quelque intérêt. La ville nouvelle n'a aucune originalité. Son dévelop-
pement rapide et inattendu, comme celui de son port (p. 79), méritent
cependant Tattention du visiteur qui peut ainsi assister à i'éclosion d'une
grande cité moderne.
Emploi du temps. — Le touriste quà débarque le matin à Casablanca
peut visiter la ville dans la même journée. Les quelques heures de la
matinée étant consacrées aux quartiers indigènes (p. 66), l'après-midi
sera employée à une promenade circulaire, soit à pied dans la ville nou-
velle (p. 71), ou mieux en voiture, en partant de Isl place de /Vance (p. 66),
pour aller vers les Roches Noires (p. 70) et revenir par le palais du sul-
tan (p. 71), El Hank (p. 72) et le port {p. 70).
Comme promenades extérieures, il n'y a guère à signaler que la visite
d'An fa (p. 7-2), 2 h. 30 aller et ret., et celle de Sidi Abd Er Rahmane
(p. 7-ij, 5 h. aller et ret. eu voiture.
CASABLANCA, ville de 82,500 hab. (37,000 européens dont
20,000 français, 8,000 espagnols et 8,000 italiens; 36,000 mu-
sulmans, 8,000 Israélites), ch.-l. de région militaire et de la
circonscription civile de la Ghaouia, de 12,500 k. carrés de
superficie et peuplée de 260,000 hab., est située au fond d'une
anse comprise entre les deux promontoires d'Oukacha à l'E.,
d'El Hank à l'O., sur la côte atlantique, à l'embouchure du
petit oued Bou Skoura, à mi-chemin de Tanger et de Mogador.
La ville s'étend presque à plat, sur un sol légèrement
incliné vers la mer d'une altitude de 10 à 25 m. L'ancienne
cité marocaine a la forme d'un quadrilatère allongé dont les
bases, sensiblement parallèles au rivage, ont 1 k. environ de
longueur; les deux autres cotés sont perpendiculaires à la
mer. Limitée par une enceinte encore intacte, elle est cloi-
sonnée par un dédale de rues étroites, où la circulation créée
par l'immigration et le trafic européens est devenue rapidement
des plus difficiles, en dépit des travaux qui y ont été entrepris
depuis le débarquement des troupes françaises.
L'établissement, dès 1907, des camps au S.-E. de la ville
arabe et l'organisalion des convois sur Rabat et Marrakech,
portèrent le mouvement de ce coté et des constructions de
tous genres, en bois et en matériaux plus solides, ne tardèrent
pas à s^élever. La croissance des bâtisses, extrêmement rapide,
se fit jusqu'en 1914 au hasard des besoins et des spéculations.
L'élaboration du plan Prost vint heureusement la régulariser
et l'ordonner à partir de 1915.
La Casablanca moderne s'est moulée sur Tancienne ville et
sur le port qu'elle enserre à l'E. et à l'O. Son point central
actuel est la place de France d'où partent, dans toutes les direc-
tions, de larges voies, et à proximité de laquelle se groupeiU
les grands magasins, les banques, les services de transport
en automobile, etc. Un immense boulevard circulaire de 6 k.
de développement recoupe les voies issues en éventail de la
place de France. La gare des chemins de fer militaires, située
CASABLANCA.
[1] - 63
à l'E. et à 2 k. 5 de cette dernière place, est le noyau d'un quar-
tier important, le quartier de Lorraine, au delà duquel s'élève,
dans la direction de Rabat, l'agglomération des Roches-Noires.
Dans son ensemble, la ville apparaît comme un des plus
beaux exemples de la colonisation française à l'époque con-
temporaine. En raison de sa situation spéciale, au passage
du courant de navigation entre l'Europe et l'Afrique occiden-
taies, et en face de l'Amérique, elle paraît appelée à un grand
avenir. Si elle n'a pas, comme les autres villes du Maroc, de
monuments anciens, elle jouit d'un climat agréable. Sa tem-
pérature, douce en hiver (moyenne : 13 à 14"), supportable en
été (moyenne : 22 à 24°), la désigne comme devant être, grâce
aussi à ses distractions, une bonne station d'hivernage et le
point de départ de magnifiques excursions à l'intérieur du pays.
Gare : — à l'E. do la ville, desser-
vant les lignes de chemins de fer
militaires de Rabat, d'Oued Zem
et de Ben Guérir. — Le bureau de
la P.-L.-M., r. de l'Horloge,
délivre des billets d'automotrices
pour toutes les directions du réseau
militaire, au prix de la 1*'' classe.
Compagnies de navigation : —
Les bureaux de la 6''" Générale
Transatlantique sont r. du Com-
mandant-Provost ; ceux de la C'® de
Navigation Paquet, bd de l'Horloge
et r, El-Hadjema; ceux des Correos
de Africa, r. de Mogador, 20; ceux
de la Bland Line (Lamb Brothers),
r. de la Douane.
Omnibus des hôtels, à la gare et
au port.
Hôtels : — A'xce^sior (G. Vautier ;
Pl. ftCf), pl. de France, 150 ch. de
8 à 12 fr. pour une personne, de 12
à 15 fr. pour deux personnes; déj.
5 fr., dîn. 6 fr. 50, v. n. c. ; pens. de
séjour (ch. et 3 repas) 19 fr. ; électr.,
téléph., bains, douches, salons,
billard, gar.); Central (Hugony;
Pl. 6B3), r. du Port, 3 et r. d'Anfa,
2 (55 ch. de 5 à 10; rep. 4, 4.50,
v. c. ; pens. 12 à 14 ; électr., téléph.,
bains, terrasse, gar.); Select-Hôtel
(Taya), bd d'Anfa (20 ch. de 5 à
10 ; rep. 3.50 ; pens. dep. 10 ; jardin) ;
Savoy-Hôtel, r. de Madrid ; Moderne
(Pl. 'cB2), pl. de Belgique; de
France (Pl. d BC3), r. du Comman-
dant-Provost ; Palace-Hôtel, r. Ll
Àrsa, en face du jardin public;
St-Georges, r. de l'Horloge.
Brasseries : — Alhambra, pl. de
l'Horloge, avec restaurant; Glacier,
pl. de France; Boi de la Bière, pl.
de France, avec rest.
Cafés (outre les brasseries ci-
dessus) : — Taverne de France
(Eldorado); de la Poste, r. du Com-
mandant-Provost ; du Commerce, pl.
du Commerce.
Bains : — Bains douches munici-
paux, bd de la Liberté; bains du
Skating, av. du Général-Drude ;
bains maures des Habous, près du
Dar el-Makhzen (entrée générale :
0 fr. 40; cabine sans linge 1 fr. ;
cabine avec serviettes et savon
1 fr. 50; accessible aux hommes de
minuit à 15 h., aux femmes de 15 h.
à 10 h. ; bains maures, r. de Madrid
et r. du Capitaine-Hervé; — Bains
DE MKR : l.'uhau (plage) et Casino
des Boches-Noires (Lécuyer), aux
Roches Noires.
Postes et télégraphes : — Bureau
central français, r. du Commandant-
Provost et bureau annexe près de la
Douane, Bab el Marsa; Bureau
' télégraphique et téléphonique, à
l'entrée de la r. de l'Horloge (im-
meuble hôt. Excelsior): Poste an-
glaise, r. du Consulat-d'Angleterre.
Banques : — d'Etat du Maroc, pl.
de l'Horloge; Algéro-Tunisienne,
av. du Général-Drude, 9 et 11;
Compagnie algérienne, entrée de la
r. de l'Horloge ; Crédit foncier
d'Algérie et de Tunisie, av. du
Général-Drude, 5; Société Géné-
rale; Crédit marocain, av. du
Général-Drude, 3; Commerciale du
Maroc; Lyonnaise, av. du Général-
Drude, 6; British West Africa, av.
du Général-Drude, 3.
64 - [Ij
CASABLANCA.
Voitures de place : — pour les
trajets ne dépassant pas le bd cir-
culaire et la gare, -2 fr. la course
simple, 3 fr. la course double ; pour
les trajets dépassant le bd circu-
laire et la gare, 3 fr. la course
simple, 4 fr. la course double ;
l'heure dans le premier cas 3 fr. 50
et dans le 2<= cas 4 fr. 50. Prix
majorés la nuit, sauf pour la
1" zone.
Âuto-taxis : — pour 1 ou 2 pers.,
1 fr. par 900 m. avec majoration
de 0 fr. 20 par fraction supplémen-
taire de 300 m. ; pour plus de 2 pers.,
1 fr. jusqu'à 750 m. et 0 fr. 20 par
fraction supplémentaire de 200 m.;
la nuit, 1 fr. jusqu'à 500 m. etO fr. 20
par fraction supplémentaire de 200
m. avec majoration de 1 fr. pour
le service de nuit.
Tramways à chevaux : — des serv.
de tramways à chevaux . fonction-
nent de la place de THorloge aux
Roches Noires et de la porte de
Marrakech sur la route deMédiouna,
toutes les 30 min. ; pou recomman-
dables.
Services d'automobiles et d'au-
tobus pour l'intérieur du Maroc : —
ces services ont leurs bureaux
réunis pl. de France. Ils sont as-
surés par les Messageries autobus
du Maroc (Pisanelli), la Société
française de transports automobiles
(Goyon et C*®), la Société des 2'axi-
Auto marocains, Gabriel Blat et
Auto-Accessoires (Mme Zakar) qui
se chargent aussi de transporter
les voyageurs dans toutes les direc-
tions, à raison de 1 fr. à 1 fr. 50 le
k. selon l'état des routes, les dis-
tances étant calculées sur l'aller
et le ret. Ils desservent : — Babat,
25 fr. la pl. en automobile, et 10 fr,
la pl. en autobus, 2 dép. par j. à
8 h. et à 13 h. 30, trajet en 2 et
3 h. ; — Der Rechid et Settat, serv.
quotidien en 1 h. et 2 h., 12 et 15 fr.
la pl., dép. à 7 h.; — Marrakech,
serv. quotidien en 0 h., 60 fr. la pl.,
dép. à 7 h.; — Azemmour ci Mazaqan,
2 serv. par j. en 3 h., 20 et 25 fr.
la pl., dép. à 8 h. et à 13 h. 30; —
Tanqer, 2 serv. par sem. et par
beau temps, 225 à 150 fr. la pl.; —
Oued Zem (70 fr.), Boujad (80 fr.),
Kasba Tadla (100 ir.), Boucheron
.80 fr.), Boulhaut (100 fr.), serv. irré-
guliers (s'informer).
N. B. : les voyageurs sont auto-
risés à prendre 10 kilog. de bagages
avec eux; ils paient 0 fr. 30 par
kilog. de supplément.
Garages : — Auto-Hall (D^ Veyre),
171, av. du Général-Drude (Ford.
Berliet, Hudson, Jetfery, Saxon) ; —
Agence industrielle et automobile, r.
Bou Skoura (Panhard et Levassor) ;
Auto- Accessoires, pl. de France ,
Gabriel Blat, r. Bou-Skoura, 1 ei
r. Ledru-Rollin; Excelsior (Charlet),
bd du 2«-Tirailleurs; Amie, bd de
la Liberté; (Rochet, Schneider,
Overland) ; Fleury, av. de la Gare ;
de V Horloge, derrière l'Alhambra;
des Taxi-autos marocains, route de
Médiouna; Goyon et C'", pl. de
France (Chenard et Walcker) ; Auto-
Office, 15, av. du Général-d'Amade
(Renault, Unie); Porge et C'«, r.
de Médiouna, 19 (Maxuel, Dodge).
Les frais de garage sont calculés
sur la base de 2 fr. par jour ou de
30 fr. par mois.
Librairies : — Franco-marocaine
(Farairre), r. du Commandant-Pro-
vost, 40 et 42; Arnoye, r. du , Com-
mandant ~ Provost, 47; Magasins
modernes, pl. de France; Avidis,
pl. de France, et r. du Général-
d'Amade, 23.
Papeteries : — 'Vigie marocaine,!.
du Commandant-Provost, 35; Gré-
bert, r. du Commandant-Provost;
Magasins modernes, pl. de France.
Journaux : — La Presse maro-
caine, quot. du matin, 10 c. ; La
Vigie marocaine, quot. du soir,
10 c. ; L'Information marocaine^
hebdomadaire. 30 c.
Photographie : — Galeries photo-
graphiques (M. Demeure), av. du
Général-d'Amade, 23; Photo-Flan-
drin, r. de la Liberté.
Tabacs et cigares : — on trouvera,
dans toute la ville, des bureaux de
vente s'anrionçant par une pancarte
bleue fixée à la devanture. Princi-
paux bureaux : Mme Berthaud, pl.
de l'Horloge (immeuble Alhambra);
Farairre. rue du Commandant-
Provost, 42 ; Delorme, av. du Géné-]
ral Drude, 207.
Cartes postales : — principaux
magasins de vente à proximité de
CASABLANCA. [1] — 65
la place de France et de la porte
de l'Horloge.
Articles orientaux : — Pohoomull,
Chellaram, Bulchand, Kemchand,
Chanraï, r. du Commandant-Pro-
vost, à proximité de la tour de
rHorloge{peu d'articles marocains).
Spectacles : — Scala, av. du Gé-
néral - Drude ; Eldorado - théâtre ,
r. du Général-Moinier ; Cirque
Nava, pl. Bar Er Rha; Grand
Cinéma, r. du Marché et pl. de
France ; Royal Cinéma Pathé, r. des
Ouled Harris, 123; Skating Palace
Cinéma, bd de la Gare ; Roi de la
Bière Cinéma, pl. de France.
Sociétés diverses : — Automobile
Club marocain, dont le cercle est
sis pl. de France, au-dessus de
l Alhambra ; Société de Géographie
du Maroc ; Office commercial (ren-
seignements économiques), r. du
Marabout.
Consulats : — France, r. du Con-
sulat-de-France et pl. de l'Univers,
de 9 à 12 et de 14 à 16 h.; Angle-
terre, rue du Consulat-d'Angleterre,
de 10 à 12 et de 14 à 16 h. ; Belgique,
de 10 h. 30 à 13 h. ; Danemark, av.
du Général-Drude, 41, de 10 à 12 et
de 14 à 16 h.; Espagne, r. du Con-
sulat-d'Espagne, de 9 à 13 h. ; Italie
r. du Général-Moinier, de 9 à 12 h.
Spécialités : — tapis à haute laine
et à points noués, grossièrement
faits, teints aux couleurs à Faniline,
généralement sans intérêt artis-
tique mais en voie de rénovation.
Histoire. — Des documents de l'âge préhistorique ont été trouvés en
assez grande abondance aux environs de Casablanca, notamment aux
abords de la source de Tit Mellil. — On ne sait pas encore si la fonda-
tion de la cité d'A?i/"a doit être attribuée aux Berbères, aux Phéniciens
ou aux Romains ; on n'a pas non plus de données précises sur l'impor-
tance qu'elle eut dans l'antiquité et aux premiers temps de l'époque
arabe. Les chroniqueurs musulmans signalent que le souverain mérinide
Abou YoQssef s'en empara en 658 de THégire (xiii« s.), mais qu'elle se
rendit indépendante lorsque s'affaiblit sa dynastie et forma une petite
république de pirates. "Elle devint alors florissante et échangea d'activés
relations commerciales avec Fès, l'Angleterre et le Portugal. Mais les
corsaires, se montrant trop audacieux sur les côtes européennes de
l'Atlantique, notamment à l'embouchure du Tage, attirèrent sur eux le
châtiment de Don Ferdinand, infant du Portugal, qui arma une flotte
de 50 navires et de 10,000 hommes, mit la ville d'Anfa à sac et l'aban-
donna après l'avoir démolie de fond en comble (1465). Les Portugais
réoccupèrent Anfa en 1515, la reconstruisirent en lui donnant le nom de
Casa Branca; mais les incursions incessamment renouvelées par les
tribus voisines et les dommages causés par un tremblement de terre
déterminèrent leur évacuation définitive vers le milieu du xviii* s.
La ville reprit quelque essor avec Sidi Mohammed Ben Abd Allah
(l'757-1790), qui la peupla de chleuhsdes Halia et de bouakher de Meknès
en la dotant d'une mosquée, d'une médersa, d'un établissement de bains
et d une batterie. Elle porta alors le nom de Dar El Beïda, la Maison
Blanche, d'où les Espagnols ont fait Casablanca.
En 1794, elle devint le chef-lieu de la résidence du gouverneur de la
province des Chaouïa, qui lutta un moment contre Moulay Slimane.
A la fin du xyiii^ s., des compagnies espagnoles obtinrent des sultans
le privilège du commerce du port, qu'elles conservèrent jusqu'en 1830,
époque à laquelle Moulay Abd Er Rahmane le rouvrit au commerce
européen. Les transactions portaient alors principalement sur les laines
en toison, l'huile d'olive et les amandes.
Sous Moulay El Hassane (fin du xix« s.) la ville acquit un réel déve-
loppement commercial et revêtit les proportions comprises dans
l'enceinte encore visible.
L'assassinat, le 30 juillet 1907, de neuf Européens aux travaux du port,
par une bande de Chaouïa fanatiques, attentat suivi de l'investissement
du consulat de France, détermina le débarquement^ le 5 août suivant,
de marins français du Galilée, commandés par l'enseigne de vaisseau
MAHOC.
66 - [1]
CASABLANCA.
Ballande, qui devaient protéger le consulat. Mais la ville, attaquée et
pillée par les tribus berbères du voisinage, ne fut dégagée que le 7 août
par le corps de débarquement de 3,000 hommes du général Drude. La
descente à terre se lit sur la plage de Sidi Belyout et le bivouac
s'établit sur l'emplacement actuel de la Subdivision et des Magasins
modernes. Casablanca devint alors le point de ravitaillement des troupes
du Maroc occidental et le centre des actions qui s'engagèrent dans
l'arrière-pays, notamment en Chaïoua dont la pacification fut obtenue
par le général d'Amade le 16 mars 1908.
Bibliographie : Casablanca et les Chaouïa {Villes et tribus du Maroc)^
par la Mission scientifique du Maroc, Paris, Leroux, 1915, 2 vol. in-8 ;
— Casablanca, La Chaouïa, Paris, Larose, 1918, 1 vol.
7. — Place de Trance ou place de l'Horloge,
C'est de la place de France, où stationnent voitures et autos, que par-
tiront les itinéraires qui suivent.
Située à la sortie de la ville indigène, au pied de la tour et
de la porte de VHorloge et le long- des remparts E., à l'entrée
du quartier européen le plus important, la place de France
a la forme d'un rectangle à peu près régulier de 200 m.
de long sur 40 m. de large, qui fut l'emplacement d'un marché
installé aux abords d'un cloaque pestilentiel jusqu'en 1913. C'est
autour d'elle que se sont groupés les organes vitaux de la cité
nouvelle, à savoir, en commençant par le N. : la Banque d'Etat
du Maroc, de style néo-marocain, inaugurée en 1915; VAlhambra,
brasserie-restaurant, à la terrasse de laquelle se donnent rendez-
vous voyageurs, commerçants et touristes, et qu'avoisinent : VAu-
tomobile Club du Maroc et la Banque algérienne; un bureau des télé^
graphes et téléphones; VLôtel Excelsior, immense bâtisse en ciment
armé, terminé en 1918; les bureaux des diverses sociétés de
transports automobiles ; les grandes brasseries du Roi de la
Bière et du café Glacier, le Crédit foncier d^ Algérie et de Tunisie;
le marché, très actif et bien approvisionné, et enfin, au S., fer-
mant la place, les Magasins modernes, édifiés en 1913.
Au S. de la place, s'ouvre Vavenue du Général-d' Amade, par laquelle
on gagne le quartier des bâtiments provisoires de l'administration mili-
taire : à g., bureaux de la subdivision, dans un jardin avec kiosque de
musique (concert jeudi et dim.), bureaux de la Place, etc. ; à dr., nouvel
hôtel des Postes (en construction), pos^e aux Armées, cercle militaire, etc.
Zï. — La ville indigène.
Trajet de 1 h. à parcourir de préférence à pied ; peut s'effectuer aussi en
voiture. Les constructions de l'ancienne Casablanca ont peu de carac-
tère. Quelques vieilles portes de maisons d'habitation, en pierre taillée
et sculptée, ont cependant quelque attrait.
De la place de France, on gagne, par la porte de l'Horloge,
la RUE DU Gommandant-Provost, artère principale de la Medina.
Une petite place en occupe l'entrée et un petit souk s'étend à dr.
Plus loin, elle est bordée de magasins indigènes et européens.
68 - [1]
CASABLANCA.
A dr. de la Salle des Dépêches de la Vigie marocaine se détache
la courte rue du Dar El Makhzen, dans laquelle se trouvent :
le Mont de Piété, Vancien Dar El Makhzen, où sont actuellement
réunis les services de la police locale, un établissement de
bains maures construits en 1910 par l'administration . des Habous
du Protectorat, la grande Mosquée construite dans la seconde
moitié du xtiii" s. sur l'ordre du sultan Sidi Mohammed Ben
Abd Allah; des boutiques d'adouls ou notaires musulmans;
une ancienne fontaine publique aménagée sous une arcade ; un
square créé en 1917 devant le tombeau de Sidi Bou Smara; les
consulats de France et d'Italie; la prison civile. Cette rue est
en communication avec le port par Bab El Kedim.
Revenant à la rue du Commandant-Provost, on rencontre le
bureau central des Postes et les sièges respectifs de la G'® Géné-
rale Transatlantique, de la Banque Commerciale et de la
Société Générale.
Plus loin s'ouvre la place du Commerce communiquant avec le
port par Bab El Marsa. L'artère se prolonge par la rue de Bel-
gique et la RUE DE LA Marine qui desservent le palais de la
Résidence générale, la mosquée Ould El Hamra dont une porte date
de 1204 (fin du xviii*" s.), la maison du Pacha, construction mau-
resque de style moderne et conduisant place Sidi El Kairouani où
se trouvent le sanctuaire du marabout du môme nom, un
marché et une fontaine publique moderne.
Le sanctuaire de Sidi El Kairouani, construit au commencement
du xix® s., est dédié à Sidi Allai El Kairouani, premier patron de la
cité. Ce saint personnage serait venu de Kairouan vers l'an 1350, lors
de la reprise d'Anfa par le sultan mérinide Abou El Hassane Ali, enterré
à Chella, près de Rabat.
La RUE SouR El Djedid (du rempart neuf), qui fait suite à la
rue de la Marine, aboutit au jardin public créé par les Français
en 1913.
On reviendra vers la place de France par la rue de Mazagan,
où s'élèvent la mosquée J^c/i Chleuh, la médersa ou école franco^
arabe, la poste anglaise et les télégraphes chérijîens, puis par la
rue du Gapitaine-Ihler, que bordent Djama Es Souk et de
nombreuses échoppes de marchands marocains. Le mellah ou
quartier juif s'ouvre à dr. de cette dernière artère; on pourra
le visiter totalement ou en partie en s'engageant dans les
rues latérales.
777. — Le tour des remparts et le port.
Itinéraire intéressant au point de vue indigène dans la première partie
du trajet, surtout dans l'après-midi. — 1 h. 30 à pied; 1 h. en voit.
Une enceinte bastionnée, construite eu pierre et de 8 à 10 m.
de haut, fait le tour de la ville indigène.
Elle est percée de huit portes, dont trois sur le front de mer : Bab
El Marsa, en face du port, Bab El Kedim, plus à TE., élevée en 1201 àir
CASABLANCA.
[1] - 69
l'Hégire (fin du xviii* s.) et Bab El Arsa, cette dernière ouverte en 1909
vers l'extrémité O. de la ville; deux sur le front E. : Bab El Djedid et
Bab Es Souk, appelée aussi porte de l'Horloge, double depuis 1908; deux
sur le front S. : Bab Marrakech, élargie au début de l'occupation, et Bab
El Afia, ouverte en 1911 ; une sur le front O. : Bab Es Sour El Djedid.
Au N.-O., une autre enceinte fortifiée, plus récente, dite Sour El
Djedid, entoure un terrain d'environ 400 m. de long sur 300 de large,
qui devait primitivement recevoir des installations européennes.
Par suite du développement considérable de Casablanca moderne,
on sera dans l'obligation d'abattre quelques pans de remparts du côté E.
et du côté S.
Prendre, au S.-O. de la place de France, le boulevard pu
2®-TmAiLLEURS. Au n** 43, à g., se tient, dans le fondouk Baschfco,
les lundis et vendredis matins, le « marché aux puces » ; il s'y
vend aussi, chaque jour, par l'intermédiaire de crieurs publics
indigènes, des bijoux et toutes sortes de produits marocains.
Plus loin, une porte, Bab Marrakech, s'ouvre dans les
remparts en face de la place de même nom, toujours très
animée. Là se réunissent, chaque jour, au milieu de cercles
populeux, des conteurs, des acrobates, des musiciens, des dan-
seurs qu'avoisinent des écrivains publics, des marchands de
gâteaux et de plantes aromatiques. Le côté S. de la place donne
accès à un souk où les indigènes s'approvisionnent en viande,
légumes, fruits, épices, étoiles, vêtements, tapis. Sur le côté 0.,
un fondouk ou remise reçoit, dans un curieux désordre, cha-
meaux, chevaux, ânes, mulets auprès desquels travaillent des
savetiers et quelquefois des tondeurs de tapis à points noués
de Casablanca. Enfin, au N.-O. de la place s'élèvent le minaret
et la mosquée El Hadj Boa Azza, du nom de son bienfaiteur, qui
l'a construite à ses frais en 1916. Les rues avoisinantes sont
peuplées de gens de to-us métiers et de toutes races dont l'en-
semble forme un mélange curieux et inattendu.
La rue Krantz mène au cimetière Israélite, 124, à dr., où s'accumu-
lent, par endroits, des quantités de tombes plates en pierre rougeâtre
couvertes d'inscriptions hébraïques et parfois teintes en bleu ou en
blanc; à l'angle N.-O., quelques tombes de saints juifs, fréquemment
visitées. Au delà, mosquée El Hadj Bou Chaïb, puis écoles de la Ferme-
Blanche, construites dans un style néo-marocain.
En suivant les remparts, on atteint bientôt Vhôpital civil,
puis Vhôpital militaire, qu'on laisse à g., on longe le jardin
public à dr., pour aboutir au boulevard front de mer et revenir
le long du port {V. ci-dessous). On aperçoit successivement, à
g, : l"* les chantiers de Ventreprise où se confectionnent des blocs
artificiels de 90, 45 et 23 tonnes, que mettent en place, sur la
grande jetée, deux titans de 110 tonnes; 2^* le terre-plein 0. et
la darse 0. ; 3'* le petit port intérieur où abordent les embar-
cations. A dr. se dresse la ligne des remparts interrompue par
un bastion montrant encore des traces du bombardement d'août
1907, puis par Bab El Marsa (p. 68) portant une plaque commé-
morative de la défense des consulats du 5 au 7 août 1907.
70 - [1]
CASABLANCA.
Sur le terre-plein E. s'élèvent les bâtimentede la Manutention
marocaine, de la Base de Bavitaillement des troupes du Maroc
occidental, et plus loin, la Douane, de style néo-marocain avec
son entrée sous auvent, son hall au décor de mosaïque, de
plâtre sculpté et de bois tourné et peints.
Le port de Casablanca était inexistant avant l'occupation française.
On y travaille depuis 1907, mais c'est depuis 1914 seulement que l'entre-
prise poursuit un programme bien défini, auquel 50 millions sont con-
sacrés.
Le grand port comprendra : 1° une grande jetée de couverture de
1,900 m. en prolongement de celle déjà amorcée en 1908 à Sour El Djedid,
d'abord perpendiculaire, puis parallèle à la côte. Elle est aujourd'hui
réalisée sur les deux tiers de sa longueur, les travaux actuels se poursui-
vant sur des fonds de 10 m.; — 2" une jetée transversale de 1,400 m.
qui rejoindra la première, à 300 m. de son extrémité, après une solution
de continuité de 250 m. réservée pour la passe principale; elle est
aujourd'hui exécutée sur 200 m. de long ; le mouillage ainsi délimité
aura une superficie de 140 hect., où les grands navires de tout tonnage
pourront ancrer en toute sécurité; — 3** à l'intérieur, un petit port
enserré par deux jetées de moindres dimensions et comportant, d'un
côté, une darse actuellement terminée, destinée à abriter les petites
embarcations, de l'autre, un mouillage accessible aux navires de petite
calaison ; — 4° un pourtour de quais et de terre-pleins munis de l'outillage
moderne. Le grand terre-plein de l'O. est en construction.
Le port de Casablanca paraît appelé à un grand avenir. Son com-
merce total fut, en 1915, de 75 millions se répartissant sur un mouvement
de 160,000 tonnes et passa, en 1916, à 106 millions sur 200,000 tonnes
et, en 1917, à 144 millions sur 230,000 tonnes.
De la Douane, on peut rentrer dans la ville indigène par
Bab El Kedim et la rue du Dar El Makhzen (p. 68), mais il sera
préférable d'achever de faire le tour des remparts en continuant
vers l'E. pour prendre le boulevard du 4'-Zouaves qui laisse à
g. le sanctuaire de Sidi Belyout, à l'angle de la route de Rabat.
Sidi Belyout est devenu le patron de Casablanca depuis le dernier
siècle seulement, remplaçant ainsi Sidi El Kairouani (p. 68). La koubba
actuelle a été construite vers 1881. La légende rapporte que Sidi
Belyout avait un pouvoir de fascination sur les animaux sauvages, qu'il
se promenait en compagnie de lions, et qu'il avait le don d'ubiquité.
L'eau qui tombe dans sa koubba aurait, disent les fidèles, la propriété
merveilleuse de faire fatalement revenir à Casablanca ceux qui en
ont bu.
Au delà de Sidi Belyout s'élève, à dr., Bab Er Rha, édifiée
vers 1902, mais reportée à quelques mètres en retrait en 1917^
On atteint ainsi la place de France.
JK. — Le boulevard Front de mer.
Les J^oches T^oires,
Route 4 k. E. Tramways à chev. (peu recommandables) toutes les
30 min. ; dép. place de France; 0 fr. 20 la pl. — 1 h. en voit, de place
aller et ret.
On sort de la place de France par le boulevard du 4«-Zouaves o
Se 3 1 e of Ya rd s
CASABLANCA.
[1] - 71
pour laisser, à g., le marabout de Sidi Belyout (p. 70) et aller
vers TE. en longeant la plage.
0 k. 6. Cimetière de Sidi Belyout, emplacement sur lequel
débarquèrent en 1907 les troupes françaises conduites par le
général Drude. — 0 k. 8. Cimetière où furent enterrés les sol-
dats français tués aux premiers jours de l'occupation. — 0 k. 9.
Marabout de Sidi Tahar et abattoirs. La route suit parallèlement
le riva^-e. — 1 k. 5. A dr., gare des chemins de fer militaires.
2 k. 6. Casino (café-rest.), au milieu de la plage.
4 k. Les Roches Noires, quartier créé en 1913 par MM. Lendra
et Dor. Au delà, fabrique de chaux et ciments Andrieux.
Y. — Le four de ville.
Route 10 k., 1 h. 30 en voit, parmi les quartiers extérieurs européens
en voie d'aménagement.
Utiliser l'itinéraire précédent jusqu'en deçà de la gare du ch.
de fer militaire, puis tourner franchement à dr., pour prendre
le BOULEVARD CIRCULAIRE. Cette artère coupe successivement
toutes les voies qui partent en éventail de la place do France :
la route de Boulhaut, à la naissance de laquelle le ch. de fer suit
le boulevard circulaire sur environ 1 k. ; la route de Mediouna,
qui passe à proximité du lotissement de la Gironde, du palais du
Sultan et du fort Provost; Vavenue Mers-Sultan, après le fort
Ihler; la nouvelle route de Mazagan; Vavenue du Général-Moinier^
le boulevard d'Anfa. On aboutit au quartier d'Aïn Bouzia, d'où l'on
peut revenir à la place de France par la ville indigène (itiné-
raire II, p. 68) ou par le port (fin de l'itinéraire III, p. 70).
ENVIRONS DE CASABLANCA
Les environs immédiats de Casablanca sont à peu près dépourvus
d'intérêt pittoresque. En dehors de la ville, c'est la plaine de Chaouïa
qui s'ouvre de toutes parts, à peine accidentée et monotone. Les deux
promenades suivantes, qui peuvent n'en faire qu'une, sont cependant très
recommandées : elles éclairent le voyageur sur la constitution de la
côte atlantique alternativement rocheuse et sableuse, toujours basse et
sans cesse battue par les liots.
1° El Hank et Anfa supérieur (route 5 k. 0., 2 h. à pied
aller et ret. ; 1 h. 30 en voit, de place). Le trajet peut s'effectuer :
1** soit en utilisant la fin de l'itin. III en sens inverse jusqu'au
jardin public; 2'' soit en suivant l'itin. III jusqu'au jardin
public; 3° soit en suivant le même itinéraire jusqu'à Bab
Marrakech pour regagner la route d'EI Hank par le boulevard
circulaire au delà de la Ferme-Blanche.
1 k. Jardin public. La route s'engage entre l'hôpital militaire
à dr., l'hôpital civil et le parc d'artillerie à g., laisse à dr. la
T. S. F. et traverse le quartier d'Ain Bouzia.
2 k. 8. Cimetière européen.
72 — [2]
LA CHAOUÏA.
4 k. Phare d'El Hank, sur la presqu'île rocheuse du môme
nom.
L'ouvrage est constitué par une tour de maçonnerie de 43 m. de
hauteur au-dessus du sol arasé à la cote de 19 m., ce qui porte à 62 m.
au-dessus du niveau de la mer le feu tournant du phare dont la portée
est de 60 k.
Sur le promontoire est installé le lazaret. ^;
5 k. Anfa (café-rest.) sur un tertre occupé par une maison de ■
convalescence pour les officiers du Maroc. L'établissement est
entouré de jardins anglais créés au début de l'occupation fran- v
çaise. De ce point, on jouit d'une vue étendue sur la côte, la
ville de Casablanca et la Ghaouïa.
Le retour peut s'effectuer directement par le boulevard d'Anfa.
2^ Sidi Abd Er Rahmane (route 13 k. 0., 4 h. aller et ret.
en voit. Cette promenade peut prolonger la précédente).
Après Anfa, le chemin, en bon état, se poursuit le long de la
côte. A une ligne de récifs succède une longue et belle plage
de sable fin dont la vue est masquée par une série de dunes
parallèles à la mer.
13 k. Sidi Abd Er Rahmane, sanctuaire juché sur un récif
noirâtre accessible à pied seulement et à marée basse. Le
rocher, constamment battu par la vague, est considéré comme
sacré. Des chiffons, des touffes de cheveux et ex-voto divers sont
passés et noués dans les trous de la pierre spongieuse. Quelques
tombes entourent le sanctuaire : elles recouvrent la dépouille
de pèlerins morts au cours de leur visite pieuse.
Au -delà de Sidi Abd Er Rahmane, le chemin décrit une
courbe à l'intérieur des terres pour passer à proximité d'une
ancienne kasba en ruines et rejoindre la route de Mazagan,
qui ramène à Casablanca.
De Casablanca a Marrakech, p. 84; — a Mazagan, p. 105; — a
Kasba Tadla, p. 140; — a Rabat, p. 149; — a Tanger, p. 298.
2. — LA CHAOUIA
Aperçu général. — Le terme Chaouïa ne désignait pas primitivemciu
un territoire; il s'appliquait à un groupement de tribus occupant la
région anciennement appelée Tamosna, d'une superlicie d'environ 12,000 k,
carrés; elle est comprise dans un quadrilatère dont les sommets étaient
approximativement : au N., l'embouchure de l'oued Bou Znika; à l'O.,
l'embouchure de l'oued Oum Er Rebia; au S., Mechra Ben Abbou ; à
l'E., le marabout de Sidi Madani.
Ce pays constitue la meseta marocaine, dont un « substratum de ter-
rains primaires très plissés et rcleVés supporte des couches horizon-
tales appartenant à diverses époques récentes. Ces dépôts horizontaux,
usés par Teau et par le vent, laissent apparaître, en certains endroits,
les roches anciennes sous-jacentes » (Weisgerber).
Battue par les grandes vagues de l'Atlantique, la côte est assez
La chaouïa.
[2] - 73
inhospitalière. Les baies de Casablanca et de Fedala sont les deux seuls
points accessibles quand le vent régnant n'amène pas trop de houle.
Le pays comprend plusieurs zones successives de plaines et de pla-
teaux s'étageant jusqu'aux derniers contreforts de l'Atlas : — le Sahel^
qui longe l'Atlantique sur une largeur moyenne de 20 k. et où se trouvent
beaucoup de terres rmeZ, sableuses, mais riches en phosphate de chaux;
— VOuta, plaine littorale parallèle à la précédente, de 30 k. env. de
large, où se localisent les tirs, terrains argileux d'une grande fertilité
renfermant de l'azote et de la potasse en abondance, analogues aux
terres noires de Russie, et les haviri, terres sablonneuses rougies par la
présence d'un oxyde de fer, riches en chaux et en phosphore; — le
plateau moyen, élevé de 300 à 600 m. au-dessus du niveau de la mer,
s'étendant entre l'Oum Er Rebia et l'arrière pays; — l'A^ow, haut pla-
teau plus accentué que le précédent, avec des sommets de 8 à 900 m.
Les cours d'eau descendant vers l'Océan sont nombreux. Ce sont,
du N. au S. : Toued Ykem et l'oued Cherrat aux embouchures lagu-
naires, l'oued Bou Znika et l'oued Mansouria, qui ravinent la côte ;
l'oued Nefifikh et l'oued Malah sont les plus importants ; l'oued Bou
Skoura et l'oued Merzag roulent un plus faible volume d'eau.
Par les années exemptes de sécheresse, la région donne de gros
rendements. De grandes fermes ont déjà été créées par les Européens
pour la culture des céréales ; des associations agricoles pour l'élevage
et la culture se sont en outre formées. Aussi le trafic des marchés très
nombreux de la Chaouïa est-il extrêmement important. Il le deviendra
davantage encore lorsque la totalité du territoire, 1,244,600 hect., sera
mise en valeur.
Histoire. — Le pays de Tamesna, autrefois habité par les Berghouata,
avait Fedala comme port et Anfa comme capitale. Sa population, belli-
queuse, s'étant attaquée à Youssef Ben Tachfine, fut dispersée ou
détruite. La région resta pendant près de deux siècles presque inhabitée.
Yakoub El Mansour y installa quelques tribus arabes de Tunis qui la
possédèrent pendant la période almohade. Les Mérinides chassèrent ces
tribus pour établir à leur place des Zenata et des Haouara, tribus de
Fasteurs désignées sous le nom générique de Chaouïa et nomadisant à
arabe. La province de Tamesna, placée comme un Etat tampon entre
le royaume de Fès où s'éteignait la dynastie des Beni Merine, le
royaume de Marrakech, dont les chérifs saadiens venaient de s'emparer,
et les possessions portugaises, fut pendant le commencement du xvi® s.
en guerre continuelle. Malgré leur amour de l'indépendance, les Chaouïa
n'échappaient à un joug que pour retomber sous un autre (d'après de
Castries).
La conquête de la Chaouïa, esquissée par le général Drude le jan-
vier 1908, fut entreprise par le général d'Amade qui prit successivement
possession de Fedaià et de Bou Znika, de Boucheron, Settat, Ben Ahmed
et Sidi Ben Sliraane. Le pays était complètement pacifié le 30 juin 1908.
Itinéraires dans la région. — D un relief peu accentué, la Chaouïa
manque de pittoresque. Toutefois, la grande étendue des plaines, la
beauté des ciels immenses, le mystère des solennels silences ont un
charme puissant qu'on n'oubliera guère. Quant aux voyageurs s'intéres-
sant aux questions agricoles, ils peuvent être assurés d'y faire d'ins-
tructifs déplacements.
De Casablanca, on rayonne facilement dans toutes les directions, soit
par d'excellentes routes, soit, en bonne saison, par de très bonnes
pistes. Fedala, Boulhaut, Boucheron. Ben Ahmed, Ber Rechid, Settat,
Mechra Ben Abbou^ Bou Laouane, Sidi Ali, distants de Casablanca de
30 à 120 k., sont les points extrêmes des itinéraires qui suivent. —
L'automobile est le seul moyen de transport pratique et permet de
74 - [2]
LA CHAOUIA.
rentrer chaque jour à Casablanca. Le chemin de fer militaire dessert
Fedâla et Bou Znika, Ber Rechid, Ben Ahmed et Bou Laouane.
i*" De Casablanca à Fedala.
A. — Par le chemin de fer.
•23 k.; réseau militaire ; trajet en 1 h.; 6 fr. 90 et 3 fr. 45.
Peu après la sortie de la gare, la ligne de ch. de fer traverse
la route de Rabat et s'engage parallèlement à la côte dans
une plaine parsemée de fermes.
10 k. 2. Zenattas, station. Monotone et sans arbres, la plaine
de la Ghaouïa s'étend à dr.
23 k. Fedala, gare près d'une ancienne kasba (hôt. Martinez,
bonne cuisine bourgeoise) au milieu de terrains bien cultivés
du territoire des Zenattas et à 1,800 m. du village et du port.
Histoire. — Aux xiv^ et xv« s., les marchands chrétiens de la Médi-
terranée, génois et vénitiens, visitaient le port de Fedala, où ils ache-
taient du blé, de l'orge et des fruits secs. Il fut occupé par les Européens
aux xv*' et xvi« s. Au xvii«, il arma un moment pour la course. En IITS,
Sidi Mohammed Ben Abd Allah y fit édifier une mosquée et de vastes
magasins pour les marchands chrétiens; mais l'activité commerciale de
Fedala fut de courte durée et tomba bientôt en déchéance.
Pour maintenir ses relations entre Rabat et Casablanca, le général
d'Amade y plaça une garnison en 1908, date du début de l'occupation
française.
La kasba, d'une superficie de 4 à 5 hect., abrite une agglo-
mération indigène de 600 hab. groupés autour d'une mosquée.
Elle renferme également un vieux château portugais, ancien palais
de gouverneurs sans doute, orné d'une belle corniche et de
balcons. Une grande porte, flanquée de piliers à chapiteaux,
apparaît au milieu de la façade; elle est surmontée d'un décor
où figurent une fleur de lis et de petits vases. A g., de vastes
constructions semblent avoir servi de magasins et de greniers.
Le village européen, construit sur l'Atlantique, au fond de la
baie de Fedala et à l'embouchure de l'oued Malah, est peuplé
de 325 Européens.
Concédé à une compagnie privée et sans subvention, le port est destiné
à devenir une annexe du plus grand port de Casablanca. Il est protégé
du large par deux îlots rocheux de 10 et 15 m. d'altitude que relient
deux digues s'opposant aux vents régnants des directions S.-O. et N.-O.
Une grande jetée, aujourd'hui longue de 150 m., s'enracine sur l'îlot N.; î:
elle atteindra 435 m. après l'achèvement des travaux. Un épi en enro-
chements, de 395 m., protège un bassin servant d'abri pour barcasses.
Les terre-pleins ont actuellement 3 hect. de superficie; les matériaux |
qui servent à les établir proviennent de dragages faits à l'intérieur du j
port. Le port est encore doté d'un appontement avec installation spéciale |
pour le chargement des céréales, et d'un warf de 80 m. avec grues à j
vapeur. Un système de voie ferrée relie enfin ces ouvrages au chemin }
de fer de Casablanca-Rabat. j
Le port de Fedala est l'un des abris les plus sûrs de la côte atlantique, j
Son mouvement commercial a atteint un demi-million en 1916 se répar-j
tissant sur près de 3,000 tonnes. A l'heure présente, il a surtout une )
PEDALA. — BOULHAUT. [2] — 75
grande valeur comme port de pêche, les côtes avoisinantes étant très
poissonneuses. La Société d'armements et de pêcheries maritimes a
procédé à l'installation nécessaire aux travaux et manipulations qu'exige
le séchage du poisson.
Au N. du village européen se développe une belle plage, que
sa proximité de Casablanca désigne sans doute comme devant
devenir une station d'estivage assez fréquentée.
Par les deux vallées parallèles de l'oued Nefifikh et de l'oued
Malah, Fedala commande enfin un intéressant arrière-pays
agricole et minier.
A 10 k. S.-E. Cascades duMizah, sur l'oued El Hassar, situées dans une
région boisée, très pittoresque. On y accède par un chemin carrossable.
De Fedala a Boulhaut (33 k. S.-E.). — Gagner la route de Rabat à
Casablanca jusqu'au k. 33 et pour le reste du parcours, V. ci-dessous, 2°.
B. — Par la piste.
25 k. Route autocyclable, empierrée sur 4 k. jusqu'aux Roches Noires,
puis piste sablonneuse sur le reste du parcours.
La piste suit de près la voie du* chemin de fer. — 6 k.
Marabout de Sidi Abd El Hadj. — 17 k. Sidi Ahmed Bon Lanouar,
marabout et fermes au milieu de cultures. — 22 k. Pont de
pierres sur Poued Malah. — 25 k. Fedala {V. ci-dessus, A),
2" De Casablanca à Boulhaut.
A, — Par la route de Rabat.
63 k. dont 33 sur route principale n" 1 de Casablanca à Rabat, et
30 k. sur route secondaire n" 101 à profil plat jusqu'à Boulhaut.
De Casablanca au k. 33 de la route de Rabat (p. 150). La piste
traverse successivement les territoires des tribus Zenattas, Arab
et Ziaidia.
43 k. Ferme Cotte. — 46 k. Ferme Bennet, ancienne pro-
priété Mannessmann, entourée de murs. — 49 k. Porcherie de
la forêt des Ouled Taleb. — 50 k. Dar Kdid Ahmed et Aïn Soliane.
63 k. Boulhaut (hùt. modeste), ch.-l. d'un contrôle civil
d'une superficie de 100,000 hect., au centre d'une rég-ion très
riche en orge et en maïs, sur la colline de Sidi Ben Slimane,
à 300 m. d'alt. Les bâtiments administratifs se cachent dans
les rochers de Sokhrat Iza. L'importante forêt de chênes-liège
des Zaër est toute proche.
Aux environs de Boulhaut, on a relevé la présence d'un bon
minerai de fer, en filons de 1 à 2 m. d'épaisseur courant du N. au S.
B, — Par Sidi Hadjaj.
53 k. dont 20 sur route empierrée et le reste sur bonne piste;
route en construction.
10 k. A 2 k. à dr. source de Tit Mellil, captée pour l'alimen-
tation en eau de la ville de Casablanca. Des silex de la période
néolithique ont été trouvés aux abords.
76 — [2] LA CHAOUIA,
20 k. Sidi Hadjaj, sur l'oued El Hassane, affluent de l'oued
Malah, qu'on traverse G k. plus loin.
32 k. Souk El Djema, marché du vendredi.
42 k. Ferme Privât, et, un peu plus loin, traversée de l'oued
Nefifikh.
53 k. Boulhaut (F. ci-dessus, .4).
DE BOULHAUT A MARCHAND (58 k. ; piste muletière en terrain acci-
denté et parfois difficile, longeant sur les 30 premiers k. la forêt de
chêne-liège des Zaër). — 12 k. Aïn Kseub, source abondante. — 15 k.
Mechra Kerassi, ancienne redoute dans la tribu des Beni Oura (à
3 k. S., ferme Bessibsa). — 17 k. Gué de l'oued Chorrat. — 22 k. Aïn
El Haouimed, dans la forêt, 3 k. N. de la piste. — 28 k. Sidi Bettach,
cimetière indigène. — 32 k. La piste traverse la route makhzen de
Rabat à Marrakech. — 40 k. Traversée difficile de l'oued Korifla. —
42 k. Fort Méaux, petit ouvrage défensif sur le territoire de Khalifa,
du nom du lieutenant Méaux, assassiné par les Zaër en janvier 1910.
A 8 k. se trouve l'importante Kasba Merchouche. — 50 k. Cimetière
Abd El Kader Bou Ktab. — 58 k. Alarchand (p. 162).
De Boulhaut a Médiouna, p. 78; — a Boucheron, F. ci-dessous.
S*" De Casablanca à Boucheron.
Autocyclisme : 54 k. S.-E. — Route secondaire n° 102; serv. irrégulier
d'autos 80 fr. (s'informer place de France)'. De Casablanca, la location
d'une auto aller et ret. coûterait 125 fr.
19 k. de Casablanca à Médiouna (F. ci-après, 4°). — La
piste se déroule ensuite à profil plat sur un sol de tirs cultivé,
praticable seulement en bonne saison. — 28 k. Dar Sidi Allai, à
1 k. à dr. — 31 k. Marabout de Sidi Abd Es Salam,
41 k. Dar Miloudi, bordj de 50 m. de coté, propriété du cheikh
Miloudi ben Thami, de la tribu des Mdakra, dans une belle
région agricole. Marché le dimanche. — 42 k. Bifurcation avec
poteau indicateur. — 43 k. Douar à dr. de la piste. — 44 k.
Dar Moulay Tala, deux bordj s.
46 k. Dar Abd El Kader Ben Fardjia, caïd des Ouled Sebbah
et Ouled Ali, comprenant un groupe important de construc-
tions qu'entourent de nombreux douars et figueraies. — 47 k. 5.
Dar El Hadj Bel Hadj, auprès de jardins et de vergers. —48 k. 3.
Piste à dr. conduisant à Ben Ahmed (p. 141).
54 k. Boucheron, ch.-l. d'un contrôle civil de 100,000 hect.
et de 35,000 indigènes, situé sur l'oued Bou Aceila, au fond
d'une plaine de tirs, à 360 m. d'alt. Le camp et les maisons
européennes se trouvent sur la rive g. du cours d'eau, tandis que
sur la rive dr., au sommet d'une gara ou piton circulaire, s'élèvent
les bâtiments administratifs et une caserne de soldats du Tabor.
DE BOUCHERON A BOULHAUT. — 1« Par Souk Et Tnink des Ouled Ali
(43, k. N. ; bonne piste) : 6 k. Kasba Maggous, grandes enceintes avec
douar à l'intérieur; 9 k. 8. Aïn Mkoun des Sidi Hafid; 10 k. Mkoun,
nombreux douars au sommet du mamelon ; 16 k. Gué de l'oued Mellah
et Souk Et Tnihe des Oulod Ali, marché le lundi à proximité de l'oued
Mollah; n k. 2. Kasba Sidi Bou Azza; 24 k. Dar Mohammed Ben
BOUCHERON.
[2] ~ 77
Khammes; 32 k. Gué de l'oued Nefifikh; 32 k. 5. Palmiers Mgerga; 33 k.
Montée très dure, sur 2 k. jusqu'au plateau; 43 k. Boulhaut (p. 75). —
2° Par Gûrgens (45 k. N. ; piste) :6 k. Kasba Maggous; 10 k. Oued
Daïa, généralement à sec; 13 k. 5. Descente sur loued Mellah, qu'on
traverse plus loin sur un pont; 18 k. Gnrgens, fort abandonné et maison
forestière; marchés avoisinants le lundi et le jeudi; 26 k. Ain Fendrel;
28 k. Sidi Begragui; 29 k. 5. Descente dans la vallée de l'oacd Dir dont
on suit la rive g. ; 33 k. Passage à gué de l'oued Nefifikh ; 38 k. Sidi
Moumene; 39 k. Aïn El Kerma : 41 k. 5. La piste rejoint celle de Casa-
blanca à Boulhaut par Sidi Hadjaj ; 45 k. Boulhaut (p. 75).
DE BOUCHERON A CHRISTIAN (83 k. E. ; piste muletière). — La piste passe
entre le fort Rhumeau et le fort de Gara. — 11 k. Gué de l'oued Bou
Zemrane. Cet oued sert de démarcation entre une région fertile et peu
accidentée et une région presque dépourvue de cultures, relativement
peu boisée et peu habitée. — 13 k. Monument commémoratif des morts au
combat du 11 mai 1908. — 14 k. Marabout de Sidi Kamel. — 15 k. Tra-
versée de l'oued Ateuch, généralement à sec — 20 k. Berfiirit, redoute
naturelle formée par des rochers couronnant un mamelon. Nœud orogra-
phique et hydrographique dominant toute la région où viennent
hiverner de nombreux troupeaux de moutons des Mdakra.
La piste suit bientôt la vallée encaissée de l'oued Dalia qu'on traverse
plusieurs fois à gué. Les terrains à pentes douces et les fonds de vallées
sont cultivés en céréales par les Zaër. Les sommets et les pentes sont
peuplés de chênes-liège, de thuyas et d'oliviers sauvages. — 41 k.
Herhirat, près du marabout de Sidi Douimi. Le pays est accidenté, peu
habité et boisé. Gués de l'oued Keskes (47 k.) et dé l'oued Drader (51 k.),
très encaissés. — 58 k. Sidi Mokhfi., dominant le plateau de Rouached,
et où se tient un marché le mardi. — La piste, à profil accidenté, en
terrain caillouteux et sablonneux, traverse plusieurs oueds. — 83 k.
Christian (p. 162).
De Boucheron a Ben Ahmed, p. 141 ; — a Sidi El Aïdi, p. 141.
4*" De Casablanca à Ber Reehid, Settat et
Meehra Ben Abbou.
Autocyclisme : 117 k. — Bonne route principale n^ 7 à profil largement
ondulé: 2 serv. automobiles réguliers quotidiens jusqu'à Ber Rechid
en 1 h. (12 fr.) et Settat en 2 h. (15 fr.).
€hemin de fer militaire : 44 k. jusqu'à Ber Rechid, en 1 h. 30 par
l'automotrice, en 3 h. par les trains ordinaires; 13 fr. 20, 6 fr. 60.
Cet itinéraire se confond avec celui de Casablanca-Marrakech (p. 84,
dont il est la première partie, la moitié environ.
Sortie de Casablanca par la rue du Général-Drude et la route
de Médiouna, puis traversée du marché arabe et de la ligne du
ch. de fer militaire.
2 k. Palais du Sultan, à 200 m. et à dr. de la route.
2 k. 5. A g., pépinière de la société d'horticulture. La route
est bordée,^ sur plusieurs k., par de nombreux fondouks.
4 k. 3. Grande daïa, à g. Le terrain est à sous-sol rocheux
et très apparent. — 8 k. Bifurcation d'une piste s'écartant à dr.
et conduisant à la hauteur de Merchich, ancien poste optique
visible de très loin.
H k. 5. Dar Sidi Bou Chaïb,
78 ~ [2]
LA CHAOUÏA,
13 k. Maison cantonnière d'Aïn Hallouf. Au sommet d'une
ondulation on découvre l'immense plaine de la Ghaouia.
18 k. 8. A dr., monument du spahi Djelloul, tué au combat du
janvier 1908. Poste de T. S. F.
19 k. Médiouna (auberges), petit village de maisons euro-
péennes et de baraques indigènes auprès d'un douar. La colo-
nisation est exercée par 50 Européens s'occupant d'élevage et
de quelques cultures maraîchères. Marché le jeudi à l'E. de la
kasba.
La kasba, construite au xviii® s. par le caïd de la tribu des
Médiouna, fut mise au pillage, en 1797, par les troupes de
Moulay Slimane qui y trouvèrent un important butin. Seule,
l'enceinte crénelée ainsi qu'une muraille, qui la partage inté-
rieurement en deux parties égales, subsistent. Une grande
porte sur la face E. permet de pénétrer à l'intérieur où se
trouve l'habitation du caïd.
Un marabout, dédié à Sidi Ahmed Ben Lahsene, avoisine la
kasba. Dans son jardin est installée l'infirmerie indigène.
De Médiouna a Boulhaut (47 k. N.-E.), piste autocyclable par (14 k.)
Sidi Hadjaj et la route de ce dernier point à Boulhaut (p. 76).
De Médiouna a Boucheron, p. 76.
La route s'incline directement au S., traversant un pays
fertile, découvert et sans arbres, grand producteur de céréales.
La vue s'étend au loin.
22 k. Limite entre les Médiouna et Ouled Ziane. — 26 k. 5.
Belle ferme française à 2 k. sur la dr. — 29 k. 5. Douars à
proximité de jardins, de figueraies et de puits. — 30 k. La
route passe du territoire des Ouled Ziane dans celui des Ouled
Hariz. — 34 k. Groupe d'habitations, de tentes et de jardins. —
40 k. Marabout à la jonction de la piste venant de Casablanca
par Bou Skoura, puis passage à niveau de la voie ferrée.
41 k. Ber Rechid (buiïet à la gare, 12 ch. de 3 fr. 50 à 5 fr.;
rep. 4 fr. 50; plusieurs hôt. modestes), ch.-l. d'un contrôle civil
de 120,000 hect. situé sur le territoire des Ouled Hariz, à 233 m.
d'alt., au milieu d'une importante région céréalifère. Ce centre
doit son nom à la famille des Ber Rechid, qui a fourni pendant
tout le xix'^ s. des caïds héréditaires. 11 compte aujourd'hui
200 Européens, exploitant des terres distribuées par un lotisse-
ment communal fait en février 1912; il possède un jardin d'essai.
Sa kasba datait, ainsi que la mosquée et les autres construc-
tions intérieures, du siècle dernier. Elle fut détruite en partie
pendant les troubles qui précédèrent l'arrivée des Français, le
13 janvier 1908. Depuis, elle a été relevée et aménagée pour
recevoir des troupes.
Un grand moussem se tient tous les ans, au moment de VXi^
El Kebir, à l'O. de la route. C'est le moussem de Sidi AmeuJ
Ben Lahsene, dont on voit le marabout à côté de deux autres, Ê
l'E. de la gare.
De Ber Rechid a Ben Ahmed, p. Ml ; — a Bou Laouane, p. 83.
BER RECHID, — SETTAT, [2] — 79
DE BER RECHID A BOUCHERON (34 k. E.; bonne piste à profil plat sur
tirs dans une région très peuplée). — 3 k. 6. Bar Kaddour Bon Mekki, à
g. — 6 k. 3. Fokra Noualine, importante agglomération. — 17 k. 5. Oued
Aïada, généralement à sec. — 11 k. 8. Propriété Wentgen. — 14 k. 5.
Aasba Bon Azza. — 21 k. Dar Miloudi (p. 76). — 34 k. Boucheron (p. 76).
DE BER RECHID A SIDI MOHAMMED EL KEBIR (13 k. N.-O. ; bonne route
empierrée). 3 k. 2. Dar Ould Abid, à g. — 7 k. 1. Zaouïa Ben Driss, à
dr. — 13 k. Sidi Mohammed El Kebir, auprès du Dar Ben Taïbi.
DE BER RECHID A SIDI ALI (72 k. O. ; bonne piste). — 4 k. 2. Dar El Hadj
Hammou, à dr. — 9 k. 3. Ferme arabe et petit douar. — 13 k. 4. Koubba
de Sidi El Hattab, au pied d'une éminence; la piste longe une série de
daïas. — 19 k. 2. Dar El Hadj Maizi. — 27 k. Zaouïa de Sidi Kassem
Zemlal, après laquelle, la piste quitte le territoire du Mzamza pour
entrer sur celui des Chiadma. — 35 k. Btr Khereïs, puits. — 44 k. 5. Sidi
Mohammed El Abiod, SiU^rès de puits. — 51 k. 7. Puits et jardins de Sidi
Abd Er Bahmane. — 53 k. Sidi Saïd Bou Othjiiane, auprès de jardins
et de figuiers. — 54 k. 9. La piste passe entre Sidi Bou Bouïne à dr. et
Dar Saïd Ben Bekia, à g. — 57 k. 3. Dar Sidi Mohammed ben Maati,
caïd des Chtouka. — 62 k. Koubba de Sidi Mansour. — 70k. On rejoint
la route de Casablanca à Mazagan. — 72 k. Sidi Ali (p. 106).
On peut se rendre à Sidi Ali par (13 k.) Sidi Mohammed El Kebir (F.
ci-dessus) puis (32 k.) Sidi Makhlouf d'où Ton regagne (38 k.) la maison
cantonnière du k. 50 de la route de Casablanca à Mazagan (p. 105).
Au sortir de Ber Rechid, la route traverse une région de
nombreuses exploitations agricoles. Les Européens sont installés
dans des fermes tandis que les indigènes sont groupés par
douars de noualas entourés de murs ou de haies artificielles.
Des puits, profonds de 16 à 50 m., alimentent la population en
eau. — 56 k. 7. Maison cantonnière et jonction, à g., de la piste de
Boucheron à Settat.
71 k. Settat (hôt. modestes: de France, Pl. a Al, gar., abri; de
la Paix, P1.6B2; Moderne, Pl.cB2), ch.-l. du contrôle civil de
Chaouïa S., de 200,000 hect. de superficie, situé à 370 m. d'alt.
sur le territoire des Mzamza, dans une vallée au confluent de
trois ruisseaux : Ain Beida, Ain Nezagh et Ain Ali Moumene
qui, avec la source de Settat, forment l'oued Bou Moussa. Ce
dernier arrose 60 hect. de jardins et de cultures maraîchères,
situés au N. de la ville à laquelle ils donnent l'aspect d'une oasis.
La population, de près de 4,000 hab., comprend 200 européens
et 625 israélites.
Histoire. — Les caravanes s'arrêtaient autrefois aux sources qui
alimentent la ville actuelle en payant un tribut pour leur stationnement.
Seize voyageurs insuffisamment escortés se refusèrent un jour, dit la
légende, à acquitter ce droit. Ils furent décapités et leurs seize tètes
[settachen ras) restèrent longtemps exposées auprès des sources; d'où,
dit-on, l'origine du terme Settat.
La fondation de la ville arabe ne remonte qu'à Moulay Ismaïl qui
construisit la kasba destinée à abriter le harem du Sultan pendant
ses voyages de Fès à Marrakech. Sous Moulay Slimane, Settat com-
mença à devenir une agglomération de quelque importance (fin du
XTiii« s.). L'enceinte date de cette époque. Le mellah est du xix® s. —
Settat fut occupé en janvier 1908 par le général d'Amade.
Le centre de la ville est marqué par la place de France, où
80 - [2]
LA CHAOUÏA.
s'élève une colonne commémorative d'un combat du 8 avril 1908.
La source de Settat sort de terre, à quelques pas de là.
La kasba et les jardins sont au N.-O. de la place, le jardin
public au S., les services administratifs (service des renseigne-
ments, école, poste et télégraphe, casernes) au S.-O. et le souk
à rO. Les nombreuses agglomérations de noualas indigènes
sont dispersées sur la • périphérie.
Settat est le centre d'une région agricole très importante et
le siège d'un marché hebdomadaire (samedi et dimanche) où
se font des transactions considérables portant sur les produits
agricoles et l'élevage.
DE SETTAT A OULED SAID (19 k. O.) ET BOU LAOUANE (44 k. S.-O. ; route
secondaire n° 105 à profil peu accidenté ; recommandé). — 8 k. Bir Bou
Hammadi et douar. — 10 k. Ouled Moumene, gotta importante. — Sidi
Bou Tlane, un peu au S. de la piste. — 19 k. Ouled Saïd, poste militaire
et ch.-l. d'un contrôle civil de 200,000 hect., à 320 m. d'alt. La kasba^
dite kasba El Aïachi, détruite en 1903, eut autrefois quelque splendeur.
Il y subsiste encore un patio à colonnes de marbre blanc, une koubba,
des silos, une tour d'observation. Elle fut édifiée en 1870, sous le règne
de Sidi Mohammed Ben Abd Er Rahmane. Les environs de la kasba,
plats et nus, sont occupés par 250 tentes indigènes au milieu desquelles
se trouvent les maisons du caïd des Ouled Arif et du cadi des Ouled Saïd.
22 k. Dar Amor ben Ghali, grand douar avec un bois d'oliviers. —
25 k. 6. Bar El Hadi Mohammed, sur la g. La piste se poursuit en
tribu Guedana. — 44 k. Mechra Bou Laouane (p. 83).
DE SETTAT A GUISSER ET A EL BOROUDJ (76 k. ; route secondaire n^ 104
construite jusqu'à Guisser, piste délimitée et carrossable sur le reste
du parcours). — 2 k. 5. Séguia aboutissant au jardin public de Settat.
Au S., douars des Djeddour. — 4 k. Douar Mohammed Ben Bou Chaïb. —
5 k. Ferme Amhlard^ figuiers et cimetière arabe. — 6 k. 5. Kasba en
ruine et jardins. — 13 k. 5. Marabout de Sidi Hammou. On quitte la
tribu des Mzamza pour entrer dans la tribu des Ouled Sidi Ben Daoud.
— 17 k. Bar El Eadj Salali, marché le lundi.
29 k. Guisser, ancien poste militaire à proximité de ruines impor-
tantes auxquelles les indigènes attribuent une origine portugaise. Palme-
raies et figueraies, marché le vendredi. Au delà, le pays est d'une
fertilité médiocre.
52 k. Ouled Attou, caravansérail qu'avoisinent une dizaine de puits,
sur le territoire des Ouled Ali, fraction des Ouled Attou. — 56 k. Rampe
en lacets, pente de 8 0/0 sur 1 k. en descendant sur Aïn Bou Libina.
76 È. El Boroudj (rest.), poste militaire, créé le 27 octobre 1912, et
ch.-l. du contrôle civil des Boni Meskine, à 400 m. d'alt., dans
une région déshéritée, mais pourvue de pâturages qui nourrissent
200,000 ovins. D'anciennes kasbas (dites : rouge, blanche, grise) ont été
aménagées pour les troupes et services ; marché le dimanche.
Tout près d'El Boroudj, court une chaîne de collines dont le sommet
est ceint d'un diadème rocheux en saillie : ce sont des collines à phos-
phate, qui renfermeraient, dit-on, des réserves inépuisables de ce pré-
cieux minerai. Entre El Boroudj et Guisser, on a relevé la présence de
6 couches de 0 m. 40 à 8 m. d'épaisseur, séparées par des bancs de
calcaires, d'argiles et de marnes, effleurant dans les pentes. Les travaux
de repérage confirment ces remarquables perspectives.
D'El Boroudj à Ben Amhed, p. 141: — à Oued Zem, p. 142.
DE SETTAT A BEN AHMED (42 k. N.-E. ; piste aménagée, en pays vallonné). |
4 k. Ferme Bernard, — 7 k. Dar Amor, kasba ruinée» — 24 k» Ras El \
MAROC.
6
82 — [2]
LA CHAOUIA.
Ain, près d un gros douar de la tribu des Beni Brahim et Ouled Che-
baaa; marché important le vendredi. — 29 k. Terrain rocheux, puis
plusieurs traversées d oueds. — 42 k. Ben Ahmed (p. 141).
DE SETTAT A MELGOU (53 k. E. ; piste). — 21 k. de Settat à Ras El Ain
( V. ci-dessus). La piste se confond avec la ligne du thalweg pendant
environ 4 k., puis remonte à flanc de coteau. — 33 k. Kasba Raid Bahloul^
région rocheuse. — 38 k. Sidi Badjadj ; à 2 k. S., marché le jeudi, très
important. — 51 k. Sidi El Bassane, sources. La piste rejoint celle de
Casablanca à Tadla. — 53 k. Melgou (p. 141).
DE SETTAT A EL KELAA (110 k. S. ; piste). — 29 k. de Settat à Guisser
(p. 80). — 39 k. La ligne de crête indique la limite entre les Chaouïa
et les Beni Meskine. — 54 k. Dar Chafaï, principal centre des Beni
Aleskine, entouré d'une enceinte avec une kasba démantelée et un
minaret recouvert de briques vernissées. — 66 k. Mechra Ben K/ialloUy
gros douar des Khelafna, près de TOum Er Rebia, qu'on traverse à gué.
A cet endroit, l'oued est large de 90 m. et profond de 1 m. à 1* m. 50.
— 88 k. Douar Ouled C/ierki. — 110 k. El Kelaa (p. 99).
Une autre piste peut également être suivie à partir de (54 k.) Dar
Chafaï par (66 k.) Mechra Bel ffabti, (91 k.) Maïat, (121 k.) El Kelaa.
DE SETTAT A SIDI ALI (79 k. N.-O. ; piste facile en belle saison). —
Prendre la piste des Ouled Saïd ( V. ci-dessus) jusqu'à 1 k. — 8 k. 5.
Sidi Embarek. — 24 k. Ain Bridia. — 33 k. Aïn Bjemaa, source au S.-O.
de la piste, dans la vallée de l'oued Cheguiga, et, plus au S., propriété
Jaquitti, de la Société commerciale du Maroc.
37 k. 5. Formes Martinet et de la Société d'Etudes. ~ 60 k. Sidi Saïd
Bou Othmane{^.l^). La piste se confond ensuite avec celle de BerRechid
à Sidi Ali (p. 79). — ^79 k. Sidi Ali (p. 106).
De Settat a Sidi El Aidi, p. 141,
Au sortir de Settat, on laisse à g. la route de Guisser pour
escalader un plateau légèrement surélevé. — 75 k. A g., piste
conduisant au pénitencier d'Ali Moumene.
81 k. Sidi Barka, douar. La maison cantonnière est sise
quelques k. plus loin.
94 k. Khemisset (cantine), puits auprès de bosquets d'oliviers^
de noualas indigènes des Ouled Bou Ziri.
Une piste conduit à (17 k. N.) Ouled Saïd (p. 80)^
100 k. 6. Maison cantonnière de Sidi Mohammed Rahal. Ea.
avant, le regard découvre un rideau de montagnes, puis h
route descend dans des terrains rougeàtres et incultes.
117 k. Mechra ben Abbou (hot. modestes : Petit, 6 ch. à 4 fr^
rep. 4 fr., gar. ; du Progrès, 14 lits à 3 fr., rep. 3 fr. 50), post
militaire et petit centre européen groupé autour d'un bureau d
poste et télégraphe et de T. S. F. enfermés dans une redoute!
région d^élevage.
Le village est situé sur la rive dr. de l'Oum Er Rebie
encaissé dans des coteaux gypseux et bordé de tamarins. L
fleuve a toujours de l'eau ; sa plus grande hauteur au-dessi(
de l'étiage est de 6 m. ; la vitesse du courant varie de 1 m.. S
à 3 m. 50. Un pont suspendu de 90 m. à péage (10 c. par pe:
sonne, 1 fr. par vôiture), lancé en 1913, réunit les deux rive^
Di; Mechra Ben Abbou a Marrakech, p. 84. 'i
MECIÎRA BEN AËBOU. — BOU LAOUANJE. [2] — 83
S"" De Casablanca à Bou Laouane.
124 k. Chemin de fer militaire, automotrices et trains ord., o7 fr. 20 et
18 fr. 60. — Le point le plus intéressant du trajet est le site de Bou
Laouane qui n'a malheureusement pas d'hôtel, et où. les automotrices
et les trains ne s'arrêtent pas un temps suffisant pour la visite. On
fera mieux de se rendre à Bou Laouane en automobile, par Settat
(p. 80).
La li^ne de ch. fer passe (3 k. 5) devant les camps et (9 k.)
le terrain d^iviation pour s'enfoncer dans la plaine en s'élevant
léfi;èrement. — Il k. 2. Oiiled Haddou.
21 k. 2. Bou Skoura, emplacement d'un ancien poste à 134 m.
d'alt., sur les bords de l'oued du même nom, ({ui forme à cet
endroit une mare de 3 à 4 m. de profondeur. Les quelques
fermes avoisinantes se livrent aux cultures maraîchères et à
l'élevage. — 32 k. 1. Nouasser, marché le jeudi.
43 k. 2. Ber Rechid (p. 78). — Après une courte descente,
la ligne continue de monter en rampe très douce. — r33 k. 4.
El Mekki. — 63 k. El Fatima.
73 k. 6. Sidi Mohammed, à 233 m. d'alt. Dès lors le terrain
est un peu plus accidenté et la voie descend peu à peu dans
la vallée de l'Oum Er Rebia.
83 k. 6. Sidi Ali (buffet). — 93 k. 3. Sidi Abd Allah. — 103 k. 5.
Oued Bers, — 113 k. 7. El Abid.
122 k. 2. Bou Laouane, rive dr. de l'Oum Er Rebia. La ligne
traverse le fleuve.
124 k. Bou Laouane, rive g., à 109 m. d'alt., dans un pays
découvert et inculte.
Une KASBA pittoresques ancien gîte impérial d'étapes, cou-
ronne un rocher à pic au point 'le plus étroit d'une boucle
de l'oued Oum Er Rebia, dans un silo sauvage. V enceinte,
rectangulaire et flanquée de sept bastions, a sa l'arec principale
orientée au S.-S.-O. Ventrée monumentale, en pierre de taille,
porte au fronton une inscription rappcdant que la kasl)a a été
édifiée par Moulay Ismail en 1122 de rilégire (1704). A l'inté-
rieur, on remarque Vancienne demeure en ruines du célèbre sou-
verain ; à dr., s't*lève une grande tour carrée de 10 à 12 m.
de haut; à g., une mosquée dont les nefs sont soutenues par
18 colonnes, avec la koubba et le tombeau de Sidi Mansara.
L'éperon rocheux, sur lequel a été construite la kasba, est
creusé de deux profonds souterrains voûtés qui servaient autre-
fois de silos.
DE BOU LAOUANE A EL GUENTRA (25 k. S.-E. en amont). Ruines d'un
vieux pont réputé d'origine portugaise, reliant les rives à pic de l'Oum
Er Rebia. L arche de la rive g. et trois piles sont encore debout. Un
bac marocain assure maintenant le passage.
De Bou Laouane a Mazagan, p. 113; — a Sidi Ben Nour, p. 114.
84 — [3] DE CASABLANCA A MARRAKECH.
3. — DE CASABLANCA A MARRAKECH
A. — Par la route.
Autocyclisme : 238 k. — Bonne route principale n° 7 à profil peu acci-
denté. Service automobile quotidien; départ à 7 h.; 60 fr. ; s'informer
place de France.
117 k. de Casablanca à Mechra Ben Abbou (p. 77 à 82). La route
franchit aussitôt l'oued Oum Er Rebia sur un pont suspendu
et à péage (p. 82), puis gravit une pente pour se dérouler dans
la région peu cultivée des Rehamna. — 129 k. 5. Sidi Abd Allah.
— 141 k. Souk El Arba des Skhour, gîte d'étapes dominé par le
massif des Skhour. Nombreux douars aux environs; quelques
palmiers émergent d'un vallon voisin. Une bonne route de 35 k.
relie El Arba des Skhour à Caïd Tounsi (p. 85).
La montée continue sur le plateau, d'une ait. de 500 m. —
151 k. Marabout de Sidi Omar Bel Haj, dominant toute la région.
— 157 k. Sidi El Maati^ douars importants des Ouled Assoun.
169 k. 5. Ben Guérir (cafés), terminus actuel du ch. de fer
militaire, réduit fortifié et petit centre ne comptant que peu
d'Européens. A 1 k. à g. apparaissent cinq koubbas blanches.
DE BEN GUERIR A EL KELAA (62 k. S.-E. ; piste aménagée autocyclable).
— La piste se développe d'abord en pays peu cultivé. — 7 k. Moulay
Kerbour. — 31 k. Souk Et Tnine Mharra^ dans le territoire des Brabich .
marché le lundi. — 49 k. Dar Brahim Ben Salah. — 62 k. El Kelaa (p. 99)[
De Ben Guérir a Sidi Ben Nour, p. 115.
La route se poursuit, à profil plat, dans une région pier-
reuse avec îlots cultivés. — 185 k. 5. Nzalet El Aden, à proximité
d'un puits de 80 m. de profondeur et du douar El Marghine.
207 k. 5. Sidi Bou Othmane, koubbas, blockhaus et quelques
baraquements parmi de vieux jujubiers sauvages.
De Sidi Bou Othmane a Mazagan, p. 116.
Les Djebilet, « montagnettes », s'élèvent au S. On les
gravit par un col entre des sommets complètement dénudés.
— 220 k. Sidi Ahmed Bel Khoud. Au cours de la descente, on
découvre la large plaine du llaouz, au fond de laquelle appa-
raissent la palmeraie et les remparts de Marrakech que
domine la Koutoubia. Au fond, rideau élevé de l'Atlas.
232 k. 5. Pont sur l'oued Tensift. Cet ouvrage de 350 m. de
long, de 5 m. de large et assis sur 27 arches, fut construit en
grosse maçonnerie, vers 1170, sous le règne de l'almohade
Youssef Ben Abd El Moumene, avec une main-d'œuvre de rené-
gats espagnols.
La route pénètre ensuite dans la palmeraie, laissant à dr. le
mont Gueliz (p. 96), au pied duquel est bâtie la ville nouvelle.
238 k. Marrakech (p. 85).
MARRAKECH.
[4] - 85
B. — Par le chemin de fer et la route.
Chemin de fer : 210 k. Réseau militaire jusqu'à Ben Guérir. 8 h. en
automotrice, 16 h, par le train; 62 fr. 70 et 31 fr. 35.
Route : 68 k. Bonne route de Ben Guérir à Marrakech. Les moyens
de transport faisant défaut à Ben Guérir, il est plus commode d'effec-
tuer le trajet en automobile, par l'itinéraire précédent.
124 k. de Casablanca à Bou Laouane (p. 83). — La voie
ferrée gravit les pentes N. de la vallée en s'élevant de 140 m.
sur un parcours de 11 k. seulement. — 131 k. 6. Dar Kaddour.
136 k. Caïd Moussa, à 248 m. d'alt. La voie se développe en
palier. — 136 k. Dar Fkih.
153 k. Caïd Tounsi (buffet-hôtel), à 254 m. d'alt., au milieu
d'une région riche en gomme, en olives et amandes. — A 4 k.
de la gare, Dar Caïd Tounsi, agglomération de maisons vétustés
parmi des koubbas blanches et des oliviers. L'une des maisons
possède un grand patio ouvert, entouré de hautes colonnes,
qui supportent des frises en bois sculpté.
DE CAID TOUNSI A SIDI BEN NOUR (35 k. O. ; piste ; p. 114). — On tra-
verse une partie des Aounate, couverte de jardins et de vignes.
DE CAID TOUNSI AU DJEBEL LAKHDAR (1 h. 30 par un sentier muletier
qui suit une combe profonde). — Du sommet rocheux de la montagne,
on jouit, par temps clair, d'une belle vue sur les Rehamna et l'Atlas à
l'E., sur les cultures variées des Doukkala à l'O.
178 k. Oulèd Mansour.
210 k. Ben Guérir (p. 84). Au chemin de fer succède la route
de Casablanca à Marrakech (V. ci-dessus, A).
4. — MARRAKECH
Emploi du temps. — 1° d'une journée : Djemaa El Fna, Koutoubia et
Souks dans la matinée; palais de la Bahia et Aguedal dans l'après-
midi; — 2° de deux jours (il faut au minimum ce laps de temps pour bien
voir Marrakech) : Djemaa El Fna, musée des Services municipaux et
Koutoubia dans la matinée du l»"" jour et dans la soirée : le tour des
mosquées, sanctuaires et fontaines, souks. Palais de la Bahia, Kasba,
Mellah, dans la matinée du second jour et dans la soirée : Aguedal et
Menara; — S*» de trois jours : itinéraire semblablje au précédent pour
les 2 premiers jours avec, pour le troisième, une excursion à la Menara
ou au Gueliz et une promenade en auto à Tameslouht, où l'on est cor-
dialement reçu par le chérif de la Zaouïa.
Quelle que soit la durée du séjour qu'on se propose de faire à Mar-
rakech, il faut voir la magnifique medersa Ben Youssef (p. 95) et tenter
la visite des admirables tombeaux des Chérifs Saadiens (p. 91; se ren-
seigner sur cette possibilité aux Services municipaux, pl. Djemaa
El Fna).
MARRAKECH, ville makhzenia, c'est-à-dire impériale,
dénommée aussi capitale du Sud, est située à 465 m. d'alt. au
pied du versant septentrional du Grand Atlas, à 60 k. env., et
86 - [4]
MARRAKECH.
à 4 k. au S. de la rive g. de l'oued Tensift. C'est le ch.-l. de hi
région de Marrakech, la résidence d'un khalifa du sultan et
le centre d'action des grands caïds du Sud : le Glaoui, le
Mtouggui et le Goundafi. Elle s'étend dans la vaste plaine du
Haouz, abondamment irriguée.
Sa population, de 100,000 hab., en fait la deuxième ville de
l'Empire chérifien. Les indigènes musulmans, au nombre de
plus de 80,000, sont un mélange de Rehamna, de Ghleuh et de
Draoua. On compte environ 15,000 indigènes israélites. La
colonie européenne est passée de 30 hab. en 1912 à 1,500 hab.
en 1917, dont plus de 1,000 français.
La ville est immense. Ses innombrables maisons en terre
battue, ses rues enchevêtrées, ses carrefours populeux, ses
monuments de proportions considérables, son enceinte gigan-
tesque qu'encadrent une vaste palmeraie et de grands jardins,,
lui donnent l'aspect d'une grandiose cité saharienne sur
laquelle veille l'élégant et monumental minaret de la Koutoubia.
La ville européenne, largement conçue, est située à 3 k. N.-O.
de l'agglomération indigène, au pied de l'îlot rocheux du
Gueliz, sur l'emplacement de l'ancien camp français; elle vit
sa première maison s'édifier en 1913.
Le climat de Marrakech est agréable, excepté l'été, où la
température est particulièrement élevée pendant le jour : le
maximum atteint 49° à l'ombre.
Hôtels : — Victoria ( Allart ;
PI a A2) , près de Bab Doukkala
(23 ch. de 6 à 8 fr. ; rep. 4 fr., v. n. c;
gar.) ; de C haïupagne {Gahriel), quar-
tier d'Arsa Moulay Moussa ; du Café
Glacier (Pl. b B3), pl. Djemaa El
Fna; Sultan, au Gueliz.
Postes et télégraphes : — pl.
Djemaa El Fna et au Gueliz.
Banques : — d'Etat du Maroc ;
Algéro-Tunisienne ; Compagnie algé-
rienne', Commerciale du Maroc;
Crédit foncier d'Algérie et de Tu-
nisie ; Crédit marocain.
Voitures de place : — station pl.
Djemaa El Fna; 2 fr. la course;
4 fr. l'h. ; prix à débattre pour les
trajets de plusieurs k'., sur la base
de 4 à 5 fr. l'h.
Services automobiles : — Société
blanca, dép. à 1 h.. 60 iv.; Porge
et C'", serv. rég. 1. 1. j. impairs pour
Mogador, 50 fr. ; serv. irrég. pour
Safi (s'informer); tous pl. Djemaa
El Fna.
Garages : — de France, pl. Dje-
maa El Fna: Brown et Richard.
Librairie-Papeterie : — Pol Lévy,
à la Medina ; Hébréard, au Gueliz.
Journaux : — L'Echo des Deux-
Yilles, bi-hebdomadaire..
Photographie : — Félix, à la
Medina; Villemse, au Gueliz.
Consulats : — d'Angleterre, d'Es-
pagne, de Hollande, de Portugal.
Spécialités : — sacs brodés de
soie ; coussiiis en cuir excisé ;
braseros et bouilloires en cuivre et
en fer battu et ciselé; couvertures
et tapis de laine ; poignai^ds de
cuivre et d'arcfent.
de transpjorts automobiles (Goyon
et C") ; serv. quotidien pour Casa-
Histoire. — La Marrakech musulmane fut créée, en 1062 de notre
ère, par Youssef Ben Tachfine, fondateur de la dynastie des Almora-
vides venus du Sahara. Avec Ali, fils de Youssef, s'élèvent au xi® s.
des remparts, dont quelques vestiges durent encore ainsi que la mos-
quée Sidi Ben Youssef, transformée plus tard en médersa. C'est à
Marrakech qu'Ibn Toumert, chef des partisans almohades, dénonce le
luxe do la cour almoravido et qu'Abd el Moumene, premier émir de la
MARRAKECH.
[4] - 87
nouvelle dynastie, organise la série de ses exploits dans toute l'Afrique
du Nord et fixe sa capitale après l'avoir conquise (1147). En 1175, la
peste y fait de grands ravages. De 1184 à 1198, le célèbre sultan Yakoub
El Mansour y élève la mosquée et la tour de la Koutoubia, en même
temps qu'il fait construire, à Séville, la Giralda et, à Rabat, la mosquée
de la Tour Hassane, les monuments les plus fameux de l'époque
almohade et peut-être les mieux construits du Maghreb. La ville est
alors très prospère et très peuplée.
Le mérinide Abou Youssef Yakoub entre à Marrakech en 1260, mais
est obligé d'y revenir plusieurs fois en force. Après un premier insuccès
en 1261, il s'en empare en 1268 et y établit son centre d'opérations
contre le Sous et Sidjilmassa.
Après sa conquête de Tombouctou, d'où il rapporte de grandes
richesses et ramène le célèbre légiste noir Ahmed Baba, le Saadien
Abou El Abbas El Mansour, surnommé Ed Dehbi, « le doré », Marrakech
redevient pour quelque temps la principale capitale marocaine. Elle
s'enrichit alors de magnifiques constructions décorées de marbre de
Carrare, payé, dit-on, au poids du sucre (il s'agit du palais de la Badi,
détruit plus tard par Moulay Ismaïl, et des tombeaux saadiens).
Sous les Filaliens ou Alaouites, dynastie actuellement régnante, le
siège du gouvernement est transféré à Fès et à Meknès. De temps à
autre, quelques sultans font toutefois des séjours plus ou moins pro-
longés à Marrakech, et marquent leur passage en y faisant exécuter
d'importants travaux. Sidi Mohammed restaure le mausolée et la
médersa du cheikh Bel Abbas, ainsi que les sanctuaires d'El Tebbâ,
d'El Jezouani, de Moulay Ali Ech Chérif, de Mimoun Es Sahraoui, les
mosquées des sultans et celles de Berrima, d'El Mansour, de Bab
Doukkala, d'Er Rahba. Les six médersas de la kasba sont également
reconstruites.
Moulay El Hassane (1873-1894) est proclamé sultan à Marrakech, mais
n'y réside qu'une année. Son fils Moulay Abd El Aziz y séjourne de
1895 à 1902. La Bahia, résidence actuelle, y est édifiée sous son règne.
Moulay Hafid est acclamé sultan à Marrakech avant d'être reconnu
à Fès, Après son départ, El Hiba, le grand agitateur du Sud, s'y fixe,
puis en est chassé par le colonel Mangin le 7 septembre 1912, date de
l'entrée de nos troupes dans la ville.
Les relations de cette capitale avec l'Europe chrétienne remontent à
une époque assez reculée. Cinq pères franciscains y arrivèrent en 1219,
dans le but de créer un centre d'évangélisation. Ils furent d'abord
accueillis avec indifférence, mais comme ils s'étaient enhardis à
attaquer publiquement Mahomet, le sultan almohade Youssef El Mos-
tanser donna l'ordre de les diriger sur Ceuta pour les renvoyer en
Espagne. Trompant la vigilance de leurs gardiens, ils revinrent à
Marrakech où ils trouvèrent le martyre (1220). Cependant, la tolérance
fut telle à un certain moment que le pape Grégoire IX put créer un
évêché à Marrakech vers 1233, Le premier titulaire épiscopal fut le
frère Agnelo. Au début, l'évêché n'eut d'autres biens que les aumônes
des fidèles ; mais en 1257, peu après la prise de Séville, le roi Ferdinand
et ses fils firent don à l'évêché de grands territoires situés à l'embou-
chure du Guadalquivir et du domaine de Torre Blanca. En récompense
de cette libéralité, le pape concéda aux rois d'Espagne le droit de pré-
sentation pour l'évêché du Maroc. Mais si le traité de 1270, qui suivit
la croisade de St Louis, assura aux chrétiens le libre exercice de leur
culte, il ne leur accorda pas la faculté de prêcher publiquement l'évan-
gile. Après la reconguista, le retour en Afrique des familles musul-
manes d'Espagne occasionna un sentiment de rancune et de vengeance
contre les chrétiens et l'évêché de Marrakech cessa d'exister (xvi« s.).
Le dernier titulaire fut Don Francisco de Faria, nommé par Urbain VIII
88 - [4]
MARRAKECH.
en 1639. L'église marocaiDe n'avait guère vécu que trois siècles. La
tentative d'une mission franciscaine française au commencement du
XVII® s. n'eut aucun succès.
Au commencement du xvi* s., les Portugais, installés dans les ports
de la côte atlantique, font des expéditions dans le Haouz mais ne
parviennent pas à entrer dans Marrakech. Leur influence faiblit vite et
le chérif de la capitale épouse Dona Mencia, fille du dernier gouverneur
portugais d'Agadir.
Bibliographie : — Marrakech, par A. Chevhillon, « Revue de
Paris », 1918.
Tous nos itinéraires partent de place Djemaa El Fna, que
nous décrirons tout d'abord, et au S. de laquelle stationnent
les voitures de louage.
J. — Place Djemaa E/ Tna.
Saisissant spectacle de la foule se pressant autour de boutiques en
plein air ou se livrant à ses récréations favorites et quotidiennes.
A voir surtout vers la fin du jour.
De 150 m. de long sur une largeur variant de 50 à 100 m.,
la place Djemaa El Fna, située en plein cœur de Marrakech,
réunit chaque jour une foule intense. La matinée y est con-
sacrée au petit commerce : les marchands de légumes, de fruits,
de bonbons, de remèdes, de vannerie, etc., y vendent leurs
produits; les barbiers y opèrent en plein air. A partir de 4 h.
de l'après-midi, la place appartient surtout aux baladins et
amuseurs de foules : conteurs, bouffons, lutteurs, acrobates,
charmeurs de serpents, danseurs chleuhs couverts de bijoux, etc.,
se livrent à leurs exercices au milieu de grands cercles de
spectateurs jamais lassés.
Djemaa El Fna, « la réunion des trépassés », est un nom dû aux
impitoyables exécutions par lesquelles un khalifa du sultan punissait,
autrefois, les intrigues ourdies contre lui. C'est là qu'étaient naguère
exposées les têtes de rebelles mis à mort.
Le bureau des postes et télégraphes limite la place vers le S.,
et les Services municipaux s'élèvent sur le côté E. Dans ces der-
niers est installé un petit musée d'art indigène (on peut visiter;
demander l'autorisation au chef des Services municipaux).
Ce musée comprend une salle où sont réunis des spécimens de tra-
vaux de la ville et de la région : tapis à laine rase des Glaoua ; tapis à
haute laine, à. points noués et à couleurs vives des Souktana (fraction
de tribu du Pacha actuel); poignards de modèles variés, en argent et
en cuivre ciselés; cornes et poires à pondre rehaussées d'argent; armes
du Sous, incrustées d'ivoire et frottées d'argent niellé ; mejmars (bra-
seros et bouilloires) en fer et en cuivre gravé; coussi7is en cuir excisé;
babouches brodées de soie et d'or, etc. Ces objets sont accompagnés
de prix renseignant les visiteurs sur les cours pratiqués à Marrakech^
à l'heure actuelle.
De la terrasse des Services municipaux (accès entièrement
libre), on jouit, surtout avant le coucher du soleil, d'une *vue
MARRAKECH,
[4] — 89
magnifique sur la place Djemaa E^l Fna, sur la Koutoubia, la
ville et ses jardins, le Gueliz, les Djebilet, la palmeraie et
l'Atlas aux cimes neigeuses et découpées.
77. — La \ouhubia,
.500 m. S.-O. de la place Djemaa El Fna, d'où l'on voit l'imposant
minaret.
On passe devant le bureau de poste et les bureaux de VEtat-
Major, après lesquels on tourne, à dr., par un large chemin
qui passe au pied du minaret de la Koutoubia et d'où l'on
a une vue d'ensemble sur le grandiose monument.
La*mosquée delà Koutoubia (entrée interdite), « mosquée
des libraires >> parce qu'autrefois des marchands de manuscrits
étaient installés au pied, a une magnifique allure architectu-
rale. Sa face S. se divise en 9 pavillons couronnés de toits alter-
nativement triangulaires et trapézoïdaux. A en juger par la
naissance d'arcs encore visibles au N., la partie opposée a dû
être démolie : la salle de prière et ses dépendances revêtaient
donc des proportions gigantesques.
Une *io«r, la plus belle, la plus monumentale et la plus
complète des œuvres de ce genre, domine la mosquée et toute
la ville. D'après Léon l'Africain, c'est Abd. El Moumene qui
aurait donné l'ordre de la construire. Selon d'autres auteurs,
elle aurait été élevée, vers 1184, par l'almohade Yakoub El
Mansour en même temps que la Giralda de Séville et la tour
Hassane de Rabat. De 12 m. 50 de côté et de 67 m. 50 de haut,
elle est entièrement construite en pierres de taille. Le magni-
fique décor de ses faces est limité, dans la partie supérieure,
par une ceinture de mosaïque de faïence émaillée d'un ravis-
sant bleu turquoise. Sept étages se superposent dans la tour :
le 2® est couvert d'une coupole à trompes dans les angles, le
3® a sa coupole supportée par des colonnes à chapiteaux, le
5* a un plafond pyramidal tronqué à huit faces; le 6« est traité
comme le 3^; le 7% plus haut que les précédents, est à huit
pans dont quatre à stalactites. Le campanile est également à
coupole.
777. — Palais de la Bahia.
800 m. S.-E. Quelques minutes à pied. Très recommandé. Demander
une autorisation au chef des Services municipaux, pl. Djemaa El Fna.
Le plus court chemin est celui qui prend au N.-E. de Djemaa
El Fna, au-dessus des Services municipaux, et passe devant
Vécole franco-arabe, ancienne maison du Hiba (on peut entrer),
le bureau des Renseignements, le jardin Bou Achrine^ de 150 m. sur
50, aménage en jardin public, et le consulat de France.
Le "^palais de la Bahia (présenter l'autorisation au concierge
qui accompagne les visiteurs) est dû à Ba Ahmed Ben Moussa,
90 — [4]
MARRAKECH.
l'un des vizirs de Moulay Abd El Aziz, celui qui pendant
plusieurs jours tint secrète la mort de Moulay El Hassane pour
faire désigner son successeur. Il mit sept ans à construire le
palais dans le luxe habituel des riches maisons marocaines
(fin XIX® s.). On sait qu'il passe pour avoir été cruel et volup-
tueux. La distribution des locaux et des cours parait être
établie sans plan d'ensemble préalablement étudié; elle répond
cependant aux besoins spéciaux de la vie indigène et reste, par-
là même, fort curieuse et inattendue.
On entre d'abord dans une cour rectangulaire, sans décor,
mais pavée en marbre entourée sur trois côtés d'une galerie
que soutiennent des piliers simples et robustes. Un grand jardin
mauresque, comptante de cyprès, de bananiers, d'orangers et de
jasmins, y fait suite; quelques belles salles sont disposées de
part et d'autre de ce jardin, notamment un grand salon de
réception et une salle à manger que décorent des zellijs de
faïence, des plâtres sculptés, des plafonds peints. Plus loin, une
cour d'honneur de 50 m. de long et de 30 m. de large, pavée de
marbre et de zellijs, avec galerie vitrée et colonnes cannelées
en bois sur le pourtour, donne accès à une immense salle de
conseil, de 20 m. sur 8, magnifiquement décorée, à un hammam,
ou bain maure, comprenant une salle froide, une salle chaude
et une pièce de repos, et enfin un patio, autour duquel sont
systématiquement disposées quatre pièces dont l'une entière-
ment garnie de glaces. Des appartements richement ornementés
et d'un caractère intime, se groupent autour d'un second patio
garni d'arbres et de fleurs. Les appartements de la favorite com-
plètent la série de ces locaux où les artisans marocains ont
réuni toutes les ressources de leur art. De la terrasse on jouit
d'une vue magnifique sur la ville, la palmeraie, le Gueliz, les
Djebilet et l'Atlas. La Bahia sert aujourd'hui de Résidence.
Attenant à TE. du palais, s'étend le jardin de la Bahia, immense
trapèze de iOO m. de côté, irrigué par les eaux d'un bassin
carré de 80 m. sur 80, et planté des essences les plus variées.
JV. — La \asba.
Entrée à 900 m. au S. de la place Djemaa El Fna.
On laisse à g. le bureau de poste, puis, à dr., les burea
de l'Etat-Major pour continuer tout droit et atteindre, pa
l'angle N.-O., l'enceinte de la Kasba, peinte en ocre rouge et
flanquée de bastions. L'entrée de la citadelle est à 100 m. plus
au S. : c'est *Bab Aguenaou.
Cette porte monumentale est en grès rouge taillé et sculpté.
Avec son plein cintre outrepassé et bordé d'une double ligne
de voussoirs enserrant un arc richement festonné, ses écoinçons
ornés d'un large décor floral, son superbe cadre d'inscriptions
coufiques, sa frise supérieure rongée parle temps, elle constitue
l'un des spécimens les plus intéressants de l'art almohade de
MARRAKECH.
[4] — 91
Marrakech. La légende dit que les fragments en furent rapportés
' d'Andalousie par des Maures chassés d'Espagne.
A quelques pas à dr., une porte s'ouvre sur la campagne :
c'est Bab Roob, de peu d'intérêt.
Après avoir franchi Bab Aguenaou, on voit, immédiatement
à g., une autre porte de petites dimensions, avec décor de
plâtre; pénétrant plus avant, on découvre, au détour d'une rue
coudée, la mosquée de la Kasba, dite encore Djama Moulay
Yazid El Mansouri.
Cet édifice, de proportions considérables, a une façade cou-
ronnée d'une longue ligne de corbeaux et de merlons dentelés
qui accuse 12 larges nefs et environ 10 travées. Les toits, très
hauts, reposent sur des arcs dentelés ou en ogive et des piliers
énormes. L'ornementation murale intérieure est sobre, mais
robuste. Les plafonds sont en bois peint; les portes bardées de
bronze. Un important minaret en briques, aux faces garnies d'un
décor curviligne s'enievant sur un émail vert turquoise, domine
fièrement la mosquée de toute sa hauteur.
A proximité (se renseigner) se trouvent les ^tombeaux des
Chérifs Saadiens, admirables monuments en marbre blanc
décoré, où sont inhumés les souverains de Pavant-dernière
dynastie marocaine (xvi^ et xvn*" s.).
La visite de ces monuments a été formellement interdite aux Euro-
péens jusqu'en 1918, mais les autorisations d'entrée paraissent dès
maintenant plus faciles à obtenir (s'adresser aux Services municipaux,
pl. Djemaa El Fna).
La promenade peut s'arrêter à la mosquée de la Kasba, d'où
Ton entreprendra, si -l'on veut, la visite de l'Aguedal (F. ci-
après).
La rue qui longe la mosquée de la Kasba est l'artère princi-
pale de ce quartier, dont l'jntérêt est surtout concentré dans le
Dar El Makhzen ou palais du sultan (entrée interdite).
Construit par les Almohades, puis agrandi par les Saadiens, le Dar
El Makhzen fut, un temps, Tune des plus belles habitations de Marrakech.
D'immenses bassins occupaient les cours intérieures dont l'un avait, dit
la légende, 500 coudées de côté. Des colonnes de marbre blanc et de
riches peintures en rehaussaient l'éclat. D'immenses cours ou mechouars
bordent le palais du côté S. Un grand jardin fait partie des dépendances
de cette habitation des sultans.
Y. — L'Aguedal.
Entrée 2 k. S. Route et chemin carrossable. Promenade classique des
jardins marocains, pouvant prolonger la visite de la Kasba.
Suivre l'itinéraire IV jusqu'à Bab Aguenaou pour : 1° en
sortir par Bab Roob (F. ci-dessus), longer le mur 0. de la
Kasba, dépasser Bab Ksiba, gagner l'extrémité de V avenue du
Dar El Beida et entrer dans le jardin de l'hôpital militaire;
2^ ou franchir Bab Aguenaou (p. 90), traverser la Kasba, aboutir
92 — [4]
MARRAKECH.
au Mechouar ou cour d'honneur du Dar El Makhzen {V. ci-
dessus), et entrer dans le jardin de l'hôpital militaire.
Uhôpital militaire est installé dans le Dar El Beida, « la mai-
son blanche » (on peut visiter), vaste maison arabe d'un
réel intérêt, avec ses cours spacieuses, ses locaux nombreux
et sa décoration de mosaïques, de bois peints et de frises
colorées.
Plus au S., derrière un mur d'enceinte, s'étend le fameux
jardin de l'^Aguedal (entrée permise).
De 3 k. de long sur 12 à 1 500 m. de large, l'Aguedal est
entouré de hauts murs percés de rares portes et fortifiés de
bastions. Gomplanté avec ordre d'arbres fruitiers de toutes
sortes : orangers, citronniers, mandariniers, oliviers, figuiers,
grenadiers, abricotiers, pruniers, poiriers, pommiers, vignes;
arrosé par deux grandes séguias alimentant un bassin carré de
180 m. de côté et dont les eaux se répartissent dans un système
de canalisation bien compris, il constitue l'une des plus inté-
ressantes attractions de Marrakech.
Une allée centrale, orientée du N. au S., partage le jardin
dans toute sa longueur en deux parties à peu près égales, subdi-
visées elles-mêmes en lots plus petits se faisant face. C'est
d'abord Djenane Bel Hadj, à l'E. et Ez Zahra, à l'O. ; puis El Rharsa
(avec bassin spécial) et Es Salha, séparés par un immense
bassin de 200 m. de côté dans lequel se mire le vieux Dar El
Heni (ancienne poudrière) vers l'angle N.-O.; le Kessemt Bel
Fgih et le Kessemt Hadj Harlsem après les Magasins des subsis-
tances militaires; et enfin, après Bab Naceur, un dernier lot,
partiellement complanté de vignes et. d'arbres fruitiers, où
s'élèvent : El Barram, ancienne cartoucherie, une ancienne
poudrière, et, dans l'angle S.-O., la Ma/cma, ou ancienne
sucrerie. j
Yl. — Le Mellah. |
Entrée à 1 k. S.-E. de la place Djcmaa El Fna. On peut s'y rendre
en voiture.
La rue qui part du S.-E. de Djemaa El Fna s'y rend directe-
ment.
Aux abords de Bab Berrima, située à l'angle N.-E. du Dar
El Makhzen, se trouve le souk du Mellah, de construction récente
et sans originalité. On sera pourtant intéressé par les types
juifs qui le peuplent : ferblantiers, bijoutiers, cuivreurs, save-
tiers, etc., en général plus curieux par leur, physionomie que
par leurs travaux.
Le quartier des habitations contigu au souk mérite une
visite. 11 n'y a aucun inconvénient à se faire montrer quelques
synagogues et quelques écoles rabbiniques oîi de petits enfants
étudient la Bible en hébreu.
MARRAKECH.
[4] - 93
Vn. — Les Souks.
Les principaux souks de Marrakech, très étendus, sont réunis aux
abords immédiats de Djemaa El Fna, au N. On s'y rond en quelques
minutes. Chacun y errera au gré de ses loisirs.
Gomme partout au Maroc, les marchands, ouvriers et artisans,
sont groupés par corps de métiers. Les échoppes de marchands
de légumes secs, de légumes verts et de primeurs, d'épices et
de farines, de tapis et de couvertures de laine, de cotonnades
et de soieries, de poterie et de vannerie, les menuisiers,' forge-
rons, ciseleurs, damasquineurs, les fabricants de poignards, de
fusils, de sacs brodés, de cuirs excisés, de harnachements
arabes, de babouches ornées, etc., se succèdent à l'infini sous
l'aspect le plus pittoresque.
Dans la Kisaria El Baroudiine, couverte d'un toit de charpente
régulièrement établi, on vend surtout des produits d'importa-
tion européenne. Le milieu d'une des faces de ce souk est
marqué par une jolie fontaine.
Un autre marché digne de remarque est le souk El Mjadlia,
souk des passementiers (p. 94).
VHI. — Le four des mosquées, des sanctuaires
et des fontaines.
Circuit d'env. 6 k. dans la partie N. de la ville ; à faire à pied ou à
monture. Très recommandé, bien que l'entrée des édifices religieux
soit interdite.
Du marché aux bois, qui se tient à TO. de Djemaa El Fna,
gagner rue El Kseur, pour passer au pied de {'oratoire Bah
Fetouh, joli minaret mérinide de proportion fort élégante dont
l'entrelacs curviligne naît au-dessus de minuscules colonnettes
et chapiteaux de marbre, et se développe en brique ocre sur
un fond d'émail vert.
De là, se diriger vers la grande mosquée (entrée interdite)
dont on fera partiellement le tour.
Djama El Moaasine, en plein cœur de la ville, a sa grande
cour intérieure encadrée d'une salle de prière richement orne-
mentée. L'une de ses portes est recouverte de feuilles de
cuivre fixées sur les vantaux au moyen de clous de bronze.
La ^fontaine El Mouasine, attenante à la mosquée, est
remarquable par son genre, inconnu ailleurs au Maroc, et ses
proportions monumentales. Le bassin de dr. est surmonté d'un
portique avec ornements de plâtre sculpté, corbeaux et lin-
teaux de bois ouvragé, frise et auvent de bois peint; c'est là
que viennent s'approvisionner les gens du quartier. Trois
autres grands bassins, à g., de 4 à 5 m. de côté et abrités par
des voûtes, servent d'abreuvoir pour les animaux.
94 — [4]
MARRAKECH.
Plus loin, en plein souk, on apercevra, au fond d^une ruelle^
le sanctuaire de Sidi Abd El Aziz. Ce marabout s'annonce par
une porte à soubassements de mosaïques, à revêtements de
plâtre sculpté et peint et par un bel auvent en bois ouvragé
et coloré. Une date (1190 H.) se lit dans les inscriptions arabes.
Un peu plus à l'E., sur l'artère conduisant à Bab Doukkala,
on verra, à g., la maison du Pacha, de construction récente,
spécimen de l'architecture moderne; les touristes de marque
peuvent être admis à la visiter; consulter le chef des Services
municipaux.
Cette maison est habitée par El Hadj Tsohami El Glaoui, pacha de
Marrakech, frère de Si El Madani, ex-caïd du pays des Glaoua, mort
en 1918, et dont le siège du commandement est à Kasba Telouet (p. 101),
prodigieux édifice seigneurial, reconstruit, au cours du siècle dernier,
sur le versant occidental du Col de Telouet, à 2,000 m. d'alt., sur la route
des caravanes joignant Marrakech au Tafilalet. L'autorité de ces grands
chefs, tout dévoués à la France, est grande. La famille des Glaoui a
fourni à toutes les dynasties du Maroc des illustres hommes d'Etat.
Plus loin, s'élève la monumentale ^fontaine Sidi El Hassane
ou Ali. L'abreuvoir, de 15 m. de long sur 5 m. de large, est
abrité par 3 koubbas; le bassin est à g. alors qu'à El Mouasine
(p. 93) il est à dr.
Derrière la fontaine se dresse Djama Bab Doukkala.
La salle de prière de cette mosquée est divisée en plusieurs nefs à
lourds piliers supportant des arcs monumentaux à festons et stalactites.
A remarquer notamment les chapiteaux des colonnes engagées sur les
piliers. Un minai^et, en briques et à campanile, s'élève au-dessus de la
construction en pisé; un élégant décor en orne les quatre faces. L'édi-
fice aurait été construit en 995 de l'Hégire (xvi» s.), sur l'ordre de Sida
Messaouda, ancêtre célèbre de la famille du Glaoui, mère du sultan
saadien Abou El Abbas Ahmed El jVIansour.
Revenant sur ses pas sur une diste^nce d'env. 300 m.,, on se
rendra, à travers la ville arabe, au quartier Smi Ben Sllmam:,
centre d'un tombeau célèbre.
Le sanctuaire de Sidi Ben Slimanê El Djazouli forme un groupe
complet comprenant d'abord un passage sous un arc à décor de mosaïque^
conduisant, après un coude, à une jolie fontaine à revêtement de faïence
(quelques carreaux de Delft) et à plafond et auvent de bois sculpté ci
peint, puis à la porte du sanctuaire, précédée d'une galerie que sui»
portent 3 colonnes surmontées de curieux chapiteaux en marbre sculpté.
Sidi Ben îSlimane El Djazouli est l'auteur du célèbre livre de prières dir
Dalaïl El Kheïrat, que portent et lisent tous ses adeptes et dont il
existe de jolies copies soigneusement enluminées.
A 100 m. plus au N., on trouvera le souk des Mjadlia, des pas-
sementierS) où se vendent des cordonnets et des cordelières
aux tons très vifs. Ce marché, très curieux, est aménagé dans
tjn passage couvert à galeries latérales soutenues chacune par
12 piliers dont les arcs et la frise sont peints en deux couleurs :
ocre et marron. Des portes monumentales en plâtre et bois
sculptés ferment l'entrée et la sortie du souk.
MARRAKECH.
[4] — 95
La mosquée et le sanctuaire de Sidi Bel AbbaSy du grand patron
de Marrakech et des agriculteurs marocains, sont contigus au
précédent souk.
Une légende, qui avait cours au Maroc au xyiii® s., surtout parmi les
chrétiens, assimilait St Augustin à Sidi Bel Abbas Es Sebti; elle semble
avoir pour origine la ressemblance entre le nom de Tagaste, ville où
naquit St Augustin et celui de Tagaost (Sous) où, d'après la même
légende, serait enterré et vénéré St Augustin.
De là, on pourra joindre à 400 m. à l'E., Bab El KkemiSy porte
à baïonnette percée dans l'enceinte de la ville.
De l'extérieur de la porte, on a une vue sur un cimetière musulman et
sur le marché du jeudi, souk El Khemis.
Se dirigeant ensuite directement vers le centre de la cité, on
rencontre, à 800 m. plus au S., la troisième fontaine monu-
mentale de xMarrakech. La Sekkaîa Echrob ou Chouf (« bois
et admire ») ne se compose que d'un bassin réservoir enfoncé
dans une encoignure. La façade en bois sculpté d'inscriptions
cursives et couflques, avec auvent à stalactites, est d'une admi-
rable tonalité vert bronze.
A proximité se trouve la médersa Ben Youssef ou collège
islamique de Marrakech.
La médersa Ben Youssef (demander l'autorisation de visite aux
Services municipaux) fut d'abord une mosquée qu'embellit l'almohade
Ali III au commencement du xii^ s. ; son affectation actuelle est due au
sultan, saadien Abd Allah (1570). Un sombre et long couloir d'entrée,
richement orné, conduit à la cour de la médersa, toute baignée do
lumière. Un grand bassin en marbre, de forme rectangulaire, orne le
milieu de la cour. Mosaïques, plâtres, marbres et bois sculptés sont d'un
très beau style et d'une Ijelle couleur générale rose; ils font de cet
édifice, logiquement construit, un des monuments les plus intéressants
de Marrakech. Marrakech possède une autre médersa fondée par le
sultan alaouite Moulay Er Rechid (xvii*^ s.). C'est dans cette médersa
qu'est lue la lettre annonçant officiellement l'avènement du sultan
au ti'ône.
On est dès lors près des souks et l'on peut regagner Djemaa
El Fna en quelques minutes.
IX. — Le tour de ville.
15 k. env., partie sur route, partie sur très bonne piste: 2 h. à 2 h. et
demie en voiture ; une demi-heure en auto.
On sortira par Bab Djedid, faisant face à la Koutoubia à l'O.
De là, on se dirigera vers le N., en longeant les murs.
Marrakech est protégée, sur tout son périmètre, par une
ligne ininterrompue de 12 k. de remparts en pisé, hauts de
5 m. et épais de 2, flanqués de bastions de 7 m., percés de
portes monumentales. On passe ainsi à l'O. à la portée de Bab
Doukkala, d'un beau caractère; au N. de Bab El Khemis (F. ci-des-
sus); cà l'E. de Bab Debbagh, de Bab Aïlen, de Bab Ghmât, coudée
96 — [4] MARRAKECH.
et couronnée d'une ligne de merlons denletés, de Bab Ahmar,
droite et à 3 arcades, dont celle du milieu seulement est ouverte,
à piliers massifs, décorée de motifs peints en rouge, surmontée
de 3 toits à tuiles vertes. Les autres portes, au S., Bab Ksiba
et Bab Roob, ont été vues au cours des itinéraires précédents.
\u N. de Bab Doukkala, on longe des espaces plantes de
palmiers, puis tournant à dr., on passe successivement devant
le souk el Khemis, marché du jeudi et du vendredi matin, très
curieux par les types et produits indigènes de la région, et une
corne de la palmeraie au N. : des cimetières à 1 E un douar
de noualas et de maisons, la zaouia de Sidi Youssef. De ce cote,
on remarquera de nombreuses lignes de puits. et de canalisa-
tions : ce sont les gottara.
L'oued Tensift fournit une bonne partie de leau nécessaire à l'irriga-
tion de la palmeraie et des parties cultivées qu elle renferme. Quant
aux jardins situés à l'E. de la ville, assez éloignes du fleuve, ils reçoi-
vent leur eau de canalisations spéciales, très curieuses, dites f/o^/am,
venant des points les plus élevés de la plaine et distants de 4 a 5 k de
Marrakech Ces multiples canalisations appartiennent a des particuliers
Analogues aux fogg'ara .Xn Figuig, du Touat f^;>,"''|^f^^^
apportent la fertilité dans les environs immédiats de la cité, i^ljes sont
créées et entretenues par une corporation d ouvriers originaires du bous.
On pourra rentrer en ville par Bab Ahmar, Bab Ksiba et Bab
Roob. Il n'y a pas d'intérêt nouveau à faire le tour complet de
TAguedal.
X, — La ville nouvelle et le Gueliz,
2 k 5 et 5 k. N.-O. Bonne route jusqu'au pied de la montagne. Cet
itinérair§. à parcourir de préférence à la fin du jour, peut-être greffé
sur le tour de ville [V. ci-dessus).
On sort de Marrakech, soit par Bab Djedid, soit par Bab Douk-
kala, d'où l'on gagne (2 k. 5) la place du 7.Septembre De ce
point, partent en éventail les artères principales de la ville
nouvelle, toutes très larges et bordées de rangées d arbres :
aucnac du Haouz, que prolonge la route de Mogador, avenue des
Ouled Delim, qui se rend à la prison et a la gendarmerie,
avenue du Guetiz, qui conduit au camp et au Cercle militaire.
La construction de cet immense quartier européen a ete inau-
^^G'Tst^Vvenue du Gueliz que l'on suivra pour gagner le pied
de la montagne. Un chemin, passant sur la permet 1 ascen-
sion facile (on laisse les nouvelles casernes a 500 m. a 10.).
Le Gueliz\ 527 m. d'alt. Ses deux plus hauts sommets sont
armés chacun d'une batterie commandant, 1 une l h-, a e la
plaine, l'autre l'O. Une enceinte en maçonnerie, de 2 k de pou^^^
- tour, a transformé la position en réduit defensif. De la l^atterie
E., on a une ^vue magnifique sur Marrakech son cad^^^^^^
jardins et de palmeraies, sur la vallée du Tensift et sur l Atlas
iux cimes neigeuses. De la batterie 0. qu'avoisine le marabout
MARRAKECH.
[5] - 97
de Sidi Bel Abbas, autre jolie '^'vue sur les monts dentelés des
Djebilet, qui arrêtent l'horizon au N., et sur la plaine du Haouz.
XJ. — Les jardins de la Menara,
Entrée 3 k. E. ; route plate carrossable.
Au sortir de Bab Djedid, Vavenue de la Koutoubia y conduit
directement.
La Menara (entrée permise), propriété des sultans, enclose
dans une enceinte en pisé, a 1,200 m. de long sur 800 m. de
large. Elle est surtout plantée d'oliviers de belle taille. Ses
canalisations, méthodiquement établies, prennent naissance
dans un bassin de 200 m. de long sur 150 m. de large, entouré
d'un chenal à parapets de 4 m. de largeur. Un agréable
pavillon, à galeries au rez-de-chaussée et au premier étage, se
mire dans l'eau tranquille du bassin. La pièce d'eau et son
cadre de verdure constituent un site très fréquenté.
XJJ, — La palmeraie.
Une piste est en voie d'aménagement dans la palmeraie, qui constitue
un intéressant but de promenade de 3 h. en voiture, de 1 h. en auto.
La palmeraie s'étend au N. de Marrakech jusqu'à l'oued
Tensilt, qu'elle borde sur près de 20 k. Elle est limitée, à i'K. et
sur 15 k., par la piste d'El Kelaa, et à i'O., sur 10 k. env., par
la piste de Safi. Elle occupe ainsi un vaste triangle d'au moins
13,000 hect. de superficie, où des bosquets de palmiers plus ou
moins clairsemés alternent avec des vergers et des cultures de
légumes. Les 100,000 palmiers de cette immense forêt ne pro-
duisent malheureusement que des dattes de qualité médiocre.
La tradition rapporte que la création de la palmeraie est due aux
Filaliens qui, au xvii® s., vinrent assiéger Marrakech. Comme ils se
nourrissaient exclusivement de dattes, les noyaux rejetés par eux
donnèrent naissance aux palmiers que nous voyons aujourd'hui.
De Marrakech a Casablanca, p. 84; — a Mogador, p. 102; — a
Agadir, p. 104; — a Safi, p. 126.
5. — ENVIRONS DE MARRAKECH
La région méridionale et montagneuse de Marrakech est
particulièrement remarquable par la grandeur et l'étrangeté
de ses paysages, par la majesté et l'architecture de ses kasbas^
d'un style tout à fait différent du style marocain du Nord.
Pour les excursions à grande distance, demander aux Ser-
vices des Renseignements un permis de circulation qui est
volontiers délivré dès que la situation politique le permet.
MAROC.
98 - [5]
ENVIRONS DE MARRAKECH.
1° Tameslouht.
19 k. S. — Bonne piste, auto^yclable, à profil peu accidenté; recom-
mandé.
Le trajet s'accomplit dans une région riche et cultivée, par-
mi de nombreuses plantations d'arbres fruitiers et de palmiers,
qu'irriguent de petits oueds et des séguias. — 13 k. On laisse
à g. la piste d'Aguergour.
19 k. Tameslouht, centre religieux d'environ 2,000 feux,
résidence du Ghérif Moulay El Hadj El Meslouhi, à qui on
peut rendre visite. Le village, qu'encadrent des olivettes et des
orangeries, compte deux importantes zaouias dont la fonda-
tion est due au chérif Abd Allah Ben Houssine El Hassani et
remonte à environ 500 ans. Marché le vendredi.
2"* Amizmiz.
53 k. S. — Bonne piste autocyclable; emporter son repas.
La première partie du trajet s'effectue à travers un pays
riche et bien cultivé. — 16 k. Agadir Mta Ech Ckérif, d'où se
détache une piste allant à (2 k.) Tameslouht (F. ci-dessus, 1°).
— 20 k. Bifurc. sur Oumenart. — 25 k. Bifurc. sur Agadir Ech
Ghems. — 33 k. Oued Nfis, pont de 20 m. et de 2 arches. —
35 k. Zaouia de Takerkoust. — 39 k. A dr., village de Ouaouis-
selt et de Marfamane. — 47 k. Iggoudert, village.
53 k. Amizmiz, gros douar indigène qui se trouve sous le
commandement du caid Goundafi et centre de culture très riche
au débouché de l'Atlas. Il compte en outre une zaouia de Sidi
El Hossein ben Messaoud et un mellah. Ses poteries, curieuse-
ment décorées, ont quelque renommée. Marché le mardi.
3' El Kelaa.
91 k. N.-E. — Bonne piste aménagée autocyclable.
G k. 5. La piste se détache de la route de Casablanca à 1 k.
au delà du pont de l'oued Tensift. — 15 k. et 16 k. Passages
assez difficiles dans des ravins à berges escarpées.
29 k. Ouled Oueslam, gros douar de la tribu des Slama. —
36 k. Douar Rhoualem. — 46 k. Passage d'un petit col. — 51 k.
Dar Sidi El Bachir,
59 k. Tamlalet El Djedid, à côté de l'emplacement du marché
du mardi des Srarhna; gros douar entouré de jardins qu'ali-
mente une séguia venant de l'oued Tessaout. Ses kasbas saha-
riennes et leur cadre de verdure en font un coin charmant.
Tamlalet El Guedim est situé à 5 k. au N. — La piste longe
ensuite les contreforts S.-E. des Djebilet.
67 k. Douar JoualLa, — 82 k. Passage de l'oued Rbib. —
85 k. Jonction avec la piste venant de Demnat. — 88 k. Kasba
EL KELAA. - DEMNAT. [5] — 99
El Araoui. — 90 k. Pont sur l'oued Gaino, suivi de plusieurs
ponceaux jetés sur les séguias.
91 k. El Kelaa, importante cité rurale, enfermée dans une
enceinte en ruines percée de nombreuses portes et brèches. La
population juive est cantonnée dans trois mellahs. Les envi-
rons, bien irrigués par des dérivations de l'oued Gaino, sont
couverts de jardins et de vergers, dont une oliveraie du sultan.
A côté de la ville indigène il en existe une autre, El Kelaa Er
Rachia, plus ancienne et complètement ruinée.
D EL KELAA A DAR OULD ZIDOUH (73 k. N.-B. ; piste carrossable). —
16 k. Pont sur l'oued Tessaout, large de 40 m., affluent de l'Oum Er
Rebia. — 22 k. Souk El Arba des Oaled Bou Ali. — 37 k. Dechra, dans
une région d'élevage : maison et jardins du caïd Djilali Chobi ; mellah.
juif. — Plus loin, Bou Akba, qui fut le théâtre d'un violent combat
entre les troupes de Moulay Ismaïl et de son neveu, prétendant au
trône. — On franchit sur un pont l'oued El Abid, fortement encaissé,
affluent de TOiim Er Rebia. — 57 k. Bar Kaïd Émbarek.
73 k, Dar Ould Zidonh, poste militaire coquettement aménagé sur la
rive g. de l'Oum Er Rebia. Le jardin de la garnison est irrigué par
l'eau d'une canalisation venant de (40 k.) Beni Mellal (p. 146) et récem-
ment creusée par la tribu. C'est à Dar Ould Zidouh que mourut Moulay
El Hassane, au cours de l'un de ses déplacements (7 juin 1894).
De Dar Ould Zidouh à Oued Zem (p. 142), à Boujad (p. 142), à Kasba
Tadla (p. 145).
D'EL KELAA A DEMNAT (75 k. S.-E. ; piste carrossable). — Suivrff la
piste de Marrakech jusqu'au k. 6, prendre à g. et rejoindre la pisté de
Marrakech à Demnat qu'on atteint au k. 34 pour passer à (40 k.)
Mechra Abd Allah {V. ci-dessous, 4°) et gagner (75 k.) Demnat {V, ci-
après, 4*>).
D'El Kelaa a Settat, p. 82; — a Ben Guérir, p. 84.
4'' Demnat.
A. — Par Tamlalet El Djedid.
120 k. E. — Bonne piste aménagée autocyclable. Environs recommandés.
59 k. de Marrakech à Tamlalet El Djedid, par la piste d'El
Kelaa (F. ci-dessus). Après Tamlalet, la région est riche et peu-
plée. — 74 k. 5. Souk El Khemis, d'où une piste s'embranche
sur El Kelaa. — 85 k. Mechra Abd Allah, douar et jardins d'oli-
viers des Ouled Sidi Aïssa, de la tribu des Senhadja. — 87 k.
Pont sur l'oued Ourghi. — 89 k. Fetnassa. — 117 k. Pont sur
l'oued Mahsseur.
120 k. Demnat, centre de 4,000 hab., dont 2,500 musulmans,
appartenant surtout aux Ahel Demnat, fraction des Oultana, et
1,500 Israélites groupés dans un mellah, au N.-O. de la ville.
Celle-ci s'élève sur un monticule (961 m. d'alt.) dominant
l'étroite et très fertile vallée qui s'ouvre en aval sur la plaine
des Srarhna. Ses maisons en terre battue s'étagent en gradins
au-dessus d'oliviers et de jardins qu'arrosent de- nombreux
canaux. Son enceinte, rectangulaire, crénelée et bastionnée, est
munie d'une banquette courant iG long des créneaux. La kasba,
100 — [5] ENVIRONS DE MARRAKECH.
située à l'E., a son enceinte particulière bordée de fossés de 4
à 5 m. de profondeur remplis d'eau. Les rues, étroites et tor-
tueuses, s'ouvrent de temps à autre sur quelques places où se
tiennent les souks. Le marché du dimanche est actif; il s'y
fait un important commerce d'huile d'olives, de cuirs tannés,
de bétail, de laine et de raisins. — La ville est commandée
par Sidi Abd El Malek, fils du caïd El Madani El Glaoui.
La grotte (Virai N If ri (ait. 1,080 m.), à l'E. de la ville
(45 min. à cheval), est à visiter. « Formée au-dessus de Toued
Mahsseur par des dépôts calcaires constitués par l'action des
eaux, avec ses stalactites grisâtres qui descendent de la
voûte )), on dirait plutôt un pont naturel (Bouin). En aval de
la grotte est une source sur le bord de laquelle musulmans et
juifs viennent égorger des victimes. Une curieuse légende est
rapportée sur cette grotte et dont le thème est 'celui de Persée
et d'Andromède, de St Georges et du dragon, de St Romain et
de la gargouille rouennaise (E. Doutté, En Tribu).
B. — Par Zaouia Sidi Rehal.
116 k. — Piste muletière plus difficile que la précédente.
La région est d'abord couverte de jardins et de riches
cultures. — 12 k. Douar El Bogarra. — 16 k. Oued Djidji et i^idi
Embareh. — 18 k. Oued Mellah. — 32 k. Oued Iminzat.
33 k. Souk Et Tleta des Mesjioua, marché du mardi, sur la rive
dr. de l'oued Iminzat, dont l'eau est légèrement salée. A
1 k. E., Dar Kdid El Madani.
41 k. Azib Tikrizrit. — 42 k. 2. La piste rejoint une grande
piste venant de Marrakech. — 44 k. Citerne. — 45 k. 5. Oued
Iminoufou, généralement à sec. — 48 k. Citerne à Ja limite
des territoires Rehamna, Touggana et Zemrane. — 51 k. 6. Gué
de Toued Massine. — 54 k. îs^ombreuses maisons de Haraoua.
— 56 k. Oued Rdat.
58 k. Sidi Rehal, groupe de trois agglomérations comprenant
la zaouïa de Sidi Rehal flanquée de gourbis et de huttes
cylindro-coniques, la kasba du kaid et un mellah.
Sidi Rehal aurait vécu au commencement du xvi*' s. La légende
rapporte que la légèreté de mœurs des femmes de la zaouïa serait due
à un vœu exaucé du saint, mais qui, par suite d'un « lapsus », avait été
mal formulé. (E. Doutté, dans son ouvrage En Tribu, a signalé les nom-
breusos et curieuses légendes racontées par les indigènes à ce sujet).
La région qui suit est moins riche.
65 k. Tazert, jolie kasba au débouché de la vallée conduisant
chez les Glaoua, « petit château fort, à peu près carré, flanqué
de quatre tours avec des murs très découpés, très ornementés,
percés de meurtrières aux formes originales » (Bouin).
DE TAZERT A TELOUET (51 k. eiiv. S.; piste muletière ardue). — On
pénètre dans l'Atlas. « La piste court tantôt à flanc de coteau, dominant
des ravins très profonds, tantôt au fond des vallonnements le plus
TAZERT. — AGHMAT. [5| — 101
souvent sur uq sol rocailleux ou pavé de dalles. — 10 k. Enzel, lourde
kasba en terre rouge, à 860 m. d'alt. — 15 k. Gantra El Abid, restes
d'un vieux pont, dont il ne subsiste que quatre arches.
23 k. Aghhalou, kasba à huit tourelles dominant la vallée, à la sortie
des gorges de l'oued Rdat. — '27 k. Zerektene, à 1,200 m. d'alt., au con-
fluent des oueds Rdat et Tfradene. — Tamesmout, sur l'oued Tafaa. —
Tiloula, à 1,860 d'alt. Le chêne-vert, essence d'abord dominante, se fait
plus rare. Le pays devient plus aride. — 47 k. Col de Telouet, au voisi-
nage duquel le ciste constitué presqu'à lui seul la végétation.
51 k. Telouet, situé sur le versant S. de l'Atlas, à 1,960 m. d'alt.. au
fond d'une large dépression caillouteuse où coule l'oued Imarene, sur la
route du Haouz au Sahara.
La kasha de Telouet, grandiose par sa structure et imposante par sa
masse, paraît composée de plusieurs kasbas ; elle abrite seigneurs et
clients au même titre que le faisaient nos châteaux forts du moyen âge.
Elle est la capitale de l'important territoire des Glaoua, résidence
seigneuriale des chefs de la région, dont la famille, actuellement établie
à Marrakech, collabore activement à l'extension de notre influence dans
le Haut Atlas (p. 94).
66 k. L'Oued Tazert, à berges à forte pente, est encaissé de
10 m. environ. — 68 k. 5. Un monticule de pierre « kerkour »,
marque la limite du territoire Glaoua et Zemrane. — 72 k.
Oued Massine. — 74 k. Seguia Soltana irriguant tout le pays et
allant jusqu'à Tamlalet (p. 98), très abondante, alimentée par
l'oued Tessaout. — 77 k. Douar et azib de la zaouia Taglaout.
— 79 k. A 400 m. S., mellah dépendant des Zemrane. — 83 k.
Oued Tessaout, très encaissé, véritable torrent au moment de
la fonte des neiges.
8b k. Zaouia Taglaout, abritant des adeptes de la secte des
Narsira et fondée depuis un siècle et demi. La rive dr. de
l'oued Tessaout, sur laquelle est établie la zaouia fut, en 1908,
le théâtre de la lutte entre les mehallas des sultans Abd El
Aziz et Moulay Hafid.
93 k. Tidili, agglomération sur l'oued de même nom avec
jardins et vergers bien irrigués. — 98 k. Marché du mercredi
des Hamadou, au voisinage d'une source abondante et d'oli-
veraies. — 104 k. Au N., grande oliveraie des Ouled Khallouf.
— 106 k. Dar El Khalloujî. — 108 k. Oued El Mhasseur, aux
berges rocheuses. — 112 k. Marabout de Sidi Abd El Kader. —
L'accès de Demnat devient difficile par la piste directe; il est
préférable de rejoindre alors l'itinéraire précédent.
116 k. Demnat (p. 99).
5° Aghmat, Tinma!.
Aghmat et Tinmal sont les capitales anciennes du S. qui ont existé
avant la fondation de Marrakech. On se renseignera à Marrakech sur
les itinéraires. E. Doutté, dans son ouvrage E7i Tribu, donne des détails
très complets sur ces deux vieilles cités.
Aghmat servit de résidence aux grands chefs Masmoudas
avant l'époque almoravide. Elle était encore florissante sous
les Almohades. Il n'en reste qu'une médersa, fréquentée par
102
— [5] ENVIRONS DE MARRAKECH.
une trentaine d'étudiants, un pont en pierre, un hammam, un
cimetière, où seraient enterrés de nombreux saints des âges
passés, et un village.
*Tinmal, dans les p;orges sauvages de l'oued Nfis, fut au
XII* s. le berceau de la dynastie almohade, le centre d'action
du célèbre mahdi Ibn Toumert. 11 n'en subsiste plus qu'un
immense cimetière, des débris de remparts et les vestiges d'une
importante mosquée, du plus beau style almohade. L'édifice
avait environ 45 m. sur 40 m.; il était soutenu par de nom-
breux piliers, flanqués aux angles de jolis colonnes et chapi-
teaux; il possédait un intéressant mihrab, encore visible. Les
piliers étaient réunis dans les parties hautes par des arcs à
pendentifs. L'ornementation générale, en plâtre sculpté, était
sobre et distinguée. Le minaret s'élevait sur une base rectan-
gulaire.
De Marrakech à Mogador.
A. — Par la route.
AuTOGYCLiSME : 184 k. 5. — Route principale 10, en voie d'achèvement,
en terrain plat ou peu accidenté, sauf dans la dernière partie du
trajet, d'ailleurs facile; serv. automobile tous 1. j. impairs en 4 li., 50 fr.
On sort par Bab Doukkala, on suit l'avenue de la Medina,
qui conduit au Gueliz, place du 4-Septembre, et à l'avenue du
Haouz. La route, en palier, s'engage dans la plaine du Haouz,
nue, immense, inculte et pourtant irrigable, laissant à dr. la
montagne du Gueliz, puis les Djebilet, et, à g., la ligne de
l'Atlas. — 25 k. Pont sur l'oued NÎ'is, affluent du Tensift. Maison '
cantonnière et village indigène construit en terre. Plusieurs
terrasses de ce village sont surmontées de ruches en forme
d'amphores.
28 k. Sidi Atmane, à proximité d'un douar de la tribu des
Oulad Besseba, renommée dans la région par ses tapis à
haute laine et à points noués, aux tons très vifs. La plaine est
ensuite couverte de buissons de guettaf, puis de jujubier
sauvage. La route est bordée de chaque côté par des canali-
sations destinées à drainer Feau qui peut s'écouler grâce à de
nombreux aqueducs.
53 k. Mzoudia, ancienne nzala avec tour d'observatiou en
terre, dominée au N. par les collines d'El Ardous. — La plaine
devient légèrement ondulée. — 56 k. Pont sur l'oued dit Asif
El Melh. Plus loin, sur un plateau rocheux, apparaît une
première zone d'arganiers rabougris. Piste à dr. allant vers le
lac Zima (p. 124). La plaine se rétrécit. — 75 k. Douar Hassar^
habité par environ 50 juifs.
77 k. Chichaoua, auprès d^un pont sur l'oued, très poissonneux,
de même nom. La rivière est bordée de grands tamarins : sa
vallée, verdoyante, est couverte de bosquets d'oliviers et
TINMAL. — SIDI MOKTAR. [5] — 10 3
d'autres arbres fruitiers. — 88 k. 5. Col en terrain pierreux
entre deux sommets ressemblant à des meules indigènes à
moudre le grain, d'où leur nom : Rlii. — 98 k. 5. Citerne d'Ank
El Djemel « le cou du chameau », remplie par des conduites
venant de la montagne.
105 k. Sidi Mokhtar, marabout et zaouia reconstruits par Ma
El Ainine, père d'El Hiba, prétendant actuellement réfugié dans
le S. du Sous. C'est sur ce point que le dissident célèbre réu-
nissait ses troupeaux de chameaux blancs; marché. — Au S.
s'élèvent les montagnes du pays Mtouggui. La route est bordée,
de temps à autre, de fermes et de douars. — 129 k. Mosquée
de Mohammed Ben Abd Allah. La brousse réapparaît; d'abord de
jujubiers sauvages, elle fait bientôt place à un mélange de pal-
miers nains et de genêts blancs.
129 k. Aïn Taftecht, fondouk.
D'AiN Tafteght a Safi, p. 1-26, A.
L'arganier devient la seule essence du pays. Après Dar
Mokaddem Messaoud, il forme de vrais peuplements et se pré-
sente sous divers aspects : tantôt sans branches et comme
couvert de mousse quand ses rameaux sont dévorés par les
chèvres, tantôt en arbres beaux et sains grands comme des
oliviers. Le terrain est alors plus mouvementé. Au loin, à dr.,
s'élève le Djebel Hadid (p. 127, B),
148 k. Souk Et Tleta des Hanchene, dans la tribu des Chiadma,
village indigène et mosquée dédiée à Sidi Abd Allah Ben
Ouasmine, qu'avoisine, à l'O., un souk enfermé dans un vaste
enclos. Au delà, la forêt d'arganiers devient plus dense. —
158 k. Zaouïa de Sidi Ahmed El Amri. — 160 k. Sidi Tlaa. —
L'arganier fait place à l'olivier qui forme de véritables bosquets
au milieu desquels percent des villages indigènes.
167 k. Dar Harabida, près du fondouk de Bir Mzouri. Non
loin de là, tour d'Adamna.
De Dar Harabida a Safi, p. 127, B ; — a Marrakech par la piste,
V. ci-après, B.
La région un moment fertile et fort giboyeuse redevient
bientôt caillouteuse. On franchit un pont sur l'oued Ksob et la
route pénètre de nouveau dans les arganiers en montant légè-
rement et en décrivant de larges courbes. Au point le plus
élevé de la colline, on découvre au N.-O. la côte basse et
sablonneuse de TOcéan, puis File et la ville blanche de Mogador,
et, au N., les grandes dunes. La route redescend.
180 k. Diabat, petit village indigène situé sur la rive g. de
l'oued Ksob, qu'on traverse sur un pont achevé en 1918 (p. 132).
— Au delà, la chaussée, solidement établie sur les sables,
longe une canalisation ancienne et conduit à la porte de
Marrakech.
184 k. 5. Mogador (p. 128).
104 — [5] ENVIRONS DE MARRAKECH.
B. — Par Dar Kaid Mtouggui.
214 k. env. — Piste aménagée et autocyclable sur la première et la der-
nière partie de son parcours, muletière seulement dans la partie
moyenne, qui est fort pittoresque.
La piste traverse d'abord une région bien arrosée, cultivée
et habitée, couverte de jardins et de plantations d'oliviers. —
23 k. Pont sur l'oued Nfis. — 25 k. Dar El Annaïa. — 34 k.
Nzala des Ouled Yala, d'où une piste conduit vers le S. à
Amizmiz (p. 98). — 36 k. Sidi Mohammed Ben Slimane. — 48 k.
Guemassa, f^TOupe de maisons au milieu d'oliveraies dans la
tribu des Frouga. Marché du mercredi à 800 m. à l'E., au bord
d'un oued. — La piste est coupée de petits ravins. — 62 k.
Marché du dimanche des Mjat, sur la rive g. de l'Asif El Melh.
71 k. Sidi Soltane, à proximité de jardins appartenant à la
tribu des Mzouda, du commandement du caïd Mtouggui. Le sol
est caillouteux et raviné. — 79 k. Village des Ait Yakoud et, à
1 k. S., zaouia de Sidi Rehal (p. 100). — 82 k. Dechra des AU Nefi.
93 k. Souk El Arba des Douirane, marché du mercredi, sur
l'oued Kaïra, parmi de beaux jardins qu'irrigue une séguia.
D'El Arba des Douirane a Agadir {V. ci-après).
La piste descend en pente rapide vers l'oued Kaïra qu'elle
traverse, puis se développe en terrain très accidenté, sur le sol
rocailleux et coupé de vallonnements encaissés. — 94 k. Sidi
Moummc. — 100 k. Traversée de l'oued Imi N Tanout. — 107 k.
Villages après lesquels le pays est aride et désolé.
114 k. Immerjane, au voisinage de jardins, dans la tribu des
Entifa. La région est complètement déserte. Quelques villages
s'aperçoivent sur les pentes de la montagne, au de la piste.
Pas de végétation, sauf dans les vallons.
140 k. Dar Kaïd Mtoaggai, kasba du caïd Sidi Abd El Malek
Mtouggui, grand chef berlDère. — 166 k. Dar Kaïd Khoubane, kasba
où la cojonne Brulard campa en janvier 1913. — Le pays est
dès lors alternativement boisé et cultivé. — 168 k. Souk El
Khemis des Maskala, — 174 k. Agdal, vergers et cultures. —
179 k. Sidi Jadi Ayad, village après lequel la piste traverse le
territoire accidenté des Ait Bou Amrane.
194 k. Dar Harabida (p. 103), où la piste rejoint la route de
Marrakech à Mogador.
214 k. Mogador (p. 128).
De Marrakech à Agadir.
243 k. env, — Piste muletière. Cette route a été entièrement parcourue
la première fois en février 1917 par les troupes françaises sous la
conduite du général de Lamothe.
93 k. de Marrakech à Souk El Arba des Douirane {V. ci-des-
sus, B).
100 k. Imi N Tanout, agglomération d'environ 500 feux, avec
DAR KAÏD MfOUGGUI. — TIZI MAACHOU. [6] — 105
un mellah d'une centaine de feux. Marché très important le
lundi. — Le pays est très montagneux. Des sources abondantes
arrosent des bosquets d'oliviers et de noyers. — 124 k. Demsira,
village de 25 à 30 feux et marché du dimanche. — La piste
remonte la vallée de l'oued Asserara.
123 k. Tizi ' Maachou, col impraticable aux voitures, après
lequel on descend la vallée de l'oued Moussi. L'arganier et le
chêne sont les essences principales du pays. On passe dans
une suite de petits villages : Zaouïa Dial fagoureït (30 feux),
Tassenloiit (15 feux), Talati Iratene (15 feux) et, après une tra-
versée malaisée, au confluent des oueds Ait Moussi et Teskamt,
Timzidouine et Zaouïa Irri (40 feux).
168 k. Nzala Argana, petit azib occupé par un gardien. Le
trajet est relativement facile jusqu'à Zaouia Sidi Abd Allah Ou
Omar, mais devient très difficile jusqu'à Foum Ameskhoud. —
184 k. Tassadmet, village de 50 feux des Ida Ou Ziki avec un
petit mellah ; marché le jeudi. La piste a quitté la vallée de
l'Ait Moussi et traverse le territoire des Ida Ou Tanane en
passant dans un défilé facile. L'arganier apparaît. On arrive à
Zaouïa Sidi Abd Allah Ou Omar, village de 50 feux, dont le
chérif est riche et hospitalier.
208 k. Foum Ameskhoud, gîte parmi les arganiers. Tantôt
sablonneuse, tantôt rocailleuse, la piste traverse le territoire
des Imsegguinene. — 216 k. Tirouane, village de 50 feux. —
220 k. Tamaït, marché du mardi des Imsegguinene. — 228 k.
Irilane, petit centre des Kisma. — La piste se développe dans
une région sablonneuse, peu accidentée, pauvre et peu
peuplée, en suivant le pied du versant méridional du massif
montagneux des Ida ou Tanane.
243 k. Agadir (p. 135).
6. — DE CASABLANCA A MA2AGAN
AuTOCYGLiSME : 96 k. — Route principale n» 8, entièrement achevée;
2 services automobiles quotidiens en 2 h. ; 25 fr. ; s'informer pl. de
France.
A. — Par LA ROUTE.
On sort de la ville par l'avenue du Général-Moinier et le
boulevard d'Anfa, pour entrer dans une région monotone,
d'abord plate, puis légèrement ondulée, d'une fertilité moyenne,
dont la culture principale est celle du mais.
5 k. Ferme Amieux, à g. — 6 k. Camp d'aviation, à dr., entouré
de quelques constructions. — 16 k. Maison cantonnière de Sidi
Bou Ziane.
43 k. Marabout de Sidi Aïssa. — 50 k. Maison cantonnière et
pépinière dans un bas fond, à g. — 63 k. Marabout de Sidi
Kennoun, — 69 k. Ruines à dr, et marabout.
106 — [6j DE CASABLANCA A MAZAGAN.
78 k. Sidi Ali (rest. Blanc), à 1 k. de la rive dr. de l'Oum Er
Rebia, annexe d'Azemmour, comprend plusieurs aggloméra-
tions : à TE. de la route, les services administratifs des tribus
Ghtouka, Ghiadma et Haouzia, le camp d'instruction des cadres
indigènes des troupes marocaines; à TO., la Kechla El Aîachi,
près du marabout de Sidi Hamida et le Dar Ben Mira entouré
d'un massif de verdure.
La *vue est très belle sur Azemmour, dont la ligne septentrio-
nale de remparts se mire dans les eaux rougeâtres de l'Ouin
Er Rebia.
De Sidi Ali a Ber Rechid, p. 79; — a Ouled Saïd, p. 79 et 80.
79 k. Passage sur bac de l'Oum Er Rebia (tarif des péages :
piétons 0 fr. 05; chevaux et mulets montés 0 fr. 25; autos
légères 2 fr. 50; voitures attelées 3 fr.), après lequel la route
longe la douane et gravit une assez forte pente pour entrer
dans Azemmour.
80 k. Azemmour, important centre indigène de pittoresque
aspect, peuplé de 11,000 hab., dont 1,000 Israélites, est situé
sur la rive g. de l'Oum Er Rebia et à 2 k. de son embouchure,
mais sans moyens de communication avec l'Océan à cause de
la barre; marchés le vendredi et le mardi.
La ville, qu'on peut visiter en 1 h., est bordée du côté de
l'Océan par de beaux jardins bien irrigués et des vergers de
grenadiers et de henné. En raison d'une brise constante, son
climat est très doux : la température ne dépasse guère en été 25"
et la température moyenne d'hiver est de 18 à 20°. Il n'y gèle
jamais.
A peu près vierge de tout contact européen, Azemmour a
conservé son originalité et son caractère de ville essentielle-
ment musulmane et rurale. Elle continue à sommeiller dans
le magnifique cadre de ses murailles, de ses jardins, de l'oued
et de la mer.
Hôtel : — Français (Prévôt)
r. de Mazagan (6 ch. à 4 fr. ; rep.
3.50; téléphone).
Voitures publiques : — 2 serv.
automobiles quotidiens sur Maza-
gan (5 fr.) et sur Casablanca (20 fr.) ;
10 serv. hippomobiles quotidiens
sur Mazagan en I h. 30, 2 fr. la
place.
Spécialités : — l'oued est très
poissonneux; on y pêche des quan-
tités d'aloses à la saison. La sole
d'Azemmour est particulièrement
. line.
Histoire. — L'antique Azama fut un comptoir très fréquenté par les
Carthaginois. On y a découvert des fûts de colonnes en marbre qui
semblent appartenir à l'époque punique. On y a trouvé aussi des pièces
de monnaies romaines. 8a dénomination arabe est El Medina « la ville
musulmane, l'ancienne » par opposition avec El Djedida »( la nouvelle »,
c'est-à-dire Mazagan, sa voisine.
Prise en 1513 par les Portugais commandés par le duc de Bragance,
neveu du roi de Portugal, ceux-ci l'évacuèrent en 1511. Longtemps, elle
fut la capitale des Doukkala; elle n'est plus aujourd'hui que le satellite
de Mazagan.
Le centre d'Azemmour est la place du Marché, Les divers
AZEMMOUR.
[6] — 107
quartiers de la ville sont: au N., la Kasba et la Medina, le long
du fleuve; au S., Zaouïa et El Hafra, du côté de Mazagan.
On entre dans la Medina en passant sous les voûtes de Bab
Es Souk qui donnent accès à la Kisaria bordée de quelques
boutiques et au bas de laquelle s'élève le sanctuaire de Moulay
Abd Allah Ben Ahmed. Un passage à g. conduit à la Kasba,
servant aujourd'hui de mellah et où se trouve l'ancien Dar El
Baroud, « maison de la poudre », établissement en ruines
(restes d'une fenêtre de style gothique) dominé par une tour
d'où l'on a une très belle vue sur les quartiers longeant l'oued.
Du haut des remparts bastionnés et crénelés qui forment un
quadrilatère d'env. 200 m. de côté, par endroits entourés de
fossés, large panorama au N. sur Sidi Ali, Kechla El Aiachi,
Sidi Hamida, Dar Ben Mira (F. ci-dessus; p. 106), l'embouchure
de l'Oum Er Rebia et l'Océan. Deux curieuses portes, l'une du
mellah, Bab Djiaf, l'autre de la medina, Bab El Oued, s'ouvrent
sur le fleuve.
Les quartiers situés au S. de la place du Marché : Zaouïa
Tahtania, « d'en bas » Zaouïa Foukania, « d'en haut », Zaouïa
Djediduy « la nouvelle » et d'El Hafra sont moins curieux. On
jouit toutefois, de la terrasse de l'hôtel Français, d'un joli
coup d'œil sur l'ensemble de l'agglomération, que domine au
S.-E. la grande mosquée de Moulay Bou Chaib, dédiée au patron
de la ville (entrée interdite).
Environs. — Une promenade recommandée aux automobilistes est la
suivante : Mhioula (17 k. en amont d'Azemmonr ; piste autocyclable),
vastes orangeries complantées de citronniers et de grenadiers qui appro-
visionnent Mazagan et Casablanca.
Au sortir d'Azemmour, la route passe entre de grands jardins
et des vergers entourés de haies de cactus, puis traverse une
région de cultures en terrains ondulés. Le phare de Sidi Msba
(p. 112) apparaît à g. — Vers l'Océan, duquel on se rapproche
peu à peu, court un cordon de dunes. — 94 k. Dépôt de remonte
des haras marocains, après lequel on aperçoit, à g., en arrière
de jardins maraîchers, la koubba blanche de Sidi Moussa (p. 112).
— On longe la plage de Mazagan, puis le port, et l'on rejoint
la route venant de Marrakech pour entrer en ville.
96 k. Mazagan (p. 108).
B. — Par LA PISTE CÔTIÈRE.
91 k. — Piste praticable aux automobiles, quoique assez difficile en cer-
tains points sablonneux.
On sort de la ville par le boulevard d'Anfa et l'on s'engage
dans la plaine moyennement cultivée et habitée. — 7 k. Ferme
européenne, et, à i k. à dr., marabout de Sidi Abd Er Rahmane
(p. 72). — 19 k. Ravin de l'oued Merzeg que l'on franchit aisé-
ment à gué. — 29 k. Dar Ould Aïcha, caravansérail.
30 k. Dar Ben Abid^ denrieure du cheikh de§ Soualem, fracr
108 - [7]
MAZAGAN.
tion des Ouled Ziane, entre la route et la mer. A proximité :
carrière Pierrotti. — 35 k. Sidi Tami, à g. — 41 k. Bir Reima,
poste de douane à la limite des Soualem et des Ghiadma. —
46 k. Traversée de Toued Haouïra, assez difficile. — 47 k.
Marabout de Sidi Abd El Aziz, dans un bois d'oliviers, à g.
51 k. Dar Ould Et Hadj Kasem, demeure de l'ancien caid,
aménagée en caravansérail. — 56 k. 5. Sidi Ghanem, à g. —
62 k. Zaouïa des Maachet, à la limite des tribus Ghiadma et des
Ghtouka. — 65 k. A dr., habitation de la maison du caïd des
Ghtouka. — 70 k. Marabout de Sidi Bou Baker, ancien camp
militaire aujourd'hui abandonné.
76 k. Sidi Ali {V. ci-dessus, A), où la piste rejoint la route de
Gasablanca à Mazagan et se confond avec elle.
94 k. Mazagan {V. ci-dessous).
G. — Par la mer.
Pour les relations avec la France et l'Espagne, V. Voies d'accès,
p. 55 à 60.
La côte, généralement basse, est tantôt sablonneuse, tantôt
rocheuse. On aperçoit successivement : le promontoire ô'El Hank
(p. 72), la pointe" rocheuse sur laquelle est bâtie le marabout de
Sidi Abd Er Rahmane (p. 72) puis, plus loin, Azemmour (p. 106) à
l'embouchure de l'Oum Er Rebia et le phare de SidiMsba (p. 112)
dominant un blanc cordon de dunes. On entre enfin dans la
baie pour toucher le port de Mazagan.
7. — MAZAGAN
Pour les relations avec la France, K Voies daccès, p. 55 à 60.
Emploi du temps. — Quelques heures suffisent pour la visite de
Mazagan dont l'intérêt se concentre dans l'ancienne citadelle. Les courts
itinéraires qu'on trouvera plus loin partent de la place du Marché. Les
touristes qui voudront y consacrer plus de temps feront, en automobile
ou en voiture, les excursions des environs immédiats signalées
ci-après (p. 112).
MAZAGAN (en arabe El Djedida), ville de 21,700 hab., dont
830 français, 750 autres européens, 17,000 musulmans,
3,100 israélites, ch.-L du Cercle des Doukkala, est située par
12''5 de longitude E. et 36''95 de latitude N., sur l'océan Atlan-
tique, au fond d'une magnifique baie, rocheuse aux extrémités,
sablonneuse au centre, et à peu de distance au S. de l'embou-
chure de rOum Er Bebia.
« Les murailles, les portes surmontées des écusspns des
rois du Portugal, le vieux château fort, le petit port de
débarquement et l'immense citerne sur laquelle la plus grande
partie de la ville est construite, tout rappelle l'origine portu-
gaise de Mazagan. » En attendant la création d'un centre
européen, la ville indigène été l'objet de modifications qui
MAZAGAN.
[71 — 109
permettent aux immigrants de s'installer aussi confortablement
que possible. Un plan nouveau, de 2 k. 5 de rayon, bien étudié
et largement conçu, fera rayonner l'activité, cantonnée dans
des quartiers spéciaux, autour du point central situé à proximité
du port, où se trouvent réunis tous les services publics et privés.
L'industrie européenne est déjà représentée par quelques
usines : fabrique de crin végétal, scierie mécanique, fabrique de
glace, ouvrages en ciment, etc.. Le commerce, déjà important,
consiste dans l'échange des produits agricoles fournis par la
région des Doukkala, entre autres l'exportation des œufs.
Mazagan possède une école de pêche et de navigation. Celle-ci
compte une soixantaine de barcassiers et de dockers qui se
destinent à la marine chérifienne. L'école de pêche enseigne
la pratique de nouveaux engins; elle dispose de la lagune de
Sidi Moussa où l'on fera la culture et l'élevage des langoustes,
huîtres et autres coquillages.
La plage de sable lin est très belle. Le climat de Mazagan est
doux : la température oscille en effet entre 28'' et 30° en été,
16° à 18° en hiver. Mazagan est susceptible de devenir une
station estivale et hivernale très fréquentée.
C'«« de Navigation : — de
Navigation Paquet (Mortéo), r. du
Capiiaine-Héric-Spinney ; C'^- Gé-
nérale Transatlantique (C'*^ maro-
caine), route d'Azemmour; Va-
pores Correos de Africa; Bland Line
(Pons), route de Marrakech; Royal
Mail (Pitto), derrière le Crédit Fon-
cier; Power et Lloijd (Netto et
Sons), route de Marrakech.
Hôtels : — de France (Lescoul),
r. de la Poste (pens. 10 à 15"; pens.
mensuelle 150 à 200); Grand-Hôtel
(Mme Ledru-Hamet, Pl. a B-2), pl.
Galli.éni (40 ch. de 4 à 10 ; rep. 1,
3.50, 4, V. c. ; pens. dep. 12; salon,
téléph., bains, jardin, gar. 2 fr.);
Grand-Hôtel Mazagan (ch. dep.
3 fr.; pension mensuelle 160 fr.,
V. c).
Brasserie-restaurant : — Paris-
Cinéma (Nègre), av. de Marrakech,
près de la poste (rep. 4 fr. v. c).
Banques : — d'Etat du Maroc, r.
de Marrakech; Algérienne, r.
de la Poste; Crédit Foncier d'Al-
gérie et de Tunisie, route de Mar-
rakech ; West Africa, route de Mar-
rakech.
Voitures de place : — Station :
pl. de la Douane ; — En ville :
course simple, 0 fr. 75; course
double (avec arrêt), 1 fr. 25; — hors
ville : la demi-heure, 1 fr. 50;
l'heure, 3 fr. — Mazagan-Azemmour
ou vice-versa, 2 fr. la pl. ; autres
excursions (voit, de 4 à 6 pl.) : la
demi-journée, parcours maximum
20 k., aller et ret. 12 fr. ; la jour-
née, parcours maximum do 35 k.
aller et ret. 25 fr.
Montures de louage (chev. et mu-
lets) : — 5*et 10 fr. par jour (s'adres-
ser aux hôtels).
Services automobiles : — pl. de
la Poste ; — 2 serv. quotidiens sur
Azemmour en 30 min., 5 fr., et sur
Casablanca en 2 h., 25 fr. la place ;
serv. irrégulier sur Safi en 6 h.,
50 fr. la pl., et sur Marrakech
(prix à débattre).
Librairie-papeterie : — Vve Petit,
r. du Commandant-Bolelli.
Photographie : — Clark, cité
Ben Driss ; Coutier.
Consulats : — d'Angleterre, r. du
Capitaine-Héric-Spinney ; de Bel-
(jique ; d'Espagne (Mellah); de Hol-
lande; d'Italie; de Norvège ; de Poi--
tugal.
Histoire. — Mazagan est construit sur remplacement do Portus
Rutulis, que Polybe situé à 7 milles au S. de l'Anatis antique, l'oued
Oum Er Rebia actuel. La première installation portugaise date dé 1502
et consista en un fortin neuf : El Bridja El Djedida (|ue les indigènes
110 — [7]
MAZAGAN.
désignèrent ensuite, par abréviation, El Djedida. Les Portugais cons-
truisirent en 1506 une ville européenne, qu'ils mirent 36 ans à fortifier,
et qu'ils appelèrent Mazagan. Elle devint le centre de leurs établisse-
ments sur la côte atlantique et fut leur dernier point d'attache au Maroc.
En 1561, Moulay Mohammed, fils du sultan saadien Moulay Abd Allah,
assiégea la ville avec une importante armée, mais la garnison, qui se
composait de 2,600 Portugais seulement, repoussa victorieusement
l'assaut (1562). Sous la pression de Sidi Mohammed Ben Abd Allah, ils
évacuèrent la place en 1769. Voici comment les chroniqueurs musulmans
relatent leur départ : « Au début de ramadan 1182 de THégire, les
Portugais, fatigués d'être assiégés, demandèrent à leur roi la permis-
sion de quitter la ville. Celui-ci la leur accorda, mais le gultan n'y con-
sentit qu'à la condition qu'ils n'emporteraient que leurs vêtements. Les
Portugais mirent le feu à leurs meubles, tuèrent leurs chevaux et creu-
sèrent une mine souterraine. Un forgeron fut laissé pour y mettre le feu
et ils s'embarquèrent pour Lisbonne. Le roi les envoya par la suite en
Amérique (vers l'embouchure de l'Amazone) où il leur fit bâtir une autre
Mazagan. » (Kitab el Istiqça). Le récit n'est pas entièrement conforme
à la vérité, car la colonie portugaise ne voulait pas quitter la ville ;
elle reçut, au contraire, de son roi l'ordre de l'évacuer. — Moulay Abd
Er Rahmane reconstruisit la ville vers 1815 et lui donna le nom à.'El
Djedida, « la nouvelle ». Il la peupla de gens des Doukkala et d'un con-
tingent d'Israélites d'Azemmour, qui s'installèrent dans les anciennes
constructions. Le développement de la cité indigène moderne ne remonte
toutefois guère qu'à 1890, époque à laquelle on construisit de nouveaux
remparts. L'essor de la ville va croissant depuis l'établissement du Pro-
tectorat français (1912).
Bibliographie : — La Place de Mazagan sous la domination portugaise
(1502-1769), par J. Goulven, Paris, Laroze, 1917, in-12.
On entre dans l'ancienne ville portugaise, qui sert aujour-
d'hui de mellah, par une porte s'ouvrant à TE. de la place du
Marché et donnant immédiatement accès au commissariat de
police^ vieille construction aménagée où l'on demande l'autori-
sation de visiter la citerne. A dr., s'élève Véglise de VAssomption,
ancienne église paroissiale de la place chrétienne de Mazagan,
dont il ne reste plus que la façade (assez bon état de conserva-
tion), flanquée, à g., de l'amorce d'un clocher démoli ; les côtés
sont masqués par des boutiques.
Sous le porche (franchir la grille) sont conservés : deux inscriptions
sur pierre, se référant à Louis de Loureiro, qui édifia la place de Maza-
gan par ordre du roi Don Juan III, en 1541, alors qu'il était capitaine-
major; une stèle; des photographies représentant les vestiges de la
citadelle, de divers monuments portugais, un plan de la citerne et des
vues de remparts de l'ancienne place de Mazagan. En face de l'église
se trouvaient les anciennes forges.
Après avoir tourné à g., rue William-Redman, après la
voûte n° 50, on trouve la ^citerne, dénommée à tort salle
(TarmeSy immense construction souterraine de 34 m. sur 33 m.,
aux voûtes soutenues par 5 rangées de 5 piliers trapus en
pierre de taille. Le pavement est en briques et la salle reçoit
7. —
L'ancienne
MAZAGAN.
[7] — 111
son éclairage par une ouverture circulaire de 3 m. 50 de dia-
mètre surplombant un bassin aux parois de pierres taillées.
Edifiée au début du xvi® s., elle servit de citerne après l'achè-
vement des remparts (1541).
La citerne était comprise dans la vieille citadelle d'El Bridja, qui
mesurait 58 m. sur 47 et comprenait en outre une chapelle, un hôpital,
une prison, le palais des gouverneurs et des intendants portugais. La
tour de Rebât, encore visible, dominait l'ensemble ; de son sommet, l'on
découvrait le pays à 5 lieues à la ronde et les guetteurs avertissaient
la troupe, au son de cloche, des mouvements de l'ennemi.
A rextrémité de la rue William-Redman, une fenêtre percée
dans le rempart, à l'emplacement de l'ancienne porte de la
mer, permet de jeter un coup d'oeil sur le port {V. ci-dessous)
et sur la baie. On tourne ensuite à g. pour sortir par Bah
Djedid, rentrer par la porte suivante et monter, par un plan
incliné, sur le bastion Saint- Antoine encore muni de vieux
canons rouillés, d'où l'on a une vue sur le quartier du Marchan,
le cimetière juif aux tombes plates, et la mer. Un chemin de
ronde ramène au bastion N. et à l'ancienne église Saint-Sébastien^
dite palais de l'Inquisition, couronnée d'un fronton semi-circu-
laire orné de volutes.
' Poursuivant la promenade des remparts vers le S., on atteint
Vancien port portugais, dont on fait le tour, pour rejoindre le
bastion de VAnge, d'où l'on domine, au S.-E., le port actuel, la
plage, le jardin de Sidi Moussa, et, à PO., la Medina sur laquelle
veillent le minaret de la mosquée El Khaldounia et le phare
de Sidi Bon Asfl (p. 112).
En continuant vers l'E., on arrive au bastion du Saint-Esprit,
pour redescendre et revenir à la place du Marché.
77. — Le port.
De la place du Marché, se diriger vers l'avenue de Marrakech
et prendre la première rue à g.
Le popt (en construction) sera fermé par deux jetées allant à la ren-
contre l'une de l'autre, ha. jetée Nord, à peu près achevée, aura 400 m.;
la jetée Sud, très avancée, aura 600 m. ; la passe ménagée entre elles
mesurera 40 m. Ainsi sera constitué un avant-port de 7 hect. avec terre-
pleins de 4 hect. Sur cet avant-port s'ouvriront la darse ancienne et un
abri pour barcasses ; ce dernier, long de 200 m. et large de 60, entouré
de quais verticaux. Les travaux de construction et d'aménagement
s'élèveront à 4 millions et demi. En attendant, un épi rocheux protège
le petit port actuel contre la houle d'O. Les navires ancrent à 5 ou
600 m. du rivage par des fonds de 12 m.
Le mouvement général du port de Mazagan, qui atteignit 25 millions
en 1915, est passé en 1917 à 45 millions se répartissant sur 60,000 tonnes.
Il est principalement dû à l'exportation des produits agricoles des
Doukkala et de la région de Marrakech : orge, blé dur, maïs, fèves,
pois chiches, alpiste, cumin, œufs (20,000 quintaux), laines, peaux, etc.
112 — [7]
MAZAGAN.
UJ, — La plage.
Pour s'y rendre, on s'engagera dans l'avenue de Marrakech
jusqu'aux bureaux de la Place, d'où l'on prendra, à g., la route
d'Azemmour, qui longe la plage dès la sortie de la ville.
Cette *plage magnifique, de 1,800 m. de long, s'étend du port
jusqu'à une ligne de rochers qui l'arrête à l'E. Tapissée de
sable fin, elle est bordée, du côté de la terre, par une ligne de
dunes qu'arrêtent les jardins avoisinants.
7 y*. — La ville moderne,
La ville moderne n'a aucun caractère particulier. Son marché
aux légumes, situé à l'O. de la place du Marché, présente
quelque intérêt dans la matinée. En poursuivant la promenade
sur la route de Safi, on laisse (0 k. 7), à quelques centaines de
mètres à g., Vhôpital indigène^ le cimetière musulman, la villa Abd
Er Rahmane, et l'un atteint, dans la campagne (1 k. 3), le mara-
bout de Sidi Bou Asfi, au milieu d'un verdoyant bosquet, et le
PHARE de même nom. La tour, en maçonnerie, a 43 m. de
hauteur au-dessus du sol arasé à la cote 20. La lanterne est
ainsi à 63 m. au-dessus du niveau de la mer.
A 800 m. et à 1,200 m. du centre de la ville, vers le S.-O.,
sont installés deux camps bien aménagés : le camp Requiston et
le camp des unités auxiliaires marocaines.
Si, de la place du Marché, on se dirige vers le N.-O., on
trouve successivement : 0 k. 2 la place du Marôhan ou place Gal-
liéni, dotée d'un square orné d'amples vasques venant d'Europe,
commandées par Moulay Abd El Aziz pour la résidence de Mar-
rakech, et qu'on ne put, faute de moyens de transport suffisants,
faire parvenir à leur destination ; 0 k. 4 Vécole de Valliance
Israélite; 0 k. 7 les bureaux du Service des Renseignements; 1 k.
le rivage rocheux qui marque l'extrême pointe N. de la banlieue
de Mazagan. A 300 m. à g. se trouvent les abattoirs, de 3,000 m.
carrés de superficie, qu'avoisine une porcherie.
Environs. — i'' Marabout de Sidi Moussa (3 k. S.-E. ; chemin car-
rossable; 1 h. de voit, aller et ret., 4 fr.). — On quitte l'avenue de
Marrakech à la hauteur des bureaux de la Place, pour laisser à g. la
route d'Azemmour et s'engager sur la piste de Sidi Moussa. — 1 k. 8.
Douar Bayel, en bordure de grands jardins, qu'on traverse ensuite. —
2 k. 5. Figueraics de part et d'autre de la piste. — 3 k. A dr. marabout
de Sidi Moussa, le patron de Mazagan, au S. duquel s'étend un cimetière
musulman.
On peut encore se rendre sur ce point par la route de Marrakech
qui passe devant (1 k.) le douar Hadj Assous, (1 k. 2) des ruines,
(1 k. 6) le douar Abd Allah Ben Ahmed, et quitte à cet endroit la route
de Marrakech pour rejoindre la piste de Sidi Moussa.
Ces deux trajets peuvent être parcourus l'un à l'aller, l'autre au retour
2** Phare de Sidi Msba (7 k. S.-E.). — On suit quelque temps la
route de Mazagan à Azemmour (p. 107) pour prendre une piste à dr. qui
conduit directement au phare. L'ouvrage est constitué par une tour
carrée en maçonnerie de 13 m. 40 au-dessus du sol nivelé à la cote
LES DOUKKALA.
[S] ^ 113
36 m. 90. La plate-forme, qui supporte la lanterne, est ainsi à la cote
50 m. 30. Le feu, de second ordre, est un feu de direction à secteurs
colorés à occultations. Il couvre, d'une part, les fonds rocheux du récif
sous-marin qui s'avance au N.-O. de la rade de Mazagan et, d'autre
part, le plateau de sable qui forme l'épi de l'Oum Er Rebia à Azemmour.
3» Moulay Abdallah et Ruines de Tit(7k. S. ; recommandé). — Vil-
lage aux maisons grises, parmi lesquelles se détache la blanche mosquée
de Moulay Abdallah, santon fort réputé qui aurait vécu vers le xii« s.
Le village est construit sur l'emplacement d'une cité romaine (?) Tit,
dont on ne voit plus que l'enceinte et le port ruinés.
Plus loin, à l'E. de la piste qui conduit à Safi, s'élève Z>ar Ed Dou,
avec maisons d'habitation, échoppes, hammam, construits à la fin du
xix^ s. par le caïd Ed Dou. Inquiet de la puissance de ce chef, Moulay
El Hassane le fit emprisonner et le dépouilla de ses biens.
40 Cap Blanc (15 k. S.-O.). — On s'y rend parla piste de Safi. Avec sa
source, ses ruines et sa station de pêche à la langouste, le site ne manque
pas d'attrait.
De Mazagan a Bou Laouane, V. ci-dessous, 1°; — a Ben Guérir, p. 114
et 115; — A Marrakech, p. 115; — a Safi, p. 116.
8. — LES DOUKKALA
Aperçu général. — L'arricre-pays de Mazagan porte le nom de
Doukkala. Cette « région bénie », disent les indigènes, comprend :
1° ÏOuldja, bande étroite de 1 k. 5 à 3 le. 5 de largeur, longeant la mer
à l abri d'un rideau de dunes. L'eau, qui y est profonde, sert à l'irriga-
tion de cultures indigènes : henné, légumes, menthe et quelques arbres
fruitiers et céréales; 2° la Plaine, où abondent les terrains « tirs » et
« hamri » particulièrement propres à la culture des céréales; 3° le
Sahel, zone côtière et montagneuse, où se fait l'élevage, et où l'on trouve
plus de 2,000 hect. de vignobles indigènes.
La région est peuplée de 185,000 hab. ; ses 700,000 hect. de superficie
sont couverts de 300,000 hect. de cultures, où le blé dur, l'orge et le maïs
entrent pour les neuf dixièmes. Les vignes, le lin, l'alpiste, les pois
chiches, se partagent le reste.
Le cheptel, important, compte 3,000 chevaux et mulets, 15,000 ânes,
5,000 chameaux, 40,000 bovins, 140,000 moutons et chèvres, 25,000 porcs.
Le pays est également riche en volailles, les chapons des Doukkala sont
renommés dans tout le Maroc et le commerce des œufs est considérable.
Quelques fermes européennes se sont récemment créées dans le pays.
La province de Doukkala fut longtemps vassale et tributaire de la
couronne de Portugal.
Itinéraires. — Parmi les excursions ci-dessous décrites, seules celles
de Bou Laouane et d'Oualidia présentent un réel intérêt touristique.
L'excursion de Sidi Ben Nour a surtout un intérêt agricole. On trouvera
des automobiles de louage à Mazagan au prix de 1 fr. à 1 fr, 50 le k.;
s'informer aux bureaux d'autos avoisinant la poste.
l"" Bou Laouane.
68 k. S.-E. — Bonne piste à profil très peu accidenté, autocyclable par
beau temps.
La piste se développe d'abord à travers une région peu
cultivée.
MAROC.
114 — [8J
LES DOUKKALA.
26 k. Sidi Embarek, ancien gîte d'étapes makhzen, au milieu
d'un pays aride occupé par les Ouled Bou Aziz et Haouzia. A
3 k. 5 au N.-O., maison du caïd Bou Ghaib El Kebir.
45 k. Dar Mohammed Ben Abd EL Kader, caravansérail auprès
de puits abondants de 25 m. de profondeur. A 2 k. E., marché
du dimanche des Ouled Fredj. A 5 k. N.-O., maison du caid
Bou Ali. — Au delà, le pays, très riche et très habité, compte
beaucoup de peuplements de vignes; la piste longe de nom-
breux douars, en particulier le marché du jeudi des Ouled
Fredj. J
68 k. Bou Laouane (p. 83). m
2° Sidi Ben Nour. 1
AuTOGYCLiSME : 71 k. s. — Bonne route principale n° 9 à profil poiil
accidenté.
On sort de Mazagan par l'avenue et la route de Marrakech ■
qui se dirige vers le S. et traverse un pays riche. — 7 k. Dar
Ben Abbas EL Hammadi,
25 k. Sidi Brahim, marabout sur le territoire des Ouled Ben
Aziz. A 1 k. 5 0., maison du caïd El Haouari. — La région,
légèrement ondulée, est rocailleuse et peu fertile. Plusieurs'
maisons s'élèvent le long de la route.
49 k. Sidi Smaïne, ch.-l. du contrôle civil et siège d'une zaouïa,
qu'avoisinent les bâtiments du mokaddem et quelques koubbas.
Tribu des Kouassem. Sidi Smaïne possède une écoLe d^ agricuLLure,
installée sur une propriété de 7 hect., où une vingtaine d'indi-J
gènes s'initient aux divers travaux agricoles : jardinage, culJf
ture de la vigne, arboriculture, élevage du bétail et des animaux
de basse-cour.
De Sidi Smaïne a Souk el Arba des Reguibat et a Safi, p. 116.
Les terres sont riches et cultivées. — 55 k. Dar Ali Bou Chaib.
— 62 k. Dar Raid Brahim Bou Chaïb, à l'E. de la route.
71 k. Sidi Ben Nour, sur le territoire des Ouled Bou Zer-
rara, ch.-l. de la circonscription des Doukkala S., centre
d'annexé de contrôle civil, siège d'une exploitation agricole
européenne (ferme Munoz), marché important le mardi. Zaouïa
réputée. — A 2 k. 0. douar du caïd El Hammadi.
DE SIDI BEN NOUR AD DJEBEL LAKHDAR (23 k. S.-E. ; piste muletière .
— On gagne d'abord le douar de Sidi Mohammed Chorkaoui, d'où com-
mence l'ascension du Djebel (l h. 30) en empruntant un petit sentier
qui suit une combe profonde. Du sommet rocheux, ou du signal géodé-
sique situé plus haut (693 m. d'alt.) on domine, à l'E., le pays des
Rehamna bordé par l'Atlas, et, à 10., les Doukkala limités par l'Océan.
DE SIDI BEN NOUR A BOU LAOUANE (46 k. N.-E. ; bonne piste). — Le
trajet s'effectue presque entièrement en pays riche et bien cultivé. —
3 k. Sidi Mohammed El Aouni. — 13 et 17 k. Sources des Ouled Bou
Ziano, dans des dépressions nettement marquées et orientées du N. au
S. — 23 k. Douar des Oïded Youssef. — 25 k. Souk Khemis El Aouanat,
marché du jeudi avec douar et nombreuses habitations dans un rayon
SIDI BEN NOUR. — OUALIDIA. [S] ~ 115
de 3 à 4 k. — 31 k. i9ar Abbou. La piste traverse ensuite une région de
pâturages. — 46 k. Bou Laouane (p. 83).
DE SIDI BEN NOUR A BEN GUÉRIR (68 k. S.-E. ; piste muletière, impra-
ticable aux voitures dans la partie centrale du parcours où elle n'est
qu'un mauvais sentier rocailleux entre le Djebel Touaf et le signal de
la Merdja), par : 19 k. Sidi Ben Brorh; 40 k. Kasba Cheikh Ben Salah]
54 k. Souk Es Sebt des Chiadma. — 68 k. Ben Guérir (p. 84).
De Sidi Ben Nour a Caïd Tounsi, p. 85; — a Marrakech, p. 115; —
A Safi, p. 116.
3*^ Oualidia.
84 k. S.-O. — Piste côtière à profil peu accidenté, empierrée sur la pre-
mière moitié de son parcours; autocyclable.
7 k. Zaouïa Moulay Abd Allah et (10 k.) Dar Ed Dou à l'O. de
la piste (p. 113, S''). — 30 k. Biar El Asara, point après lequel la
piste est bordée, à l'E., par une falaise de 50 m. de hauteur
franchissable en quelques points seulement. Entre la piste et
les dunes de la côte, le terrain, marécageux, est parfois d'un
parcours dangereux.
45. k. Dar Touimi, maison du caïd des Ouled Aissa. — 50 k.
Douar Aoiiamra. — 53 k. 5. Zaouïa Sidi Brahim Ould Allah. —
65 k. A 1 k. 5 à l'E., zaouïa Sidi Ahmed Embarek. — 75 k.
Zaouïa Sidi Touza. — 78 k. Sidi Moussa.
84 k. Oualidia, port naturel actuellement ensablé, situé au
fond d'une lagune étroite, et village de noualas d'un millier
d'habitants. Une ancienne kasba, construite sur la falaise voi-
sine, commande la position. Cet édifice rectangulaire, de 96 m.
sur 60, est flanqué de bastions sur lesquels reposent quelques
vieilles pièces d'artillerie. Des citernes étaient aménagées à
l'intérieur. La kasba fut édifiée sur l'ordre du sultan saadien
El Oualid (1634), qui créa le petit port, aujourd'hui inutilisable,
en améliorant la lagune d'Aïer et son chenal.
D'OUALIDIA AUX RUINES DE MEDINET EL GHARBIA (20 k. S.-E. ; piste).—
Les ruines d'El Gharbia, situées dans la plaine fertile des Ouled Amor,
se composent de remparts en pisé, à moitié écroulés aujourd'hui, qui
enserraient deux quartiers très étendus munis de puits et de silos. Les
indigènes attribuent à cette ville une fondation plus ancienne que celle
de Slarrakech et prétendent qu'elle fut évacuée en 1521 après une
disette qui ravagea les Doukkala.
D'OuALiDiA A Safi, p. 117, B.
De Nazagan à Marrakech.
AuTocYCLi^E : 209 k. S. — Bonne route principale n° 9.
71 k. de Mazagan à Sidi Ben Noar, p. 114. — La piste se pour-
suit dans un pays de riches cultures, de vignes et de vergers.
91 k. .Sidi Rhal MtaU koubba de Sidi Rhal Mtal, station de
monte et fondouk tenu par un colon français. Marché peu impor-
tant, le vendredi, des Ou)ed Zerrara. Sur ce point, se trouvent
les ruines abandonnées d'un bordj et d'une kasba aux tours
116 — [9]
DE MAZAGAN A SAFI.
carrées. — Plus loin, le pays est montueux et moins riche en
cultures. — 96 k. Sidi Ahmed El Aouaïy à l'O. de la piste.
100 k. 5. Guerando, fortifications et ruines anciennes, proba-
blement d'origine berbère, au sommet du piton de même nom,
à 412 m. d'alt. Elles dominent, à l'O., la plaine des Ouled
Amrana, et, au S., le plateau des Rehamna. Une canalisation,
dont les restes subsistent encore, amenait l'eau d'une hauteur
voisine. Guerando passe pour avoir été jadis le poste le plus
avancé des Portugais en Doukkala.
114 k. Souk Et Tnine des Ouled Amrane, marché du lundi.
A 1,200 m. au S.-O., lit de Toued Bou Ghane.
On peut se rendre d'Et Tnine à Ben Guérir (38 k. E.) par deux pistes
aménagées : 1° ('24 k.) par Souk Es Sebt des Ghiadma, où la piste rejoint
celle de Sidi Ben Nour à Ben Guérir (p. 115); 2^ en suivant le pied des
Ganiour Sghir et l'oued Bou Chane. '
La région qui suit est moins habitée et moins cultivée.
126 k. Source de Smaira. — 130 k. Puits d'Atatsa. — 142 k.
Nzala Chmeïda.
153 k. Souk El Had El Menehhi, marché du dimanche. — La
piste, peu accidentée, longe le pied des contreforts N. des
Djebilet, et passe à (167 k.) Sidi Ahmed El Fedil.
Une autre bonne piste, aménagée sur sol sablonneux et autocyclable
passe par Dar El Maouïa, raccourcissant le trajet de 4 k.
178 k. Sidi Bou Othmane, où la piste rejoint la route principale
n° 7 de Gasablanca à Marrakech (p. 84).
209 k. Marrakech (p. 85).
9. — DE MAZAGAN A SAFI
On peut se rendre de Mazagan à SaPi par la voie de terre et
par la voie de mer. La première est plus rapide, surtout si l'on
utilise la route et l'automobile.
A. — Par la route.
165 k. S.-O. — Bonne piste à profil presque plat, autocyclable par temps
sec. Routes principales n»* 9, 11 et 12, construites pu en construction.
72 k. de Mazagan a Sidi Ben Nour, p. 114. — La piste
aménagée traverse des « tirs » et quelques zones sablonneuses.
104 k. Dar El Hafdi, en tribu Doukkala. Le pays est riche et
très peuplé. Les villages de noualas, entourés de haies de
cactus, sont nombreux. La plaine s'étend de tous côtés à perte
de vue.
116 k. Souk El Arba des Reguibat, grand marché du mercredi.
139 k. Dar Sidi Aïssa, grand village enclos de murs et kasba
bastionnée, en tribu Abda, dans une remarquable région de
terres noires.
165 k. Safi {V. ci-après).
SAFL
[10] 117
Variante : Le trajet peut être abrégé de 14 k. en prenant à (50 k.)
Sidi Smaïne (p. 114), la piste, très bonne en été, qui passe à (80 k.) Souk
El Khemis des Zemamra. marché très actif des Ouled Amor, et rejoint,
à (102 k.) Souk El Arba des Reguibat, la piste de Sidi Ben Nour à Sati.
B. — Par la piste côtière.
143 k. S. -O. — Piste aménagée, autocyclable, mais plus dure que la route.
84 k. de Mazagan à Oualidia, p. 115. Après Oualidia, la piste
s'écarte du rivage pour ne le retrouver qu'à Safî. Au début,
passages tantôt pierreux, tantôt en terrains « tirs ».
116 k. 5. Rhelimine, où sont réunies plusieurs koubbas.
143 k. Safl (F. ci-après).
Variante : D'Oualidia, une piste mauvaise, rocheuse et impraticable
aux autos, conduit à Sali en longeant la côte jusqu'à Sidi Radi et Sidi
Seksiou, puis en s'en écartant un peu, elle passe à Sidi Talha, Sidi Sri
et rejoint la précédente à .7 k. avant d'arriver à Safi.
C. — Pau la mer.
140 k. ou 86 milles marins : — de Navigation Paquet, serv. com-
mercial bimensuel ; Générale Transatlantique, service mensuel
mixte : Vapores Correos de Africa, 2 serv. mensuels réguliers; Royal
Mail Stcam Packet et O", serv. mensuel; s'informer des dates des
départs et des prix aux bureaux des compagnies.
Après avoir contourné la pointe rocheuse qui limite Mazagan
au N., on se dirige vers le S.-O. pour doubler (20 k.) le cap
Blanc. — 85 k. On devine, sur la côte, la kasba d'Oualidia (p. 115),
et l'on fait voile vers le S. pour passer devant le cap Cantin
(p. 124) et le cap Safi (p. 123). Safl se découvre bientôt : « L'aspect
de la ville est très pittoresque. Au-dessus d'une plage de sable,
qu'encadrent à dr. et à g. de hautes falaises de roches grises,
la ville dresse ses murailles crénelées, son fouillis de terrasses
blanches dominé par les tourelles et les remparts altiers d'un
château fort en ruines datant des Portugais » (A. -H. Dyé).
10. — SAFI
Emploi du temps. — Il suffit de 2 à3 h. pour visiter entièrement^afi,
même à pied. Un tour complet partant de la place du Rabat et y rame-
nant fera voir successivement la Medina et le ravin du Chaaba, la
Kechla et la mosquée avoisinante, le Camp, le quartier du Rabat où l'on
terminera le tour par Dar El Bahar. — La promenade de Sidi Bou Zid
peut se faire en 1 h. aller et ret.
SAFI (en arabe : Asfi-, ethnique : Sfioui), ville de 21,000 hab.
environ, dont 370 français et 380 autres européens, 17,000 musul-
mans et 3,380 israélites, est assise sur le versant d^un éperon
du plateau d'Abda qui dévale en descente rapide vers l'Océan
et passe, sur une distance do 500 m., de 50 à 60 m. d'alt. au
118 — [10]
SAFL
niveau de la mer; le port ouvert au commerce est situé au fond
d'une crique aux arêtes rocheuses. Safi est le ch.-l. du cercle des
Abda, de 350,000 hect. de superficie et peuplé de 150,000 hab.
La ville ancienne, bâtie sur la pente d'un plateau qui
s'infléchit très rapidement vers la mer, et entourée d'une
enceinte crénelée comprend : l'* la Medina et le Mellah, que
surveille la Kechla juchée sur la hauteur la plus proche; 2° le
Rabat, autre agglomération indigène au S. de la première, et
qui renferme en outre les entrepôts des négociants européens
et le sanctuaire du patron de la cité; il est dominé à l'E. par
le Camp (baraquements) qui abrite la garnison; 3" la colline
El Biadha, quartier mi-européen, mi-indigène, de plus de
3,000 hab., qui s'élève au N. et à 1,500 m. de la Medina; 4° le
plateau El Aouïna, également au N., où s'élèvent surtout des
constructions neuves abritant des familles européennes. — La
ville nouvelle, jalonnée par quelques villas, s'élèvera sur le
plateau situé en arrière du camp.
Safi est le port le plus rapproché de la capitale du S. (115 k.).
Cette situation privilégiée constitue l'une de ses plus grandes
chances d'avenir, car il peut drainer les produits des Abda,
des Ahmeur et en partie de la région de Marrakech. L'atterris-
sage des bateaux est toutefois impossible par les vents d'O.
Le climat de Safi est sain et tempéré.
Hôtels : — Safi- Hôtel (Mme Ray-
mond ; Pl. a A3) r. des Marchés,
près du Port (10 ch. de 5 à 12; rep.
3.50, 4 ; pension mensuelle 160 fr.
sans ch., 200 fr. avec la ch., v. c. ;
gar.) ; de France [Yvoment ; Pl. b C2),
quartier de Dar El Baroud, sur le
plateau (12 ch. de 6 à 10; rep. 1,
4, 4.50, V. c; jardin; garage).
Cafés : — Central (Llamas), rue
des Marchés; Safi-Club (cercle).
Banques : — d'Etat du Maroc,
Algérienne et Crédit Foncier
d'Algérie et Tunisie, toutes trois
pl. du Rabat; Algéro-Tunisiennc.
Services automobiles : — bureau
de location (Gaston Cohen), r. des
Marches. '
Garages : — Canut et Grand,
Murdoch Butler, Gaston Cohen y r.
Bab Ahmar, près de la justice
de paix; Pujol , près du Camp.
C'«s de Navigation : — de
Navigation Paquet (Legrand); C'=
Générale Transatlantique (André) ;
Bland Line (Lamb Brothers);
Power Line et lioyal Mail (Fernau
et Hurrot) ; Vapores Correos de
Africa (Landuburru).
Consulats : — d'Ajig le terre; de
Danemark ; Espagne ; d'Italie ; de
Hollande ; de PoriugaL
Spécialités : — -poteries émaillées;
ouvrages en cuir : babouches, cein-
tures, sacoches.
Histoire. — On est encore peu renseigné sur le passé d'Asfi dont les
historiens arabes ne parlent qu'à partir du wi"^ s. Le roi de Portugal,
Don Manuel, profitant de la discorde qui régnait entre deux de ses habi-
tants, Ali et Yahia Ben Tatouf, donna l'ordre au Gouverneur de Mazagan
et à l'amiral Don Garcia de McUo de s'emparer de Safi, ce qui fut fait
en 1508. En 1511, les sultans essaient de la reprendre, mais sans succès.
Les Portugais la dotent d'une enceinte fortifiée ; de là, ils rayonnent
dans le Haouz jusqu'aux abords de Marrakech. Mais la ville, grandie
et prospère, porte ombrage aux sultans (jui prêchent contre elle la guerre
sainte. Les Marocains serrent de près la ville, et les revenus ne com-
pensant pas les dépenses, elle est évacuée par les Portugais en 1541,
après embarquement de l'artillerie et destruction des fortifications.
120 — [10]
SAFI.
Safi devient, pendant quelques années, la résidence du consul de
France au Maroc; le marseillais Guillaume Bérard y est envoyé le
premier vers 1580. C'est là que sont signés, par le sultan du Maroc et le
chevalier de Razilly, accrédité par Louis XIII, les traités de 1631 et
1635 qui ouvrent, entre la France et l'Empire chérifien, une ère de
relations cordiales.
Au commencement du xvn« s., Safi est le port le plus important du
'Maroc. Un négociant de Rouen, Thomas Legendre, vient s'y installer.
— En 1767, le consul Ghénier, père du poète et du conventionnel, y
réside pendant quelque temps.
C'est à Sidi Mohammed Ben Abd Allah (xviii*' s.) que Safi doit sa
mosquée et sa médersa.
Bibliographie : Safi et sa région^ par Aimel (Casablanca, Mercié, 1915).
Les itinéraires suivants, assez courts, partent du point d'inter-
section de la route de Marrakech et de la place du Rabat au
point de contact des deux principaux quartiers de la ville. Ils
peuvent être parcourus à pied.
7. ^ — Le porh
En se dirif^eant vers le N., laissant à dr. le commissariat de
police et Saji-Hôtel, on tourne à g., près de la douane pour
atteindre le port, tout proche.
La rade de Safi est abritée des tempêtes du N. par le cap qui la
domine, mais reste ouverte aux violentes tempêtes de l'O. Les brisants
y sont dangereux. En 1908-1909, le makhzen avait d'abord établi, dans
des conditions très précaires, un loar/" métallique qui a depuis beaucoup
souffert. Le Protectorat a décidé de construire un petit port protégé
par deux jetées convergentes s'avançant jusqu'aux fonds de 6 în., c'est-
à-dire au delà des brisants. Un avant-port de 460 ares sera aussi amé-
nagé, pour la flottaison des remorqueurs, ainsi qu'une darse de 160 ares,
pour les barcasses, bordée de quais et de terre-pleins de 8 hect. Des
magasins pour la douane figurent également au projet. Une dépense de
9 millions et demi est prévue à cet effet.
Le commerce total du port s'est élevé à 36 millions en 1917, repré-
sentant un mouvement général de 92,000 tonnes. Les opérations de
débarquement s'effectuent dans des conditions très satisfaisantes de mai
à octobre.
77. — La MeJina.
A quelques pas au N. de Safi-Hôtel, Tartère principale de la
Medina fait un coude brusque vers la dr., séparant le mellah,
à g., de la ville arabe, à dr.; c'est la rue des Marchés, où se con-
centre le commerce indigène, musulman et israélite. Des
échoppes la bordent de chaque côté, et les ruelles adjacentes
conduisent à de petites places où se groupent des catégories
diverses de marchands : épiciers, bijoutiers, fabricants de lan-
ternes, de babouches, marchands d'étoffes, de poteries de
Safl, etc....
Cette rue, qui laisse à g. le marabout de Sidi Bou Dehab, et,
à dr., la grande mosquée du Cheikh Mhammed Salah et la chapelle
SAFL
110] — 121
catholique^ aboutit au mur d'enceinte N. qu'on franchit à Bab
Chaaba^ « la porte du vallon ». Un ravin s'ouvre en effet immé-
diatement à l'extérieur, occupé à g. par une place où se tiennent
un marché le matin et des conteurs le soir. La porte à arcades
qui la limite à l'O. est Bab El Kouass. Les potiers et les forge-
rons sont installés de ce côté. Un peu plus au N. sur un tertre
mamelonné, s'élève, aux pieds de quelques palmiers, le groupe
pittoresque des sanctuaires de Sidi Abd Er Rahmane et de Moulay
El Ouafi, En amont, dans le Chaaba proprement dit, plus
encaissé, a été aménagé, au delà du cimetière européen, le
jardin public, que prolongent des jardins et des vergers privés.
Sur le plateau, à 500 m. à l'O. et au N. du Chaaba, existent
deux quartiers déjà habités par de nombreux européens, El
Aouïna (p. 123) et Biadha. C'est près de ce dernier que se trouve
Vhôpital civil.
Revenant rue des Marchés, à la hauteur de la chapelle catho-
lique, on gravit la rue du Consulat-de-France qui fait passer
dans le quartier des Zaouïas et devant les Services municipaux.
Ces zaouïas sont des édifices religieux sans prétention, où se tiennent
les réunions des diverses confréries musulmanes : Aïssaoua, Hamadcha,
Tidjania, Taïbia, etc. ; la porte de la mosquée de cette dernière secte
est ornée d'un auvent en bois sculpté et peint.
En poursuivant la montée de la rue du Consulat-de-France,
on atteint un plateau que bordent au N., une mosquée, et,
à l'E., la Kechla.
La mosquée, aujourd'hui désaffectée, tombe en ruines. La
cour intérieure, entièrement délabrée, était établie sur une
citerne. Dans la salle de prières, on n'a plus à remarquer que
quelques menuiseries dans les angles et des restes de revête-
ments en plâtre sculpté autour du mihrab.
La *Kechla est Tédifice le plus intéressant de Safi. On y
accède (entrée permise) soit par l'escalier 0., soit par une porte
monumentale à l'E. Sise à 52 m. d'altitude, sur le rebord du
plateau incliné qui domine la ville, elle comprend une enceinte
de murs munis de curieuses échauguettes, flanqués de tours
crénelées dont le côté Ë. porte encore, en saillie, de vieux
emblèmes portugais : écussons et mappemondes. Elle fut
d'ailleurs construite par les Portugais au commencement du
XVI* s.
L'enceinte abrite à l'intérieur une grande place ou mechouar,
au milieu de laquelle s'élève une petite mosquée dont deux
faces opposées s'ouvrent sur deux péristyles d'agréables pro-
portions. Dans l'angle N. de la Kechla étaient aménagés le Dar
El Makhzen, ensemble d'appartements disposés, autour d'un
patio central dont les portes et plafonds sculptés et peints
paraissent appartenir au xviii'' s. — De la plate-forme 0., où
aboutit l'escalier dont il a été parlé plus haut, très beau *pano-
rama sur la ville indigène, plus caractéristique encore du haut
de la forteresse. « On voit à ses pieds une étroite cascade de
122 — [10]
SAFI.
maisons blanches à toits plats, dévalant jusqu'au port entre
deux murailles parallèles; des tours crénelées flanquent les
murs, et sur le rivage, un grand château complète le système
de fortifications... Au milieu de toute cette blancheur surgit la
masse carrée d'un minaret. Vers la droite, un ravin profond,
contenant pêle-mêle de pauvres chaumières et quelques
koubbas, au milieu de la verdure. A gauche, le faubourg du
Rabat, qui renferme les entrepôts des négociants et une grande
zaouia élevée sur le tombeau du marabout patron de la ville >»
(Eugène Aubin).
Les bureaux du commandant du Cercle des Abda et du Ser-
vice des Renseignements sont installés dans la Kechla.
A 100 m. à l'E. est situé le quartier de Dar El Baroud, où
se trouve rhôtel de France, et, plus au N., le cimetière israélite.
Pour gagner du temps, on pourra, de la Kechla, joindre le
quartier du Rabat sans redescendre dans la Medina; on suivra
dès lors la corniche qui passe devant le camp et longe le cime-
tière musulman dans sa partie haute. Vue sur différents points
de ce trajet, Safi se présente sous de très intéressants aspects.
777. — Le T{abaL
Le Rabat est le quartier où vivaient les guerriers religieux,
défenseurs de la foi musulmane. Il n'est pas protégé par une
enceinte. Seule son extrémité N. est défendùe en bordure de
l'Océan, par le Dar El Bahar (entrée permise, à proximité dii
commissariat de police).
Le Dar El Bahar. « la maison de la mer », est en réalité
une forteresse construite comme lal^echla (p. 121) par les Portu-
gais, au début du xvi^ s. Sa façade N. porte encore, au-dessus
de la porte d'entrée, des emblèmes qui ne laissent aucun doute
sur son origine. A l'intérieur (en face de locaux aménagés pour
recevoir un dispensaire), un plan incliné conduit sur une plate-
forme surélevée, la Skala, qui surveille l'horizon. De vieux,
canons, fondus en Espagne, à Rotterdam, à la Hague, etc., au
commencement du xvii^ s., sont encore en batterie. A' l'extrémité
S., s'élève un donjon également armé et muni d'un sémaphore,
d'où l'on a une très belle vue sur la falaise de rochers noirs
qui longe le quartier du Rabat.
Après la visite du Dar El Bahar, on s'engage sur la place d
Rabat, orientée du N. au S., longue de près de 200 m. et lar
de 40, où se groupent les organes vitaux du commerce oui*
péen : banques, compagnies de navigation, bureau de pos
fondouks. Plus loin, l'artère se rétrécit et une ruelle, à dr., co
duit à la mosquée du Rabat que domine un minaret. Une gran
zaouia édifiée sur le tombeau de Si Mhamed Ben Moumen
patron de la ville, en dépend.
La rue principale se poursuit directement au S., dessert
justice de paix et Vhôpital civil, puis conduit dans la campag
par Bab Rabat. A l k. environ en dehors, sur le plate
LES ABDA.
[11] — 123
cultivé, se trouve Lalla Zebouja, « gigaulcsque olivier sauvage
dont le tronc est divisé en un très grand nombre de branches.
Celles-ci s'élancent presque au ras du sol et étendent de tous
côtés leurs ramifications immenses; l'ensemble apparaît comme
un réseau compliqué, comme un véritable bosquet de 124 m.
de tour. Le tronc renferme des lampes et, aux branches, sont
attachés des chiffons » (Ed. Doutté).
Environs. — Les environs de Safi offrent quelques buts d'excursions
faciles qu'on pourra faire soit à pied, soit à mulet ou à cheval. Pas de
voiture de louage.
1*' Sidi Bou Zid (2 k. N.; piste; promenade recommandée). — Sortie
par Bab Chaaba et Bab Kouass'(p. 121) d'où l'on aperçoit, à g., le bordj
Stoukia, dans l'angle rentrant des remparts extérieurs. On marche
parallèlement à la mer entre des cimetières musulmans. A la hauteur du
marabout de Sidi Bou Zekri, la piste monte en assez forte pente,
s'incline vers le N.-O. et atteint, en face du quartier européen à'Él
Aouina, la côte 97. — 2 k. Marabout, de Sidi Bou Zid, dont le sanc-
tuaire et les sources se trouvent au sommet de la falaise qui surplombe
le rivage de près d'une centaine de mètres. La *vue est très belle sur la
ville et le port de Safi.
2"> Cap Safi (6 k. N.; piste jusqu'à Sidi Bou Zid, puis sentier longeant
la côte). — Le cap est d'un accès difficile. Il est commandé par le bordj
Nador, ancien poste-vigie portugais à 150 m. d'alt. La vue s'étend
jusqu'au (20 k.) cap Cantin, au S. sur le (60 k.) Djebel Hadid, à l'E.
et au S.-E. sur le pays des Abda.
8° Sidi Ouassel (3 k. S.; piste), village et zaouïa d'une famille de,
chérifs.
4" Rocher du Juif: Djopf El Ihoudi (13 k.. S.). — Trajet pittoresque
le long de l'Océan, marqué à mi-chemin par le marabout de Sidi Er
Bazi. Région très giboyeuse.
11. — LES ABDA
Aperçu général. — Limitée à l'O. par l'Océan, au N. par la plaine
des Doukkala, à TE. par la plaine de Marrakech, au S. par l'oued
Tensift, la région des Abda a une superficie d'environ 350,000 hect.
comprenant: le Sahel, bande côtiôre, de 20 à 30 k. de large et de
90 k. de long, surplombant parfois l'Océan de 50 à 60 m., n'otfrant que
de rares abris à la navigation, et assez mamelonnée à l'intérieur;
2° une plaine de 75,000 hect., derrière un rideau de coteaux de 100 à
120 m. d'alt. et dont les pentes sont cultivées, très riche en « tirs » ou
terres noires comparables aux sols désignés sous le nom de « tcherno-
zomes » en Russie méridionale; plus profonds et moins argileux que
ceux de la Chaouïa, ces « tirs » constituent la terre à blé par excellence;
3*^ Une zone de collines très accidentées s'élevant à une ait. de 600 m.
limite la région à l'E. et tombe à pic sur le bled Ahmar, « le pays rouge ».
Les habitants s'y livrent à l'élevage du cheval dont la race est réputée,
du mulet et de l'âne, du bœuf, du mouton, de la chèvre et du porc. —
Au nombre de 150.000, les indigènes des Abda, de race et de langue
arabes, sont travailleurs et commerçants. Sédentaires, ils vivent dans
des douars et des « azib » ou fermes disséminées dans la région, et
124 — [11]
LES ABDA.
collaborent volontiers à la colonisation européenne, qu'elle s'exerce
directement ou par la voie d'associations agricoles.
Itinéraires. — De Safi, il est possible de parcourir le pays Abda par
les cinq routes qui y rayonnent comme les branches d'un éventail.
Dans cette petite région plate, où les sites sont très éloignés les uns
des autres, les automobiles sont le meilleur mode de transport, mais
les voitures disponibles à Safi sont peu nombreuses. Il n'existe pas de
service régulier pour des points autres que Mazagan, Marrakech et
Mogador.
En dehors de Oualidia et de Sidi Aïssa, précédemment décrits et
qu'on peut comprendre dans la zone de Safi, nous noterons les excur-
sions suivantes : cap Cantin, lac Zima et Tensift.
1° Cap Cantin.
30 k. N. — Piste muletière.
Important point de repère pour les navigateurs. Un phare à
longue portée y est construit. Non loin de là, abri naturel de
Bedoussa.
2° Lac Zima.
69 k. 5. S.-E. — Très bonne piste aménagée, autocyclablo ; route en cons-
truction. Cette «xcursion traverse les Abda de l'O. à l'E. et permet
d'en saisir toutes les caractéristiques.
Le parcours s'effectue en entier sur la route de Marrakech,
sur profil accidenté, avec quelques passages pierreux au début.
26 k. Souk Et Tleta Sidi Embarek, marché du mardi et station
'de monte. Le profil de la route est ensuite plus plat.
41 k. Sidi Mohammed Tiji, koubba et douar à proximité, dans
de riches cultures. — La région est mamelonnée.
63 k. 5. Douar Chiadmi, puits.
69 k. 5. Souk El Khemis du Zima, marché du jeudi, en pays
Ahmar, où le paysage est moins sévère. Le lac Zima, au S.
de la route, est salé; sa profondeur et son étendue varient
selon la saison. Les indigènes des environs s'y approvisionnent
en sel. C'est l'une des plus importantes salines du Maroc.
De Zima a Marrakech, p. 126. jj
3" L'oued Tensift. M
61 k. S. — Assez bonne piste, accidentée à la fin du trajet ; autocyclabïB
Après Safi, la route prend la direction S.-E. et traverse la^
plaine d'abord sablonneuse, puis rocailleuse, fréquemment
bordée d'enclos de pierres, puis entre dans la région des « tirs "
fertiles.
28 k. Souk Es Sebt Guezzoula, marché du samedi et agglomé-
ration de fermes prospères exploitées par la voie d'associations
agricoles, pour l'élevage et la production des céréales. — Le pays
qui suit est admirablement fertile et cultivé. Sur les hauteurs,
fermes entourées d'oliviers et de figuiers. Les terrains sont
rouges : ce sont des « hamri «».
LAC ZIMA, —
SOUIRA GUEDÏMA, £11] — 125
/ 41 k. Souk Et Tnine des Riat. Sur une éminence, emplacement
^ d'un marché du lundi,
DE SOUK ET TNINE- DES RIAT A DAR KAID HADJI (18 k. S.-O.; piste
aménagée, autocyclable), par Mkhalif et Souk El Had Touabet. A 3 k.
de Dar Kaïd Hadji, se trouve la vieille kasba Hamidouch, très intéres-
sante (F. ci-après, 4"^).
Les cultures font place à des peuplements de palmiers nains,
puis de broussailles. Après le passage d'un petit col, descente
en pente d'abord douce, dans un chemin encaissé, puis plus
accentuée dans une zone d'arganiers. La route dévale ensuite
vers l'oued Tensift qu'on traverse à gué.
Uoued Tensift, qui draine les eaux du Haouz de Marrakech,
n'a pas plus d'eau à cet endroit qu'il n'en a dans la capitale,
du S. : il a été précédemment épuisé par les irrigations. La
vallée est large et profonde.
61 k. Souk El Djemaa des Chiadma, marché du vendredi, sur
la rive g. de l'oued Tensift.
De Souk el Djemaa a Mogador, p. 126, A.
4*" Souîra Guedima et le Tensift inférieur.
31 k. S. — Piste aménagée, autocyclable ; excursion recommandée pou-
vant se combiner avec celle d'Et Tnine des Riat ( V. ci-dessus, 3°) par
Dar Kaïd Hadji.
Au sortir du quartier S. du Rabat, la piste tourne à dr. pour
longer l'Océan. — 8 k. Sidi Er jRazi^ après lequel on rencontre
quelques zones sablonneuses. — On longe ensuite le Djebel El
Ihoudi. — 16 k. Sidi Deniane. — 17 k. Bir El Malah, auprès de
la falaise. — 24 k. Djebel Rhorraba.
31 k. Souîra Guedima « ancienne enceinte >>, sorte d'ouvrage
avancé de Safi, a un caractère nettement européen; elle est
sans doute due aux Portugais. Bâtie sur l'enracinement d'une
pointe rocheuse, elle est aujourd'hui complètement envahie par
les dunes. Son enceinte rectangulaire, d'environ 40 m. sur 25,
est construite en pierres de taille scellées an plomb. Elle est
llanquée de tours aux deux angles S.-E. et N.-O. La légende
dit que les pierres en furent apportées du Portugal et que la
citadelle fut édifiée en une nuit.
A proximité se trouve l'autre forteresse, également impor-
tante, de Dar Hamidouch, comprenant deux enceintes. L'enceinte
intérieure, à peu près carrée, de 70 m. de côté, est entourée exté-
rieurement d'un fossé de 5 m. de profondeur, franchissable du
côté S. au moyen d'un pont défendu par deux fortins. En face
du pont, le rempart est percé d'une porte à baïonnette. Des
bastions s'insèrent aux angles et sur les axes des remparts. A
rintérieur, s'élevaient des magasins constitués par 5 voûtes en
briques, et, sur le côté S., des logements et un oratoire.
L'enceinte extérieure bastionnée, de 150 m. de côté, enserre la
première dans l'un de ses angles et abrite une mosquée, un
mellah et d'autres bâtiments indéterminés.
126 — i l21 DE SAFI A MOGADOH.
A 2 k. de Souïra Guedima, estuaire de l'oued Tensift, de 500 m. de
large, au voisinage de sables mouvants. Traversée impraticable au
moment des crues.
De Souïra Guedima a Mogador, p. 127, C; — a Dar Kaid IIad.ii,
p. 124, 3°.
De Safi à Marrakech.
Autocyclisme : 155 k. — Bonne route principale n° 12, construite sur
les 101 premiers k., et 9 sur le reste du parcours.
69 k. 0. de Safi au Lac Zima, p. 124, 2°. — La route se poursuit
à profil plat. — 71 k. 5. Caravansérail. — 74 k. 5. Douar Heddi.
81 k. Sidi Brahim. — 87 k. Marabout de Sidi Mohammed. A
1 k. S., douar El Hadjra. En avant, apparaît le joli cordon'
coloré des Djebilet, « montagnettes ».
109 k. Souk et Tleta des Ouled Delim, puits; marché du mardi.
— 120 k. Dar Kerkoug. On franchit la chaîne des Djebilet, d'où
l'on domine toute la plaine du Haouz de Marrakech.
133 k. Bir Draoui, puits; douar au N.
147 k. 5. Gué de l'oued Tensift. En cas de crue, gagner plus
à l'E. la route de Casablanca.
155 k. Marrakech (p. 85). ë
12. — DE SAPI A MOGADOR |
On peut se rendre de Safi à Mogador soit par la voie de mer
(V. Voies d'accès, p. 60), soit par la voie de terre. Celle-ci est la
plus rapide, surtout en automobile. La route de l'intérieur
est très pittoresque sur la 2^ moitié du parcours (oued Mramer
et forêt d'arganiers).
A, — Par la route.
Autocyclisme. 160 k. — Bonne piste aménagée. Route principale n" 11
en construction sur plusieurs points du parcours.
61 k. de Safi à Souk El Djemaa des Chiadma, p. 124, 3"*. — Après
le passage à gué du Tensift et Souk El Djemaa, la route
remonte le flanc de la vallée en suivant un vallon aux pentes
broussailleuses et boisées d'arganiers.
78 k. Zaouïa Mzilet. Le pays reste légèrement accidenté. —
85 k. On atteint la vallée très pittoresque de l'oued Mramer.
86 k. Sidi Abd Allah Moul el Rhirane, importante agglomé-
ration indigène en face d'un autre gros village, Halouma, bâti
sur le flanc droit. Le fond de la vallée est garni de jardins et
de vergers luxuriants. La route descend en corniche sur un
parcours de plus d'un kilomètre, au pied de villages pittores-
quement situés.
88 k. Sidi Ali Mzid, marché le dimanche. Après une légère
montée^ le pays redevient plat et couvert de brousse.
DJEBEL HADID.
[12] — 127
97 k, Aïn Taftecht, où la piste rejoint la route de Marrakech
à Mogador. (Pour le reste du parcours, p. 103).
160 k. Mogador (p. 128).
B. — Par la piste de dar kaïd hadji.
160 k. — Piste aménagée, autocyclable, mais assez dure sur certains '
points du parcours.
41 k. de Safi à Souk Et Tnine des Riat, p. 124, 3°; de ce point
à (59 k.) Dar Kaïd Hadji, p. 125.
84 k. Souk Et Tleta Kourati, au bord d'un oued qui n'a d'eau
qu'en hiver, ^alines ainsi qu'à Sidi Ali Ben Bouali. La piste
longe le Djebel Hadid au N.-O. La région, d'abord rocailleuse
et accidentée, comporte des cotes à pente très raide. Le pays
devient ensuite sablonneux.
Le Djehet Hadid, « la montagne de fer », est un vaste plateau
incliné aux arêtes rocheuses et durement.rectilignes ne dépas-
sant pas 600 m. d'alt= Ses flancs sont couverts de brousse, de
thuyas et d'arganiers de couleur sombre où pullulent sangliers,
renards et chacals. Médiocrement riche, il est raviné par des
sources fertilisantes : VOum Et Aïoun, « la mère des sources »,
(p. 128, C) et VAïn EL Hadjar, « la source des pierres », qui irriguent
des cultures maraîchères et des vergers d'oliviers et de gre-
nadiers. La population se compose de Ghiadma, berbères ara-
bisés, vivant dans des maisons en pierre ou des noualas.
100 k. 5. Zaouïa Mkermoud, après laquelle le terrain est plat
avec quelques passages sablonneux. On s'éloigne peu à peu du
Djebel Hadid.
113 k. 5. Dar Cheikh Ben Haoud. Le pays est boisé dans
l'ensemble; de temps à autre, quelques taches de terrains
cultivés.
129 k. Bir Koaach, puits de 40 m.
De Bir Kouach à Mogador (14 k. O.), raccourci par une piste muletière.
135 k. Dar Harabida, où la piste rejoint la route de Marra-
kech à Mogador. Pour le reste du parcours, p. 103.
160 k. Mogador (p. 128).
C. — Par la piste côtière.
107 k. Piste muletière longeant la mer sur presque tout le trajet; pas-
sage impraticable de l'oued Tensift au moment des crues.
31 k. de Safi à Souïra Guedima, p. 125, 4*". — Après l'oued Tensift,
la piste continue de longer le rivage.
41 k. Arrimât Et Guemah, dans un cirque formé par les
dunes qui sont couvertes d'arbustes. — 51 k. Koubha de Sidi
Issçhak, — 60 k. Sidi Abd Atlah Betiache.
65 k. Sidi Salah, — 69 k. Sidi Meftak, sur une bande de
terre. Au S.-E. s'élève le Djebel Hadid (F. ci-dessus, B). La piste
128 — [13]
MOGADOR,
suit de très près l'Océan qu'elle longe, soit sur la falaise de
10 m.' de hauteur, soit sur la plage.
87 k. Oam El Aïoun, dans un vallon (p. 127, B). — 89 k. Zaouïa
Zrektoum, — 95 k. Nzala Chicht, où la piste descend une
falaise rocheuse. On atteint la plage sablonneuse, bonne à
marée basse, et on entre à Mogador par Bab Doukkala.
107 k. Mogador {V. ci-dessous).
13. — MOGADOR
Emploi du temps. — 1 h. 30 à 2 h. suffisent pour visiter l'intérieur
de la ville. La promenade de Diabat ne demandera que 'i h. aller et
ret. ; si l'on veut voir en même temps la forêt d'arganiers, il suffira de
prolonger cette deuxième excursion de 10 à 11 k. dans la direction de '
Marrakech.
MOGADOR (en arabe : Soaïra, signifiant « la petite enceinte »» ;
ethnique : Souïri), port de mer sur l'Atlantique, ouvert au com-
merce, situé par 35** de latitude N. et 13*^40' de longitude 0.
du méridien de Paris, ch.-l. du Cercle des Haha Ghiadma, est
peuplé de 19,000 hab. dont 500 Français et 300 autres européens,
de 8,000 musulmans et 10,000 israélites. C'est, avec Debdou,
l'une des cités marocaines où le chiffre de la colonie juive
dépasse de beaucoup celui des habitants de religion différente.
La ville est construite sur une basse presqu'île sableuse
entourée d'eau de presque tous les côtés pendant les fortes
marées d'hiver. Ses rues sont parfaitement rectilignes. « Fan-
taisie européenne sur un thème marocain » (Eugène Aubin),
son architecte fut un Français, Cornut, originaire d'Avignon.
Elle est fortifiée « à la Vauban » et des murailles divisent
intérieurement la ville en plusieurs quartiers dont deux
kasbas, la Médina et le Mellah. Elle possède un réseau complet
d'égouts. Son eau est amenée de l'oued Ksob par une canali-
sation de 4 k, de long.
Les jardins se trouvent immédiatement à l'E. de la ville et
d'autres ont été créés à l'intérieur. Au N. et au S. existent de
grandes plages, mais les environs sont dénudés. Un long
cordon de dunes isole complètement Mogador de la terre fer-
tile. Pour établir des relations faciles avec l'intérieur, on a dû
créer, à grands frais, une route dans les sables et sur l'oued
Ksob, situé à 6 k. au S. — A 1 k. de la côte se trouve l'île de
Mogador qui servait autrefois de prison d'Etat du Maroc.
Le climat de Mogador est égal et tempéré, excellent en toute
saison. La température oscille, hiver comme été, entre 15 et
25°, elle est malheureusement gâtée par les vents alizés
chargés du sable des dunes avoisinantes.
Hôtels : — Johnston (Pl. a Bl), salle de bains; jolie maison mau-
21 r. de l'Adjudant-Giraud (12 ch. resque) ^rfeZa Paîj; (Biau; Pl. 6 B -2),
à 3.50 y compris le pet. déj. ; rep. 3, r. de l'Adjudant-Giraud (ch. de 4 à 6,
3.50, v. c, pcns. 10 ; chambre noire, rep. 0.75, 3).
130 — [13]
MOGADOR,
Banques : — d'Etat du Maroc^
près du Méchouar ; C'« Algérienne ;
Crédit Foncier d'Algérie et de Tuni-
sie, près du Mecliouar.
C'e'' de Navigation : — de
Navigation Paquet (BouUe), r. de
l'Adjudant- Giraud ; Générale
Transatlantique et Dland Line
(Reutemann et fils); Royal Mail
(Yuly et C^«).
Voitures de louage : — Mogador
n'en possède pas.
Garages et location d'autos : —
Boulle, r. Haddada; Reutemann.
La location se compte à raison de
2 fr. le k., les distances étant cal-
culées sur l'aller et le ret. Prix
d'une auto particulière pour Mar-
rakech, 500 à 600 fr.; pour Safi,
400 à 500 fr. ; durée du trajet, 4 h.
Bains maures : — établissement,
r. de la Médina, 1 fr.
Tabacs et cigares : — A La Ci-
vette, av. du Chayla.
Papeterie, journaux, cartes pos-
tales : — Mlle Fouyssat, av. du
C'nayla.
Photographie : — Jolmston, r. de
l'Adjudant-Giraud (travaux pour
touristes) ; Fouyssat, av. du Chayla.
Consulats : — Angleterre :
à! Espagne \ à' Italie ; de Hollande ;
des Etats-Unis; de Danemark et de
Portugal.
Spécialités : — petits meubles en
bois d'arar (thuya), incrusté de
bois de citronnier, de noyer, etc. ;
plateaux en cuivre ciselé.
Histoire. — Mogador tire son nom de Sidi Megdoul, le patron actuel
de la ville. La cité fut construite sur l'emplacement de l'antique Tha-
musiga par Sidi Mohammed Ben Abd Allah en 1765. Même avant sa
fondation, la position de Mogador avait retenu l'attention de la France,
qui donna au chevalier de Razilly la mission d'aller occuper ce point en
1629, dans le but de « faire le commerce des peaux, des fers, des draps,
de la poudre d'or et des plumes d'autruche ». Mais cette expédition ne
réussit pas. Voici dans quelles conditions Sidi Mohammed fonda la ville :
Ce souverain, n'exerçant qu'une autorité précaire sur les ports de
Larache et de Salé, voulut doter ses corsaires d'un port d'attache qu'il
pût toucher en toute saison et d'où il pût en môme temps surveiller la
côte S. pour empêcher toute exportation clandestine. A cet effet, il fit
bâtir la Mogador actuelle, qu'il dota de mosquées, de médersas et de
fortifications. Pour attirer des commerçants européens, il dispensa les
étrangers de toute taxe douanière. Le port fut ainsi peuplé en peu de
temps.
Après la bataille d'Isly (1844), le prince de Joinville bombarda la ville,
s'empara de l'îlot situé à l'entrée du port et y installa une garnison de
500 hommes qui s'y fixa jusqu'en mars 1845,^ date de la convention
franco-marocaine de Lalla Maghnia. Le souvenir du bombardement
s'est conservé jusqu'à nos jours : un chant de « chikhat », chanteuses
indigènes, le perpétue. — En raison de son éloignement de la capitale
marocaine, Mogador a été un moment l'objet des convoitises des agi-
tateurs du S. En août 1906, Anflous entra dans la ville, commença d'y
exercer son autorité en prenant en mains son administration et en
faisant rentrer tous les Juifs dans l'ancien mellah. Mais il s'enfuit en
septembre à l'apparition du vaisseau français Galilée. En octobre 1908,
la ville fut encore le théâtre de troubles soulevés entre la police et les
troupes hafidites; depuis, elle a recouvré la tranquillité.
Départ de l'artère principale, avenue du Meghouar, de la
porte qui la sépare de la rue Haddada. On suit cette avenue,
en se dirigeant au S.-O. vers le port. A g. grande mosquée, avec
un minaret en pierres de taille. — Plus loin à g., une rue,
bordée de la Banque d'Etat et du bureau de poste, conduit route
de Marrakech par Bab Es Seba.
On laisse à dr. le jardin public, limité par la douane que l'on
contourne pour atteindre la porte de la Marine, après avoir
MOGADOR. [13] — 131
jeté un coup d'œil à dr. sur un ancien bassin à barcasses et un
bastion armé avec une tour à signaux.
Cette porte, qui ferme jLentrée du port, de belles proportions
et solidement bâtie, est flanquée, du côté de la mer, de deux
colonnes cannelées et engagées. Au fronto^, une inscription
arabe fait remonter la date de la construction à 1184 de l'Hégire
(1760) par Sidi Mohammed, le fondateur de la ville.
De ce point, on a une belle vue d'ensemble sur le port
{V. ci-dessous), sur l'île et la baie de Mogador et la plage S.
plate et circulaire, sur l'ancienne forteresse (p. 132), le vieux
palais du sultan (p. 133) et le village de Diabat (p. 132) qui
s'estompent dans le lointain.
La petite baie de Mogador est protégée à l'O. par une île et un
groupe d'îlots, au N. par le prolongement de la pointe rocheuse sur
laquelle est assise la ville ; mais elle reste ouverte aux vents violents
du S.-O. Un port s'imposant, deux jetées sont en cours d'exécution. La
jetée O. aura 295 m. et la jetée E. 285 m. Deux passes de 40 et de 20 m.
donneront accès à un bassin intérieur d'une superficie de 4 hect. dont
les fonds seront abaissés à 1 m. 50. Une darse de 180 m. sur 60, profonde
de 1 m., sera bordée de 200 m. de quais. Une dépense de 4 millions est
prévue pour le port, qui servira d'abri aux remorqueurs et aux barcasses
et sera muni d'engins de manutention.
Le commerce total, qui fut de 20 millions en 1915, est passé en 191d à
25 millions se répartissant sur 30,000 tonnes. Aux importations s'ins-
crivent : tissus, fers, thés, sucres, matériaux de construction ; aux
exportations : céréales, amandés, laines, peaux, alfa, gommes.
On rentrera en ville par I'avenue du Ghayla, au fond de
laquelle se trouve la caserne du Chayla, dont l'entrée s'orne
d'un curieux décor d'arabesques géométriques taillé dans
la pierre.
Tournant immédiatement à g. pour passer sous les voûtes
d'une rue étroite, on se rendra aux bureaux de la Place pour
demander au commandant d'armes l'autorisation de visiter la
Skala, ancienne batterie portugaise d'un réel intérêt, et qu'on
verra aussitôt.
La "^Skala, édifiée en face de l'île de Mogador, est une plate-
forme surélevée de près de 200 m. de long, bordée du côté de
l'Océan de créneaux en arrière desquels sont encore rangées
de nombreuses pièces d'artillerie en fer et en bronze. Parmi
ces dernières, il en est qui furent fondues sous Philippe III,
en 1595 et en 1614; d'autres sont de 1777 ou postérieures et
sortent des ateliers de Séville et de Barcelone. L'extrémité N.
de la batterie est dominée par un bastion solidement construit,
armé lui-même de canons. A l'étage inférieur, des locaux
nombreux étaient destinés à abriter les hommes et les muni-
tions et à recevoir des réserves d'eau.
De la Skala, on, se rendra rue de la Medina, d'abord bordée
de boutiques de petits marchands (remarquer quelques cise-
leurs de plateaux en cuivre jaune) et desservant le quartier
des Beni Antar et le mellah. Après avoir vu, de la terrasse de la
minoterie française, un peu en retrait à g., le panorama sur la
132 — [13]
MOGADOR,
ville et sur la mer, aller jusqu'au bout du quartier Israélite,
en passant devant le sanctuaire de Moulay Ahd El Kader El
Mali et joindre Bah Doukkala, au N^de la ville, d'où part la
piste cutière de Safi. A l'extérieur . quelques jardins, télé-
graphie sans fil, tours ruinées qui furent probablement d'anciens
moulins à vent et plage de Safi.
Revenir en ville par la rue du Lieutenant-Gazes, qui traverse
le marché à son point de croisement avec la rue du Dar El
Makhzen : celle-ci conduit, au S.-O., à Bah Marrakech,
L'emplacement du n^arché est marqué, à dr. par un souk
dont les boutiques s'alignent derrière une galerie soutenue par
des colonnes en pierre, à g. par d'autres souks assez curieux
à voir.
Sur le côté g. de la rue Haddada, prolongeant la rue du Lieu-
tenant-Gazes et ramenant au Mechouar, on s'arrêtera devant
les boutiques des éhénistes indigènes.
Mogador possède des artisans qui se sont spécialisés dans la confec-
tion de petits meubles en bois d'arar (thuya) : tables, cotfrets, cadres, etc.,
ornés de sculptures, d'incrustation de bois précieux : noyer, citron-
nier, ébène, écaille, etc.. ou de bois très finement tournés analogues
aux moucharabies d'Egypte.
Environs. — 1® Iles de Nogador (800 m. S.; 1 h. aller et ret. en
barque ou en canot automobile à demander à l'une des C'*^* de navi-
g:ation). — Cette agréable promenade, à faire par beau temps, permet
de voir Mogador sous un aspect très différent. Dans l'île principale se
trouve un bassin central où I on accède par deux arches creusées par
les flots; des pigeons y vivent en grande quantité. Dans l'autre île,
seule habitée, on remarque des emplacements de batteries, une prison
fermée par quatre murs, et une mosquée en bon état.
2"^ Diabat (4 k. S.; très bonne route; 2 h. aller ec ret. Promenade
recommandée pouvant se faire à pied. Les touristes désireux de faire
l'excursion à cheval ou à mulet s'adresseront d'avance à I hôtel). — On
sort par l'une des deux portes, Bab Marrakech ou Bab Es Seba, pour
prendre la route de Marrakech qui longe la canalisation amenant les
eaux de l'oued Ksob en ville.
1 k. Phare {en construction) constitué par une tour en maçonnerie qui
recevra un feu de position destiné à éclairer la baie de Mogador. — A
100 m. en arrière, sur une éminence sableuse, sanctuaire de Sidi Meg-
doul, patron de la ville et saint très vénéré. Au delà, ligne ininter-
rompue de dunes dont quelques-unes, très hautes, donnent à ce coin
l'aspect d'un paysage saharien.
A partir de ce point, l'établissement de la route a nécessité de coû
teux travaux. La chaussée est retenue par une double ligne de murs en
maçonnerie dont l'intérieur a été comblé de sable, puis a reçu un
empierrement. Cette chaussée se poursuit sur un pont de pierres à ■
18 arches, construit en 1917-1918 sur l'oued Ksob et dont le coût a atteint
près d un million.
4 k. Diabat, village indigène, sans intérêt, de quelques masures avec
mosquée et minaret, situé sur la rive g. et près de l'embouchure
l'oued Ksob. De là, on a une magnifique vue d'ensemble sur Mogador
toute blanche, sa baie et son île.
Près de Diabat, du côté de la mer, se trouve un ancien palais du Sul-
tan aujourd'hui complètement ensablé. La construction comprenait une
çnceinte carrée flanquée à chacun de ses angles intérieurs d'un pavillon
DIABAT, — LA FORÊT D'ARGANIERS. [13] — 133
à un étage et à toit pyramidal recouvert de tuiles vertes. Les parois
des salles étaient décorées de zellijs multicolores, de plâtres sculptés
et les plafonds étaient peints. Au centre de la cour, restes d'une habita-
tion avec péristyle soutenu par trois arcs et des colonnes en marbre s
sculpté de médiocre style.
Enfin, à quelques centaines de mètres de ce palais et sur la plage,
s'élèvent les ruines d'un vieux fort qui, par sa position en face do l'île
de Mogador, commandait l'entrée de la baie. Miné sans doute par la
marée, l'ouvrage s'est ouvert en deux. Il devait avoir environ 50 m. de
diamètre et s'élever à 4 ou 5 m. au-dessus des plus hautes eaux. Sa
plate-forme supérieure, circulaire, était destinée à recevoir des canons
qu'abritait une imposante barrière percée de larges embrasures. Un
chemin de ronde, protégé par un autre mur extérieur crénelé, faisait le
tour de la forteresse. A Tintérieur de cette masse étaient ménagées des
casemates pour recevoir les munitions. Le tout, construit en un très
solide béton, serait l'œuvre de renégats européens. Le rôle de ce fort,
autrefois occupé par une douzaine d'hommes, était de surveiller, jour et
nuit, la mer et l'arrivée des barcasses qui empruntaient la passe S.
alors praticable.
3** Hôtel Palmera (10 k. S. ; route, puis piste autocyclable). — 4 k.
de Mogador à Diabat ( V. ci-dessus, '2°). On suit encore la route de
Marrakech pendant 3 k. pour prendre une piste à dr. — 10 k. Hôtel
Palmera (actuellement fermé), établi par des Anglais, en pays brous-
sailleux et boisé, en beau terrain de chasse.
4*^ La forêt d'arganiers (15 k. S.-E. ; à faire sur la route autocyclable
de Marrakech. Les personnes venant de la capitale du Sud ou s'y rer^-
dant traverseront la forêt en plusieurs de ses points). — Mogador est
entourée d'une forêt qui s'étend en pays Chiadma au N., Haha au S.,
parallèlement à l'Océan, sur une profondeur de 40 à 50 k. et une lon-
gueur d'env. 150. Cette forêt est peuplée d'une essence spéciale, ïarga-
nier (argania sederoxylon) avec feuilles persistantes comme celles de
l'olivier, au tronc noueux et bas, n'atteignant pas plus de 5 à 6 m. de
hauteur. Cet arbre croît sur tous les terrains et à des altitudes variant
de quelques mètres à mille mètres, sans former de forêts touffues. Les
plants en sont très espacés et apparaissent au loin comme autant de
taches noires sur un sol nu. Le bois est dur et de couleur jaune ; on
en fait un excellent charbon. Les feuilles servent à l'alimentation de
la chèvre et du chameau. Son fruit, Vargnn, drupe semblable à une
grosse olive, est avalé par les bovidés et les chameaux au pâturage;
la pulpe, d'une réelle valeur nutritive, est digérée. Le noyau, rejeté,
est recueilli par les indigènes qui de l'amande extraient ïhuile d'argan,
d'une couleur brune, d'une saveur peu agréable mais néanmoins recher-
chée. Les tourteaux d'argan servent également à la nourriture des cha-
meaux et des bêtes à cornes.
La forêt d'arganiers se prolonge jusque dans la vallée du Sous. Sur
certains points, elle renferme quelques autres essences, notamment le
genévrier de Phénicie, le thuya « arar > fournissant la gomme sanda-
raque utilisée en Europe dans la fabrication de certains vernis et de
cires à cacheter.
De Mogador a Marrakech, p. 102; — a Safi, p. 126; ~ a Agadir,
V. ci-dessous.
Les ILES Canaries et Madère. — La Roycf,l Mail Steam C° assure un
service mensuel de la côte atlantique marocaine qu'elle quitte en dernier
lieu à Mogador pour les îles Canaries et Madère en touchant Las Pal-
mas, Ténériffe et Madère avant de retourner en Angleterre.
Prix respectifs pour la 1« cl. : 4 £ 15 s. ; 5 £ 15 s ; 6 £ 10 s.
134 — [14] DE MOGADOR A AGADIR.
14. — DE MOGADOR A AGADIR
Cet itinéraire ne peut être parcouru qu^avec l'autorisation
de l'autorité militaire, dont la recommandation est en outre
fort utile en cours de route pour s'assurer des gîtes. Deux voies
peuvent être indifféremment suivies : celle de l'intérieur, par
Dar El Guellouli, la plus pittoresque, et celle du littoral. Nous
les décrirons toutes deux. — Les amateurs de camping pour-
ront ici se livrer à leur sport favori.
A. — Par l'intérieur.
Camping : 154 k. en 5 étapes variant de 24 à 37 k.
10 k. de Mogador à Hôtel Palmera, p. 133, 3°. — 16 k. Bou Tazert,
village en ruines d'où émergent des sortes de donjons portu-
gais. — La piste devient caillouteuse et rocheuse. — 18 k.
Sidi Mohammed Salia. — 28 k. Tidourine, à l'O. Passage à gué
de l'oued Tidsi, dont la vallée est très accidentée.
37 k. Souk El Had Smimou, auprès duquel on campe. Marché
le dimanche. Au S., zaouia de Sidi Bou Zekri, dans la tribu des
Ida Ou Issarene.
A proximité, ruines de Z>ar El Kadi, théâtre de deux combats engagés
par les troupes françaises en 1912. (Piste à dr. de 10 k. sur Sidi Rja et
Sidi Embarek, p. 135, B.)
Le pays est rocailleux, rocheux et très accidenté. — 42 k.
Gol favorable aux embuscades. — 45 k. Dar Cheikh Bou Djema,
marché du mercredi. — 50 k. Passage de l'Asif Iguezoullene
qui coule dans une vallée tourmentée.
61 k. Dar El Guellouli, grande kasba à plusieurs enceint<îs,
résidence du caïd Abd Er Rahmane Ben Mahjoub El Guellouli,
abritant des habitations et des jardins. Un menzeh « pavillon »
domine tout le pays. Marché du dimanche des Ida ou GuellouL
— La région, toujours accidentée, est boisée d'arganiers. Par
endroits, dalles glissantes. — 66 k. Zaouia Sidi Lahssene. —
69 k. Marché du mercredi des Ida Ou Irouma. — 74 k. Lalla
Meriem Yahia (Gheikh Hadj Ali Ziane). L'arganier se fait plus
rare. — 86 k. Agadir Imoucha. — 89 k. Zaouia Tagaïout, occupée
par le cheikh ElHadj Guellouli. A proximité, source d'Ain Hofra.
— 93 k. Dar El Hadj El Housseïii. — La piste suit le fond d'un
ravin et n'a, par endroits, qu'un mètre de large. Elle s'élargit
à la sortie S. et devient sablonneuse. — 103 k. Sidi Bou Zekriy
où se trouve une médersa, et traversée de l'oued Asif Ait Ameur,
infranchissable lors des crues.
111 k. Cap Rhir, pointe occidentale du grand Atlas. Terrain
accidenté. — 113 k. Sidi Bou, Addou. — 123 k. Nzala Amesmas,
La piste suit désormais le bord de l'Océan, d'abord en corniche
AGADIR. [14J — 135
jusqu'à (131 k.) i'Asif Oua^uedal, puis sablonneuse jusqu'à
(143 k.) Zaouîa Tamerakt (200 feux; marché du jeudi des Ait El
Makhzen) et enfin rocheuse jusqu'à l'arrivée.
154 k. Agadir (p. 135).
B. — Par la piste gôtière.
Camping : 158 k. env. en 5 dures étapes variant de 25 à 37 k.
10 k. de Mogador à Hôtel Palmera, p. 133, 3°, A Palmera, on
prend la piste à dr. — 16 k. Renini, agglomération d'une
dizaine de maisons.
19 k. Sidi Kaouki, zaouîa et marabout au bord de la mer,
auprès d'un bois épais et dans une zone de grands genêts. —
22 k. Oued Tizi. On foule la plage. — 26 k. Oued Takarouiht,
après lequel le terrain est boisé d'arganiers. — 32 k. Oued
Arbalou et koiibba de Sidi Embarek. A 4 k. S.-E., village
d'Arbaloii, auprès d'une source captée dans un bassin en
pierre d'une contenance de 60 m. cubes et dont les eaux
irriguent ha vallée par le moyen de deux séguias.
Du marabout de Sidi Rja, situé à l'E., une piste conduit à (10 k.)
Souk El Had Smimou, p. 134. A.
, La piste traverse une région difficile et boisée. — 41 k.
Citerne de Djama Tamjiet. — 44 k. Citerne Timesguida El
Ganat, près d'un petit bois. On atteint le plateau de Taguent
par un col étroit d'où l'on découvre la vallée de l'Asif Iguez-
zoulene et les montagnes qui le dominent.
54 k. Asif Iguezzoulene, campement sur les bords de l'oued
qui forme un vaste cirque dominé par des falaises rocheuses.
L'eau est légèrement salée. — 60 k. Bir Assoufid, à la sortie
de la forêt d'arganiers. — 63 k. Djemaa Assoufid, puits. —
73 k. Dar Imerditsene, puits. — 79 k. Tillelt, source abondante
à quelques minutes de Dar Cheikh Ouanir.
93 k. Zaouîa Tagaïout, où la piste côtière rejoint la piste de
l'intérieur. Pour le reste du trajet, V. ci-dessus, A, p. 134.
158 k. Agadir Irir est situé sur l'Atlantique, à quelque dis-
tance au N. de l'embouchure de l'oued Sous. Sa population,
d^un chiffre peu élevé, se groupe : 1" dans une citadelle de
250 m. de long sur 40 à 50 m. de large, véritable nid d'aigle
assis sur une hauteur dominant l'Océan de 220 m.; 2° dans un
village de pêcheurs, Fountt (en ar. Taftent), construit sur le
rivage. Des chemins tortueux et malaisés réunissent ces deux
agglomérations qui abritent chacune environ 500 hab. Les
européens se portent au N. et au S. du village de Founti,
c'est-à-dire aux points où se concentrent les travaux du port.
Histoire. — Les origines d'Agadir sont encore mal connues. Il semble
qu'un aqueduc, antérieur aux Almohades, fut construit pour amener
l eau d'Aoulouz à Agadir. — Santa Cruz du Cap d'Aguer, ainsi nommé
pour le distinguer de Santa Cruz de Mar Pequena, fut conquis en 1505
par le Portugais Juan Lopez de Segueira, agissant de sa propre initia-
136 — [15]
LE SOUS.
tive. Le roi Emmanuel (1495-1521) informé de l'importance de cette
position, remboursa Segucira de ses frais et y construisit une place
forte. La ville prit alors les proportions d'un centre commercial assez
actif et toute la contrée avoisinante se soumit au tribut. Les relations
commerciales s'étendaient môme jusqu'à Taroudant. Mais peu après,
les Portugais furent chassés de ce point (1541) par Moulay Mohammed
El Harrane, fils du saadien Moulay Mohammed Ech Cheikh, après un
long siège et un assaut meurtrier. « Le gouverneur se rendit et sa fille,
Dona Mencia, devint la femme du Chérif de Marrakech » (Aug. Bernard).
— Le port fut fermé au commerce par Sidi Mohammed Ben Abd Allah
vers 1765, époque à laquelle il créait Mogador. 11 n'a pas été réouvert
depuis. — C'est devant Agadir que l'Allemagne envoya, en juillet 1911,
le navire de guerre Panther. On sait que cette mesure, prise sous le
prétexte que la région avoisinant le port était troublée et que les
intérêts allemands étaient menacés, faillit déchaîner une guerre avec
la France. — La place prit part à l'insurrection hibiste de 1912, mais
fut reprise par les troupes chérifiennes en 1913, puis occupée par des
troupes françaises. Au printemps de 1917, le général de Lamothe y
entra venant de Marrakech avec une colonne qui effectua alors une
tournée de police dans toute la contrée.
Non ouvert au commerce international, le port d'Agradir, le
plus méridional du Maroc, n'est utilisé que pour les besoins
militaires. Peu après l'arrivée des troupes françaises, il fut
doté, vers le S., d'une jetée de 30 m. qui sera prolongée de
150 m. Au N. on a commencé la construction d'une digue de
300 m. se dirigeant vers le S.-S.-O., puis vers Je S., et qui
abritera des fonds de 7 m. où pourront ancrer les navires de
quelque tonnage. En raison du calme relatif de la mer dans
ces parages, de la configuration favorable de la côte et de sa
situation à proximité du Sous, le port d'Agadir est appelé à
prendre quelque développement.
D'Agadir a Marrakech, p. 104; — a Taroudant, p. 137 ; — a Tiznit.
p. 138.
15. — LE SOUS
Aperçu général. — Cette province s'étend sur 200 k. de longueur
entre l'Océan et le Djebel Siroua (3,300 m. d'alt.) et dans l'angle com-
pris entre le Haut Atlas et l'Anti Atlas; elle est arrosée par l'oued
Sous et ses affluents. Sa superficie est do "20,000 k. carrés. La popula-
tion, de près de 400,000 hab., est de race et de langue berbère; elle
se livre à l'émigration temporaire et s'adapte facilement aux travaux
européens.
Pays de transition entre la zone méditerranéenne et la zone tropi-
cale, le Sous jouit d'un climat torride en été.
On a longtemps cru que le Sous est un pays excessivement riche. La
réalité serait plus modeste. Toutefois, l'abondance des eaux permet
l'irrigation de vastes terrains où les céréales croissent bien dans les
parties basses de la vallée. De plus le coton et la canne à sucre, déjà
introduits dans la contrée avant l'arrivée des Français, sont susceptibles
de bons rendements. Enfin, l'arganier et le thuya, qui peuplent les
pentes de la vallée, peuvent être Tobjet d'utilisations intéressantes.
Les ressources les plus appréciables seraient les minerais : cuivre
TAROUDANT.
[15] - 137
déjà exploité par les indigènes, plomb, sel gemme, phosphate de chaux
forment, dit-on, d'importants gisements.
Excursions. — L'heure n'est pas encore venue des excursions libre-
ment faites dans le Sous. Nous donnons néanmoins quelques renseigne-
ments sur le parcours d'Agadir à Taroudant et à Tiznit pour le jour où
elles seront possibles. Pas de routes, pistes muletières.
l** D'Agadir à Taroudant.
60 k. env. E. — Piste muletière, d'un parcours facile.
La piste longe la plage jusqu'à Tanant Er Roumi et re-
monte la rive dr. de l'oued Sous, riche et peuplée, en traver-
sant un assez grand nombre de petits affluents ravinés et
transformés en torrents après les grandes pluies. Elle passe
successivement à Tikiouine (50 feux), Draga, (20 feux), Igouder
(20 feux), Tagadirt (50 feux), Tadaouart (25 feux), AU Baha
(30 feux), Knibich (50 feux). Entre Tikiouine et Knibich, elle
suit la lisière méridionale d'une forêt d'arganiers et de thuyas.
38 k. Souk Et Tnine des Oiiled Teïma, zaouïa et marché du
lundi, en tribu Haoura, fréquentés par les aborigènes, les
Ksima, les Mesguina et les Ida Ou Zika.
La piste traverse longtemps une forêt clairsemée d'arganiers.
Les principaux villages rencontrés sont : Adouz (60 feux);
Ouled Seghir (100 feux); Ahel Bahrir (100 feux); Oaled Brahim
(100 feux); Ouled Moumene (100 feux), où cesse la forêt d'arga-
niers; zaouïa Ansala, dont les chefs sont de gros propriétaires
fonciers; Kchachda (70 feux); Tala (60 feux). On pénètre alors
dans des jardins plantés d'oliviers.
60 k. Taroudant (ethn. : Roudanï), ville indigène située dans
un étranglement de la vallée de l'oued Sous, à 5 k. de la
rive g. du fleuve. Ancienne capitale du Sous, elle est peuplée
de 6,000 hab., dont 1,000 Israélites enfermés dans un mellah
mal entretenu.
Histoire. — En 1030, alors qu'elle était occupée par les Rafida, secte
chiite constituée par Er Rafdi, qui avait été chassé d'Ifrikia pour son
hérésie, Taroudant fut assiégée et emportée d'assaut par les Almora-
vides. Taroudant est de fondation très ancienne, mais encore indéter-
minée. Ayant recouvré un moment son indépendance, elle fut conquise
par les Mérinides qui en firent la capitale du Sous, la fortifièrent et
l'embellirent. Mais elle parvint encore à reprendre sa liberté ; elle fut
alors gouvernée par quatre principaux notables, dont les attributions
duraient six mois. Au xvi^ s. elle entretint avec le Soudan d'impor-
tantes relations commerciales. Elle devint un centre d'action des chérifs
saadiens et fut pendant quelque temps leur capitale. La plupart des
princes de cette dynastie y firent des séjours assez prolongés. La créa-
tion de Mogador et la fermeture d'Agadir au commerce maritime par
Sidi Mohammed (1760) ruina la ville. — Après la mort de Moulay
El Hassane qui y avait installé solidement son autorité, la ville fut
l'objet de nouvelles convoitises (1898); les caïds Haïda Ou Mouïs
Ei Menebhi, El Hadj Dris El Yahaoui, Mohammed Ould Bou Mehdi
El Houaraoui essaient de s'en emparer et d'en chasser la garnison
makhzen, mais sans résultat, grâce à l'énergique attitude du caïd
138 - [15]
riZMT.
Ahmed Ould Kabba Ecli Chiadmi. Mais ce dernier est bientôt assassiné
par ses ennemis et Ei Hiba fait de Taroudant le siège de sa résistance.
Il s'y maintient jusqu'au printemps de 1913, époque à laquelle la ville
est reprise par les mehallas cliérifiennes. — Le général de Lamothe y
entra le 5 mai 1917.
Uenceinie actuelle, de remparts fauves régulièrement bas-
tionnés et crénelés, de 5 à 6 m. de hauteur et de plusieurs k.
de pourtour, enserre la ville et d'immenses jardins et vergers
où croissent des oliviers centenaires occupant les deux tiers
de l'espace encerclé. Elle serait la troisième en date, et contem-
poraine de Moulay Ismail (fin xvn^ s. ou commencement du
xvni*" s.). Son périmètre enfin serait plus réduit que celui des
enceintes primitives.
Les maisons, modestes, sont bâties en pisé rougeâtre. La ville
ne compte pas de palais. Quelques mosquées, mal entretenues,
dressent cependant dans le ciel leurs charmants minarets.
L'industrie indigène de Taroudant est représentée par des
fabriques de babouches et sacs de cuir, d'articles de chaudron-
nerie et de cuivrerie, d'armes et de poignards, quelques poteries.
Les métaux sont aujourd'hui importés d'Europe; les indigènes
sauraient toutefois les extraire, en particulier le cuivre prove-
nant de gisements situés au N. de la ville.
Le climat de Taroudant, agréable en hiver, est torride en été.
De Taroudant a Tiznit, p. 139.
2° D'Agadir à Tiznit.
87 k. S. — Piste muletière en 4 étapes.
Le départ a lieu en terrain plat et broussailleux. Les autoch-
tones « chleuh » habitent des maisons groupées en douars
qu'entourent des massifs de figuiers de Barbarie. Souvent de
hautes tours de guet s'élèvent au-dessus des agglomérations.
— 12 k. Traversée de l'oued Sous, profond dans cet endroit
d'env. 0 m. 50 et large de 25 à 30 m. auprès du souk Et Tleta
d'Imsgane, marché du mardi des Ksima, très fréquenté. —
13 k. El Mzar (90 feux); forêt d'arganiers à l'E. — 24 k. Talmd
(30 feux), à la lisière 0. d'une grande foret d'arganiers. — 36 k.
Inchadem (200 feux).
40 k. Dar Kaïd El Houssine Delimi, grande kasba et centre d'un
gros village de 200 feux, tribu Ghtouka. — 41 k. Sidi Bon Médiane
(300 feux).
La piste est plate et sablonneuse. — 62 k. Tassila, gros
village des Ait Massa, de 300 feux, avec nombreux jardins
qu'arrosent des séguias amenant l'eau de l'oued Massa. —
64 k. Aguedal (20 feux) et gué de l'oued Massa, large de 20 m. et
profond de 0 m. 50. — Douar Sidi Ali (50 feux) dans les Ait
Mader.
87 k. Tiznit, bourgade située à 20 k. de la côte, au centre
d'un territoire fertile, au pied de l'Anti Atlas et au débouché
TIZNIT, — IFNL [15] — 139
des cols de la montagne. Peuplée de 4,000 hah. dont 200 juifs,
la ville comprend 4 quartiers correspondant à autant de tribus :
AU Zkri (250 feux), AU Mhammed (500 feux), AU Tlah (200 feux),
AU Oukfa (300 feux). Une enceinte de 6 k., percée de six portes,
protège la ville.
De grandes places, des rues très larges, des cimetières, des
champs d'orge, des jardins irrigués où croissent des plantes
méditerranéennes et sahariennes, de grands terrains vagues
indiquent que la cité dût être très peuplée. Les maisons ont
une porte qui fait songer à l'entrée d'antiques tombeaux.
Histoire. — La ville a été fondée par Moulay El Hassane (1882) au
cours de son expédition dans le Sous. Ses mosquées, kasbas, fondouks,
mellah dateraient de cette époque. Après la mort du souverain, les
sept tabors, qu'il y avait envoyés en p:arnison, se dispersèrent. —
D'après une légende locale, Tiznit serait do fondation plus ancienne et
dûe à une femme dévoyée, Fatma Tiznit, qui vivait quelque temps
avant la naissance du Prophète. Réfugiée là avec son amant, elle y
découvrit une source auprès de laquelle vinrent s'installer plusieurs
familles. Plus tard, elle se repentit, et eut une conduite telle qu'on la
considéra comme une sainte. C'est sur sa tombe que s'élève la mosquée
Ida Ouzfa.
Au souk El Khemis, à 1 k. N. de Tiznit, marché du jeudi, dont
les boutiques sont des niches construites en pierres sèches.
Spécialité de koumias ou poignards de cuivre ou d'argent ciselé
incrustés de cires jaune et verte, de poires à poudre en corne
avec ornements de métal, d'ouvrages en perles de verre coloré.
Environs. — l'' Oasis de Talaïnt ('20 k. S.-O. ; piste arabe) : Talaïnt,
village de 1,200 hab., dont 250 juifs vivant dans un mollah, comprend
plusieurs groupes de maisons reliés par des champs et des jardins; l'un
de ces groupes, formanc pointe vers le S., est fortifié. L'oasis est
fréquentée par les Maures qui viennent y commercer.
2° Zaoula de Sidi Ahmed Ou Moussa (25 k. S.-E. ; piste muletière),
on pays Tazeroualt, siège de la zaouïa mère des Ouled Ou Moussa dont
les adeptes, qui se livrent aux jeux acrobatiques (sauteurs arabes), sont
répandus au Maroc et connus en Europe et même en Amérique; centre
de 3 moussems annuels et d'un certain mouvement commercial.
Le Tazeroualt, région de 400 k. carrés env., a une histoire qui se
confond avec celle d'une secte religieuse, les Bmaï on M okahlia « francs-
archers », habiles tireurs, fondée, d'après la légende, par un archer
très habile. La secte fut amenée au Sous au moment de la lutte contre
les Portugais (xvi« s.). Son chef était le chérif idrisside Sidi Ahmed Ou
Moussa qui sut acquérir une très grande notoriété et dont le tombeau se
trouve dans la zaouïa. Son petit-lils, rompant avec la dynastie
saadienne, souleva les populations du Sous, du Dra et du Tafilalet, et
devint le souverain du pays. C'est contre lui que Moulay El Hassane
organisa l'expédition de 1882, qui obtint la soumission du chérif au
Makhzen. Au moment de l'insurrection hibiste, des membres de la
famille ayant prêté main-forte à El Hiba, fils de Ma El Aïnine, la
colonne d'Agadir se rendit au Tazeroualt, livra le combat d'Oujjane, du
24 mars 1917, à la suite duquel le chérif de Tazeroualt et ses deux fils
vinrent faire leur soumission.
DE TIZNIT A IFNI (50 k. env. S.-O.). — Ifni, sur la côte atlantique, à
l'embouchure de l'oued Ifni, est le centre de l'enclave espagnole du
140 — [16] BOUJAD ET LE TABLA.
Maroc méridional. Les bijoux de la répfion sont d'un type spécial; com-
posés de disques, de rectangles ou de triangles découpés dans les
plaques d'argent et gravés d'ornements que rehaussent des applications
d'émail et de cire, ils sont curieux et originaux.
DE TIZNIT A TAROUDANT (130 k. env. N.-E. ; piste arabe). — 23 k. de
Tiznit à Aquedal ( V. en sens inverse l'itinéraire d'Agadir à Tiznit, p. 138).
— La région tantôt sableuse, tantôt rocheuse, paraît pauvre. De temps
à autre, autour des villages, vergers de figuiers et grenadiers entourés
de haiesde cactus. — 70 k. Biougra, centre principal du pays Chtouka.
On entre ensuite dans la forêt d'Admis, que les indigènes disent être
peuplée de serpents dangereux. C'est là que s'approvisionnent les char-
meurs de serpents qui donnent des représentations sur les souks et les
places des villes marocaines. — 112 k. Dai^ Bel Hamidi, en pays Houara.
130 k. Taroudant (p. 137).
16. — BOUJAD ET LE TADLA
Aperçu général. — Le Tadla comprend la vallée haute de TOum Er
Rebia, limitée au S. par le Moyen Atlas, dont les hauts sommets
restent couverts de neige jusqu'en mai, au N. par une région de mon-
tagnes moins élevées. Il est peuplé de tribus distinctes : Ait Roboa, '
Beni Amir, Beni Zemmour, etc., de langue tantôt arabe, tantôt berbère.,
qui ont vécu, jusqu'en 1916, sous l'autorité du marabout très vénéré de
Boujad ( V. ci-après). Il compte environ 375,000 hab. répartis sur une
superficie de 10,600 k. carrés et s'occupant surtout d'élevage. Le cheptel
y est très important. On y a recensé 13.750 chevaux, 10.700 chameaux,
23,000 ânes, 1,600 mulets, 45,000 bœufs, 80,000 chèvres, 411,000 moutone.
Les abords de l'Oum Er Rebia, très fertiles, sont en outre susceptibles
de très beaux rendements. Le cours de l'oued, dont les différences de
niveaux sont très grandes sur de faibles parcours, renferme enfin lui-
même d'importantes réserves d'énergie électrique.
Conseils pratiques. Cette excursion eu plein bled marocain de
plaines et de plateaux est recommandée. Boujad et surtout Kasba Tadla
sont très curieux. A I heuro actuelle le moyen de locomotion le plus
rapide est l'automobile, le chemin de fer n'atteignant pas encore le
point terminus.
De Casablanca à Kasba Tadla.
A. — Par LA ROUTE.
Autocyclisme : 203 k. S.-E. — Bonne route principale n° 7 jusqu'à Ber
Rechid, n« 13 sur le reste du trajet, empierrée sur la presque totalité
de son parcours ; par ailleurs piste bien aménagée. Serv. automobile .
irrégulier; 180 fr. la place aller et ret. ; auto part. 5 à 600 fr. :
s'informer place de France. — Demander à l'autorité militaire de
Casablanca (subdivision) un permis de voyage avant le départ. A
Oued Zem et à Boujad, il est prudent de s'informer auprès du com-
mandant d'armes ou du Service des Renseignements si les routes
sont gardées.
41 k. de Casablanca à Ber Rechid, p. 77, 4\ — En sortant de
Ber Rechid, on suit encore pendant 1 k. la route de Marrakech ,
pour la laisser à dr. — ïja route traverse une large zone de
BEN AHMED.
[16] — 141
« tirs »' bien cultivée et habitée par les fractions de la tribu
Mzab.
63 k. Sidi El Aïdi, au bord de l'aued Ahmeur, à la limite des
tribus Hariz et Mzab. Le village du cheikh et la zaouia se
trouvent à 2 k. 5 de la station.
DE SIDI EL AIDI A SETTAT (31 k. S.-O.; bonne piste). — 9 k. Oued
Mazer. — 18 k. Vallée de l'oued Tamdrost. — 25 k. 8. On regagne la
route de Casablanca à Marrakech. — 31 k. Settat (p. 79).
DE SIDI EL AIDI A BOUCHERON (20 k. N.-E. ; piste). — 2 k. 5. Passage
à niveau. — 6 k. 'b. Kasba des Zeirir. — 10 k. Bifurcation sur le bord
de TAïn Djeboub. — 15 k. Dar Mohammed Ould Djebli. — 20 k. Bou-
cheron (p. 76).
Oh suit la vallée de l'oued El Ahmeur en longeant la ligne
du ch. de fer.
82 k. Ben Ahmed (buffet, rep. 4.50, 5; hôt. de France), centre
agricole créé en avril 1908 et dont l'importance augmente tous
les jours. Une kasba domine le village au N. Marché le lundi.
DE BEN AHMED A SIDI MADANI (36 k. N.-E. ; piste muletière en pays
accidenté et pittoresque; un guide est nécessaire). — 12 k. Kasba
Maarif\ en ruines, et tête de la vallée de l'oued Aricha. — 20 k. Dar
Kaïd Clierki, marché le vendredi. Au delà, le sentier se développe en
terrain rocailleux traversant ravins et vallons. — 28 k. Oued Zemrane,
affluent de l'oued Mellah. — 32 k. Sidi Abd Allah, marché le vendredi.
L'abondance des lauriers-roses rend pénible la traversée de (34 k.)
l'oued Ahmed. — 36 k. Sidi Madani, marabout.
DE BEN AHMED A BOUCHERON (24 k. N. ; piste délimitée à profil acci-
denté dans les premier et dernier tiers en pays bien cultivé. Les piétons
et cavaliers auront intérêt à gagner, avec un guide, Bir El Khom,
dans la vallée de l'oued Dil El Aouda, en quittant la piste carrossable à
Sidi Abd El Krim. On longe alors la riche vallée de l'oued Dil jusqu'à
Boucheron). — 3 k. 5. Sidi Bou Beker, kasba en ruines et jardins. —
10 k. Aïn Bou Maz-ane, auprès d'un bosquet. — 13 k. Sidi Abd El Krim
— 24 k. Boucheron (p. 76).
DE BEN AHMED A CHRISTIAN (91 k. N.-E. ; piste muletière à profil acci-
denté et difficile sur terrain pierreux, rocailleux ou rocheux). — 45 k.
Sokhrat Bjaja, « roc de la poule », hauteur couronnée de roches domi-
nant la région environnante. — 69 k. Sidi Bou Knadel, dans la vallée
pauvre de l'oued Chbeïka. — 91 k. Christian (p. 162).
DE BEN AHMED A EL BQROUDJ (65 k. S. ; piste carrossable à profil acci-
^.enté seulement vers la fin). — 16 k. Sidi Hadjaj, zaouïa au croisement
de la route de Settat à Melgou; marché le lundi. — 19 k. Aïn Er Boumi,
important marché de bétail et de bêtes de trait le jeudi. — 34 k. Dar
Ould Toiiïmi, kasba et marché du mardi. — 50 k. La piste quitte le pla-
teau et suit le flanc de la vallée de l'oued Meskoula. A l'E,, zone de
beaux pâturages. — 65 k. El Boroudj (p. 80).
DE BEN AHMED A GUISSER (44 k. S.-O. ; piste carrossable en été). —
18 k. Bas El Aïn. Au delà, puits nombreux. — 41 k. Guisser (p. 80).
De Ben Ahmed a Settat, p. 80.
Au sortir de Ben Ahmed, vue intéressante au N.-E. sur les
collines des Zaër. On remarquera^ sur le plateau^ les sokhrat ou
U2 — [16] BOUJAD ET LE TADLA,
mapes rocheuses dues à l'apparition brusque de terrains pri- |
mitifs au milieu de la croûte calcaire. — 91 Kasba Ould \
Hadjaj. Le pays est inculte. i
103 k. Melgou, caravansérail dans les ruines d'une kasba. j
Dr Melgou a Settat, p. 82. {
117 k. Dar Ould Ahmed El Hamri. — 119 k. Sidi Abd el Khalek. 1
Terrain ondulé. |
122 k. Ouled Abdoun, groupe de villages indigènes entourés
de figuiers de barbarie, à dr. de la route. La gare est à g. Le
pays devient plus fertile et plus cultivé. — 154 k. 2. Dechra
des Beni Smir, près du marabout d'Abd El Aziz. On domine
toute la cuvette, au centre de laquelle se trouve Oued Zem et
dont on gagne le fond par un large lacet. Par temps clair, sauf
en été, belle vue du Grand Atlas, qui borne majestueusement
riiorizon au S.
158 k. Oued Zem (hôt. modestes), poste militaire créé en 1913,
agglomération, en voie de développement, de 450 hab. dont
400 musulmans et 50 européens. Le souk indigène et le village
européen sont à l'O. du cours d'eau, alimenté sur ce point par
des sources abondantes! Le poste militaire et la gare sont à l'E.
Un barrage sur l'oued retient, en formant un étang, les eaux
qui servent à l'irrigation d'un jardin public et de jardins
potagers. En aval du village, nombreuses figueraies, où se
trouvent les camps. Marché le dimanche et le mercredi.
D OUED ZEM A EL BOROUDJ (81 k. S.-O. ; piste autocyclable en été seule-
ment). — Le terrain est plat et caillouteux au départ. — 26 k. Dechra
des Ouled Fassi, dans fine région de pâturages et de cultures d'orge et
bien habitée, qu'alimentent un groupe de 10 puits de 10 à 15 m. de pro- j
fondeur. — Le terrain est raviné. — 57 k. Sidi Mohammed Chleuh,
marabout d'où l'on domine, vers le S., des terrains de pâturages à !
perte de vue. — La piste suit une série de vallons encaissés. — 81 k.
El Boroudj (p. 80).
D'OUED ZEM A DAR OULD ZIDOUH (85 k. env. S.-O..; piste autocyclable
en été). — La piste quitte le territoire de l'annexe d'Oued Zem au ksar 1
Ouled Bou Azouz et traverse un terrain accidenté et rocailleux. — 50 k.
Déchira Abd Allah Ben Djabeur, agglomération de plusieurs villages.
— 75 k. On arrive dans une région plate, sévère, où s'observe très fré-
quemment le phénomène du mirage. — 84 k. On franchit l'Oum Er Rebia
sur un pont de bois. — 85 k. Dar Ould Zidouh (p. 99).
D'OUED ZEM A CHRISTIAN (62 k. N. ; piste autocyclable, pittoresque).
— 5 k. 5. Montée, par une rampe assez pénible, sur le plateau de Torch.
— 23 k. Rocher d'El Kouch, à proximité d'une zaouïa; marché du lundi.
— 32 k. Aïn Maza, douar et ligueraie des Beni Khirane, suivie de la
gorge d'Aïn Maza, entre deux rochers à pic. — 57 k. Défilé de Teniet El
Mtâmeur. — 62 k. Christian (p. 162).
D'OUED ZEM A MOULAY BOU AZZA (75 k. O. ; piste praticable aux autos
en belle saison). — Départ par la piste de Christian (V. ci-dessus) que
l'on laisse (7 k.) à g. — On traverse le riche territoire des Smala.
20 k. Dechra Braksa, où on rejoint la piste venant de Boujad (p. 144).
— 75 k. Moulay Bou Azza (p. 162).
144 — [16] BOUJAD ET LE TADLA.
La route, bien établie, traverse un' plateau accidenté, pier-
reux et désolé, que limite à l'horizon S. la ligne de l'Atlas. —
165 k. Traversée de l'oued Tachraf et (171 k. 3) de l'oued Bou
Guerroun.
178 k. Boujad, centre religieux important et petite ville
pittoresque de 6,500 hab., dont 600 israélites, seule aggloméra-
tion importante du Tadla. Pour la visite, demander une auto-
risation et un guide au chef du Bureau des Renseignements.
Histoire. -- Boujad fut fondée en 1008 de l'Hégire (fin xvi« s.) par un
descendant du calife Omar Ben El Khattab, Sidi Mohammed Ech Chergui,
dont la lignée a fourni une série de saints hommes qui se sont hérédi-
tairement transmis la « baraka » du fondateur. La famille jouit dans
tout le Tadla d'une grande autorité morale et d'un prestige reconnus à
la fois par le sultan et les tribus voisines. A l'heure actuelle, le siyed
— c'est ainsi qu'on désigne l'héritier du pouvoir spirituel de Mohammed
Ech Chergui — est le personnage vénéré de toute la région ; il reçoit
quotidiennement de nombreuses offrandes en échange de sa bénédiction.
Aussi sa zaouïa est-elle très riche. Le pays est de pacification récente
(mai-juin 1913).
A 500 m. au delà du hordj du Bureau militaire (bureau de la
Place) et du camp établis sur une éminence auprès des tombeaux
des premiers chefs religieux de Boujad, la cité sainte s'étend
toute blanche et encadrée de jardins luxuriants au N. et au S.
EJle s'oflre à la vue du visiteur par un grand souk pittoresque
aux arcades régulières, fréquenté surtout le mercredi et le jeudi.
La Medina s'étend à TE. et au S. du souk autour de deux
mosquées, Djama Ech Cheikh avec un minaret au décor peint,
et Djama Moulay Slimane, d'une medersa sans intérêt et de
trois sanctuaires dédiés à Sidi Salah (auvent en bois), à Sidi El
Maâti et à Sidi El Arbi. Les salles des deux premiers de ces
sanctuaires sont intérieurement ornées de plâtres sculptés et
colorés, et leurs plafonds pyramidaux sont en. bois ouvragé
recouvert de draperies marquant l'emplacement des tombeaux.
La zaouïa de Boujad est à l'O. de la Medina. C'est un impor-
tant groupe de maisons servant de demeure au siyed, à sa
nombreuse famille et à ses serviteurs.*
De grands jardins d'oliviers et de cactus, irrigués par un oued
passant entre la medina et la zaouïa, bordent Boujad vers le S.
DE BOUJAD A MOULAY BOU AZZA (79 k. N.; piste autocyclable, pitto-
resque surtout dans son dernier tiers). — Après une montée sur un
plateau rocheux on descend dans la vallée de l'oued Bou Guerroun,
ravissante au printemps, vrai parterre de fleurs. — 24 k. Décloua
Braksa. Après une descente difficile du plateau, on gagne la vallée
de l'oued Tougourli, puis celle de l'oued Mesguida à travers des
broussailles et des bois. — 43 k. Mechra Achrine Zouj, pont sur l'oued
Grou, construit en 1918. On remonte enfin la vallée de l'oued Bourdine,
entre le plateau de Fourhal au N. et la montagne de Sidi Embarek
au S. — 55 k. Tazetol, d'où l'on peut se rendre à (32 k. N.-E.) à
A(/uclnious (ou Guelmous), poste militaire au centre d'une région rude
(45 à 50'^ en été, — 13° en hiver), dans une plaine circulaire de 5- k. do
diamètre bordée de crêtes d'une altitude de 1,500 à 2,000 m. — 65 k.
Forêt d'assez grands arbres au N. — 79 k. Moulay Boa Azza (p. 162).
KASBA TADLA.
[16] - 145
DE BOUJAD A SIDI LAMINE (41 k. N.-E. ; piste aménagée, autocyclable
en été). — On traverse des terrains de cultures, puis une zone de pâtu-
rages et de broussailles. — 18 k. El Graar, large dépression humide
occupée par les Beni Zemmour, — On passe ensuite dans une région
.mamelonnée, au pied de hauteurs garnies de rochers et de broussailles
au départ, puis de quelques grands arbres disséminés. — 41 k. Sidi
Lamine, poste militaire et ancienne kasba de la tribu belliqueuse des
Zaïane, occupé par les troupes françaises depuis 1914. L'oued Sidi
Lamine, affluent du Grou, prend sa source vers le Zrahina et coule
entre d^s berges broussailleuses. — De Sidi Lamine, une piste aménagée
conduit à (45 k. env. N.-E.) Khenifra (p. 162), par la Roche percée;
parcours pittoresque.
DE BOUJAD ADAR OULD ZIDOUH (85 k. env. S.-O. ; piste carrossable). —
18 k. Sidi Mohammed Nefati. — 50 k. Souk El Arba du Fkih Ben Salah,
grosse agglomération indigène. Marché important le mercredi. — On
parcourt ensuite une région d'élevage, puis on rejoint la piste venant
.d'Oued Zem (p. 142). — 85 k. Ba?- Ould Zidouh (p. 99).
Au sortir de Boujad, une piste spéciale pour autos légères
conduit à Kasba Tadla, au travers de terrains d'abord rocail-
leux, puis de beaux pâturages. Au loin, l'horizon est borné par
le mur dentelé de l'Atlas. On franchit successivement (181 k. 5)
l'oued Takhasriet, (191 k. et 199 k. 4) l'oued Srirou et Toued
Kaikat, fortement encaissés,
203 k. Kasba Tadla (hôt.-rest. modeste), centre indigène et
important poste militaire sur la rive dr. de l'Oum Er Rebia;
ch.-l. du commandement du territoire Tadia-Zaiane. La popu-
lation indigène, qui fut autrefois de 2 à 3,000 hab. en compte à
peine 500 aujourd'hui.
Histoire. — La Kasba Tadla {tadla en berbère signifie « gerbe de blé »)
fut fondée à la fin du xvii® s. par Moulay Ismaïl qui y installa une gar-
nison de 3,000 nègres destinés à tenir le pays. Le pont dit « portugais »
est de la même époque ; il assura le passage des 25,000 fantassins et
des cavaliers avec lesquels le célèbre sultan pacifia la vallée de l'oued
El Abid, enserrée entre le Haut Atlas et le Moyen Atlas, et située à
50 k. plus au S. à vol d'oiseau. L'occupation française de ce point
remonte à mai 1913.
En abordant la ville, on laisse à g, la msalla ou lieu public de
prière pour les jours de grandes fêtes musulmanes, puis le
camp iV.,à l'entrée duquel sont installés les hôteliers et com-
merçants européens, et enfin une grande place limitée à TE.
par les Bureaux des Renseignements. On atteint ainsi la *kasba,
l'une des plus belles du Maroc par la sévérité de son architec-
ture, la beauté de son enceinte aux tons ocreux, la grandeur
de son site.
Cette citadelle, décrite pour la première fois par de Foucault,
se compose : 1" d'une enceinte extérieure crénelée et flanquée de
bastions très rapprochés, de 10 à 12 m. de haut du côté du
fleuve, où elle se dresse sur des rochers à pic; elle est munie,
dans sa partie supérieure, d'une banquette qui court le long
des créneaux; 2° d'une enceinte intérieure^ non crénelée, séparée
de la première par un chemin de ronde et des places d'étendue
MAROC.
40
146 — [16] BOUJAD ET LE TABLA.
variable. Celte muraille abrite à l'E. une mosquée à minaret
aux parois ornementées d'un décor curviligne ainsi que Vancien
Dar el Makhzen (actuellement bureaux de l'Etat-Major et de
l'Intendance) comprenant un patio central rectangulaire entouré
de galeries et de locaux. A l'O. s'élève une autre mosquée
(aujourd'hui infirmerie) plus simple, mais dont le mihrab est
intéressant. Plus à l'O., une place surélevée, d'où l'on a une
très belle vue sur le pont {V. ci-dessous) recouvre d'anciens
gilos. — Un redan descendant par degrés successifs vers le
torrent donne à la kasba, vue du pont, une silhouette carac-
téristique.
En amont de la kasba se trouve le village indigène et, en
aval, le marabout de Sidi Ahmed Ben Ali; en face, ancien
village en ruines dont une partie restaurée est occupée par des
souks. La route, qui dessert ces dernières agglomérations,
conduit à un grand et magnifique '^'pont en pierre de 150 m. de
long et de 10 arches inégales, jeté sur l'Oum Er Rebia, qui a
à cet endroit 30 à 40 m. de large et dont le courant est très
rapide. La différence de niveaux, sur ce point, est de 3 m. et
le débit de 8 m. cubes à la seconde. L'eau est rougeâtre, comme
les terres avoisinantes et les murs de la kasba elle-même. De
l'extrémité du pont, on jouit d'une *vue admirable sur la cita-
delle et sur l'oued.
A la sortie du pont, la piste de dr. est celle de Beni Mellal,
celle de g. Conduit au camp S., établi sur la hauteur de la rive •
g. dominant le fleuve et la kasba.
DE KASBA TADLA A BENI MELLAL (32 k. S. ; piste aménagée, autocyclable
par beau temps; une autorisation spéciale du commandant d'arines de
Tadla est indispensable). — Le trajet s'effectue en tribu Aït Roboa. —
14 k. Ouled Youssef, village à 800 m. à l'O. de la piste. — 18 k. Gué de.
l'oued Derna; à peu de distance en amont, pont en ruines. — 19 k. Sidi
Slimane. — 22 k. Tagranit, kasba en ruines. — 23 k. Gué de l'oued
Boukhari. — 28 k. Ponceau sur l'oued Deï. — 32 k. Kasba Beni Mellal,
aussi appelée Kasba Bel Kouch, s'élève au pied du Djebel Beni Mellal,
sur une côte qui joint celui-ci à la plaine. Elle est entourée d une agglo-
mération d'environ 3,000 hab., dont 300 Israélites, occupée par les
troupes françaises depuis 1916; actuellement centre du commandement
d un cercle. Quoique restaurée par Moulay Slimane au xix« s., la kasba
est en ruines. Un marché hebdomadaire se tient au centre du bourg.
— De superbes jardins et des vergers peuplés d'oliviers, de mûriers et
de peupliers s'étendent jusqu'à la falaise d'où jaillissent des eaux abon-
dantes et pures. A proximité, zaouïa de Sidi Mohammed Bel Kassem, au
milieu de vergers. Au S., vue sur l'Atlas dont les premiers sommets
sont couverts de broussailles, pendant que les hautes cîmes sont
exemptes de végétation. Un grand couloir venant de la montagne est
défendu par deux blockhaus. — De Foucault passa à Beni Mellal avant
de franchir les montagnes du Moyen Atlas.
De Beni Mellal, on peut aller à (23 k. S.) Ouaouizert, par (6 k.) la
source de Foum Oudi et le village de Timoulilt. Ouaouizert est un village
des Ait Attad'Amalou, de 1,100 habitants, avec mellah; marché le vendredi.
DE KASBA TADLA A DAR OULD ZIDOUH (80 k. env. S.-O.; piste autocy-
clablo en été). — La piste se détache à dr. avant le pont sur l'Oum Er
BËNI M EL L AL.
[16] — 147
Rebia. — 3 k. Pont sur i Oued Kaïkat. — Trajet dans la région fertile
des Boni Amir. — 45 k. Souk El Arba du Fki Ben Salah (p. 145), où on
rejoint l'itinéraire de Boujad. — 80 k. Dar Ould Zidou/i (p. 99).
De Kasba Tadla, on peut aller à (l'2 k. E. ; pisie autocyclable en été;
autorisation spéciale du commandant d'armes de Tadla indispensable)
Ghorm El Alem, poste militaire créé en 1917, couvrant Kasba Tadla et
surveillant le principal débouché de la montagne, que l'on a appelé la
« coulée de Ksiba ». Ksiba, à 20 k. env. N.-E. sur un plateau élevé,
ressaut du Moyen Atlas, avec un souk important, est l'une des rési-
dences de Moha ou Saïd, l'un des chefs influents de la résistance berbère.
JB. — Par le chemin de fer et la route.
176 k. 5. Ch. de fer militaire jusqu'à Oued Zem. Trajet en 8 h. par l'auto-
motrice, 53 fr. 20; en l jour et demi par le train, 53 fr. 20 et 26 fr. 60.
— 45 k. Bonne piste pour le reste du parcours. — Les moyens com-
modes de locomotion faisant défaut à Oued Zem, il est préférable
d'adopter le transport en auto à partir de Casablanca.
43 k. 2. de Casablanca à Ber Ftechid, p. 77, 4°. — La voie prend
la direction S.-E. à travers la plaine très fertile et bien cultivée.
— 48 k. 6. Sidi Mostefa, — 59 k. 8. Dar Ben Hadia,
69 k. Sidi El Aïdi (p. 140). La ligne remonte Toued El Hamra
en décrivant de nombreux lacets dans un pays accidenté. —
77 k. 8. Aïn El Beïda. — 83 k. 4. Aïn Fritis, — 88 k. 6. Kaid Lahsene.
91 k. 8. Ben Ahmed (p. 141). — 106 k. 4. Sidi Chmitti. — 116 k. 7.
Melgou (p. 141), à proximité d'an caravansérail installé dans les
ruines d'une ancienne kasba. — 125 k. 4. El Moangar,
136 k. 6. Ouled Abdoun (p. 142). — 150 k. 2. Bir Bettane.
176 k. 5. Oued Zem (p. 142).
Le reste du parcours jusqu'à Kasba Tadla doit se faire par
la route (p. 142 à 145).
I
DEUXIÈME SECTWJS
MAROC OCCIDENTAL SEPTENTRIONAL
RABAT, SALÉ, KNITRA,
MEKNÈS, FÈS, TAZA
Les grandes villes du Maroc septentrional : Rabat, Salé,
Meknès et F'ès sont d'un captivant intérêt. Le ch. de fer les
relie toutes en un jour. Il est donc possible de les visiter en un
laps de temps très réduit. Le voyage de Rabat à Fès et vice-
versa peut ne prendre que 4 j. en consacrant 2 j. à Fès et une
demi-journée à Meknès. — En disposant d'un jour de plus
pour Volubilis et Moulay Idris.du Zerhoun, le voyage sera
complet.
Le trajet gagnera en intérêt si l'on utilise l'automobile,
auquel cas on effectuera le circuit Rabat-Salé, Knitra, Col du
Seggota, Fès, Meknès, Volubilis, Tiflet, Rabat-Salé, ce qui
demandera 4 j.
Les touristes partant de Casablanca compteront deux jours
de plus dans l'un et l'autre mode de transport pour consacrer
1 j. et demi à Rabat-Salé.
17. — DE CASABLANCA A RABAT
A, — Par le chemin de fer.
88 k. N. Chemin de fer militaire; % fr. 40 et 13 fr. 20 ; en 5 h. par le
train de voyageurs; en 3 h. par les automotrices (3 serv. quotidiens).
23 k. de Casablanca à Fedala, p. 74, l''. — Après la gare de
Fedala, la ligne se rapproche de la côte, franchit le pont Blondin
sur l'oued Neflfikh, à l'embouchure duquel se produit le phé-
nomène de la barre. Aux terres cultivées succède une zone de
pâturages où croissent à profusion le palmier nain et l'aspho-
dèle. De temps à autre, daias ou cuvettes à fond humide.
33 k. 5. Mansouria, halte. La kasba, à dr. de la voie, fut fondée
au xip s. par le sultan Yakoub El Mansour pour servir d'asile
aux voyageurs et aux pèlerins. Elle était déjà en ruines au
xiv« s. Lorsque les Portugais prirent Anfa (1465), les habitants
de Mansouria, effrayés, s'enfuirent à Rabat et n'y revinrent
plus. Depuis, elle a été restaurée pour abriter les caravanes
et les convois.
150 — [17] DE CASABLANCA A RABAT.
Quelques buissons de lentisque apparaissent, puis font place
aux cultures de céréales.
45 k. David, halte.
48 k. 8. Bou Znika, gare (buffet) et petit centre européen à g.
de la ligne. Marché le vendredi, de la tribu des Arab. A dr., la
kasba El Hmira abrite le poste.
52 k. 8. Oued Gherrat. — Un peu plus loin, on aperçoit, à dr.,
un pont suspendu commencé en 1917 pour le passage de la
route de Casablanca à Rabat.
60 k. Skrirat, auprès d'une ancienne kasba. Nombreux émer-
gements rocheux après lesquels apparaissent quelques vergers
de figuiers.
65 k. Oued Ykem ; la voie franchit la rivière sur un pont en
bois. En aval, estuaire du cours d'eau et plage sableuse. La
mer se voit à l'O.
75 k. Temara, gare. Le village s'aperçoit à 2 k. vers l'O.
dominé par son minaret (p. 151).
82 k. La ligne croise un ancien aqueduc, puis se rapproche
de la grande route qu'elle longe ensuite. On aperçoit en avant
la tour Hassane, puis, à dr., le palais du Sultan et, à g., le
camp Garnier. Après une descente, on traverse des jardins
maraîchers et l'on franchit une première enceinte pour s'arrêter
devant la seconde ligne de remparts qui enserre la ville arabe.
88 k. Rabat (p. 151).
B. — Par la route.
Autocyclisme : 95 k. — Bonne route principale n° 1 entièrement terminée
et peu accidentée ; quelques passages d'oueds sur des ponts impor-
tants; 2 serv. automobiles quotidiens en 2 h. 30, 25 fr. ; serv. quotidien
d'autobus en 3 h., 10 fr., peu confortable; automobiles particulières à
3 places, 100 fr.; s'informer place de France.
La route passe devant le quartier des Roches Noires (p. 71),
laisse à g. une usine de chaux et de ciment, puis s'enfonce
dans la plaine parsemée de fermes et de vergers. — Au delà,
dans une zone caillouteuse, s'élève, au pied d'un arbre sacré,
la koubba de Sidi El Bernoussi.
18 k. Aïn Harouda, maison cantonnière auprès d'une source
et de l'emplacement d'un marché du lundi. Fedala (p. 74)
s'aperçoit à g. sur le bord de l'Océan.
22 k. Pont de trois arches sur l'oued Malah. De part et d'autre,
tournants accentués.
Du k. 30 se détache, à g., une piste sur (5 k.) Fedala (p. 74).
31 k. Après un tournant dangereux, passage d'un nouveau
pont sur l'oued Nefifikh.
Du k. 33 se détache, à dr., une piste sur (30 k.) Doulhaut (p. 75).
La route se développe en palier, dans une région de palmiers
nains, puis de brousse. — 39 k. El Gourmay maison cantonnière,
auprès d'un oued qu'on franchit sur un ponceau.
TEMARA, — RABAT, [18] — 151
Du k. 50 se détache : une piste à g. sur Bou Znika, tout proche
(p. 150); 2" une piste à dr. sur (-22 k.) Boulhaut (p. 75) par (14 k.) Aïn
Aïtoli, source, et la forêt des Zaër.
La région est mieux cultivée et plus habitée.
57 k. Pont suspendu sur l'oued Gherrat, puis descente en
pente douce sur plusieurs k. à la hauteur de la kasba de
Skrirat (p. 150).
69 k. Passage de l'oued Ykem (pont en construction). Sur ce
point, l'oued est profondément creusé dans les rochers. —
79 k. Beaux terrains de culture.
80 k. Temara (auberge), ancienne kasba bastionnée et cré-
nelée, avec mosquée et minaret à l'intérieur. Une partie des
constructions abritées dans l'enceinte a été aménagée pour
recevoir le Service des Remontes et Haras chérifiens, créé pour la
première fois au Maroc en 1912. La kasba est entourée de
paddocks où paissent des étalons syriens, anglo-barbes, pur
sang anglais et quelques produits de la Jumenterie de Tiaret
(département d'Oran).
Au delà, la route rejoint bientôt la ligne du ch. de fer mili-
taire et ne la quitte plus jusqu'à Rabat.
95 k. Rabat (F. ci-après).
C, — Par l'ancienne piste.
91 k. N.-E. — Piste un peu dure, autocyclable.
26 k. 5 de Casablanca à Fedala, p. 74, 1°. — 29 k. 5. Pont
Blondin, en bois, sur l'oued Nefifikh. — 35 k. 5. Kasba Mansouria
(p. 147). — 49 k. 5. Bou Znika (p. 150). — 50 k. 5. Traversée de
l'oued Bou Znika et plus loin (53 k, 5) de l'oued Gherrat, sur le
pont du ch. de fer (p. 150). — 60 k. 5. Skrirat (p. 150). — 68 k.
Pont sur l'oued Ykem, commun avec celui du ch. de fer. —
77 k. Temara {V. ci-dessus, B), — 91 k. Rabat (F. ci-après).
18. — RABAT ,
Pour les relations avec l'extérieur, V. Voies d'accès, p. 60, 7°.
Emploi du temps. — Une journée suffit pour visiter Rabat. Partant
du boulevard El Alou, on visitera, le matin, le cimetière El Alou (p. 154),
la. kasba des Oudaïa{^. 154),, le musée de la Médersa (p. 155), les souks indi-
gènes des rues des Consuls et Souïka (p. 156) ; le soir, on verra, au cours
d'une promenade en voiture, la tour Hassane (p. 157), Chella (p. 158),
le quartier des Touarga (p. 159), les remparts almohades et le quartier
de V Océan (p. 161).
RABAT (en arabe : Ribat El Fath; ethn. : rbâti), l'une des
trois villes fiadria, c'est-à-dire à population urbaine, civilisée,
et l'une des quatre villes makhzenia, c'est-à-dire impériales,
résidences du sultan, est située à l'embouchure et sur la rive g.
de l'oued Bou Regreg. en face de Salé. C'est la capitale admi-
152 — [18].
RABAT.
nistrative du Gouvernement chérifien et du Protectorat français,
le siège de la Résidence générale de France au Maroc et le
ch.-l. delà région de Rabat et du Gharb peuplée de 230,000 hab.
La population actuelle de Rabat est de 37,000 hab., dont
22,500 musulmans et 3,500 Israélites; le peuplement européen,
qui était de 300 personnes au début de 1913, est passé à 10,000
en 1917, dont 6,500 français.
La medina, y compris le mellah, se masse dans un trapèze de
1,500 et de 600 m.- de bases et de 700 m. de hauteur, distant
de rOcéan d'env. 500 m. et protégé des vents du large par une
colline peu élevée qu'occupent des cimetières. Une solide
enceinte en fait le tour. Elle est défendue au N. par la kasba des
Oudaïa construite, à 30 m. d'alt., sur la falaise qui se dresse
à l'angle de l'estuaire du Bou Regreg et du littoral atlantique.
Les premiers établissements européens se sont d'abord
installés sur les voies principales de la medina : au boulevard
El Alou et rues El Gza, Sidi Fatah, des Consuls, mais d'impor-
tants quartiers sont en voie d'aménagement, depuis les débuts
de l'occupation française, en dehors de la ville arabe : au S.,
dans les quartiers de la Résidence et des Touarga, à l'O., au
quartier de l'Océan. L'emplacement de la Foire de 1917 a en
outre amorcé, dans le terrain du grand Aguedal, un nouveau
quartier S.-O. admirablement situé.
La kasba des Oudaia et ses dépendances, la tour Hassane,
l'estuaire du Bou Regreg, l'ancienne ville du Ghella et le
panorama de Salé donnent à Rabat un charme puissant qui,
joint à un climat tempéré, doux en hiver, et supportable en
été, grâce à la brise du N.-O., en font une ville d'agréable
séjour, surtout pour l'hivernage.
Gare : — Gare de Bab El H ad,
près de la porte du même nom.
C'^'* de Navigation : — de Navi-
gation Paquet (Labeyrie), tSouk El
Grhezel ; Générale Transatlan-
tique; Bland Line et Royai Mail
(Elias Bensaude).
Omnibus : — les hôtels n'ayant
pas encore d'omnibus particuliers,
on trouvera des voitures de loca-
tion à la gare. Les voyageurs
venant de Salé feront porter leurs
bagages par des portefaix sur la
rive g. du Bou Regreg, où ils trou-
Aeront des voitures de louage.
Hôtels : — de la Tour-Hassane
(PLaD-2), av. du Chella, près delà
Résidence; Maroc-Hôtel (meublé;
Pl. 6B2), bd El Alou, 20; Victoria
(meublé; Pl. cBl), bd El Alou, 7; de
France (Pl. dCl ;30cli. depuis 6 fr.),
l)d El Alou; de Nice, bd El Alou;
Modem-Hôtel, et d'autres encore
situés aux abords du bd El Alou ou à
proximité.
Restaurants : — Guillaume Tell
(V. Hugo); Coq gaulois; Deux
Sœurs Latines; de l'Univers, tous
situés bd El Alou; du Palmarium,
av. Marie-Feuillet.
Cafés-Brasseries : — aux restau-
rants ci-dessus.
Bains : — Bains-douches munici-
jmux, quartier de Bab Tebene.
Poste et télégraphe : — Bureau
Central, bd El Alou ; succursales
au mellah, au pied des pilônes de
la T. s. F. et à la Résidence.
Banques : — d'Etat du Maroc, r.
des Consuls ; Algéro-Tunisienne, r.
El Oubira; C'« Algérienne, r. des
Consuls ; Crédit Foncier d'A Igérie
'et de Tunisie, r. des Consuls, 22;
Crédit Marocain, r. El Gza ; Lyon-
naise, souk El Ghezel.
Voitures de place : — à ctiev..
RABAT.
tation principale bd El Alou, on
face de la Subdivision ; autre sta-
tion à la Résidence : — course
dans la Medina 1 fr. 25; à la Rési-
dence 1 fr. 75 ; aux Touarga 2 fr. ;
l'heure 3 fr. 80.
Chevaux de louage : - - C ardeur,
V. El Oustia; I<ournier, bd de la
Tour-Hassane.
Services automobiles : — ces
services ont leurs bureaux groupés
à l'entrée O. du bd El Alou. Ils
son t assurés par la Société Française
de Transports automobiles (Goyon
et C'*^) et la Société des Taxis-autos
marocains fPorge et C'*'), qui se
chargent en outre de transporter
les voyageurs dans toutes les direc-
tions. Ils desservent : — Knitra,
10 fr. la place en automobile ; Casa-
blanca, 25 fr. la place en automo-
bile et 10 fr. la place en autobus ;
Tanger {on bonne saison seulement),
150 fr. la place en automobile.
Prix à débattre pour les autres
directions sur la base de 1 fr. 25 à
1 fr. 50 le k., les distances étant
calculées sur l'aller et le ret. On
demande 600 fr. pour la location
d'une automobile à 3 places pour
le voyage de Rabat à Meknès
et Fès.
Tramways : — tête de ligne à
l'extérieur de Bab* El Alou vers :
J*» Kebibat, quartier de l'Océan;
2« le Grand Aguedal (s'informer des
horaires).
Garages : — Goyon et C'®, bd El
Alou ; Rodière et^Suisse, av. Marie-
Feuillet.
[18] 153
Sazy^
Librairie-papeterie :
El Gza, 156.
Journaux : — Echo du Maroc,
quotidien du soir, 10 c. et Bulletin
Officiel du Protectorat, bd El Alou,
tous deux en langue française; Es
Saada, bd El Alou, en langue arabe.
Photographie : — Schmitt et C®,
r. El Gza, 153.
Spectacles : — Palmarium, av.
de Casablanca; Cinéma Tur, Galle-
ron et Tanguy, r. Oukkasa, 67;
Cinéma des Deux Sœurs Latines, bd
El Alou; Cinéma Palace.
Spécialités marocaines : — Cuirs
tannés ; babouches et sacoches bro-
dées ; tapis de Rabat à haute laine
et à points noués ; broderies sur
étort'es et sur filet; bois peints ; enlu-
minures ; cuivres ciselés ; mosaïques
de faïence, etc. S'adresser chez les
marchands indigènes de la r. des
Consuls pour les obje-ts de fabrica-
tion ancienne, notamment chez
Palafrij et, pour les objets de
fabrication moderne, à V école d'arts
indigènes de la Médersa.
Réjouissances indigènes —
Cimetière El Alou, très animé tous
les après-midi du vendredi; Sorties
du sultan pour la prière, du ven-
dredi de 11 h. 30 à 12 h. 30 à la
mosquée des Touarga; Fête de
VAcJioura, 1" quinzaine d'octobre,
très curieuse ; Aïd El Kebir, en
septembre; Moussems : de Sidi
Yakoub, organisé par les porteurs
d'eau (guerrâbâ) à Chella, en mai,
et divers au cours do l'année (s'in-
former).
Histoire. — Ribât El Fath, « le Camp de la victoire », d'où l'on a tiré
le nom de Rabat, fut ainsi appelé pour perpétuer le souvenir de la vic-
toire des musulmans à Alarcos et des conquêtes faites sur les chrétiens,
en Andalousie. Il avait été conçu et entrepris par le sultan almohade
Abd El Moumene Ben Ali (1130-1163), poursuivi par son fils Youssef
(1163-1185), et fut achevé par son petit-rils Yakoub El Mansour (1185-
1199). C'était le lieu de concentration des contingents et des approvi-
sionnements qu'on dirigeait en Espagne pour la lutte contre les chrétiens.
Rabat comprenait alors la place forte des Oudaïa, vaste enclos de
450 hect., limité par une enceinte qu'on voit encore aujourd'hui, de beaux
monuments comme la médersa et la mosquée de Hassane avec sa tour.
La ville tomba rapidement en décadence. Quand elle fut en possession
des mérinides, ceux-ci essayèrent de la relever, sans grand résultat,
semble-t-il. C'est de leur époque que date la construction de la grande
mosquée (xiii^ s.).
Aux xvii« et xviii« s., le sort de Rabat, alors appelé Sala El Jedid,
« Sale le neuf », est intimement lié avec celui de Sala El Kedimi, « Salé
I ancien ». En 1608, sous le règne du sultan saadien Zidane, elle reçut
154 - [18]
RABAJ.
un contingent de plusieurs milliers 'd'Andalous expulsés d'Espagne, qui
bâtirent la medina actuelle, ouvrirent dans l'ancienne médersa une
école de pilotage et organisèrent ia course, qui rendit si célèbres les
corsaires dits de Salé presque aussi redoutables que ceux d'Alger.
Rabat se transforma en une sorte de république à peu près indépen-
dante en 1627. Dabord rivale de Salé (1630-1641), elle en devint une
vassale sous El Aïachi, puis passa aux mains des Dilaïtes pour retomber,
en 1666, sous la domination des sultans alaouites.
La dynastie nouvelle la dota de nombreux monuments. Sidi Mohammed,
en particulier (1757-1789), y fit élever 7 mosquées, des forteresses, deux
skalas ou batteries, et aménager un aguedal. Elle ne put, malgré cela,
reprendre sa prospérité ancienne et continua de s'épuiser en luttes
stériles avec sa voisine Salé.
Depuis 1912, date de l'établissement du Protectorat de la France au
Maroc, elle est devenue le siège de la Résidence générale et s'est déve-
loppée dans des proportions considérables.
Bibliographie : — Notes sur Rabat et Chella, par Mercier, parues dans
les tomes V à VIII des Archives marocaines; — Bayis le mystère du
Moghreb, par J. et J. Tharaud, dans la « Revue des Deux Mondes »
en 1917; — Rabat ou les heures marocaines, par J. et J. Tharaud (Paris,
Emile-Paul, 1918).
Les itinéraires suivants partent de Bab El Alou, centre actuel
de la vie urbaine, et où se trouve la plus importante station de
voitures.
7. — ha Medina.
De Bab El Alou, porte monumentale, flanquée de vieux
canons de bronze, on pénètre sur le boulevard El Alou, en
laissant, à g*., le petit quartier A'El Oiihira. On rencontre
successivement, à g'., faisant face à une ligne ininterrompue
de constructions : la Subdivision, un kiosque à musique dans
un riant jardin, la Kechla, ancienne caserne où sont aujourd'hui
détenus des prisonniers indigènes, le bureau central des postes.
En arrière de ces bâtiments s'étend jusqu'à la mer, sur une
profondeur de 500 m., le cimetière musulman^ ^ très curieux,
d'où l'on a une magnifique vue sur l'Océan. L'extrémité E. du
boulevard El Alou est marquée par VOffice Commercial (ouvert
aux visiteurs; au rez-de-chaussée, produits marocains, agricoles
et industriels; au 1*»^ étage, sallè de réunion et produits
importés), dont le mur N. est orné d'une jolie fontaine avec
revêtements de mosaïques de faïence.
Au fond du boulevard se dresse l'imposant groupe des
OuDAÏA, enserré dans une enceinte crénelée du plus pitto-
resque aspect. On visitera successivement la kasba (entrée en
haut, à g.) et la médersa (entrée en face du boulevard, sur la
place El Ghezel).
La "^kasba des Oudaîa doit son nom à une tribu guich qui
y tint garnison dès la fondation de Rabat par Yakoub El Man-
sour (xn® s.). Elle se composait d'une enceinte de hauts murs
protégeant un village entier groupé autour d'une mosquée;*
elle abritait en outre le gouverneur, les fonctionnaires et la
garnison. C'est une réplique de ces ribats ou citadelles édifiées
D E
J)
"^'19 /rnp Thffht'nunf T\u'iS .
RABAT.
[18] — rô5
au moyen âge par les religieux et guerriers combattant pour la
foi musulmane. — La porte d'entrée^ à baïonnette, s'élève sur
un tertre et domine la ville. En pierre de taille et d'un ton
rouge ocreux, elle est de proportions majestueuses. Le décor
sculpté en est sobre et bien équilibré. Les tympans de l'arc sont
encadrés d'une belle inscription coufique. l)e la terrasse, à
laquelle on accède par un escalier s'insérant sous les voûtes,
belle *vue d'ensemble sur Rabat-Salé et le Bou Regreg.
Du château intérieur, il ne reste que les souterrains. L'empla-
cement en est occupé par des habitations modestes réparties
de chaque côté d'une rue que jalonne le minaret en pierre
d'une mosquée où le sultan venait autrefois diriger la prière
un vendredi sur deux. Cette rue aboutit à une plate-forme
surélevée où se trouve un poste sémapliorique et une batterie
d^artillerie. La *vue est très belle.
La *médersa des Oudaîa avoisine la kasba au S. Elle
servit autrefois d'école de pilotage, elle possède une tour de
beau style et un hammam. Restaurée en 1915, elle sert aujour-
d'hui de musée (F. ci-dessous). Son musée, son jardin avec
pergolas, son café maure (*vue magnifique sur le Bou Regreg et
Salé), son école d'arts indigènes en font un des plus charmants
buts de promenade de Rabat.
Le musée (ouvert tous les jours de 9 à 12 et de 14 à 18 h.;
entrée gratuite) est installé dans des salles s'ouvrant sur un
patio central entouré d'une galerie soutenue par 20 colonnes
et chapiteaux de pierre taillée.
Salle dk Rabat, à g. — Tapis de Rabat, à haute laine et à points
noués; nattes en jonc de Salé; broderies de soie au point plat de Rabat,
au point croisé de Salé; broderies sur filet de Salé; boiseries et .éta-
gères peintes ; collection de poires à pondre du Sous ; quelques armes
marocaines : fusils et poignards.
Salle de Fès, en face de la précédente, soutenue par des colonnes
et s'éclairant sur le jardin par une large baie. — Poteries anciennes de
Fès, émaillées; meubles de Fès : fauteuils, coffres, colfrets, étagères
sculptés et peints; marbres gravés; bijoux du Sous et de Meknès ;
nattes de Salé.
Galeries. — La galerie de dr. renferme de vieux canons, d'anciennes
chaînes et entraves pour prisonniers, une vieille porte de prison en fer,
des dalles de terre cuite provenant d'un tombeau antique de Salé. — La
galerie d'en face abrite des fragments de bois et de plâtre sculptés.
Salon de coiffeur-, dans une pièce à l'entresol, en face de l'entrée.
— Cette pièce a été reconstituée avec des documents originaires de Fès.
Salle des antiquités, à l'entresol, au-dessus de la galerie de dr. —
Réductions en plâtre de la Basilique, d un pressoir à huile et de Tare
de triomphe de Caracalla, de Volubilis (p. 191); plan général en relief de
l'ancienne ville romaine.
Une salle, à l'étage au-dessus, renferme des poteries berbères du Maroc,
des spécimens anciens de travaux au crochet et de broderie sur filet.
L'ÉCOLE d'arts indigènes, installée à l'intérieur du rempart O., se
propose de faire revivre les techniques marocaines se rapportant à
Venluniinure, à la sculpture et à la peinture du bois, à la ciselure du
cuicre, à la teinturerie des laines et des soies destinées à la confection
des tapis à points noués et à la broderie.
156 — [18]
RABAT.
Sur la place du souk El Ghezel, s'ouvre à angle droit la rue
des Consuls d'où l'on a, à l'entrée, une vue sur la Douane, le
port, le Bou Regreg et Salé. Plus loin, la rue est bordée de
boutiques indigènes dont quelques échoppes de marchands de
broderies de Rabat et de Salé (le souk des tapis est voisin). On
aboutit ainsi à l'entrée du inellah et de la rue Souika.
De ce point on pourra faire un crochet en quelques minutes
vers la curieuse place des Forgerons et la rue des Teinturiers qui
conduit au port par Bab El Bahar, puis vers le mellah ou quar-
tier juif.
Sur tout son parcours, la ime Souïka est bordée de nombreux
fondouks, de quelques fontaines et d'une suite ininterrompue
de boutiques indigènes. Deux mosquées sont desservies par
elle : la grande mosquée, avec une porte moderne (1813) et dont
une dépendance, le Moristane ou ancien hôpital, est occupé
aujourd'hui par des magasins (la rue du Chella, à g. de la mos-
quée, conduit par Bab Chella, percée dans la muraille des
Andalous, p. 157, à l'avenue du Ghella qui mène à la Késidence
générale); la mosquée de Moulay Slimane, fondée par le sultan
du même nom, qui régna de 1791 à 1822.
L'extrémité de la rue Souika aboutit au marché européen, de
construction moderne et que ferment, au S., Bab Tebene qui
conduit au Dar El Makhzen (p. 159) et, à l'O., Bab El Had, porte
monumentale donnant accès à la gare.
Du marché, on peut rejoindre le boulevard El Alou soit par
la rue El Gza, bordée de magasins européens et indigènes,
soit par la rue Sidi Fatah, plus intéressante avec la zaouia des
Aïssaoua, la mosquée Moulay El Mekki, précédée d'un plafond
sculpté et peint, les Services municipaux installés dans une
construction de style néo-mauresque, la mosquée Moulay Er
Rechid et le marabout de Sidi Fatah, en haut de la rue.
77. — Le port.
10 à 15 min. — Bonne route. Cet itinéraire peut se grelTer sur l'itiné-
rairo I ou former la première partie de l'itinéraire III.
Du boulevard El Alou à l'entrée de la rue des Consuls,
V. l'itinéraire précédent. A rentrée de la rue des Consuls, la
route du port s'amorce à g., tourne devant la Douane, longe les
quais et remonte le long de l'oued Bou Regreg sur les bords
duquel est aménagé le port.
L'ancien port de Rabat-Salé, le port des Devx-Rives des historiens
arabes, point d'attache des anciens corsaires salétins, a été récemment
l'objet d'importantes modifications. Au moment de l'établissement du
Protectorat, le port de Rabat consistait en une petite darse à bar-
casses encadrée de quais longs de 80 m. à peine et inaccessible à
demi-marée. Le quai de la Douane, mesurant 200 m., fut construit
en 1913. 11 offre maintenant une longueur de 110 m. à l'accostage des
embarcations d'un tirant d'eau de 3 m. Les terre-pleins de Bab EL Bahar
et de Sidi Makfdouf, plus en amont, et respectivement longs de 135 m.
et de 125 m., sont terminés et munis de grues, de magasins et de bureaux
RABAT,
[18] — 157
Pour assurer le trafic de Salé, on construit sur la rive dr. du Bou
Regreg, un appontement qui mesurera 100 m. de long et sera bordé
par un terre-plein de 1 hect. Les fonds auront 3 m.
Le commerce total du port de Rabat-Salé a^té, en 1915, de 23 mil-
lions ; il est passé en 1916 à 35 millions et en 1917 à 41 millions, se
répartissant sur 41,000 tonnes. En raison de sa situation spéciale au
découché des régions fertiles des Zaër, des Zemmour et des Zaïane, le
port de Rabat est appelé à devenir le centre d'un assez important trafic.
Les relations très actives qui s'échangent entre Rabat et Salé
sont assurées par des barcasses, un canot automobile et un
bac qui vont et viennent tout le jour d'une rive à l'autre.
Pour rentrer en ville, on a la faculté de reprendre le chemin
de l'aller, ou mieux, si l'on est à pied, de rejoindre la Medina
par Bab El Bahar, la rue des Teinturiers et la rue des Consuls.
7ÎZ. — Circuit S. — Tour Hassane; Chella; Touarga ;
T^ésidence générale.
7 k. 5 S. — Bonne route autocyclable, et chemins bien aménagés ;
parcours pittoresque; 1 h. 30 en voit. 6 ft*. ; 2 à 3 h. à pied. Très recom-
mandé. — On peut se rendre directement à Chella en remontant
le Bou Regreg en canot automobile (serv. régulier dimanches et jours
fériés de 10 h. à 18 h. 30, 1 fr. ; à forfait les autres jours). Embarque-
ment sur le quai de Sidi Makhlouf ; auberge au débarcadère : Robinson
du Chella.
Du boulevard El Alou au port (F. itinéraire II). En amont
du bac, remonter le boulevard Front d'Oued, qui, après avoir
laissé à dr. la muraille des Andaloas construite au commence-
nient du xvii® s. et le quartier européen de Sidi Makhlouf, longe
la tour Hassane.
La *tour Hassane, minaret qui « étonne le voyageur, non
par ses proportions qui sont un peu lourdes, mais par sa gran-
deur, sa solidité, par la beauté nue de l'entrelacs large et
simple dont il est décoré..., symbole de la puissance de cette
dynastie almohade laissant inachevée comme lui-même, mais
comme lui ineffaçable, son oeuvre d'organisation sociale »
(Ed. Doutté), est à base carrée de 16 m. 20 de côté et a 44 m. de
haut; elle repose sur une plate-forme surélevée de 6 m. ; ses murs
ont 2 m. 50 d'épaisseur et une rampe intérieure, large de 2 m.,
conduit en pente douce jusqu'au sommet. Ses faces sont per-
cées d'élégantes ouvertures qui éclairent l'escalier récemment
restauré; elles sont en outre sculptées d'ornements variés dont
les motifs naissent sur des arcs que supportent des colonnettes
de marbre et de pierre. L'architecte fut un musulman nommé
Djouher. Du haut de la tour, on a une *vue magnifique du
côté de la mer sur Rabat-Salé, que sépare le Bou Regreg, au
N.-E. sur la Merdja de Salé, vaste prairie marécageuse peuplée
de hauts ajoncs, et, plus loin, sur la forêt de Mamora.
Au pied de la tour, du côté S., s'élevait la mosquée dont les
158 — [18]
RABAT.
ruines, fouillées eu 1U14-1915 sous la direction de M. Dieulafoy,
ont mis au jour l'infrastructure d'un imposant édifice religieux.
La mosquée était enclose dans un immense rectangle de 186 m. sur
143, percé de 12 portes et comprenait 3 cours intérieures : une première
sur l'axe longitudinal, proche du minaret, longue de 68 m. 80, large de
28 m. 50, aujourd'hui défoncée (elle recouvrait sans doute une citerne);
deux autres cours symétriques de 78 m. sur -20 m., plus rapprochées du
mihrab. La salle de prière^ soutenue du côté S. par 40 colonnes de
marbre blanc de 6 m. 40 de hauteur, et ailleurs par 170 colonnes de
3 m. 20, s'étendait entre les cours. Le mihrab, de 3 m. 30 sur 3 m. 10 et
placé sur l'axe de la mosquée et de la tour, est encore visible.
Entreprise sur l'ordre du sultan almohade Yakoub El Mansour, la
mosquée n'était pas terminée à la mort de ce souverain (1198). Quoique
inachevée, elle fut livrée au culte. Parla suite, un incendie la dévasta.
Vers le milieu du xviii* s., elle fut sans doute bouleversée par le trem-
blement de terre qui ravagea Lisbonne et qui se lit sentir sur plusieurs
points du Nord de l'Afrique. Depuis, le temps et peut-être aussi les
hommes, ont achevé l'œuvre de destruction.
Au delà de la tour Hassane, le boulevard Front d'Oued décrit
de gracieux méandres dominant la falaise, il s'écarte peu à peu
du Bou Regreg et domine un réseau de salines, à proximité
duquel s'aperçoivent les travaux d'un pont sur Foued de 175 m.
de long et de 3 arches, commencé en 1917 pour livrer passage à
une route et à la voie ferrée. Il traverse ensuite Venceinte exté-
rieure de la ville.
De la porte des Zaër (62 m. 50 d'alt.) un petit chemin con-
duit à "^Chella dont on aperçoit, à 300 m. à g. en contre-bas,
l'enceinte aux murs rougeâtres.
Histoire. — Chella est l'établissement le plus ancien de l'embouchure
du Bou Regreg. Bien qu'il ne soit pas signalé dans le périple de Hannon,
on suppose que les Phéniciens ont dû y établir des comptoirs. La pré-
sence des Romains y est incontestable : Sala Colonia est une des
étapes de la colonisation romaine dans le N. du Maroc; elle est alors
directement reliée à Tanger par une route.
Chella semble être devenue une ville importante du royaume des
Berghouata, que conquirent successivement Moulay Idris le Grand
(viii« s.), les zénètes Moussa Ibn Abou El Atia El Meknassi (929), Ziri
Ben Atia (993) et les Beni Ifrene qui, plus tard, cédèrent la place aux
Almoravides (1060). Elle fut abandonnée en 1154 pour l'emplacement de
Salé. Au XIV* s., elle devint une nécropole des Mérinides et c'est de
cette époque que datent les constructions qu'on y voit aujourd'hui.
Uenceinte a la forme d'un quadrilatère irrégulier de 300 m.
env. de côté. On la franchit par une "^porte richement orne-
mentée flanquée de deux bastions semi-octogonaux dont les
angles supérieurs sont couronnés de curieux merlons saillant
sur un encorbellement à stalactites; un escalier donne accès
la plate-forme supérieure; à l'intérieur, à g., se trouvent
d'anciens postes de garde.
Un petit chemin conduit le voyageur dans la partie la plus
basse de l'enclos marquée par une source qui alimente Rabat
en eau potable. Sur la g. s'élèvent : 1" le magnifique *tombeau
de l'émir mérinide Abou El Hassane Ali, « le sultan noir », orné
RABAT.
[18] — 159
à l'extérieur d'un auvent à stalactites; la façade entière est en
pierre rouge taillée et sculptée; le tombeau abrite des stèles
de marbre portant les épitaphes d'Abou El Hassane Ali et de
sa femme Ghems Ed Donna, européenne convertie à l'Islam ;
2" une vieille mosquée en ruines dont le mihrab est entouré
d'un couloir semi-circulaire; la légende dit que le Prophète
pria dans cette mosquée et qu'il fut un temps où il suffisait de
faire sept fois le tour du mihrab pour avoir le titre de <^ hadj »
donné aux pèlerins ayant fait le voyage de la Mekke; un
minaret mérinide, surmonté d'un lanterneau et aux parois revêtues
de superbes faïences polychromes. En contre-bas, le long des
ruines, s'étend un joli jardin d'orangers et de bananiers arrosé
par l'eau d'une source voisine, Aïn Mdafa, « source des canons ».
A dr., des constructions en ruines s'élèvent à flanc de coteau,
ainsi que les koubbas pittoresques de Sidi Yahia Ben Younes,
de Sidi El Hassane El Imane, de Sidi Ameur El Mesnaoui, et
des Regraga.
Après la visite de Ghella, on reviendra sur ses pas, laissant
à g. la colline de Sidi Mnina, couverte d'un cimetière ancien où
apparaissent les mausolées de Sidi Bon Mnina, de Sidi Et Taghi
et de Sidi Ben Ghkaoui. On pénètre dans l'enceinte almohade
par la porte des Zasr.
On entre ainsi dans le quartier des Touarga, où campaient
autrefois les troupes des souverains du Maroc. L'enceinte qui
le longe à l'O. entoure le petit Aguedal où s'élève le Dar El
Makhzen ou palais du sultan,^ résidence actuelle de Moulay
Youssef, achevée vers 1860 par Sidi Mohammed Ben Abd Er
Rahmane, qui y amena l'eau à grand frais. Le point le plus
élevé de ce quartier a 80 m. d'alt. La vue sur Rabat est très
large. On y élève actuellement le palais où s'installera le Rési-
dent général, construction grandiose, avec de grands jardins.
En redescendant vers la ville, on rencontre les bâtiments néo-
mauresques, édifiés en 1916, de la Direction de V Enseignement y
avec péristyle sous galerie à 4 arcades; de la Trésorerie Géné-
rale (entrée permise) dont le patio intérieur, entouré de guichets
reliant les colonnes, est couvert d'une coupole vitrée; de la
Direction dç V Agriculture (entrée permise), avec cour rectan-
gulaire et galerie à colonnes et chapiteaux en pierre taillée et
sculptée. Les autres services de la Résidence générale se
construiront dans ce quartier merveilleusement situé.
Après la caserne des spahis, on voit, à l'angle N.-E. de l'Ague-
dal, la mosquée Es Sounna avec minaret carré et toiture verte,
où le sultan vient prier tous les vendredis en grand apparat,
de 11 h. 30 à 12 h. 30. L'édifice fut construit par Sidi
Mohammed Ben Abd Allah (1757-1789) et réparé par Sidi
Mohammed Ben Abd Er Rahmane (1859-1873).
L'avenue du Dar El Makhzen ramène directement en ville
par Bab ïebene (p. 156) en laissant à g. les jardins Menebhia, où
se trouve une orangerie créée par El Menebhi, ancien vizir
d'Abd El Aziz, et Mamounia et, à dr., le quartier provisoire de la
160 — [18]
RABAT.
Résidence générale, où les services se groupèrent en 1912 dans
des pavillons en bois autour de la modeste villa du Résident.
Ce quartier, installé en hâte aussitôt après l'établissement dû
Protectorat et aujourd'hui agrémenté de jardins, a un aspect
pittoresque et inattendu. On en parcourra avec intérêt les
artères principales.
TK. — Circuit 0, — J{emparts almohades;
grand Aguedal; jardins d'Essais; camps.
6 k. 5. — Rues et routes autocyclables pouvant être parcourues à pied
en 2 h. et en voit. 1 h., 4 fr.
A la sortie de Bab El Alou, on suit les remparts en se diri-
geant directement vers le S. On passe ainsi devant (0 k, 5)
Bab El Had (p. 156) en face de la gare du ch. de fer militaire et
(1 k. 5) Bab Er Rouah, du haut de laquelle on jouit d'une *vue
magnifique sur Rabat au N., et sur le Dar El Makhzen au S.
(demander l'autorisation d'accès au gardien).
Le grand rempart bastionné, construit par Yakoub El
Mansour, protégeait les espaces réservés à cette époque aux
nègres du sultan. Encore debout, il commence à l'Océan, à
500 m. au N. de Bab El Alou, et s'étend en ligne droite sur
une longueur de 3 k. 5 jusqu'au delà du palais du sultan, puis
fait un angle aigu en direction N.-E. sur 2 k. pour rejoindre
la falaise du Bou Regreg. Avec le fleuve et l'Océan, il protège
une superficie de 450 hect.
♦Bar Er Rouah, <« la porte des vents », rappelle par ses pro-
portions monumentales celle de la kasba des Oudaia (p. 154).
Flanquée à l'O. de deux bastions, elle a son arc orné d'un
entrelacs festonné, de voussoirs imbriqués et d'un autre rang de
festons; ses écoinçons d'arabesques florales sont marqués sur
l'axe par une grande écaille en relief; une bande d'écriture
couflque encadre l'arc et, dans les angles, des coionnettes à
jolis chapiteaux sculptés soutiennent des corbeaux lobés. Le
passage intérieur, en baïonnette, se développe sous des cou-
poles dont l'une, côtelée, repose sur pendentifs. La face E., plus
modestement traitée, est également digne d'intérêt..
A partir de Bar Er Rouah, la route s'incline vers le S.-O.,
monte doucement devant la caserne de la Garde noire jusqu'à
Vécole supérieure de Langue arabe et de Dialectes berbères.
Ce dernier édifice (entrée permise) a été construit en 1916 dans le
style néo-marocain. Ses galeries donnent accès à des salles de cours,
une bibliothèque, un musée ethnoQraphique en formation, et à une salle
de conférences.
On est dès lors sur le terrain du Grand Aguedal, vaste
surface sableuse, légèrement en pente (43 m. d'alt.), où fut
installée la première foire de Rabat (1917). Faisant face à une
esplanade de 300 m. de long, plantée de pins et munie de bassins
et de vasques, la maison des Sports s'élève à g.
RABAT.
[18] — 161
Après le mausolée de Sidi Mohammed Ben Abd Allah, on tour-
nera à dr. pour longer les jardins d'essais que coupe en deux
parties d'inégales surfaces (8 hect. et 3 hect.) la route natio-
nalede Rabat à Casablanca. A 400 m. à l'O. apparaît la gare de
Bab Temara.
Bah Temara, qui livre passage au cl^^ de fer et à la route, est une porte
de ïenceinte extérieure que fit construire Sidi Mohammed Ben Abd Allah
(xviii*' s.). De 3 k. de long, celle-ci court presque parallèlement au grand
rempart almohade d'O., de l'Océan au grand Aguedal. Elle a été démolie
par endroits.
Après avoir longé à l'O. l'enceinte extérieure, on croise
l'avenue de Casablanca qui dessert (1 k. S.-O.) le cimetière
européen, (800 m. 0.) Vinjirmerie indigène, (300 m. N.-O.) le camp
de Sartige et Kebibat. Arrivé au bord de la mer, on prend la
direction de Rabat pour passer derrière les bâtiments de
Vhôpital militaire et du camp Garnier, longer le fort Hervé
(ancienne batterie Battenberg armée de deux grands canons
Krupp, construite sous les règnes de Moulay El Hassane et
d'Abd El Aziz) et le quartier de l'Océan. Une fois en vue de
ïabattoir et du bordj Es Sirat., qui limitent le rempart almohade
au N., on tourne à dr. pour regagner Bab El Alou.
p]NviRONS. — 1° Temara (15 k. S.-O.). — Promenade sur la route de
Rabat à Casablanca, précédemment décrite en sens inverse (p. 151).
2" L'Ouldja (20 k. S.-E. ; agréable promenade pouvant s'effectuer à
cheval ou à dos de mulet en 4 h., en canot en 2 h.). — h'OuldJa, plaine
fertile et basse, longe le Bou Regreg en amont de l'estuaire. Ou y dis-
tingue les canaux d'irrigation qui arrosaient d'anciennes cotonneries
encore prospères au commencement du xix« s. ; le coton était mis en
œuvre par les tisserands de Salé. On songe à utiliser l'Ouldja en vue de
la culture maraîchère.
Au point dit le Kef, énorme rocher qui s'élève auprès d'un gué, la
falaise à pic est escaladée, sur la rive g., par un chemin taillé dans
le roc et au haut duquel se trouvent les ruines d'une tour carrée d'où
Ton pouvait surveiller le coude de l'oued et les vallées adjacentes. De
cette tour part, se dirigeant entre Rabajt et Temara, un fossé à peu
près rectiligne, jalonne de distance en distance par des ruines de tours :
c'est un antique « limes » romain. Sur la rive opposée, la crête est
entaillée comme par un chemin qui partirait du gué. La tour est appelée
par les indigènes Dar Dekious, « la maison de Décius », et le fossé Seguia
Faraoun, «la conduite d'eau de Pharaon » (Brunot).
2° Forêts des Shoul et desZaêr (40 k. S. ; cette excursion peut faire
l'objet d'un circuit automobile de 180 k. par Nkheila, Marchand et
Boulhaut). .— Ces forêts sont comprises entre les cours inférieurs du
Bou Regreg et du Nefifikh. La première, peuplée uniquement de chêne-
liège, a 30,000 hect. de superficie; la seconde, où le chêne-liège est
mélangé au thuya, « arar des indigènes », occupe une surface de
50,000 hect.
DE RABAT A CHRISTIAN (101 k. S. ; route secondaire n« 201, en
construction jusqu'à, 42 k, 5, Nkheila, et piste autocyclable sur le reste
du parcours). — Sortie par l'avenue du Dar El Makhzen ei la porte des
Zaër. D'abord sablonneuse sur 5 k., la piste descend en pente rapide
MAROC.
11
162 — [18]
RABAT.
et en lacets sur l'oued Akreuch. — 24 k. 5. Pont en bois sur l'oued
Korifla.
42 k. 5. Nkheila, « la p"ctite palmeraie », ch.-l. du cercle des Zaër, au
milieu d'une région fertile, sur le territoire des Ouled Mimoun et Ktir.
Marché le mardi. Nkheila fut autrefois une ville de quelque importance
de la province de Tamesna (p. 73). De Nkheila à Tiflet, 44 k. N.-E., par
(20 k.) Moulay Idris Aghbal (p. IW, C).
La piste est moins accidentée. — 45 k. 5. Forêt de Bouïret Ez Ziar.
— 57 k. 5. Marabout de Sidi El Hadj El Kebir. — 60 k. Marabout de
Jebfou Tebouda.
73 k. Marchand, encadré par les oueds Kram et Touïza, poste militaire
créé en 1911, du nom du lieutenant Marchand, tué à l'ennemi en 1910.
Marché le mercredi des Ouled Khalifa. — De Marchand à Tiflet, 65 k.
N.-E. par (18 k.) Merzaga, et (36 k.) Maaziz (p. 179). De Marchand à Khe-
misset, 83 k. N.-E., par (36 k.) Maaziz et (56 k.) Si Larbi (p. 180).
La piste, à pentes raides en sortant de Marchand jusqu'au k. 77, se
développe ensuite à profil plat. — 94 k. A'in Cheguiga. — 95 k. Badjrat
Ben Nasseur.
101 k. Christian, poste militaire créé en 1912, à la limite du pays
Zaër, ainsi nommé à cause de la mort du capitaine Ciiristian tué la
même année à El Fedj. Le poste est situé sur un plateau limité à \ 0.
par l'oued Bridia. La source d'Ain Zaïliga, toute proche, l'alimente
en eau.
De Christian a Moulay Bou Azza (36 k. E. ; piste muletière à profi
généralement très accidenté). — 15 k. Gué sur l'oued Grou, affluent du
Bou Regreg; une barque assure la communication entre les deux rives.
— 19 k. Col de Mitima, où Ton arrive par des pentes boisées. Le pano-
rama est très étendu; on découvre Christian, Oulmès, Moulay Bou
Azza. On descend ensuite en pente douce vers l'oued Oum En Nour.
Gisement de fer au fond de la vallée. Le terrain est quelque peu boisé. —
30 k. Col de Naoura, d'où l'on voit les plateaux d'Oulmès, de Fourhal,
de Mserser. La piste descend vers Sidi Abid dans le fond d'une vallée.
36 k. Moulay Bou Azza, village indigène de 1,200 hab., ch.-l. de cercle
et poste militaire établi sur la hauteur qui commande la bourgade.
Celle-ci s'est développée autour du saint qui lui a donné son nom (mort
en 1177). C'est un lieu de pèlerinage très fréquenté. La mosquée et le
tombeau furent achevés en 1691 par Moulay Ismaïl. La porte d'entrée,
les sculptures sur bois et les céramiques anciennes sont intéressantes.
De Moulay Bou Azza à Camp Bataille, p. 180.
De Moulay Bou Azza, une piste conduit, par (41 X^.) Agnelmous [ç. 144),
à (84 k. S.-É.) Khenifra, au cœur du pays dissident. — Khenifra est une
bourgade arabo-berbère, sur la rive dr. de l'Oum Er Rebia. Elle ne fut
longtemps qu'un modeste enclos abritant en hiver une fraction Zaïane,
les Ait Affi. Elle devint un poste stratégique important lorsque Moulay
Ismaïl fit construire la kasba d'Adersane et fit jeter un pont à une cen-
taine de mètres de l'enclos ; elle était alors un gîte d'étapes pour les
voyageurs se rendant à Adersane, à Kasba Tadla ou à Boujad. Elle prit
une importance plus grande encore avec Molia ou Hammou Ez Zaïani,
nommé caïd par Moulay El Hassan e, et qui se rendit maître de toute
la région. Moha ou Hammou y étal)lit un marché très fréquenté, des
bains, une mosquée, des fondouks, restaura le pont et appela des arti-
sans du Sous, des commerçants de Fès, Meknès et Boujad. Il fit passer
à son service propre les askris du sultan, enrôla des déserteurs et
organisa des djichs, puis, s'affranchissant de la tutelle royale sous Abd
El Aziz, il attaqua les caravanes et étendit ses déprédations jusqu'à
Meknès. Il adhéra ensuite au mouvement berbère et à la guerre sainte,
contre les Français lorsque ceux-ci eurent occupé la Chaouïa. Pendant
deux ans, Khenifra fut le siège de la joyeuse vie des brigands. Sous la
MOULAY-BOU-AZZA. — SALÉ. [19] — 163
pression des clients de Moha ou Hammou, les habitants, après avoir
incendié la kisaria et 3 dechras s'enfuirent devant les troupes de la
colonne Claudel qui entrèrent à Khenifra le 11 août 1914. La population
était de 1,200 habitants environ et se composait de commerçants, de
tanneurs, de savetiers, de maquignons, d'ouvriers et de réfugiés. — La
ville, construite en toubes et établie sans plan, se divise en dechras
ou quartiers renfermant les habitations du kadi ; la kechla des askris ;
le souk djedid, grande avenue bordée de 120 boutiques; un marché
forain du jeudi et du samedi ;#a kisaria, les zaouïas; etc. (Berger).
De Christian à Oued Zem, p. 142; à Ben Ahmed, p. 141.
19. ~ DE RABAT A SALÉ
1 k. 5 en 20 min. à pied, y compris la traversée du Bou Regreg, qui est
fort intéressante par son animation, et se développe dans le cadre
charmant de l'estuaire du fleuve, de la falaise de Rabat et de la plage
de Salé.
Pour gagner le quai de la rive g. du Bou Regreg, on peut
partir : 1" du boulevard El Alou en suivant la route du port (p. 136) ;
2" de la rue Souïka^ pour descendre la rue très en pente qui en
est le prolongement et aboutit à Bab El Bahar; ^è" delà Rési-
dence, par l'avenue de Chella, le boulevard Joffre et l'amorce du
boulevard Front d'Oued.
Le passage du Bou Regreg est assuré pendant tout le jour en
quelques minutes : 1° par des barcasses à rames, 5 c. ; 2"* par des
chaloupes automobiles, partant du quai de Bab El Bahar; S" par
le bac à vapeur partant du pied de Sidi Makhlouf, et sur lequel
on peut s'engager avec des montures, des voitures et des auto-
mobiles : piétons 5 c. ; cavaliers 30 c. ; voitures 35 c.
Sur la rive dr. du Bou Regreg, deux embarcadères reçoivent
les voyageurs; une bonne route de 500 m. conduit à la porte
de Salé, Bab Bou Haja (serv. automobile en 2 min. toutes les
4 min.; 20 c.).
Emploi du temps. — Une demi-journée suffit pour voir entièrement
Salé et les environs immédiats. Les touristes ne disposant que de très
peu de temps s'en tiendront aux parties de l'itinéraire qui ne compor-
tent que la visite intérieure de la ville. Promenade de 5 à 6 k. seule-
ment si l'on s'en tient à la ville et aux environs très immédiats : 1 h. à
I h. 30 à pied à partir du débarcadère. Les touristes qui voudront voir
le Sour El Kouass, Sidi Moussa et Kasba Guenaoua mettront 2 h. de
plus. Ceux qui craignent la marche s'assureront d'une voiture à Rabat.
II n'y a pas à Salé de voitures de louage ; la plupart des rues étant
trop étroites pour permettre la circulation, on ne pourra s'y promener
qu'à pied ou à monture. Pour les excursions dans la périphérie, sillonnée
de très bonnes routes, on se fera conduire par des véhicules de Rabat.
SALE (en ar. Sl'a; ethn. : Slaoui), ville assise sur une légère
éminence de 20 à 25 m. d'alt. en face de Rabat, à l'embouchure
et sur la rive dr. du Bou Regreg, peuplée de 20,450 hab., dont
2,000 Israélites et 350 européens.
Cette proprette cité de paisibles bourgeois, artisans et jardi-
164 — [19] DE RABAT A SALÉ.
niers indigènes, a conservé toute sa couleur locale; ses hauts
remparts, ses souks animés, ses quelques monuments, son
coquet mellah sont fort curieux et pleins d'intérêt.
L'agglomération européenne, semi-civile, semi-militaire, s'est
installée, en 1913, entre les remparts de Bab Bou Haja et l.i
rive dr. de l'oued, à proximité de la gare. Les rues, aujourd'hui
bordées d'arbres, ont été tracées dans les sables de la partie
haute de l'ancienne plage. «
Gare : — gare du chemin de fer
militaire, entre la ville et le port.
Hôtel : — de la Plage (Placidi;
PL a B4; modeste).
Café : — de 1' 6^nion (Bordenave).
Poste : — bureau à la Medina.
Garages : — Sultan-Garage (Guil-
laume).
Spécialités marocaines : — cuirs
tannés, babouches, ouvrages en bois
marqueté et tourné, nattes de jonc,
broderies de soie sur étoffes, tissus
de coton (mlahem), couvertures
ornées (hanbel), tapis à haute laine
et à points noués, fers forgés,
sculpture de la pierre, du plâtre et
du bois; mosaïques de faïence.
Réjouissances locales : — fête de
V Achoura, l*"" quinzaine d'octobre ;
c'est de Salé que part, à cette
époque, le bsate ou carnaval du
sultan; fête des bougies (s'informer
de la date) ; moussem de Sidi Moussa,
début de septembre.
Histoire. — Sla remonterait au xr s., à l'époque de l'Ifrenide Temim
Ben Ziri, roi de Chella et du Tadla. Au milieu du xi^ s., elle comptait
trois quartiers vraisemblablement situés aux abords de la grande
mosquée actuelle. L'almohade Abd El Moumene s'en empara en 1132.
Yakoub El Mansour y fit bâtir une mosquée et la relia à Rabat par un
pont détruit depuis. C'est à cette époque que remonte la construction
d'un arsenal (restes au mellah).
Au moyen âge, Salé fut le port marchand et l'entrepôt commercial
le plus important de la côte occidentale. Elle devint le rendez-vous
ordinaire des marchands chrétiens de la Méditerranée, des Flandres
et de l'Angleterre. Ses habitants, les Salétins, étaient réputés pour leur
courtoisie et leurs aptitudes commerciales; ils vendaient des peaux,
des laines, des tissus, des tapis, de l'ivoire, de la cire et du miel; ils
achetaient des draps et des objets manufacturés aux marchands pisans,
génois, catalans et vénitiens. Elle devint naturellement l'objet des
convoitises des maîtres successifs du pays.
L'émir mérinide Abou Yahia Ben Abd PJl Hakk y entra en 1251 et
Abou Yakoub dut la reprendre lui-môme en 1260 aux Espagnols qui
s'en étaient emparés par surprise : un jour de fête d'Aïd Es Seghir, le
roi de Castille Alphonse X avait pu débarquer et pénétrer dans la ville
qui fut mise à sac, il se retira avec son butin et la laissa fort endom-
magée. Pour prévenir de nouvelles incursions, des fortifications furent
élevées. C'est sans doute à ce moment que fut construite la porte du
mellah, Bab El Merisa. La médersa, l'école de médecine, l'aqueduc, la
mosquée d'El Merini, la zaouïa de Dar Nousak sont également dus aux
Mérinides.
A la suite d'une révolution (1627), Salé se constitua en Etat presque
indépendant et devint la capitale de l'émir El Aïachi, qui étendit son
autorité jusqu'à Fès et l'Oum Er Rebia, organisa et intensifia la course.
De concert avec les ports voisins de Fedala et de Larache, elle écuma
l'Atlantique, rendant tristement célèbres les corsaires salétins. Elle fut
alors assez puissante pour s'emparer de Rabat, dont le sort fut lié au
sien pendant quelque temps. Ainsi se créa la « République des Deux-
Rives »>.
Au début, la course ne s'exerça que contre les Portugais et les Espa-
gnols; et les relations commerciales avec la Hollande, l'Angleterre et j
SALÉ.
[19] — 16b
la France restèrent assez actives. Par la suite, les corsaires ne faisant
plus de distinction, Richelieu envoya, à titre de représailles, le chevalier
de Razilly devant Salé avec 7 navires pour bloquer la ville (1629);
mais le mauvais temps fit échouer l'entreprise. En 1635, ce sont les
Anglais qui cherchent à ramener les Salétins à la raison. En 1680, sous
le règne de Moulay Ismaïl, Louis XIV charge le chevalier de Château-
Renaud d'une nouvelle expédition. Celui-ci, avec 6 vaisseaux, parvient
à bloquer Salé et à détruire plusieurs corsaires ; il provoque ainsi la
conclusion du traité de paix de 1682, qui accorde certains droits à la
France et ouvre avec elle une èro de relations cordiales. Pour un temps,
Salé devient une intéressante base commerciale française du Maroc.
Vers 1700, la dynastie alaouite installe une milice nègre à la kasba
des Oudaïa et la Ville des Deux-Rives reconnaît définitivement l'auto-
rité des sultans (1737). Avec la liberté, le port des pirates perd son
opulence et décline rapidement. Sidi Mohammed Ben Abd Allah essaie,
sans grand résultat, d'y réorganiser la course; mais les puissances
européennes ne laissent plus piller impunément leurs navires de
commerce. En 1765, des vaisseaux français commandés par du Chaff'aut
bombardent Salé pendant deux jours, ce qui vaut à la France le
nouveau traité de 1767, plus avantageux encore que le précédent. Salé
devient le siège du consulat français jusqu'en 1795. J. Chénier, père
d'A. et deJ. Chénier, est notre premier consul au Maroc. Les autres
puissances européennes usent elles-mêmes de représailles chaque fois
qu'elles sont lésées. Le commerce du port périclite à tel point qu'en
1818, Moulay vSlimane renonce définitivement à la course. Toute activité
est dès lors éteinte. A la suite du pillage dans le port de deux vaisseaux
français chargés de blé, une escadre vient encore une fois bombarder
la ville (1851). Plus tard, Salé et Rabat se jalousent et sont complète-
ment déchues à l'arrivée des troupes françaises (1913).
Du débarcadère de la rive dr., on voit à g. la belle plage de
Salé et à dr. une région de marais. L'appontement se prolonge
ensuite sur une avenue empierrée. A la hauteur du jardin public
se détache, vers l'E., la rue de Knitra qui dessert (100 m.) la
gare de Salé-Plage.
L'avenue, plantée d'eucalyptus, est bordée à l'O. par une
série de bâtiments militaires : le camp Rigot, les subsistances
militaires, le parc d'artilleriey qui s'élèvent en face de quelques
maisons européennes clairsemées.
Franchie l'enceinte S. par Bab Bou Haja, on oblique légère-
ment à g. pour se rendre au souk de Sidl Merzouk où travaillent
des bijoutiers juifs, des brodeurs et des dévideurs de soie. Au
delà, sur la rue du souk El Ghezel, s'élève le fondouk Askour.
Ce fondouk est une ancienne faculté de médecine et un ancien hôpital
construit par le mérinide Abou Inane, vers le milieu du xiv® s. C'est un
bâtiment sans prétention, à un étage, avec galeries sur 3 faces. Le
vertueux Sidi Moussa (p. 166) y vécut au milieu des filles publiques qui
l'habitèrent un temps. Il s'y vend actuellement de la laine et de l'huile.
La rue fait un coude, puis franchit Bab El Mellah El Kedim,
porte de l'ancien mellah. Surmonté d'arceaux et bordé de
vieilles façades, le passage conduit directement à la grande
mosquée et à la médersa.
La grande mosquée (entrée interdite) est de fondation déjà
ancienne, probablement mérinide, mais a subi de nombreux
166 — [19J DE RABAT A SALÉ.
remaniements. Son imposant minaret, curieusement sculpté
et orné, est de date relativement récente.
La *médersa (on peut visiter; s'abstenir de pénétrer dans
la salle de prière) a son entrée à g. et en contre-bas de celle
de la grande mosquée. Une fontaine dont l'eau est amenée
par canalisation spéciale l'avoisine. Le portail^ à degrés, et
avec façade en pierre sculptée surmontée d'un auvent en bois,
ouvre le passage sur un vestibule bien décoré, he patio central^
carrelé et rectangulaire (8 m. sur 5), est entouré d'une galerie
à colonnes cylindriques revêtues de mosaïque et à plafonds
ornés de délicates peintures; ses hautes faces en plâtre et en
bois sont couronnées par un auvent de belle proportion. La
salle de prière est dotée d'un mihrab et d'un plafond à coupole
centrale travaillés avec art.
Sortant de la médersa, et passant entre cette dernièr,e et la
grande mosquée, on longe la zaouïa de Sidi Ahmed El Tidjani,
dont la porte est rehaussée d'un décor de mosaïques et d'une
frise d'arcs à stalactites, puis la galerie du marabout de Moulay
Abd Allah Ben Hassoun, pour pénétrer plus loin dans des
jardins, d'où l'on a une très belle vue sur l'estuaire du Bou
Regreg et la falaise des Oudaïa. Franchissant Bad Mseddek (fin
du XVIII® s.), on atteint le cimetière musulman, situé en bordure
de l'Océan, couvert de pierres tombales, et gardé par le petit
marabout de Sidi Abd El Kader Ben Moussa et le sanctuaire- de
Sidi Ahmed ben Achir, ce dernier plus important et mieux
décoré. Là se tient chaque année un important moussem à la
fête du Mouloud.
On traversera le cimetière en direction E. pour atteindre les
remparts (xiv° s.) par le jardin public et Bab Chaafa.
A l'extérieur, on voit, à g., une autre porte, Bab Sidi Moussa,
qui permet d'atteindre le bord de la mer et de suivre le
chemin qui conduit au marabout de (2 k. 5) Sidi Moussa et à
(3 k.) la kasba Guenaoua.
Sidi Moussa Ed Doukkali, ascète du vi® s. de l'Hégire, habitait de
son vivant une chambre du fondouk Askour (p. 1G5), mais sa koubba se
trouve au bord de la mer. On rapporte que ce saint avait le pouvoir de
transformer les tiges vertes d'asphodèle en un mets succulent et de
rapprocher les distances. — Un moussem très fréquenté se tient en
septembre autour de son tombeau.
La kasba Guenaoua fut bâtie par Moulay Ismaïl (début du xvin® s.)
pour abriter les soldats du Makhzen destinés à assurer la sécurité de
la route de Mehdia et à préserver Salé contre les incursions des tribus
avoisinantes. Elle contenait une mosquée.
Continuant à longer les remparts de Salé, vers l'E., on
arrive, 500 m. plus loin, à Bab Sebta : du haut de la porte,
magnifique *vue panoramique sur Rabat, sur Salé, ses forti-
fications et ses jardins d'orangers.
A 800 m. N. de Bab Sebta, la route de Knitra passe, entre les jardins,
sous le SouR El Kouass, « mur des arcades », aqueduc alimentant la
grande mosquée de Salé et la fontaine avoisinante ( V. ci-dessus) d'une
eau qui provient de la source d'Ain Barka.
SALE.
[19] 167
De Bab Sebta, on rentre en ville par l'artère qui lui est
perpendiculaire et amène à la Kisaria, aux petits souks des
forgerons, des menuisiers, des coiffeurs, puis au grand souhj
place triangulaire très animée que domine, à la pointe E.,
la mosquée de Sidi Ahmed Et Hadji.
La rue Souïka, que prolonge le souk, va directement à la
porte de Fès,
Partant d'une placette de la rue Souïka, une petite rue perpendicu-
laire à dr. conduit, par la mosquée de Lalla Chahba^ au bureau de
poste ou aux Services municipaux d'où l'on aperçoit, à 200 m. au S-,
Bab Bou Haja, porto par laquelle on a pénétré dans la medina et d'où
l'on peui rejoindre l'embarcadère de Salé.
A l'extérieur de la porte de Fès se trouve l'emplacement
d'un grand marché, à l'È. duquel s'étend un vaste cimetière que
traverse la route de Sajé à Fès par Tiflet.
A 400 m. à g. de la route s'élève la maison de convalescence
de la Société de secours aux blessés militaires, coquettement
aménagée dans les jardins. A côté est encore debout, parmi
les ruines, une admirable *porte ancienne, au décor tout
couvert de mousse.
Cette porte appartenait à la zaouia de Sidi Bel Abbas, encore appelée
zaoïiïa Nekkas, bâtie par le mérinide Abou El Hassane Ben Abd El
Hakk (début du xiv« s.). Cet établissement comprenait une mosquée,
des bains, des chambres pour les pauvres et les étrangers sans demeure.
L eau y arrivait par une canalisation doat on voit encore les vestiges,
— La gare de Salé-Plateau (sans intérêt) est à 1 k. plus à l'E.
Du cimetière de Sidi Bel Abbas, qu'on longe pour regagner par
une descente douce Bab Mpisa ou porte du mellah, large vue
sur la tour Hassane et Rabat. Bab Mrisa, « la porte du petit
port », est de construction mérinide (xiv° s.). De 8 m. d'ouver-
ture, son ogive monumentale se développe hardiment à une
grande hauteur. Ses écoinçons sculptés, son cadre d'entrelacs
curviligne et d'écriture couflque contrastent avec les puissants
bastions qui flanquent l'ouvrage sur ses côtés. Actuellement
ensablée, cette porte avait à l'origine un seuil placé beaucoup
plus bas. Elle laissait sans doute passer un canal qui mettait
Salé en communication avec le Bou Regreg, permettant ainsi
de remiser les barcasses dans le port intérieur, dont l'emplace-
ment est occupé aujourd'hui par le mellah.
De Bab Mrisa, on rejoindra l'embarcadère de Salé soit direc-
tement par la route de Knitra qui passe devant la gare, soit
par le mellah.
Le mellah de Salé, le plus propre des ghettos marocains,
presque coquet, ne se compose que d'une seule rue de 400 m.
allant de Bab Mrisa à Bab Bou Haja. Des impasses perpendicu-
laires desservent les maisons latérales. Tout près de Bab Mrisa
et en contre-bas, four banal du mellah, installé dans les locaux
d'un ancien arsenal. Le premier quartier juif était autrefois aux
abords des souks actuels de Salé. C'est Moulay Slimane qui
assigna auxisraélites l'emplacement qu'ils occupentaujourd'hui.
168 — [20]
DE SALÉ A KNITRA.
Environs. — Forêt de Namora (N.-E.), Cette excursion peut être
assez courte : il suffit de sortir par Bab Fès ou par Bab Sebta sur une
distance de 6 k. — Si l'on veut voir la forêt sous ses différents aspects,
on parcourra en automobile le circuit (125 k.) Rabat-Tiflet-Knitra-
Rabat, qui la traverse sur une profondeur de plus de 30 k. Recom-
mandé surtout au printemps.
Longue de 60 k. et profonde de 30 à 40 k., la forêt de Mamora s'étend
sur un plateau sablonneux, d'une altitude moyenne de 200 m., compris
entre le Bou Regreg et le Sebou. Le chêne-liège et le poirier sauvage
y forment des taillis splendides. Sa superficie, de 130,000 hect., en fait
une forêt 10 fois plus grande que celle de Fontainebleau, égale à deux
fois l'ensemble tunisien, et à la moitié de l'ensemble algérien. Amé-
nagée an cours de ces dernières années, elle est susceptible de fournir
100,000 quintaux de liège d'une valeur de 3 millions et demi. L'exploita-
tion du tanin, du bois et du charbon peut en outre donner un revenu
de 4 millions. Des tranchées de 30 m. ont été percées dans la forêt,
qu'elles traversent du N. au S. Celle de Knitra à Tiflet a 35 k. de long.
De Salé a Meknès,^ p. 177.
20. — DE SALE-PLAQE A KNITRA
Chemin de fer : S5 k. 2, en 1 h. par l'automotrice, 2 serv. quotidiens
10 fr. 80; en 2 h. par les trains ordinaires, 10 fr. 80 et 5 fr. 40.
Autocyclisme : 36 k. Bonne route principale n® 2 qui ne s'écarte guère
de la voie ferrée. — 2 serv. automobiles quotidiens partant de Rabat,
Bab El Alou, 10 fr.
A 400 m. de la gare, la ligne franchit les murs, décrit un
coude vers la rive dr. du Bou Regreg et part, en direction
N.-E., en remontant le joli ravin boisé de Ghabet Hamdat.
2 k. 2. Salé-Plateau (32 m. d'alt.). La région est désormais
plate et monotone. — 10 k. 2. Dar Bel Aroussi, station en face
d'un chapelet de fîgueraies.
14 k. Sidi Ben Daoud. Le terrain, sablonneux, est quelquefois
couvert de bouquets de chêne-liège appartenant à une corne
de la forêt de Mamora (F. plus haut).
24 k. 7. Sidi Taïbi, au milieu du chêne-liège. Au delà, à l'O.,
douars et troupeaux. — 34 k. La ligne croise la route.
35 k. 2. Knitra, petite ville et port modernes de 3,300 hab.,
dont 2,100 indigènes, sur la rive g. du Sebou et à 10 k. à vol
d'oiseau de son embouchure.
Hôtels : — Continental (Dufeix),
près de la gare (16 ch. à 5 fr. ; rep.
3.50; terrasse, téléphone, électr.) ;
Grand-Hôtel (Daniel et Lavergne),
av. Petitjean (19 ch. 4 à 5 ; rep. 3.50;
garage, téléphone, électr.)
Banques : — Algérienne ; Cré-
dit Foncier d'Algérie et de Tunisie.
C"^* de Navigation : — de Navi-
gation Paquet (Payan); Générale
Transatlantique (Granges); Orano-
Marocaine MazeÛaihm^i) ; Franco-
Mostaganémoise (Tort); Bland Li
(Coriat).
Services de bateaux : — sur
Sebou jusqu'à Mechra Bel Ksiri; p
Omnium, et C^^ Lyonnaise, 1 dé
par sem., trajet en 12 h. (peu pr
tique).
Services automobiles : — 2 serv!
quotidiens pour Rabat-Salé; 10 fr.
3 serv. hebdomadaires pour Tang^
dans la bonne saison (s'informer).
Garages d'autos : — Goyon et C^*
170
[20]
DE SALE A KNITRA.
La location d une voiture complète
est calculée à raison de 1 fr. 50
le k., la distance comprenant l'aller
et le ret.
Réjouissances indigènes : — Mous-
sem de Sidi Bou Babah, au com-
mencement de septembre, à 7 k.
env. au S. de Mehdia, dans un beau
site; Moussem de Sidi Mohammed
EL Mansour, au commencement
d'août, à 35 k. au N. de Knitra,
au milieu de la merdja, dans une
île qu'on aborde au moyen d'em-
barcations en roseaux (p. 172).
Chasse : — la forôt de Mamora,
toute proche, est très giboyeuse,
notamment en sanglier. Des battues
peuvent y être organisées avec
lassentiment du commandant de
la région de Rabat.
Histoire. — Knitra, « le petit pont », ne comptait en avril 1911, date
de l'arrivée des troupes françaises, qu'une de ces kasbas impériales
placées d'étape en étape sur le territoire marocain pour servir d'abri
aux petites garnisons chargées de tenir le pays. A partir de 1912,
Knitra a servi de base de ravitaillement aux troupes qui opèrent au
Maroc septentrional. — La ville et le port datent seulement de 1913.
L'édifice le plus ancien de Knitra est la kasba, haute
enceinte crénelée et bastionnée aux angles, dont les cellules
intérieures étaient destinées à recevoir les troupes et les
approvisionnements. La porte, en plein cintre et en pierre de
taille, est surmontée d'une inscription relatant la date de sa
construction (1313 de l'Hégire, fin du xix® s.) et le nom du sultan
Moulay Abd El Aziz.
Les premières habitations s'étaient d'abord élevées à l'O. de
la kasba qui abritait les services administratifs et militaires,
les camps étaient au S., les souks indigènes à l'E. et le port
sur la rive g. de l'oued. L'emplacement était sablonneux à
l'extrême et complètement dénudé.
Le port est constitué par Foued Sebou dont les rives sont distantes
de 250 m. et rectilignes sur une longueur do 1,200 m. En eau profonde,
les fonds sont de 6 m. Les berges ont été élevées de 1 m. au-dessus des
plus hautes eaux. Un premier appontement de 50 m. a été exécuté
dans les débuts. Les travaux se poursuivent sur une longueur de 300 m.,
de manière à permettre l'accostage des navires de 1,400 tonnes et calant
4 m. Un quai en béton armé est également en construction, ^^es ser-
vices do batellerie organisés par les Sociétés « Omnium » et « Lyon-
naise » assurent le transport des marchandises en amont de Knitra
jusqu'à Mechra Bel Ksiri enfoncé à 170 k. à Tintérieur des terres.
Le mouvement commercial du port, qui fut en 1913 de 2 millions, a
été de 15 millions en 1916 se répartissant sur 22,500 tonnes et de 30 mil-
lions en 1917. Cet accroissement est dû à la situation privilégiée de
Knitra qui draine le commerce de la forôt de Mamora, des régions agri-
coles des Beni Hassene, du Gharb et des provinces plus éloignées de
Meknès et de Fès.
Le plan d'aménagement de la ville en formation groupe la
cité dans un hémicycle de plus de 2 k. de diamètre et de
1 k. 5 de profondeur appuyé sur la rive g. du ileuve. La route
de Fès le traverse d'E. en 0. — La future gare du ch. de fer
de Casablanca à Petitjean sera reportée à env. 1 k. plus au
S. die la gare actuelle sur un plateau qui domine tout le pays.
L'agglomération européenne est séparée du village indigène par
une bande de terrains militaires occupant une zone de 1,200 m.
KNITRA. — MEHDIA. [20] — 171
sur 500. Le quartier européen compte déjà d^importants éta-
blissements desservis par un réseau de rues dont beaucoup
sont empierrées et bordées d'arbres.
Al k. en amont de la kasba, un bac, assure la communica-
tion entre les deux rives du Sebou.
Environs. — Si la petite ville de Knitra offre peu d'intérêt, elle est
un excellent point de départ pour quelques excursions recommandées
et de belles parties de chasse dans la forêt et dans la plaine.
Mehdia (7 k. O.; piste autocyclable. Pour la location d'une mon-
ture s'adresser au contrôle civil à la kasba. On peut encore louer un canot
automobile; s'adresser au port; prix à débattre), petit port sur l'Océan,
sur la rive g. et à l'embouchure de Toued Sebou, et village indigène
de 300 hab.
Une des premières colonies fondées sur la côte atlantique par
Hannon (v® s. avant J.-C.) fut Thymiatherion, qui correspond sans
doute à la Mehdia actuelle. Par la suite, le vieux comptoir carthaginois
eut probablement le sort de ceux qui avaient été créés à la même
époque. On croit que Mehdia tire son nom du Mahdi Ibn Toumert, chef
de la secte almohade, et qu'elle fut édifiée par Yacoub El Mansour
(1184-1189) pour défendre l'embouchure de l'oued Sebou. Elle fut détruite
par le roi mérinide Saïd El Ouattasi (1470-1500). Elle portait alors le
nom de Mamora. La ville sut admirablement se défendre contre les
Portugais au xvi« s.; ceux-ci avaient pu l'occuper en 1515 et y élever
une forteresse, mais ils en furent rejetés presque aussitôt après.
Devenue plus tard un nid de pirates, les Espagnols cherchèrent à s'en
emparer. Un premier essai. d'embouteillage n'ayant pas réussi par le
coulage de 8 navires à l'entrée du port (1611), ils revinrent à la charge
en 1614 avec une flotte de 100 vaisseaux au moment où les Hollandais
se proposaient de l'occuper. Leur tentative fut couronnée d'un plein
succès. Ils en furent chassés ensuite par Moulay Ismaïl en 1681. Le
port arma encore quelque temps pour la course puis tomba en déca-
dence. Il était complètement en ruines à l'arrivée des troupes fran-
çaises (1911), qui en firent une base de ravitaillement jusqu'à la création
de Knitra (1913). Le manque d'emplacement commode pour le dépôt des
marchandises et les violents ras de marée d'hiver ont causé l'abandon
définitif de Mehdia.
L'ancienne enceinte du ksar est à peu près entière. La porfe, flan-
quée de deux bastions, est très intéressante; elle est entourée d'une
inscription difficile à lire. A l'intérieur, un ancien palais délabré et,
plus bas, un vieux fort, sont les seules constructions dignes d'être
remarquées.
Un phare éclaire l'entrée du Sebou. La Direction du port de Mehdia
renseigne les navires sur la profondeur de la passe ; le mouvement de
la navigation jusqu'à Knitra est réglé sur ses indications.
2« Forêt de Mamora. — La forêt de chênes-liège (p. 168), se trou-
vant à 1 k. à peine de Knitra, une courte promenade à pied suffira
our s'en faire une idée. Les voyageurs en automobile feront une très
elle excursion en traversant la forêt dans toute sa largeur pour
atteindre Tiflet, entre Salé et Meknès (p. 168-179). Recommandé surtout
au printemps.
3« Ruines de Thamusida (15 k. N.). — On suit la route de Knitra à
Arbaoua jusqu'à (10 k.) Sidi Aïech, d'où Ton gagne le marabout de Sidi
Ben Ahmed, situé auprès des ruines, en traversant la Merdja des Beni
Hassene. « L'enceinte, dit Tissot, subsiste seule aujourd'hui. Bien que
fort mutilée au N. et à l'E., elle est assez roconnaissable cependant
172 — [20] DE SALÉ A KNITRA.
pour qu'on puisse la suivre dans tout son périmètre. Elle présente la
forme d'un parallélogramme modifié par un pan coupé à l'angle S.-E.
et flanqué, à l'angle S.-O., d'un castrum rectangulaire d'une centaine
de mètres, comprenant la partie la plus élevée du plateau ». Enceinte
de 1,500 à 1,600 m. Traces d'un pont sur le Sebou.
4« Le Sebou (168 k. de Knitra à Mechra Bel Ksiri, par l'un des
bateaux des sociétés Omnium ou Lyonnaise en 12 h.; 1 serv. hebdoma-
daire; s'informer du prix au port). — Subur Ammis magnificûs et navi-
gabilis de Pline, le Sebou est le plus grand fleuve du Maroc. Né dans
le Moyen Atlas, il atteint le Gharb (p. 173) après avoir reçu d'importants
affluents : l'innaouene venant de la région de Taza, l'Ouergha du
versant méridional du Rif, et l'oued Beht qui draine les eaux du massif
des Zemmour. D'une largeur de 300 m. dans son cours inférieur, et
coulant entre des berges hautes de 10 m., son débit moyen est, à
Mechra Bel Ksiri, de 300 à 400 m. cubes; il roule 2,000 m. cul)es au
moment des crues, parfois hautes de 8 m. au-dessus de l'étiage; il
inonde alors la région environnante en la fertilisant et sans causer de
préjudice sérieux aux installations bien conçues. Des essais de naviga-
tion entrepris en 1910 ont permis de remonter le cours du fleuve; non
sans difficultés il est vrai, à 90 k. de l'embouchure avec des canots
calant 1 m. 10 et jusqu'au pont du Sebou, en amont de Fcs, avec un
canot calant 0 m. 80.
5<> MoulaY Bou Selham et la Nerdja (89 k. N. ; bonne piste autocy-
clable jusqu'à Sidi Mohammed Bel Kheir, muletière sur le reste du
parcours). — La piste traverse d'abord un terrain plat et fertile. — 11 k.
Passage du ravin de Sidi Mohammed Bel Kheir (suivre exactement le
gué pour ne pas s'enfoncer dans la vase épaisse de part et d'autre). —
20 et 23 k. La piste longe deux boucles successives du Sebou.
27 k. Sidi Mohammed El Mleh, groupe de 3 douars, comprenant
90 tentes, centre de l'industrie de la pêche dans le Sebou pour la
production du poisson séché vendu à Fès, Mekncs et Ouezzane. La
région est toujours fertile, mais fiévreuse. — 35 k. Douar de 110 tentes
des Ouled Hammou, le plus important des Menasra. A TE., à 2 k., Sidi
Mohammed El Mansour, tombeau très visité au moment du moussem
d'août. — 41 k. Douar de 60 tentes des Ouled Riah. — Plus loin, grands
pâturages de la famille Remiki. — 46 k. Sidi El Hachemi, au milieu do
la Merdja Ras Daoura. Au S. du marabout, mamelon où se trouvent les
seules carrières de pierre de la région.
51 k. Dar Mohammed El Mansour. Le cheikh Mansour, riche et rallié
à la France, étend son autorité sur les 5 douars avoisinants des
Meknassa . (125 tentes); jardins, vergers d'orangers et de figuiers,
vignes. — Le pays, toujours riche, est très fiévreux.
70 k. Aïoun Felfel, marché du lundi des Ouled Issef (65 tentes), auprès
de sources claires et de beaux jardins. — 71 k. Traversée de la forêt de
Koraize, aujourd'hui dévastée. — 79 k. Douar Delelha (100 tentes), auprès
de beaux vergers. — 80 k. Mechra El Hader, résidence du caïd Bou
Guern des Sefiane. Ce point fut occupé militairement en 1911 et 19L?.
Une piste de 40 k. mène à Larache par (24 k.) Ouled Zaër.
89 k. Moulay Bou Selham, lieu des plus vénérés. 25,000 pèlerins s'y
rassemblent tous les ans au mois de mai, pendant une semaine. Pour
les curieuses légendes que rapporte la tradition sur Moulay Bou Selham,
consulter un article de G. Salmon paru dans les Archives marocaines,
tome II, ainsi que le Maroc d'aujourd'hui, d'Eug. Aubin.
Variant?:. — De (11 k.) Sidi Mohammed Bel Kheir, une autre piste,
très sablonneuse, longe la Merdja Ras Ed Daoura à l'O., puis la Merdja
Ez Zerga et atteint Moulay Bou Selham, à l'embouchure de l'oued
Drader. — Cet itinéraire permet de longer la Merdja, immense chaîne
LE SEBOU. — LE GHARB. [21] — 473
lagunaire de 60 k. de long et de 4 à 6 k. do large, parallèle à l'Océan.
La Merdja Ras Ed Daoura qui s'étend au S. est profonde de 6 à 7 m.
aux abords de Sidi El Hachemi ; en été, elle se dessèche vers le N. et
vers le S., en formant des mares isolées. — La Merdja Ez Zerga, plus
au N., est très poissonneuse et produit du jonc. On en a étudié l'utili-
sation comme port. Tous les deux ou trois ans, la mer en obstrue le
chenal par un apport de sable de 200 m. de largeur et de 1 m. de hau-
teur. Les indigènes rétablissent la communication à la saison des pluies.
De Moulay Bou Selham a Larache (40 k. N. ; piste accessible aux
voitures légères). — 24 k. Douar des Ouled Zaër et jonction de la piste
venant de Mechra El Hader. — 40 k. Larache (p. 304).
De Knitra a Petitjean, p. 177, A; — a Meknès, p. 177; — a Fiss,
y. ci-dessous, et p. 177 et p. 198.
De Knitra à Fès par le col de Seggota.
Autocyclisme : 165 k. — Bonne route principale n" 3, construite sur une
grande partie du trajet.
62 k. de Knitra à Sidi Slimane, p. 178, B. — 68 k. Bifurcation
de la route n'' 4 Knitra-Meknès. Prendre à g.
80 k. Sidi Mohammed Ben Ahmed. — 85 k. Jonction de la
route Tanger-Fès. Une bonne piste conduit à Petitjean, p. 177.
85 k. Défilé de Bab Tiouka. — On traverse un oued, dont on
remonte ensuite la vallée. Territoire des Gherarda. — 93 k.
Sidi Embarek.
105 k. Cot de Seggoia. — 108 k. Seggota, caravansérail. On
longe au N. le massif du Zerhoun à travers une région peu
cultivée et ravinée. — 108 k. Oued Segotta. — 116 k. Oued
Bou Gachouch. — 119 k. Au S. important village des Beni
Amar, entouré d'oliviers. — 123 k. Oued Ben Halima. — 126 k.
Vieux pont sur l'oued Mikkès, affluent du Sebou.
127 k. Nzala Oudaïa, caravansérail dans la tribu des Ghomara.
— 136 k. Nzala Jeboub. — 159 k. Nzala El Hamiane, Le pays
redevient plat et fertile. — 140 k. La route rejoint celle de Fès
à Meknès (p. 198).
164 k. Fès (p. 199).
21. - DE KNITRA A ARBAOUA; LE GHARB
Aperçu général. — Le trajet de Knitra à Arbaoua se développe dans
la région basse du Gharb, ensemble de plaines alluviales, d'une grande
fertilité, situées sur la rive dr. de Foued Sebou (p. 172) et qu'encadre
au N. une ligne de collines et de plateaux. De 4,000 k. carrés de super-
ficie, ce territoire s'étend sur l'emplacement d'un ancien golfe comblé
par les alluvions du fleuve. Plus loin, peu boisé mais couvert d'une
brous.se de lentisque et de palmier nain, il est très apte à la culture des
arbres fruitiers, notamment de l'olivier et de la vigne. La culture des
céréales, et principalement l'élevage du bétail, y occupent une grande
place. Plusieurs colons y ont déjà établi de grandes exploitations
agricoles.
174 — [21] DE KNITRA A ARBAOUA; LE GHARB.
Itinéraires. — Deux itinéraires permettent de parcourir le pays : le
1^^'', de Knitra à Arbaoua, par Souk El Arba du Gharb ; le 2^, de ce dernier
point à Petitjean. L'un et l'autre, décrits ci-dessous, se trouvent sur le
trajet de Salé à Tanger et de Tanger à Fès.
Autocyclisme : 101 k. — Bonne route principale n° 2, empierrée sur 50 k. ;
en construction sur une partie du parcours ; excellente piste par beau
temps sur le reste du trajet, jalonnée de poteaux en bois.
On quitte Knitra en allant vers le N.-E. parallèlement à la
direction générale du Sebou, qu'on laisse longtemps à g. Le
pays est plat; c'est la riche région des « tirs ».
1 k. 5. Passage à niveau. — 3 k. Pont sur l'oued Fouarat.
A 1 k. 5. Marabout de Sidi Bouchta.
8 k. 5. Bifurcation à dr. de la route Knitra-Fès (p. 173); poteau
indicateur. — 10 k. Croisement de la route Mehdia-Lalla Ito. De
maigres bosquets de chêne-liège apparaissent au voisinage de
Sidi Aiech. — 14 k. Marabout et village de -Sidi Aïech. Les
ruines romaines de TJiamusida sont proches (p. 171, 3°).
24 k. Pont sur l'oued Beht, affluent du Sebou, et un peu en
a\a\, ferme Legr and (3 chambres d'hôte ; atelier de réparations).
— On avance entre les oueds Beht et Sebou creusés comme
deux larges et profonds sillons dans la plaine du Gharb qu'ils
fertilisent au moment de leurs crues de janvier à avril..
38 k. SoukEl i/ad, vaste emplacement d'un marché du dimanche.
39 k. Sidi Allai Et Tazi, où se fait la traversée de l'oued Sebou
sur bac manœuvré à mains (péage, 4 fr. par automobile). A cet
endroit le fleuve coule entre deux rives hautes de 7 à 8 m. et
distantes de 100 m.; il est très poissonneux : l'anguille, l'alose,
le barbeau et le loup y abondent.
De Sidi Allai Et Tazi, on peut gagner Mechra Bel Ksiri (p. 176) soit
par la rive dr. du Sebou par Souk Et Tléta (38 k.), soit par la rive g.
et les Beni Hassene (41 k.).
La piste sur la rive dr. du Sebou reste très plate.
50 k. A g., ferme Ifrah; à dr., Sidi Aïssa, — 55 k. Souk Et Tléta
des Beni Malek.
62 k. Bifurcation, à dr. sur Mechra Bel Ksiri (p. 176).
75 k. Souk el Arba de Sidi Aîssa ou du Gharb (hùt.
modeste, 10 lits; atelier de réparations), centre de colonisation
avec bureau des Renseignements (visite des passeports). Marché
du mercredi, le plus important de la région. Nombreuses exploi-
tations agricoles d'européens dans les environs.
DE SOUK EL ARBA A LALLA MIMOUNA ET A LARACHE (20 k. et 65 k.
N.-O.). — Bonne piste par temps sec par (2 k.) le gué de l'oued Mda,
(17 k.) Sidi Allai. Lalla Mimouna (aub.), village indigène do 600 hab.,
aux ruelles tortueuses et étroites, situé au flanc d'un coteau planté de
jardins. Marché le vendredi. Grandes exploitations européennes. — La
route se poursuit au N.-E. jusqu'à Larache (p. 304).
De Souk el Auba a Fès, p. 175.
76 k. Emplacement du marché de Souk El Arba. — La piste
traverse une région plus mouvementée drainée par l'oued Mda
SOUK ËL ARBA. — ARBAOUA, [21] — 175'
_qui va se perdre dans les Merdjas Marktane et Ras Ed Daoura
"(p. 173) et qu'on traverse plusieurs fois à gué en remontant la
vallée. — 96 k. Pont en bois à proximité d'un village indigène
situé à g. de la route.
101 k. Arbaoua (hôt. modeste, 10 lits), poste fortifié à 138 m.
d'alt. sur un plateau dominant la route de Rabat à Tanger,
occupé depuis avril 1912. Bureau des Renseignements (visite des
passeports). Un souk et une nzala sont aménagés à l'intérieur.
Excursions. — Arbaoua ne présente aucun intérêt par lui-môme.
C'est un carrefour de chemins qui vont du N. au S. et de l'E. à l'O. et
desservant d'importantes régions.
1^ El Ksar El Kebi)' (10 k. N.: bonne piste). — La route descend en
lacets dans la vallée de l'oued El Ma Bared, bordé de jardins et de ver-
gers. — 3 k. Poste de douane, à g., au pied d'un village couronnant un
mamelon. — 9 k. Traversée à gué du Loukkos (la descente dans le lit de
l'oued demande quelques précautions). — 10 k. El Ksar El Kebir (p. 300).
2° Laracke (45 k. N.-O.; bonne piste, suivant, en été, la vallée du
Loukkos et, en hiver, les flancs sablonneux des collines situées au S.
du Loukkos) : Pour Larache, p. 304.
S'' Lalla Mimouna et Sidi Moulay Bon Selham (17 k. et 40 k. O.). — La
piste est d'abord accidentée. — 10 k. Ain Bsal, source assez abondante.
— 17 k. Lalla Mimouna (p. 174). — 21 k. Gué de l'oued Drader. La piste
contourne Merdja Ez Zerga (p. 173) par le N. — 25 k. Aïn Borma. —
27 k. Pont sur l'oued Bou Harira. — 31 k. Mechra El Hader, d'où l'on
regagne l'itinéraire de Knitra à Sidi Moulay Bou Selham (p. 172).
4® Ouezzane (38 k. E. ; piste muletière peu accidentée au début, monta-
gneuse à la tin). — 10 k. Douar Ouled Saïd, de la tribu des Sefiane. —
Ï4 k. 5. La piste atteint la vallée de Foued Mda. — 15 k. Mlloiidat, gros
douar. — 21 k. Sur la g., ligne de hauteurs portant les dchar Masmouda
de Mzoufroun, Zrahna et El Hareth. — 23 k. Dchar El Haït, résidence du
cheikh des Masmouda. Dans le voisinage, cascade de Chrichira. — 25 k.
Dchar Remet. — 27 k. Descente dans la vallée de l'oued Zès par un
défilé encaissé entre des hauteurs difficilement accessibles et couvertes
de brousse. — 38 k. Ouezzane, petite ville indigène de 16,000 hab., dont
1,300 israélites, à 20 k. de la zone espagnole, sur l'un des contreforts du
massif des Djebala. Marché très important le mercredi et le jeudi.
Zaouïa et résidence du chérif d'Ouezzane, chef de Timportante confrérie
religieuse des Taïbia, créée en 1727 par le chérif Moulay Abd Allah,
descendant d'Idris II, fondateur de Fès. L'autorité des chérifs d'Ouez-
zane étant devenue gênante et le parti des descendants d'Idris commen-
çant à s'agiter, Moulay El Hassane enleva au chérif d'Ouezzane, pro-
tégé de la France, le gouvernement de la ville, qui fut confié à un agent
du pouvoir central. Celui-ci réussit même à s'emparer de l'adminis-
tration des fonds de la zaouïa. A la longue, les chérifs purent recouvrer
leur autorité. La zaouïa est un lieu de pèlerinage très fréquenté.
D'Arbaoua à Fès par le col de Seggota.
164 k. ~ Route principale n" 2 à l'étude jusqu'à 33 k. Souk El Arba ; route
n" 6 en construction jusqu'à Bab Tiouka; route n" 3 achevée sur le
reste du parcours.
25 k. d'Arbaoua à Souk El Arba du Gharb, V. l'itinéraire pré-
cédent en sens inverse. — 33 k. El Abbasi, village.
176
— [21] DE KNITRA A ARBAOUA; LE GHARB,
40 k. Mechra Bel Ksiri (hùt. modeste), poste militaire sur
la rive dr. du Sebou et ch.-l. du cercle du Gharb, peuplé de
150 indigènes et de 200 européens occupés à la colonisation
d'une région remarquablement fertile. Marché du lundi.
A n k. sur la rive g. du Sebou, ruines de Banasa au marabout de
Sidi Ali Bou Djenoun. — Citée par Pline, Ptolémée, les listes épisco-
pales, la Notice des dignités et l anonymé de Ravenne, Banasa fat une
colonie d'Auguste. Tissot, qui Ta découverte et décrite en 1871, évalue
son enceinte à 1,100 m. i
« La ligne des murs... n'offre de spécimen bien marqué qu'à la pointe
S.-O. où l'on reconnaît, entre... deux saillants carrés, les traces d'une
des portes ». Dans l'enceinte, sur la partie méridionale du plateau, un
rectangle formé « par une ligne de blocs de très grandes dimensions « i
de (' 12 pas sur 15 ». Emplacement supposé d'un théâtre. Traces d'un i
pont. M. de La Martinière a retrouvé la partie supérieure d'une inscrip- |
tion au nom de Marc-Aurèle. dont Tissot avait publié l'autre partie en i
l'attribuant à tort à Commode. |
En 19L2, le capitaine Yenet fit des fouilles et trouva la tête de Junon !
qui est au cercle des ofticiers de Casablanca. En 1916, M. Louis Châte-
lain signale plusieurs fragments de statue, aujourd'hui au musée de I
Rabat, et une villa dont l'atrium et les pièces avoisinantes renferment
encore des mosaïques.
DE MECHRA BEL KSIRI A SOUK EL HAD KOURT (23 k. O. ; piste sablon-
neuse, autocyclable en belle saison seulement). — Au départ, la piste
suit le Sebou pendant 2 k. — 3 k. Gué à fond de sables sur la Merdja.
— 5 et 8 k. Passerelles sur les oueds Broha et Chemmah. — 16 k.
Passerelle submersible sur l'oued Tnine.
23 k. Souk El Had Kourt, gros marché fréquenté par les Djebala et
poste militaire.
Au sortir de Mechra Bel Ksiri, on traverse l'oued Sebou sur
un bac. — 45 k. 5. Sidi Bou Djema, à l'O. de la piste, limite des
grands marais de la région des Beni Hassene. — 51 k. Souk El
Djema Et Ahoufa.
71 k. Sidi Gueddar, village et marabout à proximité de Foued
Rdom, dans la tribu des Chebana. Ancien camp français. \
79 k. Dar Zrari et, plus loin, délilé de Bah Tiouka. A 7 k. S., j
sur la route de Salé à Meknés, Petitjean (p. 177). !
Après le défilé, on traverse un oued et l'on monte doucement |
dans le territoire des Cherarda. — 97 k. Sidi Emharek. — 104 k. 2. j
Col de Seggota. Pour le reste du parcours, V. description de la i
route Knitra-Fès, p. 173.
Variante. — Une piste muletière, plus intéressante, mais peu prati-
cable, longe les contreforts S. des Djebala. Elle part d'Arbaoua eu
passant par : 29 k. Ckemmakha, gros douar au voisinage d'un col et
d'un bois d'oliviers; 41 k. Souk El Had Kourt [V. ci-dessus); 65 k.
Mechra El Bâcha, sur la rive dr. de l'Ouergha, marché du lundi de la i
tribu des Boni Setiane et des Beni ]\ialek;81 k. Hadjer El Ouakef, \
après leciuel on traverse le Sebou pour gagner (103 k.) Douar Ben
Gachouch ci rejoindre la route d'Arbaoua à Fès entre Seggota et Nzala
Oudaïa(p. 173).
MECHRA BEL KSIRI. — DAH BEL AMRL [22] — 177
22. — DE SALÉ A MEKNÈS
A, — Par le chemin de fer.
182 k., 9 h. en automotrice avec déj. à Ain Djema; 1 j. et demi par les
trains quotidiens en passant la nuit à Ain Djema ; 54 fr. 60 et 27 fr. 30.
Ligne en palier jusqu'à Dar Bel Amri, très accidentée sur le reste
du trajet.
35 k. 2 de Salé à Knitra^ p. 168. Au sortir de la gare, la voie
prend la direction E. pour remonter la légère dépression de
l'oued Fouarat. — 44 k. 7. Oued Fouarat. — 48 k. 5. Camp Delmas,
du nom d'un sapeur du génie qui fut tué à l'entrée de la forêt
en 1912. Le terrain, sableux, est parcouru par les troupeaux
des Beni Hassene. De temps à autre, marécages où vivent des
sangliers. — La ligne pénètre dans la forêt de Mamora (p. 168)
dont les arbres ont subi une première opération de démas-
clage. — 56 k. 2. El Moudzine, croisement. On longe une nou-
velle corne de la forêt jusqu'au k. 60, puis c'est la plaine sans
arbres, La ligne longe la route.
66 k. 2. Sidi Yahia (buffet), au centre de la région des Beni
Hassene. Le marabout qui a donné son nom à la gare s'aper-
çoit sur un tertre voisin. Au N., à l'horizon, apparaissent les
maisons blanches de Mechra Bel Ksiri (p. 176).
Le territoire des Beni Hassene, qui s'étend de Knitra à Dar Bel Amri
et de la ligne du ch. de fer jusqu'au Sebou, possède des terres profondes
qu'un régime pluviométrique régulier rend propres à la production des
fourrages naturels. Le mouton y vit bien et sa laine, fine, est recher-
chée. Les Beni Hassene habitaient, il y a deux cents ans environ, la région
actuellement occupée par les Zemmour ; ils en ont été expulsés par ces
derniers et ils ont eux-mêmes chassé les tribus du Gharb, qui occupaient
la rive g. du Sebou, en les refoulant vers la rive dr. .Depuis, les tribus
des Beni Hassene et du Gharb se sont disputées les deux rives du fleuve.
76 k. 9. Daïet Aïcha. La plaine est peuplée de marguerites et
de quelques arbres rabougris. — 85 k. 2. Daïet Touarfa. — 92 k.
Dri6, dans une steppe de marguerites géantes; plus loin, une
brousse de jujubiers sauvages couvre le pays inculte. — 101 k.
Pont sur l'oued Beht.
102 k. Dar Bel Amri (hôt. modeste), poste militaire et village
européen et indigène à la lisière E. de la plaine des Beni Has-
sene, sur un territoire très fertile. — Le village et la gare sont
dominés par deux éperons sur lesquels sont installés les troupes
françaises et le bureau des Renseignements.
DE DAR BEL AMRI A PETITJEAN (26 k. E.). Bonne route qui passe sur
les oueds (11 k.) Hamma et (14 k.) Bedda, ce dernier à proximité du
marabout de Siâi Aïssa. — 26 k. Petitjean, village de colonisation, au
pied du foi^t du même nom, sur la rive dr. de l'oued Rdom qui irrigue
et fertilise la région. Le marabout de Sidi Kassem avoisine Tagglomé-
ration indigène.
De Petitjean on peut rejoindre : 1« Fès, par (7 k.) Bab Tiouka sur la .
MAROC.
12
178 — [22] DE SALÉ A MEKNÈS.
piste d'Arbaoua à Fès (p. 175) ; 2° Meknès (52 k.), par une bonne piste
passant à (7 k.) Bab Tiouka, (25 k.) Aïn Achlef, caravansérail au milieu
de terres fertiles appartenant aux chérifs de Moulay Idris, (32 k.) Volu-
bilis (p. 190), à 3 k. à l'E.
De Dar Bel Amri a Tiflet, p. 179; — a Camp Bataille, p. 180.
La ligne monte en décrivant de nombreux détours dans le
massif montagneux qui sépare Dar Bel Amri de Meknès, pas-
sant ainsi de 43 m. à 536 m. d'alt. sur une distance de 80 k. —
108 k. 2. Croisement et citerne. On domine les plaines des Beni
Hassene et du Gharb à l'O. et au N.-O. — 116 k. i. Aïn
Nekhala, dans un ravin, au pied d'un coteau broussailleux. —
123 k. Aïn Taomar, près d'une source ombragée. — 127 k. 2.
Sidi Chibani, à proximité d'un petit oued et d'un marabout.
133 k. Aïn Djema {buffet -hôtel : ch. de 4 à 6; rep. 1, 4.50, 5),
gare au fond d'une large cuvette, à quelque distance de vil-
lages indigènes et de jardins verdoyants.
135 k. 5. -Sidi Brika, dans une région pittoresque. La ligne
décrit de nombreux lacets; au détour de l'un d'eux, on aper-
çoit, vers TE., les minarets de Meknès; le massif du Zerhoun
se dresse plus à g. taché de surfaces crayeuses, villages cou-
ronnant des plantations d'arbres. — 144 k. 9. Aïn Saboun, an
bas de coteaux broussailleux. •
153 k. Oued Frah, gare sur un plateau très fertile peuplé de
palmiers nains. — 158 k. 2. Aïn Missa, — 162 k. 5. Seba Aïoun. —
166 k. 8. Dar Sottane. — Meknès se précise, profilant ses mina-
rets à l'horizon. On en fait le tour par le S. en franchissant de
multiples lignes de remparts. — 177 k. 4. Sidi Bou Zekri, en face
des murs de l'Aguedal. La ligne passe au-dessus du canal
d'alimentation en eau de la ville, puis de l'oued Bou Fekrane
qui irrigue un ravin boisé et atteint la gare après avoir tra-
versé la grande oliveraie de Hamria. ^
182 k. Meknès (buffet-hôtel, p. 180). 1
B. — Par la route. I
Autocyclisme : 164 k. — Bonnes routes principales n^^ 3 et 4 entiè-1
renient construites. I
36 k. de Salé à Knitra, p. 168. — A partir de Knitra, la route!
longe le N. de la voie ferrée. — 36 k. 5. Passage à niveau. —
37 k. Maison cantonnière. — 38 k. Pont sur l'oued Fouara
A l k. S. marabout de Sidi Bouchta, — 47 k. Marabout de La
Chachouta et, à \ k. N., douar d'El Massi. — 49 k. Merdja.
61 k. Pont sur l'oued Smennto. A 1 k. S. marabout de Sidi Yah'
— 61 k. 5. Pont en maçonnerie sur l'oued Tiflet.
62 k. Sidi Yahia (p. 177).
De Sidi Yahia, une piste conduit à (38 k. S.) Sidi Bettache.
La route suit encore la voie ferrée pendant 11 k., puis
sépare de la piste sableuse allant à Dar Bel Amri (p. 177).
80 k. Passage de l'oued Touirhza.
AÏN DJEMA. — TIFLET. [22] - 179
97 k. Sidi Slimane, — 103 k. Bifurcation de la route n° 3
Knitra-Fès par le col de Seggota (p. 175). Prendre à dr. la
route n"* 4.
129 k. Aïn Hammam, source et caravansérail, en tribu Gue-
rouane. — 130 k. Gué d'Ain Djema. — 132 k. Poste de Sidi
Brika. -- 135 k. Poste abandonné d'Ain Saboun, près du mara-
bout de Sidi Mimoun. — 145 k. 5. Poste de l'oued Frah, p. 178.
— 153 k. Poste de Dar Oum Es Soltane. — 155 k. Ruines de
Dar Oum Es Soltane, vergers et sources. — 159 k. 5. Pont et
village de Toulal (p. 189).
164 k. Meknès (p. 180).
C. — Par la piste de Tiflet.
AuTOGYCLisME : 138 k. — Route principale n** 14 en construction, en ter-
rain sablonneux dans la première partie du trajet, argileux vers la
fin du parcours, praticable par temps sec. — Cette voie, portion de
l'ancien trik es soltane, route impériale, fut ouverte en 1911 par le
général Moinier, au retour de son expédition à Fès et à Meknès.
Au départ de Bab Fès, la route est empierrée sur plusieurs k.,
puis s'enfonce dans la plaine sableuse, longeant la forêt de
Mamora (p. 168).
28 k. Camp Monod (café), caravansérail sur le territoire de la
tribu berbère des Zemmour, au centre d'une région de céréales
et d'élevage. Le pays devient plus accidenté.
32 k. 5. Marabout de Sidi Allai El Bahraoui et ruines d'un éta-
blissement ancien. — 35 k. 5. Ravin d'Ain Djorf. — 37 k. 5.
Corne de la forêt de Mamora.
56 k. Tiflet (aub.), poste militaire, ch.-l. du cercle des Zem-
mour, sur une croupe qui domine l'oued du même nom,
affluent du Sebou. Les berbères des douars environnants se
livrent aux travaux agricoles, à l'extraction du goudron et à
la fabrication du charbon. Ils confectionnent aussi des nattes
en palmier nain cordelé et en laine et des tapis estimés.
DE TIFLET A KNITRA (50 k. N.-O.). — Piste à travers la forêt de
Mamora (p. 168).
DE TIFLET A DAR BEL AMRI (52 k. N.-E.). — Route de Tiflet à Fès
jusqu'au k. 9, piste plate et argileuse sur le reste du parcours, prati-
cable par temps sec. — 29 k. Am Maarouf, dans les terrains de pâtu-
rages et de culture des Beni Oumza. — 45 k. Passage assez difficile du
ravin de l'oued Merdja. — 52 k. JJar Bel Amri (p. 177).
DE TIFLET A NKHEILA-(44 k. S.-O. ; piste muletière). — 12 k. Marché du
dimanche des Ait Bel Kassem. — 18 k. Passage à gué (difficile) du Bou
Regreg. — 24 k. Moulay Idris Aghbal, marché du lundi des Medjda
Tahtanine. — 29 k. Gué difficile de l'oued Grou. — 37 k. Passage à gué
de l'oued El Ma. — 44 k. Nkheila (p. 162).
De Tiflet a Marchand, p. 162.
La piste se déroule dans une région de pâturages et val-
-lonnée. Elle franchit plusieurs oueds sur des ponts. — 70 k.
180 - [23]
MEKNÈS.
Kasba des Ait Abbou à 1 k. au N. — 71 k. Marabout de Sidi
Allai Msader à 800 m. au N.
82 k. Khemissetj poste militaire. 1
De Khemisset a Marchand, p. 162. M
Le terrain est d'abord sablonneux, puis argileux.
95 k. Camp Bataille ou Souk El Arba des Zemmour, camp
abandonné, sur un mamelon dominant la rive g. de l'oued Beht.
C'est de ce point q'ue fut entreprise, en 1913, la pacification de
la région très accidentée du Tafoudeit, au S.
DE CAMP BATAILLE A DAR BEL AMRI (46 k. N. ; piste muletière longeant
l'oued Beht qu'elle franchit plusieurs fois). — 12 k. Dar Oum Es SoUane,
pont portugais sur l'oued Beht. — 24 k. Souk Et Tnine, de la tribu des
Messagha. — 46 k. Bar Bel Amri (p. 177).
DE CAMP BATAILLE A MOULAY BOU AZZA (89 k. S. ; piste muletière ; une
autorisation de l'autorité militaire est indispensable). — 10 k. Oued
Berrejline. — 16 k. Kasba Harira, ruinée. Les pentes N. sont boisées. —
23 k. Tafoudeit, ancien poste militaire à l'O. de Kasba Mrassel. — La
région, montagneuse et boisée, est jalonnée par les kasbas Tartala et
Mallouchene. — • 55 k. Oulmès, ch.-l. d'une annexe des Renseignements
qui administre les Zaïane soumis. — Passages à gué des oueds Azemmour
et Ksikou. — 89 k. Moulay Bon Asza (p. 162).
Au sortir de Camp Bataille, la piste' descend vers l'oued
Beht qu'elle longe pendant 2 k., puis franchit un pont pour '
remonter dans des ravins boisés et atteindre un plateau moins
accidenté de terres argileuses, où croît en abondance le palmier
nain. Tribu des Guerouane.
116 k. Aïn Lorma, caravansérail sur une croupe dominant la
source. — 130 k. Après avoir croisé le chemin de fer militaire,
la piste rejoint la route de Knitra à Meknès (p. 178), les mina-
rets apparaissent à l'E.
138 k. Meknès (V, ci-après).
23. — MEKNÈS
Emploi du temps. — Une journée suffit pour bien voir Meknès. Le
matin consacré à la visite à pied de Bab Mansour (p. 183) et BabDjama
En Nouar, des quartiers indigènes et des souks (p. 185) avec la médersa
Bou Anania (p. 185); on verra en voiture l'après-midi les anciennes écu-
ries (p. 187) et VAguedal (p. 187) avec VAutrucherie (p. 188), puis Bab El
Khemis (p. 186) et Sidi Saïd (p. 186), d'où l'on joindra Bab El Berdaïnc
(p. 184) pour faire le tour complet de la ville.
Les touristes ne disposant que d'une heure ou deux iront voir la porte
dite Bab Mansour El Aleuj, les remparts, les souks et la médersa Bou
Anania.
L'excursion de Volubilis et Moulay Idris du Zcrhoun demande une
journée entière à dos de mulet (très fatigante) et 5 à 6 h. seulement
en automobile, y compris les arrêts sur les points d'excursion (emporter
des provisions dans les deux cas).
CAMP BATAILLE. — MEKNÈS. [23] — 481
MEKNÈS (on a écrit aussi Méquinez; ethn. : Meknassi), ville
makhzenia, c'est-à-dire impériale, est située par 8°8 de long, et
37°8 de lat., à 514 m. d'alt., sur un plateau borné au N. par le
massif du Zerhoun, au S. par les contreforts du Moyen Atlas, et
arrosée par l'oued Fekrane dont les eaux se déversent dans
l'oued Rdom. Peuplée de 36,765 hab. dont 850 Français et 400
autres européens, de 4,000 israélites, elle est également le ch.-l.
d'une subdivision de 125,000 hab. La population musulmane,
très policée et surtout d'origine berbère, compte de nombreux
chérifs, descendants du Prophète, et plusieurs milliers de nègres,
fils des anciens soldats de la garde noire de Moulay Ismail.
Merveilleusement assise sur un éperon allongé dont on a une
* très belle vue du camp, la ville s'étend sur plusieurs kilomètres.
La cité proprement dite occupe le N. ; le Dar El Makhzen et
ses innombrables dépendances, témoins grandioses du faste des
premiers sultans alaouites, le S. Ses souks et ses fondouks,
ses boutiques d'artisans, ses rues grouillantes de berbères les
jours de marché, ses portes grandioses et ses monuments, ses
jardins nombreux et ses enceintes multiples remplissent le
visiteur d'étonnement.
La ville nouvelle s'étendra sur une croupe, à l'E. de la ville
arabe et du camp, à proximité de la gare du ch. de fer et près
de la future gare du Tanger-Fès. Le plan en est définitivement
arrêté. Les premiers lots sont, vendus, et déjà d'assez nom-
breuses villas de plaisance et des écoles se sont élevées, faisant
face d'une part à la medina, d'autre part au Zerhoun.
Par sa situation au milieu de vastes plateaux fertiles, au
débouché des tribus du Moyen Atlas et du Zerhoun, Meknès
est déjà un important marché. L'exploitation rationnelle de sa
région agricole et forestière, et de ses ressources touristiques,
lui assurent un bel avenir. Son climat est enfin fort agréable
au printemps et en automne.
Gare : — gare du chemin de
fer militaire, près du camp d'El
Hamria, à 1 k. de la ville indigène.
Omnibus : — du Sultan-Hôtel à la
gare et à l'heure des trains seule-
ment : 1 fr. la place ; service d'om-
nibus de la Gare à Bab El Mansour,
toutes les 30 m.
Hôtels : — Terminus (Pl. a E2),
près de la gare ; de la Résidence (Pro-
vost; Pl. 6C2), r. Rouamzine(rep. 4,
ch. 5; pens. 12 à 14) ; Sultan-Hôtel
(Navarre; Pl. c C2), à l'entrée de la
r. Rouamzine (rep. 4; ch. 5; pens.
12 à 14; omn. à t. les trains).
Restaurants et cafés : — aux
hôtels ci-dessus.
Banques : — Algéro-Tunisienne
et Crédit Foncier d'Algérie et de
Tunisie, toutes deux r. Rouamzine.
Voitures de place : — station à
l'entrée de la r. Rouamzine, près
du Sultan-Hôtel : — course simple
en ville et au camp 2 fr.; course
double 3 fr. ; course simple à l'A-
guedal et Toulal 4 fr. ; course
double 5 fr. ; l'heure en ville et au
camp 3 fr. 50, en dehors 4 fr. ; tous
ces prix sont majorés de 1 fr. pen-
dant la nuit.
Chevaux et mules de louage : —
s'adresser aux hôtels.
Service automobile : — bureaux
r. Rouamzine : — de Meknès à Fès,
2 serv. quotidiens en 2 h. ; dép. à
7 h. et 13 h., 20 fr. (retenir les
places d'avance).*
Automobiles de louage : — Valin,
boulevard de l'Aboul ; Scordino, r.
Rouamzine, prix de location 10 à
182 — [23] MEKNÈS.
80 fp. par j. et par place ; 1 fr. 25 le
k. sur route et i fr. 50 sur piste,
distances comptées sur l'aller et rot.
Librairie-papeterie : — cartes
postales : Sanmarti, r. Rouamzine.
Journaux : — VEcho de Mekncs,
hebdomadaire, 10 c.
Spécialités : — bijoux en argent
doré rehaussé de pierres ; broderies
polychromes de soie sur étotfes;
petits meubles en bois peint ; tapis
berbères à haute laine et à points
noués des Boni Mtir et des Zaïane;
nattes en palmier nain cordelé et
en laines de couleur des Guerouane.
Réjouissances locales : — Moussem
de Moulaij Jdrisdu ZerJioun en mai ;
Moussem des Aïssaoua au Mouloud
(décembre). Ces manifestations,
très imposantes, réunissent à Mek-
nès un concours de population con-
sidérable.
Histoire. — Meknès tire son nom de la grande tribu zénète des
Meknassa qui, se partageant en deux fractions, fonda Meknassa Taza,
autrement dit Taza, et Meknassa Ez Zitoun, la « Meknès aux oliviers »,
qui nous intéresse ici.
D'après les auteurs arabes, l'emplacement de Meknès était autrefois
occupé par une série de bourgs dont les Almoravides prirent possession
au XI® s. et qu'ils fortifièrent en construisant Tagrart, noyau de la ville
actuelle. Au début du xii« s., le mahdi Ibn Tonmert, fondateur de la
dynastie almohade, y prêcha la guerre sainte contre les maîtres d'alors,
mais en fut chassé. Ses successeurs parvinrent à s'en emparer (1150)
après un siège de sept ans.
Au XIII® s. les Mérinides s'installent à Meknès, non sans difficultés,
car Abou Yahia Ben Abd ElHakk est dans l'obligation d'y revenir plu-
sieurs fois (1245 et 1248) pour y faire reconnaître son autorité. Abou
Youssef y fait construire une kasba et une mosquée (1276) et Abou El
Hassane Ali la dote d'une médersa.
Aux XV® et xvi® s. Meknès a une histoire assez obscure. Elle passe
aux Saadiens, en même temps que Fès, en 1547, puis est soudainement
mise en lumière au xvii® s. par Moulay Ismaïl (1672-1727), un des pre-
miers souverains de la dynastie alaouite actuellement régnante, qui lui
fait connaître sa plus belle période de prospérité. Le contemporain
fameux de Louis XIV, « le sultan qu'affola Versailles «, en fait sa rési-
dence préférée dès son avènement (1668). Durant tout son long règne de
cinquante-cinq ans, il y construit, avec des ouvriers appelés de tous
les points du Maroc et une armée de captifs chrétiens, 40 k. de bas-
• tiens et de murailles, des portes monumentales, des greniers et des
écuries immenses, des grands bassins et de magnifiques jardins, des
mosquées, des palais pour son immense harem (il eut, dit-on, 800 enfants)
et ses esclaves, faisant de sa capitale un « Versailles marocain ». Ces
travaux, entrepris sans arrêt, non sans faire tort aux anciennes villes
romaines, Volubilis et Tocolosida d'où sont tirés de nombreux matériaux,
se poursuivent sous son fils Moula}"^ Abd Allah qui achève la porte Bab
Mansour El Aleuj. C'est à Meknès qu'après avoir remanié le guich des
Cheraga et organisé celui des Oudaïa, Moulay Ismaïl créa sa fameuso
garde de nègres bouakhar, qui lui permit de vaincre les tribus berbères
avoisinantes restées jusqu'alors réfractaires à toute autorité.. On sait
enfin que Moulay Ismaïl demanda en mariage l'une des filles de Louis XIV ,
la princesse de Conti, démarche qui d'ailleurs n'eut aucun succès.
Avec Moulay Abd Allah, la capitale déchoit vite. Sidi Mohammed
(1757-1790) y fait encore élever plusieurs mosquées dont celles de Ber-
daine et de Berrima, les mausolées do Sidi Mohammed Ben Aïssa et
de Sidi Saïd Bou Othmane, mais sa splendeur est désormais ternie : les
sultans transfèrent leur résidence tantôt à Fès, tantôt à Marrakech.
Pendant la période d'anarchie qui caractérise les derniers règnes de
l'ancien makhzen, Meknès proclame Moulay llafid (1908) venu de Mar-
rakech contre Abd El Aziz. Quelques annécs'après, les Berbères, maîtres
■des routes de Fès à Meknès, opposent au nouveau sultan le prétendant
MEKNÈS.
[23] — d83
Moulay Zine, qui so rend bientôt sans conditions au g'ënéral Moinier
(8 juin 1911). Par la suite, les opérations de la colonne Henrys (1913) et
du général Poëymirau augmentent considérablement l'étendue de la
zone soumise, qui atteint la Moulouya en 1917.
Bibliographie : — Monographie de la région de Meknès, par Ed. Arnaud ;
— Monographie de Meguinez, tr. de. l'arabe par O. Houdas, Paris, 1855;
— A journey io Meqidnez, par John Windus, London, Tonson, 1725; —
Histoire d'un saint musulman vivant actuellement à Meknès^ par A. Bel
(Revue de l'Histoire des Religions, extrait, 1917).
Le point de départ des itinéraires qui suivent est l'extrémité
E. de la rue Rouamzine, près du marabout de Sidi Ali Mennoun,
où stationnent les voitures.
7. — La Medtna,
Allant du S.-E. au N.-O., la rue Rouamzine est bordée de
maisons et de magasins européens et dominée à l'O. par une
imposante ligne de remparts. Vers son extrémité, Bah Dar Sinaïne,
à g., s'ouvre sur la rue Dar ^emene, qui passe devant le bureau
de Poste, longe une nouvelle ligne de remparts et aboutit place
El Hedime, « de la démolition » (marché tous les matins), immense
place de 200 m. de long sur 100 m. de large bordée au S. de
deux portes magnifiques : Bab Mansour et Bab Djama En Nouar.
*Bab Mansour El Aleuj, la plus imposante, commencée
sous le règne de Moulay Ismail, fut achevée par son fils Moulay
Abd Allah en 1732. L'ordonnance en aurait été conçue par Te
renégat El Mansour. — L'ouverture, constituée par un arc ogival
de proportions gigantesques, est flanquée de deux bastions,
dont celui de droite s'élève sur de basses colonnes de marbre.
Deux hautes colonnes, surmontées de chapiteaux de style
antique composite, s'avancent sur les côtés et soutiennent des
piliers prismatiques qui arrêtent le décor architectural de la
porte. Le motif dominant est un entrelacs curviligne qui s'en-
lève en relief sur un fond plat de mosaïque vernissée vert-
doré. Une large et belle inscription en caractères cursifs noirs,
surmontée d'une ligne de merlons, court le long de la frise
supérieure. L'ensemble est majestueux. L'éclairage le plus
favorable est celui du soir, jusqu'au, coucher du soleil. Le
Pacha de la ville vient rendre la justice tous les soirs du ven-
dredi sous la voûte de la porte à baïonnette.
Bab Djama En Nouar, à l'O. de la précédente, de propor-
tions plus modestes mais fort harmonieuses, fut construite à la
même époque; elle conduisait à la mosquée En Nouar.
La face 0. de la place El Hedime est percée par Bab Sidi
Labdine, qui donne accès à la campagne. De son seuil extérieur,
on aperçoit, à dr., derrière l'enceinte, le mellah, et au delà,
dans un bouquet d'arbres, le minaret du sanctuaire de Sidi
Saïd (p. 186).
L'extrémité N. de la place est ornée d'une fontaine construite
•184 — [23]
MEKNÈS,
en 1914 par des mosaïstes indigènes d'après les traditions
modernes. Derrière, s'élève Vhôpital Louis, installé dans une
ancienne maison du Glaoui (visite permise; demander l'auto-
risation à la porte; entrée sous la voûte, à g. de la fontaine).
Une rue, à dr. de la fontaine, donne accès au quartier des Sebbaghine,
antérieurement occupé par les Juifs jusqu'à l'époque de Moulay Ismaïl
{V. ci-dessous).
A l'angle N.-O. de la place s'amorce la rue Sekkakine dont led
échoppes sont occupées par des fabricants de lanternes en métal
découpé et des bijoutiers. On atteint ainsi Bab Berrima, à g. del
laquelle se trouvent les quartiers de Berrima et du mellah. 1
Ces deux quartiers, qu'un mur sépare à l'intérieur, sontj
enfermés dans une haute enceinte, quadrangulaire de 500 m. de'
long sur 250 m. de large. C'est une ancienne kasba. La mosquée
qui s'élève à l'angle N. fut édifiée par Sidi Mohammed Ben
Abd Allah (xvni® s.). — Le mellah, situé dans le compartiment
0., est très curieux avec ses rues étroites et ses hautes maisons ;
il n'est habité par les Juifs que depuis Moulay Ismaïl, qui leur
assigna cet emplacement en 1765 après les avoir chassés de
leur ancien quartier de Sebbaghine.
L'avenue du Mellah est fermée vers l'O. par Bab Mellah^ au delà
de laquelle se trouvent Souk el Khemis, Bab Khemis, le mara-
bout de Sidi Bou Saïd et Toulal (p. 186 et 189). On la laisse à g.
Du carrefour de Bab Berrima, en allant vers le N., on suit
une curieuse rue bordée de marchands de poteries, de forge-
rons, de fabricants de bâts, de selles, d'instruments ara-
toires, etc. et aboutissant au carrefour de Bab Djedid, lieu
d'élection des bateleurs, conteurs, charmeurs de serpents, etc.
La porte à baïonnette dite Bab Djcdid s'ouvre sur la campagne
et le cimetière musulman où s'élève le mausolée de Sidi Moham-
med Ben Aissa construit au xviir s. par Sidi Mohamed Ben Abd
Allah. On sait que Ben iVïssa, patron de Meknès, est le chef de
l'importante confrérie religieuse des Aïssaoua, qui a des
adeptes dans tout le N. de l'Afrique et qui est réputée par ses
exercices étranges et sauvages. Grand moussem à l'époque du
Mouloud, fréquenté par près de 50,000 visiteurs algériens, tuni-
siens et marocains.
De Bab Djedid, on ira soit par le cimetière, soit par les
ruelles intérieures de la ville, à Bab El Berdaïne.
Bab El Berdaïne, au N. de la medina, est le point de départ
de la route de Tanger. De proportions majestueuses, elle fui
construite par Moulay Ismaïl (fin du xvir s.). — Sur la grande
place intérieure, limitée à l'E. et à l'O. par de hauts murs, et
au S. par la mosquée El Berdaïne, se lient le marché aux bois de
cèdre. Ces bois, sous la forme de madriers de 4 à 6 m. de long,
proviennent des forêts du S. de Meknès.
Rentrant en ville par la rue longue et étroite qui prolonge
la place, on trouve la mosquée Kanoute.
A 100 m. à g. et en contre-bas, s'élève V infirmerie indigène,
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MËKNÈS.
[23] — m
ancienne habitation d'un pacha de Meknès, exemple de Tarchi-
tecture marocaine moderne; demander l'autorisation de visiter
au médecin. Contre la façade de ce bâtiment, une tente abrite
un saint vivant, à demi paralysé, Moulay Ahmed El Ouazzani,
dont la renommée va croissant depuis plusieurs années.
Au delà de la mosquée Kanoute, on tourne à dr. pour passer
devant la mosquée Tidjani (porte à pilastres de mosaïque et
auvent peint intéressants), la boutique du Mohtaseb (belle façade
en moucharabie), et entrer dans les souksdu centrede la medina.
Ces grands souks comprennent la kisaria des étoffes importées
et la kisaria des tapis (très animée vers 14 h.) aux abords des-
quelles se disposent des échoppes de marchands d'épices, de
comestibles, de viandes, de babouches, de sacoches, etc.
La grande mosquée (entrée interdite) dont on peut faire le
tour, les médersas Bou Anania, Filala et Attarine sont dans le
quartier des souks.
La *médersa Bou Anania (on peut visiter) est la plus inté-
ressante médersa de Meknès. Construite au commencement du
xiv^ s. par les Mérinides Abou El Hassane et Abou Inane, elle
s'annonce sur la rue par une belle porte à deux vantaux revêtue
de bronzes ciselés et ajourés. Le couloir d'entrée donne accès
à g. aux latrines, et à dr. à la médersa proprement dite :
patio intérieur orné d'une large vasque constamment alimentée
d'eau ; galerie à piliers prismatiques, sur trois faces, dont l'étage
est occupé par des logements d'étudiants; haute salle de prière
sur la quatrième face; le tout admirablement harmonieux et
orné de mosaïques de faïence, de plâtres fouillés et de bois
sculptés d'un style très pur.
Des souks, il sera préférable de rejoindre la rue Rouamzine en
passant devant les Services municipaux et le commissariat de
police, à proximité de Djama Zitouna, mosquée que domine un
haut minaret décoré de faïences vertes, et où Sidi Mohammed
Ben Aïssa (p. 184) enseigna la théologie et le droit.
77. — Le tour extérieur de la Medina,
1 h. 30 à pied; 1 h. en voiture.
Après avoir franchi la porte de Fès, en bas de l'entrée de la
rue Rouamzine, et tourné à g. le long* des murs, on pénètre
dans le jardin public. Ce jardin, aménagé de 1915 à 1917 entre
la rive g. de l'oued Bou Fekrane et les remparts E. de la ville,
a une centaine de mètres de large et près de 1 k. de long; il
comprend deux lots : le premier, en amont, dans un terrain
accidenté et boisé, est distribué à la manière des jardins anda-
lous avec conduites d'eau, bassins et vasques; le second, en
aval, est divisé par des allées droites et perpendiculaires, et
ses terre-pleins sont garnis de plantations nouvelles.
Variante. — On peut encore se rendre au jardin public par la rue
Rouamzine et Bab Guenaoua. On débouche ainsi directement par le bou-
levard de l'Aboul, au centre du jardin.
186 - [23]
MEKNÈS.
La partie basse du jardin public est bordée du boulevard de
VAboul qui mène à Bab Tizimi (intéressante fabrique de tapis
à points noués, dirigée par une mission de sœurs franciscaines).
Du seuil extérieur de la porte, on aperçoit, sur l'oued, un vieux
pont et des moulins. Au delà, à flanc de coteau, est situé le
quartier des potiers et briquetiers.
En longeant extérieurement les murs de la ville, on atteint
Bab El Berdaine (p. 184) pour suivre quelque temps la route de
Tanger, faire le tour du cimetière musulman de Sidi Mohammed
Ben Aissa (p. 184), passer devant les abattoirs et sous Bab Siba,
puis gagner la route de Rabat sortant de la ville par Bab Mellah.
A 500 m. à rO., sur la route de Rabat, s'élèvent à côté d'un
bosquet et d'un faubourg le mausolée et la mosquée de Sidi Saïd
Bou Othmane dotée d'un joli minaret et d'une charmante porte.
Ces deux édifices furent construits par Moulay Abd Allah
(xviii° s.). Sidi Saïd fut, dit-on, le professeur de Mohammed
Ben Aissa (p. 184). Lorsque les adeptes du saint viennent en
pèlerinage à Meknès, ils visitent d'abord la mosquée de Sidi
Saïd avant de se rendre au mausolée du patron de la ville.
En dehors de Bab Mellah, se tient, au S. de la route, le
souk El Khemis, marché du jeudi, où se vendent les bestiaux.
A proximité reste encore debout '''Bab El Khemis, dont l'ou-
verture en fer à cheval est encadrée d'écoinçons noirs et d'une
bande de mosaïque verte, puis surmontée d'une frise d'inscrip-
tions en caractères cursifs noirs. Deux bastions, dont l'un en
ruines, flanquent la porte de chaque côté. — Cet édifice est
tout ce qui reste d'un vaste et beau quartier appelé « Medinat
Er Riad », la ville des jardins. Construit en 1667 par Moulay
Ismaïl, il servit de résidence aux ministres, caïds, secrétaires
et hauts fonctionnaires de tous ordres de la cour musulmane;
il fut démoli en dix jours sur l'ordre de Moulay Abd Allah, au
retour d'une expédition malheureuse.
Faisant le tour extérieur du mellah, on rentre en ville par
Bab Sidi Labdine pour ressortir à nouveau par Bab El Mansour
El Aleuj, Bab Filala, Bab Moulay Ismaïl et gagner, entre de hauts
murs délaissés et gigantesques, Bab Reirr à l'entrée et à g. du
couloir qui conduit à l'Aguedal (p. 187), et passer devant Bab
Amor Lassini pour revenir au point de départ.
Bab Amor Lassini donne accès au cimetière du même nom,
situé à proximité d'un quartier de pauvres gens. Le site est
pittoresque avec ses vieux murs ocreux et ses jardins courant le
long des rives de l'oued Bou Fekrane. Sur la colline d'en face,
à l'E., la vue s'étend sur Vhôpital aux coupoles ovoïdes, le camp
d'El Hamria et, plus au N., des tombeaux, entre autres celui du
chérif El Ouafi. Au fond du tableau, s'élève la montagne bleue
du Zerhoun laissant deviner, sous des amas crayeux, quelques
villages berbères importants.
Variante. — De Bab El Mansour, on peut rejoindre l'entrée de la rue
Rouamzine par le large couloir qui passe au pied de Djama El Maklisen
et Lalla JJeïda, traverse un quartier habité et aboutit à Sidi Ali Mennoun.
MEKNÈS.
[23] ~ 187
777. — Anciennes écuries; Jlguedal; Jlutrucherie.
Très agréable promenade de Q h. aller et ret. pouvant se faire à pied
et en voiture. Très recommandé.
Suivre l'itinéraire 1 jusqu'à Bab El Mansour (p. 183) et l'itiné-
raire II de Bab El Mansour à Bab Beirr (p. 186), s'engager dans
le passage étroit et votité formé par une succession d'arcs
ogivaux soutenus par d'épaisses colonnes cylindriques et pro-
longé par un couloir long de 1 k. qui sépare le quartier et le
cimetière Amor Lassini à l'E. du Dar El Makhzen et de ses
jardins à l'O.
Le Dar El Makhzen (entrée interdite), dont les constructions
sont de différentes époques, a des dépendances extrêmement
spacieuses; une partie du harem de Moulay El Hassane y vit
encore sous la garde d'eunuques. Les portes y donnant accès
sont d'allure modeste; on remarquera cependant quelques cha-
piteaux de marbre d'un style assez curieux.
Au delà du couloir, après avoir tourné et laissé à dr. le vil-
lage de Bab Merah habité par des nègres descendants des
Bouakher, troupes noires créées par Moulay Ismail, on remarque,
sur une grande place, les ruines d'un vieux palais, et, un peu
plus loin, à g., l'entrée du Djenane Ben Halima, utilisé par la
Direction de l'Agriculture comme jardin d'essai (entrée permise).
Plus loin, se dresse une immense construction cubique. C'est
le *i/eri ou grenier à provisions de Moulay Ismail, occupé aujour-
d'hui par les services de l'Intendance (autorisation nécessaire).
Ce bâtiment se compose d'immenses silos voûtés, établis dans
lie sous-sol, et d'un rez-de-chaussée cloisonné par des piliers
énormes supportant une lourde et épaisse terrasse. L'éclairage
est assuré par des soupiraux circulaires. Au-dessus du grenier
s'élevait un palais, aujourd'hui démoli, appelé El Mansour; il
contenait 24 pavillons et avait une hauteur d'au moins 100 cou-
dées (Kitab El Istiqoa).
En arrière du heri et sur la dr. subsistent les ruines impo-
santes d'*aneiennes écuries (entrée permise). Pour abriter
son importante cavalerie de chevaux et de mules, Moulay
Ismail fit édifier aux abords du Dar El Makhzen cet immense
établissement (Istabl) qui pouvait renfermer, disent les histo-
riens arabes, 12,000 animaux. Au centre du bâtiment se trou-
vaient des constructions voûtées destinées à recevoir la sellerie
Kitab El Istiqça).
A dr. du heri et des anciennes écuries s'étend le grand bassin,
également creusé par ordre de Moulay Ismail et dont les eaux
servaient sans doute à l'irrigation des jardins situés en aval.
Revenant au heri, et passant sous des portes à g., on pénètre
dans VAguedal, vaste prairie herbeuse ceinte de hauts murs et
au fond laquelle on aperçoit à dr. le palais dit Dar El Beïda, et,
à g., l'Autrucherie.
L'Aguedal était le lieu de campement des troupes impériales.
188 — [23]
MEKNÈS.
Devenu le terrain des revues et fantasias, à l'entrée, une koubba
surélevée abritait le sultan et sa suite les jours de réunion.
Le Dar El Beïda, vaste château avec allure de forteresse,
est dû à Sidi Mohammed Ben Abd Allah (xvni*" s.), qui en fit
sa résidence personnelle. Il sert aujourd'hui d'école militaire
pour la formation d'officiers marocains.
L'autrucherie (visite permise, s'adresser aux gardiens)
comprend quelques bâtiments où l'on élève les autruchons et
un grand parc où paissent les adultes.
Le troupeau existe depuis environ deux siècles. Il doit son origine à
un couple offert à Moulay Abd Allah Ben Ismaïl (1727-1757) par un
arabe du Sud. Livré à lui-même dans la prairie de l'Aguedal, ce couple se
multiplia rapidement. Sous Moulay Aod Er Rahmane (1822-1859), le
troupeau comptait 55 individus dont 17 furent envoyés à Fès et succom-
bèrent bientôt, victimes d'une épizootie. Sidi Mohammed (1859-1873) en
eut jusqu'à 112. Sous Moulay El Hassane (1873-1894), à la suite d'une
épidémie, le troupeau fut réduit à 5. Il se reforma pourtant. Sous Moulay
Abd El Aziz, il comptait 30 volatiles. Actuellement, il se compose de
32 grands individus pondant une moyenne de 800 œufs du poids de
2 kilog. tous les deux ans. L'incubation naturelle se faisant dans de
mauvaises conditions, on adopte depuis 1915 le système de rincubation
artificielle au moyen de couveuses. On espère ainsi obtenir des rende-
ments supérieurs en œufs et en plumes. En 1917, on a provoqué 68 éclo-
sions qui ont donné 32 nouveaux sujets; des 3 couvées naturelles de la
même année, l'une a donné 12 petits, ce qui représente, à Tactif de 1917,
44 autruchons, sains et bien portants. — Pour les achats d'œufs,
s'adresser à l'autrucherie. On ne vend pas encore de plumes.
jy. — Camp et ville nouvelle.
1 k. 5 E. — Promenade surtout intéressante pour l'aperçu qu'elle donne
sur le développement de la future cité européenne.
En quittant la porte de Fès, on aperçoit, à l'E., de l'autre
côté du vallon de l'oued Bou Fekrane, la croupe sur laquelle
s'étend le camp et s'étendra la ville nouvelle.
Le Camp d'El Hamria (entrée interdite) est installé sur le
plateau d'en face. A g. d'élégantes constructions néo-marocaine?
s'élèvent : ce sont le cercle militaire et la Subdivision. Le centre
administratif et les quartiers de plaisance futurs s'établiront sur
les pentes N. du plateau, que dessert déjà tout un réseau de
rues.
Au delà de l'oued Bou Fekrano, la route bifurque à dr., c'est
la route de Fès; 500 m. plus haut, elle passe entre le camp et
l'hôpital à coupoles ovoïdes. Le terrain situé au S. de ce dernier
établissement est réservé aux constructions militaires et au
terrain de manœuvre. A quelques centaines de m. plus loin se
trouve la gare militaire,
La grande oliveraie d'El Hamria, qui peuple les abords de la
gare, a été créée par Sidi Mohammed Ben Abd Allah à la fin
du xVii*" s. C'est une propriété habous dont les revenus sont
affectés partie à la ville sainte de Médine, partie à Meknès.
Depuis plusieurs années, elle ne donnait que d'insignifiante
ENVIRONS DE MEKNÈS. [24] — 189
rendements. Remise en état par une taille et des soins appro-
priés à partir de 1915, elle va redevenir une source importante
de revenus.
La future gare du Tanger-Fès sera située du même côté de la
route, mais à 1 k. au delà, en face des cités et des jardins. Les
quartiers industriels et les établissements insalubres s'étendront plus
loin encore, au S. de la voie ferrée.
Y, _ Toulal,
3 k. O. — Bonne route.
On peut s'y rendre, de la place El Hedime, soit par Bab Sidi
Labdine, Bal3 El Khemis et Sidi Said, soit par la rue Sekkakine,
avenue du Mellah et Sidi Said.
Toulal est un faubourg guich d'origine entièrement berbère.
Ses habitants sont originaires du Haut Guir (Sahara) où un
centre habité porte ce nom et avec lequel ils ont conservé des
relations. Venus il y a près d'un siècle à Dar Debibagh, près de
Fès, par Kasba El Makhzen et Taghzout, ils ont été déplacés et
transportés à Meknès dans le dernier quart du xix^ s,, par Sidi
Mohammed Ben Abd Er Rahmane (Arnaud).
De Meknès a Salé, p. 177; — a Fès, p. 198; — a Righ, p. 285.
24. — ENVIRONS DE MEKNÈS
Meknès est le point de départ de magnifiques excursions, dont le
nombre et l'intérêt croîtra encore avec la pacification. Volubilis et Moulay
Idris au N., avec le massif du Zerhoun, sont à eux seuls d'un puissant
attrait. Les forêts de cèdres du S. et la région alpestre du Moyen Atlas
compteront bientôt parmi les attractions touristiques les plus visitées.
1** Volubilis, Noulay Idris.
27et30k. N. — Piste légèrement accidentée, autocyclable par temps
sec ; 1 h. en auto ; 2 h. 3,0 à dos de mulet. Excursion très recommandée
pour son intérêt à la fois antique et pittoresque.
On sort de la ville par Bab Tizimi et," après le passage du
vieux pont sur l'oued Bon Fekrane, on descend à flanc de
coteau, dans une vallée couverte de jardins et de vergers. —
2 k. A g., sur un piton, ancienne kasba où étaient autrefois
internés les condamnés à vie. — Descente en terrain mouve-
menté. On traverse ensuite un pays plusieurs fois coupé par
des oueds pour escalader l'un des contreforts 0. du Zerhoun
et redescendre dans la vallée de l'oued Khoubane.
22 k. Emplacement de Tocolosida (en arabe : Akbet El Arabi),
sur un plateau situé entre la route de Meknès et la piste des
cavaliers. Sur ce point se trouvait la dernière agglomération
romaine, qui gardait contre les incursions des indigènes non
100 — [24] ENVIRONS DE MEKNÈS.
soumis la grande plaine dominée par Volubilis. « Le sol pré-
sente, sur une certaine étendue, des restes de murailles cons-
truites en pierres de grand appareil; le seuil de quelques édi-
fices est encore visible avec les trous destinés à recevoir les
gonds des portes... Ces ruines ont dù souffrir du voisinage de
la ville arabe (Meknès) et l'on s'explique facilement la dispari-
tion de la plupart des matériaux » (ïissot).
26 k. Passage sur un ponceau de l'oued Khoubane, sur le
flanc droit duquel s'étendent les ruines.
27 k. ^Ruines de Volubilis (en ar. : Oulili; on peut visiter
les fouilles tous les jours; se présenter au bureau de la Direc-
tion, 3^ piste à g. après la porte). Pline l'Ancien, Pomponius
Mêla et Ptolémée sont les seuls auteurs de l'antiquité qui aient
parlé de Volubilis. L'itinéraire d'Antonin la mentionne égale-
ment. C'est à Tissot que revient l'honneur d'avoir identifié
Volubilis à Ksar Pharaoun.
Histoire. — Principale ville de l'intérieur de la Mauritanie Tingitane,
Volubilis dominait la dernière plaine colonisée par les Romains. Elle
était reliée à Tanger, capitale de la province, par une voie qui se con-
tinuait jusqu'au poste de Tocolosida {V. ci-dessus). Elle était administrée
par des duumvirs, et comptait (^es édiles, des décurions, des flamines.
Les fouilles actuelles nous apprennent que, dès le milieu du i*-"" s. de
notre ère, elle était une ville prospère. L'inscription de la plus basse
époque est du début du iv« s.
Déjà Tissot en 1874 et La Martinière en 1888-1890 avaient
étudié Volubilis. Ce dernier explorateur avait notamment
recueilli plus de 60 inscriptions qui demeurent encore aujour-
d'hui la plus belle moisson épigraphique du Maroc, et décrit
un grand nombre de ruines éparses dans la région. En 1915,
des prisonniers allemands travaillèrent à Volubilis. Des ouvriers
marocains les ont remplacés en 1916.
La direction des fouilles a été confiée à M. Louis Châtelain,
ancien membre de l'Ecole française de Rome. Les travaux,
menés avec uiwî impulsion énergique et une méthode rigou-
reuse, ont dégagé l'arc de Caracalla et la basilique, découvert
le Forum, une trentaine d'inscriptions, des rues, des maisons,
des pressoirs. Les deux résultats les plus tangibles sont l'ins-
cription de Marcus Valerius Sevèrus (Eorum) et le chien de
bronze qui est l'une des œuvres les plus vivantes de la statuaire
romaine (musée). Fin 1918, on a même découvert de belles
statues de marbre.
Commencer la visite par le S. du plateau. Aussitôt arrivé au
sommet on distingue : à dr. de la piste d'accès, une voie pavée
mise au jour sur une longueur de 180 m. Sur cette voie se
trouve une huilerie dont on voit encore les encoches qui
supportaient le pressoir, la pierre sur laquelle on écrasait les
olives et deux cuves cimentées d'une conservation parfaite.
Une amphore trouvée à côté de l'une de ces cuves est mainte-
nant au musée.
A hauteur de la basilique, prendre à g. le chemin qui descend
RUINES DE VOLUBILIS. [24] — 191
vers le Forum. On aperçoit alors une portion de voie dallée,
cinq marches et une petite place également dallée. A dr., un
édifice auquel est attenante une piscine — une plate-forme qui
semble avoir été la tribune aux harangues et a été remaniée
(inscription de Septime-Sévère, 196 ap. J. G.) — et, dans le fond,
la basilique (F. ci-dessous). A g., en contre-bas, une ruelle et
trois pièces, probablement des bureaux; derrière ces pièces, une
seconde place d'époque postérieure.
Le Forum, centre de la vie publique de la cité, était orné de
statues dont on a exhumé les bases. La principale, la dernière
à dr., est celle de Marcas Valerius Severus, A la tête d'une
cohorte d^auxiliaires, ce personnage réprima la révolte ourdie
par Edemone, un affranchi de Ptolémée, roi de Mauritanie.
L'empereur Claude, en récompense de ce succès, accorda aux
Volubilitains le droit de cité et plusieurs autres avantages.
La basilique, à laquelle on accède par quatre marches, est
vraisemblablement, comme l'a conjecturé M. de La Martinière,
le « temple aux portiques » élevé l'année 158 de notre ère, sous
Antonin le Pieux, par les fidèles de la maison impériale. Ce
monument se compose d'une grande salle rectangulaire bordée
sur les quatre faces par un portique et terminée, au N. et au S.
par une abside. La basilique, ou palais de justice, était le lieu
de rendez-vous des hommes d'affaires et protégeait aussi les
oisifs du Forum contre les intempéries.
Du portique oriental on observe deux petites absides presque
arasées qui proviennent d'un édifice antérieur, et plus loin, un
mur parallèle à la basilique, entre ce mur et la basilique,
recouvrant les petites absides; les pierres qui formaient le mur
oriental se sont écroulées entre 1721 (dessin du voyageur anglais
Windus) et 1874 (Tissot).
Revenir au Forum et le quitter par l'escalier du N.-E. qui
donne sur la voie N.-E. ou Cardo. Cette voie, découverte en
décembre 1916, relie la basilique et le Forum à l'arc de triomphe
de Caracalla. En la parcourant on rencontre : tout de suite à g.,
un decamanus, ou voie E.-O., qui limite le Forum au N. ; un
peu plus loin et à dr., un second decumanas, qui passe au S.
de la cote 406; enfin, de nouveau à g., un troisième decumanus;
sur cette voie, deux seuils fort bien conservés et, au fond, une
cloaca ou bouche d'égoût, en briques.
Le Cardo, bordé de part et d'autre de maisons ou de bou-
tiques, fait alors un crochet sur la dr., passe entre les piliers
d'un petit arc de triomphe en ruines, longe une fontaine,
reprend sa direction première et aboutit à l'arc de Caracalla.
Entre le dernier decumanus et l'arc de Caracalla se trouve la
maison du Chien dont l'entrée est située sur la place de l'arc
au milieu des boutiques. L'atrium présente un bassin en très
bon état; la plupart des bases de colonnes sont encore en place.
A dr. et à g., pièces d'habitation ; au fond le TabLium, pièce
d'apparat, qui était pavée en mosaïque et décorée de fresques
(Musée).
192 — [24] ENVIRONS DE MEKNÈS.
L'are de triomphe, élevé ea 217 à Garacallaet à Julia Domna
par les soins de Marc Aurèle Sébastène, procurateur impérial,
n'avait pas encore perdu sa voûte en 1721, lors du passage de
Windus; Tissot, en 1874, a retrouvé le monument à peu près
tel qu'il est aujourd'hui, mais enfoui sous un amoncellement
confus de pierres éboulées, de terres rapportées et de ronces.
C'est seulement en novembre 1917 que les abords de l'édifice
ont été déga.gés.
La maison au péristyle, qui est située au N.-E. de l'arc, a été
découverte à l'automne de 1917. Il faut remarquer surtout le
bassin de forme circulaire inscrit dans le péristyle, les colonnes
cannelées, les chapiteaux de trois modèles différents et une
statue en marbre (personnage revêtu de la toge).
Le musée (bâtiiiients de la Direction) est en voie de formation
depuis le commencement de 1916.
L'objet le plus remarquable est le * chien de bronze, découvert en
février 1916 dans la maison située au S.-E. de l'arc de triomphe, pièce
de la plus grande valeur, œuvre originale d'un réalisme saisissant.
La grande amphore en terre cuite a été trouvée à l'huilerie.
On a réparti en deux vitrines les différents objets provenant des
fouilles : fragments de fresques et de mosaïques; stèles de travail indi-
gène; monnaies; fragments d'inscriptions, de lampes, de poteries;
petit groupe en marbre blanc composé de deux mains qui tiennent un
oiseau et lui donnent un fruit à becqueter. Mais l'intérêt principal réside
dans les bronzes : statuette d'Hercule, fragments de statues (basilique et
arc de triomphe), gonds et battants de portes, clef, fléaux de balances,
pendentifs, etc.
Au SORTIR DE Volubilis, on remonte le vallon boisé en haut
duquel le bourg de Moulay Idris apparaît derrière les oliviers,
sur deux sommets émergeant d'une gorge aux flancs abrupts.
Par une forte pente, on atteint Bah Aïn Er BedjaU
30 k. Moulay Idris, ville indigène de 9,000 hab., pittores-
quement étagée sur les deux versants d'un ravin, dans l'un des
sites les plus sauvages du Zerhoun. Cette ville renferme le
sanctuaire et la zaouia de Moulay Idris, le saint le plus vénéré
de tout le JVlaroc, fondateur de la première dynastie arabe
(Tdrisside) qui a régné sur le pays. Le saint est aussi appelé
Moulay Idris El Akbar, « le plus vieux », pour le distinguer de
son fils de même nom fondateur de Fès. Son pèlerinage, qui se
tient à la fm du mois de mai, attire de nombreux visiteurs et
donne lieu à de grandes fêtes.
Histoire. — Moulay Idris Ben Abd Allah Ben El Hassane Ben Ali
était descendant d'Ali, compagnon du Prophète, et de Fatma, fille du
Prophète. Après la bataille de Fekh, où les descendants d'Ali furent
battus par le khalife abbasside El Mansour, Idris s'enfuit au Moghreb
où il fut reçu par le chef de la tribu des Aouaraba qui habilait Ôulili
(Volubilis; 788 ap. J.-C), ch.-l. du Zerhoun, alors entouré de murailles
antiques, de belles terres et de plantations. Aux populations d'alors,
composées de païens, de chrétiens et de juifs, il prêcha le mahomé-
tisme avec succès et fut bientôt reconnu comme souverain. Il mourut
empoisonné en 793 à Oulili, en exécution d'intrigues ourdies par son
ennemi d'Orient, Haroun Er Rachid. Mais son fils posthume, Idris II,
VOLUBILIS. — MOULAY IDRIS. [24] — 193
élevé par le fidèle conseiller Rechid, et instruit dans la religion de son
père, étonna son entourage par sa précoce intelligence; aussi le pro-
clama-t-on dans la mosquée à l'âge de 10 ans (804). Son règne fut
fécond en résultats pour le nouvel empire du Maroc. Son plus grand
titre de gloire est la fondation de Fès (808). Il mourut en 828 et son
corps repose dans la ville qu'il fonda. Le groupe actuel de la zaouïa
date de Moulay Ismaïl, qui lit démolir et réédifier la koubba avec tous
ses ornements en même temps qu'il fit agrandir la cour centrale.
Lorsqu'on arrive en face de Moulay Idris, on aperi^oit deux
quartiers principaux, escaladant deux sommets : à g. Khiber,
que couronne une grande construction sur des rochers à pic; à
dr., Tasga, couvrant tout un mamelon et ses pentes. La zaouïa
est située dans l'intervalle au fond du col.
On se rendra d'abord à Aïn Khiber, en amont du premier
village, à côté de la place du moussem (marché le samedi), où
arrive la canalisation d'eau d'Ain Ghanech captée à quelques
k. en amont et que domine la msalla, lieu de prières publiques
disposé sur la crête d'une zone de bancs naturels de pierre.
De ce point, on pourra se rendre à 1 k. env. en amont dans la gorge
d'Ain El Hamma dont l'eau chaude et sulfureuse s'écoule dans un site
remarquable. La source fut autrefois captée par les Romains : les restes
d'une piscine semi-circulaire sont encore visibles.
Pour redescendre, on pénétrera à Khiber par Bab Djedid
(curieuse fontaine à dr.) qui mène à Sidi Abd Allah El Hajjame
et à une école coranique (fragments de colonnes de marbre dans
les murs). Un petit passage conduit sur une terrasse voisine
d'où Ton a une *vue splendide sur les toits verts de Moulay Idris,
de Tasga, la vallée et la montagne.
De la terrasse de Sidi Abd Allah El Hajjame, on peut gagner
la zaouïa (entrée interdite) par un chemin malaisé, puis les deux
souks séparés par une porte monumentale et enfin la porte
d'entrée d'Ain Er Redjal.
Environs. — Moulay Idris peut servir de point de départ à de très
belles excursions de 1 ou 2 j. dans le massif du Zerhoun; s'informer des
itinéraires au bureau des Renseignements de Meknès.
Avec son relief d'assises jurassiques reposant sur les calcaires du lias,
le Zerhoun, compris entre la plaine du Sais au S., le col de Seggota
et le Sebou au N., a des sommets qui atteignent 1,000 m. d'alt. Pitto-
resque par ses falaises abruptes, ses défilés sauvages inaccessibles aux
invasions dévastatrices, il a conservé de très vieux bois d'oliviers
(212,000 pieds), des vergers de poiriers et de pommiers (331,000), de
citronniers (18,000) et des vignes, cultures arbustives les plus belles et
les plus étendues du Maroc. Cinq à six villages se partagent sa popula-
tion plus ou moins islamisée, de langue berbère, d'origine rifaine sur le
versant N., d'origine Senhadja et entièrement arabisée sur le versant S.
2° Agouraï.
29 k. S. — Piste à profil légèrement accidenté, autocyclable par temps
sec.
On sort de Meknès par Bab Sidi Labdine et, après quelques
lacets, on se dirige directement vers le S. en recoupant les
MAROC.
194 — [24] ENVIRONS DE MEKNÈS.
enceintes extérieures de la ville. La piste traverse ensuite la
voie du ch. de fer militaire.
6 k. 5. A g., on aperçoit la vieille kasba Gueddara et, à dr., le
village de Toulal (p. 189). — On s'engage dans la plaine fertile,
tantôt sableuse, tantôt argileuse, où le palmier nain croît en
abondance.
14 k. Aïn Foiiarat, source et bouquet de verdure.
En cours de route, on passe à proximité de douars apparte-
nant aux tribus Guerouane, de langue berbère, dont le nom
apparaît dans les annales marocaines vers le milieu du règne
de Moulay Ismaïl (1690). Elles venaient du Tafîlalet et peuplèrent
la région au temps de Moulay Abd Allah (1725).
17 k. Sidi Abd Es Salam, sur l'oued Djebala. — 22 k. ^. Sidi
Amor. — 23 k. 5. Aïn Loula.
29 k. Agouraï (ethn. Gourari), ancienne kasba ceinte de
hauts murs bastionnés, peuplée de 800 hab., entourée de ver-
gers, d'oliviers et de jardins. Un poste militaire et un établis-
sement de remonte à 800 m. d'alt. la dominent. Sur la pente,
entre le poste et la kasba, s'élève dans un cimetière la koubba
de Sidi Saïd.
Histoire. — Les habitants de la kasba descendent, dit-on, d'esclaves
chrétiens. Quelques gouraris se réclament encore d'origines européennes.
La race en est d'ailleurs déchue. Le poste militaire fut créé en 1911; il
surveille au S. une région très mouvementée, limite actuelle de la
dissidence et autrefois occupée par les tribus Zaïane, Boni Mguild et
Beni Mtir.
D'AGOURAI A EL HAJEB (22 k. E.; piste muletière). — 10 k. Aïn Marouf,
jolie source. — 22 k. El Hajeb (F. ci-dessous, 3").
3** Ito, Azrou et Tîmhadit,
Autocyclisme : 53 k. 5, 66 k. et 100 k. — Route spécialement aménagée
pour les autos, praticable par temps sec ; ch. de fer à l'étude. Cette
excursion, très recommandée, donne un aperçu de la topographie tour-
mentée du Moyen Atlas et des forêts de la région ; elle pourra se
combiner prochainement avec le trajet Fès-Almis pour le circuit
Meknès-Timhadit-Sefrou-Fès (autorisation nécessaire de la Subdivi-
sion) et pour la jonction de Meknès au Tafilalet par la Haute Moulouya
et Rich (p. 197 et 285).
Sortant.de Meknès par la porte de Fès, on remonte, à proxi-
mité de la gare, la vallée de l'oued Bou Fekrane. — 13 Kasba
Bou Fekrane, construite vers 1734 sous le règne de Moulay
Ismaïl par des esclaves chrétiens. Le plateau, fertile, est couvert
d'une abondante végétation de palmier nain.
31 k. El Hajeb, petit village et poste militaire au flanc d'une
falaise rocheuse, ch.-l. de l'annexe des Beni Mtir. La kasba,
lourde enceinte quadrangulaire, daterait de Moulay El Hassane
(xix"^ s.). Des grottes habitées existent en contre-bas.
Histoire. — Les Beiii Mtir, qui auraient pour ancêtres les berbères
Masmouda, forment une confédération d'environ 3,500 tentes, sur qui
AGOURAÏ. — ITO. — AIN LEUH. [24] — 195
l'autorité des émirs marocains a toujours été momentanée et précaire.
Elle campe sur les territoires actuels depuis le commencement du xiv» s.
Notre prise de contact avec cette tribu remonte au 28 juin 1911, date de
l'occupation de la kasba par les colonnes Gouraud et Brulard et de la
création du poste qui fut plusieurs fois assailli depuis. Les Beni Mtir
ont été définitivement réduits par la colonne Henrys (1913).
D'El Hajeb, une piste muletière conduit à (6Ô k.) Fès par (19 k.) Kasba
Arroub et (44 k.) Ain Cheggag.
D'El Hajeb a Agouraï (p. 194).
Après la montée en lacets de la falaise d'El Hajeb, la route
des autos se développe sur un plateau rocheux où transhument
en hiver les troupeaux des Beni Mguild et en été ceux des Beni
Mtir. — 43 k. Plaine de Sidi Aissa des Ahel Frass,
A la hauteur de Sidi Aïssa, une piste, évitant la forêt de Djaba ( V. ci-
après), conduit à (18 k. S.-E.) Ifrane, poste créé en juin 1913 sur la rive
dr. de l'oued Ifrane et à 3 k. en aval de la kasba.
La vue est très belle à l'O. avant d'arriver à Ito.
53 k. 5. Ito, poste militaire créé en juin 1913 par le colonel
Claudel, à 1 k. E. de Dar Kaid Ould Ito, à 1,400 m. d'alt. sur
le bord 0. du plateau. De la terrasse du cercle militaire, on a
une *vue magnifique au S. sur un cirque grandiose de 200 k.,
la vallée du Tigrigra, affluent de l'oued Beht, au delà de laquelle
s'élèvent les montagnes de Khenifra(p. 162) et la table de Mrirt
{V. ci-dessous).
La vallée du Tigrigra est extrêmement fertile. Le blé y pousse dru.
C'est le grenier des Beni Mguild (p. 196). La rivière, aux eaux vives où
se pêche la truite, permet en tout temps l'irrigation des terres. Do très
belles forêts, à l'E. et au S., lui font une magnifique parure.
A l"E. d'Ito s'étend, à une altitude de 1,450 m., lu forêt de
Djaba, peuplée de chêne vert et de chêne zéen, beaux arbres à
feuilles caduques; vers la vallée de l'oued Ifrane (F. ci-dessus),
le chêne se mêle au frêne et à l'érable. Cette forêt fut incendiée
jadis par ordre de Moulay Ismail.
D'ITO A MRIRT (66 k. S.-O. ; piste établie dans une région difficile du
Moyen Atlas). — 3 k. Descente assez forte pour arriver dans la plaine du
Tigrigra ( V. ci-dessus). — 6 k. Bifurcation : prendre à g. — 14 k. Pont
en bois sur l'oued Tigrigra — 15 k. Kasba Youssef Ben Berri et ren-
contre de la piste d'Aïn Leuh à Azrou. — Aîn Leuh (aub.), poste créé
en 1916 et village de 500 "hab., centre d'exploitation des forêts. — La
piste est presque constamment à flanc de coteau et décrit de nombreux
lacets. — 39 k. Tizi N Zaka; pentes assez rapides. L'oued Ifrane est
franchi sur une passerelle. — 49 k. Lias, poste militaire créé en 1916. —
57 k. Tanoualt. — 66 k. Mrirt, poste militaire créé en 1914 sur le plateau
de même nom.
58 k. Bifurcation à dr, vers les postes militaires du S.-O. et
descente assez raide dans la vallée du Tigrira occupée par les
Beni Mguild.
62 k. 5. Bifurcation sur Azrou.
196 — [24] ENVIRONS DE MEKNÈS.
66 k. Azrou (en berbère : le « rocher », village de 175 mai-
sons basses à toits plats au fond d'un vallon vert et poste
militaire créé en 1914, au pied d'une ramification du Moyen
Atlas, à 1,200 m. d'alt. Marché les lundi et jeudi. Jardins à
l'extérieur.
La kasha, construite par Moulay Ismail vers 1684, se com-
pose d'une enceinte rectangulaire d'environ 250 m. sur 150,
flanquée de tours carrées. Elle abrite la mosquée et la maison
du caïd.
Azrou est l'un de nos centres d'action sur l'importante tribu des
Beni Mguild, probablement d'origine Sanhadja, qui porta au pouvoir
la dynastie almoravide. Cette confédération berbère, qui comprend
800 tentes, s'étend du S. de Meknès à travers le Moyen Atlas jusqu'à
la Haute Moulouya, utilisant en été les pâturages de la montagne, en
hiver les terres du Tigrigra, du Guigo et de la Haute Moulouya où elle
a ses cultures.
D'Azrou, on revient sur ses pas (3 k. 5) pour reprendre la
route d'Oulmès (69 k. 5; p. 178) qu'on atteint en remontant la
vallée de Tigrigra. — 70 k. 5. La route escalade la montagne et
traverse un rideau de forêts.
« On trouve tout d'abord, à partir de 1,500 m. d'alt., une
superbe futaie de chênes verts, très dense, parfois presque
impénétrable, dont les arbres ont de 2 à 3 m. de tour et 30 m.
de hauteur. Puis apparaît le chêne zéen, par larges bandes en
mélange avec le chêne vert et quelques cèdres. Aux environs
de 1,700 m.\ le cèdre devient de plus en plus abondant et finit
par constituer à lui seul la forêt aux grandes altitudes. Telles
sont les forêts de Rabah EL Behar et de Bou Jerir. A partir de
2,000 m., on est en pleine forêt de cèdre » (Aug. Bernard).
Le cèdre de l'Atlas {cedt^s atlantica) est une variété du cèdre du Liban.
Arbre de première grandeur, il peut s'élever à 40 m. de hauteur et avoir
9 m. de circonférence. Sa croissance est lente, mais sa longévité atteint
plusieurs siècles. Suivant son âge, il a des aspects si différents qu'on
croirait être en présence d'essences variées. Son bois clair, résineux et
odorant, est employé comme bois de charpente et d'ébénisterie; peu
résistant, on est dans l'obligation de l'employer en masses assez impor-
tantes lorsqu'il doit supporter des charges. Les forets de la région ont
été longtemps saccagées par une exploitation barbare qui consiste à
brûleries troncs d'arbres pour les abattre. Depuis 1916, elles sont l'objet
d'une exploitation raisonnée.
Au sortir du premier rideau de forêts, la route s'avance dans,:
une région volcanique parsemée de cratères éteints hauts de
100 à 150 m. et de lacs de montagne, dits aguelmane, aux
bords et au fond de lave; ils se remplissent d'eau en hiver et
se vident en été. — La forêt de pur cèdre de Tichmout s'étend
au S.-E.
90 k. Aguelmane de Sidi Ali. On descend dans la vallée du
Guigou, affluent du Sebou.
100 k. Timhadit, poste avancé sur le front berbère, créé
en 1915 sur un pic abrupt s'élevant à 300 m. au centre d'une
AZROU. — TIMHADIT. [24] — 197
vaste cuvette et situé à 1,900 m. d'alt. sur la rive dr. du Guigo,
dont un cordon de lauriers marque le cours sinueux.
DE TIMHADIT A ALMIS (31 k. N.-E.; bonne route autocyclable). — Pont
sur le Guigo dont on suit la vallée. Les rives de l'oued, sauvages, sont
formées d'énormes blocs de lave. — 10 k. Kasha d'Ahlil, fondée en 1685
par Moulay Ismaïl, avoisinant un cimetière dont les tombes sont mar-
quées par des sarcophages. — 15 k. Limite des Beni Mguild et des Aït
Youssi. — 22 k. Gué sur le Guigou dont on suit la rive g. — 23 k.
Kasba d'Aït Hamza, marché important.
31 k. Almis, kasba avec poste militaire installé à l'intérieur depuis 1915,
en face du Djebel Boulaknine. De ce point, on découvre au N.-E.
Taghzout, les monts des Aït yeghrouchcne et des Beni Ouaraïne.
D'Almis à Sefrou et à Kasbat El Makhzen, p. 231.
DE TIMHADIT A BEKRIT (26 k. S.-O. ; piste aménagée, autocyclable en
été). — On franchit le col de Tizi N Foucht par une pente très douce
et assez courte pour passer dans la plaine marécageuse de Tasemmaght
et arriver à (12 k.j Tizi N Lafit, qu'on traverse pendant 5 k. On descend
ensuite rapidement jusqu'à l'oued Amengous qu'on traverse à gué et,
qu'on suit pour passer dans la gorge encaissée du Ras Tercha et tra-
verser la riche plaine de Bekrit. — 26 k. Bekrit^ poste militaire situé,
à env. 2,000 m., sur le piton de Tichchout Taberchant, d'où la vue s'étend
à rO. sur une magnifique région forestière.
DE TIMHADIT A RICH (174 k. env. S.-E.; piste autocyclable, sauf à la
période des neiges, pendant laquelle les communications sont inter-
rompues). Au départ de Timhadit, passage de Toued Guigo. — 12 k.
Passage très encaissé à Imi N Kheneg, dans lequel coule l'oued Guigo. La
piste est ensuite en terrain plat et traverse les p'iaines de Bou Anguer
et de Selghert.
26 k. Aghbalou Larbi, point d'eau. La piste franchit d'abord le col
très boisé de Taghzeft, puis traverse une plaine et passe dans le col
de Laraïs.
38 k. Laraïs, source abondante à proximité de deux pitons jumeaux.
Le ksar de Talialit est tout proche.
41 k. Tamayoust. De Tamayoust, une piste en plaine sablonneuse se
détache à dr., passe à (10 k.) Bled AU Bassou, agglomération de kasbas
alimentées par une source, puis atteint (21 k.) Itzer, poste militaire
créé' en 1917 auprès d'un village indigène de plus de 1,500 hab., centre
du plus important marché de la région.
49 k. Gai'a Timiloust. — 56 k. Aït Ghiat, d'où une piste, passant à
Assaka N Idji, gué sur la Moulouya, raccourcit le trajet de Timhadit à
Rich d'environ 16 k.
58 k. Assaka N Tehahirt, camp sur la rive g. de la Moulouya. La
traversée de l'oued se lait à gué (pont en construction). — 72k. Traversée
de l'oued Ansegmir (pont en construction) près des ksour de Toughecht.
91 k. Midelt, poste militaire créé en 1917 au centre de l'importante
agglomération d'Outat Aït Izdeg; ch.-l. du Cercle de la Haute-Moulouya.
La piste traverse d'abord des terrains de culture détrempés par les
canaux d'irrigation, puis un pays accidenté, enfin une plaine monotone
où croissent en abondance le thym et l'alfa.
105 k. Zebzat, ensemble de ksour abondamment pourvus d'eau.
121 k. Tizi N Telghemt.
De Tizi N Telghemt a Kasbat El Makhzen (40 k. N.-E. ; piste amé-
nagée). — La piste traverse le lit de plusieurs oueds puis s'engage
dans la vallée du torrent Aftis. — 17 k. Plateau d'Aftis. — 25 k. Bou
\Aïach, ksar construit au N.-E. et au bord d'une merdja très humide,
sillonnée de ruisselets et de séguias, entouré de jardins et de bouquets
198 - [25]
DE MEKNÈS A FÈS.
de peupliers de Hollande. — 32 k. Ain Trid, ksar pourvu de jardins, do
vergers et de cultures. — 40 k. Kasbat El Nakhzen, grosse agglomé-
ration de bordjs et centre religieux avec mellah. Nombreux jardins aux
environs. Les chérifs de la région appartiennent à deux rameaux de la
famille alaouite, celui des Ouled Moulay Hachem et celui des Ouled
Moulay Ali. Jadis indépendants du sultan*i ils se sont soumis à lui en 18" 7
(de Foucauld). — De Kasbat El Makhzen à Mahiridja, p. 566; à Debdou
p. 265; à Almis et à Sefrou, p. 231.
139 k. Bou Isseroual.
143 k. xYzala, bordj à murs élevés flanqué de 8 tours, se dressant sur
une éminence rocheuse, au bord et sur la rive dr. de l'oued Nzala. A
•200 m. du bordj et sur la rive g. de l'oued, ksar Ait Lebbou. On entre
dans une résrion d'alfa. — 145 k. Aït Kerou, petit ksar des Ait Izdeg.
La piste s engage dans le Kheneg Abbarat en suivant l'oued Nzala. —
146 k. Ksar Ait Labbas, situé à la sortie du défilé. — 155 k. Ain Chrob
Ou Hreb, source. — 163 k. Point d'eau dans l'oued Tighanimine. —
169 k. Traversée de l'oued Tighanimine.
171 k. Rich, p. 285. — De Rich à Bou Denib, p. 285.
65 k., ch. de fer militaire. Trajet en 2 h. 15 par l'automotrice, en 4 h. 20
par les trains de voyageurs, 19 fr. 50 et 9 fr. 75.
La voie ferrée traverse l'oliveraie d'El Hamria (p. 188), puis
franchit les dernières enceintes à TE. de la ville, laissant à
dr. les hangars d'aviation pour s'avancer dans la plaine bien
cultivée. Elle descend d'une manière à peu près constante en
contournant les ravins successifs des oueds Ouislane et Zifer,
affluents de l'oued Rdom. A g. se dresse l'imposant massif du
Zerhoun (p. 193).
23 k. Oued Djedida, gare auprès d'une excellente source. La
ligne passe aussitôt après sur un pont métallique; plus loin,
elle franchit, dans un site pittoresque, l'oued Mahdouma, dont
les eaux vont au Sebou par l'oued Mikkès.
36 k. Aîn Chkef, à l'entrée de la plaine du Sais.
La plaine du Sais, ^ du palefrenier », comprend des cantons d'inégale
fertilité, tantôt irrigables, tantôt dépourvus d'eau. L'histoire rapporte
qu'elle comptait autrefois plusieurs villes et châteaux berbères dont il ne
reste plus de trace depuis longtemps. C'est la plaine du Saïs qu'explora
Ome'ir lorsque Idris II manifesta le désir de quitter sa résidence d Oulili
pour fonder une ville nouvelle destinée à devenir la capitale do ses
Etats.
44 k. Pont marocain, à g., utilisé par la route, construit, dit-
on, par un ancien oflîcier français qui passa autrefois au ser-
vice d'un sultan du Maroc et fit exécuter plusieurs travaux de
ce genre dans la région de Fès. — 45 k. Oued Nja, gare.
57 k. Nzala Faradji, station auprès d'un village indigène
construit en terre séchée et couvert de chaume, créé sous Sidi-
25. — DE MEKNÈS A FÈS
A. —
Par LE CHEMIN DE FER.
KASBAT EL MAKHZEN,
— F ES, [26] — 199
Mohammed par le caïd nègre Faradji, alors gouverneur de Fès
Djedid, pour protéger les caravanes pendant la nuit. La région
est très fertile. Les montagnes qui dominent le pays au N.-E.
sont le Taghat « la chèvre » (p. 228, 4*^) et le Zalagh « le bouc »
(p. 227, 2''). Au fond de la plaine s'étend du N. au S. la ligne
des remparts de Fès. L'oued Fès, qui prend sa source tout près
dans la plaine, à Ras El Ma (p. 228, 5'') coule à dr. On le tra-
verse bientôt (59 k.) pour se diriger sur le massif de verdure
de Dar Debibagh, où se trouve la gare de Fès. — Sur une
croupe, entre Dar Debibagh et la ville, s'étalent les construc-
tions récentes du camp de Dar Mahrès.
65 k. Fès (V, ci-dessous).
B. — Par la route.
61 k. — Excellente route principale 5 en terrain plat; 2 serv. auto-
mobiles quotidiens en 2 h. ; dép. à 8 h. et à 14 h. ; 20 fr. — La route suit
de très près la ligne du ch. de fer militaire.
Pour la description de la route, se reporter ci-dessus, A. —
47 k. A g., Douïat, groupe d'étangs. — 50 k. La route de Petit-
jean à Fès rejoint celle de Meknès à Fès. Au S., on devine
dans la plaine la kasba de Ras El Ma (p; 228, 5°).
59 k. Ferme Expérimentale , à 100 m. à g. (p. 226). — 59 k. 5. Rond-
point, d'où une route part perpendiculairement au S. sur Dar
Debibagh et le Mellah. Le Dar El Makhzen et les jardins sont à
dr. — 60 k. Entrée en ville par Rab Segma (p. 222, VIII).
61 k. Fès, place Porte-Neuve de Rou Jeloud (p. 205).
26. — FÈS
Emploi du temps. — On peut faire des séjours très prolongés à Fès
sans que l'intérêt faiblisse un seul instant. Le voyageur qui ne disposera
que d'une journée passera rapidement à Fès Djedid où il verra le mellah
(p. 221), contournera le Dar El Makhzen (p. 220) et Bou Jeloud (p. 219) ; il
visitera dans Fès El Bali, les souks et la kisaria (p. 209) fera le tour du
sanctuaire de Moulay Idris (p. 213), de la grande mosquée de Karouiine
(p. 210), entrera au fondouk Nejjarine (p. 213), dans une médersa mérinide
soit à la médersa Bou Anania (p. 206) soit à la médersa Attarine (p. 210).
Une heure ou deux seront consacrées à la promenade, en auto ou voi-
ture, du tour de Fès (p. 222), qui se développe en belle route et d'où l'on
jouit, sur les agglomérations différentes qui forment la capitale maro-
caine, de sites pittoresques, variés et grandioses. Le programme de deux
ou trois jours ne différera du précédent que par un plus long temps à
consacrer aux divers sujets de visite.
L'accès des voitures et des automobiles est interdit, et impossible
d'ailleurs, dans Fès El Bali. Les excursions à l'intérieur de la vieille
ville se feront donc à pied, ou encore à cheval ou à mule. Pour ces
deux derniers modes de transport, s'adresser aux hôtels ou aux Services
municipaux.
Pour gagner du temps, on fera bien de prendre, comme guides, de
jeunes indigènes commençant à parier le français, à la condition de
200 — [26]
FÈS.
leur dicter l'itinéraire que l'on veut suivre ; des rétributions très modiques
seront suffisantes (1 fr. par demi-journée).
FÈS (etha. : /dsi), capitale du Nord, est située au cœur du
Maroc septentrional, sur l'oued Fès et non loin de son confluent
avec l'oued Sebou, à 350 m. environ d'alt., à l'intersection de
la grande route impériale qui traverse le Maroc d'E. en 0,
mettant en relations Oudjda et toute l'Algérie-Tunisie avec
Rabat-Salé et la côte atlantique, et de la grande voie N.-S. des
caravanes qui allaient entre Tanger et le Sahara par le Gharb,
le Haut et le Moyen Atlas. Fès est la résidence du khalifa du
sultan lorsque le sultan est absent et le siège du commande-
ment d'une subdivision, peuplée de 317,000 hab., et comprend
un certain nombre de cercles et territoires dont plusieurs
constituent de véritables marches organisées à la limite de
tribus insoumises.
Fès, par sa situation et son importance historique, autant que
par le chiffre et la richesse de sa population, peut être consi-
dérée comme le véritable centre religieux, politique et écono-
mique de l'Empire chérifien.
Sa population est de 105,855 hab., dont 10,000 Israélites can-
tonnés au mellah. La colonie européenne compte actuellement
140 hab., dont 800 Français et 300 Espagnols.
Fès est divisée en deux villes principales : Fès El Bali, « Fès
le vieux », et Fès Djedid, « le nouveau », auxquelles s'ajoutent
deux grands faubourgs : Dar Mahrès et Dar Debibagh; le tout
formant une chaîne d'agglomérations orientée d'E. en 0. et
s'étendant, avec des solutions de continuité, sur une longueur
de 6 k.
Fès El Bali, la ville la plus ancienne, occupe le fond et les
pentes d'une partie de la vallée de l'oued Fès, très resserrée et
très inclinée sur ce point. Les rues étroites et tortueuses y
forment un réseau parfois inextricable. Les souks en sont
nombreux et animés, notamment à la kisaria avoisinant le
sanctuaire de Moulay Idris. Peuplée de citadins maures, arti-
sans très habiles, marchands avis^, négociants avertis, lettrés
musulmans réputés et étudiants assidus, elle est la ville noble
par excellence.
Fès Djedid s'étend sur un plateau qui domine Fès El Bali à
rO. ; elie e^ surtout habitée par des nègres, des journaliers,
des mokhazenis et des gens du guich; aussi a-t-elle plutôt
l'apparence d'une ville bédouine. Elle comprend encore le Dar
El Makhzen ou palais du Sultan avec ses jardins, ainsi que
le mellah où habitent les Juifs et quelques commerçants
européens.
Dar Mahrès est un quartier neuf de casernes. Dar Debibagh,
plus ancien, a abrité les premières troupes françaises qui, à
partir de 1911, sont venues séjourner à Fès.
L'emplacement de la ville nouvelle est situé entre l'oued Fès
au N., les camps de Dar Debibagh et Dar Mahrès au S., les
jardins d'Ain Khemis et l'Agued*! à l'E. La gare du chemin
i FÈS EL BAL!
W être s
Porte Neuve Medersa
deBouJeloud Stdl ^Bou Atianja^ b DarMenebhi
^ lezzaz /2u.e ^ :
^~ — - — . Mosquee-sîL 1 ,
Djema.- Abou El Hàssene^^^ • u^die-
^"Kâsba Bou Jeloud f.
Dar_B.atha^ El
' Cercle
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Mosquée du Siaj
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■ ' ' Services renseignem*? ^
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•^i^Medersa Attarine <5
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Mesbah^ Karpunne
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VPrifcn
Civile Médersa
ée Cherrafine /pontdeSid'i
£1 Moupoun *^
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*\ JV, . r> Médersa
Iront du Rsif Sahrij
Mosquée
desAndalous
S'Abd OKader
El Pasi^
M o k h f i c
' ' SiAli Bou Ghaleb ^ * m *
fètpuh
FÈS,
[26] - 201
de fer militaire en est le noyau actuel. Son lotissement com-
porte un secteur industriel et un secteur affecté à l'habitation
et au commerce, tous deux au voisinage de la gare; puis un
secteur de villas, plus à l'E., dans le jardin d'Ain Khemis qui
est planté d'oliviers. La gare du Tanger-Fès se trouvera à
environ 1 k. au N. de la gare actuelle.
Gare : — de Dar Debibagh, à la
ville nouvelle, à 2 k. O. de Fès
Djedid et à 4 k. de Fès El Bail.
Omnibus : — des hôtels de Fès El
Bail seulement, à la gare.
Hôtels : — A LA Gare : Terminus
(Chevaleyre ; 32 ch. ; cuisine bour-
«•eoise).
A FÈS El Bali:— fieZ^euwe(Pl.a A4),
en dehors de Bab El Hadid, près de
l'hôpital Auvert (12 ch., 8; rep. 1,
4, V. n. c; pens. 15, pet. déj. non
compris; omnibus); Grand Hôtel
(Pl. b A2),r.Tariana Kebira, 27 (12 ch.
à 1 et 2 lits, de 5 à 10 ; rep. 0.75, 4,
v. c. ; arrangements pour séjours
prolongés; jardin, chambre noire,
piano ; écurie); de France[Y*\. c A3)
r. Bd.-Douh (21 ch. de 5 à 8 ; rep., 1, 4
V. c; pens., ch. et rep. 15; pens
mensuelle 180 fr., v. c, sans la
chambre; jardin; voit, à la gare).
A Fî:s Djedid : — de Zî/on, Derb
Ali Chérif (18 ch. de 3 à 6; pet.
déj. 0.60 à 1, 3.50, v. c. ; pens. jour-
nalière pour les repas, 5; pet. jar-
din, chambre noire, bains); Maroc-
Hôtel, pl. du Commerce (6 ch. 5,
6 et 7 ; rep. 1 et 4, v. n. c; pens.
mensuelle pour les repas, 150, v.
n. c.) ; de Paris (Mme Reyboubet),
meublé, r, Djama El Hamra (10 ch.
de 4 à 6; pet. déj. 0.75 à 1.25);
de la R ésidence (de Caprara) , Grande-
Rue (8 ch. de 5 à 6 pour une pers.,
8 fr. pour 2 pers. augmentation de
2 fr. pour les voyageurs ne prenant
pas leurs repas à l'hôtel; rep. 1 et
3.50, V. c).
Cafés : — dans la plupart des
hôtels et au mellah, Grande-Rue
et pl. du Commerce.
Bains maures : — au mellah,
Grande-Rue, pour européens; d'au-
tres sont disséminés dans toute la
ville, mais peu recommandables :
0 fr. 30 ; en location pour le soir 5 fr.
Postes : — bureaux français au
mellah, Grande-Rue ; à Fès Él Bali :
Zenka El Guebbas (central) et à
Ras Cherratine (Medina) ; — bu-
reaux anglais, à Fès El Bali, Ket-
tanine.
Banques : — d'Etat du Maroc, à
Fès El Bali ; Compagnie algérienne,
à Fès El Bali, Ras Cherratine ;
Crédit Foncier d'Algérie et de
Tunisie, à Fès El Bali, Kettanîne
et à Fès Djedid ; Banque Algéro-
Tunisienne (correspondant de la
Banque d'Algérie), à Fès El Bali,
Zerbtana, au Dar Ben Daoud ; West
Africa, à Fès El Bali, Ras Cher-
ratine.
Voitures de place : — stations :
pl. du Commerce et Porte-Neuve de
Bou Jeloud. — Tarif applicable
dans le périmètre de Dar Mahrès,
Dar Debibagh, rond-point de la
route de Meknès, Bab Segma,
Porte Neuve de Bou Jeloud, Bab El
Hadid, Bab Djedid : la course,
2 fr. 50 le j., 3 fr. 50 la nuit;
l'heure, 4 fr.*50 le j., 6 fr. la nuit;
la journée de 12 h., 40 fr.
Services d'omnibus à chevaux
(peu confortables) : — du mellah,
pl. du Commerce, à Dar Debibagh ;
du mellah, pl. du Commerce, à Dar
Mahrès, 0 fr. 80 la place ; bagages
0 fr. 25 par colis de 25 kilog. ;
0 fr. 75 par colis de 50 kilog; de
Porte Neuve de Bou Jeloud à Bab
Dekakene, 0 fr. 25 la place.
Services automobiles : — 2 serv.
quotidiens en 2 h. 30 pour Meknès,
dép. à 8 h. et à 14 h., 2U fr. la place ;
serv. automobile irrégulier pour
2'aza (s'informer pl. du Commerce),
100 fr., et 2 serv. réguliers d'auto-
camions Mazères en 12 h., 45 fr. ;
serv. automobile irrégulier pour
Tanger en 1 jour : 250 fr.
Mulets de louage sellés —
s'adresser aux hôtels ou mieux aux
Services Municipaux ; 5 fr. la demi-
journée.
Garages : — Mazères, à Dar
Debibagh, camionnage automobile
pour toute la région ; Cibrie, ca-
mionnage automobile pour la ville ;
Château et Jégo, automobiles Ford,
202 — [26]
FÈS
pièces de rechange; Garcia, à Dar
Debibagh; Mustapha, Fès Dje-
did.
Librairie-Papeterie et cartes pos-
tales : — magasins sis Grande-
Rue de Fès Djedid.
Journaux : — de France, de
Rabat et de Casablanca : au
mellah, Grande-Rue ; — de Fès :
Akhbar Télégraphia, texte arabe,
aux Services Municipaux, Fès El
Bali, rue Ed Douh.
Tabacs et cigares : — bureaux
nombreux dans toute la ville (en-
seignes bleues); on trouvera sur-
tout des cigares au mellah.
Cinémas : — Ciné-Théâtre-Va-
riétés (Gagnardot-Darsay), pl. du
Commerce, au mellah ; Garcia,
Laf argue, à Dar Debibagh ; Vic-
toria (Cortès), à Fès El Bali, Zekak
El Hajer.
Cercles militaires : — l"" du Ba-
tha, r. Ed Douh, à Fès El Bali; 2«
à Dar Mahrès (camp).
Administrations : — Résidence, au
Dar El Beïda, Bou Jeloud ; Subdi-
vision (Région de Fès), au Dar Tazi,
r. Sidi El^Khiyat; Services Muni-
cipaux de Fès- Ville, r. Ed Douh ;
Cercle de Fès, r. Sidi El Khiyat;
Trésor et Postes aux Armées, à Dar
Debibagh (kasba).
Consulats : — Angleterre, r. Sidi
El Khiyat ; Espagne, Derb er Roum.
Spécialités : — broderies de soie
au petit point; broderies d'or et
d'argent; tapis et couvertures ber-
bères ; tissus de soie e^ rf'or(khamias,
ceintures et abrouks), au souk du
Morktane ; poteries blancJies et
émaillées, au souk des
cuivres ciselés, au souk des SefFarine
et au horm de Moulay Idris ; reliu-
res artistiques, aji souk des Seffa-
rine ; babouches simples et ornées ;
sacs en cuir décoré; etc.
Fêtes et spectacles locaux : — On
peut voir, chaque jour, des conteurs
et baladins à Bab Dekakene, de 16 à
18 h. ; un conteur arabe et ses audi-
teurs groupés sur un amphithéâtre
naturel, à l'extérieur de Bob
Guissa, de 16 h. à 18 h. — Tous les
lundis et jeudis matin, de 7 à 10 h.,
marché très curieux entre Bab
Mahrouk et la Kasba des Cherarda.
— Tous les vendredis après-midi,
visite du cimetière de Bab Fetouh
par des femmes musulmanes.
Dans le cours de Tannée ont lieu
les fêtes suivantes : fête du sultan
des To/ôa (étudiants), seconde quin-
zaine d'avril, qui se développe
à Fès' même et dans les envi-
rons immédiats; Moussem de Sidi
Ahmed El Bernoussi, au Lemta,
11 k. N. de Fès, en mai; Moussem
de Moulay Yakoub, 25 k. N.-O. de
Fès, en mai; Moussem de Sidi Ali
Bou Ghaleb, au cimetière de Bab
Fetouh, au moment du dépiquage
des céréales ; Moussem de Moulay
Idris El Azhar, manifestation en
ville, en septembre ; Moussem de
Sidi Mohamed Ben Aïssa, quinze
jours avant le Mouloud, en décem-
bre; Aïd El Kebir, ou fête du
mouton (le sultan ou à défaut, son
khalifa, se rend en grande pompe
à la msalla); El Arafa, 27<= nuit du
mois du Ramadham, illumination à
la grande mosquée Karouiine.
potiers ;
Histoire. — On ne sait rien encore de Fès antique, mais il est probable
que des recherches ultérieures donneront quelques éclaircissements sur
la période anté-islamique : la ville est en eifet entourée de tombeaux
encore inexplorés, dont l'existence parait assez ancienne. D'après les
chroniqueurs islamiques, la fondation de Fès est due à Moulay idris II,
fils d'Idris I", descendant d'Ali, gendre du Prophète, et chef do la
célèbre dynastie des Idrissides ; elle remonte à Tannée 808 (19-2 de l'Hégire).
Idris II a son tombeau au centre de la medina, dans la koubba qui porte
son nom (Moulay Idris); sa « baraka » protège la ville fortunée et son
nom est glorifié" dans les mille actes de la vie où le fidèle évoque la
puissance dos saints et appelle leur bénédiction.
La première agglomération musulmane se composait de deux groupe-
ments distincts : Adouat El Karouiine, fondée en 808, peuplée surtout
d'arabes dont 3,000 familles originaires de Kairouan, et Adouat El Anda-
lous, fondée en 809, où se fixèrent en majeure partie des berbères
auxquels on adioignit 8,000 familles expulsées d'Espagne par El Hakem
FÈS,
[26] —-203
Ben Hicham : le premier, sur la rive g. de l'oued Fès, le second sur la
rive dr. Chacun de ces groupements vécut longtemps de sa vie propre
avec ses mosquées, ses souks et ses bazars particuliers.
Sous les princes de la dynastie zénète, qui succédèrent aux Idrissides
à la fin du x« s., Fès vit s'édifier de nouvelles mosquées, des fondouks,
des bains publics. Elle s'étendit même au delà de l'enceinte élevée par
les Idrissides; des ponts relièrent les deux Adouat; les portes Bab
Fetouh et Bab Guissa furent construites.
Bien qu'à l'époque des Almoravides, Marrakech devint la résidence
préférée des sultans, Fès ne continua pas moins à se développer.
Youssef ben Tachfine l'assiégea en 1063, puis en 1069, époque à laquelle
il put y entrer. Maître de la ville, il la répara, la fortifia, et fit abattre
les murs qui séparaient les deux Adouat. 11 y amena d'Espagne de nom-
breux ouvriers qui commencèrent à construire les moulins hydrauliques
du type actuel; il fit encore procéder à l'installation, vers l'oued, de nou-
velles industries.
Les Almohades entrent à Fès en 1145, après s'en être rendus maîtres en
l'inondant. Ils en rasent d'abord les anciens remparts qu'ils reconstruisent
ensuite; ces ouvrages subsistent sur la partie N. du pourtour de la ville
basse. A la fin de leur règne, la ville de Fès correspond à ce qu'est de
nos jours Fès El Bali. La capitale du Maghreb est alors très puissante.
Si l'on en croit le « Roudh El Qartas », elle compte, à cette époque,
785 mosquées, 42 lieux d'ablutions et 80 fontaines, 93 bains publics,
472 moulins, 99,236 maisons, 19,041 petites maisons sans patio, 477 fon-
douks, 9,422 boutiques, 2 kisarias, 3,064 fabriques, 117 lavoirs publics,
86 tanneries, 116 teintureries, etc.
A la suite d'une longue famine (1229 à 1232) qui occasionne des troubles
graves et une misère profonde et favorise l'établissement des Méri-
nides, ceux-ci s'emparent de Fès une première fois sous l'émir Abou
Yahia Ben Abd El Hakk en 1248, puis une deuxième fois en 1250. La
ville redevient la résidence des souverains et continue de s'agrandir
et de s'embellir. La vieille cité étant trop étroite pour abriter les parti-
sans et les armées de la nouvelle dynastie, les princes régnants élèvent,
sur le plateau situé à l'O., une autre cité, Medina El Beïda, la « ville
blanche », appelée ensuite Fès Djedid, la « ville nouvelle » (1276). Celle-ci
comprend le Dar El Makhzen ou palais du Gouvernement, avec ses
dépendances et des bâtiments destinés au logement des soldats, puis le
Mellah ou quartier juif, où viennent se grouper les Israélites ayant
jusqu'alors vécu à B'ès El Bali, principalement dans le quartier encoi'e
appelé aujourd'hui Fondouk El Ihoudi, « fondouk des Juifs ».
Les sultans mérinides créent aussi, pour recevoir les étudiants étran-
gers, de nombreuses et belles médersas ou collèges, témoins les plus
purs de l'art hispano-mauresque marocain. L'Université maghrébine, où
professent les savants les plus réputés de l'Islam, voit consacrer sa
renommée. Fès brille alors du plus vif éclat. Peuplée de 125,000 habi-
tants, dotée d'un commerce et d'une industrie très actifs, embellie par
les arts importés d'Espagne, centre intellectuel remarquable, elle a une.
couleur et une originalité propres encore très persistantes au moment
où Léon l'Africain la visite et la décrit (xvi*^ s.).
En 1547, Fès tombe au pouroir de la dynastie des chérifs saadiens
et n'est plus la capitale exclusive de l'empire : Marrakech lui est souvent
préférée. Elle perd son privilège de confier à celui qu'elle acclame l'in-
vestiture royale. Pendant toute cette période, elle est en proie à l'anarchie'
la plus complète. C'est cependant à un saadien, Moulay Ahmed El Man-
sour, que Fès doit ses deux bastions (bordj Nord et bordj Sud). Elle ne
retrouve son rang de capitale qu'avec Moulay Rechid (1664-1672), premier
chef de la dynastie actuelle des chérifs alaouites ; elle s'augmente alors
do nouveaux ouvrages : la Kasba du Khemis, dite des Cherarda, et la
204 — [26]
FÈS.
Médersa Cherratino (1670). Le pont du Sebou est également construit.
Moulay Ismaïl (1672-1727), qui manifeste une aversion marquée pour
les gens de Fès, s'installe à Meknès dont il fait le « Versailles maro-
cain ». Fès se dépeuple alors. Mais Moulay Abd Allah, son fils, y revient
non sans y causer quelques dommages : obligé d'en faire le siège (1730j,
il démolit les portes principales : Bab Mahrouk, Bab Fetouh, Bao
Guissa, Bab Beni Msafar, Bab Hadid et même une partie des murs de
la ville. Enfin reconnu, il fait élever une mosquée et tout un quartier à
Fès Djedid, ainsi que le parc et la maison de Dar Debibagh, d'où il
dirige un nouveau siège contre Fès, et où il se réfugie au cours de son
règne souvent troublé.
La sollicitude des princes alaouites pour la religion et l'instruction est
encore marquée par l'édification, sur l'ordre de Sidi Mohammed (1757-
1787), de la médersa de Bab Guissa, et de la reconstruction, sur l'initia-
tive de Moulay Slimane, de la mosquée et de la médersa d'El Oued.
Ce dernier entreprend en outre de grands travaux : il fait paver Fès
Djedid, réparer le pont du Rsif, reconstruire les portes en ruines Bab
Fetouh et Bab Sidi Bou Jida, élever les mosquées modernes du Rsif, du
Diouane, des Cherabliine, la zaouïa et la coupole de Sidi Ali Bou Ghaleb.
Les grands travaux auxquels se livra Moulay El Hassane à partir de
1873 modifièrent la physionomie des deux villes, qui étaient restées,
jusque là, l'une la grande cité mauresque, l'autre la ville militaire et
makhzen. Entre les deux agglomérations s'édifia lo palais de Bou Jeloud,
enfermé dans de hauts murs crénelés; le Dar El Makhzen s'agrandit de
la mosquée et du minaret de Lalla Amina, de l'Aguedal et d'un nouveau
Mechouar ; la Makina ou manufacture chérifienne d'armes fut enfin
installée à côté du Dar El Makhzen.
Les fils de Moulay El Hassane, Moulay Abd El Aziz, Moulay Hafid,
font également efiTectuer quelques travaux d'agrandissement dans les
quartiers de Bou Jeloud et du Dar El Makhzen. Leurs ouvrages sont
malheureusement empreints d'une décadence très caractérisée.
L'autorité des derniers sultans devenant très précaire, c'est à Fès
principalement que se nouent les intrigues de la politique marocaine. Au
printemps de 1911, les Cherarda, puis les tribus des environs de Fès se
révoltent et investissent la ville. En réponse et à l'appel du sultan, nos
troupes, dirigées par le général Moinier, interviennent et entrent dans la
capitale le 21 mai.
•C'est à Fès que M. Regnault, ministre de France à Tanger, signe avec
Moulay Hafid la convention du 30 mars 1912, qui reconnaît l'établisse-
ment du Protectorat de la France sur le Maroc, et au lendemain de
laquelle, à la suite d'une rébellion de soldats du tabor (17 avril 1912),
éclate une sanglante émeute qui dure 3 jours et entraîne le massacre de
nombreux Européens. Le mois suivant, deux jours après l'arrivée à Fès
du général Lyautey, nommé Résident Général, les Berbères attaquent
la ville, forcent deux portes, sont repoussés et enfin défaits, le l'"" juin,
à Hadjra El Kahla par le général Gouraud. La paix et la sécurité sont
dès lors rétablies dans la capitale.
Sous la direction et le contrôle de l'Administration française, Fès
reprend vite son ancienne activité. Des travaux de salubrité sont entre-
pris sur tous les points de la ville; dés travaux de dégagement sont
pratiqués à l'extérieur, une magnifique route fait le tour de la cité; des
voies s'engagent de tous côtés vers Petitjean, Meknès, Sefrou, Taza; un
chemin de fer militaire relie la ville à la côte occidentale et communi-
quera bientôt, par Taza, à l' Algérie-Tunisie ; des dispensaires, des hôpi-
taux, des écoles pour indigènes et européens, un collège musulman sont
créés; des hôtels et des casernes sont construits; le relèvement des
industries d'art indigène et la restauration des palais et monuments
historiques sont entrepris; le noyau de la ville nouvelle est amorcé. La
FÈS.
[26] — 205
vieille cité fondée par Moulay Idris va connaître de nouveau, sous l'égide
de la France, l'importance qu'elle n'a cessé de revêtir aux plus belles
époques de sa prospérité.
Bibliographie : — Une ville de Vlslam : Fès, esquisse historique et
sociale, par H. Gaillard (Paris, André, 1905); — Un crépuscule d'Islam,
par André Chevrillon (Paris, Hachette); — Fès, son Université et
V Enseignement supérieur musulman, par G. JDelphin (Paris, Leroux, 1889);
— Le Commerce et VJndustris à Fès, par Ch. R. Leclerc (Paris, 1905); —
Roudh El Qartas. — Le Maroc pittoresque, Fès, 3 tomes contenant
120 photographies du Commandant Laribe et une préface d'A, Bel (Paris,
Bertrand, 1917). — On consultera également avec fruit plusieurs très
importants passages de la Description de V Afrique, par Léon l'Africain,
et ôiQS Archives marocaines.
Le point de départ des itinéraires ci-dessous est la porte
Neuve de Bou Jeloud, située à l'O. et en amont de Fès El Bali,
sur l'artère principale qui relie les deux agglomérations les
plus importantes de Fès, et à peu près en son milieu. Les
voitures et autos stationnent sur la place avoisinante et les
hôtels de Fès El Bali en sont proches.
Nous décrirons successivement Fès El Bali, Fès Djedid, la
Ville nouvelle et les Camps.
7. — Le quartier du Douh.
Ce quartier ne s'étendant que sur 5 à 600 m. peut être parcouru sans
fatigue à pied. Il renferme la médersa Bou Anania, les musées et les
principaux services administratifs.
La porte Neuve de Bou Jeloud, qui ferme la place Bou Jeloud
à l'E., a été bâtie par le Mejless ou Conseil municipal musul-
man de Fès en 1913, avec la main-d'œuvre locale. Son décor
de faïence s'enlève en émail bleu sur un fond de terre cuite.
L'arc de cette porte encadre deux élégants minarets dont le
plus riche appartient à la médersa Bou Anania (F. ci-après)
et l'autre, couronné d'un nid de cigognes, à une petite
mosquée.
S'engager sous la porte et passer dans la première rue à g.,
puis descendre aussitôt à dr. On est dans le souk du Tala,
bordé de curieuses boutiques de marchands de bric-à-brac et
de denrées alimentaires. Au milieu du souk se trouvent la
petite mosquée de Sidi Lezzaz (entrée interdite) et l'important
GROUPE DE LA Bou Ananl\ qui se compose, à g., de l'ancienne
horloge et de latrines, et en face, de la médersa, édifices classés
comme monuments historiques.
V^horloge de la Bou Anania (façade seule intéressante)
compte 13 grands timbres de bronze encore existants et repo-
sant sur des consoles. Au-dessus de ces timbres s'étend un
décor mural de plâtre et de bois sculpté où s'alignent 13 petites
fenêtres portant encore quelques traces d'organes de transmis-
sion. On ne sait rien sur le fonctionnement de cette curieuse
machine, qui date du xiv^ s. — Les quelques pièces situées à
l'intérieur passent pour avoir servi d'appartements à un lettré
206 — [26]
et saint juif et sont quelquefois visitées par des femmes israé-
lites désireuses de devenir mères.
Les latrines, contigiies à l'horloge (entrée tolérée aux
hommes seulement), sont de la môme époque que la médersa
(xiV s.). Autour d'un grand patio central, qu'abrite une magni-
fique charpente à 'membrures d'entrelacs géométriques, sont
disposés de nombreux water-closets à la turque abondamment
alimentés en eau. L'aire du patio est partiellement occupée
par un bassin aux marges rehaussées de marbre blanc.
La ^médersa Bou Anania (entrée permise sur autorisation
des Services Municipaux, qu'on présentera au muezzin; pour-
boire) est la plus importante des médersas mérinides de Fès.
Elle doit son nom à l'émir Abou Inane qui la fît construire de
1350 à 1355.
Son entrée principale est fermée par une magnifique porie
à deux battants plaqués de bronze ouvragé et munis de mar-
teaux et de verrous massifs; Vescalier, de marbre et de faïences,
est bordé de bancs que revêtent de magnifiques panneaux de
faïences polychromes; au-dessus, décoration très fine d'inscrip-
tions et de décors floraux en plâtre fouillé; en haut, pla-
fond à stalactites en bois aux milliers de pendentifs peints.
Franchie la porte s'ouvrant dans une boiserie aux fragments
menuisés et tournés, on pénètre dans une vaste cour dallée de
marbre blanc, dont le revêtement mosaïque est couronné
d'une belle inscription en caractères cursifs noirs. Immédiate-
ment au-dessus commence la décoration de plâtre dans laquelle
se creusent, par endroits, les fenêtres des chambres d'étudiants
du premier étage s'éclairant sur la cour. Cette ornementation
est balancée par des linteaux et consoles reliant les piliers, et
de grands arcs en bois de cèdre sculpté supportant une frise
majestueuse et un auvent aux consoles traditionnelles de la
période hispano-mauresque; le tout ouvragé avec un art exquis.
Deux salles de cours, à coupoles hémisphériques en bois, s'ou-
vrent sur la cour; celle de dr. est fermée par une vieille porte
en bois à deux battants portant des sculptures d'une ténuité
extrême; celle de g. à été restaurée récemment à l'intérieur.
Une dérivation de l'oued Fès sépare la cour de la salle de
prière ; deux ponceaux, pavés de grandes mosaïques à entrelacs,
permettent de la franchir. La salle de prière (entrée interdite)
renferme aussi des parties très captivantes : mihrab finement
décoré, vitraux anciens, robustes colonnes et chapiteaux
hispano-mauresques supportant le mur de refend de la salle,
nefs à membrures remarquablement enchevêtrées. De la cour ^
on aperçoit le minaret de la médersa, d'une rare beauté de
proportions et d'une jolie couleur. — Demander à voir le minhar
ou chaire à prêcher, admirable travail de sculpture malheu-
reusement très abîmé, et se faire conduire sur la terrasse du
monument.
Par le couloir qui longe la cour' à dr. derrière les moucha-
rabies, on atteint Ventrée secondaire^ ornée à l'intérieur d(^
FÈS.
[26] — 207
mosaïques, de plâtres sculptés, d'un plafond à stalactites, et à
l'extérieur d'un bel auvent.
En sortant de la médersa par cette dernière issue, on
aperçoit, à 50 m. plus bas, le joli minaret émaillé de la petite
mosquée Ahou El Hassane, du nom de son fondateur, sultan
mérinide, père d'Abou Inane (début du xiv*" s.); la porte est
également munie d'un superbe *auvent. On remontera la rue
pour pénétrer quelques pas plus haut à g. dans l'artère dite
Ed Douh, qui dessert la justice de paix (jolie maison mauresque;
on peut entrer dans le patio), la chapelle catholique des Pères
Franciscains où périrent en 1912 plusieurs télégraphistes fran-
çais, Vhôtel de France, au delà duquel la route de la Résidence
à dr. longe le palais du Batha et du Dar Beida.
Le *palais du Batha fut édifié (tin du xix^ s.) partie par
Moulay El Hassane (musée), partie par Abd El Aziz (cercle
militaire); pour la visite du cercle, demander l'autorisation au
sergent bibliothécaire, première porte à dr.
Les deux bâtiments, séparés par un grand jardin (riad)
forment un ensemble de. belle allure, type des riches habita-
tions de plaisance modernes.
Le *musée (ouvert au public les vendr. etdim. de 14 h. à 11 h. et aux
visiteurs étrangers t. 1. j.; s'adresser aux gardiens; entrée 2^ porte à
dr.) comprend :
1<> Section d'Archéologie (une salle et deux galeries), qui renferme
des portes à panneaux et des bois sculptés, des mosaïques anciennes de
faïence vernisséa; des pierres tombales en marbre avec inscriptions; des
plâtres fouillés, tous documents provenant, pour la plupart, de maisons
et médersasmérinides du xiv^s., sisesàFès El Bali, construites et ornées
suivant les traditions de l'art hispano-mauresque ;
2° Section d'arts citadins, comprenant deux salles où sont réunis
des produits de l'industrie contemporaine de Fès et de Meknès '.poteries
émaillées (collection Mellier); ceintures de femmes tissées et brodées;
haïtis ou tentures murales brodées d'or; broderies de soie et d'or; cuirs
et cuivres ouvragés; bijoux; reliures; étagères peintes et sculptées;
coffres recouverts de cuir et cloutés, etc.
3° Section berbère où l'art rural de la région est représenté par des
tapis de couleurs sobres à points noués et à haute laine originaires des
régions S. de Fès et Meknès (Zaïane, Boni Mtir, Guigo), des tissus ornés
à ^oil ras, des poteries berbères des Tsoul et de la Kalaa de Slès, tous
objets à ornementation géométrique rectilinéaire ;
4° Une salle d'armes, entre les deux précédentes, où sont rassemblées
plus de 1,300 pièces de toutes provenances et de toutes époques : fusils,
sabres, cimeterres, pistolets, tromblons, poires à poudre, armures, etc.
50 Une collection de pièces d'artillerie, sur le terre-plein : canons,
mortiers, couleuvrines d'époques et de provenances variées.
6° Une section d'ethnographie est en voie de création.
Le "^palais du Dar Beîda, ou palais de Boa Jeloud (4® porte à
dr. sur la route au delà du musée, entrée sur autorisation
spéciale), fut construit par Moulay El Hassane (fin du xix« s.),
agrandi par Moulay Hafid (début du xx* s.) et aménagé en
Résidence générale; Il comprend plusieurs corps de bâtiments
208 — [26]
FÈS.
séparés et entourés de vastes et be^iux jardins parmi lesquels
passe une importante dérivation de l'oued Fès. Sur le côté 0.
il se termine par deux pavillons datant de Moulay Slimane et
de Moulay Abd er Rahmane (début du xix« s.) et une mosquée
sans minaret et de mauvais goût édifiée par Moulay Hafid.
Revenant rue Ed Douh, on laisse, à g., la rue Sidi Kl Khiyat,
qui dessert le consulat d'Angleterre, la Subdivision (installée dans
une intéressante maison arabe : le Dar Tazi), les bureaux de la
Place, VOffice Commercial (musée économique où sont réunis des
spécimens de l'industrie marocaine courante et où l'on donne
tous renseignements économiques sur Fès et la région), le
Service régional des Renseignements, les bureaux du Cercle de Fès- -
Banlieue, réunis autour de la place de Sidi El Khiyat, à 80 m.
seulement de la rue Ed Douh.
A l'angle des rues Sidi El Khiyat et Ed Douh, se trouve le
siège des Services municipaux (entrée rue Ed Douh).
Outre les questions d'ordre politique et de renseignements proprement
dits, le bureau de i^és-Vz7Ze assume la direction de l'Administration
municipale tout entière, en même temps que le contrôle des diverses
autorités indigènes de la ville, de l'ordre judiciaire, financier et corpo-
ratif, etc., qu'il s'efforce d'cduquer en les initiant progressivement à nos
principes et méthodes administratives. Il prépare et oriente les délibé-
rations des assemblées municipales indigènes. Il se réserve enfin la
direction des travaux publics dont la conduite technique appartient à
un sous-ingénieur chef des travaux municipaux.
La rue Ed Douh se poursuit dans un quartier de jardins
qu'ombragent de grands arbres. Au delà des Services munici-
paux, se trouve le bureau central des postes et télégraphes un
peu en retrait, à g., puis Vhôpital militaire Auvert dont les
pavillons sont répartis dans un immense jardin.
Bad Hadid, porte sans intérêt, ferme la rue Ed Douh sur la
campagne de vergers, en face de l'hôtel Bellevue. Au S. sur la
hauteur opposée, fort Juge.
De Bab Hadid, on peut se rendre : 1° à (0 k. 8) Bab Djedid (p. 225) en
suivant la route qui descend le long du rempart et traverse les vergers ;
— 2** à (1 k.) Bab Jiaf (entrée de Fès Djedid et du mellah) par la même
route allant à l'O. et passant à proximité de la pépinière municipale créée
en 1912 par la municipalité. Cette institution a permis d'introduire à Fès
les essences d'arbres et de fleurs les plus variées, do reconnaître celles
qui s'acclimatent le mieux et de doter les jardins et les routes d'une
quantité innombrable de plants appropriés.
Au lieu de revenir sur ses pas pour rentrer en ville, on
complétera heureusement la promenade en suivant, sur 300 m.
vers l'O., la route de Bab Jiaf et en prenant le chemin de j
la Résidence qui laisse à dr. le Dar Beida et le Bordj Bou Jeloud •
(construction massive très caractéristique appartenant à l'an-
cienne kasba Bou Jeloud, p. 219) et, à g., les jardins de Bou Jeloud
aménagés en 1917 sur d'anciens jardins chériflens délaissés. |;<
On retrouve ainsi l'avenue de Bou Jeloud qui ramène au point
de départ. ||v
FÈS.
[26] — 209
77. — Les souksy Moulay Uns,
grande mosquée J^arouiine.
1,200 m. Trajet presque entièrement en pente. Deux itinéraires très
voisins, également curieux, peuvent être parcourus l'un à l'aller, l'autre
au retour.
1*^' Itinéraire. — Franchie la porte N*euve de Bou Jeloud (p. 205).
prendre la première rue à g., puis descendre immédiatement
à dr. dans l'artère très animée du Tala. Après les souks de ce
quartier et le groupe de la Bou Anania (p. 205), on passe
devant des échoppes de forgerons, de rapetassBurs de babouches,
le souk et la mosquée de Cherahliine (xyiii** s.), dominée par un
élégant minaret mérinide (xiv° s.) plaqué de faïences poly-
chromes, et enfin les fabricants de tamis en jonc et en crin.
De ce point, une rue à dr. communique avec l'itinéraire qui suit. A
prendre si l'on veut voir le sanctuaire de Moulay Idris sous son aspect
- le plus saisissant.
Ensuite, ce sont les petites boutiques de quincaillers indi-
gènes, marchands de clous, de chaînes et de goudron, en arrière
desquelles se trouvent des ateliers de forgerons, des échoppes de
marchands de sacoches en cuir brodé, puis, dans une longue
allée presque rectiligne, le pittoresque souk Attarine bordé
d'innombrables boutiques aux devantures multicolores, remplies
d'aromates, de sucre et de bougies. A traverser de bout en bout.
L'entrée du souk Attarine communique : 1" à dr. avec le souk du
henné qu'avoisine le Moristane, le souk des poteries blanches et émaiilées
et le souk Nejjarine (p. 212) ou des menuisiers.
Le Moristane ou hospice des aliénés (autorisation nécessaire à demander
aux Services municipaux), géré par l'administration des Habous de Sidi
Fredj, reçoit les aliénés retenus dans leurs cellules au moyen d'une
chaîne s'insérant sur un anneau de fer qu'ils portent au cou. Le rez-de-
chaussée est occupé par les hommes, tandis que le premier étage est
réservé aux folles et à quelques femmes emprisonnées sur l'ordre du
pacha.
2° à g. avec la Joutia, marché au sel et au poisson péché dans les
oueds Sebou et Innaouene ; le souk des œufs, qu'avoisinent le fondouk
S ag ha {fsiçade xvme s.) et la fontaine Sagha; le souk el Ghezel, oumarché
de la laine filée, le matin, des grains, le soir (c'est là que s'est tenu jusqu'au
début du xxe s., le marché aux' esclaves, aujourd'hui clandestin); enfin le
souk des volailles.
De la Joutia, on peut se rendre (10 min.), par le quartier dit Fondouk
El Ihoudi habité par les Juifs jusqu'au xiii'^ s., à Bab Guissa (p. 223).
Le souk Attarine est longé : à g., par le souk el khiyatine, des
tailleurs de jellabas, pantalons et burnous, le souk el tellis (des
couvertures et tissus ornés), et le souk el haïk, où se vendent
les lainages du pays; puis .la mosquée du Diouane (xviii« s.); — à
dr. par la *Kisaria, dans un incroyable dédale de rues, où
s'écoulent des produits locaux et importés, puis le sôuk el
Morktane^oii se groupent, autour d'une placette ombragée d'un
.MAROC.
14
210 — [26]
FÈS.
mûrier, les marchands d'antiquités marocaines. Tous les souks
de la Kisaria sont fermés la nuit au moyen de portes qui
empêchent alors la circulation à l'intérieur. Chacun d'eux est
gardé par un veilleur de nuit. Consumés plusieurs fois au
cours des âges, ils ont été de nouveau la proie des flammes en
juin 1918, mais aussitôt reconstruits.
A l'extrémité du souk Attarine se trouve l'entrée de la jolie
*médersa Attarine, qui se signale par sa porte de bronze ciselé
et son vestibule orné (entrée permise sur présentation de
l'autorisation). Construite par l'émir Abou Said en 1321, la
médersa Attarine, quoique de dimensions réduites, est peut-
être le chef-d'œuvre de l'art mérinide de Pès. Les lignes des
^angles de la cour, d'où partent de fines colonnes de marbre
surmontées de jolis chapiteaux sculptés, en sont particulière-
ment harmonieuses, les grands arcs et l'auvent intérieurs en
bois sculpté sont remarquables; une lampe en bronze garnie
d'inscriptions et à forme originale, est suspendue au plafond
de la salle de prière. La vasque de la cour reçoit une eau
belle et pure provenant d'une source voisine. De la terrasse,
vue curieuse sur les souks et la mosquée Karouiine (V. ci-des-
sous). L'établissement renferme une soixantaine de chambres.
En tournant à g., on trouve (150 m.) la zaouïa de Sidi Ahmed Et
Tidjani dont l'entrée, ornée de plâtres sculptés, de bois peints et de
lanternes en métal découpé, est du plus pittoresque aspect. Cette zaouïa
est une filiale de la zaouïa mère d'Aïn Madhi, près de Laghouat, de
l'ordre des Tidjania.
En tournant à dr. on atteint l'angle N.-O. de la ^grande
mosquée cathédrale Karouiine (entrée interdite). On
n'aperçoit d'abord que la façade de la Mahakma du Cadi, d'un
style intéressant, faisant vis-à-vis aux boutiques d'adouls ou
notaires musulmans. DeBab Adoul, de Bab Chemmaïne, de Bab
Sbitriine à l'O., de Bab Hfa, de Bab Ouerd, de Bab Mesbahia
au N., on voit les dispositions intérieures de l'édifice.
La mosquée Karouiine ne fut d'abord qu'un oratoire de 30 m. sur 30,
édifié en 248 de l'Hégire {ix'' s.) parles soins de Fatma Bent Mohammed
El Feheri. originaire de Kairouan. Au s. elle devint une véritable
mosquée avec les Zenata qui firent élever le minaret, réparé plus tard
par les Mérinides. Sous l'almoravide Youssef ben Tachfine (xi* s.), la
mosquée fut agrandie et reçut ses dimensions définitives, qui en font la
plus grande mosquée du Maghreb. Elle compte, dit le Roudh el Qartas,^
270 colonnes formant 16 nefs de 21 arcs chacune et peut recevoir plus de
20,000 assistants. Quoique d'architecture un peu lourde, elle a des parties
qui présentent un réel intérêt archéologique.
Aux extrémités de la cour s'élèvent deux kiosques rappelant ceux de la
cour des Lions de l'Alhambra de Grenade, supportés comme eux par
d'élégantes colonnes de marbre et dont l'un fut construit sous le règne
du sultan saadien Abd Allah Ech Cheikh (xvii® s.). Une vasque à eau
jaillissante mise en place en 599 de l'Hégire (xiii* s.) orne le centre de
la cour.
La mosquée compte 14 portes. A remarquer trois d'entre elles plaquées
d'ornements de bronze, dont l'une date de 531 de l'Hégire (xii« s.). A l'in-
térieur, se trouvent un grand lustre et un minbar d'une beauté excep-
FÈS.
[26] — 2dl
tionnelle, qui remonteraient au xn«s.Une bibliothèque, de 1,600 volumes
tous manuscrits anciens, compose le principal trésor de la mosquée.
La mosquée Karouiine est devenue depuis longtemps le centre intel-
lectuel du Maghreb et le siège de l'Université musulmane de Fès.
Aujourd'hui encore, de nombreux étudiants (tolba), environ 300, venus
de toutes les régions du Maroc, s'y rassemblent pour suivre les cours
de professeurs renommés (uléma). La grammaire, la théologie et le droit
musulman sont les matières les plus importantes du programme. Le
mejless des uléma, réunion des jurisconsultes fasis, étudie, à la manière
d'un Conseil d'Université, les questions soumises à son arbitrage inté-
ressant les étudiants et les professeurs.
En faisant le tour de la mosquée Karouiine par la g., on
longe une école coranique avec une curieuse devanture en mou-*
charabie, puis les grandes latrines et la '^médersa Nesbahia,
en face de l'une des portes de la mosquée.
Cette médersa fut construite par Abou El Hassane (début du xiv* s.).
Son nom est dû au premier professeur qui y enseigna : Mesbah Ben
Abdallah. On l'appelait aussi médersa Er Rokhame, « école du marbre >>,
à cause d'une fontaine en marbre blanc, apportée d'Algésiras, qui s'y
trouvait.
A remarquer : Ventrée sous un remarquable auvent de bois sculpté ;
le plafond du vestibule admirablement ouvragé; la face de la cour
donnant accès à la salle de prière ; les chapiteaux, de pierre sculptée,
portant les arcs jumelés de l'ouverture de cette salle; la vasque de
marbre blanc pour les ablutions, remplie d'eau toujours claire et cou-
rante. Dans les soixante chambres do la médersa logent surtout des
étudiants originaires du Maroc méridional.
Plus loin, on longe deux fondouk« dont Tun, le fondouk
TsETAOUNiNE, a SOU entrée couverte d'un admirable plafond de
travail mérinide. Les rues adjacentes, très resserrées et très
hautes, sont les plus caractéristiques de la vieille ville. Après
avoir dépassé un four banal, on arrive sur la place Seffarine,
occupée par les fabricants d'objets en cuivre (vente aux enchères
tous les après-midi du vendredi), des tisserands de foulards et
d'écharpes en crêpe de soie, et quelques relieurs (échoppe à un
premier étage, en face d'une fontaine ancienne).
Sur la place se trouve également le 'grand hammam Es Seffarine
(entrée permise jusqu'à midi seulement) et la médersa Es Seffarine,
vraisemblablement la plus ancienne de Fès, construite au début du xiv® s.
par le sultan mérinide Abou Yakoub Ben Abd El Hakk. Son fondateur
la pourvut alors d'une riche bibliothèque, dont les ouvrages ont été trans-
portés par la suite à la mosquée Karouiine. La cour intérieure renferme
un bassin rectangulaire. Le mihrab de la petite salle de prière serait le
mieux orienté de tous les mihrabs de Fès. Les trente chambres de l'éta-
blissement reçoivent des étudiants surtout originaires du Sous, du Rif
et du Zerhoun.
De la place Seffarine, on se rend\: 1° en 4 min., par la rue
■des Mechchatine, fabricants de peignes en bois et en corne, au
pont de Beïn El Moudoun, « pont d'entre les deux villes », en dos
d'àne, d'où l'on a une *vue magnifique sur l'oued, sur les
quartiers de la rive dr. et le Zalagh ; en contre-bas à g. s'élèvent
les abattoirs inaugurés en 1916; — 2° en 2 min., par la rue des
212 — [26]
FÈS.
Teinturiers (très colorée), au pont de Sidi El Aouad, également en
dos d'âne; vues caractéristiques de Fès, en amont et en aval.
2" Itinéraire. — Après avoir franchi la porte Neuve de Bou
Jeloud (p. 205), on descendra tout droit la rue Zekak El Hadjer,
après un léger coude à dr. On passera ainsi devant l'entrée
secondaire de la médersa Bou Anania (à g.; p. 206), la petite
mosquée d'Abou El Hassane (à dr. ; p. 207) et 500 m. plus bas,
à g., le Dar Menebhi, où est provisoirement installé le collège
musulman.
Le Dar Wenebhi (entrée permise) est une construction maro-
caine de style moderne construite par un ancien ministre de
la guerre de Moulay Abd El Aziz, au commencement de ce
siècle. El Menebhi, enfant trouvé adopté par le caïd de la tribu
des Menebhi (Haouz), devint ministre de la guerre d'Abd El
Aziz. Envoyé en ambassade à Londres (1901), c'est lui qui
rapporta d'Europe des objets inconnus à Fès avant cette
époque : billard, bicyclettes, tricycles, qui furent les jouets du
grand enfant qu'était le sultan et qui existent encore au Dar
El Makhzen. — C'est au Dar Menebhi que se trouvait le général
Lyautey, le 25 mai 1912, lorsqu'au lendemain de son arrivée
dans la capitale marocaine, la ville fut investie par les
Berbères.
Après une série de petites pièces donnant sur une courette ornée
d'une modeste fontaine, un couloir plusieurs fois coudé conduit dans
un grand patio pavé d'une grande rosace de zellijs colorés et de marbre
noir, et ornée au centre d'une grande vasque. La façade intérieure du
patio est très ouvragée dans les parties hautes; Tune des parois porte
sur son axe une fontaine monumentale de mosaïque de faïence. Deux
salles se faisant face sont ornées, avec plus de profusion que de goût,
de zellijs finement taillés, de plâtres fouillés et de charpentes sculptées
et peintes.
Le collège musulman reçoit les jeunes indigènes de Fès qui, ayant
fait dos études primaires dans les différentes écoles franco-arabes de la
cité, désirent parcourir un cycle d'études secondaires.
Un petit souk, Souïket Ben Safi , fait suite au Dar Menebhi
Une ruelle, à dr., longe loute une série de petites mosquées et de
sanctuaires dont toutes les portes sont surmontées d'auvents. — La
ruelle de g. rejoint l'itinéraire précédent dans le quartier de Gherà-
bliine (p. 209).
La descente continue. A remarquer, sur le côté g., une école
coranique, avec devanture de bois, où de jeunes musulmans
apprennent le Coran, et quelques oratoires à dr.
Plus bas, bifurcation : la rue de g. rejoint l'itinéraire précé-
dent à hauteur des fabricants de tamis (p. 209). On prendra
celle de dr. qui fait un coude brusque. Elle conduit sur la
magnifique *place Nejjarine, oii stationnent de nombreux
portefaix (zerzaï) et où l'on remarquera le souk, la fontaine et
le fondouk.
Le SOUK Nejjarine réunit un certain nombre d'ateliers
de menuiserie rangés de part et d'autre d'une rue couverte
FÈS.
[26] — 213
d'un treillis de roseaux que recouvrent les ramifications d'un
énorme pied de vigne. Les ouvriers de ce souk ne se livrent
guère qu'à la confection et à la réparation d'objets courants,
sans caractère artistique.
La FONTAINE Nejjarine est le type du genre le plus coquet
de Fès. L'ensemble formé par le bassin, le revêtement de
mosaïque, le plâtre sculpté et l'auvent de cèdre à tuiles vertes
est des plus heureux.
Le FONDOUK Nejjarine (entrée permise) s'annonce par une
• façade monumentale richement ornée que flanquent deux
solides tourelles carrées. L'entrée, droite, est surmontée d'un
plafond sculpté et peint.
Le patio intérieur est entouré de galeries à tous les étages, que des
balustrades de moucharabie et des arcs en bois ornent très heureuse-
ment. Sur tout le pourtour, s'ouvrent des cellules où s'entreposent des
produits d'importation appartenant à des négociants en gros. C'est dans
des établissements de ce genre que viennent, en partie, s'approvisionner
les détaillants des souks. La construction de ce fondouk paraît remonter
au xYiii® s. L'immeuble est une propriété habous.
De la place Nejjarine, on se rendra à bab Moulay Idris,
toute proche, bordée de boutiques de marchands d'objets en
cuivre, en verre et en porcelaine, et qui mène au sanctuaire
du patron de la ville, véritable cour des miracles constamment
encombrée de pèlerins venant parfois des points les plus éloi-
gnés du Maroc.
La zaouïa de Moulay Idris (entrée formellement interdite,
ne pas trop s'attarder sur le seuil) s'aperçoit derrière une boi-
serie peinte et un grillage de métal. On en voit assez distinc-
tement les différentes parties : en avant, le péristyle, au plafond
duquel sont suspendus d'immenses lampadaires; au fond, le
sanctuaire, vaste salle où se trouve le tombeau du saint, qu'on
n'aperçoit pas; à g., la mosquée avec cour centrale et galeries
latérales soutenues par des piliers (on la verra mieux en
s'avançant dans le passage à g. de l'entrée); plus à g. encore,
la zaouïa où s'enseigne le Coran, puis les latrines. La façade
extérieure, sur le passage de dr., porte le tronc où les croyants
viennent déposer leurs aumônes en embrassant les boiseries
qui l'aVoisinent; la décoration de ce côté est d'une grande
richesse.
Les fidèles vont et viennent tout le jour dans ces parages s'imprégner
de la « baraka » du saint. Le produit des dons et des aumônes est
réparti, suivant des règles bien établies, entre les descendants du saint,
les chérifs Idrissides.
C'est à ce sanctuaire que les sultans faisaient hommage des « be'ia »,
textes par lesquels villes et tribus acceptaient la suzeraineté nouvelle,
en stipulant leurs aspirations sociales ainsi que les réformes écono-
miques qu'ils attendaient du nouveau règne. Ces documents, longs de
1 m. 20 et larges de 0 m. 50, ornés d'enluminures, étaient suspendus
aux voûtes du sanctuaire.
La zaouïa est « horm »; c'est un lieu d'asile où se réfugient parfois
les personnes qui craignent d'être appréhendées par les autorités.
214 - [26] • FÈS,
Presque complètement délaissée après la chute de la dynastie idris-
side par les Zénètes, les Almoravides et les Almohades, la zaouïa de
Moulay Idris a été reconstruite en 1431 par les Mérinides, puis restaurée
dans le début du xviiie s. par les sultans alaouites. C'est à partir de
cette dernière époque seulement que la renommée du saint est devenue
générale.
Après avoir contourné la zaouïa par la dr., on entre dans le
souk et la rue Chemmaïne, bordée de boutiques successives de
marchands de cierges et de gâteaux, de fabricants de ceintures
brodées et enfin de marchands de fruits secs : dattes, figues,
raisins, noix, amandes, etc. Les rues à dr. communiquent avec
le quartier Kettanine {V. l'itinéraire qui suit).
On aborde ainsi la grande mos([uée Karouiine (p. 210) par
l'une de ses plus grandes portes : Bab Chemmaïne. En faisant
le tour de l'édifice par la dr., on voit des boutiques d' « adouls »
ou notaires, de libraires, de fabricants de babouches, de chau-
dronniers et l'on atteint la place Seffarine (p. 211).
JJJ, — Le quartier JÇeHanine.
1 k. 500 environ. Descente constante.
Suivre la rue Ed Douh jusqu'au delà du palais du Batha
(p. 207), prendre la rue Sidi El Khiyat à g. ; passer devant la
Subdivision (p. 208), descendre la rue Akibt Es Seba (fontaine
récemment restaurée à g.); longer la petite mosquée du Siaj
(grande inscription coufique sur la face 0.) pour atteindre Dar
Mejless, porte à revêtement de mosaïque et à auvent, édifiée
en 1912.
Fès est administrée par un Pacha que secondent deux Khalifas. Ces
gouverneurs sont assistés d'une assemblée municipale indigène, à
caractère consultatif, le Mejless EL Baladi, composé des principaux
fonctionnaires de la ville et de huit membres élus par les notables do
chacun des arrondissements do Adoua, Lemtiine, Andalousiine et Fès
Djedid. En dehors de l'établissement du budget, le Mejless émet des
vœux relatifs à des questions d'ordre municipal (voirie, travaux publics,
éclairage, marchés, etc..)
A quelques pas en dessous du Dar Mejless, on prendra à dr.
la rue couverte et sombre qui passe devant la mystérieuse
mosquée de Sidi Ahmed Ech Chaoui pour atteindre, avant la mosquée
Et Tsaoudi (porte ornementée), par une rue contournée, le Dar
Adiyel.
Le Dar Adiyel (entrée permise) est l'ancienne habitation
d'un gouverneur de Fès, Adiyel, qui vivait au xviii^ s. Entiè-
rement restauré en 1917, il abrite les bureaux du Service des
Beaux-Arts.
U Inspection des Arts indigènes, qui occupe le rez-de-chaussée, se
préoccupe du relèvement des industries d'art local et exerce son
influence sur les corporations les plus intéressantes. Elle a rénové une
collection importante do modèles : reliures, enluminures, bois sculptés j
et peints, cuivres, poteries, broderies, etc., dont s'inspirent les artisans
FÈS.
[26] — 215
actuels. Le Service des Monuments historiques (au l*^"" étage) s'occupe
de la restauration des dits monuments, nombreux à Fès, et dont les
plus remarquables senties médersas.
A coté du Dar Adiyel, se trouvent : les bureaux de VAdmi-
nistration des Habous, ou biens de mainmorte de Fès; le Dar Bon
Ali (entrée permise), où le pacha de Fès rend la justice entouré
de ses mokhazenis. Plus bas, après quelques détours, on
atteint la prison civile qui reçoit des condamnés indigènes.
On peut s'engager dans le couloir de la prison, au fond
duquel sont installés plusieurs ateliers de tissage de soie :
ceintures et foulards. Le plus curieux est celui des frères Ben
Gherif (très accueillants) dont les métiers à la grande tire sont
ceux que perfectionna Jacquart. On y fabrique des ceintures,
des foulards et des tissus brodés d'un très grand intérêt.
Après une descente tortueuse, on arrive au haut de la rue
Kettanine {V. la variante 1*", p. 216), très fréquentée et très
commerçante. Plusieurs fondouks' la bordent, dont le fon-
douk Djedid, particulièrement important; le Crédit Foncier
d'Algérie et de Tunisie^ ainsi que la Compagnie Algérienne, y ont
des succursales. La poste anglaise y a un bureau.
La rue qui longe à g. Timmeuble de la Compagnie Algérienne est la
rue Chemmaïne qui vient de Moulay Idris et conduit à la mosquée
Karouiine (p. ^210).
Ras Cherratine continue la descente (à dr. de la Compagnie
Algérienne). C'est la rue des fabricants de balais en palmier
nain et surtout de lanternes en fer blanc. Elle dessert de nou-
veaux fondouks, la succursale du bureau de poste français et la
médersa Cherratine, fondée en 1670 par le sultan alaouite
Moulay Rechid, pour remplacer la médersa Lebbadine, située
un peu plus haut, que les étudiants avaient souillée et pro-
fanée en y amenant des femmes et en s'y livrant à la débauche.
La porte, à deux battants recouverts de bronze ciselé, donne
accès, par un couloir étroit, à la cour centrale .entourée de
galeries au rez-de-chaussée et à tous les étages.
L'architecture et le décor, intéressants, sont pourtant moins purs
qu'à l'époque mérinide. Sur les angles de la cour s'ouvrent trois
« douiras », maisons petites et hautes à patio central et à cellules étroites
abritant chacune une trentaine d'étudiants provenant surtout du Tafi-
lalet, du Maroc oriental et du Rif.
Si, du bas de la rue, on continue sa route dans la même
direction, on arrive, en passant devant les boutiques de boissel-
liers, de forgerons, de cuivreurs, de teinturiers, de fabricants
de bâts, etc., au pont de Sidi Laouad, sur l'oued Fès ou, un peu
plus en amont, au pont du Rsif.
Le pont du Rsif, couvert et bordé de boutiques à tel point qu'on le
traverse sans deviner l'oued, fut, avec celui de Beïn El Moudoun (p. 211),
construit par les Zénètes. Réparé plusieurs fois depuis, il a fait l'objet
d'une importante restauration sous Sidi Mohammed Ben Abd Allah
(xviii« s.)
216 ^ [26]
FÈS,
Variantes : 1° Du haut de la rue Kettanine (p. 215), une
bifurcation à dr. mène, par un chemin étroit et en pente rapide
sur la petite place duRsif, limitée d'un côté par une intéressante
fontaine, de l'autre par la porte à auvent de la mosquée du Rsif,
que domine un imposant minaret orné de faïences vertes.
Cette mosquée date de Sidi Mohammed Ben Abd Allah
(1757-1787).
2"" De la mosquée du Siaj (p. 214), on peut encore atteindre le
Rsif^ par les rues qui desservent les somptueuses maisons
modernes dites : Dar Dris Mokri, Dar Ben Slimane (Recettes des
Finances); le Monopole des Tabacs; les curieux quartiers d'El
Aîoun et de Ras El Djenane. — Un raccourci permettant
d'atteindre le même but part du haut de la rue Akibt Es Seba,
passe devant Vlnstitut syphiligraphique, le Dar Glaoui (très inté-
ressante maison du commencement du siècle), le Dar Mokri, et
rejoint le précédent à hauteur du Monopole des Tabacs.
JJ^. — Quartier de VAdoua, mosquée des Andalous,
médersa Sahrij, Potiers,
2 k. — Cet itinéraire, qui se développe sur la rive dr. de l'oued Fès,
à l'E. de la ville, se fera de préférence à mule.
Le quartier d'El Adoua, abréviation de Adouat El Andalous, parce
qu'il fut surtout peuplé à l'origine de gens venant d'Andalousie, désigne
toute la portion de Fès El Bail qui se trouve sur la rive dr. du fleuve.
On le nommait ainsi par opposition avec le quartier de la rive g., dit
Adouat El Karouiine, qui reçut une colonie de gens de Kairouan, et
dont la grande mosquée cathédrale est le centre.
On gagnera l'oued Fès par l'un quelconque des itinéraires
II et III aboutissant tous deux au fond de la ville pour remonter
sur le versant S. jusqu'à la mosquée des Andalous, où le
sultan des tolba vient prier en grande pompe le premier ven-
dredi de la fêîte printanière des étudiants.
D'abord un oratoire édifié au ix* s. par Meriem Bent Mohammed Ben
El Feheri, sous le règne de Yahya ben Mohammed ben Idris, la mos-
quée des Andalous possède un minaret d'un type spécial, peu élégant,
élevé comme celui de Karouiine par les princes Zénètos (x« s.). A l'époque
d'El Bekri, elle comprenait 6 nefs et une petite cour. Les lieux aux
ablutions voisins furent construits en 1208 et l'eau amenée de Bab El
Hadid.
La grande porte Nord, de proportions imposantes, ornée de zellijs
colorés. et d'un grand auvent en bois sculpté, a été construite par
l'almohade En Nacer; elle a fait l'objet de restaurations récentes (1917).
La disposition intérieure se voit très clairement des deux portes O.,
l'une donnant accès sur la cour très pittoresque, l'autre dans la salle, .
aux piliers nombreux.
A dr. de la mosquée et au fond d'une ruelle, existe la petite -
MÉDERSA Sebbaïne (entrée permise).
Ainsi appelée parce qu'on y enseignait la science des riouaïa, c'est-
à-dire les sept manières de lire le Coran, cette médersa est aujourd'hui
FÈS. [26] - 217
désaffectée. On ii'v lit plus que les hadits, ou traditions du Prophète.
Son patio rectangulaire, entouré d'une galerie à petites colonnes de
marbre, a une réelle originalité. Dans les latrines e robinet d une
fontaine s'insère dans une jolie plaque de marbre blanc sculpté de
ûeurs de lys.
A 50 m. plus à l'O. s'élève la médersa Sahrij (entrée per-
mise sur autorisation des Services municipaux).
La médersa Sahrij est ainsi nommée à cause du bassin rectangulaire
creusé au milieu de la cour intérieure. Son eau provient d une source
qui se trouvait en dehors de Bab Djedid (p. 225). Elle fut construite
en 1321 par le mérinide Abou El Hassane Ali, alors qu il était encore
héritier présomptif. ^ . . ^^ * i
Les lignes d'architecture intérieure en sont très belles et le décor,
très poussé, d'une grande tenue. La porto d'entrée est aujourdhui
privée du revêtement de bronze qui la recouvrait autrefois. La restau-
ration en est commencée.
Aux abords de la médersa, se trouve le Dar Oumi, ou maison
des aveugles, qui abrite une vingtaine d'infirmes avec leurs
familles. De ce point on se rendra au cénotaphe de Sidi Ali Bon
Ghaleb.
Sidi Ali Bou Ghaleb, originaire d'Andalousie où il fit ses études, pro-
fessa à. Fès au début du xii" s. Il fut enterré dans le Gharb, à El Ksar El
Kebir. Son cénotaphe, très vénéré, reçoit surtout la visite de malades
qui y séiournent jusqu'à guérison complète, ou qui attendent de voir
apparaître le saint en songe pour leur indiquer le remède qui convient
à leur mal. ^ ti a+ '
En 1912, l'édifice reçut plusieurs obus et fut dégradé. 11 a ete res-
tauré en 1916.
Du tertre qui se trouve à dr. et domine le quartier de Mokhfia,
on a une *vue magnifique sur la Medina. Le terrain avoisinant,
fermé au S. par les remparts, est occupé par une partie du
cimetière de Bab Fetouh; l'autre partie, très pittoresque, s'étend
sur la colline au delà des murs (p. 224).
Bab Fetouh est la porte de sortie, d'où l'on se dirige a l E.
vers ïaza. Cette porte fut édifiée par le deuxième fils de l'emir
zénète Donnas sur remplacement d'une porte plus ancienne,
Bab El Kibla, construite par Idris, au moment de la fondation
de Fès. Elle a été reconstruite pendant le règne de Sidi
Mohammed (xvin* s.)
De Bab Fetouh, on peut rejoindre le point de départ sans revenir sur
ses pas. Dans ce cas, on n'a qu'à suivre l'itinéraire VIII (p. 224) depuis
Bab Fetouh jusqu'à Bab Djedid et, de là, regagner Bab Hadid par la
route et rentrer en ville par la rue Ed Douh (p. 207).
Toujours à l'intérieur des murs, au N. de la porte, on aperçoit
renclos de Tamdert, aujourd'hui occupé par des troupes séné-
galaises, autrefois réservé aux mules de bât du sultan.
Le QUARTIER DES POTIERS s'étoud immédiatement à g. 11
consiste en ateliers disposés de part et d'autre de rues bordées
de murs. Chaque atelier se compose d'une aire plane, plus ou
moins vaste, servant au séchage des pièces céramiques. Des
218 — [26]
FÈS.
locaux abrités pour le tournassage des poteries, le moulage des
carreaux et des tuiles, la décoration des formes, des fours pour
la cuisson bordent l'aire centrale. Les poteries et les carreaux
vernissés de Fès sont réputés dans le Maroc entier, bien que
les produits actuels soient loin de réunir leurs qualités d'autre-
fois; quelques ateliers cependant font de visibles progrès.
A ro. des ateliers, du côté de la ville, se trouve un curieux
village de nomlas, occupées par des bédouins fixés dans l'enceinte
de Fès.
Y. — JÇasba Tilala^ \asha Cher arda, ^
cimetière Bab Mahrouk.
500 m. N.-O. — Très belle promenade à pied.
En suivant la rue qui prend naissance à g. de la porte Neuve
deBou Jeloud (p. 205), on passe devant les dernières boutiques
du souk du Tala (p. 205) que prolongent des échoppes de mar-
chands de paille, d'articles de sparterie, de fabricants de char-
rues indigènes et de vannerie de roseau. Le mur de dr. fait
partie d'une enceinte qui clôt tout le quartier des Filala fermé
par une grande porte monumentale à baïonnette flanquée de
deux bastions à section octogonale.
La kasba des Filala, ou Kasba En Nouar, « des fleurs », remonte à
l'émir almohade Mohammed En Nacer. Elle doit son nom actuel aux
gens du Tafilalet, qui avaient suivi Moulay Rechid au moment de
l'avènement de la dynastie alaouite. Rectangulaire, elle est flanquée
aux quatre angles de tours de guet et a des murs fort élevés recon-
struits sous le règne de Moulay Slimane (fin du xviii® s.). Une mosquée
se trouve à l'intérieur. Les maisons avoisinantes sont sans intérêt.
On sort de la ville par Bab Mahrouk, « porte du Brûlé ».
D'abord appelée Bah Ech Chria, cette porte fut élevée en 1204
par les Almohades. L'année même de sa construction, on brûla
vif, sous ses voûtes, le berbère El Obeidi, chef d'une révolte
dans les montagnes des Ghomara, d'où son nom actuel
(Maqqari). Au dire des gens de Fès, cette porte doit son nom
au fait que le corps d'ibn El Khatib, tour à tour historien,
poète, voyageur, critique littéraire, homme politique du xiv*" s.,
avait été brûlé non loin de là. Depuis, on y suspendait les têtes
des rebelles tués aux cours des expéditions entreprises par les
sultans dans les tribus insoumises de leur empire.
Immédiatement à dr. de la porte, à l'extérieur, belle sur
un profond ravin boisé que domine une haute falaise (grottes
habitées à 100 m. de la porte). Le bordj Nord (p. 222), les tom-
beaux mérinides (p. 223), et le mont Zalagh (p. 227) complètent
admirablement le tableau.
La route de g. rejoint, àBabSegma (p. 222), la route deMeknès;
celle de dr. conduit à (200 m.) la kasba des Gherarda. C'est
cette dernière route que l'on suivra. Bien qu'elle se développe
entre deux cimetières, elle sert d'emplacement à un important
FÈS.
[26] — 219
et curieux marché les matins du lundi et du jeudi, où se réu-
nissent, en même temps que des marchands de volailles, de
bois mort, d'œufs, de nattes, de légumes, de fruits, etc., des
diseurs de bonne aventure, des pharmaciens arabes et des
écrivains publics.
La kasba des Cherarda est un vaste enclos rectangulaire de 400 m.
de long sur 300 m. de large, édifié par Moulay Rechid (xvii« s.) pour
les tribus guich ou makhzen où se recrutait l'armée chérifienne et qui,
en échange des services militaires qu'elles devaient au sultan, rece-
vaient des terres et des exemptions d'impôts. La kasba reçut successi-
vement les Cheraga, les Oudaïa, et enfin les Cherarda, d'où son nom.
On l'appelle aussi Kasba du Khemis à cause d'un marché aux bestiaux
qui se tient le jeudi au delà de son mur N. Elle est occupée aujourd'hui
dans sa partie N.-E. par Y hôpital Cocard et dans sa partie S.-O. par
une caserne de sénégalais.
Tout l'emplacement compris entre la kasba des Cherarda et
Bab Mahrouk est occupé par le cimetière de Bah Mahrouk dont la
partie occidentale est marquée par la grande koubha de Sidi Bou
Beker El Arahi et le mausolée d'Abd Èr Rahmane El Filali, qui
s'élève au pied d'un palmier. De ce point, on a une large *vue,
au S. et au S.-O., sur Fès-Djedid^ le Dar El Makhzen et, plus
loin, sur Dar Debibagh.
yj. _ rès Djedid et le Mellah.
1,800 m. — Le trajet peut se faire en voiture. Très recommandé le
samedi.
Au départ, à g., kasba et mosquée Bou Jeloud.
La kasba Bou Jeloud n'a plus aucun intérêt aujourd'hui. Construite
par l'almohade En Nacer (tin du xii« s.) sur l'emplacement d'une
ancienne kasba rasée par son grand père Abd El Moumene et édifiée
probablement par les Almoravides, cette kasba servit de résidence aux
premiers princes mérinides. Il n'en reste plus que des vestiges, dont
un bordj de bel aspect auprès de la Résidence (p. 208).
Au delà de la mosquée, grande place bordée au N. par une
ligne de petits locaux. C'est là que campent en partie les
délégations des tribus lorsqu'elles viennent faire acte d'hommage
au sultan à l'occasion des grandes fêtes musulmanes. La lourde
bâtisse qui s'élève sur la partie E. de la place servait autre-
fois de magasins de provisions makhzen.
Le grand mur du S. cache le nouveau collège musulman (p. 212)
et la place est fermée à l'O. par une porte qu'on franchit, recon-
struite par la Mission militaire italienne dans un style européen,
puis restaurée dans le style local en 1916.
A g. porte Bou Jeloud, donnant accès au jardin public (p. 208)
et à la Résidence générale (p. 207).
Parcouru le long couloir situé au delà de la porte, on longe
une nouvelle place où se réunissent journellement, dans l'après-
midi, conteurs, charmeurs de serpents, diseurs de bonneaven-
220 — [26]
FÈS.
ture, etc. Oa arrive ainsi à Bab Dekakene, porte massive et
grandiose défendant l'entrée du DarEl Makhzen et sous laquelle
le khalifa du pacha rend la justice.
De ce point, on peut visiter :
1° La Makina (entrée permise) sur le vieux Mechouar, ancienne manu-
facture chérifienne d'armes édifiée sous Moulay El Hassane vers 1886
par la Mission italienne. Cet important établissement, actionné par trois
turbines d'une force de "75 lîP., comportait plusieurs marteaux-pilons,
des machines-outils pour la confection de crosses et de canons de fusils,
une fonderie de petites pièces d'artillerie, une frappe de monnaies, une
installation électrique. Il a perdu sa destination primitive et est occupé
par une section du jparc automobile, le magasin d'habillement et une école
d'apprentissage d'indigènes.
2^ Le quartier de Moulay Abdallah (entrée près de la guérite des
sentinelles). Remarquer, à dr., une grande roue élévatoire autrefois des-
tinée à alimenter en eau le Bordj Nord (p. 222). Plus loin s'élève la
grande mosquée de Fès Djedid (élégant minaret polychrome ; entrée inter-
dite) construite en même temps que Fès Djedid en 1276 par le mérinide
Abou Yakoub Ben Abd El Hakk. La chronique rapporte qu'en 1281 elle
reçut un grand lustre en bronze ornementé pesant 715 livres et portant
280 lampes à huile. C'est là que le peuple convoqué recevait les com-
munications émanant de l'autorité impériale et que le sultan va prier
le vendredi lorsqu'il est présent à Fès. — Plus loin, l'artère principale
dessert une série de souks, des maisons de prostituées et aboutit par
Bab Bou Jat à un vaste mechouar de 350 m. de long et de 250 m. de
large, où se tint la première foire de Fès (1916).
Le Dar El Makhzen ou palais du Sultan (entrée en face de Bab
Dekakene; interdite) occupe une superficie de plus de 20 hect.
comprenant des prisons, plusieurs méchouars ou places; une
médersa mérinide construite par Abou Saïd en 1320, où le sultan
alaouite Sidi Mohammed Ben Abd Er Rahmane (xix'' s.) tenta
sans succès de faire enseigner la géométrie et le calcul à un
certain nombre de tolba, aujourd'hui vide d'étudiants ; une biblio
thèque chérifienne renfermant une série de livres très rares; un
multitude de bâtiments d'époques variées dont les plus récents
sont dus à Moulay El Hassane, Moulay Abd El Aziz, Moulay
Hafld; le DarAïad, dû à Sidi Mohammed Ben Abd Allah (xviii^ s.)
comprend une jolie koubba supportée par des colonnes de
marbre, une vaste cour dallée de mosaïques, un long bassin
rectangulaire rempli d'eau et portant une barque; une ména-
gerie comptant plusieurs lions, dont un de l'Atlas, une pan-
thère, quelques chacals et autres bêtes fauves; des mosquées;
de vastes jardins dont le plus important est celui de Lalla Mina.
Longtemps délaissé, le Dar El Makhzen est depuis quelques
années l'objet de restaurations effectuées sur l'ordre de Moulay
Youssef. Il abrite un certain nombre de cherifat, femmes et
filles d'anciens sultans, que gardent des eunuques.
Après avoir tourné à g. de Bab Dekakene, on pénètre dans la
Grande Rue de Fès Djedid, succession ininterrompue de souks
très animés. On y voit successivement, à g. : le' commissariat
de police, Djama Béida, la mosquée blanche, Djama Hamra, la
mosquée rouge, et Vhôtel de la Résidence,
FÈS.
[26] — 221
Bab Semmarine, haute porte doublement coudée à voûtes
multiples, fait communiquer Fès Djedid avec la rue des Orfèvres
juifs.
De Bab Semmarine, une rue conduit à (100 m.) Bab Jiaf dont le bordj
voisin dit de Sidi BouNafa fut construit par le sultan saadien Ahmed El
MansouT (1588). De là, une route traversant l'oued Cheracher conduit à
(800m.) Bab Hadid (p. 208) en laissant à dr. la pépinière municipale (p. 208).
Au bout de la rue des Orfèvres se dresse le bordj duMellahb,
sous les voûtes duquel est l'entrée des bureaux du Cheikh El
Ihoud.
Les indigènes israélites sont administrés par le cheikh El Ihoud,
assisté du Mejless israélite qui comprend, sous la présidence du pacha,
six membres élus. Cette assemblée a pour le mellah des attributions
analogues à celles du Mejless musulman (p. 214); elle fonctionne sous le
contrôle du chef des Services municipaux de Fès-Ville.
La GRANDE RUE DU Mellah, qui fait suite au Bordj, est extrê-
mement commerçante et animée. C'est là que s'est concentré,
au début de l'occupation, le commerce européen de Fès. Des
pharmacies, un bureau de poste, des cafés et des hôtels, des
bureaux de services d'autos, un cinéma, un dispensaire isr.aé-
lite, une banque sont installés à proximité ou en bordure de
la place du Commerce qui fait suite à l'artère principale du
mellah. La place est fermée à l'O. par Bab Lamer.
De la place la vue s'étend au S. sur les Jardins d'Ain Khemis
et le camp de Dar Mahrès (p. 222).
En contrebas de la place du Commerce, s'étend le cimetière
israélite, très curieux avec ses blanches et innombrables stèles
funéraires horizontales entassées les unes sur les autres.
De la place du Commerce à (2 k.) Dar Debibagh, service de voiture
toutes les 30 min. {V. ci-dessous).
y*77. — La ville nouvelle, la gare, Dar Debibagh,
Dar Mahrès.
Circuit de 8 k. sur bonne route à partir de Porte Neuve deBou Jeloud,
de 5 k. seulement si l'on part de la place du Commerce. A etfectuer
de préférence en voiture.
De Porte Neuve de Bou Jeloud au mellah (place du Commerce)
p. 219-221. — On sort de la place du Commerce par Bab Lamer,
puis on longe l'aqueduc qui traverse les jardins d'Aïn Khemis
plantés d'arbres fruitiers et occupés par la pépinière régionale^ qui
fournit des plants de toutes esseilces aux postes de la région de
Fès. On passe en vue de la gare du chemin de fer militaire qui
s'étend au delà des constructions civiles de la ville nouvelle.
h La ville nouvelle s'est tout d'abord développée à proximité de la petite
gare de Fès, sur un plateau légèrement incliné et dépourvu d'eau et
d'arbres. Aujourd'hui, de grandes artères bordées de jeunes mûriers
dessinent les grandes voies. Le quartier actuel sera celui du petit
222 — [26]
FÈS.
commerce. Les jardins d'Ain Khemjis recevront les villas de plaisance.
La future gare du Tanger-Fès s'élèvera entre la gare actuelle et l'oued
Fès et s'entourera d'un quartier industriel.
Le vaste camp de Dar Debibagh qui débute par les bureaux du
Service des Etapes, à l'O. de la ligne, s'étend de part et d'autre
d'un grand bosquet et de la kasba.
La kasba de Dar Debibagh, « kasba du petit tanneur », est une
enceinte avec palais et mosquée intérieurs créés par Moulay Abd
Allah en 1729. Ce souverain s'y réfugia plusieurs fois au cours de son
règne souvent troublé. L'ouvrage fut réparé à la fin du xvine s. par
Moulay El Hassane qui depuis l'habita quelquefois pendant ses séjours
à Fès. En 190-2, Moulay Abd El Aziz tenta de le relier au Dar El
Makhzen au moyen d'un petit chemin de fer, mais devant l'intolé-
rance des fâsis, il n'osa pas mettre son projet à exécution.
La kasba renferme encore un poste de T. S. F. et les bureaux
du Trésor et Postes aux armées. Le cimetière européen se trouye
à ro.
De Dar Debibagh, une route conduit au camp de Dar
Mahrès, constitué par de nombreux casernements établis sur
un glacis dès 1913. Le cercle militaire, construit sur un éperon,
possède plusieurs salles ornées de panneaux décoratifs dus au
peintre Hourtal. De la terrasse, on jouit d'une belle vue sur le
melJah et Fès Djedid.
Un chemin tortueux et en pente ramène au mellah par Sidi
Bou Nafa, ou à la porte Neuve de Bou Jeloud par le chemin
de la Résidence.
VnJ. — Tour de Tès,
12 k. env. en 2 h. de voiture. — Bonne route, très pittoresque et très
recommandée surtout vers la fin du jour. Les touristes qui n'auraient
pas le temps de faire le tour entier se rendront seulement aux tom-
beaux mérinides.
De Porte Neuve de Bou Jeloud à laMakina, p. 219. — Au delà
du Mechouar de la Makina, on franchit Bab Segma. L'ancienne
porte, ouvrage mérinide, qui se trouvait quelques m. à l'E. de
la porte actuelle, était flanquée de deux hautes tours octogo-
nales; celle du S. seule subsiste. Un marché est établi entre
les deux portes. A l'extérieur, à g., se trouvent appuyés contre
les remparts : le marabout de Lalla Segma, sainte qui a donné
son nom à la porte, et un bassin où on lavait autrefois les
morts avant de les enterrer.
On tourne à dr. pour faire le tour de la kasba des Gherarda
(p. 219). De l'angle N.-O. très belle vue sur le Dar El Makhzen,
Fès Djedid et Dar Debibagh. On traverse ensuite l'emplace-
ment du souk el Khemis, marché aux bestiaux du jeudi (p. 219),
au N. duquel se trouvent d'anciennes carrières.
La route va vers l'E. laissant à dr. le Bordj Nord (en ar. :
bestioune), construit comme le Bordj Sud (p. 224) qu'on aperçoit
en face, sur ordre du sultan saadien Ahmed El Mansour Ed Dehbi
FÈS.
[26] — 223
vers 1588 par des esclaves chrétiens, bien plutôt, semble-t-il,
pour tenir en respect les habitants de la ville que pour les
défendre.
La route se développe en corniche en haut de falaises à pic,
dans une région de fours à chaux, puis fait un tournant brusque
vers le N.
On mettra pied à terre au tournant pour avancer jusqu'au
(100 m.) fort Chardonnet, construit en 1912 à côté des anciens
"^tombeaux mérinides (xiv® s.). Ceux-ci étaient d'immenses
koubbas, aujourd'hui entièrement délabrées, qui se trouvaient
encore en excellent état à l'époque de Léon l'Africain (xv!*" s.).
— De ce point, *vue admirable sur Fès El Bali, qui se révèle
tout entier, et la vallée du Sebou. Les murs qui protègent la
ville au pied du fort sont les plus anciens de Fès; quelques
pans remontent à l'époque almohade (xii^ s.).
On descend ensuite par une large courbe sur le flanc d'un
coteau boisé d'arbres fruitiers, en aval du cimetière de Bah
Guissa, et d'une rangée de grottes creusées dans la falaise et
en amont des koubbas de Sidi Mohammed Bel El Hassene et Sidi
Abd Allah Et Tsaoudi. On s'avancera jusqu'à Bab Guissa, due
à Adjissa, l'un des fils de l'émir zénète Donnas Adjissa; elle a
été restaurée par ordre d'Abou Youssef Ben Abd El Hakk,
sultan mérinide; l'arc extérieur n'aurait pas été retouché alors.
Sur le flanc dr. et extérieur de la porte, se tient tous les
soirs à partir de 16 h., un "^conteur arabe entouré d'auditeurs
groupés sur l'amphithéâtre naturel, très pittoresque, qui longe
les fortifications.
A l'intérieur s'élève la mosquée de Bab Guissa (auvent sculpté
et peint) attenante à une médersa restaurée par Sidi Mohammed
(fin du xvni* s.). Sur le coteau situé en arrière de la mosquée
et de la médersa, à l'intérieur des murs, se trouve le cimetière
de Sidi Mzali, d'où l'on a une "^vue magnifique sur la ville. Le
quartier qui s'étend au pied du cimetière est dit Fondouk El
Ihoudi : c'est là que résidaient autrefois les juifs avant la
création du mellah de Fès Djedid (xni® s.).
En mai 1912, Bab Guissa fut le théâtre d'un sanglant combat. C'est là
que le poste commandé par le lieutenant Chardonnet fut pris entre
deux feux par les Berbères qui avaient envahi la partie haute du cime-
tière des Mérinides et le minaret de la mosquée. L'officier et plusieurs
de ses hommes trouvèrent la mort au cours de leur héroïque défense.
De Bab Guissa on peut se rendre : 1° au (500 m.) souk Attarine (p. 209)
par une rue à peu près directe qui dévale entre de nombreux fondouks
et des souks populeux; — 2o à (1,500 m.) Porte Neuve de Bou Jeloud
(p. 205} par le fondouk El Ihoudi, aujourd'hui quartier des huileries, et
l'artère du Tala.
La descente continue aux abords des ravins magnifiques de
l'oued Malah, peuplés d'une végétation luxuriante qui cache
de vieux ponts et un ancien aqueduc moussus.
On franchit l'oued Malah, dont les eaux, assez considérables
en temps de crue, contiennent des sels nuisibles aux maçon-
224 — [26]
FÈS.
neries, sur un pont de 15 m. d'ouverture, constitué par une
douelle unique sur laquelle reposent 6 voûtelettes d'élégisse-
ment donnant à l'ouvrage le caractère de légèreté qui convient
au site admirable qui l'encadre.
Le Zalagh (p, 227, 2°) aux flancs d'abord boisés, puis dénudés,
se dresse au N. .
On traverse bientôt le pont dit Kantra Ben Tato jeté sur l'oued
Fès au moment où il a reçu toutes les ramifications qui ont
abreuvé et drainé la ville entière.
Ce pont, construit en 1917, comporte une arche en anse de panier do
18 m. d'ouverture comprise entre deux fortes culées évidées par des
plein-cintres de 7 m. L'ouvrage avec ses deux anneaux réunis par une
dalle nervée en béton armé appartient au style connu et imaginé par
l'ingénieur français Séjourné.
Tout près, à g., vieux pont d'une arche en dos d'âne, aux
parois décorées, très intéressant.
Au delà du fleuve, la route remonte en lacets dans les jar-
dins à 1 k. des murs et du quartier de Sidi Bou Jida, rejoint la
route nationale de Fès à Taza, au pied de la koubba de Sidi
Harazem, à proximité de Bab Fetouh et du cimetière de même
nom.
« Sidi Ali Ben Harazem vécut au xii« s. Il fut en son temps un savant
d'une éloquence et d'une réputation telles que les djinns (génies) eux-
mêmes ne dédaignaient point, d'après la légende, d'assister invisibles à
ses cours à Karouiine et reconnaissaient l'autorité de sa science. Aussi
les personnes dont la raison commence à se troubler, et qui s'imaginent
être tourmentées par ces malfaisants génies, vont-elles en pèlerinage à
Sidi Harazem. Moulay Rechid, le fondateur de la dynastie actuelle fut,
après sa mort, transporté de Marrakech à Fès afin d'être enseveli
auprès du célèbre marabout pour lequel il avait une grande vénération.
C'est en son souvenir que les tolba se réunissent à Sidi Harazem lors
de l'élection annuelle de leur sultan » (H. Gaillard). Cette élection a lieu
en avril de chaque année.
Le cimetière de Bab Fetouh (à voir surtout le vendredi),
disposé en amphithéâtre sur 5 à 600 m. de profondeur, au S.
de la route, renferme les koubbas des plus célèbres professeurs
qui illustrèrent l'Université de Karouiine. Au sommet de la
colline, 'à proximité de la msalla du Pacha, se trouvent les mau-
solées des Sebaatou ridjal, « des sept hommes », marabouts ano-
nymes dont la bénédiction est très recherchée des fldèles. Le
cimetière reçoit le vendredi de nombreuses visites de femmes i
musulmanes; il est alors plus animé et gagne en pittoresque. '
La *vue qu'on y a sur Fès est très attachante.
De Bab Fetouh, on peut rejoindre directement le point de départ en
traversant la ville, à pied ou à monture. 11 suffit de suivre en sens
inverse l'itinéraire IV (p. 216).
En poursuivant l'itinéraire à l'extérieur des murs, on passe
au pied du Bordj Sud construit à la même époque que le
Bordj Nord (p. 222), De ce point encore, *vue ravissante sur Fès
qui prend un aspect nouveau : à dr.* cascade de terrasses
FÈS.
[26] — 225
I innombrables; à g., ravin magnifiquement boisé qu'irrigue une
boucle de l'oued Fès, l'oued Zitoun; au milieu, à l'intérieur
des murs, grandes maisons dites Dar Glaoui, Dar Mokri, Dar
Ben Slimane, du nom de leurs riches propriétaires (p. 216).
La route descend ensuite dans le ravin de l'oued Zitoun.
Du fond du ravin, une bifurcation allan.t à Bab Hadid (p. 208) passe
{^dO m.) devant Bab Djedid qui livre passage à la fois à un chemin et
à l'oued Khrareb, dans un magnifique cadre de verdure. Le rempart
porte en outre une canalisation due au Mérinide Abou El Hassane Ali
et dont les eaux vont alimenter la médersa Sahrij (p. 217) et le quartier
avoisinant.
En remontant le ravin de l'oued Zitoun, on passe de la
rive dr. à la rive g. sur Én pont devant Vusine électrique. Ce
pont comporte une voûte elliptique de 12 m. de portée encadrée
par deux culées vigoureuses. Le sol des fondations ne pouvant
supporter de fortes pressions, on a dû élégir l'ouvrage en le divi-
sant en 3 anneaux reliés par un tablier en béton armé. La tète
aval est dotée d'une archivolte double, directement prolongée
par les murs des tympans : cette disposition est commune à
l'art roman de nos cathédrales, de nos ponts du moyen âge et
même à l'art arabe, qui offre quelques spécimens d'ouvrages ainsi
constitués. — C'est à travers ce ravin que le bataillon Philippeau
est monté à l'assaut de la ville révoltée le 17 avril 1912.
Les ouvrages en aval, destinés à la répartition des eaux de
l'oued, ont été construits par Moulay Rechid (xvii" s.).
Plus haut, on croise un ancien aqueduc aux lignes étranges,
on traverse la pépinière municipale (p. 208) et l'on franchit
l'oued Gheracher, qui vient de Fès Djedid, sur un pont, ouvrage
mixte donnant passage à la fois à l'égoût collecteur de la ville
européenne et au Boulevard Sud, se composant de deux voûtes
aux arcs d'inégales ouvertures : la voûte d'amont plus basse,
plus vigoureuse, d'une portée de 18 m., supporte l'égoût collec-
teur; la voûte aval, grêle, haute et d'une portée de 25 m.
donne appui à un plancher en béton armé. La chaussée est
établie sur l'ensemble. Les deux anneaux sont élégis par des
plein-cintres de 4 m. d'ouverture.
On longe les jardins en contre-bas du mellah et du cimetière
(p. 221) et on remonte dans les jardins d'Ain Khemis (p. 221),
destinés à être englobés dans un jardin public.
Avant la montée, remarquer, à dr., le pont-aqueduc de 17 m.
de portée, lancé sur l'oued Zitoun, au pied du mellah. L'ouvrage
porte l'égoût de la ville nouvelle, posé sur une dalle en béton
armé établie en encorbellement sur les deux têtes de pont
élégies par des plein-cintres.
La route passe en vue de Bab Lamer et sous l'aqueduc ame-
nant l'eau de Dar Debibagh à Fès Djedid, court à l'O. des
remparts limitant les jardins du Dar El Makhzen, traverse
l'oued Fès à Kantra Touila, atteint le rond-point de la route
de Meknès à proximité de la fp.rme expérimentale d'Ain
Kadous (on peut visiter).
MAROCi i H
226 — [27] ENVIRONS DE FÈS.
Cette ferme, d une superficie de 600 hect., s'étend de part et d'autre
de la route de Meknès. Elle a pour but de hâter les progrès agricoles
dans la région de Fès : P en vulgarisant les méthodes de culture qui
ont fait leurs preuves en Algérie-Tunisie; 2" en expérimentant l'intro-
ductioû. l acclimatement et la sélection des plantes, des animaux domes-
tiques susceptibles d'améliorer et d'intensifier les ressources du pays;
3^ en contribuant à Tinstruction professionnelle de contremaîtres et
d'ouvriers indigènes.
La Ferme expérimeniale a disposé au début d'une main-d'œuvre
fournie par 30 territoriaux du 1-28® régiment territorial d'infanterie
appartenant à diverses professions agricoles, encadrés par des officiers
et sous-officiers ingénieurs agricoles. Ces praticiens initient les ouvriers
indigènes au maniement des charrues, au pansage des animaux, à la
conduite des instruments aratoires et àia pratique agricole.
Par la suite, la Ferme expérimentale é^luera vraisemblablement dans
la voie d'une Ferme-école, où les élèves pourront acquérir les notions
indispensables à l'exploitation rationnelle du sol. Elle recevra en outre,
à titre de stagiaires, les Français désireux de s'installer dans la région.
Les améliorations apportées à la propriété, outre la régénération des
prairies, la plantation de 3.000 arbres divers, le captage des eaux de
la source d'Ain Kadous, comprennent la mise en culture de '^OO hect.
de terre. Dès 1917, il a été procédé à des essais culturaux qui ont porté
sur le blé, le maïs, l'orge, l'avoine, le sorgho, les fèves, les vesces, les
pommes de terre, la betterave et le coton.
Du rond-point, la route repart franchement vers l'E. pour
rentrer en ville par Bab Segma et Bab Dekakene.
De Fès a Knitra et a Arbaoua par le col de Seggota, p. 173 et 175;
— A Maknès, p. 198; — a Taza, p. 232; — a Tanger, p. 299.
27. — ENVIRONS DE FÈS
Dans ce chapitre sont décrites les excursions à faire aux environs
immédiats et quelque, peu éloignés de Fès. — On ne saurait assez
recommander aux touristes de consacrer, s ils le peuvent, plusieurs jours
aux excursions les plus proches. Ils remporteront un souvenir enchan-
teur de cette région si pittoresque, où l'on découvre des points de vue
incessamment variés sur la capitale millénaire, sur la grande plaine du
Sais et la large vallée du Sebou.
Conseils pratiques. — Pour les promenades n'excédant pas 12 à 15 k.,
on fera avec avantage usage du cheval ou surtout du mulet (5 fr. la
demi-journée, 10 fr. la journée entière, pourboire au conducteur;
s'adresser aux Services municipaux). Pour les excursions plus lointaines,
l'automobile est plus rapide et plus pratique (1 fr. 25 à 1 fr. 50 le k. ;
s'adresser aux chaulTeurs du mellah et de la ville nouvelle).
1° Ksar des Beni Nerine.
2 k. N. — Chemin muletier.
Sortir par Bab Mahrouk (p. 2LS), passer devant la kasba des
Gherarda (p. 219), monter directement au N. en longeant à l'E.
les anciennes carrières et en s'enioncant dans les jardins d'oli-
KSAR DES BENI MERINE. - ZALAGH, [27]
— 227
viers ou se trouvent de nombreux et très curieux fours à chaux
dont le seul combustible est le palmier nain.
2 k. Ruines du Ksar des Beni Merine, sur une éminence
de terrain séparée du Zalagh à l'E. par une profonde vallée.
La vue est très belle sur Fès et les environs.
Du vieux palais^ dit des Mérinides par les indigènes, il ne
reste que les fondations. 11 n'est pas établi d^ailleurs que cette
origine soit bien certaine; on se croirait plutôt sur l'emplace-
ment d'une ancienne kasba démantelée.
A 200 m. N.-O., sur une hauteur voisine, s'élève le fort Bour-
donneau, d'où le ^panorama est encore plus étendu.
2" Le Zalagh.
8 k. N.-E. — Piste accessible seulement aux piétons et aux montures;
1 bonne heure à dos de mulet. Recommandé aux amateurs d'alpinisme.
Sortie par Bab Guissa (p. 223). Descente par la route du Tour
de Fès jusqu'au fond de la vallée de l'oued Malah, puis montée
par un chemin en lacets qui escalade le Zalagh vers l'E.
Le Zalagh (en berbère : le bouc) est une arête rocheuse de
892 m. d'alt. qui s'étend en forme de dos de poisson sur une
longueur de 3 k. La *vue s'étend au S. sur Fès, la plaine du
Sais jusqu'aux montagnes de Sefrou, la vallée du Sebou et le
mont Kansara, à l'E. sur le pays très accidenté de Hyaina et
au N. sur la région du Lemta, très boisée et bien cultivée.
Cette excursion peut se combiner avec la suivante, qui en est le com-
V plément. Le trajet n'est allongé que de quelques k.
^ 3° Sidi Ahmed El Bernoussi.
11 k. N. — Piste, accessible seulement aux piétons et aux montures;
1 h. 30 à dos de mulet. Recommandé surtout à l'époque du moussem
de mai.
Sortir par Bab Guissa (p. 223) et prendre à 500 m. plus loin,
au delà du marabout de Sidi Mohammed Ben El Hassene
(p. 223), la piste qui conduit directement au sommet de la mon-
tagne après une montée au travers de coteaux céréalifères,
puis de vergers, de vignes et d'oliviers, enfin de pentes rocail-
leuses et abruptes.
La KOUBBA DE SiDi Ahmed El Bernoussi, « le gardien de
Moulay Idris », s'élève à 750 m. d'alt., derrière la crête, au
milieu d'un bosquet de térébinthes. Magnifique point de vue
au S. sur Fès et au N. sur le Lemta, région extrêmement
mouvementée, fort bien cultivée par les tribus des Hamyane
et justement renommée pour ses excellents fruits : raisins,
olives et oranges.
Un ^rand moussem ou fête populaire, accompagné de repré-
' sentations d'Aïssaoua et de Hamadcha, se tient chaque année
aux abords de la koubba, en mai.
228 — [27]
ENVIRONS DE FÈS.
4° Le Taghat.
8 k. N.-O. — Piste muletière accessible seulement aux piétons et aux
montures ; 1 h. 30 à dos de mulet.
On sort par Bab Segma (p. 222) et l'on monte aussitôt à dr.,
à flanc de coteau, près d'un ancien cimetière européen et de la
msalla du Sultan, Cette msaïla, immense oratoire en plein air,
est délimitée à l'E. par un long- mur rectiligne au milieu duquel
sont aménagés une niche « mihrab » et un escalier de maçon-
nerie « minbar » où se dit le prône ou khotba comme dans les
mosquées principales. La population assiste, nombreuse, à"
l'office du matin de l'Aid Kebir et de l'Aïd Seghir, office que
préside le sultan lorsqu'il est présent à Fès, ou son khalifa
lorsqu'il est absent. '
On passe ensuite au-dessus de la Ferme expérimentale (p. 226)
et le chemin se poursuit en montée légère parmi les cultures
et les oliveraies.
Le Taghat (en berbère : la chèvre) est un sommet arrondi
de 831 m. d'alt. d'où l'on a un beau point de vue sur la cam-
pagne de Fès. Au pied du versants, s'aperçoivent les deux étangs
de Douiats; plus loin, dans la plaine, apparaît la vieille kasba
de Ras El Ma où l'oued Fès prend sa source (F. ci-dessous, 5°).
A l'E., se creuse la vallée du Sebou et au N.-E. s'étend le
Lemta {V. ci-dessus, 3°).
5^ Ras El Ma.
12 k. 0. — Route, puis piste autocyclable par beau temps.
On sort par Bab Segma (p. 222) pour suivre la route de Meknès
jusqu'au delà de Nzala Faradji (p. 198) d'où une piste à g.
conduit, au milieu des cultures et des terrains couverts de
palmier nain, à Ras El Ma, « la tête de l'eau ».
L'oued Fès sort de terre sous forme de deux gros ruisseaux
qui s'écoulent dans des fonds verdoyants et se réunissent plus
bas pour ne former qu'un seul cours d'eau. De Tune des
sources, l'eau tombe en cascade d'une petite grotte au-dessus
de laquelle se dresse une vieille kasba abandonnée. C'est là
qu'autrefois les mehallas chérifiennes établissaient leur premier
campement à leur sortie de Fès.
La propriété avoisinante, cédée en 1918 à une société pour
l'élevage et la culture, a 3,000 hect. de superficie et s'est vendue
915,000 fr.
Moulay Yakoub.
•22 k. N.-O. — Bonne route n'^ 3 Fès-Knitra sur 12 k., puis piste auto-
cyclable par beau temps.
Sortie par Bab Segma (p. 222) et la route de Meknès jusqu'au
k. 12. — La piste se détache à dr. dans la région de Bouïeb Er
Rih, gravit la colline qui prolonge le Taghat (V. ci-dessus,
à l'O., passe au douar des Sedjaa. Des hauteurs on jouit, sur !«
MOVLAY YAKOUB. — SIDI HABAZEM. [27] — 229
plaine du Sais et les montagnes qui la dominent au S,, d'un
beau panorama. Vers TE. on aperçoit les sommets neigeux des
Beni Ouaraine. A l'O. et au N. terrains mouvementés que
surveille le massif bleu du Zerhoun (p. 193). Après avoir
contourné plusieurs crêtes, on atteint, au bas d'une descente
abrupte (laisser les autos à mi-pente) Moulay Yakoub.
22 k. Moulay Yakoub, petit village berbère de quelques
centaines d'habitants, en aval du tombeau du saint et d'une
source d'eau très sulfurée sodique avec hydrogène sulfuré libre
d'une température de 52°5. Celle-ci alimente un bassin où
viennent dans la bonne saison se baigner des indigènes atteints
de maladies de peau, notamment de syphilis. Un pavillon con-
tenant 4 salles a été construit en 1917 pour les Européens et
les notables indigènes (pas d'hôtellerie). — Au printemps et
en automne, la station thermale est particulièrement fré-
quentée. Un moussem populaire s'y tient. C'est là qu'on peut
voir les plus importantes réunions bédouines de la région.
Les habitants de la région attribuent la construction primitive des
bains à l'émir almohade Yakoub El Mansour, qui mourut en 1198.
7 ' Sidi Harazem.
12 k. E. — Bonne route principale n^ 15 jusqu'à 2 k. du point d'arrivée ;
' chemin muletier sur le reste du trajet, carrossable par temps sec.
On sort par Bab Fetouh (p. 217) et l'on remonte la vallée du
Sebou par la rive g. en laissant sur la droite les sommets du
Jellek et Asfa.
10 k. Dardara, petit village indigène, à 500 m. de la rive g.
du Sebou, à proximité du pont de Mesdoura, très important
ouvrage qui se compose de 3 arches : une arche centrale de
35 m. de portée, encadrée par deux autres de même forme, de
30 m. La longueur totale est ainsi de 110 m. et la largeur de
6 m. 50 entre parapets. Chaque arche est composée de 3 anneaux
de 1 m. 60 de largeur séparés par des vides de 1 m, 10, au-dessus
desquels sont posées, pour supporter la chaussée, des dalles en
béton armé. L'ouvrage est fondé sur une couche d'argile très
dure trouvée à une profondeur moyenne de 3 m. 50 au-dessous
du lit de la rivière; construit en dix-huit mois, il a été achevé
en mars 1918.
On abandonne la vallée pour s'engager à dr. dans une gorge
qui lui est perpendiculaire.
12 k. Sidi Harazem, petit village berbère bâti sur les flancs
d'un coteau. Les huttes de branchages et de terre qui le com-
posent sont curieusement couronnées de nids de cigognes. Au
pied du village se trouve le marabout de Sidi Harazem, auprès
de la source du même nom, d'où jaillit une eau chaude (35*^) riche
en gaz carbonique et dans laquelle viennent se baigner de
nombreux malades. Un magnifique bouquet de palmiers
ombrage la source et la koubba du saint.
230 — [27] ENVIRONS DE FÈS.
8° Sefrou.
33 k. S -E. — Piste à profil ondulé carrossable par beau temps. Route en
construction. (Emporter son repas si l'on tient à déjeuner à Sefrou où
il n'y a pas d'hôtel.) Très recommandé.
Sortie par le chemin de la Résidence qui se prolonge vers
Bab Hadid si l'on part de Porte Neuve de Bou Jeloud, et par
Bab Lamer si Ton vient de la place du Commerce. Au delà du
ravin de l'oued Zitoun, suivre la route de Taza sur 400 m. et
s'engager sur la piste de Sefrou, à dr.
1 k. 5. On remonte la vallée de l'oued Mekares pour atteindre
la plaine surélevée du Sais (p. 198). On passe à la limite des
terrains des Ouled El Hadj à dr. et des Gherarda à g.
12 k. Aïn Hanech. — 20 k. Aïn Smar. — 22 k. Oued Ghegaga.
Piste à dr. sur Bhalil ( V. ci-dessous).
24 k. Sidi Yahia.
33 k. Sefpou, ville indigène située au pied de la montagne,
sur l'oued Sefrou, à 900 m. d'alt., peuplée de 9,900 âmes, dont
50 français et 3,000 Israélites. Encadrée dans une épaisse oasis
d'arbres fruitiers, où croissent à la fois les essences de la zone
méditerranéenne et des régions plus tempérées notamment le
cerisier.
La ville comprend les quartiers arabes de Taksebt ei Chebbak
au N., de la Kasba à l'E., de Mesbah et de Zemrita au S., enser-
rant le Mellah de toutes parts. Une haute enceinte, datant du
xixe s., en fait le tour.
Histoire. — Au début de l ère musulmane, les Ahel Sefrou occupaient
des points échelonnés le long de l'oued Aggaï et de la rivière qui porte
aujourd'hui le nom d'oued El Ihoudi. Pendant la construction de la ville
de Fès (début du ix« s.), Moulay Idris réussit à convertir les habitants
de Hahouna (emplacement actuel de Sefrou) et des environs immédiats.
La ville avait déjà quelque importance au xii^ s. Vers le xiii« s., la
colonie juive, venue du Tatilalet, du Sud algérien et de Debdou, fut
installée dans le mcUah actuel. La ville eut toujours beaucoup à soutïrir
des Berbères et de ses caïds. Sefrou a été occupée par les troupes cho-
riftennes (Colonne Moinier) en 1911, et par les troupes franc-aises av(^
le général Gouraud en 191-2. m
Les points les plus pittoresques de la ville sont le *rai5m fl
Voued Sefrou, que les laveuses juives animent tout le jour, efj
plus en amont, les gorges boisées du même cours d'eau qui
descend en cascades multiples. A 400 m. à PO. et à vol d'oiseau
de la ville, sur un sommet qui la commande, est situé, à côte
du marg,bout de Sidi Serrine, le fort Prioa (accessible en auto)
d'où l'on jouit d'un *coup d'oeil magnifique sur les environs.
Des chemins permettent entin de faire le tour des vergers en
quelques minutes d'automobile.
Environs. — A 4 k., par une très intéressante piste muletière dam
les montagnes, Bhalil (« les sots ») serait ainsi dénommé, prétendent lef
indigènes, parce que ses habitants croient descendre des chrétiens ; \li
nient toute origine arabe ou berbère. Le village, de 3,800 hab., est étage
SEFROU. — MOULAY BOU CHTA. [27] — 231
dans une faille de la falaise qui tombe à pic sur le plateau. Le groupe
de la source, de la mosquée et d'une huilerie voisine, que dominent
de grands peupliers, est très pittoresque. Les cultures de la région
soAt importantes et s'étendent encore grâce au défrichement récent des
terres qui avoisinent Aïn Smar.
DE SEFROU A ALMIS (53k. S.; piste carrossable par beau temps; un -
permis de circulation délivré par l'autorité militaire est indispensable).
— 9 k. Kasba de Mesdou.
19 k. Anosseur, poste militaire à 1,450 m. d'alt. — 23 k. Passage de
l'oued Amekla. Après Rechoua, plaine de Tignas, puis montée en
pente douce. — 38 k. Col Abaknanès et défilé étroit dans une forêt de
cèdres.
53 k. Almis (p. 197), dans la vallée de l'oued Guigou.
D'Almis une piste conduit à (14 k. N.-E.) Taghzout, poste militaire
créé en juin 1916. Muletière à partir de ce point, elle se prolonge en
suivant l'oued Bou El Marie, très encaissé entre des pentes boisées que
dominent à g. les contreforts du Djebel Tchioukt. — 26 k. Aït Raho. —
30 k. El Merdja. On traverse ravins et rochers. — 50 k. Ennjil, kasba.
— 59 k. 7\/jam. Nombreuses kasbas. — 75 k. Maghder Soltane, source
peu abondante. — 91 k. Kasbat Et Malchzen (p. 198).
D'Almis à Timhadit, p. 197.
9° Moulay Bou Chta.
55 k. N. — Piste muletière à profil accidenté.
Sortie par Bab Segma (p. 222). — 2 k. 5. Oued Malah très
BQcaissé. — 12 k. Djebel Keskeb.
15 k. Oued Dreirat. — 20 k. On suit les pentes 0. du Djebel
Halloui.
34 k. Gué sur l'oued Sebou, large à cet endroit de 100 m. et
profond de 40 cm. en été.
35 k. Bou Reïs. — 38 k. Oued Bou Ghabet. — 43 k. Oued
Habbara. — 46 k. Dchar Ali et jardins.
55 k. Moulay Bou Chta, petite ville de 800 hab., dans la
tribu des Fichtala, au milieu d'une centaine de maisons qu'a-
voisinent de nombreuses fermes, et où s'élèvent la mosquée et le
sanctuaire de Moulay Bou Chta marqués par un minaret et une
koubba verte. Le village est dominé par Tune des dents du
Djebel Amergou, falaise de 300 m. de haut d'où la vue s'étend
au S. sur les montagnes de Fès et de Meknès, a l'O. sur les
collines des Ouled Djama.
Au sommet du piton septentrional de la chaîne du Djebel
Amergou, se trouvent les ruines de l'ancienne kasba d' Amergou
probablement d'origine berbère. Une enceinte, de 370 m. de
pourtour, de 1 m. 35 d'épaisseur, de 5 m. de hauteur maxima,
épousant les sinuosités du rocher, est encore visible. Ginq
portes, renforcées de tours creuses ou pleines, la transpercent.
A l'intérieur, on distingue trois cours, dont l'une avec citerne,
l'autre avec magasins (d'après E. Lévi).
Variante. — Une autre piste, qu'on pourra prendre au retour,
conduit de Fès à (66 k.) Moulay Bou Chta par (34 k.) Dar El Baghdadi,
232 — [28] DE FÈS A TAZA,
dans la tribu des Ouled Djama et (48 k.) Souk Et Tléta des Cheraga-
marché du mardi. , . ^v-*-
A 5 k. N. Fès El Bali,'^^ l'antique Fès », ruine sur laquelle s est bati un
village berbère de quelques maisons. Fès El Bali serait une ancienne
\[\\e, Taouda, bâtie par les Almoravides au xi« s., détruite au commen-
cement du xvie par le premier saadien Abou Abd Allah El Qaim Biamn
Allah. Les ruines couvrent une superficie de plusieurs hect. et con-
sistent en pans de murs hauts de 3 à 5 m., en un hammam rectangulaire
divisé en trois chambres surmontées de trois voûtes (E. Lévi).
A 15 k. E. El Kelaa des Slès {V. ci-après).
,10° El Kelaa des Slès. ^
go k. N. — Piste carrossable en été seulement. m
Sortie par Bab Guissa (p. 223); on suit la route du Tour de
Fès jusqu'au delà du vieux pont de Kantra Ben Tato (p. 224)
pour prendre la piste qui contourne le Zalagh à TE. et suit la
vallée du Sebou par la rive g. , .
15 k. Hadjra El Kahla, sur la rive dr. du Sebou, ou le gênerai
Gouraud délit, le 1^'juin 1912, les Berbères qui avaient attaque,
quelques jours auparavant, la ville de Fès. — 20 k. Sidi Abd
En Nour, — 22 k. Jardin d'oliviers au confluent de Tlnnaouene
(p 233) et du Sebou. Pont sur le Sebou et caravansérail. On
prend la piste de dr., qui traverse les villages de Zgara, des
Ouled Abd Es Salam et de Msass.
33 k. 5. Souk Et Tnine d'Ouldja, jardins et oliviers de la tribu
des Ghera^a. La piste remonte un ravin. — 39 k. A l'E., mechta
des Ouled Taleb. — 41 k. Col de Bab Fedj El Hader, d'où 1 on
a une vue étendue. — 44 k. Aïn Hammara. — 47 k. Ain Krima.
— 50 k. Sidi Mohammed, à 1 k. E. — 53 k. 5. Col. — 57 k. Hadjra
Bon Maïza, h 700 m. 0. La piste suit alors l'oued Sles.
62 k. El Kelaa des Slès, poste militaire sur le versant S.
de l'oued Ouergha, qui coule à 1,500 m. au N. — A l'E., Djebel
Messaoud, aux pentes escarpées et boisées.
D'El Kelaa a Moulay Bou Chta, V. ci-dessus. 9° ; — a Fès El Bai.i,
ci-dessus, 9" ; — a Souk El Arba de Tissa, p. 233.
28. — DE FES A TAZA
A. — Par El Arba de Tissa.
125 k. E. — Piste autocyclable par beau temps seulement; difficile sur
la deuxième moitié de son parcours en temps de pluie. 1 rohl très
accidenté. Cette voie sera délaissée dès que la route par linnaouene
sera achevée.
Sortie par Bab Fetouh (p. 217) et descente dans les jardins
d'oliviers de Fès en suivant la ligne télégraphique.
4 k. Pont sur l'oued Sebou, de 8 arches inégales et de près
de 150 m. de long, construit sur l'ordre de Moulay Rechid, pre-
SOUK EL ARE A DE TISSA, [28] — 233
mier sultan de la dynastie alaouite, vers 1670, pour faciliter les
relations de Fès avec Taza et l'E. du Maroc.
La route suit la rive dr. du Sebou jusqu'à (9 k.) Moulay
Yakoub, village indigène à quelque distance à l'O., puis monte,
dans des ravins dénudés, sur le flanc du Djebel Bou Redim
(527 m. d'alt.).
19 k. Aïn Kansara, ancien poste militaire et caravansérail,
que précèdent une source captée dans le rocher et un petit
massif d'oliviers. Belle *vue sur Fès. Après quelques détours, la
route descend dans une région ravinée jusque dans la vallée de
l'oued Innaouene. — 26 k. Pont en bois sur l'innaouene, à 2 k. en
amont de son confluent avec l'oued Sebou; on remonte ensuite
la vallée.
L'oued Innaouene, qui se jette dans le Sebou, est formé de la réunion
de nombreux cours d'eau provenant du massif des Tsoui au N. et de
celui des Ghiata au S. Son principal affluent est Toued Lebene. Sa
long-ueur est d'environ 150 k., sa largeur moyenne de 25 m. et sa pro-
fondeur de 40 cm. en été. Ses berges à pic, de "2 et 3 m. de hauteur,
sont bordées de lauriers-roses. Sa vallée est d'une très grande fertilité.
36 k. Pont sur l'oued Lebene. On aperçoit quelques mechtas,
à g., au pied de la montagne. — 45 k. Gué de l'oued Lensar
après lequel on contourne la montagne de sel où s'approvision-
nent les indigènes de la région, énorme masse rougeâtre que
couronnent un arbre et le marabout de Lalla Tissa.
47 k. Souk El Arba de Tissa, petit centre européen de
quelques maisons au pied de deux éperons, dont l'un est occupé
par une sorte de kasba, l'autre par un poste militaire ; ch.-l.
du cercle des Hayaina.
D'EL ARBA DE TISSA A KASBA KOREAT (32 k. S.-E. ; piste aménagée en
profil peu accidenté; carrossable en été). — 1 k. Gué de l'oued Lebene.
La piste passe à g. de la zaouïa de Sidi Mohammed Bel Ahsene, tra-
verse le plateau des Ouled Mellagui (gaada) et le col de Bab Gueroua.
— 28 k. El Aïoune, sources auprès desquelles on rejoint la route princi-
pale n° 15 Fès-Taza. — 32 k. Kasba Koi^eat, poste militaire créé en
juillet 1917, non loin de Souk El Arba des Heborja situé sur un éperon
dominant la vallée de l'innaouene. .
D EL ARBA DE TISSA A EL KELAA DES SLÈS (45 k. N.-O. ; piste accidentée
sur sol argileux, carrossable en été, impraticable aux voitures en hiver).
— 10 k. Mechta Besabsa, auprès de deux sources abondantes. — 16 k.
Aïn Berkat, mechta du kaïdZergane. — 22 k. Jardin de Sidi Saad Saoud.
— 26 k. Aïn Merchouche, source abondante. — 32 k. Bah El Hadjar,
dans la tribu des Beni Mhamed. — 40 k. Marabout de Sidi Ahmed Ben
Hassoun. — 45 k. El Kelaa des S lès (p. 232).
D'EL ARBA DE TISSA A SOUK EL ARBA DES SENHADJA : 1« Par la voie
directe (35 k. N.; piste aménagée, carrossable pendant la belle saison).
~ 1 k. Aïn Kermous, village. — 10 k. Gué de l'oued Lensar. — 22 k.
Souk et Tléta des Ouled Bou Chta, près d'un gros bouquet d'oliviers.
35 k. Sonk El Arba des Senhadja, marché du mercredi, à proximité
duquel se trouvent trois villages, une source très abondante, des jar-
dins et des cultures variées.
2° Par Bou Sbellou (39 k. N. ; piste muletière en pays fertile et riche).
— 16 k. d'El Arba de Tissa à Aïn Berkat (V. ci-dessus). — 22 k. Bo7i
234 — [28]
DE FÈS A TAZA,
Sbellou, source sous un figuier et bouquet d'oliviers dans la tribu des
Ouled Amrane. — La piste remonte la rive g. de l'oued Ouergha. —
25 k. 5. Défilé encaissé et rocheux. La kasba de Sidi Moulay Amara et
des oliviers nombreux s'aperçoivent en face, sur la rive dr. de l'Ouergha.
— 35 k. Massif de pistachiers térébinthes. — 39 k. Sou/c El Arôa des
Senhadja ( V. p. 233). — D'El Arba des Senhadja à Camp Desroches, p. 235.
D'El Arba des Senhadja, la piste remonte l'oued Ouergha dont la vallée
se resserre près de Tazouta-, le pays est riche; les villages avec sources
et jardins sont nombreux. On franchit l'oued Ouergha près de son
confluent avec l'oued El Kasba et l'on arrive à Djema Chenrfa Tafraout.
La piste traverse ensuite la chaîne du Rif en passant (34 k.) par Taffah,
puis descend la vallée de l'oued Kerkour; elle aboutit ainsi à (110 k.
env.) la baie d'Alhucemas (p. 317) sur la côte méditerranéenne.
D'EL ARBA DE TISSA A MATMATA (34 k. S.-E. ; piste muletière). — 1 k.
Traversée de l'oued Lebene au gué de Sidi Mohammed Bel Hassene. —
1 k. 2. Zaouïa de Sidi Mohammed Ben Kassem, à dr. de la piste. — 3 k. 5.
Gué de l'oued Guellali. — La piste longe l'oued Ouksa pendant 5 k. au
fond d'un ravin aux pentes peuplées de genêts épineux. — 15 k. Bah
Gueraoua. La piste descend rapidement dans la Chaaba Dial Douïbat.
— 19 k. 8. Bar Kaïd Ould Heuda et mechta Hamoudet, à 1,500 m. à dr.
de la piste. — 20 k. La piste descend vers l'Innaouene, par le fond d'une
petite vallée, puis remonte la rive g. de l'oued Matmata. — Le pays est
fertile jusqu'à Ain SkJtoun (source chaude), puis devient inculte. —
34 k. Matmata (p. 235).
On suit toujours la vallée du Lebene, très sinueux dans ces
parages. — 56 k. 5. Marabout de Sidi Ali Marnissi, entouré de
quelques arbres, à proximité de l'emplacement du Souk Et
Tnine. — 57 k. 7. La piste franchit le gué de l'oued Abd El
Djellil. — 63 k. 7. Marabout de Sidi Abd El Djellil, près de la
forêt de Marnissi. Le terrain devient très accidenté. ^
68 k. Zrarka, ancien gîte d'étapes sous de grands oliviers. —
74 k. 2. Souk Et Tleta, Outa Bou Abanc et gué de Loued Tléta.
De ce point, on peut se rendre à (15 k. S.) Kasba Koreat (p. 233) par
une piste autocyclable en été traversant des terrains très fertiles de
cultures, passant près du douar Krakez, descendant au pied de la
colline d'Arzazga qu'habite le caïd des Ouled Riab, et atteignant Koréat
par une montée en lacets.
82 k. 5. Col des Zouaves. Descentes accentuées. La piste se
déroule entre les tribus Hayaina à g. et Tsoul à dr. — 83 k. 2.
Ain Msous, puis gué de l'oued Amelil.
85 k. Oued Amelil (aub.), poste militaire et bureau du Service
des Renseignements, sur une hauteur dominant Toued.
La piste monte et descend dans des terrains très accidentés,
traverse des ravins sur de« ponts, passe au pied de villages
indigènes, escalade le col des Eumal, puis redescend dans la
vallée de l'oued Haddar.
107 k. Camp Desroches, sur une hauteur à dr. La piste suit le
cours de l'oued Haddar, d'abord en corniche, puis au milieu
d'une riche plaine.
DE CAMP DESROCHES A BAB MORODDJ (17 k. N.; piste muletière). —9 k.
Souk Et Tnine. — 11 k. 5. Marabout de Sidi Ahmed Zehroiik, après
lequel la piste monte en pente douce jusqu'à destination. — 15 k. Col
de Bab Moroudj. — 17 k. Bab Moroudj (p. 243).
OUED AMELIL.
[28] - 235
DE CAMP DESROCHES A SOUK EL ARBA DES SENHADJA (72 k. N.-O.; piste
muletière). — La piste remonte la vallée de l'oued El Haddar, puis celle
de l'oued Sertit, dans les terrains fertiles des Beni Bou Yala. — 17 k.
Souk El Had des- Fezazra, marché du dimanche. — 21 k. Sof Fezazra^
col. jja piste suit la vallée de l'oued Traha qu'elle traverse à un gué,
monte à Aïn Khemis, puis descend dans la vallée du Lebene, près de
sa source. — 41 k. Ras Ed Dar. La piste s'écarte de plus en plus de
l'oued Lebene, vers le N. — 57 k. Souk Djenane Medjiber, âu confluent
de l'oued Khemis et de l'oued Hadier Kellal. — La piste franchit le
dos de pays peu élevéy qui s'étend entre les vallées du Lebene, et de
l'Ouergha. — 72 k. Souk El Ai^ba des Senhadja (p. 233).
113 k. Meknassa Tahtania^y'iUage au centre de terrains fertiles.
Les Meknassa, branche des tribus Zenata, dommaient au vni® s. toute
la vallée de la Moulouya et étendaient leur influence jusque dans les
oasis du désert marocain et les contrées qu'arrose l'oued Ziz. C'est à
eux qu'est due la fondation de Sidjilmassa. La famille, illustre autrefois,
ne paraît plus actuellement compter que les populations de Meknassa
Tahtania, des Beni Stittene, et de Meknassa Foukania, des Beni Ali.
(De Lamartinière.)
115 k. Pont sur l'oued Haddar, et montée en lacets jusqu'au
plateau de Kerdoussa, d'où l'on découvre Taza et le col de
Touahar (p. 242). On redescend au travers de ravins boisés
d'oliviers dans la vallée de l'oued Innaouene. — 122 k. Pont
sur l'Innaouene, que domine au S. l'émergement rocheux et
très élevé du Kern Nesrani. — 123 k. 5. On passe sur la ligae
de ch. de fer militaire. — 124 k. 5. Pont sur l'oiftd Taza; au
delà la route se poursuit le long du ch. de fer pour atteindre
la gare principale de Taza Ladjeraf (hôtel); on bifurque à dr.
pour escalader les pentes du Dra El Louz et atteindre la gare
secondaire, sise à proximité du camp Girardot (hôtel en voie
d'aménagement). La Taza musulmane est encore à 2 k. au S.
et plus haut (pas d'hôtel).
B. — Par l'Innaouene.
132 k. E. — Route n° 15 livrée à la circulation depuis le printemps de 1919.
— Ch.de fer militaire en construction, à peu près sur le même tracé.
10 k. de Fès au pont de Mesdoura, p. 229, 7*". — Au delà du
Sebou, la route monte sur le plateau d'Ain Sbit. — 20 k. Sidi
Abd Er Rezzak, bois d'oliviers au sommet du plateau. — 29 k. 5.
Source d'Ain Sbit. — 30 k. Aïn Sbit, poste militaire et souk à
proximité d'une mechta de la tribu des Beni Saddene, dont
d'autres douars se voient plus loin. — 40 k. Dar Kaïd Omar
Ntouda, poste militaire d'où se détache la route carrossable de
(8 k.) Sidi Bou Knadel, poste militaire, créé en 1916. — 48 k.
Kasba des Ait Mimoun. — 49 k. Ravin de l'Ain Fellej. — 51 k.
Oued Bou Zemlane. Gué de Mechra Sidi Thami, puis montée
assez forte.
A quelque distance de la route, Matmata, poste militaire et
bureau des Renseignements, dans la tribu des Beni Ouarain.
De Matmata a Souk El Arba de Tissa, p. -234.
236 — [29]
TAZA.
On descend ensuite dans la vallée de l'innaouene (p. 233).
Gué sur l'oued.
66 k. Sidi Ahd El Djellil, poste militaire. — 73 k. Souk El
Khemis El Gour, — 76 k. Kasba détruite d!El Amara.
83 k. Kasba des Beni Stittene^ au confluent de l'innaouene et de
l'oued Bou Hellou.
Au cours des travaux de construction de la route, on a trouvé, fin 1918,
sur les bords de l'oued Bou Hellou, des vestiges antiques, pierres de
taille, fragments de colonnes, un chapiteau, une base {déposés au
musée de Fès) appartenant sans doute à l'époque romaine; quoique d'un
art décadent,. ces documents ne fournissent pas moins une preuve d'une
station, sinon d'un établissement de longue durée, des Anciens dans la
trouée de Taza.
On franchit plusieurs fois à gué l'oued Innaouene, à 87,
91 et 93 k.
98 k. Koudiat El Bia4, poste militaire. — 105 k. Sidi Bou Beker,
108 k. Poste de Toaahar, au N. de la piste. — 24 k. de Touahar
à Taza, p. 242.
132 k. Taza (F. ci-dessous).
29. — TAZA
•
Emploi du temps. — Si l'on peut se rendre à la medina en voiture ou
en auto, quelques heures suffisent pour visiter Taza dont les princi-
pales curiosités sont réunies dans la ville ancienne et ses abords immé-
diats. Une démarche aux Services municipaux (ville indigène) est indis-
pensable pour obtenir toutes autorisations utiles.
L'excursion de Bab Merzouka et du col de Touahar, très recommandée
pour son gros intérêt touristique, se fera par le train, puis à pied, et
prendra une demi-journée (s'informer à la gare de l'horaire des trains,
2 serv. quotidiens).
TAZA, c)i.-l. de commandement militaire, est peuplé de
350 européens et de 5,000 indigènes de race mélangée avec un
fond berbère initial de Meknassa et de Ghiata auquel s'est
ajouté l'apport des gens de Fès et de Tlemcea; les israélites,
dont le mollah a été détruit en 1903, ont émigré pour la plupart.
Le groupe des constructions de Taza s'étend sur trois étages
successifs, contreforts dos montagnes très élevées des Ghiata.
En haut, c'est d'abord la ville indigène juchée sur un plateau
de 585 m. d'alt. s'arrêtant brusquement au N. et à l'O. par des
falaises presque à pic de 85 m. En dessous la plate-forme du
Dra El Louz sert d'assise au camp militaire Girardot, établi
en 1914, et à la ville nouvelle; en contrebas enfin, à 445 m.
d'alt., est située la gare du ch. de fer militaire, à proximité
de l'oued Bou Ladjeraf, affluent de l'oued Innaouene.
Hôtels : — Terminus-Taza, près du
camp Girardot (confortable ; 30 ch.;
salle de bain, grand hall, terrasse);
de la Gare (Llinarès), à la gare de
Taza Bou Ladjeraf (15 ch. à 1
et 2 lits de 4 à 7; pet. déj. 0.60,
rep. 4).
Voitures de louage : — Taza ne
TAZA.
[29] — 237
possède que quelques voitures de
louage; prix à débattre; les faire
demander d'avance par l'hôtel.
Services automobiles : — Mazères,
serv. régulier de Taza à Fès par
auto-camions (peu confortables),
50 fr. la pl. ; service automobile
irrégulier, mais fréquent en bonne
saison (s'informer à l'hôtel), 100 fr.
la pl. au minimum.
Montures de louage : — s'informer
aux Services municipaux (ville indi-
gène) qui donnent connaissance du
larif variable avec la saison.
Histoire. — Le couloir de Taza a été l'un des passages du N. de
l'Afrique le plus parcouru par les peuples envahisseurs. Aussi y trouve-
t-on des vestiges des civilisations les plus anciennes. Les grottes do
238 — [29]
TAZA,
Kifane El Ghomari, par exemple, renferment des documents appartenant
à l'âge de la pierre. De la multitude des tombeaux qui se trouvent sur
remplacement même de la ville actuelle, on a extrait des objets nombreux
des premiers âges du fer. Les ruines d'un pont romain sur le petit oued
Taza, à l'O. et à très courte distance de la cité, ainsi que d'autres ves-
tiges de cette époque, confirment l'opinion que la voie de Fès à Tlenicen
était déjà suivie au temps de la domination impériale. A une époque
moins reculée, une fraction de la tribu des Meknassa fonde le Ribat ou
couvent de Taza, tandis qu'une autre fraction de la même origine crée
le centre de Meknès. El Bekri rapporte que Taza est déjà un centre
importani; au viii« s. et que ses industries, en particulier celle de la
poterie, sont très florissantes.
Plus tard, l'almohade Abd El Moumene y réside, dote la ville d'une
citadelle et d'une grande mosquée (xii« s.). C'est dès lors un point do
résistance que les émirs mérinides s'efforcent de réduire. Abou Moham-
med Ben Abd El Hakk y bat vers l'214 une nombreuse armée d'almo-
hades et Abou Yaliia Ben Abd El Hakk parvient à s'en rendre maître.
Avec le mérinide Abou Yakoub. elle redevient une capitale : son système
défensif se complète, sa mosquée s'agrandit et s'embellit (fin xiii^ s.).
L'influence européenne s'y fait sentir au xyi» s. par la création d'un
fort important : le Bestioun. C'est sur Taza qu'en 1666 Moulay Rechid
porte tous ses efforts avant d'instaurer la dynastie des chérifs filaliens
à Fès. Au xviii« s., Moulay Ismaïl y fait construire des écoles et des
ouvrages d'art. On procède en outre à de sérieux aménagements dans
la kasba.
En 1844, Moulay Abd Er Rahmane emmène, dans son expédition contre
Bugeaud, les Ghiata de Taza et ceux-ci sont battus, comme les autres
troupes impériales, sur l'oued Isly. C'est de Taza encore que Moulay El
Hassane dirige eu 1874 une fructueuse expédition contre les mornes
Ghiata.
Pour établir fortement son autorité sur la ville, Moulay Abd El Aziz
y envoie une forte mehalla en 1895. Sept ans après, le roghi Bou Hamara
parvient pourtant à s'y faire proclamer sultan (1902). Il faut une armée
impériale pour l'en chasser. Commandée par El Menebhi, ministre de
la guerre, cette armée dégrade malheureusement la ville (1903) de
laquelle s'expatrient tous les juifs pour Melilla, Debdou ou Tlemcen. Elle
souffre encore beaucoup jusqu'en 1905, époque de la prise de Bou Hamara.
Nos troupes y arrivent le 10 mai 1914, au moment de la jonction du
Maroc occidental au Maroc oriental, ramenant ainsi sous l'autorité du
gouvernement chérifien une cité souvent rebelle. Depuis, Taza est
devenu le principal centre des opérations militaires conduites : au N.
contre Abd El Malek, petit-fils d Abd El Kader, soutenu par les agents
et l'or allemands; au S. contre les farouches Ghiata et Beni Ouaraïne.
Bibliographie : — Les grottes de Kifane EL Gli07nari^ puis la jXécropole
de Taza, par le lieutenant Campardou (Oran, 1917).
La gare de Taza Ladjeraf est enfermée dans une assez
f::ran(le enceinte rectangulaire crénelée qui abrite les bureaux
et les magasins du ch. de fer militaire, le service des Etapes,
le buffet-hùtei et les tentes des ouvriers de la ligne. Elle est
défendue au S.-E. par le blokhaus Beaadoin (465 m. d'alt.). Un
embranchement de ligne dessert le camp Girardot.
Une belle route, partdnt de la gafrc, se dirige (2 k.) vers le
camp Girardot, importante agglomération de casernements dis--
posés sur le plateau de Dra El Louz et enfermés dans une
enceinte de forme irrégulière, passe entre la gare du camp et
[29] — 239
l'emplacement de la ville nouvelle. Le terrain plat compris entre
ces quartiers et la falaise de Taza est couvert d'oliviers cen-
tenaires de très belle venue qu'irriguent de nombreuses cana-
lisations.
• La route contourne ensuite la medina à l'E., laissant à g*, le
marabout de Sidi Aissa et l'abattoir, puis atteint le plateau de
Taza pour entrer en ville par Bab Guebour. On se rendra aux
Services municipaux, tout proches, pour demander un guide et
les autorisations nécessaires.
7. — La Medina,
Une artère principale orientée S.-E.-N.-O. parcourt la Medina
de bout en bout. Tout près des Services municipaux, se trouvent
la poste et les bâtiments de la Subdivision sans intérêt, la mos-
quée des Andalous, l'ancienne maison de Bou Hamara, la médersa
et son petit musée.
Le roghi Bou Hamara, « l'homme à l'ànesse », est le préten-
dant qui lutta contre Moulay Abd El Aziz et Moulay llafld. Pris
par ce dernier, il tut emprisonné dans une cage, à Fès, et
mourut ensuite dévoré par les lions. La maison qu'il habita
date vraisemblablement du xvui® s. Elle est précédée d'une
place ou mechouar. Le couloir qui y donne accès porte encore
des restes de décor de plâtre sculpté. Un autre couloir s'embran-
chant sur le premier conduit dans une, cour intérieure à galerie
et des locaux dont l'un renferme la chaise à porteurs qui servit
au prétendant.
La médersa mérinide (on peut visiter), aujourd'hui affectée
à l'école franco-arabe, s'ouvre sur l'artère principale de Taza
par une porte à auvent et consoles finement sculptés. La patio
intérieur est fermé de deux côtés seulement par des galeries ;
il est pavé d'anciennes mosaïques à très grande échelle et orné
en son centre d'une vasque. L'ancienne salle de cours est
dotée d'un mihrab flanqué de deux colonnes de marbre cou-
ronnées de très beaux chapiteaux d'onyx sculpté. Sur le mur, à
dr. du mihrab, plaque de marbre avec inscription dédicatoire.
Les parties les plus intéressantes de l'édifice sont du xiv* s.
Le MUSÉE de la médersa (en voie de constitution) renferme :
des silex taillés, des haches en diourite, des poteries de l'âge
néolithique ancien et récent, des vases et lampes puniques, des
fragments de mobilier antique, des tessons de poteries musul-
manes émaillées et imprimées avec caractères cursifs et cou-
fiques du x^ s., des débris de marbre du Dar El Makhzen, des
monnaies musulmanes, etc., tous objets recueillis dans la grotte
de Kifane El Ghomari, un atelier néolithique de Bab Merzouka,
la nécropole antique de Taza et la ville actuelle.
En face de la médersa, derrière un mur couronné de créneaux,
se trouve le bassin d'El Jeboub, où l'on recueillait les eaux de
pluie destinées à alimenter la ville lorsque la belliqueuse tribu
voisine des Ghiata coupait les canalisations.
240 — [29]
TAZA.
Aussitôt après, sa dirigeant vers le N., on passe devant le
marabout de Sidi Ali Ed Derrar, le bureau du Pacha donnant sur
une cour ombragée. Plus loin, c'est un souk que domine le
curieux minaret de Djama Es Souk, dont la partie haute est plus
large que la base. La plupart des maisons sont peintes en rouge.
A dr, se détache la Kisaria. Après les boutiques de coiffeurs,
ce sont la mahakma du kadi, le fondouk Er Rahba, marché aux
grains, la mosquée de Sidi Azouz, du patron de la cité, la médersa
de la grande mosquée (vieille porte à auvent, plafonds peints,
cour centrale avec cellules sur le pourtour, puits sur citerne)
et enfin la ^grande mosquée.
La partie actuellement consacrée au culte daterait partie de l'almohade
Abd El Moumene (xii' s.), partie du mérinide Abou Yakoub (xiii® s.). La
salie de prière compte 9 travées de 8 nefs chacune. Le mihrab, admira-
blement orné, a une coupole à stalactites ; il est masqué par une anza
ou boiserie sculptée et peinte. Une coupole à 16 pans, du plus pur st^ie
mérinide, le précède. Le minbar^ ou chaire, marqueté d'ivoire et de bois
précieux, fut de toute beauté; il porte la trace d'une restauration de
technique différente et déjà ancienne. Un grand *^Msfre de bronze ajouré
et ciselé, de la ûn du xiii^ s., pesant, dit le Roudh El Qartas, 32 quin-
taux et portant 514 calices ou godets, est une autre merveille d'art. Un
second lustre, plus petit, est également digne d'intérêt. Un troisième
lustre n'est qu'une cloche chrétienne transformée.
La bibliothèque possède enfin quelques volumes contenant de jolies et
fines enluminures.
Les restes d'une mosquée pins ancienne sont attenantes à la précé-
dente ; elles comprennent une cour et un bâtiment presque entièrement
ruinés.
Le minaret^ construit en pierre, renferme un escalier en briques de
189 marches. Du sommet, grande *vue d'ensemble sur la mosquée, la
ville et les environs.
A proximité de la grande mosquée, vers la g., on verra
encore la maison El Bekkari, habitation marocaine classique du
xvni* s., de proportions harmonieuses, et, plus au N., le Dar
El Makhzen, aujourd'hui complètement ruiné.
En poursuivant jusqu'aux remparts, on atteint le marabout
de Sidi Abd Allah et Bab Er Bih, d'où l'on a une^^uue splendide sur
les rochers à pic qui servent de soubassement à l'enceinte : au
N. sur les jardins et vergers de Meggoussa, qui s'étalent sur les
flancs escarpés de l'oued Taza; sur le pic de Tomzit; à l'O. sur
les sommets du Kern Nesrani et de Mimouna:
JJ, — Le tour intérieur des remparts.
Cette promenade peut partiellement se combiner avec la précédente
dont l'une ou l'autre moitié peut se voir au retour.
Une enceinte, dont certains vestiges appartiennent à une
époque ancienne et encore indéterminée, se développe sur une
longueur de près de 3 k. et entoure la medina. Elle est percée
de plusieurs portes et munie d'organes défensifs détaillés ci-après.
A l'intérieur et à dr. de Bab Guebour s'élève j sur l'éperon E.;
TAZA.
[29] — 241
la kasba dont le plus remarquable édifice est le bestioun, à
base carrée de 26 m. de côté, construit en briques, avec des
murs extérieurs de 3 m. d'épaisseur, abritant des appartements
et des casemates que surmontent une terrasse et une citerne.
L'entrée, avec porte à herse, donne accès à une plate-forme
battant la vallée (remarquer sur les murs des grafitti repré-
sentant des galions de la fin du xvi' s.). Les casemates sont
disposées en cascades à côté d'un magasin, immense salle de
10 m. de haut.
Entre la kasba et Bab Djema, qui protège le point principal
d'accès à la ville, s'étend le camp Lacroix, occupé par des
troupes françaises. En allant plus au N., remarquer, à g., un
moulin à huile, dont les curieux dispositifs, meule et presse,
sont installés dans une grotte. A dr. s'étendent les ruines de
l'ancien mellah, détruit en 1903. De la plate-forme qui suit, vue
magnifique sur les vergers de Dra El Louz, le camp Girardot,
les monts chauves des Branès et la vallée de l'innaouene.
En tournant à g. on passe devant Bab Er Rih (p. 240), puis
sur l'emplacement du camp Couderc, établi sur une ancienne
nécropole. On atteint ainsi le bordj Mlouloub, ou tour sarra-
zine, prismatique en dedans, cylindrique au dehors, à partir de
laquelle l'enceinte, double jusqu'à Bab Tit, est longée extérieu-
rement par un profond fossé.
777. — Les groHes de JÇifane El Ghomari
ef la nécropole.
Ces grottes, qui se trouvent au pied du camp Lacroix, peuvent être
visitées aussi au cours de l'itinéraire précédent, après le Bestioun.
Les *grottes de Kifane El Ghomari comprennent une pre-
mière salle, aux parois lisses, une deuxième salle à stalactites
séparée de la précédente par des piliers, et une troisième salle, à
4 m. en contre-bas, décorée de très belles stalactites naturelles.
Explorées en 1916 par le lieutenant Gampardou, elles ont fourni
de précieux renseignements sur la préhistoire locale : osse-
ments d'hommes et d'animaux préhistoriques et outils et objets
de l'âge de la pierre. Les objets trouvés dans les fouilles sont
réunis au musée de la médersa (p. 239).
Toute la falaise abrupte de Taza est une ancienne nécropole.
On visitera surtout la région qui s'étend au N. des grottes.
Taillée en gradins, par endroits encore très apparents, elle a
reçu, sur les marches plates, des tombes en quantités innom-
brables. Des hypogées et des chambres sépulcrales ont été
creusés dans les pans verticaux. Des recherches récemment
faites, il résulte que ces sépultures ont été malheureusement
violées au cours des temps ; les fouilles ont toutefois mis au
jour une documentation intéressante.
MAROC.
16
242 — L30J
ËNVÎRONS DE TAZA,
jy. — Le cimetière.
Le cimetière s'étend au S. de Bab Guebour, sur le plateau
dénudé qui relie Taza à la montagne. Il renferme les koubhas
de Sidi Mohammed Bel Hadj et Sîdi El Hadj Ali Ibn Barri, qui
fut un poète musulman du xiii* s., originaire des Tsoul, et
habitait Taza. Son mausolée (voir à l'intérieur une jolie ins-
cription sculptée sur bois), restauré sous Moulay Ismail, se
trouve sur le chemin des Ghiata^ qui passait sous une ancienne
porte percée dans une enceinte actuellement disparue, et dont
on aperçoit encore quelques ves-tiges.
De Taza a Fts, p. 232; — a Oudjda, p. 262.
30. — ENVIRONS DE TAZA
Taza promet de devenir un des centres d'excursions les plus remar-
quables du Maroc lorsque sera terminée l'œuvre de pacification. Au N.
et au S. s'élèvent de hautes montagnes que séparent des ravins profon-
dément découpés et qu'habitent des populations berbères aux mœurs
primitives et curieuses, jamais' soumises. Pour le moment, on ne peut
songer à y pénétrer; seule l'excursion du col de Touahar est possible
(très recommandée).
Col de Touahar.
24 k. 0. — Ch. de fer militaire; 2 serv. quotidiens; 1 fr. 20 et 3 fr. 60. Ce
tronçon de ligne a été construit en dix mois, de septembre 1916 à
juillet 1917 jusqu'à Bab Merzouka; il a atteint le col de Touahar le
il juillet 1918. Les travaux sont poussés très activement dans la direc-
tion de Fès, par la vallée de l'Innaouene.
Au sortir de la gare, vue au S.-E. sur le camp Girardot et
sur la ville. Pont sur l'oued Taza. — La ligne traverse des ter-
rains argileux, descend dans la vallée de l'oued Innaouene
qu'elle traverse une première fois. — Pont sur l'oued Haddar,
véritable torrent qui grossit en quelques minutes au moment
des pluies. Les montagnes des Tsoul s'élèvent à dr. ; à g.
sommet du Kern Nesrani et monts des Beni Oujjane, dont le
Tazekka (1,987 m. d'alt.) couronné de cèdres. — Nouveau pont
sur l'Innaouene, dont le tablier recevra également la chaussée
de la route Taza-Fès.
13 k. Bab Merzouka, gare au pied d'un poste fortifié créé
en 1914 et en face d'un blokhaus de protection. La vallée de
l'Innaouene s'élargit en aval de la gare, formant un cirque large
et pittoresque fermé à TO. par un barrage naturel qu'on fran-
chit au col de Touahar. — A l'origine, ce cirque devait être un
ancien lac dont les eaux sont parvenues à se frayer un chemin
dans la *gorge, immense et sauvage, de 400 m. de profondeur,
comprise entre le col de Touahar et les pentes à pic des Ahel
El Oued.
ENVIRONS DE TAZA. [30] — 243
La région est très fertile. Le trik es soltane, « la route impé-
riale », la parcourt d'E. en 0. Une route en construction suit
cette ancienne voie.
Après Bab Merzouka, la voie ferrée escalade les pentes en
décrivant plusieurs lacets.
24 k. Col de Touahar, sur des terrains schisteux, que
défendent des postes fortifiés construits sur les sommets voisins.
Histoire. — Commandé par le général Aubert, le groupe mobile de
Taza put installer, en 1917, après de vifs combats, les postes de Touahar
et de Sidi Mrirt destinés à assurer la tranquillité sur la rive g. de l'In-
naouene et à protéger les chantiers chargés de la construction de la
ligne de ch. de fer et de la route de Taza-Fès.
La *vue est admirable de tous côtés : au N. sur les montagnes
des Tsoul; à l'E. sur le cirque du haut Innaouene; au S. sur les
pentes à pic des Ahel El Oued, peuplées de villages nombreux,
bien cultivées (oliviers, grenadiers, vignes) et très boisées; à
rO. sur le bas Innaouene, dont la vallée s'élargit et laisse voir
la kasba des Beni Mgara au premier plan et, à l'horizon, le
Zalagh (p. 227, 2°) le Taghat (p. 228, 4°) et même le Zerhoun
(p. 193).
De Taza à Bab Moroudj.
38 k. N. — Piste autocyclablc en été, très mauvaise en hiver.
5 k. Gué de l'oued Bou Ladjeraf. La piste remonte ensuite
la vallée fertile de l'oued Larbaa. — 12 k. Meknassa Foukania
(p. 235).
20 k. Aïn Bou Kellal, camp annexe, sur l'oued Larbaa. — 22 k.
Village des Lahlah. — 25 k. Village Ahmarouch et marabout
de Sidi Abd Allah. — 32 k. Col de Bab Djenane.
38 k. Bab Moroudj, poste militaire auprès de sources nom-
breuses.
De Bab Moroudj a Camp Desroches, p. 234,
De Taza à la Baie de Hadjrat En Nokour.
60 k. N. — Piste carrossable en été jusqu'à (70 k.) Souk El Tnine
d'Azrou, muletière sur le reste du trajet, en zone espagnole, et peu sûre.
20 k. de Taza à Aïn Bou Kellal (V. ci-dessus). — La piste passe
de la vallée de l'oued Termas dans celle de l'oued Broun par
un col d'accès facile, traversant ainsi les territoires Gueznaia et
Djeberna, laissant à l'E. les Ouled Hammou Ben Ameur.
40 k. Souk El Had des Gueznaia, marché du dimanche, à proxi-
mité des villages des Gheurfas de Sidi Yakoub et de Djeberna.
La piste suit le cours de l'oued Msoun (p. 267), encaissé entre
deux montagnes.
70 k. Souk Et Tnine d^Azrou, point d'eau, jardins, vergers et
cultures riches dominés par le Djebel Azrou, au sommet duquel
se trouvent quelques dchour des Gueznaia (fraction du cheikh
244 — [30] ENVIRONS DE TAZA.
Aberkane Ou Ghellah). — La piste suit l'oued Azrou et le traverse
par un gué facile.
85 k. Sidi Ali Boa Rekha, marabout et zaouïa des Ouled Sidi
Yakoub de Rechida, dans une région très boisée. — La piste
traverse ensuite l'oued Beni Touzine et suit une gada peu
élevée.
105 k. Souk Et Tléta d'Azlaf, marché du mardi très fréquenté
par les Rifains, les Metalsa et les Gueztiaia. A proximité et à
l'O., se dresse le Djebel des Beni Melloul, aux flancs boisés et
garnis de dchour des Beni Touzine. — Le pays est montagneux
et la piste est très accidentée.
125 k. Sidi Bou Djedaïne, marabout et zaouïa des chérifs idris-
sides des Ouled Sidi Bou Djedaïne, auprès d'un grand nombre
de dchour dont les habitants, les Beni Touzine, sont les servi-
teurs des chérifs. — 130 k. Gué de l'oued Nokour, après lequel
la piste se développe en terrain plat et devient carrossable. A
partir de ce point, Toued Nokour prend le nom d'oued Adjir
jusqu'à son embouchure.
160 k. Baie d'Alhucemas (p. 317), à l'embouchure de l'oued
Adjir. Dans la baie, émergent les îles d'Alhucemas, sur l'une
desquelles est bâtie Hadjrat En Nokour (p. 317). Sur la côte se
trouvent les dchour des Tensamane et des Beni Ouriaghel,
pourvus de nombreux moulins à eau. Les cultures sont très
riches et l'amandier domine dans les vergers.
TJ{OJSJEME SECTJOJ\
LE MAROC ORIENTAL
Le Maroc Oriental a pour limites : à TE. la frontière algé-
rienne; au N. la Méditerranée; à l'O. la Moulouya, le grand
fleuve qui le sépare du Rif et du Moyen Atlas, le Haut Atlas;
au S. le Sahara. Ses dimensions moyennes sont 500 k. du N.
au S. et 200 k. de TE. à TO. 11 comprend une région nord avec
l'Amalat d'Oudjda et une immense région sud avec les centres
épars du Figuig, de Bou Anane, de Bou Denib, Tendrara,
Metarka, Rich, Ksar Es Souk.
Le contrôle de l'administration est exercé par un haut com-
missaire français et un haut commissaire chériflen, qui rési-
dent à Oudjda et ressortissent de la Résidence Générale de
Rabat.
La colonisation européenne s'est rapidement développée
dans la région N. depuis 1908. Les villages de Martimprey et
de Berkane, de création récente, ont parfeiitement réussi. Dans
la région S., non loin de laquelle aboutit la ligne de chemin
de fer d'Oran à Colomb Béchar, les transactions commerciales
ont une certaine activité.
Histoire. — L'occupation d'Oudjda fut décidée à la suite de l'agitation
anti-française entretenue dans le peuple marocain après l'assassinat du
docteur Mauchamp à Marrakech (19 mars 1907). Elle fut réalisée par le
général Lyautey le 29 mars. Une certaine effervescence s'étant produite
ensuite dans le massif des Beni Snassene, celui-ci fut occupé à la fin
de 1901 et l'influence française s'étendit ensuite dans tout l'amalat
d'Oudjda. En 1912, nous étions autorisés à établir notre action jusqu'au
delà de la Moulouya et atteignions Msoun en 1913, puis Taza en 1914,
époque à laquelle s'opéra la jonction des troupes du Maroc oriental avec
celles du Maroc occidental.
En 1917, nos opérations aboutissent à la fondation du poste d'Outat
El Hadj, sur la Moulouya, et à la jonction, à Misour, des troupes de la
région N. et de celles de la région S. du Maroc occidental (Bou Denib).
La même année, ces dernières opèrent également leur jonction avec
les troupes venues de Meknès.
Bibliographie : — Les Confins Algéro-Marocains, par Aug. Bernard
(Paris, 1911) ; — Oudjda et VAmalat, par Voinot (Oran, 1912) ; — Le
pays des Haouara, par Lafaye (Bulletin de la Société de Géographie
d'Alger, Alger, 1913.) ^ - ^
246 — [31] D'ORAN A OUDJDA.
31 — D'ORAN A OUDJDA
Chemin de fer : réseau de l'Ouest-Algérien, 253 k. en 10 h. env. ;
39 fr. 70, 26 fr. 80, 17 fr. 55. — Nous ne donnons ici qu'une descrip-
tion sommaire; pour plus de détails on consultera le Guide Bleu :
Algérie-Tunisie.
Route : 261 k. — route nat. 6 jusqu'à Sainte-Bar be-du-Tlélat, puis prendre
à dr. une route parallèle au tracé de la voie ferrée jusqu'à Sidi-Bel-
Abbès; route nat. 7 par Tassin, Aïn Tellout et (174 k.) Tlemcen, où
l'on accède par des rampes longues mais assez douces; 182 k. col du
Juif, d'où l'on descend par des déclivités de 4 0/0 sur l'oued Zitoun;
233 k. Lalla Marnia; 243 k. frontière marocaine; 261 k. Oudjda.
On suit la grande ligne d'Alger qui contourne Oran à dr. et
traverse les plaines du Figuier et du Tlélat. — 27 k. Sainte-
Barbe-du-Tlélat, gros bourg de 2,300 hab.
La ligne, se détachant à dr. de la ligne d'Oran à Alger,
quitte bientôt la plaine pour s'élever à travers une région
ondulée, découverte et bien cultivée (céréales et vignobles). —
33 k. Saint-Lucien. — La voie longe, en suivant le Tlélat, les
pentes inférieures du Djebel Tafaraoui (726 m.), qui fait partie
de la chaîne du Tessala. — 40 k. On aperçoit à g. le barrage
du Tlélat, — On franchit le col des Ouled Ali. — 55 k. Oued
Imbert. — 63 k. Les Trembles, village au confluent de l'oued
Sarno et de la Mékerra.
La voie franchit l'oued Sarno. On entre dans la plaine de
Bel-Abbès, qu'on traverse en remontant la vallée de la Mékerra.
69 k. Prudon ou Sidi Brahim.
79 k. Sidi-bel-Abbès (bufl'et; hôt. : Continental et d'Orient,
50 ch. ; des Voyageurs; Nouvel Hôtel, meublé), ville de 27,000 hab.,.
dont 19,000 européens, parmi lesquels beaucoup d'espagnols,
1,500 israélites, 6,500 indigènes et ch.-l. d'un arrond. de
107,000 hab., est situé, à 500 m. d'alt., au centre d'une vaste
et belle plaine arrosée par la Mékerra, au S.-E. du Tessala.
Bel-Abbès, qui a la forme d'un rectangle, découpé par des rues
en damier, n'a aucun caractère. Joli jardin public en dehors de
l'enceinte, à dr. de la porte de Tlemcen. On y voit une sculpture
de A. Maillard figurant la chute d'Icare. Faubourgs étendus,,
dont la population est à peu près exclusivement espagnole.
On traverse, en remontant la Mékerra, une plaine bien cul-,
tivée, dont la population est plus qu'à moitié européenne;
nombreuses exploitations agricoles. — 85 k. Détrie ou Sidi
Lhdssen. — 91 k. Palissy ou Sidi Khaled. — 98 k. Bou Khanejls,
a proximité d'un pénitencier agricole indigène.
102 k. Tabia, sur un plateau de landes; embranchement de
77 k. pour Bedeau et Grampel. — La ligne incline à l'O., pour
suivre la lisière N. du massif de Tlemcen,* qu'on aperçoit à g.
— 115 k. Tajjamane.
122 k. Descartes. — Le pays devient accidenté; des brous-
SIDI-BEL-ABBÈS. — TLEMCEN. [31] — 247
sailles apparaissent; terrains rocheux. — 126 k. Aïn Tellout,
avec une jolie cascade de 40 m., dans le ravin de l'Ain Tellout,
et une tour en ruines sur la rivière (on l'aperçoit à dr., ainsi
que la chute, tout de suite après la gare). - On franchit un
viaduc; parcours assez pittoresque,
135 k. Lamoricière, sur la rive dr. de Tisser, à 715 m., dans
une région riche et bien arrosée. L'Isser descend en cascades
à rO. du village.
La voie franchit Tisser, puis s'élève; beaucoup de brousse.
— 145 k. Oued Chouly. — On passe sur 2 viaducs et dans plu-
sieurs tranchées.
157 k. Aïn Fezza. On contourne par une courbe énorme, que
coupent des tunnels, le profond ravin du Safsaf ; entre les tun-
nels, superbes échappées sur le cirque d'El Ourit, couronné de
magnifiques escarpements de roches rouges, entremêlées d'un
fouillis de plantes et d'arbustes; pont élevé sur le Safsaf au
milieu de cascades. En contre-bas, lacets de la route nationale.
— Au delà d'un dernier tunnel, la voie traverse un bois d'oli-
viers et passe au pied d'El Eubbad ou Bou Médine, dont on
aperçoit les minarets et les coupoles à g.
166 k. TLEMCEN, ville de 30,000 hab., dont 5,000 européens,
5,500 Israélites et 19,500 indigènes, ch.-l. d'un arrond. de
156,000 hab., et située à 806 m. d'alt., au pied de falaises rou-
geàtres presque à pic, ressaut du massif montagneux qui la
domine au S. et que couronne la koubba de Lalla Setti. Au N.
s'étend la vaste plaine d'Hennaya, que continue vers TO. la
plaine de Lalla Marnia. Au delà de la plaine, l'horizon est
fermé par le massif des Trara, où Ton distingue le Fillaoucen,
le Tadjera, le Djebel Sfyane, et, à TE. de la coupure de la
ïafna, par laquelle on peut apercevoir la mer, la chaîne des
Seba Ghioukh et du Tessala. C'est des remparts N. de Tlemcen
ou du haut du minaret de la grande mosquée qu'on jouira le
mieux de ce merveilleux panorama.
. Indépendamment de sa situation magnifique, Tlemcen est
très attachant par ses monuments de l'époque arabo-berbère :
sauf la grande mosquée, qui est du xn^ s-, à peu près tous
datent de la fin du xni® s. ou de la première moitié du xiv" s.
et sont, par conséquent, contemporains de ceux de Grenade.
Bien qu'au cours de ces dernières années, des démolitions
nombreuses lui aient fait perdre de sa couleur locale, Tlemcen
reste la ville la plus intéressante de TOranie.
Omnibus : — des hôtels à la q^are.
Hôtels -. — Charles (Bellot; Pl. a C-2),
pl. des Victoires (35 ch.); de France
(Gonnet; Pl. 6 B3), r. de Fès (50 cli. ;
gar.); des Voyageurs, espl. du Mé-
chouar ; du Nord, r. du Théâtre.
Poste et télégraphe : — bd Natio-
nal, face au collège.
Banque : — de V Algérie, bd Na-
tional.
Voitures de place: — station,
espl. du Méchouar.
Le centre de Tlemcen est la belle et ombreuse esplanade
ou avenue du Nechouar.
248 — [31]
D'OR AN A OUDJDA.
Le Mechouai\ citadelle située au S. de la ville, de forme
rectangulaire, d'env. 490 m. sur 280, est partagé entre divers
services militaires. L'ancienne mosquée du Mechouar sert de
chapelle pour l'hôpital militaire (visible sur demande; peu
intéressant); le minaret (début du xiv® s.), haut de 30 m., est
carré et couvert de panneaux décorés d'arcades entrelacées.
Le quartier israélite^ entre l'esplanade du Mechouar et la
place de la Mairie, d'aspect misérable et grouillant, offre par-
fois des scènes curieuses.
Sur la place de la Mairie (kiosque), et la place d'Alger (buste
de Gavaignac érigé en 1911 sur une stèle avec figure en bronze
de l'Histoire), qui en est la continuation, se trouvent au S. la
mairie, au N. la grande mosquée, à l'O. la mosquée de Sidi ^
Bel Hassen.
La ^grande mosquée ou Djama el Kebir (entrée par le côté
E.; on fournit des babouches aux visiteurs; modique rétribu-
tion), vaste quadrilatère, de 60 m. sur 50, a été achevée en 1135.
A l'angle S.-O. de la façade, koubba à dôme polygonal. Sur le
côté N., minaret rectangulaire bâti en briques, décoré sur ses
quatre faces de colonnettes et de panneaux ornés de fleurons
en terre cuite de couleur : il est haut de près de 35 m. (belle,
vue).
Au N. de la cour, la base du minaret est enveloppée d'un portique à
deux nefs; à l'E. et à l'O., autres portiques à trois et à quatre nefs.
Ceux-ci se relient au S. à la salle de prière, rectangle de 50 m. sur 25
divisé en treize nefs de six travées ; une coupole à nervures s'élève au
centre de la nef médiane. Le mihrab se distingue par son élégante orne-
mentation, très apparentée à celle de la mosquée de Cordoue.
La ^mosquée de Sidi Bel Hassen (1296) a été transformée
en musée des antiquités (s'adresser au concierge de la
mairie; pourboire).
Le musée a pour salle principale l'ancienne salle de prière divisée
en 3 nefs (colonnes en onyx, beau plafond de cèdre) : inscriptions arabes \
tablette d'onyx datant de 1328, sur laquelle est tracée une mesure
linéaire étalon; cuve à ablutions, en onyx; plusieurs jarres; blocs en
onyx portant des épitaphes de personnages princiers du xv« s. ; cadran
solaire de Mansoura.
Dans une seconde salle : beau chapiteau en onyx, provenant du palais
de Mansoura (xiv« s.); boiseries du xi'' s. et des siècles suivants;
mosaïques de faïence du début du xiv« s. ; au milieu, lustre en cuivre de
la grande mosquée, probablement de travail andalou, du xiii« s. ; —
dans les vitrines : fragments de poteries, trouvés sur l'emplacement d'un
atelier récemment découvert à Agadir, datant du x« s. : poteries à reflets
métalliques-, plâtres sculptés; bronzes; documents préhistoriques.
Au étage, riche collection géologique et herbier. |
Lorsqu'on prend, au S,-0. de la place d'Alger, la rue de la
Victoire, puis la rue HaëdOj on se trouve dans Tancien quartier
des Koulouglis. On y rencontre la mosquée de Sidi Brahim, près
de la caserne de Gourmellat. Le tombeau de Sidi Brahim est
placé en dehors de la mosquée sous une koubba (coupole à
8 pans; murailles ornées d'élégantes arabesques).
250 — [31] D'ORAN A OUDJDA.
Vers rextrémité S. de la rue Ximénès se trouve une école
indigène de tapis, dont on peut voir les travaux.
Sur la dr. de la rue Haëdo, la mosquée Oulad El Imam, du
début du XIV* s., a un minaret haut de 17 m., orné d'une
décoration céramique en trois tons. Près de l'extrémité de la
rue Haëdo, à dr., infirmerie indigène et élégante médersa de
style mauresque moderne. Sur la g., quartier de cavalerie et
casernes.
En dehors de Tlemcen, entre les portes de Fès et d'Oran, au
pied même des murailles, est situé le Sahridj, grand bassin
long de 200 m., large de 100 et profond de 3.
La partie N.-O. de Tlemcen est une ville tout à fait française;
le milieu en est occupé par la place Cavaignac, que traverse le
boulevard National. Dans ce quartier se trouvent : Véglise, les
postes et télégraphes^ la sous-préfecture, le palais de justice, et, rue
d'Oran, V école arabe- française avec le cours d'apprentissage d'indi-
gènes.
De là, si Ton sort de la ville par idi' porte du Nord, on trou-
vera, à 10 min. à g., un fragment de l'ancien rempart berbère :
c'est Bab El Karmadine, la porte des tuiliers.
Revenant à la place de la Mairie, on se dirigera par la rue
Mouïlah, à l'angle S.-E., vers la place des Victoires; au milieu,
reproduction de la Diane de Gabies.
Au N.-E. de la place de la Mairie se trouve un intéressant
quartier indigène, commerçant et industrieux. Prendre la rue de
Mascara. A g., après le n*" 39, petite place, reste de l'ancienne
Kisaria, centre des affaires du vieux Tlemcen. Un marché cou-
vert a été construit dans la partie haute; des maisons euro-
péennes s'élèvent entre ce marché et la place Bugeaud. Plus
bas, dans la rue de l'Huilerie, qui s'en détache à g., pitto-
resques échoppes des pileurs de café. Plus loin, à l'angle de la
rue de Mascara (à dr.) et de l'impasse Derb El Msoufa, mosquée
de Sidi Snoussi. A g., à peu près en face de Sidi Snoussi, dans
une ruelle entre la rue de Mascara et la rue Khaldoun, Ham-
mam es Sebbaghine, bains des teinturiers.
Après avoir parcouru ce quartier, on franchira l'enceinte par
la porte de V Abattoir, on suivra un chemin à g. le long du
rempart (sur la dr., mosquée en ruines de Sidi Lahsen, du
xv*' s.), on passera sous la ligne du ch. de fer, puis on ira
visiter, en contre-bas du rempart et de la voie ferrée, la
mosquée de Sidi El Haloui (modique rétribution au gardien).
Le petit bâtiment, qui recouvre la pierre tumulaire sans
inscription de Sidi El Haloui, s'élève sur un tertre qu'ombrage
un caroubier. Plus bas, se trouve la mosquée. La façade, fort
endommagée, a été restaurée. On remarquera le bel auvent en
bois sculpté.
La salle de prière, de 17 m. 50 sur 13 m. 50, est divisée en 5 nefs de
4 travées. Les arcs brisés outrepassés des 3 premières travées sont
supportés par 8 magnifiques colonnes en onyx, dont les chapiteaux appar-
tiennent au style hispano-mauresque le plus pur. Les ^.rabesques des
TLEMCEN. — LALLA MARNIA. [31] — 25<
murs présentent un décor très riche. Le plafond en bois de cèdre
sculpté a été refait d'après les vestiges de l'ancien plafond, qui ont été
déposés au musée. Le minaret est décoré de compartiments dans
lesquels sont ménagées d'élégantes arcades faiencées; escalier de
80 marches. — Près de la mosquée, latrines dont la porte est abritée
par un joli auvent en bois sculpté.
Environs. — A 2 k. S.-E., promenade recommandée au pittoresque
village de Bou Médine. On y visitera la koubba et surtout la ^mosquée
construite en 1339 : porche monumental à mosaïques, porte à vantaux
recouverts de bronzes ciselés, coupole à alvéoles, belle porte en bois de
. cèdre, élégant minaret richement décoré; à Tintérieur, dans la salle de
prière, beaux revêtements de plâtre. Contiguë à la mosquée, la médersa
(université musulmane) est de la môme époque.
2° A 2 k. 6 O., Nansoura est le complément indispensable de la visite
de Tlemcen : on peut s'y rendre par le ch. de fer en 15 min. ( V. ci-
dessous). C'est un petit village qui a succédé à la ville créée par Abou
Yakoub en 1302. Il ne reste debout qu'une partie des remparts qui
otïrent au N. et à l'O. un aspect imposant, et le minaret de la mosquée,
situé sur iin mamelon, et haut de 40 m.
Au. DELA DE Tlemcen, la voie, contournant la ville, passe
entre le rempart et Sidi El Haloui. Plus loin, elle longe à
faible distance les vestiges de l'enceinte de Mansoura, à g. —
169 k. Mansoura (F. ci-dessus), station au N.-O. des ruines, à
500 m. env. du minaret et à 1,200 m. du village. On s'engage
ensuite dans la montagne ; tunnel. — 17G k. Aïn Douz; la ligne
court à flanc de coteau. — 179 k. Zelboun. Côurbe très accen-
tuée au S. pour franchir, en la contournant par l'amont, la
vallée de l'oued Zitoun.
196 k. Tarenne, à 620 m. d'alt. Région boisée et pittoresque
dépendant de la forêt d'Hafir, On franchit l'oued Ksob sur un
pont de 120 m., à 33 m. au-dessus de la rivière, puis la Tafna
sur un pont de 145 m. — 212 k. Sidi Medjahed, smala de spahis.
La voie prend la direction M.-O.; pont sur l'oued Ouamane,
puis tunnel et viaduc sur l'oued Tralimet. Un canal longe
bientôt la dr. de la voie : son eau sert à l'irrigation de terrains
dans la plaine de Marnia. — 216 k. Tralimet. On descend sur la
plaine de Marnia.
225 k. Lalla Marnia (hôt. : de France, 42 ch., omn., gar. ;
de la Renaissance), petite ville de 4,000 hab., dont 2,000 européens,
en territoire militaire (bureau arabe), à 360 m. d'alt., dans une
vaste plaine qu'arrosent des canaux dérivés de la Tafna et de
la Mouïlah. Marché important le dimanche. Sur la place, monu-
ment élevé à la mémoire des soldats morts au cours des opé-
rations dans les Beni Snassene en 1859, 1907 et 1908.
235 k, Zoudj El Beghal, dernière station à la frontière maro-
caine.
263 k. Oudjda (p. 252).
252 —,[32]
OUDJDA.
32. — OUDJDA
Pour les relations avec la France et avec l'Espagne, V. Voies d'accès^
p. 58, 4».
Emploi du temps. — Quelques heures suffisent pour visiter Oudjda et
faire la promenade d'Ain Sidi Yahia (p. 255).
OUDJDA (ethn. : Oadjdi), ch.-l. de l'Amalat, ou province
d'Oudjda, peuplé de 275,000 hab., résidence des hauts commis-
saires français et marocain du Maroc oriental, est situé dans
la plaine des Angad, à 638 m. d'alt.
La population, de 16,600 hab., comprend 2,500 français,
1,100 autres européens, 11,000 musulmans et 2,000 Israélites.
La Medina, étroitement enserrée dans de hauts remparts
bastionnés et crénelés, est bordée vers TE. d'une ceinture de
1 k. de rayon de vastes jardins d'une superficie de 6 à 700 hect.
et très prospères, complantés d'oliviers et d'arbres fruitiers,
irrigués par des séguias recevant leur eau d'Ain Sidi Yahia
(p. 255). Après s'être installés dans la partie 0. de l'ancienne
ville, les Européens ont édifié des constructions neuves au N.,
à l'O. et au S. de l'enceinte, créé des jardins publics et des
pépinières, esquissant ainsi l'emplacement de la ville nouvelle.
Plus au S., s'élève le Camp. A 1,500 m. au N., se trouve la gare,
qui constitue le noyau de futurs quartiers.
Sur le passage des produits qui sortent du Maroc central,
des Hauts plateaux marocains, des plaines fertiles des Trilîa
et des Angad, du massif des Beni Snassene, et de ceux qui
entrent par l'Algérie et le Kiss, Oudjda est un centre impor-
tant de transit et de commerce. Un grand marché hebdoma-
daire bien approvisionné en bœufs, moutons, chèvres, laines,
peaux, céréales, s'y tient tous les jeudis et vendredis.
Gare : — Gare unique de l'Ouest-
Algérien et du ch. de fer milit. du
Maroc. — Visite de la douane, à la
fois pour les produits soumis au
contrôle du Maroc et de l'Algérie.
Omnibus : — de l'hôtel Simon, à
la gare, 1 fr. la place.
Hôtels : — Simon (Pl. a B3), r. de
Marnia (38 ch., omnibus, téléph.);
Central (Lagarde) ; de la Poste,
route de Lalla Marnia; de la Gare.
Banques : — d'Etat du Maroc,
V. de la Mosquée; Alqéro-Tuni-
sienne\ Algérienne; Crédit Fon-
cier d'Algérie et de Tunisie, r. de
Marnia.
Voitures de place : — station r.
de Marnia; — P® zone : la course
2 fr., la course double 3 fr. ;
2« zone : la course 3 fr., la course
double 3 fr. 75 ; la demi-journée
12 fr., la journée entière 20 fr.;
Oudjda-Sidi Yahia, aller xît ret.
avec 1 h. d'attonto, 8 fr.
Services automobiles : — d'Oudjda
à Martimpreij et Berkane (Colombo):
1 serv. quotidien 10 et 12 fr. 50 la
place.
Automobiles de louage : — Co-
lombo et C'*' ; .4 Icaraz ; Alvares ;
Huret ; Podesta.
Bains maures : — Ben Amara;
Hadj Sabouni ; Bains Habous, on
face de l'école franco-arabe.
Photographie : — Benichou; Leduc.
Réjouissances locales : — deux
f(Hes annuelles à Sidi Yahia, orga-
nisées l'une au printemps par les
hal)itants d'Oudjda, l'autre en au-
tomne par les nomades-
254 — [32]
OUDJDA.
Histoire. — Fondée eu 994 par Ziri Ibn Atia, qui y établit sa cour et
en fit la capitale de ses états, Oudjda fut pendant 80 ans le siège de la
dynastie zénète. Elle passa ensuite au pouvoir des Almoravides, puis
des Almohades qui y élevèrent Une ceinture de fortifications (120G).
Plus tard les Mérinides et les Abd Kl Ouadites se la disputèrent vio-
lemment. Après avoir été détruite par le mérinide Abou Yakoub (1271),
elle fut réédifiée par son fils Abou Youssef (l'295), entourée de nouveaux
remparts, dotée d'une kasba, d'un palais, de bains et d'une mosquée.
Les Chérifs saadiens et alaouites, puis les Turcs d'Alger en furent alterna-
tivement les maîtres. Ces derniers y commandèrent à plusieurs reprises,
de 1554 à 1647, de 1672 à 1680, de 1692 à 1795. Entre temps, Moulay
Ismaïl la fit restaurer.
Occupée et évacuée par nos troupes une première fois en 1844, en
représailles des secours fournis par le Maroc à l émir Abd el Kader, et
une deuxième fois en 1859, elle est réoccupée sans coup férir le
29 mars 1907 et sert de base, ainsi que Nemours, à la pacification des
Beni Snassene.
La gare est tête de ligne du ch. de fer à voie large du
réseau de l'Ouest-Algérien qui vient d'Algérie et du réseau du
ch. de fer militaire à voie étroite qui pénètre au Maroc. A ce
titre, il s'y fait d'importants transbordements.
Uavenue de la Gare aboutit à (500 m. S.-E.) la douane^ près du
marabout de Sidi Toiimi; une autre voie mène à (800 m. S.-O.)
la briqueterie, qu'avoisine un quartier peuplé d'espagnols.
Le boulevard du Camp, large et bordé d'arbres, monte en
pente douce vers le plateau sur lequel est assise (1,500 m. N.-O.)
la VILLE NOUVELLE, très étendue, qu'il traverse du N. au S.,
laissant à g. un cimetière musulman sans intérêt, le Monopole
des Tabacs, le tribunal, Vfiôtel des postes de style néo-mauresque,
près de la koubba de Sidi Hassene, un groupe scolaire, à proxi-
mité de la koubba de Mohammed Ben Ziane, la Medina (F. ci-
dessous). Il se prolonge, 1 k. plus à l'E., par la route de Berguent
qui dessert à dr. le camp Rose où se trouvent le monument Base,
le Trésor et Postes aux Armées, le cercle des officiers, les haras,
et, plus au N., derrière les casernèments, Vhôpital militaire. En
face du camp et à l'E. de- la route, on voit successivement la
gendarmerie et des terrains de bivouac, la prison militaire, le
monument Souleilland et le camp d'aviation.
On entre dans la Medina par Bab El Khemis {Haut Commis-
sariat français à 100 m. à dr., à l'intérieur des remparts, en face
de la koubba de Sidi Driouiche)^ qui donne accès à l'artère prin-
cipale d'Oudjda, la rue de Marnia, et traverse la ville indigène
de i'O. à l'Ë. A dr., quartier des Ahel DJamel; à g., quartier
européen avec le commissariat de police, l'hôtel Simon et le Crédit
foncier et agricole d'Algérie- Tunisie.
Plus loin, à partir de la place Figari, que domine le minaret,
construit en 1917, de la mosquée de Sidi Okba, ce sont les souksi
enserrés entre les quartiers des Ouled Aïssa à dr. et des Oulem
Amrane à g., et la Kisaria, sorte de grand fondouk qui réunîi
une quarantaine de boutiques.
De la place Figari, une rue tortueuse aboutit au N. à Bab Ouled
Amrane, dans les remparts.
OUDJDA,
[32] — 255
De la Kisaria, on peut se rendre : i° à Bab SidlAbd El Ouahab,
dans les remparts E., soit par le quartier des Ahel Oudjda, soit
par celui des Achakfane, qui aboutissent tous deux au marché
de Sidi Abd Et Ouahab. A l'intérieur des murs, abattoirs et
koubbas de Sidi Abd El Ouahab et de Sidi Djilali. C'est sur la
face externe des merlons de Bab Sidi Abd El Ouahab qu'on sus-
pendait autrefois les têtes décapitées des rebelles; les clous et
des traces de sang sont encore visibles. A l'extérieur des rem-
parts, à g., grand marché aux l)estiaux et service zootechnique,
2° à Bab Sidi Aïssa ou porte de Fès, dans les remparts S., en
longeant la grande mosquée réparée, ainsi que son minaret, en
1908, la médersa, la kasba, où sont installés, le Haut Commis-
sariat chérijien, le Quartier Général, V Etat-Major, Vécole franco-
arabe et un jardin public; en face des bains maures de l'admi-
nistration des Habous chérifiens, la Banque d'Etat du Maroc,
vis-à-vis de la koubba de Sidi Ziane.
De part et d'autre de Bab Sidi Aïssa, jardins publics, très jolis, créés
depuis 1912 entre l'enceinte et le boulevard extérieur. — 'Ùinfirmerie
indigène s'élève à 200 m. au sud de la porte.
Promenades. — l*" Aïn Sidi Yahia (3 k. S.-E.; courte prome-
nade fort agréable; 8 fr. en voit, aller et ret. avec 1 h. d'attente
à la source). — On s'y rend par deux itinéraires qui pourront
être parcourus l'un à l'aller, l'autre au retour.
Le 1" (route) se détache de la route de Berguent au delà et
à g. du camp, près de l'Aviation, pour suivre la route de Sidi
Yahia, bordée de caroubiers, de jardins et de vignes et dépasser
les trois marabouts de Sidi Bel Abbas, de Moulay Abd El Kader
El Djilali et de Sidi Bou Médine El Ghouts. A l'horizon s'élèvent
les belles montagnes des Beni Bou Said.
Le 2*" itinéraire (chemin carrossable) part de Bab Sidi Abd
El Ouahab, pénètre dans la zone des jardins et vergers en
séparant les deux grandes parcelles du Meksem à dr., de VOud-
jida à g. On rejoint l'itinéraire précédent auprès de la pépinière.
L'oAsis DE Sidi Yahia (se faire guider par le mokaddem tou-
jours présent; pourboire) forme un magnifique cordon d'arbres
verdoyants : oliviers, térébinthes, saules-pleureurs, palmiers,
qui croissent aux abords de sources abondantes, tièdes et
riches en potasse ; ces sources donnent naissance à deux bras
de rivière dont les eaux irriguent les jardins d'Oudjda et une
propriété habous, située en aval de l'oasis, où l'on s'occupe de
maraîchage.
Sidi Yahia Ben Younès, santon très vénéré des musulmans,
est également honoré par les juifs et les espagnols. Pour tous,
c'est le St Jean de la Bible qui aurait prédit la venue au monde
de Jésus-Christ. Son lieu de sépulture n'est pas certain : les
uns prétendent qu'il est enterré sous les grands arbres recou-
verts de chiffons, les autres dans le marabout où l'on sacrifie
les animaux. Dans son voisinage se trouvent le sanctuaire de
âo6 — [33] ENVIRONS D'OUDJDA
Bon Chikhi, abrité par un arbre qui aurait la vertu de faire dis-
paraitre les douleurs de reins, et la Khaloua de Moulay Abd El
Kader et de Sidi Bon Medine, sous d'énormes troncs de palmiers.
Tout autour de l'oasis s'étend la plaine des Angady d'aspect
désertique, limitée au N. par les monts des Beni Snassene
(p. 259), au S.-E. par les monts des Beni Bou Said, au S.-O. par
les monts des Zekkara.
2" Champ de bataille d'Isly (6 k. 0., sur la rive dr. de l'oued
Isly, affluent de l'oued Mouïlah). — On s'y rend par la route de
Taourirt. Un monument élevé sur la colline dite Koudiat Moulay
Abd Er Rahmane, en souvenir du fils du sultan battu par
Bugeaud, commémore le fait. Abd El Kader, réfugié au Maroc,
n'avait pas tardé à en soulever contre nous les populations.
Bon gré mal gré, le sultan avait été entraîné à la guerre sainte.
Le 30 mai 1844, Lamoricière fut attaqué sur l'oued Mouïlah.
Bugeaud, aussitôt accouru, essaya d'abord de négocier. Au
cours des pourparlers, un attentat fut commis contre le général
Bedeau. Bugeaud se résolut dès lors à combattre. Il se heurta
sur risly, le 13 août 1844, à 40,000 Marocains; il n'avait que
12,000 hommes, qu'il forma en carrés, contre lesquels se bri-
sèrent les attaques répétées de l'ennemi. La victoire fut com-
plète. Concurremment, Tanger était bombardée le 6 août, et
Mogador le 15 août, par une escadre sous les ordres du prince
de Joinville. Le sultan s'empressa de demander la paix.
33. — ENVIRONS D'OUDJDA
Si la banlieue d'Oudjda est plate et nue, le massif des Beni S7iassene
(50 k. N.-O.) est une région extrêmement intéressante et pittoresque.
On peut en faire le tour en automobile par la route dite de la Boucle,
qui utilise les deux itinéraires d'Oudjda à Berkane par Martimprey
( V. ci-dessous, A) et Taforalt (p. 258, B) ; l'excursion gagnera en intérêt si
l'on parcourt, à cheval, le trajet Taforalt-Berkane ou vice versa, par les
admirables gorges du Zegzel (p. 260), tout en ne demandant qu'un jour.
On peut encore traverser le massif du N. au S., à cheval, entre Ain Sfa
et Berkane (p. 259, C) ; dans ce cas, on se fera conduire en auto jusqu'à
Aïn Sfa.
Les excursions dans la région S. d'Oudjda présentent moins d'intérêt.
1° Berkane.
A. — Par Martimprey.
61 k. — Bonne route secondaire n^ 25, entièrement achevée; scrv. quo-
tidien d'autobus, en 3 h. ; 12 fr. 50.
Sortie par Bab El Khemis et route de Martimprey. — 1 k. Bri-
queterie, à g., et passage à niveau sur le ch. de fer militaire. —
— 4 k. Pont sur l'oued Isly. La route se dirige droit au N.-O.,
dans la large et fertile plaine des Angad, de 5 à 600 m. d'alt., aux
L'ISLY. — MARTIMPREY DU KISS. [33] — 257
terres rougeâtres, piquée de tentes de nomades et de quelques
fermes européennes s'occupant principalement de la culture
des céréales et de l'élevage des porcs. — 10 k. Ferme Pérez,
entourée de jeunes plantations de vignobles et d^oliviers. —
15 k. Maison cantonnière.
21 k. Douane, — 25 k. Usine de crin végétal. — 27 k. La route
monte dans le massif. — 28 k. 7. Col de Guerbous, point culmi-
nant du trajet, parmi des mamelons couverts de palmiers nains
et partiellement cultivés. La vue s'étend au N. sur la vaste
plaine des Triffa. — 31 k. 6. Maison cantonnière; on longe
l'oued Melha; nombreux détours. — 35 k. Ponceau sur l'oued
Azouz.
37 k. Martimprey du Kiss (hùt. des Voyageurs) sur l'oued
Kiss, frontière naturelle du Maroc jusqu'à la mer; village pros-
père de 600 hab., de création récente, dans une région fertile.
Marchés le lundi et le jeudi.
DE MARTIMPREY A SAIDIA (^21 k. ; route secondaire n« 14 en construction
et serv. de voiture). — 1 k. 8. Oued Aghbal, d'où une piste praticable
aux voitures, et dite « Trik Nedjoua «, se dirige vers la Moulouya. —
8 k. 5. Sidi Mohammed Ben Aïssa. — 21 k. Saïdia, petit village de
50 hab., poste de douane et port non ouvert à la navigation, à l'embou-
chure et sur la rive g. de l'oued Kiss, dont les alluvions envasent l'es-
tuaire. Une vieille kasha sert d'habitation au caïd des Ouled Mansour.
Les colons se livrent à la culture du géranium et au maraîchage. Marché
le mercredi et le dimanche.
En face et sur la rive dr. du Kiss, qu'on franchit sur un pont, Port
Say, ou Adjerond (hôt. du Maroc oriental), centre français et petit port
en territoire algérien relié à Marnia par une route nationale ( F. le
Guide Bleu : Algérie-Tunisie). — De Saïdia à Berkane, p. 260.
De Martimprey a Aïn Sfa, p. 258; — a Marnia (35 k. S.-E.), V. le
Guide Bleu : Algérie-Tunisie.
La route contourne le massif des Beni Snassene longeant la
plaine des Triffa, aux terrains rouges et fertiles, d'une super-
ficie approximative de 45,000 hect. en grande partie colonisés.
La culture dominante est celle des céréales (blé, avoine, orge)
qui donne de bons rendements. La vigne y est également pro-
ductive. On y a fait enfin des essais de culture de coton, de
lin, de tabac et de géranium qui ont bien réussi. — 46 k. Pont
sur l'oued Bou Zit.
51 k. Aïn Reggada, petit centre européen autour d'une source
intermittente qui reste parfois tarie pendant huit jours. L'eau
sort d'un bloc de maçonnerie ancien formant réservoir; par
des orifices multiples, elle est distribuée de différents côtés.
Restes d'une ancienne kasba construite par Moulay Ismail
(xvni^'s.) pour empêcher les Beni Snassene de descendre dans
Ifi plaine.
D'Aïn Reggada, une piste se dirigeant sur (48 k.) Aïn Sfa traverse
les Beni Snassene (p. 259).
Pont sur l'oued Reggada au sortir du village.
61 k. Berkane (p. 259).
MAROC.
17
" [33]
ENVIRONS D'OUDJDA.
B. — Par Taforalt.
77 k. — Bonne route presque entièrement construite, extrêmement pitto-
resque au delà do Taforalt, dans la descente vers la Moulouya.
La piste traverse une région très cultivée et très habitée.
26 k. Aïn Sfa, ancien camp au pied de la montagne, au voi-
sinage de jardins et de vergers. Important marché le jeudi.
D'AIN SFA A MARTIMPREY (29 k. 5 N. ; piste carrossable aux autos
légères). — 5 k. Passage do l'oued Tametmat. — 10 k. Sidi El Madjene.
— 13 k. 5. Madjene El Hamra. — 15 k. Maison du kaïd Taïb. '— 17 k.
Jonction de la route d'Oudjda à Martimprey (p. 257). — 29 k. 5, Mar-
timprey (p. 257).
D'AïN S FA A Berkane par la montagne, p. 259, C.
La piste longe en terrain plat les pentes S. du massif des
Beni Snassene.
47 k. Boa Houria (hot. modestes : Méiiétrez et Schurdevin), poste
militaire et petit village européen au pied des Beni Snassene,
à proximité de terres cultivables et facilement irriguables.
De Bou Houria, des pistes mènent : l*' à (24 k.) Naïma (p. 262) par la
plaine des Angad, rejoignant (à 17 k.) le Trik Es Soltane ; 2'^ à (26 k. 15)
El Aioun (p. 263).
La piste remonte en terrain plat, pendant 5 k., la vallée de
l'oued Ighzcr, puis devient route entretenue présentant une.
montée rapide jusqu'au k. 55.
54 k. 5. Monument commémoratif des colonnes de 1859 et 1907,
à l'E. et sur le bord de la route. Vue étendue.
57 k. Taforalt (rest. Libert), poste militaire et petite agglo-
mération européenne de 50 hab., dans le massif des Beni
Snassene, pourvu d'un dépôt de convalescents en été, à 850 m.
d'alt., d'où l'on découvre, au N., dans un site admirable, la
mer, les îles Zaiïarines (35 k. ; p. 320) et la zone espagnole.
La région, très tempérée en été (maxim. 20°), est propre à la
culture de la vigne, de l'oranger, du citronnier qui y forment
de véritables vergers. Le sol renferme aussi de l'onyx et du
marl)re non exploités. Les sites naturels y abondent, le plus
remarciuable est celui des gorges de Zegzel (p. 260).
A 2 k. de Taforalt, on trouve des ruines qui seraient celles
iVAounoul, ancienne station romaine.
DE TAFORALT A MECHRA EL MELAH (40 k. O. ; piste muletière). — On
suit l'ouod Tazemourt; la région est très cultivée dans les bas-fonds. —
22 k. Souk Et Tni)ie. Le sol devient aride et caillouteux. — A Aïd
très forte montée à la suite de laquelle on descend dans le Cliaba
Tabcheurt, long de 4 k., très encaissé et très couvert. — Passage do
l'oued Sefroun; le pays, plus plat, est raviné. — 40 k. Mechra El Melah,
gué sur la Moulouya, à côté dCAïn El Hammam, source chaude.
DE TAFORALT A AIN EL HAMMAM (31 k. O. ; piste muletière). — 5 k.
Tagma, village. — 12 k. Kasba Bou (iriba, en ruines. — 31 k. Aïn El
Hammam., sur la rive dr. de la Moulouya non guéable sur ce point.
DE TAFORALT A MECHRA ROU DELLAL (33 k. N. ; piste muletière). —
18 k. Ouea Cheraa, gué à bords escarpés. — 19 k. Cneraa, ruines d'une
TAFORALT. — BERKANE. [33] — 259
kasba qui n'a jamais été terminée; sources abondantes et jardins. —
21 k. 5. lias EL Ma, origine d'un marais dont le trop plein se déverse
dans la Moulouya, puis massif de Kliennousa, boisé de lentisques et
d'oliviers sauvages. — 33 k. Mechra Bou Déliai, gué de la Moulouya.
De Taforalt a Berkane par les gorges du Zegzel, p. 260; — a El
AïouN, p. 263.
La route, très pittoresque, décrit de nombreux lacets. — 60 k. 5.
Ferme européenne. ~ 72 k. Tagma, village au centre de pâtu-
rages, vestiges du camp du bataillon d'Afrique qui a construit
la route.
. 77 k. Berkane (V. ci-dessous).
f C. — ]^AR LA MONTAGNE.
74 k. N.-O. — Route autocyclable jusqu'à Aïn Sfa ; piste muletière très
accidentée d'Aïn Sfa à Aïn Reggada ; bonne route sur le reste du
parcours. Très recommandé.
Cette excursion permet do traverser du N. au S. le massif des Beni
Snassene, dont le point culminant est le Bas Fourhal (1,555 m. d'alt.).
Les villages berbères y sont nombreux. Les vergers d'amandiers, de
figuiers, do citronniers et surtout d'orangers (les oranges des Beni
Snassene sont à juste titre renommées) alternent avec les boisements
de chêne vert, de genévrier et de sumac (tizra) employé pour la tein-
ture et la fabrication des explosifs. Le pays est très sûr.
26 k. d'Oudjda à Aïn Sfa, p. 258.
On rencontre successivement les villages de Oaaroa, près
d'un petit col; de Sefrou, riche en bétail, près de la source et
de l'oued de même nom; Amranen; (36 k.) Cliefialfa, au delà
de l'oued Gtiehalfa.
45 k. Col de Fourhal, près du Ras Fourhal, d'où le panorama
est magnifique.
On redescend la montagne par Ain Timzegourt, Ain Almou.
— 49 k. El Annseur, village auprès de sources et de jardins;
Isdraoaiue, Beni Malifoud. — 55 k. Sidi Mekki, où se trouvent les
silos des Beni Mengouch El Guerroudj. — 58 k. Sidi Moussa El
Rend. — 60 k. Maison du kaid Guerroudj, au pied de la montagne.
64 k. Ain Reggada (p. 257), où la piste rejoint la route de
Martimprey à Berkane, qu'on suit à partir de ce point.
74 k. Berkane (hôt. modestes : du Commerce ou Babonneau,
15 ch. 2.50 et 3, pet. déj. 0.75, rep. 2.50, gar. ; du Zegzel ou
Courtois; de Bourgogne), bourg européen de 2,000 hab., créé à
proximité d'un poste militaire installé en 1908. Les colons de
ce centre ont mis en valeur, en quelques années seulement, les
20,000 hect. cultivables qui s'étendent aux environs.
Le bourg est établi sur une pente douce que traverse la route
d'E. en O..En bas, place où se tiennent les marchés du mardi
et du vendredi. Au delà, oued Berkane au large lit caillouteux,
qu'on franchit sur un pont; en amont, vergers et bananeraies;
en aval, marabout de Sidi Mohammed Aberkane. Sur la rive g.
de l'oued, fortement relevée, s'élève le camp où se trouve le
Bureau des Renseignements.
260 — [33] ENVIRONS DVUDJDA.
Les gorges du Zegzel sont la grande attraction de Berkane;
on peut les parcourir de bout en bout en se rendant de Berkane
à Taforalt. Si l'on ne dispose que de quelques heures, on ira
seulement jusqu'aux grottes de Bou Rebah et de Taserrakout
{V. ci-après).
DE BERKANE A TAFORALT (21 k. S.-O; bonne route à profil très
accidenté, mais très pittoresque; pour la location de mulets 10 à 15 fr.
par jour y compris le conducteur, s'adresser au Bureau des Rensei-
gnements). — Franchir l'oued Berkane et prendre une piste à g. des
des jardins du camp, dans des terrains montueux. — 2 k. A g., petite
plaine de OuaouUout avec une ferme européenne. — 3 k. Coteau et
marabout de Sidi Abd El Moumene Bou Kobraïne, du saint aux deux
tombes. On descend ensuite dans le lit de l'oued au pied de (5 k. 5) la
dechra Tazaghine, entourée de figuiers de Barbarie, et où se trouvent
les silos des Boni Atig.
On est dès lors dans les *gorges du Zegzel, très resserrées et sau-
vages, aux flancs tantôt escarpés et boisés, tantôt à pic. La route suit
le lit de Foued qu'elle traverse plusieurs fois. Dans le mur du Djebel
Tazaroui\ on aperçoit, dans des sortes de fenêtres naturelles, des corps
blancs que la légende dit être des tolba pétrifiés dans des attitues d'étu-
diants lisant le Coran. — 8 k. 5. La vallée s'élargit kyTakerboust, village
entouré de splendides vergers où dominent les orangers. — 12 k. Mara-
bout de Tafraout. — 13 k. Zaouïa de MouLay Ahmed Ben Aïachi, à cinq
blanches coupoles. La vallée se resserre à nouveau.
15 k. Trasrout, où se trouvent deux grottes. La *gpotte de Bou Rebah
(s'y faire conduire par des indigènes du hameau voisin) comprend : une
grande salle sous coupole ovoïde; une deuxième salle derrière un court
passage ; une troisième salle, au fond et à dr., de plus de 50 m. de longueur,
ornée sur le fond de petites orgues.
Quelques pas plus haut, *gpotte de Taserrakout, avec étroite entrée
à fleur de terre donnant accès dans une immense salle ornée de stalac- .
tites géantes. Une stalagmite garnie de chiffons et figurant un chameau,
est vénérée par les femmes stériles qui désirent devenir mères; il leur
suffirait de passer sept fois dessous pour que leur vœu puisse se réaliser.
— En contre-bas, Aïn Tikerchiine, source aux eaux tièdes.
De ce point, une piste conduit à (15 k. 6) Bou Houria (p. 258).
Après Trasrout, la route longe à flanc de coteau l'oued ïaï Oureït,
puis remonte la vallée de l'oued Trasrout et escalade une très forte
pente pour atteindre (21 k.) Taforalt (p. 258).
DE BERKANE A SAIDIA (24 k. N.-E. ; route secondaire n« 17, èntièrement
achevée ; serv. de voiture irrégulier, voit, partie. 20 à 25 fr.) — La route
traverse une région riche, très cultivée. — 12 k. Café maure et crête
que domine le marabout de Sidi Brahim. ' — 20 k. Oued Kiss, qu'on
longe pendant 4 k. sur la rive g. et dont les gorges, formées de rochers
à pic, sont très pittoresques. Sur la rive dr., en territoire algérien, rotite
nationale de Port Say à Maghnia. — 24 k. Saïdia (p. 257).
DE BERKANE A MECHRA KHERBACHA (28 k. N. ; piste carrossable par beau
temps). — 12 k. Sidi Assas, dans une région boisée et marécageuse.
20 k. Aïn Zebda, près du douar du caïd des Haouara Dekhiisi. — A
2 k. N.-K., bordj d'El KoUi, poste de douane. — 28 k. Mechfra Kher-
bacha, sur la rive dr. de la Moulouya.
De Mechra Kherbacha, on peut se rendre à (18 k. E. ; piste muletière)
Saïdia (p. 257), ])ar Aïn Chebbak en traversant la plaine des Ouled
Mansour, large de 300 m. env., a])pelée « Sareg » par les autochtones,
rcconnaissable par un cordon d'arbres fruitiers, figuiers, poiriers, gro-
GORGES DU ZEGZEL. — BERGUENT. [33] — 261
nadiers, dans lequel on trouve de l'eau douce à 1 m. ou 1 m. 50 de pro-
fondeur.
DE BERKANE A SELOUANE ET MELILLA (70 k. N.-O. ; piste carrossable en
zone française, route en zone espagnole ; serv. quotidien de diligences
espagnoles en 8 h. ; 25 fr. la place; peu confortable; présenter les passe-
ports à Berkane). — 28 k. Gué de la Aloulouya, facile aux basses eaux,
difficile au moment des pluies. L'aménagement d'un bac est à l'étude.
— 36 k. Zaïo, poste militaire espagnol. — 70 k. Selouane (p. 319). De
Selouane, le ch. de fer mène en 1 h. à Melilla (p. 319).
2° Berguent.
80 k. S. — Piste autocyclable en été, impraticable après les pluies.
La piste se développe en terrain accidenté entre le massif, des
Zekkara, boisé, et le Djebel Metsila (1,211 m.). — 30 k. Gué diffi-
cile de l'oued Isly.
40 k. Djerada, relai. Montée assez raide du col de Djerada,
entre la montagne du même nom et le Djebel Bou Khaltoam
(1,693 m.), puis descente dans le territoire des Beni Mathar.
La piste redevient plate. — 71 k. Passage difficile de Poued
Ouziene.
80 k. Berguent (rest.), poste militaire à 918 m. d'alt., sous
la protection duquel s'est créé un centre commercial et agri-
cole de 500 hab.; marché important le lundi. Au voisinage,
quelques vieilles kasbas et sources tièdes et ferrugineuses de
l'oued Za.
DE BERGUENT A DEBDOU (109 k. O. ; piste muletière). — 30 k. Passage
de l'oued Charef. — 34 k. Meridja, redoute en ruines. On traverse des
zones d'alfa. — 52 k. Djebel Mekam. La piste est plus accidentée. —
64 k. Aîn Serrak. — 72 k. Ain Merini, près d'un ksar inhabité. — 74 k.
Marabout de Sidi Bou Djemila, dans la tribu des Ouled Amor. — 84 k.
Colline de Zelleguene, à dr. — 97 k. Foum El Oued, où la piste rejoint
celle de Taourirt à Debdou (p. 265). — 109 k. Debdou (p. 265).
DE BERGUENT A MATARKA (110 k. S.-O. ; piste médiocre, autocyclable).
— D'abord à profil plat, la piste est assez accidentée au Gour Leham,
puis au passage de l'oued Charef. — 35 k. Oglat Sedra, puits très
fréquenté par les nomades. La piste longe la rive dr. de l'oued Charef.
— 44 k. Oglat Foukania. — 50 k. Montée assez dure sur le plateau. —
86 k. Torrad.et Ed Defla, descente et passage assez difficiles. — 110 k.
Matarka, petite redoute à 1,280 m. d'alt., dans une région d'alfa.
De Matarka, on peut se rendre à (74 k. S.-E. ; piste traversant des
oueds à sec) Tendrara{V. ci-dessous), par (18 k.) Oued Ghezala, (22 k.)
Oued Meharoug, (29 k.) Oued Zahda. (38 k.) Oued Freïssai, (57 k.) Nif
Ogab, gara remarquable, après lequel on traverse la chebka.
De Matarka à Ain Chair, p. 279.
DE BERGUENT A TENDRARA (111 k. S.; piste). — De Berguent à (35 k.)
Oglat Sedra (F. ci-dessus). — Montée assez dure dans la vallée de
l'oued Charef. — 52 k. Daïet Oum Slimane, ghedirs nombreux après les
pluies. — 81 k. Trarit Kharsallah, région de ghedirs à 1,249 m. d'alt. —
101 k. Entrée dans la chebka Tendrara. — 111 k. Tendrara, ancien
poste militaire, à 1,680 m. d'alt. et point d'eau très abondant.
De Tendrara au Figuig, p. 278; à Matarka, Y. ci-dessus, f
262 ~ [34] D'OUDJDA A TAZA.
DE BERGDENT A FORTASSA (165 k. S.-E. ; piste). — 42 k. Oglat Menqoub
(du chott) après lequel la piste suit la frontière algéro-marocaine. —
70 k. Mechra Medinn. — 77 k. Mechra Kerikera. — 93 k. Mechra
Smara. — 97 k. Mechra Guernina. — 108 k. Mechra El Haoud, ghedir.
— 133 k. Ras Bou Klialkhal. — 162 k. Fortassa Gharbia, poste algérien,
dépendant du territoire d'Ain IScfra ; point d'eau abondant.
DE BERGUENT A EL ARICHA (97 k. E. ; piste carrossable ; serv. de voit.).
— 38 k. Magoura sur la frontière algérienne. — 97 k. El Aricha, petit
village en territoire militaire d'Algérie, à 1,253 m. d'alt. (F. le Guide
Bleu : Algérie-Tunisie).
3^ Sidi Aïssa.
45 k. S. — Piste muletière très accidentée, aujourd'hui délaissée.
Le trajet s'effectue sur la frontière algéro-marocaine, en
forêt d'Oudjda. — 45 k. Sidi Aïssa, ancien camp abandonné et
occupé depuis 1915 par un groupe spécial.
De Sidi Aïssa a Sebdou (64 k. N.-E. ; piste muletière), V. le Guide
Bleu : Algérie-Tunisie.
34. — D'OUDJDA A TAZA
A. — Par le chemin de fer.
230 k. Réseau des ch. de fer militaires à voie étroite. Trajet en 11
par l'automotrice ; en 2 j. par les trains de voyageurs avec arrêt
Taourirt; 69 fr. et 34 fr. 50.
La ligne d'Oudjda-Taza, commencée fin 1012, arrivait à (119 k.)
Taourirt le 13 avril 1913, à (163 k.) Guercif le 27 août suivant, à (201 k.)
Msoun le 25 mars 1914, traversant 2 grands ponts de 135 et 125 m. de
longueur et 42 ouvrages de 10 à 50 m. d'ouverture. D'octobre 1914 au
14 juillet 1915, le reste de la ligne fut construit avec 6 grands ponts de
30 à 80 m. d'ouverture, des tranchées de 10 m. de profondeur et de gros
remblais.
La voie ferrée se dirige à l'C, franchit (1 k. 5) l'oued Nachef,
puis monte doucement dans la plaine des Angad (p. 256, A.), très
fertile en céréales et bien cultivée, mais nue et sans arbres. —
6 k. 3. Pont sur Toued Isly, et (8 k.) passage sur la route
d'Oudjda à Taourirt.
9 k. 5. Halte d' Isly . A 2 k. au S., monument commémoratif (le
la bataille d'Isly (p. 256) — 13 k. 5. On découvre au N. le Djehd
Meghris et au S. le Djebel Metsila.
18 k. Oued Juif, halte. On voit, au N., l'imposant massif des
Belii Snassene (p. 259) et au S. la masse confuse des Zekkara.
32 k. 5. Naïma, station au point culminant de toute la ligne
(674 m. d'alt.). Les réservoirs de la gare sont alimentés par des
sources du massif méridional des Zekkara : Ain Sedra et Ain
Defla. — Le terrain est ensuite moins plat. Les nomades de la
région, qui se livrent un peu à la culture et beaucoup à l'éle-
SIDI AÏSSA. — EL AÏOUN. [34] — 263
vage de troupeaux vivant dans des peuplements d^armoise,
s'abritent sous des tentes grises rayées de noir.
46 k. 8. Bon Redim, halte. Quelques arbres (pistachiers-téré-
binthes) et quelques cultures. La ligne franchit les oueds Ras
Haf et Ras Bourdiou, affluents du Bou Redim.
62 k. El Aïoun (auberge), gare au voisinage d'un centre
de 1,000 hab. env., dont 150 européens. La population indigène
est surtout groupée dans la kasba, enceinte rectangulaire aux
murs crénelés et bastionnés, construite par Moulay Ismail et
restaurée en 1876 par Moulay El Hassane qui y installa une
garnison destinée à garder le « trik es soltane ». Au N. de la gare^
des sources abondantes « El Aïoun >» irriguent des jardins et des
vergers de figuiers et en amont s'élèvent, dans un grand cime-
tière, la koubba de Sidi Melloukh ou Sidl Mellouk, ombragée de
grands arbres, et la koubba de Sidi Bou Amama, qui prêcha
autrefois contre la France. Au S. de la ligne se dresse le camp.
— Marché, le mardi, de céréales et de bestiaux.
D'EL AIOUN A BOU HOORIA (23 k. 5 N.-E. ; pisto autocyclable). —
3 k. 5. Oued Bou Redim, gué facile. — 9 k. Col de Chouala, où la route
se resserre. — 23 k. 5. Bou Honria (p. 258).
D'EL AIOUN A TAFORALT (30 k. N.-E. ; pisto muletière). — 5 k. b. Oued
Bou Redim, guéable. — 12 k. 5. Kouhba de Sidi Moliammed Ou Yahia.
— 15 k. 5. Ber Roumenne, village à 1 k. à FO. — 22 k. 5. Marabout de
Sidi Saada. — 24 k. Berdil, village. — 30 k. Taforalt (p. 258).
D'EL AIOUN A OULED SAID (20 k. N. ; pisto muletière difiicile, en pays
peu sûr). — Le terrain est d'abord ondulé, puis montagneux. La piste
passe entre le Djebel Tanebdourt et le Djebel Bou Youssof, sur le terri-
toire des Beni Mahiou. — 20 k. Ouled Saïd^ village kabyle.
D'EL AIOUN A MOUL EL BACHA (40 k. O. ; pisto autocyclable). - 10 k.
Irsane [V. ci-dessous). — 16 k. Marabout de Sidi Okba, après lequel on
passe dans une région de pistacliiors-térchintlies. — 23 k. Moulay Taïeb,
poste militaire et redoute sur l'oued Ksob. A 500 m. N., /aouïa de Sidi
Mokhtar Ould Moulay Taïeb. A 1 k. S., kasba des Sedjaa. A 1 k. 5 N.,
marché du vendredi. — 27 k. Col, puis descente assez rapide. — 28 k.
Gisements de plâtre. — 40 k. Moul El Bâcha (p. 265).
D'EL AIOUN A TINNTABOURT (31 k. S.-E. ; piste autocyclable dans la
plaine des Angad). — 16 k. Bouquet de betoum. — 31 k, Aïn Tinnia-
bourt, point d'eau.
D'EL AIOUN A AIN MKHAMER (35 k. S.-E. ; piste muletière). — 33 k.
Ferme Krauss. — 35 k. Aïn Mkhamer, point d'eau.
D'EL AIOUN A AIN AYAT (38 k. S.; piste muletière traversant le terri-
toire de la tribu des Ouled El Hassene). — 13 k. Marabout de Sidi Bou
Knadel. — 28 k. Dar Hommada \ sur une hauteur à l'O., ancienne kasba.
— 38 k. Aïn Ayat^ point d'eau.
La ligne descend en pente assez accentuée dans la plaine
qui se rétrécit, et qui est plus ravinée. — 71 k. Poste de l'oued
Irsane,
78 k. 2. Semouna Bérard, station dans le col du Takrount. Le
nom de Bérard donné à ce point est celui de l'officier qui
construisit la voie ferrée et qui fut tué en Champagne en 1915.
264 — [34] DVUDJDA A TAZA,
— La région est mamelonnée et ravinée par les oueds Laoura,
Metlil et Ech Gheboub.
91 k. Mestigmeur, gare et poste militaire au milieu de terres
à orge. Bientôt après les cultures disparaissent : c'est le pays
de l'armoise et de l'alfa. — 100 k. SJicif, poste militaire. Les
oueds de la région sont- des affluents de la Moulouya, A l'O.
apparaît l'arête rocheuse de Taourirt que couronne un poste
de T. S. F. — 108 k. Pont sur l'oued Za, à 363 m. d'alt., de
135 m. de long.
110 k. Taourirt (hôt. Hérissé, 13 ch. à 3.50, pet. déj. 0.50,
çep. 3, gar.), centre prospère créé en 1911 sur la rive g. de
l'oued Za, de 1,650 hab., dont 325 européens; marché le lundi,
très fréquenté.
Histoire. — Eq raison de sa situation au croisement des routes
d'Algérie au Maroc et de Melilla à Sidjilmassa, Taourirt a joué un rôle
important dans l'histoire du Maghreb. Dans les luttes entre Mérinides
et Abd El Ouadites, la vallée du Za fut souvent considérée comme fron-
tière des Etats et Taourirt disputée avec acharnement. Dès qu'Abou
Yakoub en fut possesseur, il dota la ville d'une enceinte et son fils
Abou Saïd en compléta les fortifications (xiv« s.)
Le village, à l'E. de la voie ferrée, a ses rues droites, perpen-
diculaires et larges. Il est doté d'une église, d'une mosquée et
d'une synagogue. A l'O. de la voie, se trouvent la gare,
entourée d'une enceinte, et le camp, au pied d'une crête
rocheuse sur laquelle est installée la T. S. F. Le long de l'oued
Za s'étendent de beaux jardins maraîchers irrigués par une
séguia.
A 2 k. 0. du centre, une ancienne kasb a, aujourd'hui en ruines,
s'élève au milieu de petites garas, dans un site pittoresque; elle
constitue un agréable but de promenade. A l'intérieur, un
bâtiment de construction relativement récente servait aux
Kerarma à emmagasiner leurs grains.
Environs. — En dehors de la courte promenade de l'ancienne kasba,
on peut faire autour de Taourirt quelques excursions au N. vers la
Moulouya et au S. vers l'oued Za ; nous signalons ci-après les plus inté-
ressantes.
1° Cascade de Toued Za et Camp Bepteaux (17 et 23 k. N.-O. ; piste
aménagée; recommandé). — 3 k. A quelques centaines de m. à g.,
tombes des militaires tués à Moul El Bâcha (12 juillet 1910), près du
premier camp de la colonne de Taourirt. — 11k. Var El Kadi, kasba
inhabitée. — 13 k. Cascade de l'oued Za à 400 m. à g. — 17 k. Cascade
des Ouled Ichou, fraction des Larbaa; en face, maison du caïd des
Larbaa. — 20 k. Kasba et douar des Beni Oukil Ouled Ali. — 23 k.
Camp lîerteaux, poste militaire retranché, au confluent de l'oued Za et
de la Moulouya.
On peut encore atteindre Camp Berteaux par une piste muletière qui,
du k. 5 au k. 13, longe les pentes N. du massif du Bon Mazouz, raviné
et difficile à parcourir.
De Camp Berteaux, on peut joindre Moul El Bâcha (14 k. S.-O.) par
une piste autocyclable remontant la vallée de la Moulouya, dont les rives
sont bordées de tamaris.
TAOUIURT, — DEBDOU, [34] — 265
2*> Moul El Bâcha (-23 k. N. ; piste assez bonne, sauf entre les
k. 2 et 4 et les k. 11 et 15, où elle franchi.t, plusieurs oueds encaissés;
communications établies par convois périodiques ; autorisation néces-
saire), poste militaire retranché sur un mamelon qui domine la rive dr.
de la Moulouya, au confluent de l'oued El Assas, à proximité de la
koubba du marabout de même nom.
De Moul El Bâcha à Camp Berteaux, V. ci-dessus, 1°.
3° Gorges de l'oued Za et mines de Narguechoum (10 et 12 k.
S.-E. ; piste). — On remonte la vallée de l'oued Za qui se resserre
brusquement à (9 k. 8) Dar Bon Khechab jusqu'à (24 k.) Dar Bon Aounou.
De Dar Bou Khechab, on peut se rendre sur l'emplacement de vieilles
ruines sur la rive g., et aux mines de Narguechoum, qui renferment du
minerai de manganèse, dont les gisements s'alignent de l'O. à l'E. jusqu'au
Djebel Masseur(S. d'Oudjda). L'épaisseur des couches, assez mince, varie
de 0 m. 30 à 1 m. La ténacité du minerai est de 50 0/0, sans soufre et sans
phosphore. L'exploitation actuelle fournit de 2 à 3,000 tonnes par mois.
La piste, qui remonte le long de l'oued, passe par (30 k.) Zaouïa Ksar
Séria et aboutit à (49 k.) Bhoress, qu'on peut encore atteindre de
Taourirt soit par le S. du Narguechoum et (27 k.) Aïn Abeïda, soit par
la plaine de Tafrata et (28 k.) Sba Ed Dib.
4° Debdou (53 k. S.; piste aménagée autocyclable par beau temps;
serv. d'autos-camions ; s'informer au bureau des Etapes, à la gare de
Taourirt). — Le pays est d'abord légèrement accidenté. — 3 k. ^. El
H ami r et, hauteurs dominant la piste. — 15 k. 5. Hassiane El Ihoudi. On
entre dans la plaine de Tafrata, sensiblement plate. — 28 k. Ersaf,
caravansérail et puits de 56 m. de profondeur. — 41 k. Foum El Oued,
dont l'entrée est marquée à g. par la kasba des Ouled Ounane et à dr.
par le village de Flouche. — On, remonte l'oued Debdou, aux rives
garnies de lauriers-roses, qui ont à cet endroit la taille de vrais arbres
et fleurissent presque en toute saison. Douze ksour sont pittoresquement
assis sur les pentes de la vallée.
53 k. Debdou (rest.), au pied du flanc droit de la vallée de l'oued
Debdou, vallée en cul-de-sac, qui s'élève en muraille perpendiculaire à
80 m. au dessus du fond; peuplé de 500 musulmans et de 2,000 Israélites,
il est surtout un bourg juif, qui se compose d'env. 400 maisons en pisé
sans mur d'enceinte. Les quartiers arabes entourent le mellah. Marché
le mercredi.
Debdou fut longtemps le siège d'un royaume indépendant. D'après
Marmol, il aurait été bâti par les Mérinides. Ce fut d'abord une
simple forteresse. Lorsque les Beni Ouattas eurent pris possession du
pouvoir, les habitants de la région avoisinante essayèrent en vain de
le ruiner. Ses chefs surent le conserver et lui assurer une certaine pros-
périté. Le poste actuel, qui commande les plateaux sahariens, a été un
centre important d'action sur la Moyenne Moulouya, qui fut atteinte à
Ouled El Hadj, le 6 juin 1917, par une reconnaissance du Colonel Doury.
L'occupation de Debdou, qui remonte à 1911, fut consécutive à l'assas-
sinat d'un Français.
Un village européen d'une dizaine de maisons abrite les colons et la
troupe.
Sur un plateau voisin s'élève une vieille forteresse, la kasba du caïd
Ghomriche, enceinte très curieuse, juchée sur un promontoire et bordée
d'un profond fossé du côté de la montagne. Au-dessus, se dresse la
gada ou plateau, qu'on atteint par une route (4 k.) à pente dure, mais
autocyclable, décrivant de nombreux lacets.
Les environs sont couverts de jardins et de plantations de vignes, et
la région est très giboyeuse. La source de l'oued Debdou est très inté-
ressante surtout le samedi.
2«6 — [34] , DVUDJDA A TAZA.
De Debdou a Matarka (83 k. S.-E. ; piste autocyclable). — 13 k. Source
de la gada. — 43 k. Oued KJierikhat. — 83 k. Matarka (p. 261).
De Debdou a Berguent, p. 261.
5° Outat El Hadj (122 k. env. ; piste"). — On gravit la montagne pour
atteindre la gada, d'une altitude supérieure de 600 m. à celle du village.
— 11 k. Aïn El Anech, source. — 14 k. Forêt de chênes verts.
20 k. El Ateuf\ poste militaire. La piste suit l'oued pendant 5 k. ~
32 k. Oued Taga. — 45 k. Tin:;il, hauteur à l'E. en forme de chapeau
chinois avéc un arbre au sommet. — 52 k. Quesmir, puits. — 68 k. Oued
Zérouillet, au fond sableux.
80 k. Bouloutnne, poste créé en 1917. La piste devient mauvaise, suit
l'oued Bouloutane, à sec presque toute Tannée, et s'engage dans un étran-
glement pendant plusieurs kilomètres. Elle traverse plus loin une plaine
sablonneuse offrant un passage difficile. — 103 k. Oued Reggouine, en
avant duquel une piste conduit à (16 k.) Aïn Fritissa.
110 k. Tissaf, ancien poste militaire. — 117 k. Oued El Haïmeur, à
fond sableux.
122 k. Outat Ouled El Hadj, poste militaire sur la rive dr. de la
Moulouya. •
Au SORTIR DE Taourirt, la voie ferrée traverse une région
ravinée par une multitude de petits affluents de l'oued Za,
puis dë la Moulouya. — 124 k. 3. Chréia, halte au pied d'un
monticule que commande un poste, dans une région d'alfa. —
131 k. Gouititir, station. Rampe accentuée puis descente. On
est en plaine de Tafrata, inculte et garnie d'armoise, riche en
gazelles. Au S., s'élève la gada de Debdou (p. 265). — 138 k.
El Aghreb, station. — 141 k. 5. Grand pont sur l'oued Telagh,
auprès d'un poste. Cejlet, station.
De Ceflet, un embranchement de voie ferrée est en construction ; il
reliera, à la ligne principale, (40 k. 5) Mahiridja^ poste créé en 1913 et
la haute vallée de la Moulouya par Aïn Gvtcttara, Zerzaïa, Tissaf{V. ci-
dessus, 5°), Outat Ouled El Hadj ( V. ci-dessus, 5°), Touggour^ Missour,
Ouizert et Kasbat El Makhzen (p. 198).
A quelque distance au N., Jierarfa, ancien camp et ancien village
actuellement abandonnés. Merada était relié à la voie ferrée par le
rail ; il n'en reste plus que l'infrastructure. On y voit encore des vestiges
de murailles en pisé remontant probablement au xviii® s.
La voie atteint la vallée de la Moulouya, qu'elle traverse
(155 k.) sur un pont mixte en béton de 125 m. de long, à Dar
El Kdid, village indigène sur la rive g., à l'altitude la plus
faible du parcours (159 m.).
La Moulouya, « la sinueuse >», a un lit de près de 150 m. de
large, mais coule généralement sur 50 m. entre des rives
verdoyantes où abondent les tamaris. Elle est alimentée par
la fonte des neiges du Djebel Aiachi. De tous temps, aussi
bien dans l'antiquité qu'au moyen âge arabe et berbère et
qu'à l'époque moderne, la Moulouya a été considérée comme la
limite du Maghreb El Aksa (Maroc) et du Maghreb El Ouesti
(Algérie).
163 k. Guercif (hôt. modestes : de la Gare et Jacquin), petit
centre de colonisation et poste militaire à dr.de la ligne, au
confluent de l'oued Melellou et de la Moulouya, sur les terrains
GUERCIF. — MSOUN.
[34] — 267
de campement d'une fraction de la tribu des Ouled Messaoud.
Grâce à son débit constant et régulier, à sa pente suffisam-
ment rapide, l'oued Melellou permettrait l'irrigation de la plaine
des Beni Bou Yahi et de la rive g-, de la Moulouya; la région
aurait donc quelque avenir agricole.
Histoire. — Du bourg florissant que l'on y voyait au temps d'El Bekri,
il ne reste que quelques pans de mur. C'est à Guercif que fut détruite,
par l'émir mérinido Abou Yahia, ce qui restait de l'armée almohade. La
kasba, élevée au xviii'^ s. sur l'emplacement de l'enceinte bâtie en 1321
par le mérinide Abou Saïd, qui lui-même avait construit sur les ruines
de l'ancien ribat ou couvent fondé, d'après Ibn Khaldoun, par les
Meknassa vers l'an 900, n'a laissé que quelques vestiges. — D'après
Marmol, Guercif serait l'antique Galafa de Ptoléméc.
La ligne remonte pendant quelque temps la vallée de l'oued
Melellou. — 171 k. Poste d'El Mizenn.
180 k. Safsafat, station dans la plaine d'El Aricha^ peu cultivée
mais couverte de pâturages propres à Pélevage des ovins. —
191 k. El Guetta/, station. On se rapproche de l'oued Msoun.
La plaine est bornée au N. par la chaîne des Beni Bou Yahi, au
S. par le Sakfaouat, dont on aperçoit le sommet dentelé.
200 k. Nsoun, gare protégée par une enceinte à créneaux et
à meurtrières, et poste militaire important sur la rive g. de
l'oued Msoun, que l'on traverse sur une longue passerelle en
bois. La kasba qui abrite nos troupes est due à Moulay Ismail.
Msoun possède de vastes silos qui gardent les récoltes et les
provisions de l'importante tribu des Haouara, qui nomadise
depuis le S.-E. de Guercif jusqu'au N.-O. de Msoun en traver-
sant les plaines de Tafrata (p. 266), d'El Aricha(F. ci-dessus) et
de Fahama (F. ci-dessous); cette tribu compte 20,000 hab. et
possède 50,000 moutons et 8,000 chameaux. Toujours fidèle au
Makhzen, elle s'est soumise dès le premier contact à l'auto-
rité française et est devenue un précieux auxiliaire pour l'œuvre
de pénétration. On lui prête de grandes vertus sociales : labo-
rieuse et encline à l'entr'aide, elle entoure la vieillesse d'un
respect tout particulier. '
IJoued Msoun, aux eaux très sales et non potables, coule entre deux
berges ravinées hautes de 10 m. environ. Il vient des Gueznaïa et se jette
dans la Moulouya au N. de Merada. C'est sur ses bords que se livra,
en 833, la bataille où Moussa Ben Abou El Afia fut battu par les forces
de l'idrisside Ibrahim, et après laquelle l'autorité fatimite fut momenta-
nément rétablie dans le Maghreb.
La ligne continue son ascension jusqu'au (209 k.) col de
Zhaza après lequel s'élève, à dr., la plaine de Fahanm, d'une
altit. moyenne de 560 m. et d'une superficie de 240 k. carrés,
la dernière vers l'O. qui ait les caractères des Hauts Plateaux
oranais, stérile en été et se couvrant, après les pluies, d'une
végétation herbacée alimentant les troupeaux des nomades.
Quelques ghedirs, sortes de mares où séjourne l'eau du ciel, et
quelques citernes ruinées datant de Moulay Ismail, y sont les
208 — [34] D'OUDJDA A TAZA.
seuls points d'eau; par les années suffisaïuinont pluvieuses, les
terres sont cependant susceptibles de bons rendements.
214 k. Oued Aghbal. Les terrains argileux sont profondément
ravinés par les eaux; le pays, tourmenté, change complètement
d'aspect; la brousse de palmier nain apparaît. — 221 k. Bon
Ladjeraf, station sur l'oued du même nom, puissamment
défendue.
230 k. Taza (p. 236).
B. — Par la route.
Autocyclisme : 222 k. E. — Bonne route principale n° 16, terminée
jusqu'à (62 k.) El Aïoun, et en voie d'achèvement jusqu'à (163 k.)
Guercif; piste aménagée par ailleurs. — Pour la fin du parcours, s'in-
former auprès des autorités militaires des possibilités de circulation.
La route suit la voie ferrée, en terrain peu accidenté. —
9 k. Pont sur l'oued Isly.
32 k.Naïma (p. 262). — 37 k. Embranchement delà piste de
(46 k.) Mestigmeur Kasba. — 38 k. Pont sur l'oued Bou Rdim.
— 39 k. A env. 2 k. N., ferme Krauss. — 45 k. A 2 k. S., station
de Bou Rdim (p. 263). — 53 k. A 1 k. S., ferme Borgeaud.
60 k. El Aïoun (p. 263). — La piste fait suite à la route et
suit, dans des terrains ondulés et argileux, peu praticables
après les pluies, l'ancien « trik es soltane »> (p. 263), en longeant
la voie ferrée, qu'elle coupe en plusieurs points. — 70 k. Irsane,
d'où bifurque la piste de Moul El Bâcha (p. 265). — 76 k. 5.
Semouna (p. 263). — 81 k. 5. Croisement d'une piste N.-S. allant
de Zaouïa Moulay Taieb (p. 263) à Mestigmeur Kasba.
87 k. 5. Mestigmeur Gare (p. 264). — Le sol est sablonneux. —
91 k. Embranchement de la piste Mestigmeur Kasba. — La piste
devient accidentée aux abords du (95 k.) col de Zireg. — 96 k.
Sficif (p. 264). — 98 k. Gué de l'oued Maiter, dit oued Muhl, en
souvenir de l'assassinat d'un Français de ce nom. — 100 k. 5.
Bifurcation de la piste de Moul El Bâcha.
105 k. Taouriri (p. 264). — La piste longe toujours la voie
ferrée en un pays peu accidenté, dépourvu de végétation et
d'eau. — 117 k. Chréia (p. 266). — 123 k. Gouttitir (p. 266).
130 k. Et Agreh (p. 266). — La piste traverse quelques oueds
dont les plus importants sont (133 k.) Toued Telagh et, après
(144 k.) Ceflet (p. 266), (145 k.) l'oued Sefla, dont les rampes
sont assez faciles. — 152 k. Dar El Kaïd (p. 266).
156 k. Guercif (p. 266). - - On traverse la plaine presque inculte
d'El Aricha. — 173 k. Safsafat (p. 267). — 172 k. Msoun (p. 267),
au sortir duquel on franchit une série d'ondulations appelée
Maata Lekmadra. Le pays, fertile au printemps, porte de belles
cultures appartenant aux Haouara. — Gués de (204 k.) Poued
Aghbal, de (207 k.) l'oued Bou Cheikh, (211 k.) l'oued Bou
Ladjeraf. — 214 k. Bou Ladjeraf {V. ci-dessus). — Après avoir
franchi un cours d'eau sur un vieux pont, on atteint Taza.
22Z k. Taza (p. 236).
PERRÉGAUX.
[35] — 269
35. — D'ORAN A BENI OUNIF DE PIGUIG
Chemin de fer : Etat : 637 k. ; départ de la gare de l'Etat ; trajet en
21 h. 30; 71 fr. 10 et 53 Ir. 30; aller et ret. valables 15 j., 98 fr. et
73 fr. 50. — Il y a, 3 fois par sem. seulement, des trains directs,
pourvus de compartiments à couchettes (suppl, 12 fr.) et d'un ^Yagon-
restaurant (rep. 3, 3,50 ; collation 1 fr. 50), permettant d elïectuer le
voA'age en une étape; les autres j. de la semaine, il faut s'arrêter à
Saïda et y coucher (wagon-restaurant aux trains quotidiens jusqu'à
Saïda). Lies trains de l'Etat correspondent à Pcrrégaux avec ceux du
P.-L.-M. à destination ou en provenance d'Alger. D'Oran, il serait
assez peu à recommander de prendre le P.-L.-M. jusqu'à Perrégaux.
— Pour plus de détails, V. le Guide Bleu : Alyérie-Tunisie.
Autocyclisme : Il n'y a de route pratiquement carrossable (route nat. 5)
que sur les 181 premiers k., jusqu'au delà de Saïda; on peut toute-
fois se rendre d'Oran à Beni Ôunif de Figuig par Oudjda(p. 252), Ber-
guent (p. 261) et Tendrara (p. 261).
Bibliographie ; — Notes de route et Bans VOmbre chaude de rislam,
par Isabelle Eberhardt (Paris, Fasquelle, 1911, 1917).
Au départ d'Oran on traverse d'importants vignobles et la
voie dessert quatre villages viticoles. — 28 k. Saint-Cloud, petite
ville de 4,500 hab.. dont 3,900 européens, centre agricole pros-
père. — 34 k. Renan-Kléber : carrières de marbre sur le Djebel
Orouze. — 42 k. Damesme, à o k. d'Arzeu, petite ville de
6,200 hab. et port excellent.
La voie ferrée suit de près le bord de la mer, par les sta-
tions de (45 k.) Saint-Leu et (55 k.) P or t-aux- Poules,
59 k. La Macta. — La voie ferrée franchit la Macta et s'écarte
de la mer. On traverse du N. au S. les vastes marais de la
Macta, où s'étalent les eaux de l'Habra et du Sig. C'est dans ces
marais qu'Abd El Kader, le 28 juin 1835, infligea au général
Trézel un échec des plus graves.
76 k. Debroufseville. — 80 k. La Ferme-Blanche. A dr., vastes
bâtiments d'exploitation entourés de vignobles et d'ornngeries.
89 k. Perrégaux, ville de 16,000 hab., où l'on croise la ligne
d'Alger à Oran.
La voie franchit l'Habra; elle s'élève ensuite rapidement le
long de la vallée de cette rivière, appelée ici oued El Hammam.
On traverse les monts des Beni Ghougrane. Avant d'arriver à
la station du (100 k.) Barrage, à g., vue sur le barrage de VHabra.
Les croupes qui avoisinent ce beau lac artificiel ont été reboi-
sées et contrastent avec la nudité de la région environnante.
La voie, toujours montant, traverse plusieurs fois la rivière.
109 k. Dublineau, village de 1,650 hab., presque tous euro-
péens: site pittoresque.
La voie laisse à g. la route nationale et court au S.-O., en
montant toujours à travers des marnes blanches dénudées.
118 k. La Guetmi, station près de laquelle se trouve la zaouia
où fut .élevé Abd El Kader.
270 — [35] DVRAN A BENI OUNIF DE FIGUIG,
126 k. Bou HaniJia-les-T/iermes, à 5 k. N.-E. du Hammam Bon
Hanifia, groupe de sources thermales, les Aquœ Sireiises des
Romains, d'où l'oued El Hammam tire son nom. Une grande
ville antique, dont le rempart est encore distinct, s'élevait
à 1,200 m. S.
138 k. Tizi-Mascara (buffet), à 454 m. d'alt. On aperçoit à g.
Mascara, où conduit un embranchement de 12 k.
Mascara {Grand-Hôtel Bourelly, gar., électr., bains), ville
de 24,000 hab., dont 8,000 europ. et 1,500 Israélites, ch.-l. d'un
arrond. de 200,000 hab. et siège d'une commune mixte de
53,000 hab., est situé à 583 m., au revers S. des monts des Beni
Chougrane (900 m.).
Mascara est bâti sur les versants du ravin de l'oued Toud-
mane, qui a été converti en. jardin public dans la traversée de la
ville. Les principaux quartiers occupent le versant E. Ils ne
présentent rien de curieux. L'ancienne demeure des beys, le
Beylik, est devenue bâtiment militaire. — Sur le versant 0. du
ravin se trouve le quartier de VArgoab Ismaïl^ où il n'y a guère
que l'arsenal et des casernes. Sur la place de VArgoab, au N. de
ce quartier, s'ouvre la porte d'Oran, de l'extérieur (belle vue).
En dehors de l'enceinte et au N.-O. s'étend Je faubourg indi-
gène de Bab Ali (auquel on accédera par la porte de ce nom),
où se fabriquent des burnous noirs dits khidous.
La voie ferrée traverse la fertile plaine d'Eghris, au N. de
laquelle on aperçoit longtemps Mascara. — 151 k. Thiersville,
village d'un millier d'habitants sur la g. — On franchit l'oued
Taria. — 165 k. Taria (aub.), village de 500 européens.
On se rapproche peu à peu du massif montagneux, dont on
voit à g. les éperons rocheux; la plaine monte insensiblement,'
de sorte qu'on finit par se trouver presque à l'altitude des
sommets des Beni Chougrane. On entre dans la vallée de
l'oued Saida, encaissée entre des montagnes boisées assez
maigrement de thuyas. — 178 k. Charrier, à 545 m.; vergers à
dr., sur l'oued Saida.
183 k. Franchetti. — Falaises calcaires ruiniformes. Sources
nombreuses, irrigations abondantes. — La voie, décrivant des
courbes, s'élève par des rampes accentuées.
196 k. Les Eaux-Chaudes, près du Hammam Oaled Khaled, sources
salées à 45°. — 204 k. Nazereg, à 736 m. UAïn Azereg, source
abondante, traverse une grotte souterraine de plus de 300 m.,
à laquelle on accède par l'avenue du Trou aux Pigeons.
209 k. Saïda (hôt. Ria, gar., électr.), petite ville de 8,500 hab.,
dont 5,300 européens, et ch.-l. d'une commune mixte de
42,000 hab., à 837 m. d'alt.
Saida est la dernière ville du TelL L'enceinte renferme dans
sa partie 0. la ville, dans sa partie E. les établissements mili-
taires. Un monument à la mémoire des soldats de la Légion
étrangère morts dans le Sud-Oranais, par R. Delandre, y a été
élevé en 1910. Sur la route de Tiaret, à 2 k., colonne commé-
morative des combats contre Abd El Kâder, érigée en 1-901.
s AIDA. — AIN SEFRA. [35] — 271
La voie ferrée passe le long des ruines de l'ancienne citadelle
d'Abd El Kader, qu'on aperçoit à g. Puis elle s'élève rapidement
en lacets (vue* sur Saida). On se trouve alors sur de vastes
plateaux ondulés et fertiles, où sont plantées de belles vignes,
220 k. Aïn El Hadjar, village de 900 hab., presque tous euro-
péens, à 1,015 m. d'alt. — 228 k. Bou Rached. A l'E. entre Bou
Rached et Marhom, s'étend la plaine des Maâlif, occupée par de
grandes fermes européennes où l'on cultive le blé. — Ensuite,
grands plateaux caillouteux, avec quelques thuyas. — 244 k.
Tafaroua, à 1,150m. Ondescend ensuite légèrement vers le bassin
desChotts. — 253 k. Khalfallah, à 1,109 m. (chantiers d'alfa).
On entre dans la steppe d'alfa. Elle présente les ordinaires
mirages, faisant surgir çà et là des visions imaginaires, nappes
d'eau miroitantes, forêts, troupeaux au pâturage. Le parcours
est désormais des plus monotones. — 270 k. Modzbah.
309 k. Le Kreider (aub.), à 988 m., hameau que protège un
fortin sur un monticule. Le bataillon d'Afrique y a créé une
oasis de verdure qui contraste avec la désolation environnante.
— Au Kreider, on est dans la cuvette môme du Chott Chergui^
étrange paysage de sable, de sel et de sulfate de chaux. — On
pénètre dans les Territoires du Sud. — 323 k. Bou Guetoub.
361 k. El Biod, gare fortifiée, en vue du Djebel Antar, qu'on
aperçoit à dr., au pied d'une dune.
390 k. Méchéria (aub.), petit centre de 1,400 hab., dont
500 européens, ch.-l. d'un cercle militaire et d'une commune
mixte de 25,000 hab., sur plus de 2 millions d'hect., à 1,158 m.,
au pied du Djebel Antar (1,720 m.), îlot montagneux qui surgit
isolé au milieu de la plaine.
423 k. Naâma, station voisine de la Sebkha En Naâma et du
Djebel Malha (la montagne de sel), dont on aperçoit à g. la colo-
ration singulière, rouge et violette; petites dunes de sable. —
458 k. Mekalis (1,314 m.), point culminant de toute la ligne. On
passe sur le versant saharien, et la voie s'engage dans le cou-
loir dit Feïdjet El Betoum (le « défilé des pistachiers »), où l'on voit
en effet un certain nombre de ces arbres; au milieu de la végé-
tation herbacée du drinn et de l'alfa. Ce couloir est une assez
large plaine comprise entre le Djebel Morghad à l'O. (2,136 m.
au Ras Touït) et le Djebel Aissa à l'E. qui aboutit à Ain-Sefra.
492 k. Aïn Sefra (hôt. : de France, des Voyageurs), centre de
2,000 hab., dont 800 européens, Aïn Sefra, la « source jaune »,
le poste militaire le plus important de la région, est le ch.-l.
d'un territoire militaire qui s'étend jusqu'au Touat et d'une
commune mixte de U,Û00 hab. Il est situé à 1,100 m. d'alt.,
adossé au S. au massif du Djebel Mekter, en avant duquel
s'étend une ligne de dunes longue de 15 à 20 k. A 200 m. de la
gare fortifiée se trouve le village européen séparé par l'oued,
généralement à sec, de la redoute, quartier militaire compre-
nant des casernes de style mauresque, le bureau arabe, les
divers services militaires. Au S.-O. est un village ou ksar indi*
gène, qu'on pourra visiter. — La redoute est adossée aux
272 — 1 36]
LE FIGUIG.
dunes, dont la couleur d'or rouge met dans le paysage une
note imprévue. On a entrepris de fixer le sable par des plan-
tations d'arbres de toutes sortes, qui constituent pour Ain Sefra
un charmant jardin (pour s'y rendre, contourner la redoute).
Au sortir d'Ain Sefra, la voie ferrée longe le Djebel MekLer,
suivant un couloir que forme la vallée de l'oued Sefra.
503 k. Tiouty gare fortifiée. — Pont sur l'oued, tranchées,
descente rapide. — La voie passe entre le Djebel Mekter et le
Djebel Djara, puis s'engage dans une large vallée, celle de
l'oued Rouïba, cours supérieur de l'oued Namous, dans laquelle
il y a quelques betoum. — Grès ruiniformes, rouges avec une
patine noirâtre à la surface.
546 k. Moghrar Foukani. La gare est avant l'oasis; on aperçoit
d'abord une koubba, puis l'oasis (12,000 palmiers) et le ksar
(regarder à g.) entouré de montagnes nues.
On s'engage ensuite dans les 'égorges de Moghrar, la partie la
plus pittoresque du trajet (beaux rochers de grès noircis). —
Plus loin, on pénètre dans un couloir allongé appelé El Feïdja,
comme celui qui aboutit à Ain Sefra; on passe, par ce couloir,
de la vallée de l'oued Namous dans le bassin de la Zousfana.
577 k. Djenien Boa Rezg (1,006 m.), station fortifiée; à g., la
redoute (jardin militaire et palmiers soufl'reteux). — On suit la
vallée de l'oued Dermel, affluent de la Zousfana. — A'dr., dans
le lointain, le Djebel Beni Sinir, dont l'altitude dépasse 2,000 m.,
et le Djebel Maïz (p. 277).
610 k. Duveyrier, — La voie ferrée appuie à l'O. et s'écarte
de la vallée de l'Oued Dermel, franchissant le dos de pays qui
la sépare de celle de Zousfana.
630 k. On franchit le lit à sec de la Zousfana. A dr., vers le
N., l'échancrure du col de Tarla ouvre une échappée sur les
palmeraies du Figuig, dominée par les escarpements du Djebel
Maïz. — Plus loin, à la traversée du lit desséché d'un autre
oued, toujours dans la môme direction, on découvre, par le col
de Zenaga, une échappée semblable.
637 k. Beni Ounif de- Figuig (p. 273).
36. — LE FIGUIG
Aperçu général. — Le nom de Figuig désigne, non un village parti-
culier, mais l'ensemble d'un district situé à 900 m. d'ait. env. et occu-
pant un© cuvette elliptique de 20 k. carrés de superficie. Sept ksour,
entourés de hautes murailles, et longtemps ennemis, le composent; ce
sont : Zenaga, le plus important; EL OudagJiir, El Abid, El Maïz, Ouled
Slimane, El Hammam Foukani {(ï en 'h3i\it) ; El Hammam Tahtaiii (d'en bas).
La population totale est d'env. l'i,500 liab., dont 8,000 musulmans et
4,500 israélites, vivant dans des maisons construites en toubes, d'une
architecture un peu fruste, mais non dépourvues d'art et surtout d'une
très grande originalité. La langue berbère est la langue autochtone.
Les eaux servant à l'irrigation jaillissent sur le plateau d'Oudaghir,
BENI OUNIF DE FIGUIG. [36] — 273
notamment à l'Ain TadderL^ ou bien sont amenées du, dehors, de
Takrounet à TO., de Dar El Beïda au N.-O., par des canailx souterrains
appelés feggaguir (sing. foggara) percés de distance en distance,
comme les gottara de Marrakech, par des regards; d'autres canaux ou
séguias à ciel ouvert, et des bassins de retenue en règlent la distribu-
tion dans les plantations, suivant un procédé ingénieux, quoique primitif.
Les jardins, bien cultivés et surveillés par des tours de garde, sont
enclos de murs d'argile, assez élevés pour qu'on ne puisse pas, même
monté, voir les intérieurs. Mais les indigènes ne font généralement pas
de difficulté d'y laisser pénétrer (modique rétribution). Les cultures
maraîchères y sont peu développées (oignons et navets); l'arboricul-
ture ne s'applique guère qu'au palmier (200,000 pieds produisant des
dfattes en abondance, mais de qualité médiocre); les arbres fruitiers et
la vigne sont exceptionnels. Certains espaces découverts sont consacrés
à l'orge, mais cette céréale occupe surtout des champs aménagés à
l'extérieur des plantations.
Les Figuiguiens sont des commerçants avisés; ils se livrent en outre
volontiers à l'émigration temporaire, allant louer leurs bras en Algérie
et au Maroc oîi on les utilise surtout comme ouvriers terrassiers et
maçons. L'industrie locale est fort primitive et ne consiste guère que
dans la fabrication de quelques tissus (burnous, haïks, tellis) et objets
en cuir rehaussé de traits de couleurs et de broderies (sacoches).
D'octobre à avril, le soleil inonde tout le pays d'une lumière incom-
parable. La température est en outre très douce.
Histoire- — Le Figuig fit partie de l'empire marocain avec Moulay
Ismaïl (1672-1727). En 1806, Moulay Slimane s'en empara à nouveau.
Il se trouve désigné nominativement dans le traité marocain de déli-
mitation de 1845 comme dépendant du Maroc. Aussi avons-nous hésité
longtemps à y faire sentir notre action. Le sultan du Maroc n'y ayant
de son côté aucune autorité, les oasis étaient devenues le point d'appui
et le refuge do tous ceux qui combattaient l'extension de notre influence
dans le Sud. Attribuant notre abstention, dont ils ne pouvaient soup-
çonner les motifs, à l'impuissance et à la peur, les gens du Figuig ne
perdaient aucune occasion de manifester leur hostilité. Le 31 mai 1903,
le Gouverneur général, M. Jonnart, venu à proximité du ksar de Zenaga
pour conférer avec le représentant du sultan, essuya une fusillade qui
ht dans son escorte plusieurs blessés. Un court bombardement, auquel
on procéda le 8 juin, suffit à convaincre les Figuiguiens de la supério-
rité de nos armes; ils oifrirent aussitôt leur soumission. A l'heure
actuelle, les ksour s'administrent eux-mêmes au moj'en d'une djemaa.
Le pacha de Figuig, représentant le sultan, prend part aux délibérations
des différentes djemaas et en dirige les travaux tout en leur laissant
la plus grande initiative. — Le contrôle supérieur est exercé par le
commandant du Cercle des Beni Guil.
Bibliographie : — Le tourisme dans V Annexe de Beni Ounif, d'après les
informations du commandant Pariel, 1911; — La source de Thaddert à
Figuig, par E.-F. Gautier, paru dans les « Annales de Géographie »,
nov. 1917.
Beni Ounif de Figuig (Algérie), à 850 m. d'alt., au revers S.
des hauts massifs de l'Atlas saharien, est le siège d'une annexe,
qui dépend d'Ain Sefra. Mosquée de Sidi Slimane et petit ksar ;
palmeraie; belle vue de la Garet El Hamir (10 à 15 min.; inté-
ressant surtout au soleil couchant). Toute une ville européenne,
bien bâtie, avec justice de paix, écoles, marché, canalisation,
est aujourd'hui presque abandonnée. — La limite entre l'Algérie
et le Maroc se trouve à 2 k. env. au N., au pied des montagnes.
MAROC.
18
274 — [36]
LE FIGUIG.
Hôtel : — du Sahara, fermé en
1919 (gar. ; bains).
Chevaux et mulets (sellés). — 3 à
5 fr. par demi-journée.
Spécialités : — objets en cuir teint
et brodé.
Chasse : — gazelle de monta-
gne, mouflon, lièvre et perdrix^
Renseignements : — s'adresser
d'avance au Chef du Cercle des
Beni Guil, à Figuig, qui accueille
très bien les visiteurs et leur four-
nit gracieusement des guides pour
les excursions.
En raison de son caractère grandiose, de la beauté de sa
lumière, de la splendeur de ses sites, le Figuig mérite d'attirer
l'attention des voyageurs. Les touristes amateurs d'alpinisme
et de chasse pourront excursionner sur les montagnes qui
limitent de tous côtés le Figuig.
I. — L'oasis de Figuig.
7 k. N. — Pistes carrossables; chev. de location sellés de 3 à 5 fr.
par promenade d'une demi-journée; mulets 3 fr.
Nous décrirons ici 3 itinéraires faisant l'objet de promenades distinctes
pouvant être faites en 3 h. 30 à 4 h. — La première, qui donne une vue
d'ensemble de Figuig, est recommandée particulièrement aux personnes
qui ne font qu'un très court séjour. Un guide (mokhazeni) peut être
fourni sur demande par le Bureau des Affaires indigènes.
1^' Itinéraire (vue d'ensemble). — On se dirige directement
au N. dans une région complètement plate. — 2 k. ^. Col de
Zenaga, où fut attaqué, en 1903, le Gouverneur général de
l'Algérie (p. 273). A l'entrée du col, à g., rochers ornés de
curieux dessins préhistoriques. Au tournant du col, belle vue
d'ensemble de la palmeraie de Figuig et du ksar de Zenaga.
6 k. Plaine de Bagdad et chemin des Cascades. La roule monte
dans la partie supérieure de la palmeraie, au milieu de beaux
rochers couverts de palmiers et d'un splendide solis-bois de
figuiers, grenadiers, etc., percés de grottes aux stalactites gra-
cieuses et franchis en deux points par de petites cascades répan-
dant une fraîcheur inattendue. Tourner à g. dès que l'on
arrive sur le plateau supérieur et gagner (7 k.) l'agglomération
européenne qui comprend, autour d'une vaste place rectangu-
laire plantée d'arbres et ornée de jardins, plusieurs bâtiments
modernes d'architecture arabe : Service des Renseignements,
dispensaire indigène, école, poste, etc. Au fond de cette plac(\
une piste conduit : à dr. vers El Maiz, à g. vers Oudaghir.
8 k. El Mdiz^ avec toutes ses vérandas ouvertes vers le S.
comme les grandes alvéoles d'une ruche immense, olfre un
aspect imprévu. Entrer dans le ksar par la porte du S. et pu
remarquer les rues voûtées, la place de la Mosquée aux belles
arcades, la rue des Brodeurs. Sortir par la porte N.
9 k. Oudaghir, dans lequel on pénètre par le quartier juif.
Aux abords de la résidence du pacha veille la garde du sultan,
aux costumes de couleurs vives. A la sortie, dans la palmeraie,
près de la porte N., grandes sources de Figuig dont l'une, pro-
fonde de 8 m., est accessible par un passage voûté. La palmeraie
27G — [36]
LE FIGUIG,
d'Oudaghir, le *Djorf, s'étend sur une magnifique terrasse
dominant une mer de palmes. En bas, en face, Zenaga ; au fond,
par l'échancrure du col de Zenaga, belle échappée sur le
Sahara avec Djenane Ed Dar et sa petite redoute; à dr., le
massif imposant du Grouz et le Djebel Melias; à g., Djebel
Taghla et Djebel Sidi Youssef aux belles dentelures ; au pied,
un bassin dans lequel se mirent les palmiers aux troncs
rugueux et aux panaches verts.
On traverse ensuite la palmeraie et le ksar de Zenaga
peuplé de 4 à 5,000 hab. (place de la Mosquée intéressante). On
revient soit par le col de Zenaga, soit par le col de la Juive.
2*" Itinéraire (partie 0.; 3 h. à cheval). — Par le col de la
Juive, les rochers du Takroumct, El Abid, Aïn Taddert, dont les
sources alimentent une partie de l'oasis, puis le chemin des
grands bassins, on atteint Zenaga {V, ci-dessus) par le quar-
tier des Bou Darits.
On revient par le col de Zenaga.
3® Itinéraire (partie E.). — On se rend jusqu'à la jolie kouhha
de Sidi Abd El Kader Es Saheli, puis à la porte d'El Hammam El
Foukani. Le ksar est très intéressant, il possède une source chaude
(47°) qu'on peut visiter. Par la variété de son sous-bois, la
palmeraie d'El Hammam est la plus captivante du Figuig.
Retour par la plaine de Bagdad et le col de Zenaga ( V. ci-dessus)
II. — Nelias.
8 k. N.-O. — Promenade pouvant se faire en 2 h. 30 à 3 h. aller et ret
Partir par la piste de Béchar, passer sous la voie ferrée au
pont de l'oued Melias et atteindre la palmeraie de Melias, dotée
d'une jolie source, située dans une gorge pittoresque.
On peut pousser un peu plus loin, sur le versant N. du Djebel
Melias, et visiter la mine de plomb argentifère dont les ouvriers
sont presque tous des Figuiguiens.
Retour par le chemin qui longe le versant S. du Djebel
Melias, jusqu'à hauteur du col de la Juive.
III. — Djebel Grouz.
50 k. G. — Très recommandé.
l®"" Itinéraire (avec montures). — 22 k. Foum Djahifa, sur I
versant S. de la montagne. — 42 k. Hassi Abou El Akhal, su
le versant N. On a ainsi traversé le Djebel Grouz par des vallée
pittoresques et dépourvues d'eau. Le pays est extrèmemen
intéressant au triple point de vue géologique, minéralogique e
botanique. Les chasses à la gazelle de montagne, aux fauve
(panthère, renard, chacal), au lièvre et à la perdrix sont trè
captivantes.
On peut revenir à Beni Ounif en retraversant le Grouz au
Teniet Beida.
DJEBEL GROUZ. — DJEBEL MAÏZ. [36] — 277
2® Itinéraire (par le ch. de fer jusqu'à Bou Aiech et avec
des montures pour le reste du trajet). — 34 k. Bou Aïech^
station de ch. de fer (p. 278). — Hassi Lama, au centre du massif
du Grouz. — 72 k. Tanezzara, remarquable point d'eau au fond
d'une gorge, dans une région giboyeuse.
DE TANEZZARA A BEN ZIREG (ô6 k. S. ; piste). — 16 k. ffassi Tolfa. —
34 k. ffassi Ed Diab. — 66 k. Ben Zireg, station sur la voie ferrée de
Beni Ounif à Colomb Béchar (p. 278).
IV. — Djebel Naîz.
3 étapes représentant 60 à 70 k. pour atteindre Khoroua, d'où l'on
pourra entreprendre l'ascension. Matériel de campement nécessaire.
On longe à TE. Toasis de Figuig (p. 274).
14 k. El Ardjay palmeraie où l'on peut coucher. La Zousfana
est à 500 m. de là; on peut la traverser sur ce point, sa pro-
fondeur n'est que de 50 cm. — 32 k. Aouïnet Aïcha, petite
source sous un bouquet de palmiers, à la pointe E. du Maïz.
58 k. Kheroua, beau point d'eau au pied N. du Maïz. C'est sur
ce point qu'il faut camper pour faire l'ascension de la montagne.
Imposante muraille presque verticale qui fait le fond du
tableau de Figuig au N.-O., le Djebel Maïz est inaccessible par
son versant S. et se laisse difficilement escalader par le N. Les
fervents de l'alpinisme pourront se livrer à leur sport favori.
La chasse au mouflon, à la gazelle de montagne, au lièvre et
à la perdrix ajoutera au charme de l'excursion. La montagne
renferme des traces d'anciennes mines de cuivre exploitées jadis
par les Berbères.
Le retour peut s'eflectuer par le môme chemin. Il sera préfé-
rable cependant de revenir par (16 k.) Oglat Ben Abd El Djebbar,
excellent point d'eau avec puits de 2 à 5 m. de profondeur, le
col de Teniet Zaid, accessible aux chevaux et aux mulets, sinon
aux chameaux; 48 k. Defilia, petite palmeraie et joli point
d'eau au milieu des lauriers-roses, au pied S. du Maïz; (56 k.) le
Teniet Zerga, au N. du Figuig, d'où l'on peut rejoindre (70 k.)
Beni Ounif.
V. — Djebel Melah.
50 k. env. N. — Piste muletière. Matériel de campement nécessaire.
32 k. de Beni Ounif à Aïounet Aïcha {V. cirdessus, IV).
42 k. El Attatich, point d'eau dans une gorge qu'on peut
atteindre en 1 j. à cheval.
52 k. Mouih Sifer, point d'eau au pied d'un bouquet de
palmiers, où l'on campe pour la visite du Djebel Melah, belle
montagne de sel gemme, dotée de grotles extrêmement intéres-
santes, mais d'un accès difficile.
Retour, soit par le môme chemin, soit en bifurquant à El
Attatich par Kheroua et Oglat Ben Abd El Djebbar (F. ci-
dessus, IV).
278 — [37] LE HAUT GUIR.
DE FIGUIG A TENDRARA (156 k. N.; pisto généralement bonne se pro-
longeant par Berguent jusqu'à Oudjda). — 51 k. de Figuig à Mouih Sifer
(p. Til, V«). — 53 k. 5. Montée assez facile sur un plateau, où le terrain
est désormais plat et dur.
76 k. Medaouer, près d'un ghedir, sur le plateau nu, peuplé seulement
de touffes d'armoise et d'alfa, — 90 k. Teniet Ez Zoubia^ terrain on
pays argileux, assez souvent raviné, sablonneux plus loin.
100 k. El Guetar, sources assez abondantes donnant une eau de bonne
qualité, dans une région d'alfa. Le terrain qui suit, très accidenté, est
coupé de petites dunes et de fonds argileux praticables aux voitures par
temps sec seulement,
116 k. Hassi El Kelb, puits nombreux de 5 m. de profondeur, au bord
d'une falaise dominant une des cuvettes du Tigri, La piste est accidentée
jusqu'à (120 k.) la sortie du Tigri, à Bab Kr Rih. Elle reste ensuite
excellente jusqu'à la fin. — 138 k. Zrigat Bou Lardjem, auprès d'un
ghedir pourvu d'eau après les pluies seulement, — 148 k. Entrée dô la
chebka Tendrara,
156 k. Tendrara (p. 261).
Variante. — De (32 k.) Aouïnet Aïcha, on peut passer à (53 k.) El
Kheroua, (67 k.) Oglat Ben Abd El Djebbar, (87 k.) El Beghil, (106 k.)
Hassi Defla, (140 k.) Hassi El Aricha pour atteindre (180 k.) Tendrara;
le parcours est ainsi allongé de 24 k.
De Tendrara à Berguent et Oudjda, p. 261.
DE FIGUIG A FORTASSA (99 k. N.; piste en terrain facile, mais impra-
ticable aux voitures). — 32 k. De Figuig à Aouïnet Aïcha (p, 277, IV), —
46 k, Korima, à un confluent de vallées. — 77 k, Aïn Tichchert, source
peu abondante au voisinage de ghedirs. — 79_k, A 3 k. env, de la piste,
Aïn Goréa. — 90 k. Aïn Guetar. — 99 k. Foriassa Gharbia (p. 262),
Variante, — De (32 k,) Aiounet Aïcha (p. 277, IV), on peut passer par
(35 k.) Hallouf sur la rive g. de l'oued, (62 k.) Souf Kesser, puits, (89 k.)
Aïn Goréa, eau bonne et abondante, (98 k.) Bab Er Bouah^ poste de
douane marocaine pour atteindre (108 k.) Fortassa.
De Fortassa à Berguent (p. 262) et à Oudjda (p. 261, 2«).
37. - LE HAUT GUIR
Cette région comprend les pays arrosés par la vallée supérieure de
Voued Guir et de ses affluents. Venant de l'Atlas, ce fleuve a une
direction générale N.-S. jusqu'à Bou Denib, puis se dirige vers l'K.
pendant env. 100 k., jusqu'au confluent des oueds Bou Anane et Zelmou,
pour reprendre une direction N.-S. et rejoindre la Zousfana à proxi-
mité d'igli.
De Figuig à Bou Denib.
A. — Par Colomb Béchar.
312 k. O. : dont 112 en 3 h. 45 (12 fr. 50 et 9 fr. 35) par la voie ferrée
jusqu'à Colomb Béchar et 200 k. en un jour par une piste aménagée
pour automobiles.
1° De Figuig a Béchar. — La voie se développe au vS.-O. et
passe à (35 k.) Bou Aïech, (60 k.) Ben Zireg et (87 k.) Hassi El
Haouaru Parcours assez intéressant. Belle vue à dr. sur les
COLOMB BÉCHAR, — BOU ANANE. [37] — 279
escarpements, dénudés et grillés par le soleil, du Djebel Antar,
contrefort du Djebel Grouz (p. 276), qui domine Ben Zireg. Avant
d^arriver à Colomb Béchar, on longe, sur 5 k. env., des palme-
raies qui jalonnent le cours de Voued Oaakda (barrage).
112 k. Colomb Béchar (hùt. modestes), bureau arabe et
chef-lieu d'un cercle militaire, au revers N.-O. du Djebel Béchar,
terminus actuel du ch. de fer. A quelque distance du village
européen de Colomb (nom d'un officier qui explora autrefois la
région), ksar de Béchar, qu'on visitera (rues couvertes), et ksar
de Ouakda.
2° De Colomb Béchar a Bou Denib. — La piste, praticable
aux automobiles en toute saison, se dirige vers le N. à travers
la hammada de l'Oum Es Seba. Vers l'extrémité 0. du Djebel
Arrid, elle est rejointe, par la ligne télégraphique de Hassi El
Haouari à Talzaza.
35 k. Talzaza. Passage de l'oued Talzaza et de quelques ravins,
puis arrivée dans la plaine d'Oum Ech Chegag. — 69 k. Ksar
El Beïda.
11 k. Ain Chair, pourvu d'une séguia fournissant une eau
abondante mais passable.
D'AIN CHAIR A MATARKA (143 k. N. ; piste). — 26 k. Oqlat Mefsouk,
puits peu profonds. La piste, en terrain plat et facile jusqu'à 46 k.,
traverse ensuite des ravins assez encaissés. — 51 k. Àïn El Ourak,
source d'eau abondante et de bonne qualité au pied d'une montagne
d'accès difficile. La montée qui suit est très pénible et possible seulement
pour les animaux de bât et les chevaux. — 59 k. Débouché sur le plateau.
— 78 k. Bel Rhiada, puits abondants et peu profonds. — 98 k.^Gara Et
Thima, à dr. — 109 k. Foiim Aggaï, à g. — 114 k. Entrée dans le ravin
de Cheguig où la piste est un peu moins facile. — 117 k. ffassi Cheguig,
puits dans une gorge, après lequel la piste est praticable à tous véhicules.
— 137 k. Daïet Ed Dahane, à 1 k. à g. — 143 k. Matarka (p. 261).
De Matarka à Tendrara (p. 261) et à Debdou (p. 266).
La piste se poursuit en terrain tantôt dur, tantôt sablonneux,
traversant de nombreux oueds. — 101 k. Hassi Kriouia. —
111 k. Chriat Ed Diab, à 3 k. N. de la piste, eau en flaques dans
le lit de l'oued. — 117 k. Oued Zelmou.
146 k. Bou Anane, village indigène sur l'oued du même nom
et poste militaire muni du télégraphe. — La région qui suit
est découverte et peu accidentée ; le pays est complètement
désert.
DE BOU ANANE A BENI TADJIT (66 k. N.-O ; piste). — 4 k. Oïded Abbas,
ksar. On suit l'oued Bou Anane, qu'on traverse une quinzaine de fois
pendant le trajet. — 5 k. Takoumit. — 11 k. El Haïrech. — 14 k. Ben
Vnti. — 18 k. Aourirt. On suit l'oued Haïber et l'on entre dans le défilé
très dangereux du djorf Dohl. — 28 k. AU Taghzout, ksar. — 38 k. Beni
Bassia. La piste suit la rive g. de l'oued Ait Aïssa. — 43 k. Ait Daoud.
— 58 k. AU Sebbaïk. — 61 k. AU Fetouli. — 66 k. Beni Tadjit (p. 281).
169 k. Belibila, poste militaire à 3 k. au N. de l'oued Guir,
qu'on remonte ensuite. — 184 k. Ksar Saheli, avec palmeraie,
à 1 k. 5 à g. — 192 k. Ksar et palmeraie de BeniOuziene, où se
280 — [37] LE HAUT GUIR,
livra un combat en mai 1908. — 193 k. Ksar des Ouled Ali, à
1 k. à g., entre deux gara.
200 k. Bou Denib {V. ci-dessous).
B. — Par la piste directe.
257 k. — Piste muletière, dure et longue à parcourir.
76 k. de Figuig à Tanezzara (p. 277). — La piste est quelque
peu accidentée. — 90 k. Ghedir de Rosfet Er Redjem, dans un
ravin encaissé, à dr. — 94 k. Entrée dans la plaine du Tamlelt,
117 k. Mengoub, puits très nombreux et peu profonds dans
une région sablonneuse. — 131 k. Ras El Aïn, puits auprès
d'un bordj et d'une redoute.
134 k. Aïn Chair (p. 279) et 123 k. d'Ain Chair à Bou Denib,
V. ci-dessus, A,
257 k. Bou Denib, ksar sur l'oued Guir, peuplé de 912 hab.,
dont 76 européens, 607 musulmans et 229 israélites. Centre du
commandement du Territoire de Bou Denib; redoute abritant
un bureau de postes, télégraphes et téléphones accessible au
public. C'est de Bou Denib qu'en 1917, une colonne, se réunis-
sant à celle de Debdou, a rejoint, sur la Moulouya, à Itzer, une
troisième colonne venue de Meknès.
Environs. — 1» Talghemt (66 k. S.; piste muletière assez difficile). —
La piste part de Taouz, monte en lacets mal définis, faciles à perdre, sur
la Hammada, plateau pierreux et dénudé qui s'étend du Djebel El Asel
(l,152,m. d'alt.) jusqu'à 300 k. plus au S. sur une largeur variant de 50
à 100 k. — 8 k. Hassi Douis. — 17 k. Second gradin de la Hammada,
20 k. Otjlat El Hammam, point d'eau. — Le trajet s'effectue dans la
partie septentrionale de la hammada, en des points parfois difficiles.
66 k. Talghemt, puits nombreux et ensablés dans le lit de l'oued
Talghemt.
2» Aoufous (67 k. S.-O. ; piste indigène, passable). — On emprunte
d'abord, en le remontant, l'oued El Kheil, puis on escalade un plateau
pierreux et raviné pour redescendre ensuite il'oued Rahma. La région
est déserte.
40 k. Oglat Ba/una, puits aménagés et très fréquentés. Dunes de
sable au voisinage. — La piste, d'abord plate, suit l'oued Rahma qui
coule dans un défilé étroit aux bords abrupts.
67 k. Aoufous, ksar.
S^Gourrama (75 k. N.-O.; bonne piste carrossable jusqu'à Tazzouguert).
- 17 k. Tazzouguert Camp (p. 282, I). — Qoi franchit le défilé pendant
6 k. sur la piste creusée à flanc de coteau et souvent dans le roc.
25 k. Tazzouguert Ksar, village et palmeraie. — 33 k. On franchit les
gorges d' Iqliesdis, longues de 1 k., où l'un de nos convois se dirigeant
sur Gourrama fut attaqué le 14 mars 1916. On voit encore le ksar
démoli. — 35 k. La piste traverse la palmeraie de Kadoussa, quelques
palmiers d'El Gorane, puis les gorges d'El Gorane, longues de 3 k.
45 k. Aicliana, camp abandonné dans une région découverte. La piste
devient plus facile. — 48 k. /mr, ksar. — 53 k. Baknou, bordj abandonné,
ksar à 800 m. à g. — 57 k. Mellaha, trois ksour dont l'un est inhabité.
— 61 k. Pont sur le Guir, démoli par la crue d'octobre 1915.
65 k. Toulal, groupe de sept ksour et de jardins. — 70 k. Tafendast,
petit ksar à 1 k. à g.
BOU DENIB, — MISSOUR. [37] — 281
75 k. Gouprama, petit village et poste militaire.
De Gourrama a Iskena (18 k. N.-E. ; piste muletière en plaine peu
ravinée), — Iskena comprend deux ksour très pauvres, cultivant quel-
ques légumes et élevant quelques troupeaux. Une séguia abondante,
venant d'une source située à plusieurs k. dans la direction de la mon-
tagne, passe au pied du ksar.
De Gourrama a Tijane (18 k. N. ; piste muletière). — Le trajet s'ef-
fectue d'abord en plaine. — .5 k. Hassi Tanguerfa. — 13 k. Entrée dans
le Foum Tijane, à partir duquel la piste est pénible. — 18 k. Tijane^
ksar au voisinage de campements nomades des Ait Mesrouh.
De Gourrama aTiouzaguine (20 k. N.-O. ; piste muletière). — La piste
suit sensiblement le cours de l'oued Guir, dont elle ne s'éloigne jamais
de plus de 1 k. — 7 k. El Heri, ksar. — 8 k. Tagrirt, ksar. — 10 k.
Talharit, ksar. — 12 k. Col très resserré qui s'ouvre sur le cirque de
Tittene Ali, ou l'on trouve les ksour de Mouggueur et de Tittene Ali
entourés de jardins et d'oliveraies. — 20 k. Tiouzaguine, composé de
deux ksour.
De Gourrama a Tameloust (23 k. S. ; piste indigène). — 8 k. Col de
Bent Hazim, dont la traversée pénible demande près d'une heure. La
piste est ensuite sablonneuse et ravinée. — 23 k. 2'ameloust, bordj en
ruines au milieu de la plaine où campent parfois les Ait Mesrouh ou les
Aït Izdeg.
Beni Tadjit (64 k. N.; bonne piste carrossable). — 25 k. de Bou
Denib à Tazzouguert Camp (p. 282). — 27 k. Takoumit, source. — 36 k. 4.
Sidi Ahmed Bel Kassem, où. la piste est plus dure. On entre ensuite
dans la plaine de Snab.
49 k. Hassi Snom, puits dans une région plate et découverte.
64 k. Beni Tadjit, ksar et poste militaire créé en 1916, avec Bureau
des Renseignements relié à Bou Denib par le télégraphe et le télé-
phone. Sur la rive dr. de Toued Aïssa, au pied du Djebel Bou Dahar,
se trouve la redoute de la Compagnie minière de Mokta El Hadid.
De Beni Tadjit à Bou Anane (p. 279).
5° Nissour. — 1° Par Beni Tadjit (206 k. env. N.; piste difficile par
endroits). — De Bou Denib à Beni Tadjit (64 k.), V. ci-dessus, 4°. La
piste traverse les jardins de Beni Tadjit, puis une plaine caillouteuse, et
passe dans l'oued Bour qu'elle quitte pour le reprendre de nouveau. —
74 k. Aït Yakoubi ksar entouré de cultures. — 86 k. Kheneg Aït Saïd,
orienté du N. au S. et donnant passage à l'oued Ghazzaouane qu'on tra-
verse plusieurs fois. Le sol est rocailleux, coupé de ravins et assez
difficile sur 6 k. La piste débouche dans la plaine de Talsint.
100 k. Talsint, poste militaire créé en 1918. — 110 k. Tizi Gzaouine,
théâtre du combat du 29 juin 1916. On suit pendant 4 k. 5 un large oued
à sec. — 116 k. Anbad, ksar. — 122 k. Aguelmuus, ksour à g. — 126 k.
Mazzer, ksour. La piste se déroule ensuite en terrain accidenté. .
138 k. Tameslemt, ksar situé au pied d'une crête rocheuse. — 142 k.
Col de Meridja, passage difficile sur une longueur de 2 k. 5. La piste
débouche en plaine et passe on terrain accidenté jusqu'à Asdad.
153 k. Asdad, agglomération comprenant les ksour de Talemsoust et
des Aït Baïker au N., ceux des Ait Meziane, Aït Mokrane, Aït Fkir et
d'Azouzou au S. — 157 k. Bou Imerdousene, ksar. — 176 k. Ksiret El
Hachemi. — 177 k. Tikoutamine, ksar.
186 k. Ouizert, agglomération de 5 ksour importants pourvue de jar-
dins et de vergers. La région est assez bien cultivée. — 196 et 198 k.
Passages d'oueds. — 203 k. Passage de la Moulouya sur un ponceau.
206 k. Missour, groupe de ksour sur la rive dr. de la Moulouya. Grands
jardins et vergers dont une olivette de 2 k. de long.
282 — [38]
LE ZIZ.
2<* Par Atchana (178 k.; piste); — De Bou Denib à Atchana (45 k.)
V. ci-dessus, 3°, Terrain accidenté jusqu'au Khang El Ghar, caillouteux
et boisé, après lequel la piste longe 1 oued Ascïii puis entre dans la
plaine des Aït Aïssa, plate et dénudée.
70 k. Fertoumach, ksourdes Ait Mohammed Ou Iladdou, Ait Ichchou,
Aït Khorsi, bordés de jardins. La piste suit le lit assez large de l'oued
Besri. — 80 k. Takhouali, ksour, à dr. — 82 k. A dr., ksour de Maglialif
et d'Aït Aïssa Ou Ali ; à g., ksar de Mcdrar. — 85 k. 5. Âït Yahia Ou
Aïssa, à dr, — 87 k. 5. Petits ksour de Mohammed Ou Saïd et Elmbarek
Ou .Saïd. — 89 k. Aït Beker, ksar à g. — 94 k. El Bour, entouré de
hautes montagnes. La piste, très pénible, suit l'oued et les jardins d'El
Bour, traverse le Khcneg, puis suit un oued et arrive à Tizi Tafraout.
110 k. Tameslemt, où l'on rejoint l itinéraire précédent.
38. — LE ZIZ
Aperçu généraL — Uouecl Ziz prend sa source aux crêtes supérieures
du Grand Atlas, au pied du Djebel Aïachi, « château d'eau du Maroc ».
Bordé de ksour nombreux et dominé par de hautes montagnes, il coule
quelque temps sur le territoire des Ait Heddidou, puis il reste désert
un certain temps et arrose le district du Ziz, peuplé par les Aït Izdeg
répartis dans 25 ou 30 ksour. Après un nouveau et court passage désert,
il entre dans le Gers, dont il baigne tous les ksour, ensuite dans le
Tiallaline. Plus bas, il s'engage dans les districts d'El Kheneg, où com-
mencent les palmiers. A partir de là, il ne cesse d'avoir son cours
ombragé et se déroule jusqu'au Tafilalet entre deux rubans continus
de dattiers et de ksour. Après s'être développé sur une distance de
près de 300 k. en direction générale N.-S., il se perd dans l'oued Daouara,
en plein Sahara.
Le bassin du Ziz est soumis à notre influence elfective dans sa partie
moyenne depuis 1916, et le Tafilalet depuis 1917. — Nous donnons ci-
dessous un aperçu de ces deux régions d'un attrait tout particulier.
I. — De Bou Denib à Ksar Es Souk.
87 k. O. — Piste carrossable.
La piste se développe en terrain ferme et plat.
17 k. Tazzoaguert, camp et poste militaire sur l'oued Guir et
à l'entrée d'un défilé composé de 3 blockhaus et d'un camp. Le
terrain est ensuite sableux jusqu'à 27 k.
4r5 k. 5. Hassi Bou Bernons, puits aménagés sur l'oued du
môme nom.
72 k. 5. Rahmet Allah, ksar. — 70 k. 5. On suit la rive g. de
l'oued Ziz, en empruntant la route du Tafilalet à Fès. qui tra-
verse de nombreux oueçls formant parfois de profonds fossés.
87 k. Ksar Es Souk, ch.-l. de commandement militaire
créé en 1916, comprenant : une redoute sur la rive dr. de l'oued
Ziz, un Bureau des Renseignements, un poste de T. S. F., de
télégraphe et de téléphone qui le relient à Bou Denib. Palme-
raie el village de 300 fusils dans une région riche, peuplée
d'Ait Izdeg parlant un dialecte berbère (tamazirt) et de chérifs;
ceux-ci indépendants des premiers.
284 — [38]
LE ZIZ,
Ksar Es Souk est composé de cinq quartiers : Mouskellal Ksiba,
AU Moha Ou Ali, El Harratine, Agaouz, Azrou, formant un cercle
au milieu duquel se trouvent le marché et le mellah.
Le territoire de commandement de Ksar Es Souk a sous sa
dépendance les districts du Kheneg, de Ksar Es Souk^ de Metrara
et de Reteb, qui s'étendent du N. au S. le long des deux rives
de l'oued Ziz, sur une distance de 75 k. environ, formant un
chapelet de villages surpeuplés. Chaque village, d'une impor-
tance variant de 10 à 600 famille^, constitue une sorte de
république jalouse de son indépendance, dotée d'une constitu-
tion mi-élective, mi-héréditaire, ayant ses kebirs ou chefs en
nombre variable, dont le mandat est généralement d'une année.
Les cultures utilisent intégralement la palmeraie large, selon
les cantons, de 50 m. à plusieurs kilomètres; elles sont inten-
sives dans ce sens que les terres qui reposent sont l'exception.
Des jardins magnifiques, peuplés en outre de gros oliviers, de
verts tamarins et de figuiers, s'étendent entourés de murs sous
les hauts dattiers.
L'industrie dominante consiste dans la fabrication de l'huile^
la confection de nattes en alfa sobrement décorées de laine,
et la poterie. Tous les objets manufacturés viennent d'Algérie
par Colomb Béchar.
La palmeraie est d'un charme puissant et sans égal ; dans
la tranchée creusée par le fleuve, elle s'étale, disparaît, réap-
paraît comme un long serpent vert.
Environs. — En amont et en aval de Ksar Es Souk, on pourra faire
des promenades charmantes en suivant au départ la rive dr. pour revenir
par la rive g. ou vice versa.
1° RÉGION NORD. — Sur les 5 premiers k., on peut compter 11 ksour sur
la rive dr. et 12 sur la rive g. se terminant par Tighiouinine (38 familles)
et Tazouka (40 familles); tous dépendent du district de Ksar Es Souk.
Après 6 k. presque inhabités, la série de villages reprend sur 5 nou-
veaux k. jusqu'à Inebgui et Ksirat El Mehenni dépendant du district du
Kheneg. Au k. 10, on entre dans le Foum Riour, très encaissé sur '2 k.
Au k. 'iO, se font face les ksour des Ait Youssef Ou Daoud (33 feux)
et AU Athmane (28 feux), Seryliine est au k. 22, Ifri (50 feux) au k. 2"),
2" RÉGION 3UD. — Piste en terrain plat sur la rive g. du Ziz où se
pressent, sur les 11 premiers k., 20 ksour dont le plus grand (8 k.)
Sidi Dou Abd Allah, abrite 180 familles. En face, on n'en compte que 0
Tous ces ksour appartiennent au district dos Metrara.
Au k. 15 se trouve Meski, où le colonel Doury mit en déroute, avei^
quelques bataillons, en juillet 1916, une harka ennemie puissante de
20,000 hommes. On y voit encore les vestiges des tranchées dans lesquelles
se défendit l'ennemi. — Sur ce point, la surprise est très grande. Par
endroits, à 10 mètres seulement de la palmeraie, on ne soupçonne pas
son existence, enterrée qu'elle est dans une faille profonde de 50 m.
Une grotte fraîche, une source claire en font un site unique.
Après 5 k. d'interruption, la palmeraie et les ksour reprennent,
moins nombreux mais plus peuplés, tels (22 k.) Zaouïa Amel Kis{\f)0 feux);
(24 k.) Djramma (120 feux); (27 k.) Ouled Chakcor (250 feux) en face do
Ouled AUsa (180 feux); (34 k.) Ksar Djedid (300 feux), étc, s'étendant
du k. 20 au k. 45 et appartenant au district du Reteb.
MESKL — RICH. [38] — 285
40 k. Ouled Amira. De ce point on peut se rendre à (54 k.) Tighmart
(p. 288) en descendant le plateau d'Ouled Amira et longeant ensuite le
pied des pentes du Reteb.
DE KSAR ES SOUK A RICH (74 k. N. ; piste muletière). — De Ksar Es
Souk à (22 k.) Serghine, V. ci-dessus, 1°. La piste suit le Kheneg, passe
à Insezouarem, Tamrakeclit, entre dans le défilé très encaissé du Foum
Zabel et traverse plusieurs fois l'oued Ziz. — 49 k. Tinerhit. — 74 k..
Rich, V. ci-après, II.
II. — De Bou Denib à Rich.
il9k. N.-O, — Piste carrossable.
75 k. (le Bou Denib à Gourrama (p. 280). — 90 k. 6. Puits
(Doigt de Dieu). — 97 k. Col d'Ain Timiloust, source peu abon-
dante. — 101 k. Ksar ruiné et source. Peu après, on traverse
deux séguias abondantes. — 103 k. 7. Tasmamart, petit ksar
habité par des Kebala et des Ait Abbou. — 108 k. Coude de
l'oued Ziz à Bou Idirhane, après lequel s'étend une chaîne de
nouveaux ksour. — 109 k. Ait Innqu, Ait Khardi, Ait Ouissa-
dane, Ait Haïkkou. — 111 k. Ait Khodjmane. — 112 k. Ait
Issounour. Au delà de ce dernier se détache, au N., la piste de
Fès par Nzala. Sur la rive dr. se trouvent les ksour des Ait
El Fkih, Hayane, Tamaloust, Ait Aouda, Kharzouga et Ait
Ikkert.
119 k. Rich, poste militaire créé en 1916 à 300 m. 0. du ksar
de Rich (20 feux) habité par des Ait Moumou, fraction des Ait
Izdeg. Le village est alimenté en eau par l'oued Ziz et par une
séguia dont l'eau provient de l'oued Sidi Hamza.
DE RICH A MEKNÈS (200 k. env.). — Route en construction par : (60 k.)
Trik El Bab, pont do 100 m. sur la Moulouya ; 96 k. Enjil, qui a pu être
longtemps considéré comme l'arsenal des Berbères du Moyen Atlas, car
ce centre abritait de nombreux artisans sachant réparer les fusils,
fabriquer de la poudre et réamorcer des cartouches. — Pour Meknès :
p. 180.
De Rich a Ksar Es Souk, V. ci-dessus; — a Timhadit, p. 197.
III. — De Bou Denib au Tafilalet.
75 à 100 k. soit pâT Aoufous (p. 280), d'où l'on descend le long de l'oued
Ziz en passant à El Maadid, célèbre par les chauds engagements qui
s'y livrèrent en 1916 entre nos troupes et des harkas indigènes; soit
par la Hammada et Talghemt (p. 280).
Succession de 200 ksour et de nombreux jardins et de champs
enclos de murs de pisé réunis par des chemins tortueux, le
Tafilalet (on dit aussi Tafilelt) proprement dit, de 15 k. de
large et de 20 k. de long, est le bassin d'épandage, le delta
terminal de l'oued Ziz, dont l'altitude sur ce point est de 750 m.
Ses terres d'alluvions, admirables de fertilité, ne produisent
que sur les points où l'irrigation est possible. L'eau est tirée
de puits d'oîi chameaux et ânes extraient sans arrêt le liquide
286 — [38]
LE ZIZ.
fécondant. Les gottara ou canalisations souterraines sont rares
et pauvres en eau.
La région politique et géographique de l'oued Ziz comprend,
outre les sept districts lilaliens : Oued Ijli, Sfalat, Ghorfa^ Si/a,
Beni Mohammed, Tamidjiout et Oued Malah, le groupement des
Sebbah Saa El Djorf, Ouled Zohra, Tizimi et Fezna^ ce qui repré-
sente une bande d'oasis de 50 k. de long.
La source principale de richesse est le palmier, de très belle
venue, que l'on compte par millions et qui donne des dattes
de qualités diverses, appartenant à une vingtaine de variétés
différentes; celles dont la saveur est la plus fine, dites «< Bou
Sèkri », sont petites et vertes. D'autres essences, tels l'akba à
galle tannante et des arbres fruitiers de toutes sortes croissent
sous les palmiers. Enfin, dans les terres irriguables, on cultive
les céréales et les légumes.
L'industrie du pays est celle du tannage des peaux de chèvre,
que l'on prépare à l'aide de Técorce d'un arbre appelé « akba »
ressemblant au mimosa. Le cuir filali jouit d'une renommée
générale dans tout le nord de l'Afrique et fait l'objet d'un
important commerce.
La population, de 150 à 200,000 habitants, est réputée pour
être très indépendante et très fermée; elle vit dans la multitude
des ksour très rapprochés les uns des autres; son chef poli-
tique et religieux est Moulay El Mahdi, khalifa du sultan,
auprès de qui nous avons placé en 1917 un officier résident
secondé d'un interprète et d'un docteur. L'inlluence française
a commencé à se faire sentir par l'aménagement de sources et
du célèbre puits de Sidjilmassa, dont l'eau est puisée par des
âniers qui vont la vendre au loin dans les villages, par des
soins médicaux aux indigènes et par l'étude d'une maladie du
palmier, le « bayoud », attribuée à un ver rongeur.
Histoire. — La capitale du Tafilalet fut autrefois Sidjilmassa, centre
de résistance des Berbères kharedjites (viii^ et ix*^ s.) qui se dressaient
contre l'orthodoxie musulmane des conquérants arabes. Elle appartint
successivement aux Fatimites, aux Maghraoua, aux Almoravides, aux
Almohades et enfin aux Mérinides. Au xiii^ s., les Mérinides de Fès et
les Abd El Ouadites de Tlemcen se la disputèrent vivement. En 1315
elle devint indépendante avec Abou Ali, lils du souverain mérinide de
Fès, puis rentra dans le giron de l'empire en 1363.
Du VIII® au xir^ s., Sidjilmassa fut une ville importante et prospère.
El Bekri (xi® s.), Edrisi (xii® s.) en ont fait de séduisantes descriptions.
Au XVI® s., Léon l'Africain n'en vit plus que les ruines.
Le Tafilalet est le berceau de la dynastie alaouite actuellement
régnante. Moulay Cliérif, le premier émii* de cette dynastie, y fut pro-
clamé sultan en 1630; il descendait de Moulay El Hassane amené
d'Orient vers 664 de l'Hégire (xiii® s.) dans le but de rendre plus fer-
tiles, par sa « baraka » bienfaisante, les oasis de la région en complet
état de dépérissement à cette époque.
C'est au Tafilalet que les divers sultans alaouites envoyaient les
membres de leur famille dont la présence dans les capitales du N. leur
portait ombrage ; ils les dotaient alors de biens fonds et de revenus,
d'où la raison pour laquelle la région compte tant de chérifs.
English Miles
288 — [38]
LE ZIZ.
La kasba de Sidjilmassa, qui avait été restaurée par Moulay Ismaïl,
fut détruite de fond en comble par les Aït Atta, en 1818; ainsi disparut
définitivement une ville qui joua pourtant un grand rôle au moyen âge.
Le nom de iSidjilmassa n'est connu que des lettrés; les autochtones
désignent son emplacement sous le nom de Medinet El Amra.
Les villages du Tafilaiet ne sont que de chaotiques amas de
masures de pisé. Seul celui de Tighmart, ksar maghzen
construit vers 1890 pour les fils de Moulay El Hassane sur les
plans d'architectes de Fès et avec une main d'œuvre juive, est
bien ordonné et a du caractère. Entouré d'un mur crénelé qui
dépasse 10 m. de hauteur, il est flanqué de neuf bordjs impo-
sants. Au centre, cinq maisons aujourd'hui délabrées et qui
furent de petits palais se groupent au pied d'une mosquée
avec minaret bien décoré et de beau style. C'est à Tighmart
que s'est installée, en 1917, la première mission française
chargée d'organiser le Tafilaiet. Un camp a été aménagé près
du ksar de Dar El Beïda, à 4 k. de Tighmart.
Le ksar Bou Aam, le village le plus important, est le grand
centre des transactions qui s'opèrent par caravanes entre le
Soudan, le Touat, le Gourara, le Tidikelt et le Sud marocain.
C'est de là que se fait l'exportation sur Mogador, Tanger et
l'Algérie, de l'ambre, des dattes et du cuir fllali; le Soudan y
envoie ses gommes et ses plumes d'autruche.
IV. — Bassin de l'Oued Dra.
A partir de 200 k. env. à l'O. du Tafilaiet s'étend le bassin
de Toued Dra dont le cours se divise en trois portions : cours
supérieur, depuis les sources des oueds Iderni et Dades jusqu'à
leur confluent ; cours moyen depuis ce confluent jusqu'à Mhamid
El Ghozlane; cours inférieur de ce point à l'Océan.
Dans le cours supérieur, les deux torrents roulent au pied
de l'Atlas leurs eaux froides et impétueuses; leurs rives sont
presque constamment bordées de villages, de cultures et
d'arbres propres aux régions tempérées : oliviers, figuiers,
noyers.
Dans son cours moyen, Toued Dra coule perpendiculairement
à l'Atlas, s'enfonçant vers le S. : c'est un fleuve au cours
majestueux, coulant sans interruption entre les palmiers dat-
tiers et les villages, irriguant une vaste oasis de 150 k. de long.
Dans le cours inférieur, l'oued à sec s'élargit démesurément
et se dirige vers l'O. jusqu'à l'Océan, en plein désert triste et
désolé.
C'est du bassin du Dra que provient la dynastie des Chérifs
saadiens, qui a détenu le pouvoir au Maroc pendant les xvi°
et xvii^ s.
Le Dra, comme le Tafilaiet, est réputé pour son cuir (maro-
quin) préparé avec la galle d'une variété de tamarin appelée
« takaout ».
QllATT{TÈMB SBCTJOJ^
TANGER ET LA ZONE ESPAGNOLE
Cette partie du Maroc a pour limites : au N. la Méditerranée
sur 300 k., à VO. la côte atlantique sur 150 k., au S. les der-
niers contreforts des Djebala et du Rif, à l'E. la rive g. de la
Moulouya sur 75 k. En dehors de Tanger et de son arrière-
pays, qui jouissent d'un statut spécial, elle est soumise à la
protection espagnole qui y compte 47,000 métropolitains, y
compris ceux qui peuplent Tanger. Il s'en faut toutefois qu'elle
soit complètement pacifiée. L'influence de l'Espagne ne s'exerce
guère que sur les côtes, et plus ou moins en profondeur
selon la résistance des autochtones, dont certains ont un esprit
d'indépendance très accentué. Les Rifains, en particulier, qui
comptent plus de 500,000 individus et qui occupent un territoire
de 20 à 25,000 k. carrés extraordinairement montagneux et
raviné, encore peu exploité et peu connu, ont été jusqu'ici
rebelles et indomptables. 11 faut donc se borner, à l'heure
actuelle, à visiter les côtes sans entrer très avant dans l'int^é-
rieur du pays. On peut cependant, par la voie de terre, aller
de Tanger à El Ksar et Larache (zone espagnole), à Arbaoua,
Rabat et Fès (zone française) et de Melilla à Oudjda par Selouane
et Berkane.
39. - TANGER
Pour les relations avec la France, directes ou par l'Espagne, V. Voias
d'accès (p. 56), et le Guide Bleu : Espagne et Portugal.
Embarqup:ment et débarquement. — L'embarquement et le débarque
ment se font au warf (droit de péage 20 c.) par l'intermédiaire de canots
automobiles qui assurent le service entre le warf et les paquebots qui
ancrent au large (prix modérés par beau temps, doublés par mauvais
temps).
Emploi du temps. — Le touriste qui ne fera qu'une escale à Tanger
pourra voir l'essentiel en 2 h.; il montera, par la rue de la Marine
(p. 293), le Petit-Socco (p. 293) et la rue Ez Ziaguine (p. 293), au Grand-
Socco (p. 292); de là, il se rendra, par la rue du Télégraphe-Anglais
(p. 294) à la Kasba (p. 294) d'où il redescendra, par la rue de la Kasba et
MAROC.
19
290 — [39]
TANGER.
la rue de la Marine, au port (p. 294). — Une journée suffit pour voir
Tanger, ville arabe et quartiers européens; mais il sera préférable d'y
consacrer 2 j., et môme davantage, afin de faire des excursions aux
environs, notamment au cap Spartel et à Cherf El Akab.
TANGER (en arabe : Tandja\ ethu. : Tandjaoui) est une ville
située à l'extrême N. du Maroc, au bord 0. de la dernière
grande baie de la Méditerranée, longue de 6 k. et profonde de
2, sur le détroit de Gibraltar et à 10 k. de la côte atlantique.
Sa population, très cosmopolite, compte 50,000 hab., dont
30,000 musulmans, 12,000 juifs, 6,000 espagnols, 1,800 français
et 200 autres européens. Elle est le séjour du corps diploma-
tique depuis la fin du xvni* s.
Construite en amphithéâtre, Tanger, vue de la mer, a un
aspect des plus pittoresques avec ses maisons blanches à ter-
rasses, ses minarets polychromes, sa ceinture de vieilles
murailles, sa kasba qui se dresse au point le plus élevé de la
ville arabe, son cadre très étendu de maisons et de villas euro-
péennes cachées dans la verdure environnante.
Port d'accès le plus rapproché de l'Europe, point de départ
prochain de la grande ligne de chemin de fer Tanger-Fès,
future station estivale des Marocains et hivernale des Euro-
péens grâce à la douceur de son climat tempéré, Tanger est
appelée à un brillant avenir.
Compagnies de navigation : — C'^
de Navigation Paquet, Petit- Socco ;
C'^ Générale Transatlantique, Petit-
Socco; Mazella et O^] Vapores
Correos de Africa\ C'-' trasailantica;
Bland Line; Boyal Mail.
Hôtels (sauf avis contraire, le vin
n'est pas compris dans les tarifs
ci-dessous) : — Villa de France
(Davin; Pl. a A4), on haut du
Grand-Socco, près des principales
légations (70 ch. de 4 à 5 par pers. ;
rop. 1.25, 4, 4.50 ; pens. de 12.50 à 20;
jardins, téléph.); Continental (A.-C.
Parral; Pl. l> Cl), près du port
(40 ch. de 6.25 à 10; rep. 1.50, 5, ô;
pens. de 15 à 20, v. c. ; terrasse
avec vue sur la mer, bains, salle
de lecture, élect., téléph.; annexe
à Mizpah, villa mauresque dans la
montagne à 300 m. d'alt.) ; Bristol
(Saccone; Pl. c B2), sur le Petit-
Socco (25 ch. de 5 à 6; rep. 1.25,
4, 5 ; pens. de 12 à 18; électr., bains);
Cecil (Chappory; Pl. dC4) sur la
plage f80 ch. depuis 5; rep. 1.25,
4, 5; pens. depuis 12.50; électr.,
tennis, skating, omn.); Cavilla
(H. Cavilla), Grand-Socco, Touring
Club de France, de Belgique et
d'Angleterre (26 ch. de 3 à 5 ; pet.
déj. 1, rep. 3.50; pens. de 8 à In
électr., téléph., bains).
Restaurant : — Comte (chambres
Cafés : — au Petit-Socco.
Brasseries (avec cinéma et danses
espagnoles); — Kursaal Français;
Kursaal Espagnol; Impérial; tous ;i
proximité du Petit-Socco.
Postes : — chérifienne, Grand
Socco ; française, r. de la Légation-
d Kspagne ; anglaise, rue de la Ma-
rine; espagnole, Petit-Socco.
Télégraphes : — chérifiens, Grand-
Socco; anglais, r. du Télégraphe-
Anglais.
Banques : — d'Etat du Marm .
Petit-Socco; Algéro-Tunisienne, v.
du Télégraphe-Anglais; C*« Ahi>'
rienne, r. Ez Ziaguine; Comme
ciale; Crédit Foiicier d'Algérie et
2'unisie, Petit-Socco; Crédit Maw
cain ; Société Générale ; British
West Africa.
Voitures de place : — station au
Grand-Socco; course simi)le dans
l'intérieur de la ville 1 pcs. 50 es-
pagnole ; l'heure 4 pes. esp. ; tarif
double en dehors du périmètre de
la ville.
Montures de louage : — station
au Graud-Socco; — chevaux sellés ;
TANGER.
[39] — 291
la demi-journée 5 pes. ; la journée
10 pes.; mulets sellés : la demi-
journée 4 pes., la journée, 8 pes.;
ânes bâtés : la demi-journée 2 pes. 50,
Ja journée 5 pes.; 1 pes. 50 en sus
avec selles fermières; conducteurs:
la demi-journée 2 pes., la journée
4 pes.
Automobiles publiques : — tarif
double de celui des voitures attelées
pour les courses en ville et dans le
périmètre extérieur ; prix à débattre
pour les excursions plus lointaines
sur la base de 1 fr. à 1 fr. 50 le k.,
la distance étant calculée sur l'aller
et le ret. ; s'adresser aux hôtels.
Services automobiles : — de Tan-
ger à Rabat et Casablanca., serv.
régulier tous les 2 j. en bonne
saison, 150 et 175 fr. la pl. ; serv.
irrégulier de Tanger à Larache et
Arzila (s'informer aux hôtels et au
Grand-Soçco ; prix variables).
Garages : — Tangier Motor, bou-
levard Front-de-Mer; Porge et C®,
Petit-Socco ; Faure; Gauzeleivitch;
Gratelot.
Spectacles : — Théâtre espagnol
Cervantes, près du chemin de la
Plage -yPalmarium ; Casino français ;
Casino espagnol; Impérial.
Journaux : — La Dépêche maro-
caine ; Revue française de Tanger.
Magasins : — Grands magasins
modernes, r. Ez Ziaguine.
Photographie : — Benaioun, r. de
la Poste-Française ; Bruzon ; Blanco.
Légations et Consulats : — les
légations de France, ^'Angleterre et
d Allemagne sont à proximité du
Grand-Socco ; de Belgique, route du
Cap Spartel; à.' Espagne, chemin de
la Montagne ; des Etats- Unis d'Amé-
rique.
Sociétés : — Foyer français, pour
la vulgarisation et le rayonnement
de l'idée française (bibliothèque,
conférences et cours) ; Mission scien-
tifique oJwilfaroc (bibliothèque scien-
tifique), plateau du Marchan; Club
diplomatique (polo, golf) àBoubane,
près du nouveau cimetière ; Clubs
de tennis, anglais, français, espagnol,
en face de la légation d'Angleterre.
Histoire. — D'origine phénicienne, Tingis devient, à l'époque romaine,
une colonie impériale très florissante dont on voit encore les ruines;
capitale de la Maurétanie Tingitane, qui correspond au Nord du Maroc
actuel, elle est alors reliée à l'intérieur par deux routes aboutissant :
l'une à Sala (Salé) par les comptoirs de la côte atlantique, l'autre à
Volubilis et Tocolosida par Oppidum Novum (El Ksar El Kebir). — En
428, elle est occupée sans résistance par les Vandales. Après eux (541),
les Byzantins s'y installent et y restaurent la civilisation. En 621, ce
sont les Visigoths d'Espagne qui en deviennent les maîtres jusqu'à
l'arrivée d'Okba Ben Nafia (631). Le général arabe fait tuer toute la
partie mâle de la population et emmène le reste en captivité. Les Arabes
reviennent encore avec Moussa Ben Noceir (706), massacrent les chré-
ticins qu'ils y trouvent et y laissent une garnison de 19,000 hommes. —
Port d'embarquement des troupes musulmanes qu'on destine à la con-
quête de l'Espagne, elle est vivement disputée par les Oméïades
d'Espagne et les Idrissides aux et xi« s.
Les Almoravides y entrent en 1083, les Almohades en 1147. En 1243,
elle se déclare pour les Hafsides, puis passe aux Mérinides (1273) pour
plusieurs siècles.
Attaquée en vain une première fois par les Portugais en 1434, elle
tombe en leur pouvoir en 1471 et devient la capitale de leurs posses-
sions au Maroc. Au moment où la couronne de Portugal échoit à Phi-
lippe II, roi d'Espagne, elle change encore de maîtres (1581). En 1662,
elle échoit à l'Angleterre, à qui elle revient par le mariage de Charles II
avec l'infante Catherine de Bragance. Mais les Anglais ne peuvent
obtenir des indigènes le terrain nécessaire autour de la ville pour
l'entretien de la garnison ; sous le règne de Moulay Ismaïl, qui les
bloque, ils évacuent la place (1684) après destruction d'une jetée cons-
truite par eux, et dont les restes existent encore au N. du warf actuel.
Tanger retombe ainsi au pouvoir des sultans du Maroc. Moulay Isoiaïl
y rentre le premier et y installe une garnison de 1,500 nègres.
292 — [39]
TANGER,
Au moment où Moulay Abd Er Rahmane encourage Abd El Kader
contre les Français, elle est bombardée par le prince de Joinville (1845)
et ses fortifications sont démantelées.
C'est à Tanger que débarque, le 31 mars 1905, l'empereur d'Alle-
magne Guillaume II, dans des circonstances qui ont un caractère d'hosti-
lité directe contre la politique do la France au Maroc et qui provoquent
la conférence internationale d'Algésiras do 1906. On connaît le résultat :
organisation de la police dans l'Empire chérilîen, surveillance et répres-
sion de la contrebande d'armes, établissement d'une banque d'Etat
marocaine, rentrée des impôts, réglementation des douanes.
Tanger et sa banlieue sont enfin dotées, en 1913, d'un statut interna-
tional élaboré à la suite d'un accord entre la France, l'Espagne et
l'Angleterre.
Bibliographie : — Recherches archéologiques au Maroc (sépultures
antiques du Plateau du Marchan à Tanger ; thermes d'Ain El Hammam,
Caverne des Idoles) par Biarnay et Péretié, Arch. maroc, tome XVIII ;
— Les mariages musulmans et la Kasba de Tanger^ par G. Salmon, Arch.
maroc, tome I.
Le Grand-Socco est le point central de Tanger; les voies
principales de la cité arabe et de la ville européenne y
prennent naissance; il est doté d'une station de voitures. —
C'est donc de là que partent tous les itinéraires qui suivent.
7. — Le GrandSocco,
Le Grand-Socco, situé au S.-O. de la medina et en dehors
de son enceinte, est un vaste emplacement de forme irrégu-
lière où se tient, le jeudi et le dimanche, un grand marché;
mais en réalité, il s'y trouve tous les jours des marchands,
hommes et femmes, celles-ci accroupies sous d'immenses cha-
peaux de paille et vendant des poulets, des fruits, des hardes, etc.
Vers le soir arrivent des caravanes de chameaux ou de mulets,
qui repartent le lendemain après avoir déposé leur chargement.
On y voit des citadins qui viennent y faire leurs emplettes et
des berbères à cheval, à âne, à mulet ou à pied, des nègres
porteurs d'eau, des charmeurs de serpents, des saltimbanques
qu'entourent des groupes nombreux d'indigènes. C'est un
spectacle plein d'originalité, à la fois curieux et amusant.
Deux portes voisines et sans intérêt encadrent le Grand-Socco
au N. : la porte de Fcs, qui conduit au Petit-Socco et au port,
et une autre à g. qui donne accès à la légation d'Allemagne et
à la rue du Télégraphe-Anglais. A l'E., derrière un rideau de
boutiques, se trouve le marché aux vivres (poissons et légumes),
extrêmement pittoresque avec ses produits africains qui y
prennent une couleur étonnante. Au S. ce sont les postes et
télégraphes chérifiens et Vabattoir. A l'O. se trouve un marché
au charhoTiy très curieux le soir, auprès du cimetière protestant,
au pied de Véglise anglicane et de la mosquée Sidi Bon Abid à
minaret polychrome, élevé en 1917, au moyen d'une souscription
d'ouvriers marocains travaillant eh France. Plus à l'O. encore,
sur les pentes, légation de France et jardins de Vhôtel de la Villa
de France.
TANGER.
[39] — 293
77. — Le Pefit'Socco et le port.
Trajet très court d'env. 400 m. dans une artère extrêmement animée, où
grouille une population atfairée de toutes couleurs et de tous cos-
tumes.
On franchit la porte de Fès et l'on pénètre dans la rue Ez
ZiAGUiNE, bordée de magasins et de boutiques de changeurs,
photographes, marchands d'articles orientaux. On y trouve
encore la Algérienne, Véglise catholique, en face des Magasins
Modernes, le Dar Niaba, ou municipalité.
Plus bas, la rue s'élargit et forme le Petit-Soceo, place
exiguë entourée de cafés, des bureaux de la C'" Générale Trans-
atlantique et de la G*" de Navigation Paquet, de l'hôtel Bristol et
de la poste espagnole à façade de style mauresque. C'est là que
se donnent rendez-vous les hommes d'affaires et que viennent
s'asseoir les flâneurs à l'heure de l'apéritif et du café.
En bas du Petit-Socco, à dr., la rue de la Légation-d'' Espagne dessert
le Kursaal espagnol (danses espagnoles), le Crédit Foncier d'Algérie et
de Tunisie, la poste française, puis descend derrière la grande mosquée,
par une rampe à dr. de laquelle se trouve le Foyer Français, institution
créée pour la vulgarisation et le rayonnement des idées françaises à
Tanger par des cours du soir, des conférences, des bibliothèques, une
école d'art, de musique, de gymnastique. Le Kursaal français est à
proximité.
En haut du Petit-Socco, la rue des Chrétiens, qui prolonge la rue de
la Kasha, conduit à la Kasba (p. 294) par une voie étroite et fréquemment
voûtée.
De l'angle inférieur g. du Petit-Socco, part la rue de la
Marine, bordée, à dr., de la poste anglaise, de boutiques
d'adouls ou notaires musulmans, de la grande mosquée et à
g. du bureau de Bienfaisance musulman.
La grande mosquée (entrée interdite) a été agrandie par
Moulay Slimane en 1815. Sa porte monumentale est ornée
d'entrelacs curvilignes et floraux s'enlevant sur un fond de
mosaïques de faïence. Un auvent en bois sculpté et peint por-
tant une inscription couflque dédicatoire, et supporté par des
consoles à stalactites, garnit le haut de la porte. Le minaret, à
décor de faïence verte et entrelacs géométriques, complète
l'ensemble.
Le bureau de Bienfaisance musulman (entrée permise) est
installé dans Vancienne médersa depuis 1910. On y distribue du
pain pour les pauvres. L'entrée est sobrement ornée. Le patio
intérieur est entouré de cellules où logeaient autrefois les
étudiants. .
Plus bas, à dr., s'élève le Bordj El Marsa, « batterie du
Port », dont la porte, édifiée vers 1882 par Moulay El Hassane,
a sa face extérieure couverte d'ornements floraux et épigra-
phiques peints.
A g., la rue de la Kasba conduit à la Kasba (p. 294). Une autre rue, en
palier, mène dans le quartier du Dar El Barond, lequel est marqué,
294 — [39]
TANGER,
vers l'entrée, à dr., par le Bordj Es Salam, « batterie des salves », dont
les grands canons alignés saluent les navires au large, et au fond, en
bordure de la mer, par le Bordj El Baroud (demander un permis de
visite au commandant d'armes), pourvu d'énormes canons Armstrong;
vue très belle sur la baie de Tanger à l'E., sur les falaises de la côte
à ro.
La rue de la Marine aboutit, après de nouvelles voûtes et
Bab El Bahar, « porte de la mer », à la Douane^ que domine
Vhôtei Continental, puis au port, constitué par un môle de
250 m. de long qui s'enracine à la pointe N.-O. de la baie de
Tanger et la protège contre les vents d'O. et N.-O. Ce môle
abrite : 1° une darse bordée d'une cale de halage et de terre-
pleins supportant les magasins de la Douane; 2° un warf en
bois de 200 m. de long où se fait l'embarquement et le débar-
quement des voyageurs et des marchandises.
Le port en projet doit comporter une jetée N. de 1,500 m. et unes jetée
E. de 6-20 m. en direction perpendiculaire à la précédente ménageant
une passe de 150 m.; ces jetées délimiteront un bassin de 54 hect. de
superficie, à conquérir sur la mer, et recevront les magasins de la
Douane et des compagnies de Navigation, ainsi que la future gare du
Tanger-Fès.
Le port de Tanger fut de tous temps le plus actif du Maroc. Depuis
l'organisation du Protectorat, il a périclité. Son commerce total, qui
atteignit 27 millions en 1913, est tombé à 17 millions en 1915. Sa situa-
tion exceptionnelle et la prochaine construction du chemin de fer le
rendront certainement à ses destinées.
777. — \asba ef ville haute.
Trajet de 600 m. env. qu'on peut eifectuer soit par les rues Ez Ziaguine,
des Chrétiens et de la Kasba (V. ci-dessus), soit par la rue du Télé-
graphe-Anglais, décrite ci-après.
On sort du Grand-Socco par la porte N., pour entrer dans la
RUE DU Télégraphe-Anglais, qui longe la medina à l'O. On
descend ainsi jusqu'aux télégraphes anglais, situés en face du
collège israélite et Ton remonte, par une rampe à escaliers,
parallèlement aux grands murs crénelés de l'enceinte jusqu'à
la porte de la Kasba, flanquée de deux batteries, qui fait l'ace
au plateau du Marchan (p. 295).
Sur la petite place située à l'intérieur de la porte, on
découvre à g., la caserne du, 2° Tabor de police (officiers espa-
gnols) installée dans l'ancienne batterie Naam (2 grands
canons) d'où l'on a une belle *vue sur la mer. A côté, zaouïa de
Moulay Bon Chta.
En suivant les remparts N. on fait le tour du Dar El Makhzen
(porte ornéé) et l'on atteint une place où se groupent les
prisons, le Bit El Mal, Tancien palais du sultan, le palais du
pacha ou gouverneur de la ville, la mosquée de la Kasba, avec
un élégant minaret octogonal et polychrome, et le Mechouar.
Les prisons sont au nombre de deux : l'une pour les
TANGER.
[39] — 295
femmes, l'autre pour les citadins et les bédouins (on peut
visiter cette dernière).
Le *Bit El Mal, ancienne trésorerie, actuellement en voie de
restauration (on peut visiter), est l'un des monuments les plus
remarquables de Tanger. Sa façade, de 3 arcs, éclaire une salle
de trois travées de 2 m. chacune supportées par des colonnes
et des arcs d'une grande simplicité et d'une très belle harmonie
de lignes. Sur le pourtour, on voit encore les immenses caisses
ferrées et aux parois de madriers de cèdre, dans lesquelles les
sultans emmagasinaient le numéraire. Au fond, après un ves-
tibule, s'ouvre' un patio avec locaux; celui de dr., précédé
d'une galerie, est fermé par une haute porte à deux vantaux
bardés de fer; la salle est couverte d'une coupole dodécagonale
sculptée et peinte .bordée à la base d'une frise à stalactites.
La salle de g. a un plafond également orné, mais prismatique.
De petits appartements délabrés sont disposés dans le reste du
bâtiment.
Au fond du Mechouar, au S.-O. de la place, se trouve le
bureau du Pacha ou goùverneur de la ville. Il donne accès au
Dar El Makhzen ou ancien palais du sultan (on peut visiter
sur autorisation spéciale de la légation de France). Les appar-
tements principaux se groupent autour d'un patio entouré
d'une galerie que supportent des colonnes de marbre, galbées
et à chapiteaux composites, d'où partent des arcs décorés de
mosaïques de faïence. Les salles sont ornées de plâtres sculptés
et de plafonds en bois peint, ouvrages remontant à l'époque de
Moulay El Hassane (fin du xix^ s.). Des terrasses, *vue très inté-
ressante sur la ville et sur la baie de Tanger. Trois jardins
délaissés sont aménagés derrière l'habitation principale.
Au S. de la place, Dar Ech Chraa, « palais de justice », dont
la façade, ornée de colonnes de marbre, s'ouvre sur la place
par trois nefs égales ; elle est profonde de deux travées; c'est
là que le juge musulman tient ses audiences.
La Kasba est fermée à l'angle S.-E. par Bab El Assa, « porte
des vigies », où l'on donnait autrefois la bastonnade aux mal-
faiteurs. Un café maure est installé sous les voûtes. Du seuil,
très belle *vue sur Tanger et sa baie.
De ce point, on peut regagner le Grand-Socco, soit par le quartier
d'El Gourna (four intéressant dans une ancienne construction en forme
de tourelle) et la porte de la Kasba ( V. ci-dessus) ; soit par la rue de
la Kasba et le Petit-Socco (p. 293). Pour se rendre au port, on descend
par la rue de la Kasba qui rejoint la rue de la Marine à hauteur du
Bordj El Marsa (p. 293).
IV. — Vlafeau du Marchan.
/ ' Promenade de 1,200 m.
Le Marchan est un plateau qui domine Tanger à l'O., et
dont les pentes N. et S. se couvrent de villas nombreuses. On
l'atteint par la rue du Télégraphe^Anglais (p. 294), la ^^etiie rue
296 — [39]
TANGER.
du Marchan et le large paseo Cénarro, qui monte en pente douce
jusqu'au plateau.
On y voit VInstiiut Pasteur, immense établissement entouré
de beaux jardins. Dans une villa, en face, se trouve le siège
de la Mission scientifique du Maroc, doté d'une bibliothèque de
10,000 volumes, dont 2,000 en langue arabe, et de nombreux
manuscrits, et d'un musée renfermant surtout des documents
de l'époque romaine. Plus au N., se trouvent Vhôpital français,
la maison de Meneblii, ancien ministre de la Guerre de Moulay
Abd El Aziz, la maison du chérif d'Ouezzane, et ïhôpital anglais;
en bordure de la mer, s'élèvent les curieux rochers dits glissoirs.
A rO. du terrain d'exercice s'étend le cimetière musulman où l'on
voit la koubba de Sidi Abd Es Salam Es Sadok. Le chemin Mac Lean
descend dans le vallon de l'oued El Ihoud (7. ci-dessous, V).
Y. — La Montagne.
3 k. O. — Route carrossable, très accidentée; fortes pentes.
On s'y rend par la route de la Montagne, qui part de
l'angle N.-O. du Grand-Socco. Elle longe le cimetière de Sidi
Mohammed El Hadj y horm, c'est-à-dire d'accès interdit aux non-
musulmans; en face se trouvent la koubba de Sidi Amar Er Rifi
et le consulat d'Espagne; puis on laisse à dr. le palais de Moulay
Hafid, immense construction en ciment armé et de style néo-
marocain commencée en 1915, au milieu de vastes jardins.
A g., le chemin des Amoureux longe d'une part le parc de Sania El
Hadjti, d'autre part le coteau d'Ez Zefaref, puis rejoint la route de
Moudjahedine (F. ci-dessous, VI).
La route monte ensuite jusqu'au café turc, laissant à dr. les
coteaux habités du Marchan, et descend dans le joli ravin de
l'oued El Ihoud, « la rivière des Juifs », ainsi nommé parce qu'un
grand nombre de Juifs exilés d'Espagne y vinrent débarquer,
puis remonte le versant E. du mont Washington, au milieu de
belles propriétés parmi lesquelles se remarque la villa Harris.
Passant auprès de la koubba et de la fontaine de Sidi Mesmoudi,
on monte à g. sur le plateau du Djebel (325 m.) parsemé de
broussailles et de rochers de grès; au sommet, palais de Moulay
Abd El Aziz; *\ue étendue sur toute la région. — A 2 k. au
delà, très pittoresque propriété Perdicaris, avec d'admirables
essences d'arbres, dévalant en pentes très raides sur la mer.
yj. — El Moudjahedine.
2 k. o. — Agréable promenade.
La route s'amorce à l'O. du Grand-Socco par la route de
BouBANA, aussi appelée route de San Francisco, passe entre le
cimetière de Sidi Mohammed El Hadj et le cimetière protestant,
longe à g. Vhôpital espagnol, puis passe entre les parcs de Sania
El Hadjti (à dr.) et White (à g.)
TANGER.
[39J — 297
A dr., chemin des Amoureux (p. 296). — A g. le boulevard de Ceinture
monte vers la Koudiat El Adjaïbi, le groupe des maisons d'El Kelania
et redescend sur la rive dr. de l'oued Es Souani (V. ci-dessous, VII).
Plus loin, la route laisse à dr. le souk El Beker, « marché
des bestiaux », le cimetière espagnol, passe au pied du ' Dchar
Tarkhoch (à g.) où sera installé le réservoir destiné à alimenter
Tang-er en eau potable, et gagne la hauteur des tombeaux des
Moudjahedine, ou combattants morts pour la foi musulmane
(90 m. d'alt.).
y*77. — Es Souani.
2 k. s. — Très agréable promenade.
Le Souani est une agglomération d'habitations indigènes
établies à 50 m. d'alt., sur la rive dr. de l'oued Es Souani qui se
jette à 2 k. 5 en aval dans la baie de Tanger, en fractionnant
la plage en deux parties. On peut y arriver par différents
itinéraires :
1° Par le chemin d'Es Souani^ qui laisse à g. la légation de
France, l'hôtel Villa de France, la Résidence du Ministre de
France (beaux jardins), traverse les quartiers dits El MsellUy Es
Souani, descend vers le poste de T. S. F., sur les bords (le l'oued,
et remonte au village arabe;
2° Par la route de Tanger à Rabat, bordée de maisons euro-
péennes, et qui croise l'oued Es Souani en aval du village.
Aux abords de l'oued, le boulevard de ceinture recoupe à dr. les
itinéraires précédents et rejoint la plage, à g.
rm. — La plage,
2 k. 5 S.-E.
Le CHEMIN DE LA Plage part de l'angle S.-E. du Grand-Socco,
passe devant Vécole anglaise, le collège espagnol (à dr.), le cime-
tière israélite (à g.), en aval du théâtre espagnol, et atteint le
BOULEVARD Front-de-Mer, qui longe la plage, bordée à ce
point des hautes constructions européennes des compagnies de
navigation et du Cecil Hôtel.
A 1 k. plus à l'E., dans la région des sables, se trouvent la
sardinerie et la manufacture du Monopole des Tabacs, très intéres-
sante à visiter.
Au delà de l'embouchure lagunaire de l'oued Es Souani, que
l'on franchit auprès d'un vieux pont romain en ruines, se trouve
l'emplacement de Tandja El Balia, du « vieux Tanger », dont
les parties les plus anciennes remontent à la période byzantine.
500 m. plus loin, un grand massif de verdure cache la villa
Harris, splendide habitation construite avec la collaboration
de nombreux artisans marocains par M. Harris, correspondant
du journal The Times.
298 — [39]
TANGER.
ENVIRONS DE TANGER
Les environs de Tanger sont très agréables, surtout au printcni])s et
offrent, de belles promenades à pied, à mulet ou à cheval. Ils sont
habités par des Berbères sédentaires, qui sont jardiniers et cultiva-
teurs de vergers (oliviers, vignes, figuiers, grenadiers). Leurs maisons
sont entourées d'agaves et de Hguiens^e Barbarie. Çà et là, un palmier
balance au vent son maigre panache. Les parties non défrichées sont
couvertes d'un épais maquis où domine le chêne liège et le chêne vert,
avec des cistes, des bruyères blanches qui atteignent 3 m. de hauteur,
des genêts, des lentisques, du palmier nain. — La sécurité, qui s'est
améliorée dans la zone internationale, n'est assurée que dans les régions
S. et O. que Ton parcourt en suivant les deux itinéraires ci-dessous.
L'excursion E. du Alenar et de Ksar Es Seghir ne peut encore être
entreprise.
1** Cap Spartel (12 k. O.; route jusqu'à 5 k., piste muletière ensuite.
Promenade charmante et pittoresque en 5 ou 6 h. aller et ret. ; très
recommandée). — On suit la route de la Montagne (p. 296), puis l'on se
dirige, parallèlement à la côte, vers le cap Spartel, VAinipelusium des
Anciens (c'est-à-dire le cap des Vignes), extrémité N.-O. de l'Afrique.
Sur le cap (vue étendue) s'élèvent un phare construit par un français,
M. Jacquet, et un sémaphore.
A 4 k. env. S., se trouvent les grottes d'Bercule (carrière de pierres
meulières), curieuses excavations naturelles, situées sur le littoral
atlantique. Un guide est nécessaire pour l'exploration de l'une d'elles
qu'on ne peut atteindre que par une descente au moyen de cordes.
On peut revenir soit par les chemins de la vallée de Boubana, soit
par ceux d'A'in Zitoun, beaucoup moins pénibles que la piste d'aller.
2"" Sources de Cherf El Akab (18 k. S.; bonne route autocyclable .
— On suit la route de Tanger à Rabat. A la sortie de la ville, on
s'engage dans le Fahs, région mamelonnée, couverte de belles cultures,
et dont les sommets sont couronnés do villages indigènes.
8 k. Ain Ziatene. La campagne se couvre de palmier nain.
17 k. Aïn Terfania, source captée.
18 k. Cherf j^l Akab, massif montagneux couvert d'oliviers séculaires
et doté de sources abondantes, captées pour l'alimentation de Tanger en
eau potable ; à proximité, ruines romaines et tombeaux mégalithiques.
3° El Ksar Es Seghir (24 k. env. E. ; piste muletière peu sûre ;
s'informer). — De Tanger à la villa Harris (p. 297, VIII). — La piste se
poursuit par El Alenar, ancien phare en ruines, auprès d'un douar ;
Talaa Ech Chérif, Fondouk Es Serara, et Oued El Yem, petite rivière à
l'embouchure (ensablée) de laquelle se trouve El Ksar Es Seghir, « le
petit palais », autrefois appelé Ksar Masmouda, reconstruit en 1192 par
l'almohadc Yakoub El Mansour, sur le point le plus rapproché de la
côte d'Espagne, en face de Tarifa. Il servait alors de port d'embarque-
ment des contingents que les dynasties musulmanes destinaient à la
conquête de l'Espagne. Les Portugais s'en emparèrent en 1458 sous le
règne d'Alphonse l'Africain ; ils l'évacuèrent sous celui de Jean III (1551 .
DE TANGER A CASABLANCA (par mer; 370 k. env. ou 200 milles marins
de Navigation Paquet : 3 serv. mensuels rapides, 60 fr., 50 fr. ( '
35 fr. avec nourriture, 4« cl. 20 fr. et en sus la nourriture ; Vaporvs
Correos de Africa : 2 serv. mensuels avec escale à Larache et Rabai
30 pes., 25 pes., 15 pes., nourriture en sus). — De Tanger à Lara( h<
(p. 304). La côte, d'abord quelque peu relevée et rocheuse après
Larache, devient très basse et lagunaire à partir de Moulay liou Selham
CAP SPARTEL — LA MONTAGNE ROUGE. [40] 299
(p. 172). Elle reste ainsi jusqu'à l'embouchure du Sebou, où elle s'élève
davantage dès Mehdia (p. 171). De la mer, de part et d'autre de l'estuaire
du Bou Regreg, on n'aperçoit guère que le minaret de la grande mos-
quée de Salé (p. 165) et la tour Hassane de Rabat (p. 157). La côte continue
à être monotone jusqu'à Casablanca; seul le port de Fedala (p. 74) attire
un moment l'attention. — Casablanca (p. 62).
DE TANGER A RABAT, V. ci-après, puis p. 168 et 173; s'informer à la
Société Porge et C'-^ et à Tangier Motor.
DE TANGER A FÈS par la route, V. ci-après et p. 175. — Tanger sera ulté-
rieurement réuni à Fès par une ligne de chemin de fer à voie large.
Projetée par l'accord franco-allemand du 4 novembre 191 1 et la convention
frajico-espagnole du 27 novembre 1912, elle a été concédée à la C'^ géné-
rale du Maroc et à la générale espagnole d'Afrique le 18 mars 1914.
Elle aura une longueur de 310 k. dont 204 en zone française. Partant
de Tanger, elle passera à El Ksar El Kebir, Mechra Bel Ksiri, Petitjean,
Meknès pour aboutir à Fès. Deux lots ont été adjugés en 1916 et 1917
vers Petitjean. Les études se poursuivent par ailleurs.
De Tanger a Larache, p. 303; — a Ceuta, p. 306; — a Tétouan,
p. 316, 3°.
40. — DE TANGER A EL KSAR EL KEBIR
Autocyclisme : 100 k. S. ~ Route construite sur les 30 premiers k., puis
piste aménagée autocyclable de mai à novembre. De hautes bornes en
pierre blanchie indiquent les bifurcations. Serv. automobile tous les
deux jours en bonne saison sur Rabat.
18 k. de Tanger à Cher f El Akab, p. 298. — 20 k. Entrée dans la
zone espagnole et pont sur l'oued Mharhar. On escalade ensuit^
la Montagne Rouge (en arabe : Akbet El Hamra,,en espagnol : Caesta
Colorada) couverte de brousse et ainsi appelée à cause de sa
couleur rougeâtre. Du sommet, on voit la mer à l'O.
24 k. Descente dans la vallée de l'oued El Hachef transformée,
pendant la saison des pluies, en immenses daias ou étangs. —
30 k. Montée pénible jusqu'au sommet d'une colline que cou-
ronnent un bosquet d'oliviers et un petit village indigène.
43 k. Soak El Had, emplacement d'un marché du dimanche;
camp espagnol. A quelques k., ruines romaines d'Ad Mercurios.
— La piste parcourt longtemps un terrain sablonneux couvert
d'une brousse de palmier nain, do fougère et de buis.
45 k. Bifurcation sur Arzila (p. 303), qui forme une masse
l)lanche à l'horizon 0. — On franchit bientôt l'oued El Halen.
— 55 k. Puits des Ouled Er Riahi.
A proximité, une piste conduit à (10 k.) Arzila{p. 303).
70 k. Souk Et Tleta Reisana, marché du mardi, en terrain
mouvementé. — 80 k. Oued Mekhazene. — La piste, plate,
longe quelque temps un oued bordé de jardins et de petits
villages indigènes. On découvre bientôt, au S., la vallée de
Toued Loukkos, jalonnée d'un long chapelet de taches sombres
de verdure. A l'O., par beau temps, on aperçoit Larache (p. 304),
300 — [40] DE TANGER A EL KSAR EL KEBIR.
100 k. EL KSAR EL KEBIR (eu esp. : Aicazarquivir), « la
grande enceinte », ville à caractère rural qui s'étend au milieu
d'une vaste et fertile plaine, dans une oasis de verdure, au
croisement des routes reliant Larache à Fès, Tanger à Rabat,
sur la rive dr. de l'oued Loukkos. Marché important le dimanche.
Sa population dépasse 10,000 hab., dont 8,500 musulmans,
1,600 israélites, 600 européens, non compris la garnison qui
compte environ 3,500 hommes de troupes espagnoles et maro-
caines.
La cité ancienne « est une mourante ville de province, et de
province marocaine, une languissante et fragmentaire survi-
vance du grand passé mauresque » (A. Ghevrillon). Les mai-
sons, à pignons, sont couvertes de toitures de tuiles, et non de
terrasses horizontales : c'est une surprise en pays marocain.
Après s'être tout d'abord établis autour de la ville, de part
et d'autre du Socco, les Espagnols ont élevé des constructions
vers le S.-E. et vers le N., où se trouvent la Gommandance
Générale, des casernes et des habitations particulières. Une
voie de chemin de fer destinée à relier Larache à El Ksar a été
entreprise; elle arrive à 4 k. de cette dernière ville; les
travaux sont suspendus depuis 1914.
Emploi du temps. — Une heure suffit pour voir El Ksar, dont les deux
quartiers sont bien ramassés autour du socco. Une promenade dans les
jardins (s'adresser aux autorités locales) complétera heureusement la
visite.
Hôtels (modestes) : — de Madrid
(Miguel Garrido; 10 ch. à 3 pes. ;
b^ins) ; Movela, quartier Bab El
Oued.
Restaurant : — Cuadro Caniinos,
au N. de la ville arabe, sur la route
de Tanger à Rabat (rep. 3 pes. 50).
Banque : — d'Etat du Maroc.
Services automobiles : — d'El
Ksar à Larache, serv. quotidien
12 pes. 50 et 10 pes. la place ; d'El
Ksar à Tanger et à Rabat, serv
très irrégulier, prix variables, s'in
former au Socco.
Montures de loûage : — dans les
fondouks avoisinant le Socco ; de
5 à 7 pes. 50 par jour.
Réjouissances locales : — Moussem
annuel de Sidi Moussa, à TE. de la
ville, au commencement d'octobre.
Histoire. — Emplacement probable d'une colonie grecque, puis de la
colonie romaine d'Oppidiwi Novum, El Ksar El Kebir fut fondée, selon
Ez Ziani, par l'émir Abd El Krim El Ketami au début du viiie s.
L'almohadc Yakoub El Mansour la releva par la suite (xii« s.) et lui
donna une importance double de celle qu'elle a aujourd'hui. D'une
prospérité réelle, /£l Ksar Ketama fut l'une des premières villes du N.
qui accepta la domination mérinide (1223). Au xv s. elle fut l'objet des
convoitises des Portugais installés à Arzila. En 1503, deux colonnes
expéditionnaires venant, l'une de Tanger, l'autre d'Arzila, tentent sans
résultat de s'emparer d'El Ksar. Une nouvelle opération, on 1578, a lo
même sort à la « bataille des Trois Rois », livrée à 18 k. N.-O. d El
Ksar et ainsi appelée parce que trois rois y trouvèrent la mort : Don
Sébastien de Portugal, Moulay Mohammed El Mesloukh et Moulay Abd
El Malek. On sait que la disparition de Don Sebastien eut comme con-
séquence imprévue la disparition du royaume de Portugal qui fut
absorbé par l'Espagne. A la fin du xvi« s., la ville jouit de la plus
grande prospérité qu'elle ait jamais connue. Il s'y rit un commerce
important entre musulmans et chrétiens.
EL KSAR EL KEBIR. [40] — 301
Au milieu du xyu** s., El Ksar est le théâtre de luttes intestines qui lui
portent grand tort. C'est à cette époque que El Khider Ghaïlane, ancien
compagnon d'El Aïachi, et dont la descendance existe encore chez les
Boni Gorfot, s'en empare (lôS'^). Il en fait sa capitale jusqu'en 1666,
époque à laquelle Moulay Rechid, premier prince de la dynastie
alaouite, s'y installe. En proie aux horreurs de la guerre civile, sous
le règne de Moulay Slimane et de Moulay Abd Er Rahmane (l»"® moitié
du XIX* s.), elle tombe de plus en plus en décadence. Les Espagnols
l'occupent en 1912.
Bibliographie : — Le jRaîs El Khadir Ghaïlan, Archives marocaines,
vol. XVIII (Paris, Leroux) ; — Les tribus arabes de la vallée du Loukkos,
et le Gharb, par Mighaux-Bellaire, Arch. raaroc, vol. II à V, XX (Paris,
Leroux).
Le centre de la ville musulmane est marqué par le Soeco,
établi sur l'ancien lit de l'oued Loukkos. Ouvert à l'E. sur
l'emplacement du marché et la route de Tanger à Rabat, il se
prolonge à l'O. en se rétrécissant peu à peu. Il est bordé de
cafés espagnols, d'un hôtel (de Madrid), de boutiques de mar-
chands de denrées alimentaires, du marché aux grains, d'ate-
liers de maréchaux-ferrants.
Au N. du Socco s'étend le quartier dit Eeh Charia, « la ville
légale '), occupé surtout par des agriculteurs et quelques tisse-
rands et doté de monuments religieux. Son artère centrale est
formée de la Souïka, petit marché qui conduit à la mosquée
Souïka, de la rue Niarine, occupée par quelques épiciers; du
mers, ancienne place des silos makhzen, aujourd'hui comblés;
la mosquée Es Saïdia, « l'heureuse » (minaret sobrement orné de
carreaux émaillés), une vieille médersa désaffectée et des
ateliers de tissage terminent la rue. Dans le même quartier se
voient la poste espagnole, la mosquée El Hamra, la mosquée Ed
Dziri, la koubba de Sidi Yakoub et une série de zaouïas. Plus au
N. se trouvent le quartier des briquetiers et potiers (travaux sans
caractère artistique) et le WMrabout de Sidi Ali Bou Ghaleb, élevé
à la mémoire du patron de la ville, qui vécut au xii^ s. (p. 217).
Le quartier S. est celui de Bab El Oued, « porte du fleuve >».
C'est là que se concentre le commerce indigène local'. Dans une
première artère qui se détache du Socco, on trouve : le souk
El Attarine, des épiciers; la Kisaria, marché des produits
importés; le fondouk Es Soltane, le plus grand des fondouks
d'El Ksar fondé sous Sidi Mohammed et loué par des musul-
mans et des juifs; le diouane, que prolongent la prison du Pacha
et Dar Ghaïlane, du nom du caïd qui se rendit autrefois indépen-
dant à El Ksar, établissement aujourd'hui occupé par l'Inten-
dance espagnole et voisin du Derb El Abid, rue des anciens sol-
dats nègres; la mosquée de Sidi Mohammed Ech Chérif; le souk
Es Seghir; un vieux fondouk à contreforts puissants; une ancienne
médersa délaissée; la grande mosquée, aux lourds piliers et auy
basses arcatures, avec un curieux minaret percé, telle une tour
romane, de fenêtres géminées, et dont certaines pierres pro-
viennent de monuments plus anciens (l'une d'elles, entre
autres, porte une inscription grecque du ni^ s.).
302 —
[40] DE TANGER A EL KSAR EL KEBÎR,
Une rue parallèle à la précédente et plus à TO. s'ouvre sur
le souk El Haïk, marché aux tissus de laine, sous une galerie
couverte et conduit à la mosquée de Sidi El Hadj Zmiri, à minaret;
au sanctuaire de Sidi Kassem (porte ornementée); à Vécole de V Al-
liance israélile; à la mosquée de Sidi Ali Bel Arbi, avec minaret
hexagonal construit en briques, comme d'ailleurs tous les
édifices et maisons d'El Ksar, au tribunal du cadi\ et enfin au
consulat français (agent consulaire indigène).
Une troisième rue, s'abouchant aux Haddadine (forgerons),
permet encore de passer devant le Bureau des Renseignements ^
riiôpitalj la zaouïa des Hamadcha, le consulat anglais, le bureau
des télégraphes, V église, de construction récente, des jardins
plantureux et le sanctuaire de Lalla Fatma El Andalousia.
D'EL KSAR A LARACHE (33 k. N.-O. ; piste poussiéreuse sur une grande
partie du parcours, autocyclable en bonne saison; serv. automobile
quotidien, 10 pes.; ch. ' de fer en construction). — Sortie vers le mara-
bout de Sidi Ali Bou Ghaleb (p. 301), d'où l'on s'engage en direction O.
dans la plaine large et fertile. — 4 k. Po?it sur l'oued Loukkos, ser-
vant à la route et au ch. de fer. La gare est sur la rive g. A partir de
ce point, la piste va vers le N. — 8 k. Passerelle sur un affluent de
l'oued Loukkos. A g., ligne continue d'éperons se détachant d'un pla-
teau et dont beaucoup sont occupés par des villages indigènes. — 12 k.
On abandonne la ligne des villages pour se rapprocher de l'oued Loukkos.
— 15 k. Passerelle sur un nouvel affluent, bordé de tamarins aux troncs
séculaires. — 18 k. La piste longe une nouvelle fois la ligne S. des
coteaux, qui s'incurve vers le N. en fermant l'horizon comme un mur
rougeâtre. Le terrain est dénudé et peuplé seulement de joncs. — 25 k.
Zone sablonneuse, puis piste en chaussée dans les lagunes. Larache
apparaît à l'horizon. Au fond de la vallée, l'oued Loukkos décrit de
nombreux méandres. — 30 k. On longe les jardins. — 33 k. La?'ac/ie (p. 304).
Variante. — Une piste muletière (35 k.) passant sur le flanc des
coteaux S. de l'oued Loukkos est suivie pendant la mauvaise saison.
D'EL KSAR A OUEZZANE (41 k. S.-E. ; piste muletière à profil peu acci-
denté, difficile après les pluies). — On remonte la vallée de l'oued
Loukkos. — 6 k. Alzaïna. village. — 18 k. Sebbab^ village sur la rive dr.
de l'oued Loukkos, dans la tribu des Ahel Serif. — 21 k. Gué de l'oued
Loukkos, large de 30 m., profond de 1 m., impraticable après les pluies.
Au S. de la route, pays des Masmouda, couvert d'oliviers et de Icntis-
ques. — 26 k. Oued Khoumane. — 27 k. Dchar Alia, village. — 29 k.
Oued Brader, à sec en été, qu'on traverse trois fois. — 31 k. Oued Bou
Ziri. — 33 k. Oued Zès. — 37 k. Oued Salah. — 41 k. Ouezzane (p. 175).
Cette piste est peu fréquentée à cause du voisinage des tribus mon-
tagnardes des Ahel Serif et des Rhouma. II est préférable de passer par
Arbaoua (p. 175).
D'El Ksar a Arbaoua et a Rabat-Salé, p. 175, ]° et 168.
ARZILA.
[41] — 303
4 1 . - DE TANGER A LARACHE
A. — Par terre.
Autocyclisme : 90 k. env. S.-O. — Route d'El Ksar sur la moitié du trajet,
puis piste assez dure sur le reste du parcours ; serv. au.tom. irrégu-
lier, s'informer au Gran.d-Socco ou dans les hôtels.
43 k. de Tanger à Souk El Had, p. 299. — 45 k. Bifurcation
sur Arzila. — 50 k. Oued El Halen.
55 k. Arzila (hot. : de Madrid^ Final; Espana, Ferez), bourg
et port de pêche sur l'Atlantique, non ouvert au commerce, est
situé à 1 k. de l'embouchure de la rivière qui porte son nom.
Peuplé de 2,350 hab., dont 1,380 musulmans, 450 Israélites vivant
indistinctement avec les musulmans, 520 européens presque
tous espagnols, il est ch.-l. de commandement militaire espa-
gnol. Marché le lundi.
Histoire. — Arzila occupe remplacement de l'antique cité lybo-phé-
nicienne Zilis qui, après avoir fait partie de l'empire colonial de Car-
thage, passa sous la domination romaine. Au début du ix*^ s., elle échut
à Yahia Ben Idris ; elle devint alors l'objet des incursions des Normands
qui l'incendièrent en 843. Restaurée par les indigènes, elle est encore
saccagée en 936 par les Anglais. Au milieu du x« s., elle est recons-
truite par le calife de Cordoue, puis devient le dernier refuge des
Idrissides. Au xii*^ s., Edrissi en parle comme d'une petite ville sans
importance.
En 1471, les Portugais l'emportent d'assaut, la livrent au pillage et
soumettent toute la contrée environnante. En 1508, elle est assiégée par
les Marocains qui ne parviennent pas à la reprendre. Sur ordre de
Philippe II, les Espagnols, qui ont pris la succession des Portugais,
évacuent Arzila (1589) qui est ainsi livrée à Moulay Ahmed El Man-
sour ; ils y font encore une réapparition à la fin du xvii® s. pour l'évacuer
une nouvelle fois (1692). Moulay Ismaïl la reprend, la peuple de gens
du Rif et la dote de deux mosquées, d'une médersa et de bains; mais
elle ne parvient pas à reprendre une activité réelle. En 1860, la flotte
espagnole bombarda la ville qui subit de graves dommages. — Les
Espagnols l'occupent à nouveau depuis 1911.
La cité est entourée d'une enceinte portugaise percée seule-
ment de deux portes : Bah El Bahar, « porte de la mer », et Bab
El Djebel, « porte de la montagne » ; au-dessus de l'une d'elles
est sculpté le blason des rois du Portugal. L'activité se con-
centre surtout dans une rue, plus large que les autres, appelée
le Socco, Le Pacha y a fait édifier un somptueux palais.
D'ARZILA AEL KSAR EL KEBIR (50 k. env. S.-E.) : piste de 8 k. rejoignant
la voie de Tanger à El Ksar à proximité de Bir Ouled Er Riahi (p. 299).
Au sortir d'Arzila, la piste descend parallèlement au rivage,
passe à (70 k.) Rouah, (85 k.) Reggada et franchit un pont de
bateaux sur l'oued Loukkos.
90 k. Larache (p. 304).
304 — [41] DE TANGER A LARACHE.
B. — Par la mer.
Le paquebot double le cap Spartel (p. 298) et met le cap vers le
S., longeant une côte basse toute frangée de lagunes. — Arzilh
(p. 303). — La côte continue à être basse, mais les lagunes dis-
paraissent.
LARACHE (en ar. : El Araïche, « les treilles des Beni Arous » ;
ethn. : El Araïchi), ville et port sur l'Atlantique, est situé sur la
rive g. et à l'embouchure de l'oued Loukkos. Gh.-l. d'un
commandement militaire espagnol, la ville est peuplée de
12,600 hab., dont 6,800 musulmans, 2,200 Israélites et 3,600 euro-
péens presque tous espagnols. Quelques heures suffisent pour
visiter Larache.
La ville ancienne, entourée de murs, s'étage sur un terrain
déclive que dominent pittoresquement des forteresses au N. et
au S. L'agglomération espagnole s'est portée d'une part vers le
port, d'autre part sur le plateau qui prolonge la cité au S.-O.
et à l'O. Des jardins verdoyants et des vergers prospères
s'étendent en amont, sur la rive g. du Loukkos qui serpente
dans la vallée en décrivant de larges méandres et se jette
dans l'Océan Atlantique en soulevant une barre assez accentuée.
Pour les relations avec les autres points de la côte marocaine et
TEspagne, V. Voies d'accès, p. 60.
Hôtels (modestes) : — Cercle Fran-
çais, calle Ghedira, 7 (gar.); —
Espana, route d'EI Ksar; — Ter-
mino, près du Petit-8occo.
Restaurants : — dans les hôtels
ci-dessus et Royal Bar, près du
port.
Cafés : — Royal Bar, près du port ;
grands cafés aux abords de la place
d'Espagne.
Banques : — d'Etat du Maroc,
Petit-8occo; Algérienne-, Crédit
Foncier d Algérie et de Tunisie.
Voitures publiques : — station
place d'Espagne : — la course
simple, l pes. 50 ; la course double
avec 15 min. d'arrêt, 2 pes. 50;
Histoire. — Larache est l'antique Lixus, près do laquelle les Anciens
plaçaient le palais d'Antce et le jardin des llespérides. Comptoir fré-
quenté par les Carthaginois, Lixus devient sous les Romains une colonie
impériale qui paraît atteindre son apogée à l'époque de Claude. Plus
tard, elle est un des points où la domination du Bas-Empire subsiste le
plus longtemps. Située alors sur l'un des méandres de l'oued Loukkos,
elle est remplacée par la ville indigène de Tchemmich^ dominant un
port vaste et sûr installé dans l'estuaire du fleuve, et dont le troisième
prince idrisside Mohammed confia le gouvernement à Yahia Ben Idris
en 898.
Les chrétiens entrent à El Araïch en 1270 et la pillent en emportant
leur butin. Les Beni Ouattas y font construire des mosquées à la fin du
l'heure 4 pes. ; les heures suivantes,
3 pes.; petits colis, 0 pes. '25; colis
de plus de 15 kilog.,Opes. 50; colis
de moins de 50 kilog., 1 pes. ; prix
à débattre pour les colis plus
lourds.
Services automobiles : — de
Larache à El Ksar, serv. quotidien,
10 pes. esp.; serv. irrégulier de
Larache à Tanger et RcTbat (s'in-
former).
Consulats : — de France, près de
Bab El Bahar ; d'Espagne, près de
Bab El Marsa; d Angleterre, de
Belgique, d' Italie, de Portugal, de
Hollande, sur différents points de
la ville.
LARACHE.
[41] — 305
xv« s. En 1491, elle est fortifiée par Moulay En Nasseur, frère du sultan
de Fès, qui y construit une kasba. Plus tard, elle arme des galères qui
pillent, en 1566, les ports de la grande Canarie. Sous les Saadiens, elle
est cédée par Moulay Ech Cheikh aux Espagnols (1610), qui y élèvent
des murs en 1618, puis elle est reconquise par Moulay Ismaïl (1689)
après quatre-vingts ans de domination étrangère. Sous Sidi Mohammed
Ben Abd Allah, qui fait armer le port, la ville est dotée de fortifica-
tions, de skalas (batteries), d'une médersa et d'un marché. En 1765,
elle est bombardée par les Français, que commande du Chaft'aut, en
représailles du pillage d'un navire français par des pirates de Larache.
En 18-20, elle est assiégée par six corsaires autrichiens qui débarquent,
mais sont dans l'obligation de se retirer après avoir éprouvé de sérieux
revers. En 1860, elle est bombardée par une escadre espagnole au
moment de la grande expédition de Prim et O'Donnel contre Tétouan.
Les Espagnols y entrent en 1912.
I. Place d'Espagne. — Le centre administratif et commercial
de Larache est groupé autour de la place d'Espagne, sur la
terrasse qui s'étend à PO. et le long des murs de l'ancienne
ville. Très vaste, elle renferme la station de voitures et plusieurs
kiosques dont l'un pour la musique militaire ; elle est bordée
de brasseries et de restaurants, de salles de spectacles, et au
S. d'une caserne du Génie et des bureaux de la Place. De sa
partie N., on a une vue étendue sur l'Atlantique. A l'E., s'élève
une ligne de hauts remparts percés de deux portes qui laissent
pénétrer à l'intérieur de Fancienne ville : Bab El Khemis, très
fréquentée, et Bab El Kasba, plus au S., qui conduit dans la
citadelle.
II. Ancienne ville et port (circulation impossible en voiture
et en auto dans les rues de la ville). — On entre par Bab El
Khemis derrière laquelle s'étend le Petît-Soceo, « petit
marché », place longue et étroite partiellement bordée de gale-
ries à colonnes et arcs en anse de panier, et de boutiques de
marchands indigènes.
Au N. se détache une rue qui conduit, au travers d'un
quartier habité par des musulmans, à l'ancienne forteresse dite
Kébibats, « les petites coupoles >», dont les locaux sont actuel-
lement aménagés en hôpital. Au S., la porte de la kasba
mène : à la forteresse de la Cigogne, curieuse construction
portugaise, à flanquements aigus, édifiée à la fin du xvi« s. ; à
Vancien Dar El Makhzen et à un palais de style hispano-marocain
édifié en 1915 par les Espagnols. Une tour moderne, à horloge,
domine ce dernier édifice.
Du seuil d'une porte récente percée dans l'enceinte S., au
pied de la tour, belle *vue sur les jardins et la vallée de l'oued
Loukkos.
De l'angle S.-E. du Petit-Socco, la rue de la Marine, pavée
sur tout son trajet de carreaux en ciment, descend entre des
maisons particulières et des magasins modernisés, habités
surtout par des juifs, jusque Bab El Marsa, « porte du port »4
Le port de Larache a été commencé en 1913 par la maison
allemande Sager et Wœrner, dont le contrat a été annulé
MAROC.
20
306 — [42] DE TANGER A CRUT A,
en 1915. Les installations ont été remises au Protectorat espa-
gnol qui fait procéder à des travaux d'entretien. Il comprend :
une longue jetée prolongeant la rive dr. du fleuve, des quais
munis d'un outillage moderne permettant de procéder à de
rapides embarquements et débarquements, des terre-pleins et
des magasins de compagnies de navigation et de douane. Un
phare à feux intermittents se dresse à l'extrémité de la jetée.
— Le commerce total du port, qui fut de 24 millions en 1913,
est tombé à 17 millions et demi en 1916.
Une rue, parallèle à la rive g. du fleuve, dessert, plus
en aval, le restaurant Royal Bar, le consulat espagnol et le con-
sulat français, dans le voisinage de Bab El Bahar, « porte de
la Mer ».
Variante. — De la place d'Espap:ne, on peut encore se rendre au
port, en voiture, en empruntant la route d'El Ksar, qui passe entre la
caserne du Génie et les bureaux de la Place, le chemin des Kraret, bordé
à dr. du cimetière et de ïéglise et à g. de maisons européennes. En
descendant, on découvre la vallée du Loukkos et ses lagunes, le pont
de bateaux qui fait communiquer directement Larache avec Arzila et
Tanger, puis l'estuaire du fleuve et le port.
III. Ville nouvelle. — Elle est desservie par deux routes
allant l'une vers l'O., route du Nador, l'autre vers le S., route
d'El Ksar.
La route duNador (recommandée) se développe parallèlement
à la mer, laisse à dr. le cimetière arabe, en face du quartier de
las J\avas, puis Vabattoir aux parois intérieures revêtues de
carreaux de faïence blanche (situé en face du quartier du Nador),
puis conduit au phare, tour octogonale à deux étages, au pied
duquel s'étend le Campement des troupes espagnoles. De là, *vur
étendue sur l'Océan, la jetée et la ville (Kebibats).
La route d'JEl Ksar mène, entre deux rangées d'habitations et
de fondouks, à la gare et au poste de T, S. F. Le chemin de fer
de Larache à El Ksar, commencé par les Allemands et non
achevé, non encore livré au public, n'a été utilisé jusqu'ici que
pour les transports militaires; il arrive à 4 k. d'El Ksar.
De Larache a El Ksar El Kebir, p. 302; — a Moulay Bou Selham,
. Knitra et Rabat, p. 172 et p. 168; — à Lalla Mimouna, Souk P^l Arba
DU Gharu et Fès, p. 174 et p. 175; — à Arbaoua, p. 175.
42. - DE TANGER A CEUTA
60 k. env. — Vapores Correos de Africa, serv. hebdomadaire direct tous
les jeudis, dép. à 13 h., arrivée à Ceuta à 16 h. ; 15 pes. 50 et
12 pes. 25; autres serv. tous les mardis, jeudi, sam. et dim. avec escale
d'une nuit à Algésiras; dép. à 13 h,, arrivée le lendemain à Ceuta
à 9 h. 30; 20 pes. 50 et 15 pes. 50.
Au sortir du port, on s'engage dans le détroit de Gibraltar, en
doublant successivement la pointe de Malabata, que couronne
CE UT A.
[42] — 307
la tour dite El Menar (p. 298, 3°), la pointe cCAlcazar (El Ksar Es
Seghir, p. 298, 3°) et le Djebel Moussa. De l'autre côté du détroit,
on aperçoit le cap Trafalgar, puis la pointe de Tarifa, la ville de
Tarifa, enfin la baie d'Algésiras au fond de laquelle apparaît
Gibraltar dominé par son caractéristique rocher.
Quant à la côte marocaine, elle est formée de hautes falaises
à pic alternant avec des plages sableuses. Le détroit se termine
à la pointe Leona; il n'a, en cet endroit, que 20 k. de largeur.
A dr. on découvre la petite presqu'île de Geuta, couronnée à
son sommet d'un fort et d'un phare et frangée, vers la mer,
d'une ligne d'habitations blanches.
Pour les relations avec l'Espagne, V". Voies d'accès (p. 60).
60 k. CEUTA, ch.-l. de commandement général et ville de
24,000 hab., presque tous espagnols, bâtie en amphithéâtre
sur un isthme étroit qui réunit la presqu'île au continent, au
fond d'une large baie bien abritée et offrant un bon mouillage,
transformée en port par la construction de jetées et de quais.
L'ancienne ville, qui occupe le centre de l'agglomération
actuelle, s'est d'abord développée à l'E. sur les pentes du mont
Acho, puis plus récemment, à TO., dans une région moins acci-
dentée.
Si le cadre de la Geuta moderne a un caractère africain nette-
ment caractérisé, la ville elle-même n'a plus rien de marocain :
ses mosquées, ses médersas, ses souks, ses fondouks et ses habi-
tations mauresques ont fait peu à peu place, depuis cinq siècles
d'occupation chrétienne, aux constructions européennes. Geuta
est devenue une cité entièrement espagnole, où l'on voit très
peu de musulmans; elle ne diffère guère par conséquent des
villes de même importance situées de l'autre cote du détroit.
Emploi du temps. — Une demi-journée suffit pour visiter Ceuta.
Hôtels : — Hispario Marroqui (H.
Baizar y C-''), Sagasta, 2 (50 ch. de
3 à 5 pes.; rep. 1 pes., 3 pes.,
3 pes. 50, V. c. ; bains, salon, électr.;
terrasse; omnibus au port); Reina
Victoria, bd Gomez Pulido, 6; Com-
mercio, Galea.
Cafés : — nombreux; les plus
luxueux se trouvent bd Gomez
Pulido.
Postes et télégraphes : — bureau
central, plaza de los Reyes.
Voitures de place : — station bd
Gonpez Pulido ; — 1° en ville : la
course 2 pes.; i'h. 3 pes.; 2^' à
Vextérieur : la course 3 pes. ; Th.
3 pes. 50.
Service automobile : — de Ceuta
à Tétouan, serv. postal quotidien ;
départ à 10 li.; s'adresser 21, bd
Gomez Pulido, et 4, r. Lopez Pinto;
15 et 10 pes.; retenir ses places
d'avance.
Librairie, papeterie : — La Es-
panoia, r. José L. de ïorres, 25;
Francisco Alcantara, même rue, 19;
Jnan Acevedo Ponce, r. Camoens, 19.
Journaux : — El Defensor de
Ceu ta, quotidien, et nombreux autres
périodiques.
Cartes postales : — César del
Hieno.
Antiquités : — Miguel Gonzales.
Histoire. — Ceuta semble correspondre à deux stations de l'antiquité :
Abyla^ bâtie sur le mont Acho (194 m.), qui forme, en face de Gibraltar,
la deuxième colonne d]Hercule, et Septem Plâtres « sept frères » ainsi
nommée à cause des sept monticules du Djebel Moussa ou montagne
308 — [42]
DE TANGER A CEUTA.
des singes (850 m.) compris dans les fortifications de la ville moderne.
A toutes les époques de l'histoire, Ceuta a joué un rôle important.
Au V* s., elle a successivement pour maîtres les Vandales et les Goths.
Sous l'empereur Maurice (582-602), elle devient la capitale de la Mauré-
tanie seconde qui comprend Scptem, les îles Baléares et le territoire
byzantin d'Espagne. Le comte Julien, gouverneur sous Constantin IV,
s'y rend indépendant et conserve son titre en reconnaissant l'autorité
d'Okba, qui dirigera première invasion arabe (682); c'est aussi ce per-
sonnage qui, bafoué par le roi visigoth Roderich, décide Moussa Ibn
Noceir à tenter la conquête d'Espagne (710). L'expédition est conduite
par le berbère Tarik, qui a laissé son nom au détroit, Djebel Tarik, dont
on a fait Gibraltar. Sehta (dénomination arabe) passe des lors tantôt sous
la domination arabe, tantôt sous la doniination berbère. De 828 à 931,
elle fait partie, nominalement au moins, du royaume idrisside, puis
devient une colonie, en 941, du calife omniade de Cordoue. A la chute
des Omniades d'Espagne (1016), elle revient aux Idrissides Hamma-
dites, pour passer ensuite aux Almoravides (1083), aux Almohades
(1146), et aux Mérinides (1309). Entre temps, elle connaît des époques
de prospérité : dès le x® s., son corail est régulièrement exploité; au
XII® s. les navires italiens fréquentent son port avec assiduité; au xiii® s.
Génois et Pisans sont en relations suivies avec elle, les Marseillais y
établissent un fondouk et la France y entretient en permanence un
consul général; elle est alors à l'apogée de sa puissance militaire et
commerciale, qu'elle ne connaît plus en tombant au pouvoir des chré-
tiens. Le 24 août 1415, Don Juan, roi de Portugal, s'en empare avec
une flotte de plus de 200 navires portant une armée de 50,000 hommes,
et placée sous le commandement de Don Alphonse, comte de Barcelos;
elle devient ainsi la première conquête des Portugais dans le N. de
l'Afrique, puis passe à l'Espagne en 1580. Pendant 27 ans (1674 à 1701),
Moulay Ismaïl l'assiège et la bloque sans pouvoir s'en emparer. Les
tentatives de Moulay Yézid (1790-1791) n'ont pas plus de résultat. Elle
reste désormais à l'Espagne qui y établit un présidio, sans valeur au
point de vue commercial. Après l'accord du 19 novembre 1910, l'occupa-
tion s'étend jusqu'à Tétouan, et Ceuta peut enfin connaître un renou^
veau d'activité.
Le boulevard Gomez Pulido, ombragé d'arbres de belle taille et
bordé de magasins et de cafés, marque le centre de la ville.
Des artères le prolongent à l'E. et à PO.
Quartier Est. — La plaza de los Reyes, ou de Alfonso XII,
y fait suite à l'E. Elle est entourée : de l'important hôpital mili-
taire pourvu d'un parc sanitaire, de Véglise de San Francisco,
qui garda un temps les restes du roi Don Sebastien; de la
maison des Dragons, présentement occupée par la Société des
Travaux du Port; du bureau des télégraphes et de la Sous-
Intendance militaire.
Plus loin, c'est la rue Soberania nacional, dont les premières
' maisons, assez modestes, sont suivies d^'difîces plus riches et
pour la plupart construits en 1907-1908. On y voit la maison
d'O'Donnell (n° 37) qui dirigea l'expédition de 1860, Véglise
paroissiale de N.-S'' de los Remedios qui remonte à 1716, V hôpital
Jésus-Marie qui servit d'habitation aux Franciscains.
Au delà, sur la plaza de Torrijos, s'élève, à dr., la Maestranza
de Yngenieros, occupée par le corps des ingénieurs. La voie se
prolonge par la rue Don Juan I de Portugal, qui rappelle le nom
CEUTA.
[42] - 309
du conquérant de Geuta; les maisons sont de modeste aspect.
La rue monte ensuite en lacets dans le cuartel de la Reina,
dominé par de hautes casernes, des fortifications anciennes et
par le mont Acho, qui forme la presqu'île de Geuta. Du haut de
ce quartier la *vue sur la baie de Geuta est très belle.
On peut continuer la promenade en faisant l'ascension du
mont Acho par le chemin carrossable qui se développe en cor-
niche du côté E., monte entre la koubba de Sidi Bel Abbad et le
foîH établi sur des rochers abrupts, puis atteint le phare. On
redescend par le côté 0. de la montagne, au flanc de laquelle
se trouvent étagés le cimetière espagnol et le cimetière juif, en
face de récifs autrefois reliés à la terre par un pont dont on
voit encore les culées. Le chemin reprend en corniche, bordé
d'un parapet du coté de la mer, puis longe un jardin ombragé
d'eucalyptus et des bâtiments militaires. La rentrée en ville se
fait à hauteur de la jetée E. du port, en construction depuis une
trentaine d'années, mais non encore complètement achevé.
Quartier Ouest. — Le boulevard qui longe la mer et fait
suite au boulevard Gomez Pulido à TO. passe à proximité de la
place de la Gonstitution, également appelée place d'Afrique.
Gette place, aménagée sur l'emplacement d'un marché de la
medina ancienne, était autrefois entourée d'un palais, d'une
médersa, d'une grande mosquée, de divers ateliers de l'époque
arabe, au voisinage d'une porte de la ville. Ges constructions
ont disparu à partir du xvni^ s.
La place de la Constitution est aujourd'hui ornée d*un
jardin circulaire planté d'essences diverses : palmiers, arau-
carias, plantes d'ornement, etc., entourant un monument corn-
mémoratif, de 13' m. 50 de haut et en pierre de taille, élevé à la
mémoire des soldats espagnols morts pendant la guerre hispano-
marocaine de 1859-1860. Il porte, à sa base, des bas-reliefs en
bronze dont quelques-uns représentent la bataille de Gastillejos
et la prise de Tétouan.
Autour de la place s'élèvent l'église de N.-D. d'Afrique, la
cathédrale, le parc d'artillerie et l'Ayuntamiento ou munici-
palité.
L'église N.-D. d'Afrique, construite de 1704 à 1726 sur
l'emplacement d'une mosquée, est dédiée à la Vierge d'Afrique,
patronne de Geuta, à qui on attribue le mérite d'avoir obtenu
l'extinction d'une épidémie qui ravagea la ville en 1651. La
crypte renferme les restes de l'évêque Martin (1703) et d'illustres
chefs militaires du xvn^ s. Le trésor contient des tableaux, des
bannières historiques et un livre enluminé en langue portugaise
du XVII® s.
La cathédrale tient également la place d'une ancienne
mosquée arabe, affectée au culte catholique par bulle d'Eu-
gène IV (1432). Sa forme actuelle remonte à 1729. La porte
principale, dans le style de l'époque et en marbre noir, est
flanquée, à dr. et à g., d'inscriptions portant les dates de 1686^
1726 et 1789. Une grande croix noire orne la façade, à g. L'inté-
310 — [43] DE CEUTA A TÉTOUAN.
rieur est divisé en 3 nefs; les murs latéraux sont ornés de nom-
breuses peintures représentant la Nativité, l'Annonciation,
TAscension, l'Adoration des Rois, etc. Le sol de la grande nef
porte des dalles à inscriptions recouvrant les restes d'évêques
célèbres de Geuta.
Le parc d'artillerie renferme des pavillons où résident les
principales autorités militaires locales. Sur la façade de l'un
d'eux existe un cadran solaire construit en 1794.
Revenant au boulevard Front-de-Mer, et après avoir laissé
à g. des écoles, on tourne devant des tours basses faisant partie
d'un système de fortifications et dont l'une est ornée d'un
écusson daté (1727); des fossés remplis d'eau les entourent;
une jetée s'enracine en face et s'avance vers le large. Au delà
on franchit les portes de la ville, en dehors desquelles s'étend
le Camp extérieur.
De ce point, on peut continuer la promenade, soit : 1° en
longeant la mer pour passer à proximité du garage automobile
militaire, des casernements de cavalerie, du parc à fourrages
et d'ouvrages fortifiés et atteindre le quai d'embarquement du
port établi sur la grande jetée 0.; 2° en bifurquant à g. pour
suivre la route de Tétouan et monter jusqu'au bain maure. Du
plateau voisjn, occupé par quelques cultures, des pavillons,
des villas et Vhôpital, on jouit d'une *vue splendide sur Geuta.
Lorsque le temps est clair, on aperçoit, au N., de l'autre côté
du détroit, le rocher de Gibraltar. Un chemin carrossable réunit
les deux pointes extrêmes de ces deux voies, de sorte qu'on
peut les comprendre dans un seul circuit.
De Ceuta a Melilla et a Oran, p. 316 et 3-20.
43. — DE CEUTA A TÉTOUAN
Autocyclisme : 40 k. S. — Bonne route; serv. d'autobus quotidiens : dép.
à 9 h. ; 15 et 10 pes. esp. ; trajet on '2 h. 30. — Le trajet peut s'effectuer
aussi par le chemin de fer inauguré en 1918.
On suit en direction 0. le boulevard Front-de-Mer jusqu'aux
fortifications, puis, tournant à g., on monte jusqu'au-dessus du
bain maure {V. ci-dessus) pour rejoindre, après une descente
en pente rapide, le rivage de la mer.
4 k. Pont sous la ligne de ch. de fer et détour pour franchir
Toued. La route escalade de nouvelles pentes et décrit de nom-
breux lacets dans une région accidentée.
9 k. Agglomération à g. avec un poste de garde civile espagnole,
une briqueterie, les ruines dites de la Casa del More Valiente et
une gare de ch. de fer de style néo-marocain. Terrain brous-
sailleux et accidenté.
11 k. Camp de la Riviera, sur une hauteur à dr., occupé par
des troupes espagnoles.
TÉTOUAN,
[43] 311
14 k. Du sommet d'une colline, on aperçoit en avant une
large vallée marquée par de nombreux marécages. La partie la
plus basse est franchie sur un pont après lequel commence
une région sableuse. — 15 k. Fort espagnol.
24 k. La route court entre la mer et une lagune qui lui est
parallèle. Au fond, à dr., s'étagent deux chaînes de montagnes.
25 k. Gare sur la bande de terre plate qui borde la mer.
28 k. Rincon de Medic, gare de ch. de fer et village de maraî-
chers à proximité du cap Nègre, ou Ras Tarf, et d'une jolie
plage. — La route s'écarte désormais de la mer, franchit un
col en terrain broussailleux, au delà duquel s'ouvre une plaine
inculte.
32 k. Gare en face d'un village indigène et d'un camp, puis
bosquets d'arbres fruitiers et de mûriers. — A g., sur le bord
de la mer, apparaît l'agglomération blanchâtre de Martine
(p. 315).
38 k. Vue sur Tétouan, au flanc du Djebel Dersa, en face du
pittoresque massif des Beni Hozmar. — La région est couverte
de jardins et de vergers. On contourne un moment les murs de
la ville pour entrer par Bab Er Remouz (Luneta), gravir la
grande rue et atteindre la place d'Espagne (visite de la douane
à l'arrivée).
40 k. TÉTOUAN (en ar. : Tsetiaoun; ethn. : Tsettaouni), \il\e de
19,250 hab., dont 12,000 musulmans, 4,250 Israélites, 3,000 euro-
péens presque tous espagnols; résidence du haut Commissaire
Résident général d'Espagne au Maroc et du Khalifa chérifien
pour la zone espagnole.
La ville s'élève sur un plateau rocheux qui se détache du
flanc g. du Djebel Dersa. Dominée au N. et au S. par de hautes
montagnes, elle est bordée, à ses pieds, de jardins et de bois
d'oliviers abondamment irrigués qui se prolongent jusqu'en bas
de la vallée. Elle est entourée d'épaisses murailles flanquées
de tours carrées. Sa kasba la domine auN.-O. Vue de l'extérieur
avec ses « maisons blanches, ses hautes tours, la forme pitto-
resque de ses murs et de ses créneaux, les jardins, les futaies,
les sombres montagnes qui se profilent à l'horizon »•, Tétouan
est un des plus beaux tableaux que l'on puisse contempler.
La ville renferme 17 mosquées importantes et de nombreuses
koubbas. Le plan de la medina est compliqué et inattendu.
Chaque rue est consacrée à une industrie distincte : ici les
armuriers, là les brodeurs et les tisserands, ailleurs les tanneurs
et fabricants de babouches, etc. Un quartier spécial, le mellah,
au plan curieusement conçu, abrite la population juive. La vie
européenne, qui s'était concentrée place d'Espagne et rue de la
Luneta, déborde vers l'O. où un quartier espagnol a déjà pris
quelque extension. Deux gares établissent les relations par
voie ferrée de Tétouan à Martine et à Ceuta.
Emploi du temps. — Une journée suffit pour parcourir les itinéraires,
très court!^ d'ailleurs, détaillés ci-après. Les touristes plus pressés
312 — [43] DE CEUTA A TÉTOUAN.
pourront visiter Tétouan en 3 h.; ils se borneront dès. lors à deux cir-
cuits : l'* place d'Espagne, Bab El Okla, d'où ils gap^neront directement
la Luneta et place d'Espagne sans revenir sur leurs pas; 2" place
d'Espagne, Bab El Mkaber, Souk El Fouki, Bab En Nouader, Bab Et
Tout, nouveaux quartiers et place d'Espagne.
Gares : — du chemin de fer mili-
taire à voie étroite, reliant la
ville à Martine ; — du chemin de
fer à voie large, reliant la ville à
Ceuta.
Hôtels : — Alphonse XIII, nou-
vellement ouvert (confort moderne);
Suizo (P. San Juan), Luneta (25 ch.
de 6 à 12 pes.; rep. 0 pes. 50,
3 pes., 3 pes. 50, v. n. c. ; électr. ;
yue splendide) ; Victoria^ Luneta.
Cafés : — place d'Espagne, Bab
Er Remouz et Alphonse XIII.
Bains : — El Patio (J. et D. Pin-
to), Kaïd Ahmed.
Banques : — d'Etat du Maroc,
Luneta, 81 ; Isaac et David Cohen
et C'«, Mellah ; Hassan, pl. d'Es-
pagne; Abraham J. Israël, Luneta.
Voitures de place : — station pl.
d'Espagne; — de la gare à la ville
et vice versa, 0 pes. 75 la pl. ; la
course en ville. 1 pes. 50; la course
à la kasba et au camp, 2 pes. ;
l'heure, 2 pes. 50.
Services automobiles : — station
pl. d'Espagne : — de Tétouan à
Ceuta, serv. d'autobus quotidien en
2 h. 30, dép. à 9 ou 10 h. selon les
jours (s'informer), 15 et 10 pes. la
place.
Librairie, papeterie et cartes
postales : — magasins r. de la
Luneta.
Journaux : — El Eco de Tétouan,
en espagnol; El Islah, périodique
arabe.
Photographie : — Ruiz, Luneta, 52;
Luna, pl. d'Espagne.
Spectacles : — TJiéâtre Reine Vic-
toria, Luneta; — Cinéma, Luneta.
Spécialités indigènes : — djel-
labas et haïks de laine et de soie:
b?^oderies de soie sur étoffes; coffres
et étagères en bois peint et tourné ;
mosaïques de faïence émaillée.
Consulats : — de France, à
Textérieur de Bab El Okla ; d'^'s-
pagne, côte de la Reine; d'An-
gleterre, seguia El Foukia; de Bel-
gique, Luneta; de Hollande et de
Portugal^ pl. d'Espagne.
Histoire. — La Tamuda numide n'existait déjà plus au temps de Pline
(i®"" s.). Ce fut le mérinide Abou Thabet Amor Ben Abd Allah qui jeta
les fondements de la ville arabe (1310) construite après la kasba (1286).
Dans l'esprit de son fondateur, la cité nouvelle devait servir au blocus
de Ceuta où s'étaient réfugiés des rebelles du Rif. Tétouan fut prospère
jusqu'au début duxv^s. Elle eut des corsaires qui rivalisèrent avec ceux
de Bougie et des Turcs et lui attirèrent de terribles représailles : une
expédition espagnole, conduite par Henri III, détruisait (1400) de fond
en comble la cité, qui resta dépeuplée et ruinée pendant tout un siècle,
car il en transporta tous les habitants en Espagne.
La ville actuelle a été reconstruite en 149-2 par les réfugiés Juifs du
Portugal, les Grenadins expulsés d'Espagne, dont des familles encore
existantes aujourd'hui, ont conservé longtemps, dit-on. les titres de
propriété de leurs ancêtres, les clefs de leurs maisons de Grenade, ainsi
qu'une épée du roi Boabdil. Elle redevint alors un centre actif de com-
merce et de piraterie, qui perdit de son importance après l'obstruction
du port, opérée par Alvaro de Bazan (1565). Au xvii« s., la ville est
gouvernée par la famille des En Neksis qui secouent le joug des chérifs.
La France y nomme un consul. En 1720 les missions florissantes espa-
gnoles y fondent un hospice. A la suite d'un différend entre indigènes et
Espagnols, ceux-ci envoient à Tétouan un corps de débarquement de
50,000 hommes commandé par O'Donnel et où Prim se distingue (1860).
La ville est occupée pendant deux ans, puis évacuée à la suite du ver-
sement, par le sultan Sidi Mohammed, d'une indemnité de guerre do
20 millions de douros. Les Espagnols y reviennent en mars 1915 et s'y
établissent solidement.
TÉTOUAN.
[43j — 313
Bibliographie : — Description de l'étouan ; les Industries Indigènes de
Tétouan; Guerre hispano-marocaine de 1860, par A. Joly, Archives
marocaines, tomes II à XVIII.
I. Place d'Espagne. — De la forme d'un rectangle de 100 m.
de long sur 80 de large, la place d'Espagne (ancien Feddane
arabe) modernisée par le nivellement, l'établissement de jar-
dinets, de kiosques et de fontaines, était autrefois le siège de
marchés, de conteurs et de charmeurs de serpents. Elle est
devenue le rendez-vous des flâneurs, qui y sont surtout nom-
breux aux heures de l'apéritif.
La place est limitée : au N. par le palais de. la Résidence géné-
rale d'Espagne au Maroc, derrière lequel s'élèvent le minaret
de la mosquée du Pacha, le dôme de Véglise catholique et les murs
d'une ancienne kasba; — à l'angle N.-E. par deux portes commu-
niquant, l'une avec la rue des Terrafine, l'autre avec le mellah
ou quartier juif ; — à l'E. par des maisons européennes s'adossant
au mellah; — au S. par le Casino Espagnol ou cercle, et la zaouîa
de Sidi Ben Aïssa, entre lesquels s'ouvre la rue conduisant au
quartier de la ville nouvelle; — à l'O. par le consulat de Hollande,
la petite mosquée de Sidi Abd Allah El Hadj, où le général espa-
gnol O'Donnel fit dire la messe en 1860, la douane, la porte
Djama El Pacha, en arrière desquelles apparaît la partie supé:
rieure d'une construction ancienne aux lignes harmonieuses -
le mechouar ou habitation du Khalifa du sultan, enserrée dans
une enceinte aux murs crénelés.
II. Le Mellah. — On y entre par la porte de l'angle N.-E. de
la place d'Espagne.
Le mellah comporte deux artères parallèles et rectilignes
recoupées par d'autres rues perpendiculaires plus étroites et
souvent voûtées. Ce quartier, d'une grande propreté, a beau-
coup de couleur locale. Non loin de l'entrée, se trouve, à g.,
un fondouk aux lignes simples et harmonieuses et une fontaine
édifiée en 1908 pour le service public grâce à la donation d'un
particulier Israélite. A l'intérieur, nombreuses synagogues (visite
permise sur simple demande aux gens du quartier), et, au fond,
école de l'Alliance Israélite, très florissante.
IIL Bab El Okla (oOO m. env. S.-E.).— On entre par Bab Er
Rouah et la rue des Terrafine bordée de boutiques de marchands
de tissus et qui se prolonge, à dr., par Seguia Foukia, rue en
pente où se trouve le consulat anglais. On continue par le Mesda,
carrefour bruyant et animé où se croisent plusieurs voies, la
rue Sidi Ali El Ysfi, les voûtes de Dar Rkina, la mosquée Mamora,
au bas de laquelle s'élève une fontaine monumentale faisant
face à Bah El Okla, porte de l'enceinte S.-E. surveillée par un
corps de garde.
Le consulat français est installé à 500 m. plus bas, dans les
jardins, sur la route qui conduit à la gare du petit chemin de
fer de Tétouan à Martine (p. 315).
Après Seguia Foukia, on peut rejoindre Bab El Okla : 1° par
314 — [43] DE CE UT A A TÉTOUAN.
Derb Safar et Zenka El Djenoui. Cette dernière rue, déserte,
étroite, enserrée entre de hauts murs, souvent voûtée, a beau-
coup de caractère; — 2° par Derb Hammam Dahmali, étroite,
sombre, très en pente. C'est sur ce dernier trajet que se trouve
la "^mosquée Sidi Es Saïdi, dédiée au patron de la ville. Cet
édifice s'élève à l'angle de deux rues; son minaret, de propor-
tions harmonieuses, a ses parois revêtues d'un décor de mosaï-
ques à entrelacs curvilignes; le lanterneau est orné suivant les
mêmes principes; des coupoles blanches se découpent sur le
ciel, au-dessus des terrasses. Deux petites fontaines amènent
l'eau au pied du monument.
De Bab El Okla, on peut rejoindre Bab Er Remouz (Luneta) : par
la route qui longe les murs extérieurs ; 2** par de petites rues intérieures
qui passent devant la Skala, ancien fort aujourd'hui affecté à une
caserne de gendarmerie, le sanctuaire de Lalla Fridja, très visité, et
y hôtel Sulzo.
IV. Bab El Mkaber (GOO m. env. E.). — On entre, par Bab
Er Rouah, dans la rue des Terrafine. La première rue à g. dite
des Kzadriine, « ferblantiers », donne accès à une petite place
où se tient le marché du poisson et de la viande. Plus loin, c'est
Ghersa El Kbira, marché aux légumes le matin, aux hardes et
aux antiquités le soir. A dr., El Ousa, j)lace couverte de vigne,
est bordée du sanctuaire de Sidi Bel Abbas Es Sebti et d'une fon-
taine; c'est le lieu de rendez-vous des notables de la ville. Tout
près s'ouvre le passage voûté des Mtamer. Rue El Kherrazine tra-
vaillent les dévideurs de soie, les babouchiers, les menuisiers et
peintres s.ur bois, les tanneurs. On atteint ensuite le pittoresque
sanctuaire de Sidi Baraka, au pied du quartier du Tala, puis la
zaouïa des Derkaoua et Bab El Mkaber, « porte des cimetières ».
Par la rue du Tala, on peut monter jusqu'à la kasha, forteresse arabe
doublée d'une batterie espagnole, d'où l'on jouit d'une très belle ♦vue sur
la ville et les environs.
En dehors de l'enceinte, le chemin traverse le cimetière
musulman (entrée interdite), parsemé de tombes et de koubbas.
Plus loin, sur les pentes, apparaît le cimetière juif, tout blanc,
que surplombe un fort espagnol. Plus loin encore, à dr., s'étend
la vallée de l'oued Martine, au pied de la belle chaîne des
Beni Hozmar.
De Bab El Mkaber, on peut rejoindre directement Bab En Nouader
par une artère très fréquentée qui longe le sanctuaire de Sidi Baraka,
passe au souk El Fouki, formé par une succession d'échoppes d'épiciers.
rue En Niarine, voûtée par endroits, où l'on remarque la mosquée de
Sidi Ben Messaoud (à g. de l'entrée, très ancien auvent sculpté, à sta-
lactites), la mosquée El Aouîn, une jolie petite fontaine, le sanctuaire
de Sidi Ahmed En Naji, dont la porte est garnie d'ex-votos, et dont les
pilastres sont revêtus de zcllijs tétouanajs aux tons harmonieusement
fondus.
V. Bab En Nouader (300 m. env.}. — Sortie de la place
d'Espagne par la large rue qui s'ouvre au S. et longe le nou-
TÉTOUAN.
[43] — 315
veau marché, immense bâtisse de style néo-marocciin, construit
en 1917. Laisser à g. le quartier des maisons européennes et
gagner, par l'emplacement de l'enceinte démolie, Bah Et Tout,
« porte des mûriers >>, précédée d'une fontaine monumentale
dont le bassin est décoré d'ornements primitifs, très anciens,
et qu'avoisine la mosquée de Mouley Mohammed. En longeant
l'enceinte à l'extérieur, que borde une caserne de cavalerie, on
atteint Bah En Neuader, « porte des meules », ainsi appelée
parce qu'on y réunissait autrefois les céréales avant de les
battre.
De Bab En Nouader à Bab El Mkaber ( 7. ci-dossiis, IV).
VI. Bab Er Remouz. — La rue qui y conduit sort de l'angle
S.-E. de la place d'Espagne. Elle est entièrement bordée de
maisons modernes : magasins, cafés, cinémas espagnols, etc.
C'est l'artère commerciale par excellence de Tétouan. Elle a
perdu tout son caractère marocain. C'est par elle que voitures
et autos arrivent de l'extérieur. Très en pente vers la fin de
son parcours, elle décrit une courbe pour passer devant l'hùtel
Suizo et atteindre Bab Er Remouz, appelée aussi Lunela par
les Espagnols. Du seuil intérieur de cette porte, *vue magnifique
sur (100 m. plus bas) la gare du chemin de fer de Ceuta à
Tétouan, de style mauresque; sur la vallée de l'oued Martine,
tapissée de vergers et piquée de villas blanches; sur les monts
des Beni Hozmar, dont les habitants sont encore insoumis.
De Bab Er Remouz à Bab El Okla, V. ci-dessus, III.
VII. La Ville Nouvelle. — Le nouveau quartier européen
est à proximité et à l'O. de la place d'Espagne. Composé de
maisons modernes à plusieurs étages et de casernements groupés
autour de l'emplacement du marché arabe, il occupe une ter-
rasse d'où l'on a une belle vue sur la haute vallée de l'oued
Martine et jusque sur le camp de Raisouli, dissident fameux de
la zone espagnole.
Environs- — Tétouan est au centre d'une région extrêmement pitto-
resque. Les monts des Beni Ilozmar en particulier offriront de très beaux
buts d'excursions, mais la situation politique des tribus avoisinantes,
encore rebelles, ne permet pas de sortir de la ville à l'heure présente.
Nous signalons ci-dessous la promenade de Martine, à laquelle nous
joignons les itinéraires de Tanger et de Chechaouene, très recommandés
dès qu'ils seront devenus possibles.'
i° Martine (6 k. N.-E. : petit ch. de fer à voie étroite; trajet en
20 m.). — La ligne descend sur la rive g. de l'oued Martine, dans une
région très fertile. — Martine (Fondas : Vaquerizo, Bodriguez ; Mar-
tinez), bourg de 6,000 hab., sur la mer Méditerranée, et port constitué
par l'embouchure de l'oued Martine qui finit en nappe tranquille de 2 k.
de long sur 200 m. de large entre des rives unies, basses et dépourvues
de végétation. L'abri est suffisant pour les balançelles espagnoles et les
petits bâtiments, quoique la barre, dangereuse par les vents d'E., soit
peu commode à traverser par marée basse. Uéglise, dédiée à l'Imma-
culée Conception, a été édifiée en 1915. La mosquée est également de
construction récente.
316 — [44]
DE CE UT A y{ MELÎLLA.
2° Chechaouene (50 k. env. S.; piste muletière; guide et autorisa-
tion nécessaires). — L'itinéraire se développe au travers d'une réprion
accidentée et bien arrosée. La piste remonte quelque temps l'oued Mar-
tine puis l'un de ses affluents, l'oued Marcha, qu'il quitte à Bou Allai et
Zinats pour gravir les monts des Beni ffassane, occupés par la tribu de
même nom, de race et de langue tamazirt, d'origine Ghomara. A partir
de Sidi Mohammed El lladj, elle descend dans la vallée de l'oued Lahou,
qu'elle traverse pour atteindre Chechaouene.
Chechaouene (en ar. : Echchaoun; ethn. : chaouni), ville ouverte du
Rif, de 3 à 4,000 hab., musulmans (dont de nombreux chérifs) de la tribu
des Akhmas et quelques juifs seulement. Les maisons, couvertes de
tuiles, le vieux donjon moyen âgeux, les jardins luxuriants donnent à
ce coin du Maroc un aspect tout méridional. Marché le dimanche.
Fondé vers 1471 par un chérif de la famille des Beni Rached, sur les
bords de l'oued de même nom, Chechaouene devait arrêter les incursions
de la garnison de Ceuta. Le chérif n'ayant pu achever son oeuvre, celle-
ci fut poursuivie par l'émir Abou El Hassane Ali, dont les descendants
furent maîtres du pays jusqu'au jour où la dynastie saadienne s'en
empara.
3° Tanger (60 k. env. O. ; piste muletière, 10 h. ; guide et autorisa-
tion nécessaires. On peut, à la rigueur, coucher dans un caravansérail
au tiers du chemin, mais c'est peu à conseiller). — On traverse V Andjera^
pays accidenté et pittoresque, qui permet de se rendre compte de ce
qu'est le Maroc méditerranéen. Des hauteurs qu'on franchit entre Tétouan
et le caravansérail, belle vue au S. sur le massif des Beni Hassane. Le
pays est ensuite sauvage et se couvre de brousse; à la fin du trajet, on
chemine dans des champs de céréales. Pour Tanger, p. 289.
44. - DE CEUTA A MELILLA
250 k. env. E. — Vapores Correos de Africa; dép. tous les jeudis à
18 h.; 40 et 30 pes.
Au départ de Geuta, le paquebot double le cap du mont Acho
(p. 309), puis fait voile vers le S. Les pentes de la côte sont
couvertes de verdure. Après le cap Nègre {Ras Tarf; p. 3H), on
atteint l'embouchure de l'oued Martine.
Rio Martine (p. 315). — La ville de Tétouan (p. 311) s'aperçoit
à 10 k. à l'intérieur des terres, sur le flanc du Djebel Dersa.
On se dirige ensuite vers l'E. laissant à dr. le cap Mazari.
La côte est bordée par les monts des Beni //assan<? jusqu'à l'oued
Lahou, puis par les contreforts ravinés des Senhadja se termi-
nant sur la mer en falaises verticales ne ménagent aucun abri.
Penon de Vêlez de la Gomera, c'est-à-dire des Ghomara
(café Galvez), ilot rocheux à 85 m. de la côte, de 300 m. de long
sur 100 m. de large, peuplé de 450 hab. dont beaucoup de
pêcheurs, sous la dépendance administrative de Malaga, et
sous la dépendance militaire de Melilla.
Histoire. — La forteresse du Peïïon de Vêlez, ])rise par Pedro do
Navarro en 1508, fut reprise aux Espagnols par les habitants do Badis
en 1522, puis occupée par les Turcs en 1554, date à partir de laquelle la
piraterie augmenta sur les côtes espagnoles, notamment avec le corsaire
PENON DE VELEZ. — MELILLA. [44] — 317
Yahia Raïs (1558-1562). Celui-ci captura un ^rand nombre de navires,
saccagea les villes du littoral espagnol et s'empara de plus de 4,000 chré-
tiens. Une expédition espagnole tentée en 1564 pour la reprise du Penon
fut sans résultat.
La côte s'incurve légèrement vers le N. Après le cap Maure,
s'ouvre la baie (TAlhucemas, au fond de laquelle se trouvent les
îles de ce nom.
Le? îles d'Alhucemas (corruption de l'arabe El Houzama)
sont au nombre de trois. Sur la plus grande, distante de la
côte de 1,300 m., haute de 250 m., longue de 170 et large de
75, est bâti le petit village de Hadjrat En Nokoiir (rest. modeste),
peuplé de 450 h. y compris la garnison d'infanterie et d'artil-
lerie. L'un des deux îlots voisins sert de cimetière.
^Histoire. — Nokour est sur l'emplacement de l'ancienne lîH Houzama
(on dit encore JEl Mezemma)^ où se réfugièrent les derniers princes des-
cendants d'Idris; elle fut la capitale de l'émir idrisside Kennoun, qui
régna un temps sur tout le Maghreb, à l'exception de la ville de Fès.
Il mourut au s. La ville était une cité florissante au temps d'El Bekri.
— Le petit archipel faillit devenir français en 1665, au moment où une
compagnie se forma pour établir un comptoir, mais dont le programme
ne se réalisa pas. En 1673, il entra en possession de l'Espagne à la
suite d'une opération dirigée par le prince de Montesacro.
De Hadjrat En Nokour a El Arba de Tissa et a Taza, p. 234 et 243.
On double ensuite le cap Quilatès, qui ferme à l'E. la baie
d'Alhucemas, et l'on s'éloigne quelque peu de la côte inhospi-
talière du Rif, dont on aperçoit les monotones côtes schisteuses,
couvertes d'une végétation assez maigre. On double encore le
cap des T rois-Fourches (en esp. : Très Forças; en ar. : Ras el Ouerk)
qui forme l'extrémité N. de la presqu'île des Guelaïa, dont la
saillie très prononcée oblige les navires à faire route au N.,
puis à mettre brusquement le cap vers le S.
MELILLA, port franc depuis 1887, ville de 36,000 hab. civils,
est située sur le versant E. d'une péninsule élevée qui s'avance
eii mer de plus de 40 k. Gh.-l. d'un commandement général espa-
gnol et siège d'une importante garnison d'env. 20,000 hommes,
Melilla fut, avec Geuta, le plus important des postes ou presidios
que détint l'Espagne sur la côte N. du Maroc.
L'aménagement du port de Melilla, commencé en 1912 et
terminé en 1914, sa qualité de port franc et l'exploitation des
mines du Rif, ont valu un développement rapide à la ville,
aujourd'hui d'aspect uniquement européen et moderne, qui ne
comptait en 1909 que 10,000 hab. Au cours de ces dernières
années Melilla est devenu en outre un point d'embarquement
et de débarquement assez fréquenté pour les voyageurs se ren-
dant du Maroc Oriental en Espagne et vice versa.
Embarquement et débarquement :
— du môle aux bateaux en rade, et
vice-versa, 0 pes. 50 la place ; gros
colis 0 pes. 50; prix moitié plus
élevés après 19 h. ; prix doublés
en cas de mauvais temps; prix à
débattre quand le temps est très
mauvais.
Hôtels : — Victoria (Guitard et
Cie), r. Général-Pareja, 9; Marina^
318 — [44]
DE CEUTA A MELILLA.
r. Arturo-Royes, 18; Espana, r.
Caacel, 12; Rtiz, r. Grand-Capitan,
1 ; La Bosa, r. Alphonse-XIll, 31;
La Perla, 4, r. Cervantes; Santia-
go, r. Carralejas, 7; Colon (Emile
Malet), r. Général-Margayo ; lieina
Cristina, r. Gervantès, 2.
Banques : — d'Espagne, r. Carra-
lejas, 14; de Carthagène,r. Général-
Marina, 5; Samuel Salama, r. Al-
plionse-XllI.
Voitures publiques : — zone,
0 pas. 50 la course; de la à la
!2« zone, l pes. la course pour 1 ot
2 places, avec un supplément de
0 pes. 25 par place pour plus de
deux places ; 2 pes. l'heure ; de mi-
nuit à 6 h. 3 pes. l'heure; l'heure
pendant les tètes du Carnaval
3 pes.
Garage et location d'automobiles :
— Astigarraga.
Bains : — de mer : Apolo et José
Manzarello ; ordinaires : Julian Ar-
gos.
Cartes postales ; — Jiménès
Marassi.
Journaux : — El Telegrama del
Rif; La Gaceta de Melilla; El He-
raldo de Melilla-, El Cronista; Pro
Patria.
Théâtres : — Reina Victoria, r.
Alphonse-XII ; Alphonse XIII, r.
Carralejas; Alcantara, quartier de
la Piaza; Général Villalba, quar-
tier del Real.
Cinémas : — Salon Knrsaal, r.
Joaquin Costa ; Salon Impéinal, r.
Prim; Parc des Attractions, place
d'Espagne.
Histoire. — Sur l'emplacement actuel de Melilla, les Phéniciens avaient
fondé leur comptoir de liusaddir, qui passa ensuite au pouvoir des Car-
thaginois, puis des Romains. Une ville berbère fondée, dit-on, par les
Hls d'El Bouri Ibn Abi P^l Alla 1^1 Meknassi, et qu'El Bekri mentionne
au xe s., en était l'héritière au moyen âge. La place fut enlevée en 927
par Abd Er Rahmane En Nasseur, souverain omniade d'Andalousie, qui
bâtit les murailles de la ville. Conquise en 14'.)6 par Pierre Estopihan,
officier attaché à la maison du duc de Medina-Sidonia, elle fut remise
par ce dernier à la couronne d'Espagne (1506). Ello n'a cessé depuis
d'appartenir aux Espagnols, sans que ceux-ci, jusqu'au début du xx® s.,
aient jamais sérieusement tenté de se donner de l'air et d'en faire la
base d'une occupation territoriale quelque peu étendue. Son histoire,
durant quatre siècles, ne fut qu'une suite de sièges et de blocus,
en 1525 par les Rilâins, en 1687 par les Maures, en 1774 par Sidi
Mohammed Ben Abd Allah avec 80,000 hommes, et en 1893 par les
troupes de Moulay El llassane ; ce dernier siège, qui donna lieu à des
combats très meurtriers, fut occasionné par la construction d'un fort
près du marabout do Sidi Ouriache, il nécessita le concours d'une
armée de 25,000 hommes commandée par le maréchal Martinez Campos.
La situation est maintenant changée. Les indigènes ayant massacré,
en juillet 1909, le personnel européen d'exploitations minières non loin
de Melilla, la garnison de la place intervint, et, du 18 au 27 juillet,
eut avec les agresseurs des engagements très vifs. Résolu à une
action énergi{[ue, le gouvernement espagnol réunit à Melilla plus de
50,000 hommes, sous les ordres du général Marina. En septembre,
celui-ci prit l'offensive et occupa d'une part Solouane, au S. du massif
montagneux auquel est adossé Melilla, d'autre part le pays dos Beni
Sicar, au N. Les opérations furent complétées en novembre par l'occu-
pation des cols d'Atlaten, d'où l'on domine le cccur môme du massif.
Comme conséquence, les diverses fractions de la tribu des Guelaïa,
dont la péninsule est le domaine, firent leur soumission. Le poste do
Cabo del Agua ayant obtenu do son côté la soumission de la tribu des
Kebdana, dont les terres sont situées à l'E. do celles des Guelaïa, les
Espagnols se trouvent maîtres de la région littorale qui s'étend de la
Moulouya à l'E. jusqu'à l'oued Kert à l'O., sur 100 k. environ.
Melilla comprend deux agglomérations bien distinctes : 1° la
vieille ville, campée sur un rocher de 30 m. d'alt. et défendue
MELILLA.
[44] — 319
par des murailles, dont certaines parties datent du xvi* s., pré-
sentant une masse de fortifications entassées les unes sur les
autres; là se trouvent une église et un théâtre; — 2° une ville
nouvelle, composée de maisons à plusieurs étages, percée de
larges voies et pourvue de plantations d'arbres, qui s'est créée à
rO. et au S. Le tout est couvert par une ceinture de 9 k. de
forts, fortins, batteries et blockaus construits sur un plateau
de 120 m. d'alt. env. au-dessus de la mer. Une bonne route,
qu'on peut suivre, relie entre eux ces ouvrages.
Le port, terminé en 1914, est devenu insuffisant pour les
besoins du commerce qui est passé de 11 millions en 1903, à
49 millions en 1913 et s'est encore accru depuis. En 1915, il a
exporté 88,000 tonnes de minerais du Rif, dont 4,000 tonnes de
galène et 7,000 tonnes de calamine. En 1016, le chiflre de
200,000 tonnes de minerais a été atteint, dont la plupart en
hématite, et l'exploitation a encore été intensifiée en 1917. Le
minerai de plomb des galènes de la G" Norte Africano contient
une moyenne de 75 0/0 de métal; les hématites renferment 50
à 56 0/0 de fer, 3 à 10 0/0 de silice, et 0,01 à 0,25 0/0 de phos-
phore.
Environs. — Dans le pays compris entre la Moulouya et l'oued Kert,
la pacification et le développement économique ont fait de grands
progrès. L'arrière-pays de Melilla peut donc être parcouru en toute
sécurité. Par beau temps, on peut même gagner le Maroc oriental.
l'* San Juan de las Minas (16 k. S. ; ch. de fer, 3 trains quotidiens en
l h. 15; 2 pes, 40 et 1 pes. 20). — 1 k. 5. Hippodrome. — 4 k. Empalme.
10 k. Nador (auberges), bourg de 2 740 hab., espagnols et musulmans,
sur la rive occidentale de la Mar Chica, au voisinage de vergers et
jardins, à proximité de mines de fer et de plomb. — 14 k. Segangan.
16 k. San Juan de las Minas, agglomération minière de la province
des Guelaïa (Rif Oriental) créée en 1909 par la espagnole des Mines
du Rif, qui exploite d'importants gisements de fer à ciel ouvert.
2° Kasba de Selouane (24 k. S.; ch. de fer en 1 h. 40; 3 pes. 60 et
1 pes. 80). — De Melillâ à (10 k.) Nador {V. ci-dessus).
24 k. Kasba Selouane (auberges), située dans la plaine du Bou
Erg. La kasba, formée d'une enceinte percée de créneaux et de meur-
trières, et flanquée de tours carrées, fut construite, dit-on. sur l'empla-
cement d'une ancienne cité espagnole, par Moulay Ismaïi et réparée
par Sidi Mohammed Ben xibd Allah (1771) lors du transfert de la gar-
nison espagnole de Melilla à Tanger, sous le règne de Carlos III.
Sidi Mohammed Ben Abd Er Rahmane en releva les ruines en 1859, pen-
dant la guerre contre l'Espagne. Moulay El Hassane y réinstalla une
garnison (1880) de 500 hommes que Moulay Abd VA Aziz renforça et
porta à 1,500 hommes au moment de l'expédition contre les Bekkouïa.
De 1905 à 1908, elle appartint au Roghi et, en septembre 1909, elle fut
occupée par les troupes espagnoles.
De Selouane à Berkanè et Oudjda, p. 261 et 259.
De Melilla a Berkane, p. 261 ; — a Or an, p. 320.
3-20 — [44] DE CEUTA A MELILLA.
De Melilla à Oran.
140 milles marins E. ; serv. irréguliers; s'informer.
Derrière la longue plage sablonneuse qui s'étend au S.-E. de
Melilla, on aperçoit la Sebkha Bou Areg (en espagnol : Mar Chica,
petite mer) sur laquelle se trouve la Restinga. On passe ensuite
entre le Cabo del Agua (cap de l'eau) prolongement du Djebel
Kebdana et les îles Zaffarines (en esp. : Cliafarinas).
Occupées par l'Espagne sous le règne d'Isabelle II (1848), les îles
Zaffarines, au nombre de trois, très rapprochées les unes des autres,
sont à 4 k. env. de la terre ferme. Ij'ile du Congrès, la plus grande, a
900 m. de long, 500 m. de large et 135 m. d'alt. ; elle ne compte qu'une
maison abritant des vigies, h'ile Isabelle II, à 600 m. de la première, a
500 m. de diamètre et 40 m. d'alt. ; elle est peuplée de 480 hab. et d'une
petite garnison vivant dans une cinquantaine de maisons parmi les-
quelles se distinguent le palais du gouverneur, l'église et l'hôpital
militaire ; un phare de troisième ordre, de 5"2 m. 70 de hauteur et
d'une portée de 25 milles, éclaire au large. L'/i<? du Roi est située à
VE. de la précédente; elle a 300 m. de long sur 200 m. de large et sert
de cimetière. L'archipel, sans végétation, est alimenté en eau par des
bateaux-citernes ; il présente un abri très sûr aux navires et constitue
pour PEspagne une solide position militaire en face de la vallée de la
Moulouya, limite des zones française et espagnole. — Le port, qui a
coûté près d'un million et demi de pesetas, a été réalisé en réunissant
l'île d'Isabelle II à l'île du Roi par une digue abritant des fonds de
3 à 9 m.
A l'embouchure de la Moulouya succède, après la plaine des
Triffa (p. 257), l'embouchure du Kiss, frontière algéro-marocaine
avec Saïdia et Pori Say (p. 257). On double le cap Mitonia pour
longer le territoire des Msirda,
Nemours (pour cette localité et les centres qui suivent, V. le
Guide Bleu : Algérie- Tunisie).
Au delà du port, on aperçoit les ruines du plateau de Taouni.
On longe ensuite le littoral montagneux des Trara où l'on
remarque le Djebel Tadjera (861 m.) au sommet plat en forme
de table, et le cap Noé. Après les ruines d'Honeïn, qui sont
visibles par temps clair, on atteint Vile de Rachgoun, à 2 k. 5
de Rachgoun, situé à l'embouchure de la Tafna, puis le port
de Beni Saf (embarquement et débarquement à quai).
La côte s'infléchit vers le N. jusqu'au cap Figalo et l'on passe
entre le cap Sigala et les îles Habibas composées de roches
éruptives aux escarpements pittoresques. — Le paquebot double
enfin le cap Falcon et la pointe de Mers El Kebir, qui encadrent
à rO. la baie d'Oran.
Oran (V. le Guide Bleu : Algérie-Tunisie),
INDEX ALPHABETIQUE
A
Abda, 1-23.
Abd Allah Ben Djabeur,
142.
Acho (mont), 309.
Adamna, 103.
Adjeroud, 257.
Ad Mercurios [Ruinesd'],
299.
Admis [Forêt d'I, 140.
Adouz, 137.
Agadir Imoucha, 134.
Agadir Irir, 135.
Agadir MtaEch Chérif, 98.
Agdal, 104.
Aghbalou, 101.
Aghbalou Larbi, 197.
Aghmat, 101.
Agouraï, 193.
Aguedal, 138.
Aguelmane de Sidi Ali,
196.
Aguelmous ou Guelmous,
144.
Aguelmous, 281.
Ahel Bahrir, 137.
Ahlil, 197.
Ahmarouch, 243.
Aïer [Lagune d'], 115.
Aïn Abeïda, 265.
Aïn Achlef, 178.
Aïn Aïtoli, 151.
Aïn Ayat, 263.
Aïn Azereg, 270.
Aïn Barka, 166.
Ain Berkat, 233.
Aïn Borma, 175.
Aïn Bou Kellal, 243.
Aïn Bou Mazane, 141.
Aïn Bridia, 82.
Aïn Bsal, 175.
Aïn Chaïr, 279.
Aïn Cheggag, 195.
Aïn Cheguiga, 162.
Aïn Chkef , 198.
Aïn Chrob Ou Hreb, 198.
Aïn Djema, 178.
Aïn Djemaa, 83.
Aïn Douz, 251.
Aïn El Anech, 266.
Aïn El Beïda, 147.
Aïn El Hadjar, 271.
Aïn El Hadjer, 127.
Aïn El Hamma, 193.
Aïn El Hammam, 258.
Ain ElHaouïmed, 76.
Aïn El Kerma 77.
Aïn El Ourak, 279.
Aïn Er Roumi, 141.
Aïn Fendrel, 77.
Aïn Fezza, 247.
Aïn Fouarat, 194.
Aïn Fritis, 147.
Aïn Fritissa, 266.
Aïn Goréa, 278.
Aïn Guettar, 278.
Aïn Guettara, 266.
Aïn Hallouf, 78.
Aïn Hammam, 279.
Aïn Hammara, 232.
Aïn Hanech, 230.
Aïn Harouda, 150.
Aïn Kansara, 233.
Aïn Kermous, 233.
Aïn Khiber, 193.
Aïn Krima, 232.
Aïn Kseub, 76.
Aïn Leuh, 195.
Aïn Lorma, 180.
Aïn Loula, 194.
Aïn Maarouf, J79.
Aïn Marouf, 194.
Aïn Maza [Gorge d'], 142.
Aïn Merchouchi, 233.
Aïn Merini, 261.
Aïn Missa, 178.
Aïn Mkhamer, 263.
Aïn Mkoun, 76.
Aïn Msous, 234.
Aïn Nekhala, 178.
Aïn Reggada, 257.
Aïn Saboun, 178.
Aïn Sbit, 235.
Aïn Sefra, 271.
Aïn Serrak, 261.
Aïn Sfa, 258.
Aïn Skhoun, 234.
Aïn Smar, 230.
Aïn S Gitane, 75.
Aïn Taftecht, 103, 127.
Aïn Taomar, 178.
Aïn Tellout, 247.
Aïn Terfania, 298.
Aïn Tichchert, 278.
Aïn Tikercliiine, 260.
Aïn Trid, 198.
Aïn Zaïliga, 162.
Aïn Zebda, 260.
Aïn Ziaterne, 298.
Aïoun FeUel, 172.
Aïoun Sidi Mellouk, 263.
Alt Athmane, 284.
Ait Baha, 137.
Aït Bassou, 197.
Aït Beker, 282.
Aït Daoud, 279.
Aït Fetouli, 279.
Aït Ghiat, 197.
Aït Hamza, 197.
Ait Kerou, 198.
Ait Labbas, 198.
Aït Mhammed, 138.
Aït Nefi, 104.
Aït Oukfa, 138.
Aït Said [Kheneg d'I,
281.
Aït Taghzout, 279.
Aït Tlah, 138.
Aït Yahia Ou Aïs sa, 282.
Aït Yakoub, 281.
AïtYoussef Ou Daoud, 284.
Ait Zekri, 138.
Akbet El Arabi, 189.
Alcazar, 307.
Alcazarquivir, 300.
Alhucemas [Ile et baie
d'], 317.
Almis, 197 et 231.
Amergou [Djebel et
Kasba d'], 231.
Amizmiz, 98.
Amranene, 259.
Anbad, 281.
Andjera, 316.
Anfa (Casablanca), 65.
LE MAROC.
21
322
INDEX ALPHABÉTIQUE.
Anfa supérieur, 71.
Angad [Plaine d ], 256.
Anosseur. -231.
Antar [Djebel], 271.
Ansala, 137.
Aouamra, 105.
Aoufous, 280.
Aouïnet Aïcha, 277.
Aounate, 85.
Aourirt, 279.
Arbalou, 135.
Arbaoua, 175.
Arrimet El Guemah, 127.
Arzeu, 269.
Arzila, 303.
Asdad, 281.
Asfi (Safi), 117.
Assaka N Idji, 197.
Assaka N Tebahirt, 197.
Atchana, 280.
Atlas, 1.
Azemmour, 106.
Azrou, 196.
B
Bab Djenane [Col de], 243.
Bab El Hadjar, 233.
Bab Er Rouah, 278.
Bab Gueraoua, 234.
Bab Merzouka, 242.
Bab Moroudj, 243.
Bab Tiouka, 173.
Baknou, 280.
Bauasa [Ruines de], 176.
Béchar, 279.
Bekrit, 197.
Belibila, 279.
Bel Rhiada, 279.
Ben Ahmed, 141.
Ben Gachou&h, 176.
Ben Guérir, 84.
Ben Rekia, 79.
Ben Yati, 279.
Ben Zireg, 277.
Beni Bassia, 279.
BeniHassene [Monts des],
3 12.
Beni Hassene[Plaine des],
177.
Beni Mahfoud, 259.
Beni Mellal, 146.
Beni Mguild, 196.
Beni Mohammed, 286.
Beni Mtir, 194,
Beni Ounif de Figuig, 273.
Beni Ouziene, 279.
Beni Saf, 320.
Beni Smir, 142.
Beni Snassene, 259.
Beni Tadjit, 281.
Bent Hazim [Col de],
281.
Berbérie, 1.
Berdil, 263.
Berguent, 261.
Berhirit, 77.
Berkane, 259.
Ber Rechid, 78.
Ber Roumenne, 263.
Bhalil, 230.
Biar El Asara, 115.
Biougra, 140.
Bir Assoufid, 135.
Bir Bettane, 147.
Bir Bou Hammadi, 80.
Bir Draoui, 126.
Bir El Malah, 125.
Bir Khereïs, 79.
Bir Kouach, 127.
Bir Retma, 108.
Blanc [Cap], 113.
Blondin [Pont], 151.
Bou Aam, 288.
Bou Aïach, 197.
Bou Akba, 99.
Bou Anane, 279.
Bou Ayeoh, 278.
Boucheron, 76.
Bou Denib, 280.
Bou Guetoub, 271.
Bou Hanifia Les Thermes.
270.
Bou Houria, 258.
Bou Iblal [Djebel], 1.
Bou Imerdousene, 281.
Bouïret Ez Ziar[ Foret de],
162.
Bou Isseroual, 198.
Boujad, 142.
Bou Jerir [Forêt de].
196.
Bou Khaltoum, 261.
Bou Khanéfis, 246.
Bou Ladjerai, 268.
Bou Laouane, 83.
Boulhaut, 75.
Bouloutane, 266.
Bou Mazouz, 264.
Bou Medine, 251.
Bou Rached, 271.
Bou Rebah [Grotte de],
260.
Bou Redim, 263.
Bou Regreg [Oued]. 4, 152.
Bou Reïs, 231.
Bou Sbellou, 234
Bou Skoura, 83.
Bou Tazert, 134.
Bou Znika, 150.
Braksa, 142.
C
Cabo del Agua, 320.
Caïd Moussa, 85.
Caïd Tounsi, 85.
Camp Bataille, 180.
Camp Berteaux, 264.
Camp Delmas, 177.
Camp Desroches, 234.
Camp Monod, 179.
Cantin [Cap], 124.
CASABLANCA, 61.
Bibliographie, 66.
Emploi du temps, 02,
Enceinte, 68.
Histoire, 65.
Jardin public, 68.
Place de France, 66.
Port, 70.
Renseignements pra-
tiques, 63.
Rue du Commandant-
Provost, 66.
Sanctuaires : Sidi Abd
Er Rahmane, 72.
— Sidi Belyout, 70.
— Sidi El Kairouàni,
68.
Ville indigène, 66.
Ceflet, 266.
CEUTA, 307.
Chaouïa [Province de], 72.
Charrier, 270.
Chechaouene, 316.
Chehalfa, 259.
Chella, 158.
Chemmakha, 176.
Cheraa, 259.
Cherf El Akad, 298.
Chergui [Chott], 271.
Chiadmi, 124.
Chichaoua, 102.
Chréia, 266.
Chriat Ed Diab, 279.
Christian, 162.
Col de la Juive, 276.
Col des Zouaves, 234.
Col de Zenaga, 274.
Colomb Béchar, 279.
INDEX ALPHABÉTIQUE,
323
D
Daïet Aîcha, 177.
Daïet Ed Dahane, 279.
Daiet Oum Slimane, 261.
Daïet Touarfa, 177.
Damesme, 269.
Dar Abbou, 115.
Dar Amor, 80.
Dar Amor Ghali, 80.
Dar Abd El Kader Ben
Fardjia, 76.
Dar Bel Amri, 177.
Dar Bel Aroussi, 168.
Dar Bel Hamidi, 140.
Dar Ben Abbas El Ham-
madi, 114.
Dar Ben Abid, 107.
Dar Ben Hadia, 147.
Dar Ben Mira, 105.
Dar Bou Aounou, 265.
Dar Bou Khechab, 265.
Dar Brabim Ben Salah, 84.
Dar Caïd Tounsi, 85.
Dar Chafaï, 82.
Dar Gbeikh Ben Haoud,
127.
Dar Cheikh Bou Djema,
134.
Dardara, 229.
Dar Debibagh, 222.
Dar Dekious, 161.
Dar Ed Dou, 113.
Dar El Annaïa, 104.
Dar El Baghdadi, 231.
Dar El Beïda (Casablanca),
65.
Dar El Guellouli, 134.
Dar El Hadj Ben Hadj. 76.
Dar El Hadj El Housseïn,
134.
Dar El Hadj Hammou, 79.
Dar El Hadj Maizi, 79.
Dar El Hadj Mohammed,
80.
Dar El Hadj Salah. 80.
Dar El Hafdi, 116.
Dar El Kadi (Chiadma),
134.
Dar El Kadi (Taourirt),
264.
Dar El Kaïd, 266.
Dar El Khalloufi, 101.
Dar El Maouïa, 116.
Dar Hamidouch, 125.
Dar Harabida, 103.
Dar Hommada, 262.
Dar Imerditsene, 135.
Dar Kaddour, 85.
Dar Kaddour Bou Mekki,
79.
Dar Kaïd Ahmed, 75.
Dar Kaïd Brahim Bou
Chaïb, 114.
Dar Kaïd Cherki, 141.
Dar Kaïd El Houssine Dé-
lirai, 138.
Dar Kaïd El Madani, 100.
Dar Kaïd Embarek, 99.
Dar Kaïd Hadji, 125.
Dar Kaïd Khoubane, 104.
Dar Kaïd Mtouggui, 104.
Dar Kaïd Ould Heuda.234.
Dar Kaïd Ould Ito. 195.
Dar Kaïd Omar N Touda,
235.
Dar Kergoug, 126.
. Dar Mahrès, 222.
Dar Miloudi, 76.
Dar Mohammed Ben Abd
El Kader, 114.
Dar MohammedBenKham-
mès, 76.
Dar Mohammed El Man-
sour, 172.
Dar Mohammed Ould Dje-
bli, 140.
DarMokaddemMessaoud,
103.
Dar Moulay Tala, 76.
Dar Ould Abid, 79.
Dar Ould Ahmed El Ham-
ri, 142.
Dar Ould Aïcha, 107.
Dar Ould El Hadj Kasem,
108.
Dar Ould Touïmi, 141.
Dar Ould Zidouh, 99.
Dar Oum Es Soltane, 180.
Dar Sidi Aïssa, 116.
Dar Sidi Allai, 76.
Dar Sidi Bou Chaib, 77.
Dar Sidi El Bachir, 98.
Dar Sidi Mohammed Ben
Maati, 79.
Dar Touimi, 115.
Dar Zrari, 176.
Dar Soltane, 178.
David. 150.
Dchar Alla, 302.
Debdou, 265.
Debrousse ville, 269.
Defilia, 277.
Demnat, 99.
Demsira, 105.
Dersa [Djebel], 311.
Diabat, 103, 132.
Djaba [Forêt de], 195.
Djara [Djebel], 272.
Djemaa Assoufid, 135.
Djema Cheurfa Tafraout,
234.
Djenien Bou Besq, 272.
Djorf El Ihoudi, 123.
Djerada, 261.
Drjamna, 185.
Douïat, 199.
Doukkala, 113.
Dra, 4, 288.
Draga, 137.
Drib, 177.
Dublineau, 269.
Duveyrier, 272.
E
Eaux chaudes Les], 270.
El Abbasi, 175.
El Abid, 272.
El Agreb, 266.
El Aïoun, 233.
ElAïoun SidiMellouk,263.
El Annseur, 259.
El Ardja, 277.
El Aricha, 262.
ElAricha [Plaine d ], 267.
El Ateuf, 266.
ElAttatich, 277.
El Beghil, 278.
El Biod, 271.
El Boggara, 100.
El Boroudj, 80.
El Bour, 282.
El Djedida (MazaLran),
108.
El Fatima, 83.
El Feïdja, 271.
El Gharbia[Medinet], 115.
El Gorane, [Gorges d'],
280.
El Gourma, 150.
El Graar, 144.
El Guentra, 83.
El Guetar, 278.
El Guettaf, 267.
El Hadjra, 126.
El Haïrech, 279.
El Haït, 175.
El Hajeb, 194.
El Hammam Foukani, 276.
El Hammam Tahtani, 272.
324
I1\DEX ALPHABÉTIQUE.
El Hamirat, '205.
El Hank, 71.
El Heri, 281.
El Kelaa des Segharna,
99.
El Kelaa des Slès, 23^.
El Kheroua, -2 18.
El Maïz, 274.
El Mekki, 83.
El Menar, 298.
El Merdja, 231.
El Mizenn, 267.
El Moudzlne, 177.
El Moungar, 117.
ElMzar, 138.
El Oudaghir, 272.
El Ourit (Cirque et cas-
cades 217.
Empalme, 319.
Ennjil, 231, 285.
Enzel, 101.
F
Fahama [Plaine de], 267.
Fahs, 298.
Falcon [Cap], 320.
Fedala, 74.
Ferme Amblard, 80.
Ferme Amieux, 105.
Ferme Bemiet, 75.
Ferme Bernard, 80.
Ferme Blanche [La], 269.
Ferme Cotte, 75.
Ferme d'Aïn Kadous,226.
Ferme Ifrah, 174.
Ferme Krauss, 263.
Ferme Legrand, 174.
Ferme Privât, 76.
Fertoumach, 282.
FES, 199. I
Bibliograi)liie, 205. i
Bord] : de Bou Jeloud,'
208. :
— xNord, 222.
— de Sidi Bou Nafa, i
221.
— «ud, 224.
Camp : de Dar Debi-
bagh, 222.
— de Dar Malirès, 222.
Cimetière : de Bab
Fctouh, 224.
— de Bab Mahrouk,
219.
— Israélite, 221.
— de Sidi Mzali, 223.
SS, Dar : Adiyel, 214.
— Batha, 207.
— El Beïda, 207.
— El Alakhzen, 220.
— Mejless, 214.
— Menehbi, 212.
Ecole coranique, 212.
Emploi du temps, 199.
Ferme expérimentale
d'Aïn Kaddous, 225.
Fès Djedid, 219.
Fès Ei Bali, 205.
Fondouk : Djedid, 215.
— El Ihoudi, 223.
— Nejjarine, 213.
— Tsataouine, 211.
Fontaine Nejjarine,
213.
Gare, 221.
Histoire, 202.
Jardins: d'Aïn Khemis,
221.
— de Bou Jeloud, 208.
Kasba: Bou Jeloud, 219.
— Chcrarda, 219.
— de Dar Debibagh,
222.
— Filala, 218.
Kisaria, 209.
Méchouar, 220.
Médersa : Attarine,
210.
— Bou Anania, 206.
— Cherratine, 215.
— Es Seffarine, 211.
— Mesbaliia, 211.
— Sahrij, 217.
— Scbbaïne, 216.
Mellah, 221.
Moristane, 209.
Mosquées : des Anda-
lous, 216.
— de Bab Guissa, 223.
— Cherabliine. 209.
— de Fès Djedid, 220.
— Karaouiine, 210.
— du Rsif. 216.
Musée, 207.
Palais : du Batha, 207.
— du Dar Beïda, 207.
Places : Bou Jeloud.
205.
— Nejjarine, 212.
— Seilarine, 211.
Ponts : de Beïn El
Moudoun, 211.
— Kantra Bon Tato,
224.
ÎS, Pont : du Rsif, 215.
— Porte.»» : Bab Dcka-
kenc, 220.
— Bab Fotouh. 217.
— Bab Guissa, 223.
— Bab Mahrouk, 218.
— Neuve de Bou Je-
loud, 205.
— Bab Segma, 222.
— Bab Semmarine,
221.
Quartiers : de l'A-
douah, 215.
— du Douh, 205.
— des Filala, 218.
— do Mokhfia, 217.
— de Moulay Abd Al-
lah, 220.
— des Potiers, 217.
Renseignements pra-
tiques, 201.
Souks : Attarine, 209.
— Chommaïne, 211.
— Nejjarine, 212.
— du'Tala, 205.
Tombeaux mérinides,
223.
Ville nouvelle, 221.
Fès Djedid, 219.
Fès El Bali, 205.
FèsElBali(des Slès), 232.
Fetnassa, 99.
Fezna, 286.
Figalo [Cap j, 320.
Figuig, 272.
Fokra Noualine, 79.
Fondouk Es Serara, 298.
Fortassa Gharbia, 262.
Fort Méaux, 76.
E«um Aggaï, 279.
Foum Ameskhoud, lOo.
Foum Djahifa, 276.
Foum El Oaed, 261 .
Foum Zabel, 285.
Founti, 135.
Fourhal [Col dej, 259.
Franchetti, 270.
G
Gantra El Abid, 101.
Gara Et Tima, 279.
Gara Timiloust, 197.
Gharb, 2, 173.
Ghorfa, 286.
Gliorm El Alem, 1 10.
INDEX ALPHABÉTIQUE.
325
Gibraltar [Détroit de],
306.
Gourràma, 280.
Gouttitir, 266.
Grouz [Djebel], 2%.
Gueliz, 96.
Guelmous, 144.
Guemassa, 104.
Guerando, 116.
Guerbous [Col de], 257.
Guercif, 266.
Guerouane, 194.
Guesmir, 266.
Guigo [Oued], 197.
Guir [Haut], 278.
Guisser, 80.
Gûrgens, 77.
H
Habibas [Iles], 320.
Habra, 269.
Hadid [Djebel], 127.
Hadjer El Ouakef, 176.
Hadjra Bou Maïza, 232.
Hadjra El Kahla, 232.
HadjratBenNasseur, 162.
Hadjrat En Nokour, 244,
317.
Hallouf, 278.
Hammada Oum Es Seba,
■ 279.
Hammam Ouled Rhaled,
270.
Hassar, 102.
Hassi Abou El Akhal, 276.
Hassiane El Ihoudl, 265.
Hassi Bou Bernous, 282.
Hassi Cheguig, 279.
Hassi Defla, 278.
Hassi Douis, 280.
Hassi Ed Diab, 277.
Hassi El Aricha, 278.
Hassi El Haouari, 278.
Hassi ElKelb, 278.
Hassi Kriouia, 279.
Hassi Lama, 277.
Hassi Tanguerfa, 281.
Hassi Tolfa. 277.
Hassi Snom, 281.
Heddi, 126.
Hercule [Grottes d'], 298.
Herhirat, 77.
Honeïn [Ruines d ], 320.
I J
Ifni, 139.
Ifrane, 195.
Ifri, 284.
Igbesdis [Gorges d'], 280.
Igouder, 137.^
Iggoudert, 98.
Iguezzoulene, 135.
ImiNIfri, 100.
Imi K Tanout, 104.
Immerjane, 104.
Inchadem, 138.
Inebgui, 284.
Irar, 280.
Irilane, 105.
Irri, 105.
Irsane, 263.
Isdraouïne, 259.
Iskena, 281.
Isly [Champ de bataille
d'], 256.
Isly [Halte d ], 262.
Ito, 195.
Itzer, 197.
Jebrou Debouda, 162.
Joualla, 98.
K
Kaïd Lahsene, 147.
Kasba Arroub, 195.
Kasba Bel Kouch, 146.
Kasba Beni Mellal, 146.
Kasba Beni Mgara, 243.
Kasba Beni Stittene, 236.
Kasba Bou Fekrane, 194.
Kasba Cheikh Ben Salah.
115.
Kasba des Zeïrir, 141.
Kasba El Araoui, 98.
Kasba El Hmira, 150.
Kasba Gueddara, 194.
Kasba Guenaoua, 166.
Kasba Hamidouch, 125.
Kasba Koréat, 233.
Kasba Maarif, 141.
Kasba Maggous, 77.
Kasba Ould Hadjaj, 141.
Kasba Sidi Bou Azza, 76.
Kasba Tadla, 145.
Kchachda, 137.
Kebdana [Djebel], 320.
Kef, 161.
Kifane El Ghomari
[Grottes d'], 241.
Khalfallah, 271.
Khemisset (Chaouïa), 82.
Khemisset fZemmour),
180.
Kheneg, 284.
Khenifra, 162.
Kheroua, 277.
Khiber, 193.
Knibich, 137.
KNITRA, 168.
Korima, 278.
Koudiat El Biad, 236.
Kreider [Le], 271.
Ksar Djedid, 285.
Ksar El Beïda, 279.
Ksar El Kebir, 300.
Ksar Es Seghir, 298.
Ksar Es Souk, 282.
Ksar Pharaoun, 190.
Ksiba, HG.
Ksiret El Hachemi, 281.
Ksiret El Mehenni, 284.
L
La Guetna, 269.
Lakhdar [Djebel], 114.
Lalla Chatouta, 178.
Lalla Ito, 177.
Lalla Marnia, 251.
Lalla Meriem Yahia, 134.
Lalla Mimouna, 174.
Lalla Zebouja, 123.
La Macta, 269.
Lamoricière. 247.
LARACHE, 304.
Laraïs, 197.
Leona [Pointe], 307.
Les Trembles, 246.
Lias, 195.
M
Maachet, 108.
Maalif [Plaine des], 271.
Madjene El Hamra. 258
Maghreb £1 Aksa, 1.
Magoura, 262.
Mahiridja, 266.
Maïat, 82.'
Maïz [Djebel], 277.
Malabata [Pointe del,306.
Malha [Djebel], 271.
Mamora [Forêt de], 168.
Mamora [Ville de], 171 .
Mansoura, 251.
Mansouria, 149.
Marchand, 162.
Mar Chica, 320.
Marfamane, 98.
Marhom, 271.
21.
326
INDEX ALPHABÉTIQUE.
MARRAKECH, 85.
Bibliographie, 88.
Dar El Makhzen, 91.
Emploi du temps, 85.
Fontaines : El Moua-
sine, 93.
— Sekkaia Echrob Ou
Chouf. 95.
— Sidi El Hassane Ou
Ali, 94.
Gueliz, 96.
Histoire, 86.
Jardins : Aguedal, 92.
— la Menara, 97.
. Kasba, 90.
Koutoubia, 89.
Médersa Ben Youssef,
95.
Mellah, 92.
Mosquées : de Bab
Doukkala, 94.
— Grande mosquée ,
93.
— de la Kasba, 91.
— de la Koutoubia, 89.
Palais : la Bahia, 89.
— du Pacha, 94.
— du Sultan, 9i.
Palmeraie, 97.
Place Djemaa El Fna,
88.
Remparts, 95.
Re.nseignements pra-
tiques, 86.
Sanctuaires : Sidi Abd
El Azia, 94.
— Sidi Bel Abbas, 95.
— Sidi Ben Slimane El
Djazouli, 94.
Souks, 92.
Tombeaux des Chérifs
Saadiens, 91.
Martimprey, 257.
Martine, 315.
Mascara, 270.
Matarka, 261.
Matmata, 235.
Maure [Cap], 317.
MaurétanieTingitane, 14.
MAZAGAN, 108.
Ancienne ville, 110.
Bibliographie, 110.
Citerne, 110.
Eglise del' Assomption,
110.
Emploi du temps, 108.
MAZAGAN, Histoire, 109.
Plage, 112.
Port, 111.
Renseignements pra-
tiques, 109.
Ville moderne, 112.
Mazari [Cap], 316.
Mazzer,'281.
Mecheria, 271.
Mechra Abd Allah, 99.
MechraAchrine Zouj, 144.
Mechra Bel Habti, 82.
Mechra Bel Ksiri, 176.
Mechra Ben Abbou, 82.
Mechra Bou Khallou, 82.
Mechra Bou Déliai, 258.
Mechra Bou Bâcha, 176.
Mechra El Hader, 172.
Mechra El Haoud, 262.
Mechra El Malah, 258.
Mechra Guernina, 262.
Mechra Kerassi, 76.
Mechra Kerikera, 262.
Mechra Kherbacha, 260.
Mechra Medina, 262.
Mechra Smara, 262.
Mechta Besabsa, 233.
Medinet El Amra, 288.
Meghris [Djebel], 262.
Medaouer, 278.
Mediouna, 78.
Mehdia, 171.
Mekalis, 271.
Mekam [Djebel], 261.
Meknassa Ez Zitoun, 182.
Meknassa Foukauia, 243.
Meknassa Tahtania, 235.
MEKNÈS, 180.
Aguedal, 187.
Anciennes écuries,
187.
Autrucherie, 188.
Bibliographie, 183.
Camp d'El Hamria,
188.
Cimetière musulman,
184.
Dar El Beïda, 188.
Dar El Makhzen, 187.
Emploi du temps, 180.
Histoire. 182.
Jardin public, 185.
Médersa Bou Anania.
185.
Mosquées : Kanoute,
184.
MEKNÈS, Mosquées : Sidi
Saïd Bou Othmane.
186.
— Tidjani, 185.
— Zitouna, 185.
Portes : Bab Djama
En Nouar, 183.
— Bab El Berdaïne,
184.
— Bab El Khrcmis,
186.
— Bab Mansour El
Aleuj, 183.
Renseignements pra-
tiques, 181.
Rue Rouamzine, 183.
Souks, 185.
Ville nouvelle, 188.
Melah [Djebel]. 277.
Melgou. 141, 147.
Melias [Djebel], 276.
Mellaha, 280.
MELILLA, 317.
Mengoub, 280.
Merada, 266.
Merdja, 172.
Merdja Ez Zerga, 173.
MerdjaRasIdDaoura,173.
MerdjaBeni Hassene, 178.
Meridja, 261.
Meridja |col de], 281.
Mers El Kebir, 320.
Merzaga, 162.
Mesdou, 231.
Mesdoura r Pont de], 220.
Meski, 284^
Mestigmeur, 264.
Metrara, 284.
Metsila [Djebel], 261.
Mhioula, 107.
Midelt. 197.
MUonia [cap], 320.
Miloudat, 175.
Missour. 266, 281.
Mitima [Col de], 162.
Mizab [Cascades duj. 1').
Mkermoud, 127.
Mkoun, 76.
MOGADOR, 128.
Avenue duChayla, 131 .
Baie, 131.
Emploi du temps, 128.
Forêt d'arganiers, 133.
Histoire, 130.
Iles de Mogador, 132.
Porte do la Marine,
130.
INDEX ALPHABÉTIQUE.
327
MOGADOR, Renseigne-
ments pratiques, l'28.
Skala, 131.
Mogador [Iles], 132.
Moghrar Foukain, 272.
Moghrar [Gorges], 272.
Modzbah, 271.
Mohammed Ben Àbd
Allah, 103.
Montagne Rouge, 299.
Morghad, 271.
Mouih Sifer, 277.
Moulay Abd Allah, 113.
Moulay Ahmed Ben Aïa-
chi, 261.
Moulay Bou Azza, 162.
Moulay Bou Chta, 231.
Moulay Bou Selham, 172.
Moulay Idris Aghbal, 179."
Moulay Idris du Zer-
houn, 192.
Moulay Kerbour, 84.
Moulay Taïeb, 263.
Moulay Yakoub, 228.
Moul El Bâcha, 264.
Moulouya [Oued], 5, 266.
Moussa [Djebel], 2, 307.
Mrirt, 195.
Msas, 232.
Msirda, 320.
Msoun, 267.
Mzaïna, 302.
Mzilet, 126.
Mzoudla, 102.
N
Naâma, 271.
Nador, 319.
Naïma, 262.
Naoura [Col de], 162.
Narguechoum, 265.
Nazereg, 270.
Nègre [Cap], 311.
Nemours, 320.
Nkheila, 162.
Nouasser, 83.
Nzala Amesmas, 134.
Nzala Argana, 105.
Nzala Chicht, 127.
Nzala Chmeïda, 116.
Nzala Faradji, 198.
Nzala Hamiane. 173.
Nzala Jeboub, 173.
Nzala Oudaïa, 173.
Nzala Ouled Yala, 104.
Nzalat El Aden, 84.
O
Oglat Ben Abd El Djeb-
bar, 277.
Oglat El Hammam, 280.
Oglat Foukania, 261.
Oglat Mefsouk, 279.
Oglat Mengoub, 262.
Oglat Rahma, 280.
Oglat Sedra. 261.
Cran, 246, 320.
Oualidia, 115.
Ouaouisselt, 98.
Guaouizert, 146.
Ouarou, 259,
Oudaghir, 274.
OUDJDA, 252.
Oued Aghbal, 268.
Oued Ahmeur, 140.
Oued Akreuch, 162.
Oued Amelil, 234.
Oued Aricha, 141.
Oued Asif El Melh, 102.
Oued Beht, 177.
Oued Bou Aoeila, 76.
Oued Bou Fekrane, 178.
Oued Bou Hellou, 236.
Oued Bou Moussa, 79.
Oued Chebeïka, 141.
Oued Cherrat, 150.
Oued Chichaoua, 102.
Oued Ghouly, 247.
Oued Deï, 146.
Oued DilEI Adoua, 141.
Oued Djedida, 198.
Oued El Hammam, 269.
Oued El Hamra. 147.
Oued El Yem, 298.
Oued Fouarat, 177.
Oued Frah, 178.
Oued Freïssat, 261.
Oued Gaïno, 99.
Oued Grou, 144.
Oued Ifli, 286.
Oued Imbert, 246.
Oued Iminzat, 100.
Oued Innaouene, 233.
Oued Juif, 262.
Oued Kaïkat, 145.
Oued Kiss [Gorges de
1'], 260.
Oued Kherikhat. 266.
Oued Khoubane, 190.
Oued Korifla, 162.
Oued Ksob, 132.
Oued Malah (Chaouïa), 74.
Oued Malah (Ziz), 286.
Oued Massa, 138.
Oued Mda, 174.
Oued Mikkès, 173.
Oued Moulouya, 266.
Oued Msoun, 267.
Oued Nefifikh, 75.
Oued Nfis, 98.
Oued Nja, 198.
Oued Ouakda, 279.
Oued Sidi Lamine, 144.
Oued Srirou, 145.
Oued Tafaa, 101.
Oued Takhasriet, 145.
Oued Tazert, 101.
Oued Tessaout, 98.
Oued Ykem, 150.
Oued Za [Cascade de T],
264.
Oued Zem, 142.
Oued Zemrane, 141.
Ouezzane, 175.
Ouizert, 266, 281.
Oukacha, [Promontoire
d'], 62.
Ouldja (de Rabat), 161.
Ouldja (des Doukkala),
113.
Ouled Abbas, 279.
Ouled Abdoun, 142.
Ouled Aïssa, 285.
Ouled Ali [Col d']. 246.
Ouled Amira, 285.
Ouled Attou, 80.
Ouled Brahim, 137.
Ouled Chakeor, 285.
Ouled Cherki, 82.
Ouled Fassi, 142.
Ouled El Hadj, 266.
Ouled Hammou, 172.
Ouled Mansour, 85.
Ouled Moumene, 80.
Ouled Moumene (Sous),
137.
Ouled Oueslam, 98.
Ouled Saïd (Chaouïa), 80.
Ouled Saïd (Maroc orien-
tal), 263. ■
Ouled Saïd (Gharb), 175.
Ouled Seghir, 137.
Ouled Slimane, 272.
OuledYoussef(Doukkala),
114.
Ouled Youssef (Tadla),
146.
Oulmès, 180.
Oum El Aïoun, 127.
0umErRebia,4,82,106,146.
Outat Ouled El Hadj, 662.
328
INDEX ALPHABÉTIQUE.
PQ
Palissy, 246.
Palmera [Hôtel], 133.
Penon de Vêlez de la
Gomera, 316.
Perrégaux, 269.
Petitjean, 177.
Port aux Poules, 969.
Port Say, 257.
Prudon, 246.
Quilates [Cap], 317.
Rabah El Behar [Forêt
de], 196.
RABAT, 151.
Bibliographie, 154.
Boulevard El Alou
154.
Chella, 158.
Cimetières : européen
161.
— indigène, 154.
Dar El Makhzen, 159.
Ecoles : d'arts indi-
gènes, 155.
— supérieure de lan
gue arabe et dia-
lectes berbères, 160.
Emploi du temps, 151.
Gare, 160.
Histoire, 153.
Kasba dos Oudaïa,
154.
Médersa des Oudaïa,
155.
Mosquées : de Chella,
158.
— Es Souna, 159.
— Grande Mosquée.
156.
— Moulay El Mekki,
156.
— Moulay Er Rechid
156.
— Moulay Slimane,
156.
— de la tour Hassane.
157.
Musée des Oudaïa,
155.
Port, 156.
Porte : de Chella, 158.
RABAT, Portes : Bab El
Alou, 154.
— Bab El Had, 156.
— Bab Er Rouah,160.
— Bab Temara, 161.
Quartiers : de l'Océan,
161.
— des Touarga, 159.
— de Sidi Maklouf,
157.
Remparts almohades,
160.
Renseignements pra-
tiques, 152.
Résidence générale,
160.
Souks, 156.
Raohgoun, 320.
Rahmet Allah, 282.
Ras Bou Khalkal, 262.
Ras El Dar, 235.
Ras El Aïn (Chaouïa), 80.
82.
Ras El Aïn (Sahara), 280.
Ras El Ma (Maroc orien-
tal), 259.
Ras El Ma (Saïs), 228.
Ras Fourhal, 259.
Reggada. 303.
Remel, 175.
Renan Kléber, 269.
Renini, 135.
Restinga [La], 320.
Rhelimine, 117.
Rhir[Cap], 134.
Rhoress, 265.
Rhoualem, 98.
Rich, 285.
Rif, 1, 317.
Rincon de Medic, 311.
Riviera [Camp de la]
310.
Roches-Noires, 70.
Rouah, 303.
S
SAFI, 117.
Bibliographie, 120.
Dar El Bahar, 122.
Emploi du temps, 117,
Histoire, 118.
Kcchla, 121.
Medina. 120.
Mosquée, 121.
Port, 120.
SAFI, Renseignement^;
pratiques, 118.
Safi [Cap], 123.
Safsafat, 267.
Sahel (des Abda), 123.
Sahel (de Chaouïa). 73.
Sahel (dés Doukkala), 113.
Saïda, 270.
Saïdia, 257.
Saïs [Plaine du], 198.
Saint-Cloud, 269.
Sainte -Barbe- du - Tlélat ,
246.
Saint-Leu, 269.
San Juan de Las Minas,
319.
Santa Cruz du Cap
d'Aguer, 136.
Sala, 158.
SALÉ, 163.
Emploi du temps, 163.
Fondouk Askour, 165.
Histoire, 164.
Kasba Guenaoua, 166.
Médersa, 166.
Mellah, 167.
Mosquées : grande
mosquée, 165.
— de Lalla Chahba,
167.
Plage, 165.
Portes : Bab Bou Ha-
ja, 165.
— Bab Mrisa, 167.
— Bab Sebta, 166.
— de la Zaouïa do
Sidi Bel Abbas, 167.
Renseignements pra-
tiques, 164.
Souks, 1^5, 167.
Sareg [Plaine de], 260.
Sba Ed Dib, 265.
Seba Aïoun, 178.
Sebbab, 302.
Sebbah Saa El Djorf, 286.
Sebkha Bou Areg, 320
Sebou [Oued], 4, 172.
Sefrou (Fès), 230.
Sefrou (Boni Snassene),
259.
Segangan, 319.
Seggota [Col dej, 173.
Selouane, 319.
Semouna Bérard, 263.
Senhadja, 316.
INDEX ALPHABÉTIQUE.
329
Serghine, 284.
Settat, 79.
Sfalat, 286.
Sficif, '264.
Shoul [Forôt de], 161.
Sidi Abd Allah (Reham-
na), 84.
Sidi Abd Allah (Cliaouïa),
141.
Sidi Abd Allah Bettache,
127.
Sidi Abd Allah Moul El
Ghirane, 126.
Sidi Abd Allah Ou Omar,
105.
Sidi Abd El Aziz, 108.
Sidi Abd El Djellil, 234.
Sidi Abd El Djellil, 236.
Sidi Abd El Kader, 101.
Sidi Abd El Kader Es
Saheli, 276.
Sidi Abd El Khalek, 142.
Sidi Abd El Krim, 141.
Sidi Abd En Nour, 232.
Sidi Abd Er Rahmane, 72.
Sidi Abd Er Rezzak, 235.
Sidi Abd Es Salam, 194.
Sidi Ahmed Bel Kasem,
281.
Sidi Ahmed Bel Khoud,
84.
Sidi Ahmed Ben Lahsene,
78.
Sidi Ahmed Bou Lanouar,
75.
Sidi Ahmed El Bernoussi,
227.
Sidi Ahmed Zehrouk. 234.
Sidi Ahmed El Amri, 103.
Sidi Ahmed El Aouaï, 116.
Sidi Ahmed El Fedil, 116.
Sidi Ahmed Ou Moussa,
139.
Sidi Aïech, 174.
SidiAïssa (GhaouYa), 105.
Sidi Aïssa (Oudjda), 262.
Sidi Aïssa des AhelFrass,
195.
Sidi Aïssa du Gharb, 174.
Sidi Ali(Chaouïa), 83.
Sidi Ali (Azemmour). 106.
Sidi Ali (Sous). 138.
Sidi Ali Bou Rekba, 244.
Sidi Ali Bou Djenoun, 176.
Sidi Ali Marnissi, 234.
Sidi Ali Mzid. 126.
Sidi Allai El Bahraoui, 179.
Sidi Allai Et Tazi, 174.
Sidi Amor, 194.
Sidi Assas, 260.
Sidi Amane, 102.
Sidi Bel Abbas, 246.
Sidi Ben Ahmed, 171.
Sidi Ben Daoud, 168.
Sidi Ben Drohr, 115.
Sidi Ben Nour, 114.
Sidi Bettach, 76.
Sidi Bou Abd Allah, 284.
Sidi Bou Addou, 134.
Sidi Bou Beker (Chaouïa),
108.
Sidi Bou Beker, 141.
Sidi Bou Beker (Taza),236.
Sidi Bouchta, 174.
Sidi Bou Djedaïne, 244.
Sidi Bou Djema, 176.
Sidi Bou Djemila, 261.
Sidi Bou Knadel (Zem-
mour), 141.
Sidi Bou Knadel [poste
de], 235.
Sidi Bou Knadel (Maroc
oriental), 263.
Sidi Bou Médiane, 138.
Sidi Bou Othmane, 184.
Sidi Bou Tlane, 80.
Sidi Bou Rouïne, 79.
Sidi Bou Zekri(Abda), 123.
Sidi Bou Zekri (Chiadma),
134.
Sidi Bou Zekri (Meknès),
178.
Sidi Bou Zid, 123.
Sidi Brahim (Doukkala),
114.
Sidi Brahim (Haouz), 126.
Sidi Brahim (Oranie), 246.
Sidi Brahim Ould Allah,
115.
Sidi Chibani, 178.
Sidi Chmitti, 147.
Sidi Deniane, 125.
Sidi El Aïdi, 140.
Sidi El Hachemi, 172.
Sidi El Hadj El Kebir, 162.
Sidi El Hassane, 82.
Sidi El Hattab, 79.
SidiElMaati, 84.
Sidi El Madjene, 258.
Sidi Embarek, 100.
Sidi Embarek (Chaouïa),
82.
Sidi Embarek (Doukkala),
114.
Sidi Embarek (Gharb),
Sidi Embarek (Zaïane),
144.
Sidi Ghanem, 108.
Sidi Gueddar, 176.
Sidi Hadjadj, 76.
Sidi Hadjadj (Chaouïa),
82, 141.
Sidi Hammou, 80.
Sidi Harazem, 229.
Sidi Issehak, 127.
Sidi Jadi Ayad, 104.
Sidi Kamel, 77.
Sidi Kaouki, 135.
Sidi Kassem, 177.
Sidi Kennoun, 105.
Sidi Khaled, 246.
Sidi Lahssene, 134.
Sidi Lamine, 144.
Sidi Lhassen, 246.
Sidi Madani, 141.
Sidi Makhlouf, 79.
Sidi Mansour, 79.
Sidi Medjahed, 251
Sidi Meftak, 127.
Sidi Megdoul, 132.
Sidi Mekki, 259.
Sidi Mohammed (Cha-
ouïa), 83.
Sidi Mohammed (Abda),
126.
Sidi Mohammed, 232.
Sidi Mohammed Bel Kas-
sem, 146.
Sidi Mohammed Ben Ah-
med, 173.
Sidi Mohammed Ben
Aïssa, 257.
Sidi Mohammed Ben Sli-
mane, 104.
Sidi Mohammed Ghleuh,
142.
Sidi Mohammed El Abiod,
79.
Sidi Mohammed El Kheir,
79.
Sidi Mohammed El Man-
sour, 172.
Sidi Mohammed El Kebir,
79.
Sidi Mohammed El Aouni,
114.
Sidi Mohammed El Mleh,
172.
Sidi Mohammed Nefati,
145.
Sidi Mohammed Ou Yahia,
262.
Sidi Mohammed Rahal, 82.
330
INDEX ALPHABÉTIQUE.
Sidi Mohammed Salia,
134.
Sidi Mohammed Tiji, 1-24.
Sidi Mokhfi, 11.
Sidi Mokhtar, 103.
Sidi Mostefa, 147.
SidiMoumene (Chaouïa),
77.
Sidi Moumene, 104.
Sidi Moussa (Mazagan),
112.
Sidi Moussa, 115.
Sidi Moussa El Rend, 259.
Sidi Moussa Ed Doukkali,
166.
Sidi Msba, 112.
Sidi Okba, 263.
Sidi Omar Bel Haj, 8i.
Sidi Ouassel, 123.
Sidi Regragui, 77.
Sidi Rehal, 100.
Sidi Rehal Mtal, 115.
Sidi Saada, 263.
Sidi Saïd Bou 0thmane,79.
Sidi Salah, 127.
Sidi Slimane, 146.
Sidi Smaïne, 114.
Sidi Soltane, 104.
Sidi Taïbi, 168.
Sidi Tami, 108.
Sidi Tlaa, 103.
Sidi Touza, 115.
Sidi Yahia (Beni Has-
sene), 177.
Sidi Yahia, 230.
Sidi Yahia (Oudjda), 255.
Sidjiimassa, 286.
Sifa, 286.
Sigalo [Cap], 320.
Siroua [Djebel], 1.
Skrirat, 150.
Sla, 163.
Snab [Plaine de], 281.
Sof Fezazra, 235.
Sokhrat Djadja, 141.
Sout Kesser, 278.
Souïra (Mogador), 128
Souïra Guedima, 125.
Souk Djenane Medjiber
235.
Souk El Arba des Douï
rane, 104.
Souk El Arba du Fkih
Ben Salah, 145.
Souk El Arba des Ouled
Bou Ali, 99.
Souk El Arba des Regui
bat, 116.
Souk El Arba des Sen-
hadja, 233.
Souk El Arba de Sidi
Aïssa, ouduGharb, 174.
Souk £1 Arba des Skhour,
84.
Souk El Arba de Tissa,
233.
^ouk El Arba des Zem-
mour, 180.
Souk El Djema, 75.
Souk El Djema des Chiad-
ma, 125.
Souk El Djema El Ahoufa,
176.
SoukElHad des Fezazra,
235.
Souk El Had du Gharb
174.
Souk El Had des Guez-
naïa, 243.
Souk El Had Kourt, 176
Souk El Had El Menebhi,
116.
Souk El Had Reisana, 299.
Souk El Had Smimou.
134.
Souk El Khemis El Aou-
nat, 114.
Souk El Khemis El Gour,
236.
Souk El Khemis des Mas
kala, 104.
Souk £1 Khemis des Ser
harna, 99.
Souk El Khemis des Ze-
mamra, 117.
Souk El Khemis de Zima
124.
Souk Es Sebt des Chiad
ma, 115.
Souk Es Sebt Guezzoula
124.
Souk Et Tlétad'Azlaf, 244
Souk Et Tléta des Che-
raga, 232.
Souk Et Tléta des Bien
Malek, 174.
Souk Et Tléta des Han-
chene, 103.
Souk Et Tléta Kourati
127.
Souk Et Tléta des Mes
tioua, 100.
Souk Et Tléta des Ouled
Bou Chta, 233.
Souk Et Tléta des Ouled
Delim, 126.
Souk Et Tléta Outa Bou
Abane, 234.
Souk Et Tléta Reisana,
299.
Souk Et Tléta Sidi Em-
barek, 124.
Souk «Et Tnine d'Azrou,
243.
Souk Et Tnine Mharra,
84.
Souk Et Tnine des Mes-
sagha, 180.
Souk Et Tnine d'Ouldja,
232.
Souk Et Tnine des Ouled
Ali, 76.
Souk Et Tnine des Ouled
Amrane, 116.
Souk Et Tnine des Ouled
Teïma, 137.
Souk Et Tnine des Riat.
125.
Sous FOued], 4, 136.
Spartèl [Cap], 298.
Tabcheurt, 258.
Tabia, 246.
Tadaourt, 137.
Tadjera [Djebel], 320.
Tadla, 140.
Tafaraoua, 271.
Tafaraoui [Djebel], 210.
Taffah, 234.
Taffamane, 2 16.
Tafilalet, ou Tafilelt, 285.
Tafoudeit, 180.
Taforalt, 258.
Tafrata [Plaine de], 265.
Tafraout, 260.
Taftent, 135.
Tagadirt, 137.
Tagaïout, 134.
Taghat [Djebel], 199,228.
Taghzout, 231.
Taglaout, 101.
Tagma, 258.
Tagoureït, 105.
Tagranit, 146.
Tagrirt, 281.
Takad, 138.
Takerboust, 260.
Takerkoust, 98.
Takhoualt, 282.
Takoumit, 279.
, Tala, 137.
INDEX ALPHABÉTIQUE.
33i
Talaa Ech Chérif ,298.
Talaint, 139.
Talati Iratene, 105.
Taighemt, 280.
Talharit, 281.
Talsint, 281.
Talzaza, 279.
Tamaït, 105.
Tamayoust, 197.
Tamerakt, 134.
Tameslemt, 281.
Tameslouht, 98.
Tamesmout, 101.
Tamesna, 72.
Tamlalet El Djedid, 98.
Tamlalet El Guedim, 98.
Tamlelt [Plaine de], 280.
Tanezzara, 277.
TANGER, 289.
Bibliographie, 292.
Bit El Mal, 295.
Dar El Makhzen, 295.
Embarquement et dé-
barquement, 289.
Emploi du temps, 289.
Grande Mosquée, 293.
Grand-Socco, 292.
Histoire, 291.
Kasba, 294.
Le Marchan, 295.
Petit-Socco, 293.
Plage, 297.
Port, 294.
Renseignements pra-
tiques, 290.
Taftdja El Balia, 297.
Tombeaux des Mou-
hajedine, 297.
Tanoualt, 195.
Taouda, 232.
Taount [Plateau de], 320.
Taourirt, 264.
Taria, 270.
Tarifa [Pointe de], 307.
Taroudant, 137.
Tasga, 193.
Taserrakout, 258.
Tasmamart, 285.
Tassadmet, 105.
Tassenlout, 105.
Tassila, 138.
Taza [Trouée de], 2.
TAZA, 236.
Bibliographie, 238.
Cimetière musulman,
242.
TAZA, Emploi du temps,
236.
Grande mosquée, 240.
Grottes de Khifane El
Ghomari, 241.
Histoire, 237.
Maison de Bou Ha-
mara, 239.
Médersa mérinide.239.
Medina, 239.
Musée, 239.
Nécropole, 241.
Remparts, 240.
Renseignements pra-
tiques, 236.
Tazaghine, 260.
Tazarour [Djebel], 260.
Tazekka [Djebel], 242.
Tazeroualt, 139.
Tazert, 100.
Tazetot, 144.
Tazzouggert Camp, 282.
Tazzouggert Ksar, 280.
Tazouka, 284.
Tazouta, 234.
Tchioukt [Djebel], 231.
Telouet, 101.
Tamara, 151.
Tendrara, 261.
Teniet Zaïd, 277.
Teniet Zerga, 277.
Teniet Ez Zoubia, 278.
Tensift [Oued], 4, 125.
TÉTOUAN, 311.
Thamusida [Ruines de],
171.
Thiersville, 270.
Thymiaterion, 171.
Tichmout [Forêt de], 196.
Tidili, 101.
Tidourine, 134.
Tiflet, 179.
Tighiouinine, 284.
Tighmart, 288.
Tigrigra [Vallée du], 195.
Tijane, 281.
Tijjam, 231.
Tikiouine, 137.
Tikoutamine, 281.
Tikrizrit, 100.
Tillelt, 135.
Timhadit, 196.
Timoulilt, 146.
Timzidouine, 105.
Tinernit, 285.
, Tinmal, 102.
Tinzil, 266.
Tiout, 272.
TiouzaguiDe, 281.
Tirouane, 105.
Tissaf, 266.
Tit, 113.
Tit Mellil, 75. .
Tizi Gzaouine, 281.
Tizï Maachou, 105.
Tizi Mascara, 270.
Tizimi, 286.
Tizi N Foucht FCol de
197.
Tizi N Lafit, 197.
Tizi N Telghemt, 197.
Tizi N Zaka, 195.
Tiziren [Djebel], 2.
Tiznit, 138.
TLEMCEN, 247.
Esplanade du "Me-
chouar, 247.
Mechouar, 248.
Mosquées : Grande
Mosquée, 248.
— du Méchouar, 248.
— Oulad El Himam,
250.
— de Sidi Bel Hasseu,
248.
— de Sidi Brahim,
248.
— de Sidi El Haloui,
250.
Musée des Antiquités,
. 248.
Renseignements pra-
tiques, 247.
Tlétat [Barrage du],
246.
Tocolosida [Ruines de],
189.
Torradet Ed Defla, 261.
Touahar, 243.
Toulal, 189.
Toulal (Guir), 280.
Touggour, 266.
Trafalgar [Cap], 307.
Tralimet, 251.
Trara, 320.
Trarit Kharsalla, 261.
Trasrout, 260.
Triifa [Plaine des], 257.
Trik El Bab, 285.
Trois-Fourches[Cap des],
317.
Turenne, 251.
332
INDEX ALPHABÉTIQUE.
v-z
Volubilis [Ruines de],
190.
Zaër [Forêt des], 161.
Zaffarines [Iles], 320.
Zaïo, '261.
Zalagh [Djebel 1, 197, 227.
Zaouïa Amel Kis, 284.
Zebzat, 197.
Zegzel [Gorges du], 2G0.
Zekkara, 261.
Zelboun, 251.
Zenaga, 276.
Zenatas, 74.
Zerektene, 101.
Zerhoun, 193.
Zerzaïa, 266.
Zrektoum, 128.
Zrigat Bou Lardjem, 2
Zgara. 232.
Zima î Lac , 121.
Ziz iOuedi, 282.
Zoudj El Beghal, 251.
Zrarka, 234.
788-n. — Coulommiers. Imp. Paul lUlODARD. — 7-19
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